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ROYAUME DU MAROC
            
MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DU
 DEVELOPPEMENT RURAL ET DES
       PECHES MARITIMES
            
  OFFICE REGIONAL DE MISE EN
VALEUR AGRICOLE DU TAFILALET
           Errachidia
             -=-=-=-
            SER/BE




                                 Réalisé par : OURAHOU M.




                                            Octobre 1998
1


      Introduction

      Bien que liée socio-économiquement et administrativement au Tafilalet, la zone de
Fezna-Jorf-Hannabou située en rive droite de l’oued Gheris, constitue une entité
hydraulique indépendante. Faute des conditions topographique, cette zone n’a pas de
chance de bénéficier des eaux du barrage Hassan Eddakhil (figure n° 1).

L’activité agricole qui caractérise cette zone, depuis l’antiquité, se maintient grâce à
l’exploitation conjuguée des eaux de crues par les ouvrages de dérivation et des eaux
souterraines moyennant un système de captage traditionnel : khettaras, et dernièrement
par l’introduction des groupes motopompes.

       Cette région possède des étendues en terres arables importantes, estimées à
environ 8.000 ha de terres dites « bours », dont certaines ont connu une mise en culture
durant les années humides. Ainsi, les efforts sont à déployer pour irriguer le maximum de
terres pouvant contribuer à la résorption du déficit céréalier.

       Outre la recharge de la nappe et la mise en culture des terres « bours », la remise
en état des ouvrages de captage des eaux de crues et des eaux souterraines est
inévitable.

      Dans le Tafilalet, les paysans ont au cours de l’histoire développé et affiné des
techniques habiles d’une ingéniosité remarquable de mobilisation de l’eau. Qu’elle soit
souterraine ou de surface, l’eau a été maîtrisé par des procédés adaptés capables de la
conduire aux champs. Ces procédés sont de deux types :

      -   dérivation des eaux de surface par des digues fusibles et les seguias;
      -   mobilisation des eaux souterraines par les khettaras.
2
3


                                     CHAPITRE I

              CARACTERISTIQUES DU BASSIN VERSANT DE GHERIS

I-    MILIEU NATUREL

      I.1- Cadre géographique et hydrographique de l’oued Gheris

      Le bassin versant de l’oued Gheris est situé au Sud-Est du massif du Haut Atlas. Il
s’étend du Nord-Ouest au Sud-Est, entre 30° 40’’ et 32° 00’’ N et 4°20’’ et 6° 00’’ W.

      L’oued Gheris drainant les massifs du Haut Atlas est caractérisé par un réseau
hydrographique très développé, qui traversant les plateaux pré sahariens et les
palmeraies de Tafilalet avant de se perdre dans le saharien.

       Son principal affluent est l’oued Todgha dont les ressources abondantes
alimentent la palmeraie de Tineghir. Le cours moyen de cet affluent traverse la palmeraie
de Tinejdad avant de recevoir en rive gauche l’oued Tanguerfa, pour former l’oued
Ferkla, qui arrose les petites palmeraies d’Izilf, Meroutcha, Mellab et Touroug avant de
se joindre à l’oued Gheris.

      A l’aval, l’oued Gheris est dérivé par une batterie de barrages (El Gueffifat, Sidi
Mejbar, El Gara, Lahmida, My Brahim et Meharza) qui dérivent les eaux de crues vers
les périmètres concernées : Fezna, Jorf, Hannabou et Sifa. Sur cette partie, l’oued
Gheris coule parallèlement à l’oued Ziz, séparé par un corridor de 3 à 12 km.

     En aval de Tafilalet, la confluence des oueds Ziz , Gheris et Maïder forment l’oued
Daoura qui se perd dans le Sahara.

      Les caractéristiques générales du bassin versant sont comme suit :

II-   GEOLOGIE

     Le bassin versant de Gheris s’étale du Nord au Sud sur trois entités
morphologiques distinctes :

      -   le bassin du Haut Atlas calcaire du domaine atlassique limité au sud par
          l’accident Sud-atlassique (axe Tadighoust-Tineghir) ;

      -   le bassin Errachidia-Boudenib du domaine sillon sud-atlassique (partie
          orientale du sillon pré-africain) ;

      -   le bassin quaternaire du Tafilalet au Sud du domaine Sud-Est marocain.

      Les coupes géologiques de chaque entité sont illustrées dans la figure n° 2.

      Concernant La zone d’étude dite de Tafilalet, elle est caractérisée par
4
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                   Bassin quaternaire du Tafilalet

      Ce bassin est constitué de l’ensemble des plaines alluviales du S-E marocain
s’étendant, en général, depuis la vallée de Todgha à l’Ouest jusqu’à celle de Ziz à l’Est,
puis descendant vers le Sud entre les deux oueds Gheris et Ziz jusqu’à leur confluence.

      Au niveau de la zone d’étude, Fezna-Jorf-Hannabou, la plaine est de formation
quaternaire alluviale. Un recouvrement alluvial hétérogène recouvre cette plaine, peu
épais et repose sur du primaire à peu près imperméable (figure n° 2-3).

III-     CLIMATOLOGIE

         III.1- Pluviométrie

       Le régime annuel des pluies est caractérisé par deux saisons humides d’automne
(Septembre, Octobre, Novembre, Décembre) et de printemps (Mars, Avril) séparés par
une brève saison d’hiver avec des précipitations relativement faibles et par une saison
d’été très marquée par la sécheresse. En moyenne, les précipitations annuelles dans la
zone d'Erfoud sont de 80 mm.

         Tableau n° 1 : Précipitations moyennes mensuelles en mm

 Mois       S          O        N      D       J      F     M         A      M         J     J   A    Année
Erfoud     10.3       14.5     12.0   11.2    7.4    3.8   10.9      8.0     4.6      2.5 0.6 2.7      87.8
                                                                                   Source : ORMVA/TF,1997

         III.2- Température

                  III.2.1- Température moyenne mensuelle minimale et maximale

         Tableau n° 2 : Température moyenne mensuelle minimale et maximale

  Mois      S          O        N      D    J    F    M    A                  M       J      J      A Année
T. max     35.8       28.4     21.6   17.7 17.9 20.2 23.9 28.0               31.3    37.5   42.0   40.7 28.8

T. min     20.5       13.2      8.2   4.2     2.6    4.6       8.0   13.0    17.2    21.2   26.2   25.2   13.7

                                                                                   Source : ORMVA/TF,1997

                  III.2.2- Indice bioclimatique

         Le quotient pluviométrique d’Emberger s’exprime par l’expression :

                                                     2 x 1000 x P
                                             Q = -------------------------
                                                   (M + m) (M – m)

         Avec :
                  P          : moyenne des précipitations annuelles ;
                  M          : moyenne des maximas du mois le plus chaud ;
                  m          : moyenne des minimas du mois le plus froid.
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      Pour la zone d’Erfoud, : Q = 14.02 et M – m = 39.4 °C. Ainsi, la zone de Fezna-
Jorf-Hannabou fait partie de la région saharienne à hiver froid (figure n° 3).

                  III.2.3- Indice d’aridité de Martone

         L’expression de cet indice est donnée par la formule suivante :

                                                 I = P / ( t + 10)

         Avec :
                  P      : pluviométrie moyenne annuelle ;
                  t      : température moyenne annuelle.

         Pour Erfoud ; I = 2.8, soit un climat de type saharien.

IV-      EVAPORATION

         Elle est calculée par la méthode de Penman :


                                   E = 0,22 . 10 –3 . (qs – q) . (0.93 + u2)


         Avec :
                  E      : évaporation en kg/m²/j ;
                  qs     : taux d’humidité ;
                  q      : concentration massique en vapeur d’eau dans l’air mesurée
                           au dessus de la surface évaporante ;
                  u2     : vitesse du vent mesurée à 2m au dessus de la surface
                           évaporante en m/s.

                          Tableau n° 3 : Evaporation potentielle mensuelle en mm

 Mois       S       O     N      D    J    F        M     A     M        J      J    A    Année
Erfoud     122     122   82.4   60.5 77.5 91.5     157   200   260.2   273.8 320.5 286 2.197,4
                                                                       Source : ORMVA/TF,1997

V-       HYDROGEOLOGIE

      D’après l’étude réalisé par Jean Margat en 1952, on note les principales
conclusions suivantes :

         1- Le haut Atlas calcaire

      A cause de sa nature calcaire perméable en grand, la totalité de ses ressources
en eau est drainé par :

            -     les oueds et leurs affluents (Oued Todgha, Oued Ifegh, Oued Gheris) ;
            -     les sources de divers types (sources de Todgha, source                          de
                  Tahamdount,…).
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         2- Le bassin Errachidia-Boudenib

      Ayant pour origine le Haut Atlas, les différentes ressources en eau de cette zone
sont essentiellement superficielles.

      Les ressources en eaux souterraines sont importantes dans le Turonien et les
nappes alluviales. Les eaux de ces nappes se renouvellent par infiltration de la pluie et
se déchargent au niveau des sources et par drainage dans les oueds.

         3- le bassin quaternaire du Tafilalet

      Les ressources en eau de cette partie sont issues du bassin du Haut Atlas calcaire
suite aux cours d’eau temporaires (eaux de crues). On note aussi l’important
développement des nappes alluviales dans cette zone au niveau de la plaine alluviale
quaternaire comprise dans la zone de rapprochement des Oueds Gheris et Ziz.

       Les deux principales nappes de cette partie sont : la nappe de Fezna-Jorf-
Hannabou et la nappe du Tafilalet. Elles se différencient en : nappes phréatique de
vallée, nappe phréatique drainée par cours d’eau, nappe profonde et aquifère
discontinue à faible productivité (figure n° 4).

      Les principales données de la nappe du bassin de Gheris sont récapitulés dans le
tableau n° 4.

Tableau n° 4 : principales données relatives à la nappe du bassin versant de Gheris

Vallée       Nappe étend    prof    grad   déb.moy app.an        Pui.ac   ampl.fl   réser. Concet
                    km²     (m)     hydr     (l/s)  nuel          quif    uctuati   (Mm3)   .eau
                                    (%o)           (Mm3)          (m)     on (m)            (g/l)

       Todgha         80     10     8-10   200-500        2         -        -         -   0.7-2.5
        Ghelil        80     10       4    100-200       0.3      5-15       -         -   0.4-0.9
Todgh Ferkla          90     10       4    100-150        1       9-15     0.3-3    30-100 0.5-1.1
Ferkla Chtam          40      8       3     50-100      0.5-1     5-15       -       20-30  0.2-5
       Mellaab        15      3      3-4    70-100     0.2-0.5   10-20       -       10-20   1-8


             Gheris   100   15-20    5       200          -      11-15       -      30-50   1.5-2
Gheris
             Fezna-   150    8       2     150-250       5       8-20      0.8-3    20-50   0.6-22
              Jorf




VI-      PEDOLOGIE

         IV.1- Pédologie et mise en valeur dans le bassin de Gheris

         Les principales classes de sols définies dans la zone sont les suivants :

         -     Classe I : sols minéraux bruts qui vont de la roche jusqu’aux sables
                          éoliens. Ils proviennent des oueds et éoliens ;
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       -      Classe II : sols peu évolués d’apport d’irrigation et éolien ;

       -      Classe III : Sols isohumiques à horizon humifère très distingué, ayant
                           un aspect homogène profond, et forts calcaire ;


       -      Classe IV : sols halomorphes. Ce sont des sols formés sur des matériaux
                          salifères inutilisables pour l’exploitation agricole.

                       Tableau n° 5 : Répartition des classes de sols en superficie

        Classe                     Classe       Classe        Classe        Classe
sous-bassin palmeraie                 I            II           III           IV          Total
                                   3.002        4.452         1.780          635          9.869
                 Tadighoust         471          261           133            47           912
   Gheris        Goulmima          1.945           -           465             -          2.410
   amont          Tilouine          290          580           102             -           972
                  Touroug           296          776            61           191          1.324
                   autres             -         2.835         1.019          397          4.251

                                    1.913        1.153         1.247           -          4.313
  Todgha            Mellaab          336          720           784            -          1.840
                    Tinejdad        1.577         433           463            -          2.473

                                    623          2.137           -           520          3.280
                Fezna
Gheris aval     Jorf                623          2.137           -           520          3.280
                Hannabou

            Total                   5.538          7.742         3.027         1.155       17.462
                               Source : Maîtrise des eaux de crues de Fezna-Jorf-Hannabou SCET, 1982

      Le potentiel agricole du bassin versant de Gheris s’élève à 17.500ha, dont 10.800
ha environ (classe II et III), soit 62 %, peuvent faire l'objet d'une intensification de la
production agricole. Le reste peuvent faire l’objet d’une exploitation extensive.

       IV.2- Pédologie et mise en valeur de la zone Fezna-Jorf-Hannabou

       La zone possède un potentiel des terres agricoles de 3.280 ha dont les terres de
la classe I et II (2.760 ha) peuvent convenir à une production agricole intensive, soit un
pourcentage de 84 %. Le reste est inexploitable (sols salés).

      Selon l’étude de photo-interprétation, les superficies dominées uniquement par les
barrages est comme suit :


       -      Secteur 1: zone Fezna avec une superficie totale d’environ 880 ha répartie
                         en :

                               -   94 ha intensif ;
                               -   182 ha semi-intensif ;
                               -   604 ha extensif (eaux de crues)
11


       -    Secteur 2: zone El Achouria et Jorf couvrant une superficie d’environ
                       1.150 ha dont :

                         -     280 ha intensif ;
                         -     720 ha semi-intensif ;
                         -     150 ha extensif (eaux de crues)

       -    Secteur 3: aval du secteur 2, Bouya et Hannabou avec une superficie
                       totale d’environ 1.220 ha

       -    Secteur 4: comprenant les plaines de Bao-Bao et de l’Oulja d’une
                       superficie totale de l’ordre de 180 ha.

VII-   HYDROLOGIE

       D’après l’étude de maîtrise des eaux de crues de Fezna-Jorf-Hannabou en 1982,
les caractéristiques hydrologiques du bassin de Gheris sont : :

       -    les apports annuels moyens sont de 110 Mm3 ;
       -    le débit moyen annuel est de 3.5 m3/s ;
       -    les apports annuels à la station Lahmida pour différentes fréquences sont
            comme suit :

                         Tableau n° 6 : Apports annuels à la station Lahmida

           Fréquence         10            20         50          80           90
            Apports
                 3
             (Mm )           228        180           90          33       3.7


Les ajustements statistiques à différentes lois (Galton, Person III, Log-normale) a permis
d’estimer les débits maximum observés :

                             Tableau n° 7 : Débits maximums observés

Période de retour        2            5          10          20         50           100
  Q max (m3/s)          130          330        520         800        1.200        1.700


      En résumé, les résultats les plus fiables basés sur des séries les plus longues au
niveau de la station Lahmida sont les suivants :

       - débit moyen annuel                          : 3.47 m3/s ;
       - volume moyen annuel                         : 110 Mm3/an ;
       - débit de crue de projet centennal           : 1.700 m3/s ;
       - volume de crue de projet centennal          : 360 Mm3/an .
12


                                       CHAPITRE II

                SYSTEMES DE CAPTAGE DES EAUX SOUTERRAINES

       Les eaux souterraines ont pour origine les précipitations qui s’infiltrent entre les
particules ou les fissures du sol pour constituer une réserve souterraine. Elles peuvent
être renouvelables au cas d’existence d’une alimentation directe ou indirecte, ou non
renouvelables lorsqu’elles se trouvent profondes et isolées dans des formations
géologiques très anciennes.

      Elles sont caractérisées par leur dynamique continue qui est fonction du type de
formations qu’elles traversant et leurs caractéristiques : capacité de réserve en eau,
perméabilité, coefficient d’infiltration

   Les différents types de sources d’eaux souterraines rencontrés au niveau de bassin
versant de Gheris se distingue en :

          -   nappes des vallées fluviales;

          -   nappes phréatiques ;

          -   nappes profondes ;

          -   sources.

A- GENERALITES

I.    TYPES D’EAUX SOUTERRAINES

      Ces eaux peuvent être soit libres lorsqu’elles rencontrent un substratum
imperméable en dessous, soit artésiennes lorsqu’elles sont isolées entre deux couches
imperméables.

      Selon leur origine et leur localisation, les eaux souterraines sont répartis en :

          -   Eaux aquifères : elles sont en relation étroite avec le climat. Ce sont des
              eaux douces ayant pour origine la pluie et la neige. C’est le plus importante
              source en eau existante dans la région ;

          -   Eaux minérales : ce sont des eaux douces ou minérales, chaudes et
              riches en matières fondues. Elles sont constituées pendant l’éruption de
              volcans.

          -   Eaux fossilifères : ce sont des eaux douces ou salines constituées
              pendant la période même de formation des roches. Elles sont conservées
              dans des lacunes de roches sédimentaires jusqu’à présent.

          -   Eaux océaniques : ce sont des eaux salines issues de la percolation des
              eaux des mers et des océans dans des formations en contre de la pente de
              la côte.
13




          -   Eaux fluviales : ce sont des eaux douces issues des infiltrations des eaux
              des fleuves à travers des formations plus perméables.

II.   SYSTEMES DE CAPTAGE DES NAPPES

      II.1- Captage des nappes des vallées fluviales

      Dans ce cas, on parle des « sous-écoulements » ou des « under-flows », qui sont
alimentés à partir des eaux superficielles. Leur vitesse d’avancement est très faible,
environ 10 m/j.

      Le captage de ces nappes se réalise par :

               Barrage souterrain ou drain

       Dans les vallées très encaissées, on édifie des barrages souterrains à ,simple
corroi en argile, ou à maçonnerie ou à béton armé, pouvant s’opposer à l’écoulement des
eaux en travers les alluvions.

       Tandis que dans de larges vallées, on a recours aux barrages avec des
palplanches jointives de bois, d’acier ou de béton, ou des injections de ciment dans les
graviers ou parfois des écrans en paroi moulée.

     L’aqueduc doit avoir une pente inférieure à celle du lit de l’oued pour pouvoir
déboucher les eaux vers le canal à ciel ouvert, qui sert pour l’irrigation de la palmeraie.

      La crête du barrage doit être calée à 0.60 ou 0.80 m au dessous du lit de l’oued,
en vue d’éviter l’affouillement du barrage et permettre le passage de l’excès d’eaux en
dessus de la crête.

               Galeries filtrantes (voir chapitre B)

      II.2- Captage des nappes phréatiques

      Leur captage peut s’effectuer par deux procédés à savoir :

               Galeries filtrantes ou aqueducs filtrants (voir chapitre B)

               Puits

      Leur creusement se fait, suivant le type de terrain, par havage ou fonçage à
diamètre intérieur variant de 1.70 à 2.50 m.

      Leur cuvelage ou revêtement se fait soit en maçonnerie de moellons d’épaisseur
de 0.40 m à 0.50 m, soit en béton d’épaisseur de 0.06 à 0.10 m soit en buses de béton.


     L’augmentation du débit d’un puits peut s’effectuer par des galeries de
complément creusés horizontalement et sous forme d’un « V » au niveau qui apparaît le
14


plus riche en eau. Leur direction doit être perpendiculaire à celle de l’écoulement
souterrain.

      II.3- Captage de la nappe profonde

       Il se fait à l’aide des forages tubés ayant un diamètre de départ de 0.40 à 0.50 m
et un diamètre minimal de pied de 0.15 m. Leur profondeur qui dépasse souvent 200 m,
peut donner naissance aux puits artésiens (sources Aïn El Atti).

      Ce système commence à prendre de l’ampleur dans la zone, après le rabattement
excessif de la nappe suite aux successions des années de sécheresse.

      II.4- Captage des sources

      On rencontre différents types de sources à savoir :

              Sources filoniennes ou diaclasiennes

      Elles ont pour origine les nappes profondes sous pression, ce qui leur confère un
caractère de salinité et de chaleur. Ceux-ci les rendent sans intérêt pour l’irrigation.

              Sources d’affleurement ou de déversement

       Elles proviennent soit des nappes situées dans un terrain peu perméable,
reposant sur une couche imperméable mise en surface dans une dépression, soit des
diaclases recoupés par une dépression topographique (vallée). Ces sources, surtout
rencontrées dans les pays de montagne, s’opposent à certaines sorties d’eaux que l’on
trouve dans les terrains calcaires :

      -   exsurgences : qui sont des sorties de rivières souterraines formés dans les
          marnes calcaires ;

      -   résurgences : c’est le retour à l’air libre d’un cours d’eau après un parcours
          souterrain plus ou moins long.

      Le captage se fait en ouvrant perpendiculairement à la direction des filets d’eau et
légèrement au dessus de la ligne d’émergence, une tranchée descendant jusqu’à la
couche imperméable de support de la nappe. Ensuite, on utilise un drain de poterie , de
ciment, un aqueduc drainant ou une galerie visitable pour acheminer les eaux vers le
périmètre d’irrigation.

        L’eau pénètre dans les drains par les joints. Dans le cas de galerie ou d’aqueduc,
le pied amont est en pierres sèches ou maçonné avec des ouvertures (barbacanes) pour
livrer passage aux eaux. Le pied aval doit être étanche.

      Pour le captage des sources amenées par des fissures, on dégage simplement
les venues d’eau appelées « griffons » de la source sans chercher de les couper à
l’amont.
15


        Les eaux de captage des sources doit être réchauffées dans les bassins avant
utilisation pour être aptes à l’irrigation, du fait qu’elles sont souvent froides.

              Sources d’émergence

      Elles sont alimentées par les nappes phréatiques et apparaissent dans les points
déprimés de la surface du sol situés à une côte inférieure au niveau de cette nappe.

B- KHETTARAS : ANCIEN SYSTEME DE MOBILISATION DES EAUX
             SOUTERRAINES DANS LE TAFILALET

I-PRINCIPE GENERAL

       Ce mode est à adopter quand la nappe phréatique n’est pas trop profonde,
lorsque le sol a une pente suffisante pour pouvoir dominer les terrains à irriguer et quand
le périmètre se trouve en contrebas de la zone de captage.

      Communément appelées « khettaras », elles permettent de capter les eaux des
sous-sols en creusant une galerie dans une zone de glacis en dessous du niveau
hydrostatique général de l’eau (figure n° 5).

       De point de vue hydrogéologique, la situation classique des khettaras peut être :

       1- En bordure des reliefs (figure n° 5)

      Dans ce cas, les prélèvements se font dans la nappe dite phréatique. La
palmeraie est éloigné de 5 à 10 km du relief et la profondeur des alluvions par rapport
aux colluvions au niveau de la palmeraie est importante et le niveau piézomètrique de la
nappe est profond.

       En contrepartie, les colluvions se trouvant en bordure des reliefs sont peu
profonds et reçoivent, d’ailleurs, les eaux de ruissellement ce qui rend la nappe proche et
bien alimentée. Le champs captant des khettaras se situe, ainsi, dans cette zone.

       2- Dans une vallée

       Souvent localisée au resserrement topographique « Foum » d’une vallée, la nappe
se trouve proche de la surface. Dans ce cas, on parle du « drain » (figure n°6).

       Généralement, la nappe dite « des vallées fluviales » coule parallèlement aux
fleuves.

III.   DESCRIPTION DES KHETTARAS

       Le nombre total de khettaras mises en place à travers la zone de Tafilalet s’élève
à 570 khettaras (2.900 km) dont 250 sont actuellement fonctionnelles. Ce tarrissement
est justifié par la succession des années de sécheresse qui ont entraîné une baisse
notable de la piézomètre de la nappe.
16
17
18


      Généralement, les oasis          irriguées     par   ces   khettaras   présentent   des
caractéristiques semblables:

          -   un climat aride de type présaharien avec des pluies rares;

          -   une terre abondante et fertile;

          -   une main d'œuvre laborieuse et abondante;

          -   des sources en eaux très limitées des eaux superficielles et presque
              inexistante;

          -   un système de culture adapté aux milieux humains et physiques;

          -   des agriculteurs très attachés aux coutumes et maîtrisent mieux les
              techniques d'irrigation traditionnelles;

          -   un système ancestral de gestion et de direction développé sous l'esprit
              communautaire de la Jmaa.

       Les zones de localisation des khettaras dans la zone d’action de l’ORMVA/TF sont
reportées dans la figure n° 7.


      II.1- Historique

      Ce système de captage des eaux souterraines est née en Iran puis. Il a été
répandu par les Arabes lors de leurs conquêtes dans toutes les autres régions
présahariennes (sahara algérienne et marocaine), dans les oasis syriennes et
égyptiennes et au Moyen Orient (Palestine, Arabie Saoudite, Turkestan, …) .

       La dénomination technique de ce procédé de mobilisation des eaux change d’un
pays à un autre : on l’appelle ‘’Quanat’’ en Iran, ‘’Karis’’ en Afghanistan ‘’Fouggara’’ en
Algérie, et ‘’Figgara’’ en Tunisie, ‘’Areines’’ en Belgique, ‘’Quanawat’’         en Syrie,
‘’Chain of wells’’ en chine et ‘’Khettara’’ au Maroc.

       Les géographes arabes qui ont décrit le Tafilalet au XIème siècle et au XVIème siècle
n'ont pas esquissé l'existence de ces khettaras. Selon les auteurs, cette technique fût
introduite par les agriculteurs du Draa au XVIIème siècle, et exactement par les
spécialistes de Todgha.

     Les plus anciennes khettaras du Tafilalet dateraient du XVIIème siècle (Ouled
Youssef, Hannabou) et du XVIIIème siècle, au début 1730 (Sifa).

       cette technique a été dictée par les considérations suivantes :

          -   Une mobilisation gravitaire des eaux en l’absence à l’époque de systèmes
              de puisage performants ;
19
20


         -    La construction n’exigeait pas des dépenses pécuniaires au départ, mais
              uniquement un volume de travail important dont le coût d’opportunité est
              quasi nul ;

         -    Le transport de l’eau en galerie permettait de minimiser l’évaporation et les
              dépôts solides suites aux tempêtes de sable qui caractérisent la région ;

         -    La disponibilité continue en eau d’irrigation;

         -    La rareté des eaux superficielles dues aux irrégularités des précipitations;

         -    Des vastes périmètres cultivables pourvu d'un type de sol fertile.

         II.2- Importance économique et intérêts des khettaras

              II.2.1- Intérêts et avantage

       Contrairement aux autres procédés, le système de la Khettara ne nécessite pas
d'énergie pour l'extraction de l'eau . L'Aghrour, quant à lui, exige de l'énergie humaine
et/ou animale et la motopompe fait appel au carburant ou à l'électricité .

       Les khettaras n'exige pas un équipement pécuniaire de départ (animal de trait et
petits matériels) pour son exécution, mais un investissement de travail important en
volume dont le coût d'opportunité est quasi nul .

       Les frais de fonctionnement de la khettara sont moins onéreux que ceux des
autres systèmes, seul quelque opérations de curage d'entretien sont à réaliser .

      La khettara permet une exploitation rationnelle de la nappe, puisque son
écoulement gravitaire est fonction de la recharge de la nappe.

      En résumé, Les Khettaras, connues depuis l'antiquité, présentent des intérêts
importants, à savoir :

          -   Elle évitent le recours au pompage à coût d'énergie élevé ;

          -   Elles captent l'eau en amont du glacis, dans la zone où les caractéristiques
              de la nappe sont favorables ;

          -   Ce sont des équipements à caractère collectif ;

          -   Elles interdisent toute surexploitation de la nappe ;

          -   Elles jouent un rôle social, puisqu'elles constituent la source d'eau potable
              de plusieurs ksours ;


          -   Elles jouent en complémentarité avec les autres procédés de mobilisation
              des eaux de surface pour réduire l'effet de l'irrégularité du climat et de
              renforcer la pérennité de la disponibilité en eau .
21




       De ce fait, le système de khettara est un moyen de mobilisation bien adapté aux
conditions particulières de la zone du Tafilalet .

              I.2.2- Inconvénients

          -   La technologie archaïque utilisée pour le creusement de la khettara fait
              appel à une importante masse de travaux de terrassement . Selon
              P.Pascon, il faut 300 journées de travail pour obtenir 1 l/s dans les petites
              khettaras (30 l/s) et 1.500 N.J.T pour les grandes khettaras (60 l/s). Au
              Tafilalet, le N.J.T est estimé en moyenne à environ 750 pour les khettaras
              de faible débit variant entre 5 l/s et 20 l/s .

          -   Le creusement des khettara s'élève du travail artistique et empirique . En
              effet, seules quelques spécialistes qualifiés peuvent bien arriver à franchir
              une nappe fournie et caler la galerie suivant une pente régulière et
              appropriée pour amener l'eau jusqu'au périmètre à irriguer . cette race
              d'hydrauliciens autodidactes se raréfie de plus en plus et le creusement de
              nouvelles Khettaras n'est plus mis en œuvre .

          -   Son fonctionnement dépend seulement de la recharge de la nappe c-à-d
              des facteurs d'alimentation par précipitations, apport des oueds, ….etc. ce
              qui entraîne, une irrégularité annuelle des superficies cultivées et la
              variation des rendements des cultures .

          -   Les rendement peuvent être limités par des pertes énormes qui se
              produisent dans la partie adductive, et qui sont évaluées à environ 30 à 50
              % de débit drainé en amont .

          -   Leur caractéristique de grande longueur engendre des coûts
              d'aménagement assez onéreux, ce qui entrave toute intervention étatique
              qui se limite aux opérations diffuses .


          II.2.3- Importance économique

       Dans le bassin de Gheris et de Ziz, J. Margat avait dénombré pendant les années
60,260 khettaras dont 142 vives totalisant 713 km. Ces Khettaras débitaient environ
1.050 l/s et permettaient l'irrigation de 2.130 ha. Pendant les années 80, les Khettaras
produisaient seules 75 à 80 % de l'eau souterraine. L'Aghrour produisait 6 à 12 % et les
stations prélevaient entre 12 et 14 %. Ainsi, le volume total prélevé variant de 35 à 50
Mm3.

       Dans les deux bassins Gheris et Ziz, on compte prés de 208 Khettaras dont 118
sont en fonctionnement. Elles concernent environ 4.600 agriculteurs et dominent à peu
prés 3.882 ha .

       En outre, l'eau souterraine présente une grande valeur agricole que les eaux de
crues. D'après J. Margat : " on constate au Tafilalet qu'un (1) Mm3/an permet de faire
22


vivre 3 à 4 habitant par hectare irrigué par les eaux de crues, et prés de quinze (15)
lorsqu'il s'agit d'un débit pérenne, soit 4 à 5 fois plus ".

      II.3- Caractéristiques des Khettaras

      Les Khettaras sont formées par :

              II.3.1- Partie drainante (Qana)

       Elles est généralement constituée d'une galerie profonde d'environ 10 à 20 m et
qui sert à drainer et à collecter les eaux de la nappe. Sa longueur varie en fonction de la
profondeur de la nappe en tête de la Khettara, du gradient hydraulique de la nappe
phréatique et de la pente du terrain naturel. Dans la zone de Haouz, la profondeur en
tête peut atteindre 40 à 50 m.

       La longueur de cette partie drainante varie d'une centaine de mètres (200 m en
moyenne ) à quelques kilomètres. Elle est généralement en terre avec une largeur de
0,35 à 0,60 m permettant à peine le passage d'un homme et une hauteur de galerie de
1,20 à 2,00 m. Ces dimensions sont réduites au strict minimum et à peine suffisante pour
laisser à un khettariste la possibilité d'exécution de l'ouvrage et d'assurer les travaux
d'entretien par suite.

       L'état de fonctionnement d'une khettara est fonction du calage et du profilage de
ce tronçon. En effet, la galerie la plus basse peut bien assurer un bon drainage de la
nappe et peut entraîner, ainsi, le tarissement de l'avoisine à côte élevée. La pente de la
galerie est inférieure au gradient hydraulique et varie, en général, entre 0,05 et 0,15 %
Le débit moyen oscille entre 6 et 10 L/s .

        Dans certaines régions telles que Rissani et Alnif, ce qui ne pas le cas dans la
région d'étude Fezna- Jorf- Hannabou, les khettaras se subdivisent en tête en deux ou
trois branches sous forme d'un "V" en vue d'augmenter l'aire de collecte et améliorer son
débit.

              II.3.2- Partie adductive

       Ce tronçon qui fait suite de la galerie captante permet de véhiculer les eaux vers
les périmètres d'irrigation. Il est réalisé en galerie, puis en tranchée lorsque la profondeur
devienne moins importante et n'excède pas 4 m. Ceux-ci, pour éviter les risques
d'effondrement du toit de la galerie, qui peut engendrer des pertes en rendement des
cultures et des frais d'entretien très élevés.

       Il convient de signaler qu'en plus du rôle d'acheminement des eaux collectées,
cette partie continue toujours à recueillir des apports par le toit et les parois, ce qui rend
la matérialisation de la limite entre ces deux premières parties difficile. En contrepartie,
son radier en terre et non étanche est sujet d'une perte énorme des eaux par infiltration
ou par des fuites, estimées à 50% du débit drainé.

      Les deux premiers tronçons sont entrecoupés par un ensemble de puits ou
regards souvent couverts, et ayant servi pour le creusement des Khettaras. Ces regards
servent, actuellement, pour le curage, l’entretien et l'aération de la galerie.
23




               II.3.3- Réseau de distribution (Mesrefs)

      A la sortie de la galerie, la Khettara se prolonge par un canal tête morte avant de
desservir le périmètre. Ce canal de conception souvent rudimentaire, soit en terre ou en
maçonnerie traditionnelle, véhicule les eaux vers les parcelles par le biais d'un réseau de
canaux secondaires et tertiaires toujours en terre appelé "mesrefs".

       En période de pénurie, les agriculteurs procèdent à l'édification d'un bassin
d'accumulation qui joue un rôle vital dans l'accumulation d'un volume important et dans
sa répartition entre les ayants droits. Cette répartition est gérée par le "Cheikh- Khettara"
et ses "Mezregs".

      La tête morte et le bassin d'accumulation, s'il existe, servent pour l'abreuvement
du bétail, de lavoir et au puisage de l'eau nécessaire à la consommation domestique.

       Ce canal envahi souvent par des graminoïdes et des herbes est assujetti aux
pertes importantes d'eaux par infiltration et absorption.

      II.4- Performances des Khettaras : Efficience

      L'état d'une Khettara, et donc son efficacité, dépend des caractéristiques
suivantes :

           -   La longueur du bras captant, sa pente, sa direction par apport au sens de
               l'écoulement de la nappe ;

           -   L'état du tronçon adducteur (revêtu ou non) ;

           -   L'aménagement des cheminées ou puits (construits, couverts, …) ;

           -   La présence ou l'inexistence d'un bassin d'accumulation (revêtu ou non).

     La débitance des Khettaras est freinée par le manque d'entretien fréquent ou
d'aménagement :

           -   L'éboulement dans le bras captant des matériaux excavés, dû peut être à
               l'augmentation de l'humidité à l'intérieur des galeries à terre non
               consolidée.

           -   L'ensablement de la galerie, si le regards sont non couverts, du fait que
               ces khettaras se localisent dans les couloirs de vents de sable ;

           -   La longueur insuffisante de captage dans la nappe ;

           -   Les infiltrations élevées dans le tronçon adducteur ;

           -   La pente irrégulière, et par fois une contre-pente due au curage non
               rigoureux ;
24
25




      -   les casses des feuillets de pierres de couverture des puits ou des tronçons
          couverts.

       Concernant le rendement d’une khettara, il est estimé à 60% en moyenne, en
raison des pertes qui se produisent en particulier dans la partie adductrice ou elles
peuvent atteindre 30 à 50 % du débit drainé en amont. Il y a plus au moins une liaison
étroite entre la profondeur des puits, la longueur de la khettara et son débit au moins au
moment de son creusement. En effet, les longues khettaras qui sont aussi celles dont les
puits de tête sont les plus profonds, sont celles qui débitent le plus.

      II.5- La khettara : Unité organisationnelle

       Les khettaras ont été conçues pour une meilleure exploitation au moindre coût des
ressources hydrauliques ; cette ressource rare à un rôle éminent dans l’organisation
sociale et de l’espace marquée par l’existence d’un réseau d’irrigation très dense qui
demeure le véritable organisateur de ces paysages et de ces sociétés.

        Les emplacements de ces ouvrages sont le résultat d’une adaptation au milieu
naturel ; mais aussi ils sanctionnent des rapports sociaux tumultueux marqués par des
conflits et des tractions dont seule l’histoire peut rendre compte. En effet, tributaires des
eaux de khettaras captées généralement de loin en dehors du territoire du ksar, les
ksouris se sont alliés en unité qui suit généralement la khettara.

      Dans son acceptation locale la khettara, constitue et demeure l’unité hydraulique
de gestion avec une triple signification :

             Unité hydraulique, secteur desservi par les drains de collecte, le canal
              d’amenée et le réseau de distribution ;

             Unité humaine : communauté d’irrigation propriétaire du secteur et du
              réseau d’irrigation ;

             Unité juridique : ensemble de règles qui régissent la distribution de l’eau et
              la maintenance des infrastructures.

                 a/- Lois coutumières "El Ouorf" en vigueur

       Concernant l’élection et le choix de l’aiguadier communautaire, cette fonction
revient à celui qui a une meilleure connaissance pour la conduite des travaux d’entretien
et d’extension de ces ouvrages mais également pour l’organisation du tour d’eau entre
les bénéficiaires.

       Dans certains cas, plus particulièrement en ce qui concerne le système des parts,
le cheikh de la khettara est élu démocratiquement par suffrage entre les détenteurs de
droits d’eau.

      Des lois régissent également l’extension de ces ouvrages à savoir :

          -   Une extension sans limites lorsque la khettara se trouve isolée ;
26




          -   Une extension permise après accord unanime des communautés,
              propriétaires des khettaras avoisinantes ;

          -   Chaque khettara est protégée par un droit d’emprise qui est d’environ
              quatre à cinq fois la profondeur des puits.

          -   La distance séparant les deux points de desserte des deux khettaras
              avoisinantes doit être égal à celle séparant les deux puits de départ des
              khettaras.

          -   La distance qui sépare les bras captants des khettaras avoisinantes doit
              être d'au moins 100 m pour éviter l'influence entre les khettaras (effet de
              Dupuit).

              b/- Gestion des eaux

        Au niveau de la zone du projet, les droits d'eau sont similaires d'une khettara à
l'autre. En effet, chaque khettara est administrée par un "cheikh-khattara", celui-ci est
aidé par le conseil de la Jmaa qui est élu par les bénéficiaires.

       La technique de partage de l'eau par la "Nouba", le droit juridique et les coutumes
de gestion sont similaires, excepté le nombre des ayants droits, la superficie dominée et
le débit des khettara qui sont variables.

       La gestion des eaux véhiculées par les khettaras obéit à des lois coutumières de
répartition appelées « droits d’eau » c’est le volume des travaux fourni par usager lors
de l’édification de la khettara qui constitue la référence d’appropriation de la ressource,
laquelle se transmet d’une génération à une autre. Ces règles qui demeurent encore
vivaces actuellement, peuvent être classées en deux types :

              -   Une appropriation dite collective pour laquelle l’eau est rattachée à la
                  terre et les propriétaires de la khettara sont nécessairement ceux du
                  périmètre qu’elle irrigue ;

              -   Une appropriation dite de parts dont l’unité est appelée « Ferdia »
                  correspondant à une durée de 12 heures d’irrigation durant laquelle le
                  ou les propriétaires, détenteurs de parts bénéficient de la totalité de
                  débit de la khettara.

       Dans les deux cas, la répartition de l’eau est assurée entre les propriétaires par
tour d’eau, sous le contrôle du cheikh et ses mezregs de la khettara ayant le rôle des
aiguadiers communautaires.

      Le détenteur d’un droit d’eau peut en faire usage, le vendre ou le louer pour une
période déterminée, il peut aussi en faire la base d’un contrat d’association.

        L’appropriation de ces eaux paraît de point de vue juridique comme illégale. En
effet, elles échappent à la législation moderne qui incorpore toutes eaux superficielles et
27


souterraines au domaine public ( Dahir du 1 Juillet 1914, Dahir du 8 Novembre 1919 et
Dahir du 1 Août 1925).

        Par ailleurs l’existence de ces droits d’eau se justifie aux yeux de leurs titulaires
par :

        -   contribution dans la construction et l’entretien des ouvrages de captage ;

        -   droit coutumier de première occupation du territoire sur lequel se trouve l’eau ;

        -   droit de passage d’une seguia appartenant à une communauté d’aval (doit de
            Mlou).

             Tour d'eau

        Le système de répartition qui prédomine est une appropriation dite de parts dont
l'unité est appelée "Nouba" et parfois « Ferdia » correspondant à une durée de 12
heures d'irrigation durant laquelle le ou les propriétaires, détenteurs de parts bénéficient
de la totalité de débit de la Khettara. Cette Nouba se fait généralement du levée soleil au
coucher ou inversement. Il est rare, à cause de la micro propriété, qu'un agriculteur
possède le droit d'eau supérieur à la Nouba.

        Le tour d'eau est fonction du nombre de "Noubas" dans la Khettara. Si celui-ci est
de 30, le tour d'eau sera normalement de 15 jours. Le tour d'eau est en application de
telle manière à intermitter le temps d'irrigation entre le jour et la nuit. Si un agriculteur à
irrigué le jour, il arrosera la prochaine "Nouba" au cours de la nuit.

               c/- Statut juridique

        Les périmètre de Khettaras sont des espaces de très anciennes occupations par
l'homme. tous les droits sont minutieusement enregistrer et déposés de la Jmaa. Le
statut juridique est exclusivement privé "Melk".

       La vente de la propriété foncière est souvent accompagnée de celle du droit d'eau.
Parfois, la vente porte uniquement soit sur la propriété de l'eau soit sur celle du sol ou
uniquement sur les arbres (palmiers dattiers) .

      La location temporaire de l'eau est une opération courante notamment lors de la
période des cultures maraîchères. Il peut y avoir aussi échange des parts d'eau dans le
temps entre les usagers selon les besoins d'irrigation.

               d/- Entretien et réparation de la Khettara

       En contrepartie, ce droit entraîne aussi des obligations vis-à-vis du groupement
constitué par l'ensemble des ayants droits de la ressource. Ces obligations portent
essentiellement sur la participation à l'entretien et le respect du mode d'usage de l'eau
pratiqué.

       C'est le même aiguadier "Cheikh- Khettara" et ses "Mezregs" qui se chargent de
cette opération appelée "Attahjir". Il consiste à rappeler chacun des ayants droits par le
28


nombre de journées de travail qui lui incombe en se basant sur la loi d'un ouvrier par
Nouba et par semaine. Par exemple, si le nombre de Nouba d'une Khettara est de 30, un
effectif moyen de quatre (4) ouvriers par jour sont affectés pour des opérations
d'entretien : curage, déblocage, obstruction de fuites, …etc.

       En ce qui concerne les travaux de construction en maçonnerie, en béton ou
d'extension en amont, un fond de caisse est constitué sur la base 100 dhs par Nouba
pour l'acquisition des matériaux ou pour la rémunération de la main d'œuvre spécialisée .

       Chaque vendredi, après la prière, les bénéficiaires de la plupart des khettaras se
réunissent pour discuter et organiser les procédures d'entretien et de réparation de la
khettara .

      II.6- Procédés d'exécution des khettaras

        Ce sont l'exutoire d'une source et les sites d'apparition des résurgences qui
constituaient les premiers repérages de ces filets d'eau souterrains permettant
l'orientation et les tracés de ces khettaras. Ainsi, l'exécution des travaux commence de
l'aval. La cote de départ est imposée par le niveau de parcelles situées à l'amont du
périmètre à irriguer .

       A partir de la tête morte les travaux commencent par l'exécution d'un canal à ciel
ouvert, qui prend la forme d'une galerie, une fois la masse des déblais devenue
importante (profondeur supérieur à 4m) . L'exécution de la galerie se fait simultanément
dans les deux sens :

          -   Des ouvriers procèdent au creusement de cette galerie à partir de la
              tranchée en allant contre le sens de l'écoulement ;

          -   D'autres ouvriers entament les travaux à l'autre bout, à partir d'un puits
              exécuté à 20 m de la tête de la tranchée en allant dans le sens
              d'écoulement ;

       Le même procédé se répète entre deux puits consécutifs, jusqu'à l'exécution totale
de la galerie.

        Les déblais sont évacués à partir des puits au fur et à mesure de l'avancement
des travaux par un ouvrier désigné pour cette tâche; il utilise seulement un couffin, un
treuil en bois et une corde qu'il traîne manuellement ou par traction animale. Les déblais
extraits sont déposés tout autour du puits en vue de protéger les ouvertures des regards
contre l'ensablement. Les tas de ces déblais constituent le trait caractéristique de cette
région et le témoin du volume de travail consenti par les populations via les moyens
manuels rudimentaires.

       L'espacement des puits varie surtout en fonction de la nature du terrain traversé;
ils sont plus rapproché (10 à 15 m) dans les terrains non consolidés ou l'ouvrage est plus
exposé aux éboulements que dans les terrains consistants (20 à 30 m) . La variation
d'écartement entre regards donne une illusion sur le changement dans la nature des
couches souterraines traversées.
29


      Le parcours des Khettaras, qui varie de 1 à 20 km, n'est rectiligne
qu'exceptionnellement, il suit généralement le sens général de l'écoulement de la nappe.
En outre, les moyens traditionnels de bougies utilisés comme guide d'alignement ne
donne pas de satisfaction. Quand à la pente de ces drains, elle est optimisée de façon à
permettre le maximum d'écoulement d'eau et à dominer la maximum de terrains agricole.

      La construction d'une Khettara nécessite beaucoup de force de travail. En effet, la
construction d'une Khettara de 4 km, comportant des puits de 12 m de profondeur
maximum requiert, le travail de 40 hommes pendant 4 ans.

        Très approximativement et pour une Khettara moyenne, le travail nécessaire à
fournir pour obtenir une unité de débit, est estimé à 700-800 journées de travail par
litre/seconde.

       Dans les réseaux ou plusieurs Khettara sont parallèles et selon les lois régissant
l'exécution de ces galeries (El ouarf), l'écartement entre les parties captantes
avoisinantes est en général supérieur à 200 m pour éviter l'effet de l'influence entre les
Khettaras. Dans les parties transporteuses, les Khettaras sont plus rapprochées de 50 à
100 m.

III- CONJONCTURE ACTUELLE DES KHETTARAS

       Dès l'antiquité ces travaux sont réalisés par les membres de la Jamaa, pour
lesquels la "terre et eau" sont les deux éléments d'évaluation de la puissance et de la
valeur de la Kbila.

       Après les années de sécheresse et son effet sur l'exode rural, cette organisation
commençait à disparaître, et les travaux étaient confiés à des corporations d'ouvriers
spécialisés. La technologie utilisée rudimentaire et fait appel uniquement à la main
d'œuvre, largement disponible et peu exigeante pour sa rémunération, à son matériel
très simple: sapes, pioche, cordes, treuil en bois, …etc. et parfois à la traction animale
quant la profondeur devenait importante.

       Les conjonctures sociales et économiques actuelles, fondées sur la recherche de
luxe, de rentabilité et de profit ont été derrières une disparition progressive, ou du moins
un relâchement de ces traditions, un délaissement des terrains agricoles de plus en plus
accentué par l'exode rural massif et une pénurie de la main d'œuvre qui coybotte
d'accomplir les travaux manuels forcés et de grande ampleur, tel que ceux exigés par la
construction de la Khettara.

      Cette tendance n'a fait que s'aggraver après la régression de l'esprit
communautaire de la Jmaa et avec l'avènement et la multiplication de la motopompe qui
s'impose par sa souplesse d'utilisation, son efficacité et son rendement.

      Ainsi, plusieurs efforts sont déployer en vue de préserver ce patrimoine ancestral,
signe de vigueur et d'audacité des filalis.
30


                                        CHAPITRE III

              GEOLOGIE ET HYDROGEOLOGIE DE LA ZONE DU PROJET

   L’étude des roches, des formations géologiques et de l’hydrogéologie de la zone
nous permettent d’identifier la réserve de la nappe, ses caractéristiques chimiques,
physiques et dynamiques.

I-    GEOLOGIE

      La structure géologique de la zone Fezna-Jorf-Hannabou est similaire à toute la
zone de la plaine de Tafilalet ; elle est constituée de deux éléments nettement distincts :
un socle primaire plissé et un recouvrement alluvionnaire quaternaire (figure n° 8).

      I.1- Primaire

        La tectonique primaire est relativement simple : synclinaux à large rayon de
courbure et anticlinaux plus aigus, dissymétriques, fréquemment déversés et même
faillés vers le Nord.

      L’ensemble est de direction sensiblement Est-Ouest, légèrement arqué, et
prolonge les plis du massif de l’Ougnat.

       Il apparaît que le remplissage quaternaire à faible épaisseur recouvre un fond
primaire de calcaires et marnes dévoniens reposant sur des schistes viséens. Ces
calcaires forment des « richs » enterrés, sauf d’étroits goulets.

              I.1.1- Stratigraphie des terrains primaires

                      a/- Ordovicien

      Ce sont des grès blancs avec quelques bancs de calcaire ou de quartzite et des
niveaux schisteux (e >= 400 m). Leur perméabilité est faible.

                      b/- Gothlandien

     Ce sont des schistes satinés d’épaisseur variant entre 30 et 50 m. C’est un niveau
perméable.

                      c/- Dévonien

                       Dévonien inférieur

      Les formations qui caractérisent ce niveau sont par ordre comme suit :

          -   schistes grès roses similaire aux schistes satinés ;
          -   calcaire noir compact ;
          -   grès blancs semblable aux grès ordoviciens ;
          -   calcaire noir compact.
31


      Leur épaisseur est d’environ 50 m et sont généralement imperméables.

                    Dévonien moyen

       Ce sont des marnes et des marno-calcaires avec des niveaux gréseux. Elles sont
aussi imperméables et ont un épaisseur de 50 m.

                    Dévonien supérieur

      Ce sont des calcaires bleus en grande dalle compactes avec quelques niveaux
marneux. Ils sont caractérisés par des fissurations moyennes mais suffisantes pour
assurer une perméabilité en grand sensible, et par des traces de circulation d’eau
(encroûtement des fissures, géodes).

                    Carbonifères

      Ce sont des schistes et des marno-schistes vert-bleus, et sont caractérisés par
une perméabilité totale.

      I.2- Pétrographie des formations quaternaires

      Les formations quaternaires sont très variées, mais peuvent se répartir en quatre
catégorie :

            a/- Formations éoliennes

       Il s’agit des dunes de sable appuyés contre les berges hautes de l’oued Gheris,
soit d’amas de sable sur les pentes des riches primaires, soit encore de zones locales
d’ensablement. Ces sables présentent plusieurs dommages pour les khettaras, les
ksours et les palmeraies.

            b/- « Regs »

      Ce sont des cailloux peu ou pas roulés, généralement peu épais, et se localisent
autour des affleurements primaires.

            c/- Alluvions actuelles de l’oued

      Ils sont bien développés au niveau de Gheris,. Ces alluvions sont souvent
cimentés en poudingues cachés ou affleurant, surtout au niveau du barrage El Gara et
Moulay Brahim. Ces formations contiennent des « under-flows ».

            d/- Le recouvrement fluvio-lacustre (figure n° 9)

       Son épaisseur dépasse souvent 15 m au niveau des palmeraies, sauf aux abords
des richs. Cette formation est composée de trois éléments essentiels :
32


              Limons :

       C’est un dépôt fluviatile d’épandage, remarquablement homogène dans toute
l’étendue de la palmeraie. L’épaisseur varie de 7 à 10 m et deviennent faible en
s’approchant des richs. Vers leur base, ils deviennent progressivement plus argileux et
plus compacts.

       Ils sont toujours plus ou moins salés ( chlorures de sodium, magnésium, et gypse).
Cette salinité date certainement de leur dépôt.

      La circulation de la nappe phréatique et des eaux de crues tendent au déssalage
des limons vers le bassin de décantation de Maïder. Les limons présentant une très
bonne perméabilité pour les infiltrations, mains ne peuvent ni contenir une grosse
réserve d’eau, ni permettent l’écoulement des débits importants.

              Marnes

      Elles sont plus ou moins gréseuses et plus ou moins argileuses, fréquemment
conglomératiques à leur base. Elles présentent souvent un aspect caractéristique
« panaché » jaune et gris. Leur épaisseur dépasse 2 m au niveau de la palmeraie. Cette
formation est généralement peu perméable, mais sa faible épaisseur , ainsi que ses
lacunes permettent aux infiltrations d’atteindre la base du quaternaire.

      Ces marnes sont plus salines que les limons et sont probablement le principal
agent de la salure de la nappe phréatique.

              Poudingues

       Ils sont absolument constants et homogènes et n’étant percés que par les
pointements primaires. Ils affleurent par endroits dans le lit de l’oued Gheris, à partir du
site du barrage El Gara jusqu’à l’aval du barrage My Brahim.

      Leur épaisseur doit varier entre 10 et 20 m suivant la profondeur du primaire, et
reposent directement sur ce dernier.

       Bien que le ciment soit généralement perméable par porosité, la perméabilité des
poudingues est remarquablement grande, due à tout un réseau de fissures et aux lits
lenticulaires de graviers et cailloutis non consolidés.

      Ces poudingues sont le lieu de cheminement essentiel et le gîte de réserve de la
nappe phréatique.

II-   GRANULOMETRIE ET CLASSIFICATION DES SOLS IRRIGUES PAR LES
      KHETTARAS

      II.1- Granulomètrie (annexe n° 1)

        D'après une étude réalisée en 1999 sur la salinité des sols et qualité des eaux
d'irrigation des khettaras du Tafilalet, il a été constaté que pour une profondeur
n'excédant pas 20 m, la texture est généralement équilibrée avec prédominance des
33


sables et limons. Ceci peut être expliqué par le travail annuel et fréquent du sol. Au delà
de 20 m, la texture varie selon l'endroit (équilibrée à limoneuse).

       II.2- Classification (annexe n° 2)

       La conductivité électrique varie d'une khettara à l'autre. Elle est de 5,6 mmhos/cm
(3,6 g/l) au niveau du périmètre Mostaphia Hannabou à 38,2 mmhos/cm (24 g/l) à Rosia-
Mounkara.

       En général, la teneur en sel des sols est élevée au niveau des horizons
superficielles (0 - 20 m) à cause de la remontée capillaire due à une forte évaporation.

III-   HYDRODYNAMIQUE DE LA NAPPE FEZNA-JORF-HANNABOU

       Les ressources en eau souterraines exploités actuellement proviennent soit des
stations de pompage, soit des résurgences de l’oued, soit d’un réseau de khettaras à
savoir : 28 khettaras pour le Jorf, 3 pour El Krair, 3 pour El Bouya, 10 pour Hannabou, 15
pour Fezna et 24.pour Ksours Sifa.

       III.1- Hydrogéologie de la nappe phréatique

       Cette nappe représente la dernière unité hydrogélogique de la vallée du Gheris, et
se situe dans la boucle du Gheris immédiatement à l’amont de la plaine de Tafilalet.

         Selon les différentes études hydrogéologiques, cette nappe s’est constitué en
quaternaire, pendant la période où les précipitations sont importantes. Et à cause des
infiltrations abondantes et l’existence d’un substratum primaire imperméable, une réserve
d’eau assez importante est innée dans la zone. Cette réserve est estimée auparavant à
environ 300 Mm3, à débit d’alimentation de 120 l/s, ce qui a donné naissance aux
khettaras. Actuellement, elle varie de 20 à 50 Mm3.

       La nappe phréatique de cette zone coule généralement dans des formations
plioquaternaires. Ces formations sont constitués à base de conglomérats plus ou moins
cimentés et d’alluvions ayant une épaisseur variable de 15 à 20 m. Ces formations
reposent sur les calcaires schisteux du Primaire dont la frange d’altération de quelques
mètres constitue un réservoir souterrain apprécié actuellement. Cette nappe se localise
entre les reliefs imperméables (Koudiats de Fezna, de Mounkara et de Maha) et le
massif de l’Ougnat, qui, est le plus important en débit.

       Cette nappe émerge au niveau du barrage Meharza sous forme de résurgences,
tandis qu’au Sud, l’écoulement de la nappe est très faible. Vers Le Sud-Ouest, la
dépression observée est due à la présence de nombreuses khettaras. Actuellement,
l’exploitation intensive de la nappe par pompage crée une dépression générale dans la
zone.

      La forme de la nappe est généralement convexe, mais souvent perturbé par des
axes de drainage naturel ou des alimentations par des seguias des eaux de crues.
34


         En se référant aux caractéristiques des forages réalisés par la DRH en 1999, on
  constate que la nappe du quaternaire est plus importante en débit que la nappe profonde
  du primaire :


                       Caractéristiques des forages réalisés par la DRH dans
                                      la zone Fezna-jorf (1999)

C,R      N° IRE     PT(m)         NP(m)        RS(g/l)       CE       Q(l/s)       Formation captée
        4296/57     41,00          Sec            -            -         -     Dévonien
        4302/57     110,00        18,60         4,13         5,78      0,56    Dévonien
        4303/57     103,00         Sec            -            -         -     Dévonien
Fezna
        4304/57     103,70        15,95         0,91         1,27     11,20    Dévonien
        4038/57     165,00        30,99         3,07         4,30      6,25    Infracénomanien
        4039/57     91,00         16,25         1,35         1,89      1,99    Infracénomanien
        4297/57     118,00        22,70         1,15         1,61      3,20    Ordovicien
        4299/57     251,30         9,30         2,36         3,30      2,30    Dévonien
        4300/57     85,00          7,33        23,80        33,32              Dévonien
Jorf
        4031/57     103,70         Sec            -            -        -      Ordovicien
        4264/57     28,00         13,38         2,51         3,51     16,42    Conglomérat quaternaire
        4040/57     27,60         16,16         1,41         1,97     15,29    Conglomérat quaternaire


         III.2- Perméabilité de la nappe

  La nappe est étendue sur une superficie de 150 km². La perméabilité des sols de la zone
  est comme suit :

                  Perméabilité         coefficient de               type de sols
                                     perméabilité (m/s)
            Perméabilité élevée           10-3 à 3 x 10-3    alluvions sablo-graveleux
            Perméabilité
                                          10-5 à 4 x 10-4    conglomérat et calcaire
            moyenne
                                                             marnes lacustres, lacustres
            Perméabilité faible           10-6 à 4 x 10-5    calcaires, compacts et
                                                             limons

        Dans la zone, il apparaît que les variations verticales de perméabilité sont bien
  plus grandes que les variations horizontales. Ainsi, il est important de connaître des
  formations dans une section verticale que la surface de celle-ci, pour l'évaluation des
  ressources en eau et du débit de la nappe.

         III.3- Hydrodynamique de la nappe

        La transmissivité constitue le paramètre déterminant pour évaluer le débit de la
  nappe. D'après les essais de pompage, T  0.5 à 2 x 10-2 m/s, soit k = 10-3 m/s
  (perméabilité élevée).

         Les vitesses moyennes déduites des débits moyens écoulés à travers les sections
  définies seraient de 2 à 6 m/jour, en partant d'un coefficient de vide de 5%.
35




       Le débit moyen d'écoulement de la nappe varie de 100 à 300 l/s, avec des
variations importantes d'amont en aval.

      Le débit d'écoulement de la nappe étant faible, comparé au débit des apports (2,2
Mm3), il en résulte un caractère secondaire des apports soutenus par l'amont et la
grande prédominance des apports de surface.

      III.4- Régime de la nappe phréatique (figure n° 10)

      Elle est en fonction de la pluviométrie et de la fréquence des crues sur l’Oued
Ghéris.

             III.4.1- Régime saisonnier ou annuel

      Le suivi de la piézomètrie de la nappe de Fezna-Jorf-Hannabou durant les six
dernières années (1995-2000) montre que les fluctuations de la nappe est décroissant
de l’amont vers l’aval. En effet, au niveau de Fezna et Achouria, les fluctuations
saisonnières et annuelles sont très importantes et varie de 3.5m jusqu’à 8.9m, alors
qu’au niveau de Jorf la variation moyenne est de 3.5m, et plus en aval (Bouya, Krair et
Hannabou), le niveau est presque stable (figure n° 10 ).

                                           Niveau min    Niveau max    Variation
            Puits                Zone
                                               (m)           (m)         (m)
  El Ghouard                                  12.00         16.06        4.06
  El Ghafouli                   Fezna         13.20         22.20        9.00
  Laksibat                                    13.80         21.87        8.07
  Achouria                     Achouria       12.90         18.45        5.55
  O, Ghanem SP                                07.03         10.70        3.63
                                 Jorf
  O, Ghanem Mosqué                            06.70         10.32        3.62
  Ben Jbilat                    Krair         06.60         08.85        2.25
  Hannabou                    Hannabou        09.08         09.70        0.62
               Moyenne

        On observe une "vague phréatique" de transmission de charge de l'amont vers
l'aval, entre Jorf et Hannabou.

      L'infiltration des eaux de crues dans les oueds et surtout dans les champs irrigués
apparaît comme le principal facteur de la recharge. En effet, le coefficient d'infiltration
moyen à appliquer aux épandages de crues varie de 40 à 50%.

              Régime inter-annuel

      L'étude de ce régime éclaire les conditions d'alimentation de la nappe et permet
une évaluation approximative des données de son bilan.

        Le niveau de la nappe, avant les années quatre vingt, n’excède pas 3 m à El
Bouya et 4 m au Jorf. Alors qu’actuellement, il se situe, sous la palmeraie, entre 8 et 20
m de profondeur, 12 à 22 au Fezna, 7 à 10 m au Jorf et 6 à 9 m vers l’aval (El Bouya, El
Krair).
36


       A l’aval, il apparaît que la nappe a retrouvé son niveau piézomètrique normal,
grâce aux apports des eaux de crues. Au contraire, le niveau amont est toujours en
rabattement.

      En général, on a constaté :

          -   entre 1960 et 1968, une remontée importante suite aux crues de 1965.

          -   un abaissement rapide de 1968 à 1972/73;

          -   puis, une relative constance de niveau;

      Les principales conséquences de cette baisse sont :

          -   diminution du débit d'exploitation des stations de pompage;

          -   limitation de l'évaporation directe;

          -   stabilisation du front de salinité;

          -   tarissement des khettaras et des puits


      III.5- Ecoulement de la nappe

      On distingue trois couloirs d’écoulements différents (figure n° 11):

          -   couloir en amont de Fezna entre Koudiat Tantana et Oued Gheris,
              permettant d’alimenter seulement les périmètres de Fezna. Le sens
              d’écoulement est Ouest-Est ;

          -   couloir du Jorf entre Koudiat Tantana et Koudiat Mounkara, alimentant les
              périmètres d’Achouria, et de Jorf ;

          -   couloir entre Koudiat Mounkara et Koudiat Maha desservent les palmeraies
              d’El Bouya, El Krair, Hannabou et Ksours Sifa. Dans ce cas le sens
              d’écoulement est sensiblement Nord Ouest-Sud Est.

       Généralement, la ride dévonienne semble bien se comporter comme un barrage
souterrain naturel qui joue un rôle capital dans l’allure de cette nappe, et surtout sur les
directions de ses exutoires.

     La direction générale de l’écoulement est sensiblement Ouest-Nord Ouest à l’Est-
Sud Est. Le gradient hydraulique moyen est de 0.2 %.
37


      III.6- Nature chimique et physique des eaux

                Concentration en sel

        La conductivité électrique des eaux des khettaras et des puits varie d’une région à
l’autre. En effet, la concentration moyenne de l’amont en aval est de :

      - Fezna       : 2.35 g/l (3.29 mmhos/cm),
      - Achouria    : 2.70 g/l (3.78 mmhos/cm),
      - Jorf        : 2.14 g/l (2.99 mmhos/cm),
      - Mounkara    : 2.46 g/l (3.44 mmhos/cm),
      - El Bouya    : 1.75 g/l (2.45 mmhos/cm),
      - Krair       : 1.71 g/l (2.39 mmhos/cm),
      - Hannabou    : 1.77 g/l (2.48 mmhos/cm),

       La variation de cette concentration entre eaux des khettaras est importante , et
passe de 1.41 g/l au niveau de la khettara Khtitira-Hannabou jusq’au 2.88 g/l au niveau
de la khettara Souihla Oulad Ghanem-Jorf.

     Ainsi, on constate qu’il existe une limite de séparation (limite Mounkara) entre les
zones à salinité elevée (Fezna, Achouria, Jorf et Mounkara) dont la concentration
dépasse 2 g/l (2.80 mmhos/cm) et les zones à salinité moyenne (El Bouya, Krair et
Hannabou).

       Du fait que la salinité est généralement moyenne à elevée (Classe C4), ces eaux
ne peuvent être utilisées que dans des sols de bonne perméabilité (sols de structure :
argile, limon et sable) et par des plantes suffisamment tolérantes (palmier dattier,
luzerne, céréales, …etc).

       Il semblerait que la nappe Fezna-Jorf-Hannabou est formée de deux nappes dont
la nature chimique des eaux est différente :

      -   une nappe s’étendant au Nord, qui longe l’oued Gheris et s’écoule au delà de
          Jorf ;

      -   une nappe au Sud-Ouest, qui afflue vers la nappe de Tafilalet et dans laquelle
          s’effectue de nombreux prélèvements par les khettaras.

              Teneur en Sodium

      Les eaux des différentes khettaras sont classés en S1 (fiable teneur en sodium)
excepte celles de sifa classées en S2 (Laaguilia: CE = 15,6 mmhos/cm). Généralement,
les eaux des khettaras sont chlorées sodiques.

                Température

     Les eaux des diverses khettaras n’est pas chaude et présentent une température
moyenne d’environ 15 °C, ce qui note l’absence des apports ascendants.
38




                            Salinité des eaux des khettaras dans la zone
                                   de Fezna-Jorf-Hannabou (2000)



N° Labo     Zone        Nom Khettara     Salinité (g/l)   CE (mmhos/cm)    Classe      CE moyenne
  38                Lambarkia Fougania       1,77             2,47          C4
  47                Souihla                  2,88             4,03          C4
  56        Jorf    El Aissaouiya            1,72             2,40          C4      2,99 soit Classe C4
  57                Saidia                   1,57             2,19          C3
  39                Lakbira                  2,77             3,87          C4
  41                Lambarkia Tahtania       2,83             3,96          C4
  48      Mounkara Lahloua                   1,72             2,40          C4      2,46 soit Classe C4
  55                El Aissaouiya            2,84             3,97          C4
  43                Jdida                    1,77             2,47          C4
           Bouya                                                                    2,43 soit Classe C4
  54                Lakdima                  1,72             2,40          C4
  42                Jdida                    1,71             2,39          C4
            Krair                                                                   2,39 soit Classe C4
  50                Lakdima                  1,72             2,40          C4
  40                El Oustania              1,78             2,49          C4
  44                Khtitira                 1,42             1,98          C3
  45                El Alouiya               1,78             2,49          C4
  46                El Mostaphia             1,77             2,47          C4
          Hannabou                                                                  2,47 soit Classe C4
  49                El Fougania              1,82             2,54          C4
  51                Sayed                    1,88             2,78          C4
  52                Lakdima                  1,74             2,43          C4
  53                Lagrinia                 1,83             2,56          C4
               Moyenne                       1,95             2,73          C4      2,73 soit Classe C4




                        Salinité des eaux des SP et puits dans la zone
                                de Fezna-Jorf-Hannabou (1993)
N° Labo     Zone        Nom Khettara     Salinité (g/l)   CE (mmhos/cm)    Classe      CE moyenne
 637               SP El Ghafouli            2,78             3,97          C4
 638       Fezna   SP Laksiba                1,94             2,78          C4      3,36 soit Classe C4
 217               Puits Fezna               2,35             3,35          C4
 216               Puits Achouria            2,46             3,51          C4
          Achouria                                                                  3,86 soit Classe C4
 636               SP Achouria               2,95             4,21          C4
 639        Jorf   SP Sidi Mejbar            1,99             2,85          C4      2,85 soit Classe C4
              Moyenne                        2,41             3,45          C4      3,45 soit Classe C4
39


     En résumé, la morphologie phréatique est déterminée par deux facteurs
permanents et un facteur variable :

      -   la topographie du primaire et l’existence de la ligne des richs dévoniens
          formant barrage ;

      -   la vallée relativement profonde de l’oued Gheris formant un drain ;

      -   le réseau d’irrigation et la répartition des zones d’irrigation.

      III.7- Systèmes de mobilisation de la nappe

      Il existe plusieurs systèmes d’exploitation de la nappe, qui sont fonction de :

          -   revenu des agriculteurs ;

          -   disponibilités en eau ;

          -   superficie de l’exploitation ;

          -   évolution technique.

      Généralement on distingue :

              III.7.1- Khettaras

      Sur les 59 khettaras qui desservent ces palmeraies, 39 sont taries ou
abandonnées, dont la plupart des khettaras situées à l’amont de Jorf. Le débit moyen
annuel des khettaras est de 220 l/s.

       Leurs parties drainantes se développent dans un glacis de colluvions d’une
largeur variant entre 2.5 et 5 km. Ces nombreuses khettaras alimentent les palmeraies
de Jorf, Bouya, Krair et Hannabou.

       Elles sont orientées Est-Ouest, c'est à dire sensiblement parallèles au sens de
l’écoulement de la nappe (Nord Est-Sud Ouest).

     Le régime régressif de la nappe a entraîné un déssechement total des khettars de
Fezna et partiel des khettars de Jorf. Les khettaras de Bouya-Krair et Hannabou sont
complétement fonctionnelles, malgré la diminution des débits véhiculés (figure n° 12).

              III.7.2- Sources

      Elles se réduisent à la résurgence de Meharza dans l’oued Gheris. Il s’agit plus
exactement de plusieurs venues d’eau :

      -   un dégorgement visible de la nappe phréatique au pied de la falaise de la
          vallée du Gheris (rive gauche) au droit du ksar Meharza ;
40
41


      -   une résurgence des eaux de l’under-flow du Gheris, provoquée par un
          amincissement du remplissage alluvionnaire. Ces eaux proviennent
          essentiellement du drainage de la nappe phréatique rive gauche par l’under-
          flow du Gheris et aussi d’un apport plus en amont de la nappe rive droite.

          III.7.3- Station de pompage et points d'eau

      Ce sont des stations de pompage développées pendant ces dernières années à
cause du rabattement de la nappe et le tarissement de plusieurs khettaras.

       On rencontre dans cette région des stations privées, des stations à caractère
collectif crée par l’ORMVAT (figure n° 13) et des puits individuels réservés à l’eau
potable (habitats et mosquées).

         Ces stations qui sont au nombre de 197 actuellement, permettent d’irriguer
environ 1.254 ha soit 40 % de la superficie totale irriguée. Elles prélèvent, ainsi, un débit
fictif continu de 1.050 l/s, soit un volume total annuel de 8 Mm3, ce qui note le rôle capital
joué par ce système.

       L’introduction de ces stations a été débuté par l’Office par création des stations
collectives. Elles présentent plusieurs avantages à savoir :

      -   substitution des khettaras par irrigation d’une superficie importante ;

      -   introduction de nouvelles techniques culturales ;

      -   développement de l’esprit coopératif entre les agriculteurs dans le domaine
          agricole;

      -   augmentation de la productivité agricole ;

      -   introduction de nouvelles variétés culturales.

       Néanmoins, ce système exige un coût élevé pour creusement et équipements de
puits et des frais d’énergie importants. Son principal inconvénient réside dans
l’exploitation intensive de la nappe phréatique (8 Mm3/an) sachant qu’il est localisé dans
l’exutoire de cette nappe. Ceux-ci a entraîné le rabattement de la nappe, voire le
tarissement des khettaras et la résorption de la réserve.

      III.7.4- Systèmes traditionnelles en disparition

               Chadouf

       C’est un système connu depuis l’antiquité et qui est en totale disparition
actuellement. C’est une longue perche en bois basculante autour d’un axe horizontal
fonctionnant comme un système de levier. L’équilibre de ce bras de levier est assuré par
un contrepoids suspendu à l’extrémité de son petit bras de telle manière à équilibrer le
récipient quant il est plein. Le rendement est faible et varie de 3 à 6 m3/h. La profondeur
du cours d’eau ne dépasse guère 3 m.
42


              Aghrour

      Communément nommé aussi système « Delou », il est introduit par les romains
pendant leur conquête du Nord Africain. Le fonctionnement est assuré par une traction
animale moyennement un treuil différentiel en bois. Le débit prélevé varie de 15 à 20
m3/h avec une profondeur moyenne du puits de 10 m.

       Malgré que c’est une technique archaïque qui demande beaucoup d’efforts et
génère une faible productivité, elle est très économique de point de vue de l’exploitation
de la nappe :

      -   Les débits exploités sont faibles en comparaison avec les techniques
          modernes,

      - L’irrigation se fait en temps opportun ; à l’aube et au coucher de soleil.

      III.8- Facteurs d’alimentation de la nappe phréatique

             III.8.1- Les précipitations

      La part de ces pluies est quasi–nulle et pratiquement négligeable à cause de la
pluviométrie faible et de la difficulté de pénétrer profondément pour atteindre la nappe
(évaporation ou transpiration importante).

             III.8.2- Apport de l’oued Ghéris

      D’après J.Matgat, le niveau de la nappe est en relation étroite avec la fréquence
des crues de l’Oued Ghéris. Cet apport, sous forme de sous-écoulement, est la plus
importante source d’alimentation de la nappe, mais il est caractérisé par une irrégularité
annuelle et inter-annuelle.

             III.8.3- Eaux d’irrigation de crues

      Les canaux en cours de réhabilitation peuvent bien participer à l’alimentation de la
nappe.

       La principale conclusion à retenir est la grande rapidité de l’alimentation de la
nappe phréatique par l’épandage des crues, ce qui permet d’envisager un projet pourrant
rationaliser l’utilisation des eaux de crues pour alimenter la nappe.

      La zone est équipé actuellement par un réseau d’irrigation dense, prélevant des
eaux de crues de l’oued Gheris par quatre barrages (El Guefifat, Sidi Mejbar, El Gara et
Lahmida) avec un débit total de 42 m3/s, soit un apport moyen de 20 Mm3/an.

             III.8.4- Apports des autres nappes

       Il apparaît que la nappe de la zone Fezna-Jorf-Hannabou est alimentée à partir
des autres nappes et particulièrement par celles de Tinejdad-Touroug. A priori, son débit
d'alimentation s'avère faible.
43


      III.9- Débouchés de la nappe phréatique :

   Les destinés de cette nappe sont en quatre catégories :

      -   exploitation par puits, pompages et khettaras ;

      -   utilisation naturelle par la végétation (Palmiers) ;

      -   infiltrations dans le substratum primaire ;

      -   écoulement normal vers l’aval

      III.10- Bilan de la nappe
      Pour les apports de la nappe phréatique ou d'amont, il s'agit de la nappe
phréatique de la plaine de Gheris qui débouche au niveau de Bouya-Kraïr (350 l/s)

      Les khettaras prélèvent environ 220 l/s.

       L'origine de ces apports étant, généralement, l'eau des crues, ils sont donc
affectés par la même irrégularité. D'après Ruhard, les apports par infiltration directe
(apports verticaux) sont estimés à 10 Mm3.

             III.10.1- Emergences et écoulement souterrain aval

       Les seules émergences visibles à l'aval du bassin de Fezna-Jorf représentent
environ un débit de 15 à 20 l/s d'eau très salée (Mellahia : 5 à 6 g/l). Par contre, vers le
Sud-Ouest, un écoulement souterrain vers le Tafilalet est estimé à 350 l/s.

             III.10.2- Exploitation

                    - 7 stations de pompage office      :

                                7 x 20 l/s x 8 h x 3600 x 312 = 1.3 Mm3;

                    - 190 station de pompage privé :

                                190 x 6 l/s x 5 h x 3600 x 312 = 6.4 Mm3;

                    - 20 khettaras :

                                20 x 6 l/s x 24 h x 3600 x 360 = 3.7 Mm3.

      III.10.3- Bilan (figure n° 14)

       Le module d'alimentation d'après Margat est de 3.6 l/s/km² (1960); alors qu'il est
estimé par la SCET à 2.1 l/s/km² (1986). Le module d'évaporation est estimé à 0.87
l/s/km² par SCET en 1986. Le bilan actuel de la nappe est comme suit :
44


                 Actif                                        Passif
-   Ecoulement souterrain amont   : 12,20 Mm3 -       Ecoulement aval              : 11,00 Mm3
                                              -       Prélèvements              : 11,70 Mm3
-   Infiltrations eaux de crues   : 02,20 Mm3         - pompage                    : 08,00 Mm3
                                                      - khettaras                  : 03,70 Mm3
-   Infiltrations par épandage    : 11,00 Mm3 -       Emergences                   : 00,50 Mm3
-   Infiltrations de pluies            -          -   Evapotranspiration           : 02,20 Mm3
-   Affluences                         -
                 Total            : 25,40 Mm3                  Total               : 25,40 Mm3



       Le bilan présenté ne constitue qu'un ordre de grandeur compte tenu de la
variabilité importante. Cette variabilité se situe entre des extrêmes où il a été enregistré
un déficit important de la nappe 1963-1964.

       D’après ce qui suit, l’introduction de la motopompe a été le facteur principal de
rabattement de la nappe, voire du tarissement des khettaras. En effet, le pourcentage de
prélèvement de la nappe par cette technique a évolué de 1 % en 1981 à 25 % en 2000.

                                            1981                            2000
-   Stations collectives                   04,00 %                         05,20 %
-   Stations privées                       01,00 %                         25,00 %
-   Khettaras                              36,00 %                         15,00 %
-   Ecoulement aval                        47,00 %                         44,00 %
45


                                        CHAPITR IV

                   SYSTEME D'AMENAGEMENT DES KHETTARAS

       Malgré le développement d'une technique moderne de stations de pompage, la
modernisation et la sauvegarde du système séculaire avantageux des khettaras comme
technique ingénieuse et trait particulier des oasis devient inévitable. De ce fait, les
agriculteurs de la zone n'ont jamais cessé d'aménager ce patrimoine en faisant appel à
leurs simples techniques traditionnelles par "Touiza" ou par "Ferdia". En outre,
l'ORMVA/TF déploie, Actuellement, des efforts considérables afin de restaurer cet
héritage.

         La quasi-totalité des khettaras sont réalisées depuis des siècles. Les interventions
récentes portent essentiellement sur les extensions et/ou sur les améliorations de
l'efficience du réseau.

I- TECHNIQUES TRADITIONNELES

      Devant l'absence des appareils de mesure et de moyens matériels adaptés pour
la construction de la khettara, les populations antiques faisaient recours aux techniques
simples et archaïques.

      a- Implantation et creusement des khettaras

        De point de vue conception, les khettaristes se basent sur les données empiriques
et sur leur propre ingéniosité.

      L'alignement n'est pas souvent respecté. En effet, l'utilisation de moyens
rudimentaires de nivellement (bougie-khettaraiste- ombre) ne donnent pas satisfaction.
Mais, cet alignement n'est pas recherché dans la plupart des cas et les khettaristes se
contentent de prendre des directions variables en suivant la ligne de l'écoulement de la
nappe.

        En ce qui concerne les réseaux des khettaras dans la zone Fezna-Jorf-Hannabou,
la réglementation adopté stipule que la distance qui sépare entre les parties drainantes
des khettaras avoisinantes doit être d'au moins de 100 m, qui doit être respecté pour
éviter l'effet de l'influence entre elles.

       L'espacement des puits ayant servi pour l'exécution de la khettara (10 à 30 m) est
fonction de la nature des terrains traversés. Les puits deviennent de plus en plus
rapprochés tant que le terrain devient de plus en plus ébouleux.

      La pente en vigueur est variable, mais généralement inférieur au gradient
hydraulique, et est comprise entre 0,5 et 1,5 %0 de telle manière que la lame d'eau soit
de 40 à 50 m tout le long du parcours.


       Les dimensions adoptées pendant l’exécution de la galerie varie de 0.40 à 0.60 m
de largeur et de 1.20 à 2.00 de hauteur, juste suffisante pour le passage d’un homme
(figure n° 15). L’ouverture des puits est de 1.00 x 1.20 m².
46
47


      b- Curage des khettaras

      A nos jours, la plupart des khettaras sont colmatées. Cela est du fait que :

      -    les puits non bien aménagés à la base (au niveau du bras captant) qu'à la
          sortie (mauvaise couverture de l'entrée des puits) font l'objet de colmatage par
          l'ensablement;

      -   l'augmentation de l'humidité au niveau de la galerie entraîne des éboulements
          surtout en terrains meubles;

      -   la décantation des calcaires, en particulier dans les khettars à eau riche en
          bicarbonate de calcium.

        En vue d'améliorer la débitance des khettaras, les agriculteurs procèdent,
d'emblée, par leurs propres moyens au nettoyage moyennant de petit matériel : une
sape, un couffin et un treuil en bois. Souvent, cette procédure est vaine et peut
engendre des contre-pentes le long de la galerie. Le moyen de mesure de nivellement en
usage se base sur la hauteur de la lame d'eau qui doit dépasser les chevilles du
travailleur (c-à-d de 40 à 50 cm).

       L'évacuation des déblais se fait par des couffins ou sceaux entraînés au moyen
d'une corde roulée sur des poulies en bois grand diamètre ou sur des treuils en bois.
Pour soulever des charges lourdes, la corde est entraîné par des ouvriers assis sur le
bord du puits en utilisant la force de leur pieds, parfois on fait appel à la traction animale
(figure n° 16).

      c- Approfondissement et reprofilage de la khettara

       Au cas où le curage n'a pas aboutit à l'amélioration du débit où en cas de
rabattement de la nappe, les paysans procèdent au reprofilage de la khettara. Cette
technique consiste en terrassement de la galerie de telle façon à avoir une pente
uniforme et régulière.

      Etant donné la fixité de la cote de la sortie du canal adducteur nécessaire pour la
domination du maximum de superficie, toute intervention déconseille les travaux répétés
de curage et/ou de reprofilage qui abaissent le fond des khettaras. Cette opération est
accompagnée souvent :

      -   soit, d'un décalage des parcelles vers l'aval du périmètre en délaissant certains
          parcelles en amont;

      -   soit, d'un rétrécissement de la superficie irriguée;

      -   soit, d'un nivellement des parcelles qui est souvent onéreux.
48
49


      d- Extension des khettaras

       Suite au rabattement du niveau piézomètrique de la nappe au cours de ces
dernières années, la plupart des khettraas sont en tarissement ou à faible débit. Ainsi,
les khettaristes font recours à l'extension des khettaras en amont, qui permettent souvent
d'améliorer leur débit.

      Un autre procédé d'augmentation de débit consiste en creusement des galeries en
"V" au niveau du bras captant. Dans la zone d'étude, ce procédé est formellement
opposé par El Ouarf qui interdit toute déviation du tracé hors de celui spécifié par les
Jmaas.

      e- Revêtement des galeries et des canaux

      Pour éviter les pertes énormes des eaux , qui peuvent atteindre 50 %, et les
éboulements qui surviennent, les agriculteurs procèdent au revêtement des galeries et
des mesrefs moyennant de la maçonnerie sèche ou à mortier bâtard (figure n° 17). Au
niveau de la partie captante, cette maçonnerie est traversée par des barbacanes et
dépourvue de radier avec une couverture en feuillets de pierres sèches et des palmes.

       Ce revêtement peut être, aussi, réalisé      avec des palmes ou des branches
d’arbres fixées par des pieux en bois (fascines).

      e- Aménagement des puits

      Pour faire face au colmatage des khettaras par l'ensablement, les paysans
procèdent à la couverture des puits par des feuillets en pierres sèches d'épaisseur
supérieur à 10 cm, souvent mal posées et mal jointoyées, ce qui entraîne ensuite des
éboulements et le bouclement de la galerie (figure n° 18).

II- TECHNIQUES MODERNES

       Vu l' importance des réseaux de khettaras existantes qui fournissent une eau
pérenne garantie destinée à l'irrigation de petits périmètres agricoles et dans plusieurs
cas à l'alimentation en eau potable des populations rurales, les pouvoirs publics avaient
entrepris des études et des travaux colossaux de modernisation et d'aménagement
divers, dans le but d'améliorer les débits exploités et maintenir la pérennité de ces
ouvrages traditionnelles :

      II.1- Maîtrise des données de base

       Avant d'entreprendre des travaux d'aménagements, il était nécessaire d'effectuer
des mesures et relever certaines données de base permettant d'identifier et de définir les
actions réaliser.
50
51
52


             a- Levés Topographiques

       Les réseaux de khettaras doivent être porté sur des fonds topographiques au
1/20.000éme et 1/10.000éme. Puis chaque khettara doit faire l'objet d'un levé
topographique précis sur toute sa longueur. Les cotes de différents puits ( au fond et en
surface ) , les niveaux de la galerie et la ligne d'eau seront relevés sur des profils en
long. Cela permettra de définir les caractéristiques physique précises de chaque khettara
.

             b- Mesure de débits

         Un campagne de mesure de débits doit être lancée sur l’ensemble des khettaras.
Pour chaque khettara, les mesures seront effectuées sur toute la longueur au niveau de
chaque puits. Les résultats portés sur une courbe débit en fonction de la distance
permettront d'identifier les parties captantes, les parties où s'effectuent des pertes par
infiltration et les parties adductrices.

             c- Prospection géologique et géotechnique

        L’identification des horizons de terrains traversés par les khettaras s’avère
inéluctable. Elle permettra de donner une idée sur les venues d’eau, de focaliser les
failles, de localiser les khettaras et les tronçons où les problèmes de calcination se
posent ; de décider ou non de l’extension de la khettara.

             d- Analyse des eaux et des sols

      En connaissant la composition des eaux et des sols irrigués par la khettara, on
pourra bien décider du dosage de ciment et des agrégats à utiliser, des amendements
qu’on peut apporter aux sols et de type de cultures à mettre e place.

             e- Définition des actions à entreprendre

       A partir de ces éléments, les interventions seront définies et hiérarchisées en
fonction, de leur importance. Les principales opérations qui semblent être réalisées
porteront sur :

             -   La construction et / ou le revêtement des tronçons où des pertes par
                 infiltration aient été localisées.

             -   Le nettoyage des parties où il y avaient des dépôts dues aux
                 effondrements et à l'ensablement.

             -   La construction des parties meubles où les risques d’éboulement étaient
                 importants.

             -   La correction des pentes et le reprofilage des galeries là où il y avait des
                 contre-pentes.

             -   La construction des ouvrages hydrauliques d’alimentation de la nappe
                 des khettaras (barrages collinaires, bassins d’accumulation,…etc).
53




        II.2- Techniques de construction modernes

       En fonction, de la nature des terrains et de l'état des khettaras, différents modes
de constructions ont été étudiées et adoptées. Les différences portent sur les formes des
sections adoptées pour le revêtement des galeries, des mesrefs et la couverture des
plafonds des galeries.

              a- Revêtement des galeries

      Les sections retenues pour le revêtement des galeries sont généralement
rectangulaires ou trapézoïdales. Parfois des formes circulaires sont également
exécutées (figure n° 19).

       Au niveau des tronçons drainant, les constructions portent uniquement sur les
parois des galeries et leur couverture. Le radier non construit permet d'assurer la fonction
du drainage. Parfois des barbacanes épousent les parois latérales pour augmenter la
capacité du drainage.

       La construction des parois se fait en béton ordinaire ou armé et la couverture se
réalise en dalettes.

       Pour la réalisation des travaux de construction, la galerie est fermée à l'amont du
tronçon à construire par un remblais compacté. Et pour assurer l’assèchement complet
de la partie en construction, on installe parfois un groupe motopompe qui a un débit au
moins égale à celui de Khettara. L’eau pompée est refoulée dans un tuyau flexible qui
déverse dans le tronçon aval déjà construit ou qui déverse dans un chenal de dérivation
provisoire qui rejoint la Khettara à l’aval .

              b- Revêtement des canaux d’irrigation à la sortie des Khettaras

      A l’intérieur des périmètres, la khettara se ramifient en réseau d’irrigation pour
assurer l'irrigation de l' ensemble des cultures mises en place .

       Pour éviter les pertes d'eau qui se produisent le long des seguias traditionnelles,
les travaux de revêtement sont également réalisés au niveau de plusieurs périmètres .

      Les modes de revêtement pratiqués sont en béton ordinaire avec des formes
rectangulaires ou trapézoïdales (figure n° 20). Parfois on utilise du coffrage métallique
pour améliorer l’efficience du réseau.

        Les économies d'eau enregistrés après aménagement varient de l’ordre de 30 à
50 %.
54
55
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Etude khettara Tafilalet

  • 1. ROYAUME DU MAROC  MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DES PECHES MARITIMES  OFFICE REGIONAL DE MISE EN VALEUR AGRICOLE DU TAFILALET Errachidia -=-=-=- SER/BE Réalisé par : OURAHOU M. Octobre 1998
  • 2. 1 Introduction Bien que liée socio-économiquement et administrativement au Tafilalet, la zone de Fezna-Jorf-Hannabou située en rive droite de l’oued Gheris, constitue une entité hydraulique indépendante. Faute des conditions topographique, cette zone n’a pas de chance de bénéficier des eaux du barrage Hassan Eddakhil (figure n° 1). L’activité agricole qui caractérise cette zone, depuis l’antiquité, se maintient grâce à l’exploitation conjuguée des eaux de crues par les ouvrages de dérivation et des eaux souterraines moyennant un système de captage traditionnel : khettaras, et dernièrement par l’introduction des groupes motopompes. Cette région possède des étendues en terres arables importantes, estimées à environ 8.000 ha de terres dites « bours », dont certaines ont connu une mise en culture durant les années humides. Ainsi, les efforts sont à déployer pour irriguer le maximum de terres pouvant contribuer à la résorption du déficit céréalier. Outre la recharge de la nappe et la mise en culture des terres « bours », la remise en état des ouvrages de captage des eaux de crues et des eaux souterraines est inévitable. Dans le Tafilalet, les paysans ont au cours de l’histoire développé et affiné des techniques habiles d’une ingéniosité remarquable de mobilisation de l’eau. Qu’elle soit souterraine ou de surface, l’eau a été maîtrisé par des procédés adaptés capables de la conduire aux champs. Ces procédés sont de deux types : - dérivation des eaux de surface par des digues fusibles et les seguias; - mobilisation des eaux souterraines par les khettaras.
  • 3. 2
  • 4. 3 CHAPITRE I CARACTERISTIQUES DU BASSIN VERSANT DE GHERIS I- MILIEU NATUREL I.1- Cadre géographique et hydrographique de l’oued Gheris Le bassin versant de l’oued Gheris est situé au Sud-Est du massif du Haut Atlas. Il s’étend du Nord-Ouest au Sud-Est, entre 30° 40’’ et 32° 00’’ N et 4°20’’ et 6° 00’’ W. L’oued Gheris drainant les massifs du Haut Atlas est caractérisé par un réseau hydrographique très développé, qui traversant les plateaux pré sahariens et les palmeraies de Tafilalet avant de se perdre dans le saharien. Son principal affluent est l’oued Todgha dont les ressources abondantes alimentent la palmeraie de Tineghir. Le cours moyen de cet affluent traverse la palmeraie de Tinejdad avant de recevoir en rive gauche l’oued Tanguerfa, pour former l’oued Ferkla, qui arrose les petites palmeraies d’Izilf, Meroutcha, Mellab et Touroug avant de se joindre à l’oued Gheris. A l’aval, l’oued Gheris est dérivé par une batterie de barrages (El Gueffifat, Sidi Mejbar, El Gara, Lahmida, My Brahim et Meharza) qui dérivent les eaux de crues vers les périmètres concernées : Fezna, Jorf, Hannabou et Sifa. Sur cette partie, l’oued Gheris coule parallèlement à l’oued Ziz, séparé par un corridor de 3 à 12 km. En aval de Tafilalet, la confluence des oueds Ziz , Gheris et Maïder forment l’oued Daoura qui se perd dans le Sahara. Les caractéristiques générales du bassin versant sont comme suit : II- GEOLOGIE Le bassin versant de Gheris s’étale du Nord au Sud sur trois entités morphologiques distinctes : - le bassin du Haut Atlas calcaire du domaine atlassique limité au sud par l’accident Sud-atlassique (axe Tadighoust-Tineghir) ; - le bassin Errachidia-Boudenib du domaine sillon sud-atlassique (partie orientale du sillon pré-africain) ; - le bassin quaternaire du Tafilalet au Sud du domaine Sud-Est marocain. Les coupes géologiques de chaque entité sont illustrées dans la figure n° 2. Concernant La zone d’étude dite de Tafilalet, elle est caractérisée par
  • 5. 4
  • 6. 5  Bassin quaternaire du Tafilalet Ce bassin est constitué de l’ensemble des plaines alluviales du S-E marocain s’étendant, en général, depuis la vallée de Todgha à l’Ouest jusqu’à celle de Ziz à l’Est, puis descendant vers le Sud entre les deux oueds Gheris et Ziz jusqu’à leur confluence. Au niveau de la zone d’étude, Fezna-Jorf-Hannabou, la plaine est de formation quaternaire alluviale. Un recouvrement alluvial hétérogène recouvre cette plaine, peu épais et repose sur du primaire à peu près imperméable (figure n° 2-3). III- CLIMATOLOGIE III.1- Pluviométrie Le régime annuel des pluies est caractérisé par deux saisons humides d’automne (Septembre, Octobre, Novembre, Décembre) et de printemps (Mars, Avril) séparés par une brève saison d’hiver avec des précipitations relativement faibles et par une saison d’été très marquée par la sécheresse. En moyenne, les précipitations annuelles dans la zone d'Erfoud sont de 80 mm. Tableau n° 1 : Précipitations moyennes mensuelles en mm Mois S O N D J F M A M J J A Année Erfoud 10.3 14.5 12.0 11.2 7.4 3.8 10.9 8.0 4.6 2.5 0.6 2.7 87.8 Source : ORMVA/TF,1997 III.2- Température III.2.1- Température moyenne mensuelle minimale et maximale Tableau n° 2 : Température moyenne mensuelle minimale et maximale Mois S O N D J F M A M J J A Année T. max 35.8 28.4 21.6 17.7 17.9 20.2 23.9 28.0 31.3 37.5 42.0 40.7 28.8 T. min 20.5 13.2 8.2 4.2 2.6 4.6 8.0 13.0 17.2 21.2 26.2 25.2 13.7 Source : ORMVA/TF,1997 III.2.2- Indice bioclimatique Le quotient pluviométrique d’Emberger s’exprime par l’expression : 2 x 1000 x P Q = ------------------------- (M + m) (M – m) Avec : P : moyenne des précipitations annuelles ; M : moyenne des maximas du mois le plus chaud ; m : moyenne des minimas du mois le plus froid.
  • 7. 6 Pour la zone d’Erfoud, : Q = 14.02 et M – m = 39.4 °C. Ainsi, la zone de Fezna- Jorf-Hannabou fait partie de la région saharienne à hiver froid (figure n° 3). III.2.3- Indice d’aridité de Martone L’expression de cet indice est donnée par la formule suivante : I = P / ( t + 10) Avec : P : pluviométrie moyenne annuelle ; t : température moyenne annuelle. Pour Erfoud ; I = 2.8, soit un climat de type saharien. IV- EVAPORATION Elle est calculée par la méthode de Penman : E = 0,22 . 10 –3 . (qs – q) . (0.93 + u2) Avec : E : évaporation en kg/m²/j ; qs : taux d’humidité ; q : concentration massique en vapeur d’eau dans l’air mesurée au dessus de la surface évaporante ; u2 : vitesse du vent mesurée à 2m au dessus de la surface évaporante en m/s. Tableau n° 3 : Evaporation potentielle mensuelle en mm Mois S O N D J F M A M J J A Année Erfoud 122 122 82.4 60.5 77.5 91.5 157 200 260.2 273.8 320.5 286 2.197,4 Source : ORMVA/TF,1997 V- HYDROGEOLOGIE D’après l’étude réalisé par Jean Margat en 1952, on note les principales conclusions suivantes : 1- Le haut Atlas calcaire A cause de sa nature calcaire perméable en grand, la totalité de ses ressources en eau est drainé par : - les oueds et leurs affluents (Oued Todgha, Oued Ifegh, Oued Gheris) ; - les sources de divers types (sources de Todgha, source de Tahamdount,…).
  • 8. 7
  • 9. 8 2- Le bassin Errachidia-Boudenib Ayant pour origine le Haut Atlas, les différentes ressources en eau de cette zone sont essentiellement superficielles. Les ressources en eaux souterraines sont importantes dans le Turonien et les nappes alluviales. Les eaux de ces nappes se renouvellent par infiltration de la pluie et se déchargent au niveau des sources et par drainage dans les oueds. 3- le bassin quaternaire du Tafilalet Les ressources en eau de cette partie sont issues du bassin du Haut Atlas calcaire suite aux cours d’eau temporaires (eaux de crues). On note aussi l’important développement des nappes alluviales dans cette zone au niveau de la plaine alluviale quaternaire comprise dans la zone de rapprochement des Oueds Gheris et Ziz. Les deux principales nappes de cette partie sont : la nappe de Fezna-Jorf- Hannabou et la nappe du Tafilalet. Elles se différencient en : nappes phréatique de vallée, nappe phréatique drainée par cours d’eau, nappe profonde et aquifère discontinue à faible productivité (figure n° 4). Les principales données de la nappe du bassin de Gheris sont récapitulés dans le tableau n° 4. Tableau n° 4 : principales données relatives à la nappe du bassin versant de Gheris Vallée Nappe étend prof grad déb.moy app.an Pui.ac ampl.fl réser. Concet km² (m) hydr (l/s) nuel quif uctuati (Mm3) .eau (%o) (Mm3) (m) on (m) (g/l) Todgha 80 10 8-10 200-500 2 - - - 0.7-2.5 Ghelil 80 10 4 100-200 0.3 5-15 - - 0.4-0.9 Todgh Ferkla 90 10 4 100-150 1 9-15 0.3-3 30-100 0.5-1.1 Ferkla Chtam 40 8 3 50-100 0.5-1 5-15 - 20-30 0.2-5 Mellaab 15 3 3-4 70-100 0.2-0.5 10-20 - 10-20 1-8 Gheris 100 15-20 5 200 - 11-15 - 30-50 1.5-2 Gheris Fezna- 150 8 2 150-250 5 8-20 0.8-3 20-50 0.6-22 Jorf VI- PEDOLOGIE IV.1- Pédologie et mise en valeur dans le bassin de Gheris Les principales classes de sols définies dans la zone sont les suivants : - Classe I : sols minéraux bruts qui vont de la roche jusqu’aux sables éoliens. Ils proviennent des oueds et éoliens ;
  • 10. 9
  • 11. 10 - Classe II : sols peu évolués d’apport d’irrigation et éolien ; - Classe III : Sols isohumiques à horizon humifère très distingué, ayant un aspect homogène profond, et forts calcaire ; - Classe IV : sols halomorphes. Ce sont des sols formés sur des matériaux salifères inutilisables pour l’exploitation agricole. Tableau n° 5 : Répartition des classes de sols en superficie Classe Classe Classe Classe Classe sous-bassin palmeraie I II III IV Total 3.002 4.452 1.780 635 9.869 Tadighoust 471 261 133 47 912 Gheris Goulmima 1.945 - 465 - 2.410 amont Tilouine 290 580 102 - 972 Touroug 296 776 61 191 1.324 autres - 2.835 1.019 397 4.251 1.913 1.153 1.247 - 4.313 Todgha Mellaab 336 720 784 - 1.840 Tinejdad 1.577 433 463 - 2.473 623 2.137 - 520 3.280 Fezna Gheris aval Jorf 623 2.137 - 520 3.280 Hannabou Total 5.538 7.742 3.027 1.155 17.462 Source : Maîtrise des eaux de crues de Fezna-Jorf-Hannabou SCET, 1982 Le potentiel agricole du bassin versant de Gheris s’élève à 17.500ha, dont 10.800 ha environ (classe II et III), soit 62 %, peuvent faire l'objet d'une intensification de la production agricole. Le reste peuvent faire l’objet d’une exploitation extensive. IV.2- Pédologie et mise en valeur de la zone Fezna-Jorf-Hannabou La zone possède un potentiel des terres agricoles de 3.280 ha dont les terres de la classe I et II (2.760 ha) peuvent convenir à une production agricole intensive, soit un pourcentage de 84 %. Le reste est inexploitable (sols salés). Selon l’étude de photo-interprétation, les superficies dominées uniquement par les barrages est comme suit : - Secteur 1: zone Fezna avec une superficie totale d’environ 880 ha répartie en : - 94 ha intensif ; - 182 ha semi-intensif ; - 604 ha extensif (eaux de crues)
  • 12. 11 - Secteur 2: zone El Achouria et Jorf couvrant une superficie d’environ 1.150 ha dont : - 280 ha intensif ; - 720 ha semi-intensif ; - 150 ha extensif (eaux de crues) - Secteur 3: aval du secteur 2, Bouya et Hannabou avec une superficie totale d’environ 1.220 ha - Secteur 4: comprenant les plaines de Bao-Bao et de l’Oulja d’une superficie totale de l’ordre de 180 ha. VII- HYDROLOGIE D’après l’étude de maîtrise des eaux de crues de Fezna-Jorf-Hannabou en 1982, les caractéristiques hydrologiques du bassin de Gheris sont : : - les apports annuels moyens sont de 110 Mm3 ; - le débit moyen annuel est de 3.5 m3/s ; - les apports annuels à la station Lahmida pour différentes fréquences sont comme suit : Tableau n° 6 : Apports annuels à la station Lahmida Fréquence 10 20 50 80 90 Apports 3 (Mm ) 228 180 90 33 3.7 Les ajustements statistiques à différentes lois (Galton, Person III, Log-normale) a permis d’estimer les débits maximum observés : Tableau n° 7 : Débits maximums observés Période de retour 2 5 10 20 50 100 Q max (m3/s) 130 330 520 800 1.200 1.700 En résumé, les résultats les plus fiables basés sur des séries les plus longues au niveau de la station Lahmida sont les suivants : - débit moyen annuel : 3.47 m3/s ; - volume moyen annuel : 110 Mm3/an ; - débit de crue de projet centennal : 1.700 m3/s ; - volume de crue de projet centennal : 360 Mm3/an .
  • 13. 12 CHAPITRE II SYSTEMES DE CAPTAGE DES EAUX SOUTERRAINES Les eaux souterraines ont pour origine les précipitations qui s’infiltrent entre les particules ou les fissures du sol pour constituer une réserve souterraine. Elles peuvent être renouvelables au cas d’existence d’une alimentation directe ou indirecte, ou non renouvelables lorsqu’elles se trouvent profondes et isolées dans des formations géologiques très anciennes. Elles sont caractérisées par leur dynamique continue qui est fonction du type de formations qu’elles traversant et leurs caractéristiques : capacité de réserve en eau, perméabilité, coefficient d’infiltration Les différents types de sources d’eaux souterraines rencontrés au niveau de bassin versant de Gheris se distingue en : - nappes des vallées fluviales; - nappes phréatiques ; - nappes profondes ; - sources. A- GENERALITES I. TYPES D’EAUX SOUTERRAINES Ces eaux peuvent être soit libres lorsqu’elles rencontrent un substratum imperméable en dessous, soit artésiennes lorsqu’elles sont isolées entre deux couches imperméables. Selon leur origine et leur localisation, les eaux souterraines sont répartis en : - Eaux aquifères : elles sont en relation étroite avec le climat. Ce sont des eaux douces ayant pour origine la pluie et la neige. C’est le plus importante source en eau existante dans la région ; - Eaux minérales : ce sont des eaux douces ou minérales, chaudes et riches en matières fondues. Elles sont constituées pendant l’éruption de volcans. - Eaux fossilifères : ce sont des eaux douces ou salines constituées pendant la période même de formation des roches. Elles sont conservées dans des lacunes de roches sédimentaires jusqu’à présent. - Eaux océaniques : ce sont des eaux salines issues de la percolation des eaux des mers et des océans dans des formations en contre de la pente de la côte.
  • 14. 13 - Eaux fluviales : ce sont des eaux douces issues des infiltrations des eaux des fleuves à travers des formations plus perméables. II. SYSTEMES DE CAPTAGE DES NAPPES II.1- Captage des nappes des vallées fluviales Dans ce cas, on parle des « sous-écoulements » ou des « under-flows », qui sont alimentés à partir des eaux superficielles. Leur vitesse d’avancement est très faible, environ 10 m/j. Le captage de ces nappes se réalise par :  Barrage souterrain ou drain Dans les vallées très encaissées, on édifie des barrages souterrains à ,simple corroi en argile, ou à maçonnerie ou à béton armé, pouvant s’opposer à l’écoulement des eaux en travers les alluvions. Tandis que dans de larges vallées, on a recours aux barrages avec des palplanches jointives de bois, d’acier ou de béton, ou des injections de ciment dans les graviers ou parfois des écrans en paroi moulée. L’aqueduc doit avoir une pente inférieure à celle du lit de l’oued pour pouvoir déboucher les eaux vers le canal à ciel ouvert, qui sert pour l’irrigation de la palmeraie. La crête du barrage doit être calée à 0.60 ou 0.80 m au dessous du lit de l’oued, en vue d’éviter l’affouillement du barrage et permettre le passage de l’excès d’eaux en dessus de la crête.  Galeries filtrantes (voir chapitre B) II.2- Captage des nappes phréatiques Leur captage peut s’effectuer par deux procédés à savoir :  Galeries filtrantes ou aqueducs filtrants (voir chapitre B)  Puits Leur creusement se fait, suivant le type de terrain, par havage ou fonçage à diamètre intérieur variant de 1.70 à 2.50 m. Leur cuvelage ou revêtement se fait soit en maçonnerie de moellons d’épaisseur de 0.40 m à 0.50 m, soit en béton d’épaisseur de 0.06 à 0.10 m soit en buses de béton. L’augmentation du débit d’un puits peut s’effectuer par des galeries de complément creusés horizontalement et sous forme d’un « V » au niveau qui apparaît le
  • 15. 14 plus riche en eau. Leur direction doit être perpendiculaire à celle de l’écoulement souterrain. II.3- Captage de la nappe profonde Il se fait à l’aide des forages tubés ayant un diamètre de départ de 0.40 à 0.50 m et un diamètre minimal de pied de 0.15 m. Leur profondeur qui dépasse souvent 200 m, peut donner naissance aux puits artésiens (sources Aïn El Atti). Ce système commence à prendre de l’ampleur dans la zone, après le rabattement excessif de la nappe suite aux successions des années de sécheresse. II.4- Captage des sources On rencontre différents types de sources à savoir :  Sources filoniennes ou diaclasiennes Elles ont pour origine les nappes profondes sous pression, ce qui leur confère un caractère de salinité et de chaleur. Ceux-ci les rendent sans intérêt pour l’irrigation.  Sources d’affleurement ou de déversement Elles proviennent soit des nappes situées dans un terrain peu perméable, reposant sur une couche imperméable mise en surface dans une dépression, soit des diaclases recoupés par une dépression topographique (vallée). Ces sources, surtout rencontrées dans les pays de montagne, s’opposent à certaines sorties d’eaux que l’on trouve dans les terrains calcaires : - exsurgences : qui sont des sorties de rivières souterraines formés dans les marnes calcaires ; - résurgences : c’est le retour à l’air libre d’un cours d’eau après un parcours souterrain plus ou moins long. Le captage se fait en ouvrant perpendiculairement à la direction des filets d’eau et légèrement au dessus de la ligne d’émergence, une tranchée descendant jusqu’à la couche imperméable de support de la nappe. Ensuite, on utilise un drain de poterie , de ciment, un aqueduc drainant ou une galerie visitable pour acheminer les eaux vers le périmètre d’irrigation. L’eau pénètre dans les drains par les joints. Dans le cas de galerie ou d’aqueduc, le pied amont est en pierres sèches ou maçonné avec des ouvertures (barbacanes) pour livrer passage aux eaux. Le pied aval doit être étanche. Pour le captage des sources amenées par des fissures, on dégage simplement les venues d’eau appelées « griffons » de la source sans chercher de les couper à l’amont.
  • 16. 15 Les eaux de captage des sources doit être réchauffées dans les bassins avant utilisation pour être aptes à l’irrigation, du fait qu’elles sont souvent froides.  Sources d’émergence Elles sont alimentées par les nappes phréatiques et apparaissent dans les points déprimés de la surface du sol situés à une côte inférieure au niveau de cette nappe. B- KHETTARAS : ANCIEN SYSTEME DE MOBILISATION DES EAUX SOUTERRAINES DANS LE TAFILALET I-PRINCIPE GENERAL Ce mode est à adopter quand la nappe phréatique n’est pas trop profonde, lorsque le sol a une pente suffisante pour pouvoir dominer les terrains à irriguer et quand le périmètre se trouve en contrebas de la zone de captage. Communément appelées « khettaras », elles permettent de capter les eaux des sous-sols en creusant une galerie dans une zone de glacis en dessous du niveau hydrostatique général de l’eau (figure n° 5). De point de vue hydrogéologique, la situation classique des khettaras peut être : 1- En bordure des reliefs (figure n° 5) Dans ce cas, les prélèvements se font dans la nappe dite phréatique. La palmeraie est éloigné de 5 à 10 km du relief et la profondeur des alluvions par rapport aux colluvions au niveau de la palmeraie est importante et le niveau piézomètrique de la nappe est profond. En contrepartie, les colluvions se trouvant en bordure des reliefs sont peu profonds et reçoivent, d’ailleurs, les eaux de ruissellement ce qui rend la nappe proche et bien alimentée. Le champs captant des khettaras se situe, ainsi, dans cette zone. 2- Dans une vallée Souvent localisée au resserrement topographique « Foum » d’une vallée, la nappe se trouve proche de la surface. Dans ce cas, on parle du « drain » (figure n°6). Généralement, la nappe dite « des vallées fluviales » coule parallèlement aux fleuves. III. DESCRIPTION DES KHETTARAS Le nombre total de khettaras mises en place à travers la zone de Tafilalet s’élève à 570 khettaras (2.900 km) dont 250 sont actuellement fonctionnelles. Ce tarrissement est justifié par la succession des années de sécheresse qui ont entraîné une baisse notable de la piézomètre de la nappe.
  • 17. 16
  • 18. 17
  • 19. 18 Généralement, les oasis irriguées par ces khettaras présentent des caractéristiques semblables: - un climat aride de type présaharien avec des pluies rares; - une terre abondante et fertile; - une main d'œuvre laborieuse et abondante; - des sources en eaux très limitées des eaux superficielles et presque inexistante; - un système de culture adapté aux milieux humains et physiques; - des agriculteurs très attachés aux coutumes et maîtrisent mieux les techniques d'irrigation traditionnelles; - un système ancestral de gestion et de direction développé sous l'esprit communautaire de la Jmaa. Les zones de localisation des khettaras dans la zone d’action de l’ORMVA/TF sont reportées dans la figure n° 7. II.1- Historique Ce système de captage des eaux souterraines est née en Iran puis. Il a été répandu par les Arabes lors de leurs conquêtes dans toutes les autres régions présahariennes (sahara algérienne et marocaine), dans les oasis syriennes et égyptiennes et au Moyen Orient (Palestine, Arabie Saoudite, Turkestan, …) . La dénomination technique de ce procédé de mobilisation des eaux change d’un pays à un autre : on l’appelle ‘’Quanat’’ en Iran, ‘’Karis’’ en Afghanistan ‘’Fouggara’’ en Algérie, et ‘’Figgara’’ en Tunisie, ‘’Areines’’ en Belgique, ‘’Quanawat’’ en Syrie, ‘’Chain of wells’’ en chine et ‘’Khettara’’ au Maroc. Les géographes arabes qui ont décrit le Tafilalet au XIème siècle et au XVIème siècle n'ont pas esquissé l'existence de ces khettaras. Selon les auteurs, cette technique fût introduite par les agriculteurs du Draa au XVIIème siècle, et exactement par les spécialistes de Todgha. Les plus anciennes khettaras du Tafilalet dateraient du XVIIème siècle (Ouled Youssef, Hannabou) et du XVIIIème siècle, au début 1730 (Sifa). cette technique a été dictée par les considérations suivantes : - Une mobilisation gravitaire des eaux en l’absence à l’époque de systèmes de puisage performants ;
  • 20. 19
  • 21. 20 - La construction n’exigeait pas des dépenses pécuniaires au départ, mais uniquement un volume de travail important dont le coût d’opportunité est quasi nul ; - Le transport de l’eau en galerie permettait de minimiser l’évaporation et les dépôts solides suites aux tempêtes de sable qui caractérisent la région ; - La disponibilité continue en eau d’irrigation; - La rareté des eaux superficielles dues aux irrégularités des précipitations; - Des vastes périmètres cultivables pourvu d'un type de sol fertile. II.2- Importance économique et intérêts des khettaras II.2.1- Intérêts et avantage Contrairement aux autres procédés, le système de la Khettara ne nécessite pas d'énergie pour l'extraction de l'eau . L'Aghrour, quant à lui, exige de l'énergie humaine et/ou animale et la motopompe fait appel au carburant ou à l'électricité . Les khettaras n'exige pas un équipement pécuniaire de départ (animal de trait et petits matériels) pour son exécution, mais un investissement de travail important en volume dont le coût d'opportunité est quasi nul . Les frais de fonctionnement de la khettara sont moins onéreux que ceux des autres systèmes, seul quelque opérations de curage d'entretien sont à réaliser . La khettara permet une exploitation rationnelle de la nappe, puisque son écoulement gravitaire est fonction de la recharge de la nappe. En résumé, Les Khettaras, connues depuis l'antiquité, présentent des intérêts importants, à savoir : - Elle évitent le recours au pompage à coût d'énergie élevé ; - Elles captent l'eau en amont du glacis, dans la zone où les caractéristiques de la nappe sont favorables ; - Ce sont des équipements à caractère collectif ; - Elles interdisent toute surexploitation de la nappe ; - Elles jouent un rôle social, puisqu'elles constituent la source d'eau potable de plusieurs ksours ; - Elles jouent en complémentarité avec les autres procédés de mobilisation des eaux de surface pour réduire l'effet de l'irrégularité du climat et de renforcer la pérennité de la disponibilité en eau .
  • 22. 21 De ce fait, le système de khettara est un moyen de mobilisation bien adapté aux conditions particulières de la zone du Tafilalet . I.2.2- Inconvénients - La technologie archaïque utilisée pour le creusement de la khettara fait appel à une importante masse de travaux de terrassement . Selon P.Pascon, il faut 300 journées de travail pour obtenir 1 l/s dans les petites khettaras (30 l/s) et 1.500 N.J.T pour les grandes khettaras (60 l/s). Au Tafilalet, le N.J.T est estimé en moyenne à environ 750 pour les khettaras de faible débit variant entre 5 l/s et 20 l/s . - Le creusement des khettara s'élève du travail artistique et empirique . En effet, seules quelques spécialistes qualifiés peuvent bien arriver à franchir une nappe fournie et caler la galerie suivant une pente régulière et appropriée pour amener l'eau jusqu'au périmètre à irriguer . cette race d'hydrauliciens autodidactes se raréfie de plus en plus et le creusement de nouvelles Khettaras n'est plus mis en œuvre . - Son fonctionnement dépend seulement de la recharge de la nappe c-à-d des facteurs d'alimentation par précipitations, apport des oueds, ….etc. ce qui entraîne, une irrégularité annuelle des superficies cultivées et la variation des rendements des cultures . - Les rendement peuvent être limités par des pertes énormes qui se produisent dans la partie adductive, et qui sont évaluées à environ 30 à 50 % de débit drainé en amont . - Leur caractéristique de grande longueur engendre des coûts d'aménagement assez onéreux, ce qui entrave toute intervention étatique qui se limite aux opérations diffuses . II.2.3- Importance économique Dans le bassin de Gheris et de Ziz, J. Margat avait dénombré pendant les années 60,260 khettaras dont 142 vives totalisant 713 km. Ces Khettaras débitaient environ 1.050 l/s et permettaient l'irrigation de 2.130 ha. Pendant les années 80, les Khettaras produisaient seules 75 à 80 % de l'eau souterraine. L'Aghrour produisait 6 à 12 % et les stations prélevaient entre 12 et 14 %. Ainsi, le volume total prélevé variant de 35 à 50 Mm3. Dans les deux bassins Gheris et Ziz, on compte prés de 208 Khettaras dont 118 sont en fonctionnement. Elles concernent environ 4.600 agriculteurs et dominent à peu prés 3.882 ha . En outre, l'eau souterraine présente une grande valeur agricole que les eaux de crues. D'après J. Margat : " on constate au Tafilalet qu'un (1) Mm3/an permet de faire
  • 23. 22 vivre 3 à 4 habitant par hectare irrigué par les eaux de crues, et prés de quinze (15) lorsqu'il s'agit d'un débit pérenne, soit 4 à 5 fois plus ". II.3- Caractéristiques des Khettaras Les Khettaras sont formées par : II.3.1- Partie drainante (Qana) Elles est généralement constituée d'une galerie profonde d'environ 10 à 20 m et qui sert à drainer et à collecter les eaux de la nappe. Sa longueur varie en fonction de la profondeur de la nappe en tête de la Khettara, du gradient hydraulique de la nappe phréatique et de la pente du terrain naturel. Dans la zone de Haouz, la profondeur en tête peut atteindre 40 à 50 m. La longueur de cette partie drainante varie d'une centaine de mètres (200 m en moyenne ) à quelques kilomètres. Elle est généralement en terre avec une largeur de 0,35 à 0,60 m permettant à peine le passage d'un homme et une hauteur de galerie de 1,20 à 2,00 m. Ces dimensions sont réduites au strict minimum et à peine suffisante pour laisser à un khettariste la possibilité d'exécution de l'ouvrage et d'assurer les travaux d'entretien par suite. L'état de fonctionnement d'une khettara est fonction du calage et du profilage de ce tronçon. En effet, la galerie la plus basse peut bien assurer un bon drainage de la nappe et peut entraîner, ainsi, le tarissement de l'avoisine à côte élevée. La pente de la galerie est inférieure au gradient hydraulique et varie, en général, entre 0,05 et 0,15 % Le débit moyen oscille entre 6 et 10 L/s . Dans certaines régions telles que Rissani et Alnif, ce qui ne pas le cas dans la région d'étude Fezna- Jorf- Hannabou, les khettaras se subdivisent en tête en deux ou trois branches sous forme d'un "V" en vue d'augmenter l'aire de collecte et améliorer son débit. II.3.2- Partie adductive Ce tronçon qui fait suite de la galerie captante permet de véhiculer les eaux vers les périmètres d'irrigation. Il est réalisé en galerie, puis en tranchée lorsque la profondeur devienne moins importante et n'excède pas 4 m. Ceux-ci, pour éviter les risques d'effondrement du toit de la galerie, qui peut engendrer des pertes en rendement des cultures et des frais d'entretien très élevés. Il convient de signaler qu'en plus du rôle d'acheminement des eaux collectées, cette partie continue toujours à recueillir des apports par le toit et les parois, ce qui rend la matérialisation de la limite entre ces deux premières parties difficile. En contrepartie, son radier en terre et non étanche est sujet d'une perte énorme des eaux par infiltration ou par des fuites, estimées à 50% du débit drainé. Les deux premiers tronçons sont entrecoupés par un ensemble de puits ou regards souvent couverts, et ayant servi pour le creusement des Khettaras. Ces regards servent, actuellement, pour le curage, l’entretien et l'aération de la galerie.
  • 24. 23 II.3.3- Réseau de distribution (Mesrefs) A la sortie de la galerie, la Khettara se prolonge par un canal tête morte avant de desservir le périmètre. Ce canal de conception souvent rudimentaire, soit en terre ou en maçonnerie traditionnelle, véhicule les eaux vers les parcelles par le biais d'un réseau de canaux secondaires et tertiaires toujours en terre appelé "mesrefs". En période de pénurie, les agriculteurs procèdent à l'édification d'un bassin d'accumulation qui joue un rôle vital dans l'accumulation d'un volume important et dans sa répartition entre les ayants droits. Cette répartition est gérée par le "Cheikh- Khettara" et ses "Mezregs". La tête morte et le bassin d'accumulation, s'il existe, servent pour l'abreuvement du bétail, de lavoir et au puisage de l'eau nécessaire à la consommation domestique. Ce canal envahi souvent par des graminoïdes et des herbes est assujetti aux pertes importantes d'eaux par infiltration et absorption. II.4- Performances des Khettaras : Efficience L'état d'une Khettara, et donc son efficacité, dépend des caractéristiques suivantes : - La longueur du bras captant, sa pente, sa direction par apport au sens de l'écoulement de la nappe ; - L'état du tronçon adducteur (revêtu ou non) ; - L'aménagement des cheminées ou puits (construits, couverts, …) ; - La présence ou l'inexistence d'un bassin d'accumulation (revêtu ou non). La débitance des Khettaras est freinée par le manque d'entretien fréquent ou d'aménagement : - L'éboulement dans le bras captant des matériaux excavés, dû peut être à l'augmentation de l'humidité à l'intérieur des galeries à terre non consolidée. - L'ensablement de la galerie, si le regards sont non couverts, du fait que ces khettaras se localisent dans les couloirs de vents de sable ; - La longueur insuffisante de captage dans la nappe ; - Les infiltrations élevées dans le tronçon adducteur ; - La pente irrégulière, et par fois une contre-pente due au curage non rigoureux ;
  • 25. 24
  • 26. 25 - les casses des feuillets de pierres de couverture des puits ou des tronçons couverts. Concernant le rendement d’une khettara, il est estimé à 60% en moyenne, en raison des pertes qui se produisent en particulier dans la partie adductrice ou elles peuvent atteindre 30 à 50 % du débit drainé en amont. Il y a plus au moins une liaison étroite entre la profondeur des puits, la longueur de la khettara et son débit au moins au moment de son creusement. En effet, les longues khettaras qui sont aussi celles dont les puits de tête sont les plus profonds, sont celles qui débitent le plus. II.5- La khettara : Unité organisationnelle Les khettaras ont été conçues pour une meilleure exploitation au moindre coût des ressources hydrauliques ; cette ressource rare à un rôle éminent dans l’organisation sociale et de l’espace marquée par l’existence d’un réseau d’irrigation très dense qui demeure le véritable organisateur de ces paysages et de ces sociétés. Les emplacements de ces ouvrages sont le résultat d’une adaptation au milieu naturel ; mais aussi ils sanctionnent des rapports sociaux tumultueux marqués par des conflits et des tractions dont seule l’histoire peut rendre compte. En effet, tributaires des eaux de khettaras captées généralement de loin en dehors du territoire du ksar, les ksouris se sont alliés en unité qui suit généralement la khettara. Dans son acceptation locale la khettara, constitue et demeure l’unité hydraulique de gestion avec une triple signification :  Unité hydraulique, secteur desservi par les drains de collecte, le canal d’amenée et le réseau de distribution ;  Unité humaine : communauté d’irrigation propriétaire du secteur et du réseau d’irrigation ;  Unité juridique : ensemble de règles qui régissent la distribution de l’eau et la maintenance des infrastructures. a/- Lois coutumières "El Ouorf" en vigueur Concernant l’élection et le choix de l’aiguadier communautaire, cette fonction revient à celui qui a une meilleure connaissance pour la conduite des travaux d’entretien et d’extension de ces ouvrages mais également pour l’organisation du tour d’eau entre les bénéficiaires. Dans certains cas, plus particulièrement en ce qui concerne le système des parts, le cheikh de la khettara est élu démocratiquement par suffrage entre les détenteurs de droits d’eau. Des lois régissent également l’extension de ces ouvrages à savoir : - Une extension sans limites lorsque la khettara se trouve isolée ;
  • 27. 26 - Une extension permise après accord unanime des communautés, propriétaires des khettaras avoisinantes ; - Chaque khettara est protégée par un droit d’emprise qui est d’environ quatre à cinq fois la profondeur des puits. - La distance séparant les deux points de desserte des deux khettaras avoisinantes doit être égal à celle séparant les deux puits de départ des khettaras. - La distance qui sépare les bras captants des khettaras avoisinantes doit être d'au moins 100 m pour éviter l'influence entre les khettaras (effet de Dupuit). b/- Gestion des eaux Au niveau de la zone du projet, les droits d'eau sont similaires d'une khettara à l'autre. En effet, chaque khettara est administrée par un "cheikh-khattara", celui-ci est aidé par le conseil de la Jmaa qui est élu par les bénéficiaires. La technique de partage de l'eau par la "Nouba", le droit juridique et les coutumes de gestion sont similaires, excepté le nombre des ayants droits, la superficie dominée et le débit des khettara qui sont variables. La gestion des eaux véhiculées par les khettaras obéit à des lois coutumières de répartition appelées « droits d’eau » c’est le volume des travaux fourni par usager lors de l’édification de la khettara qui constitue la référence d’appropriation de la ressource, laquelle se transmet d’une génération à une autre. Ces règles qui demeurent encore vivaces actuellement, peuvent être classées en deux types : - Une appropriation dite collective pour laquelle l’eau est rattachée à la terre et les propriétaires de la khettara sont nécessairement ceux du périmètre qu’elle irrigue ; - Une appropriation dite de parts dont l’unité est appelée « Ferdia » correspondant à une durée de 12 heures d’irrigation durant laquelle le ou les propriétaires, détenteurs de parts bénéficient de la totalité de débit de la khettara. Dans les deux cas, la répartition de l’eau est assurée entre les propriétaires par tour d’eau, sous le contrôle du cheikh et ses mezregs de la khettara ayant le rôle des aiguadiers communautaires. Le détenteur d’un droit d’eau peut en faire usage, le vendre ou le louer pour une période déterminée, il peut aussi en faire la base d’un contrat d’association. L’appropriation de ces eaux paraît de point de vue juridique comme illégale. En effet, elles échappent à la législation moderne qui incorpore toutes eaux superficielles et
  • 28. 27 souterraines au domaine public ( Dahir du 1 Juillet 1914, Dahir du 8 Novembre 1919 et Dahir du 1 Août 1925). Par ailleurs l’existence de ces droits d’eau se justifie aux yeux de leurs titulaires par : - contribution dans la construction et l’entretien des ouvrages de captage ; - droit coutumier de première occupation du territoire sur lequel se trouve l’eau ; - droit de passage d’une seguia appartenant à une communauté d’aval (doit de Mlou).  Tour d'eau Le système de répartition qui prédomine est une appropriation dite de parts dont l'unité est appelée "Nouba" et parfois « Ferdia » correspondant à une durée de 12 heures d'irrigation durant laquelle le ou les propriétaires, détenteurs de parts bénéficient de la totalité de débit de la Khettara. Cette Nouba se fait généralement du levée soleil au coucher ou inversement. Il est rare, à cause de la micro propriété, qu'un agriculteur possède le droit d'eau supérieur à la Nouba. Le tour d'eau est fonction du nombre de "Noubas" dans la Khettara. Si celui-ci est de 30, le tour d'eau sera normalement de 15 jours. Le tour d'eau est en application de telle manière à intermitter le temps d'irrigation entre le jour et la nuit. Si un agriculteur à irrigué le jour, il arrosera la prochaine "Nouba" au cours de la nuit. c/- Statut juridique Les périmètre de Khettaras sont des espaces de très anciennes occupations par l'homme. tous les droits sont minutieusement enregistrer et déposés de la Jmaa. Le statut juridique est exclusivement privé "Melk". La vente de la propriété foncière est souvent accompagnée de celle du droit d'eau. Parfois, la vente porte uniquement soit sur la propriété de l'eau soit sur celle du sol ou uniquement sur les arbres (palmiers dattiers) . La location temporaire de l'eau est une opération courante notamment lors de la période des cultures maraîchères. Il peut y avoir aussi échange des parts d'eau dans le temps entre les usagers selon les besoins d'irrigation. d/- Entretien et réparation de la Khettara En contrepartie, ce droit entraîne aussi des obligations vis-à-vis du groupement constitué par l'ensemble des ayants droits de la ressource. Ces obligations portent essentiellement sur la participation à l'entretien et le respect du mode d'usage de l'eau pratiqué. C'est le même aiguadier "Cheikh- Khettara" et ses "Mezregs" qui se chargent de cette opération appelée "Attahjir". Il consiste à rappeler chacun des ayants droits par le
  • 29. 28 nombre de journées de travail qui lui incombe en se basant sur la loi d'un ouvrier par Nouba et par semaine. Par exemple, si le nombre de Nouba d'une Khettara est de 30, un effectif moyen de quatre (4) ouvriers par jour sont affectés pour des opérations d'entretien : curage, déblocage, obstruction de fuites, …etc. En ce qui concerne les travaux de construction en maçonnerie, en béton ou d'extension en amont, un fond de caisse est constitué sur la base 100 dhs par Nouba pour l'acquisition des matériaux ou pour la rémunération de la main d'œuvre spécialisée . Chaque vendredi, après la prière, les bénéficiaires de la plupart des khettaras se réunissent pour discuter et organiser les procédures d'entretien et de réparation de la khettara . II.6- Procédés d'exécution des khettaras Ce sont l'exutoire d'une source et les sites d'apparition des résurgences qui constituaient les premiers repérages de ces filets d'eau souterrains permettant l'orientation et les tracés de ces khettaras. Ainsi, l'exécution des travaux commence de l'aval. La cote de départ est imposée par le niveau de parcelles situées à l'amont du périmètre à irriguer . A partir de la tête morte les travaux commencent par l'exécution d'un canal à ciel ouvert, qui prend la forme d'une galerie, une fois la masse des déblais devenue importante (profondeur supérieur à 4m) . L'exécution de la galerie se fait simultanément dans les deux sens : - Des ouvriers procèdent au creusement de cette galerie à partir de la tranchée en allant contre le sens de l'écoulement ; - D'autres ouvriers entament les travaux à l'autre bout, à partir d'un puits exécuté à 20 m de la tête de la tranchée en allant dans le sens d'écoulement ; Le même procédé se répète entre deux puits consécutifs, jusqu'à l'exécution totale de la galerie. Les déblais sont évacués à partir des puits au fur et à mesure de l'avancement des travaux par un ouvrier désigné pour cette tâche; il utilise seulement un couffin, un treuil en bois et une corde qu'il traîne manuellement ou par traction animale. Les déblais extraits sont déposés tout autour du puits en vue de protéger les ouvertures des regards contre l'ensablement. Les tas de ces déblais constituent le trait caractéristique de cette région et le témoin du volume de travail consenti par les populations via les moyens manuels rudimentaires. L'espacement des puits varie surtout en fonction de la nature du terrain traversé; ils sont plus rapproché (10 à 15 m) dans les terrains non consolidés ou l'ouvrage est plus exposé aux éboulements que dans les terrains consistants (20 à 30 m) . La variation d'écartement entre regards donne une illusion sur le changement dans la nature des couches souterraines traversées.
  • 30. 29 Le parcours des Khettaras, qui varie de 1 à 20 km, n'est rectiligne qu'exceptionnellement, il suit généralement le sens général de l'écoulement de la nappe. En outre, les moyens traditionnels de bougies utilisés comme guide d'alignement ne donne pas de satisfaction. Quand à la pente de ces drains, elle est optimisée de façon à permettre le maximum d'écoulement d'eau et à dominer la maximum de terrains agricole. La construction d'une Khettara nécessite beaucoup de force de travail. En effet, la construction d'une Khettara de 4 km, comportant des puits de 12 m de profondeur maximum requiert, le travail de 40 hommes pendant 4 ans. Très approximativement et pour une Khettara moyenne, le travail nécessaire à fournir pour obtenir une unité de débit, est estimé à 700-800 journées de travail par litre/seconde. Dans les réseaux ou plusieurs Khettara sont parallèles et selon les lois régissant l'exécution de ces galeries (El ouarf), l'écartement entre les parties captantes avoisinantes est en général supérieur à 200 m pour éviter l'effet de l'influence entre les Khettaras. Dans les parties transporteuses, les Khettaras sont plus rapprochées de 50 à 100 m. III- CONJONCTURE ACTUELLE DES KHETTARAS Dès l'antiquité ces travaux sont réalisés par les membres de la Jamaa, pour lesquels la "terre et eau" sont les deux éléments d'évaluation de la puissance et de la valeur de la Kbila. Après les années de sécheresse et son effet sur l'exode rural, cette organisation commençait à disparaître, et les travaux étaient confiés à des corporations d'ouvriers spécialisés. La technologie utilisée rudimentaire et fait appel uniquement à la main d'œuvre, largement disponible et peu exigeante pour sa rémunération, à son matériel très simple: sapes, pioche, cordes, treuil en bois, …etc. et parfois à la traction animale quant la profondeur devenait importante. Les conjonctures sociales et économiques actuelles, fondées sur la recherche de luxe, de rentabilité et de profit ont été derrières une disparition progressive, ou du moins un relâchement de ces traditions, un délaissement des terrains agricoles de plus en plus accentué par l'exode rural massif et une pénurie de la main d'œuvre qui coybotte d'accomplir les travaux manuels forcés et de grande ampleur, tel que ceux exigés par la construction de la Khettara. Cette tendance n'a fait que s'aggraver après la régression de l'esprit communautaire de la Jmaa et avec l'avènement et la multiplication de la motopompe qui s'impose par sa souplesse d'utilisation, son efficacité et son rendement. Ainsi, plusieurs efforts sont déployer en vue de préserver ce patrimoine ancestral, signe de vigueur et d'audacité des filalis.
  • 31. 30 CHAPITRE III GEOLOGIE ET HYDROGEOLOGIE DE LA ZONE DU PROJET L’étude des roches, des formations géologiques et de l’hydrogéologie de la zone nous permettent d’identifier la réserve de la nappe, ses caractéristiques chimiques, physiques et dynamiques. I- GEOLOGIE La structure géologique de la zone Fezna-Jorf-Hannabou est similaire à toute la zone de la plaine de Tafilalet ; elle est constituée de deux éléments nettement distincts : un socle primaire plissé et un recouvrement alluvionnaire quaternaire (figure n° 8). I.1- Primaire La tectonique primaire est relativement simple : synclinaux à large rayon de courbure et anticlinaux plus aigus, dissymétriques, fréquemment déversés et même faillés vers le Nord. L’ensemble est de direction sensiblement Est-Ouest, légèrement arqué, et prolonge les plis du massif de l’Ougnat. Il apparaît que le remplissage quaternaire à faible épaisseur recouvre un fond primaire de calcaires et marnes dévoniens reposant sur des schistes viséens. Ces calcaires forment des « richs » enterrés, sauf d’étroits goulets. I.1.1- Stratigraphie des terrains primaires a/- Ordovicien Ce sont des grès blancs avec quelques bancs de calcaire ou de quartzite et des niveaux schisteux (e >= 400 m). Leur perméabilité est faible. b/- Gothlandien Ce sont des schistes satinés d’épaisseur variant entre 30 et 50 m. C’est un niveau perméable. c/- Dévonien  Dévonien inférieur Les formations qui caractérisent ce niveau sont par ordre comme suit : - schistes grès roses similaire aux schistes satinés ; - calcaire noir compact ; - grès blancs semblable aux grès ordoviciens ; - calcaire noir compact.
  • 32. 31 Leur épaisseur est d’environ 50 m et sont généralement imperméables.  Dévonien moyen Ce sont des marnes et des marno-calcaires avec des niveaux gréseux. Elles sont aussi imperméables et ont un épaisseur de 50 m.  Dévonien supérieur Ce sont des calcaires bleus en grande dalle compactes avec quelques niveaux marneux. Ils sont caractérisés par des fissurations moyennes mais suffisantes pour assurer une perméabilité en grand sensible, et par des traces de circulation d’eau (encroûtement des fissures, géodes).  Carbonifères Ce sont des schistes et des marno-schistes vert-bleus, et sont caractérisés par une perméabilité totale. I.2- Pétrographie des formations quaternaires Les formations quaternaires sont très variées, mais peuvent se répartir en quatre catégorie : a/- Formations éoliennes Il s’agit des dunes de sable appuyés contre les berges hautes de l’oued Gheris, soit d’amas de sable sur les pentes des riches primaires, soit encore de zones locales d’ensablement. Ces sables présentent plusieurs dommages pour les khettaras, les ksours et les palmeraies. b/- « Regs » Ce sont des cailloux peu ou pas roulés, généralement peu épais, et se localisent autour des affleurements primaires. c/- Alluvions actuelles de l’oued Ils sont bien développés au niveau de Gheris,. Ces alluvions sont souvent cimentés en poudingues cachés ou affleurant, surtout au niveau du barrage El Gara et Moulay Brahim. Ces formations contiennent des « under-flows ». d/- Le recouvrement fluvio-lacustre (figure n° 9) Son épaisseur dépasse souvent 15 m au niveau des palmeraies, sauf aux abords des richs. Cette formation est composée de trois éléments essentiels :
  • 33. 32  Limons : C’est un dépôt fluviatile d’épandage, remarquablement homogène dans toute l’étendue de la palmeraie. L’épaisseur varie de 7 à 10 m et deviennent faible en s’approchant des richs. Vers leur base, ils deviennent progressivement plus argileux et plus compacts. Ils sont toujours plus ou moins salés ( chlorures de sodium, magnésium, et gypse). Cette salinité date certainement de leur dépôt. La circulation de la nappe phréatique et des eaux de crues tendent au déssalage des limons vers le bassin de décantation de Maïder. Les limons présentant une très bonne perméabilité pour les infiltrations, mains ne peuvent ni contenir une grosse réserve d’eau, ni permettent l’écoulement des débits importants.  Marnes Elles sont plus ou moins gréseuses et plus ou moins argileuses, fréquemment conglomératiques à leur base. Elles présentent souvent un aspect caractéristique « panaché » jaune et gris. Leur épaisseur dépasse 2 m au niveau de la palmeraie. Cette formation est généralement peu perméable, mais sa faible épaisseur , ainsi que ses lacunes permettent aux infiltrations d’atteindre la base du quaternaire. Ces marnes sont plus salines que les limons et sont probablement le principal agent de la salure de la nappe phréatique.  Poudingues Ils sont absolument constants et homogènes et n’étant percés que par les pointements primaires. Ils affleurent par endroits dans le lit de l’oued Gheris, à partir du site du barrage El Gara jusqu’à l’aval du barrage My Brahim. Leur épaisseur doit varier entre 10 et 20 m suivant la profondeur du primaire, et reposent directement sur ce dernier. Bien que le ciment soit généralement perméable par porosité, la perméabilité des poudingues est remarquablement grande, due à tout un réseau de fissures et aux lits lenticulaires de graviers et cailloutis non consolidés. Ces poudingues sont le lieu de cheminement essentiel et le gîte de réserve de la nappe phréatique. II- GRANULOMETRIE ET CLASSIFICATION DES SOLS IRRIGUES PAR LES KHETTARAS II.1- Granulomètrie (annexe n° 1) D'après une étude réalisée en 1999 sur la salinité des sols et qualité des eaux d'irrigation des khettaras du Tafilalet, il a été constaté que pour une profondeur n'excédant pas 20 m, la texture est généralement équilibrée avec prédominance des
  • 34. 33 sables et limons. Ceci peut être expliqué par le travail annuel et fréquent du sol. Au delà de 20 m, la texture varie selon l'endroit (équilibrée à limoneuse). II.2- Classification (annexe n° 2) La conductivité électrique varie d'une khettara à l'autre. Elle est de 5,6 mmhos/cm (3,6 g/l) au niveau du périmètre Mostaphia Hannabou à 38,2 mmhos/cm (24 g/l) à Rosia- Mounkara. En général, la teneur en sel des sols est élevée au niveau des horizons superficielles (0 - 20 m) à cause de la remontée capillaire due à une forte évaporation. III- HYDRODYNAMIQUE DE LA NAPPE FEZNA-JORF-HANNABOU Les ressources en eau souterraines exploités actuellement proviennent soit des stations de pompage, soit des résurgences de l’oued, soit d’un réseau de khettaras à savoir : 28 khettaras pour le Jorf, 3 pour El Krair, 3 pour El Bouya, 10 pour Hannabou, 15 pour Fezna et 24.pour Ksours Sifa. III.1- Hydrogéologie de la nappe phréatique Cette nappe représente la dernière unité hydrogélogique de la vallée du Gheris, et se situe dans la boucle du Gheris immédiatement à l’amont de la plaine de Tafilalet. Selon les différentes études hydrogéologiques, cette nappe s’est constitué en quaternaire, pendant la période où les précipitations sont importantes. Et à cause des infiltrations abondantes et l’existence d’un substratum primaire imperméable, une réserve d’eau assez importante est innée dans la zone. Cette réserve est estimée auparavant à environ 300 Mm3, à débit d’alimentation de 120 l/s, ce qui a donné naissance aux khettaras. Actuellement, elle varie de 20 à 50 Mm3. La nappe phréatique de cette zone coule généralement dans des formations plioquaternaires. Ces formations sont constitués à base de conglomérats plus ou moins cimentés et d’alluvions ayant une épaisseur variable de 15 à 20 m. Ces formations reposent sur les calcaires schisteux du Primaire dont la frange d’altération de quelques mètres constitue un réservoir souterrain apprécié actuellement. Cette nappe se localise entre les reliefs imperméables (Koudiats de Fezna, de Mounkara et de Maha) et le massif de l’Ougnat, qui, est le plus important en débit. Cette nappe émerge au niveau du barrage Meharza sous forme de résurgences, tandis qu’au Sud, l’écoulement de la nappe est très faible. Vers Le Sud-Ouest, la dépression observée est due à la présence de nombreuses khettaras. Actuellement, l’exploitation intensive de la nappe par pompage crée une dépression générale dans la zone. La forme de la nappe est généralement convexe, mais souvent perturbé par des axes de drainage naturel ou des alimentations par des seguias des eaux de crues.
  • 35. 34 En se référant aux caractéristiques des forages réalisés par la DRH en 1999, on constate que la nappe du quaternaire est plus importante en débit que la nappe profonde du primaire : Caractéristiques des forages réalisés par la DRH dans la zone Fezna-jorf (1999) C,R N° IRE PT(m) NP(m) RS(g/l) CE Q(l/s) Formation captée 4296/57 41,00 Sec - - - Dévonien 4302/57 110,00 18,60 4,13 5,78 0,56 Dévonien 4303/57 103,00 Sec - - - Dévonien Fezna 4304/57 103,70 15,95 0,91 1,27 11,20 Dévonien 4038/57 165,00 30,99 3,07 4,30 6,25 Infracénomanien 4039/57 91,00 16,25 1,35 1,89 1,99 Infracénomanien 4297/57 118,00 22,70 1,15 1,61 3,20 Ordovicien 4299/57 251,30 9,30 2,36 3,30 2,30 Dévonien 4300/57 85,00 7,33 23,80 33,32 Dévonien Jorf 4031/57 103,70 Sec - - - Ordovicien 4264/57 28,00 13,38 2,51 3,51 16,42 Conglomérat quaternaire 4040/57 27,60 16,16 1,41 1,97 15,29 Conglomérat quaternaire III.2- Perméabilité de la nappe La nappe est étendue sur une superficie de 150 km². La perméabilité des sols de la zone est comme suit : Perméabilité coefficient de type de sols perméabilité (m/s) Perméabilité élevée 10-3 à 3 x 10-3 alluvions sablo-graveleux Perméabilité 10-5 à 4 x 10-4 conglomérat et calcaire moyenne marnes lacustres, lacustres Perméabilité faible 10-6 à 4 x 10-5 calcaires, compacts et limons Dans la zone, il apparaît que les variations verticales de perméabilité sont bien plus grandes que les variations horizontales. Ainsi, il est important de connaître des formations dans une section verticale que la surface de celle-ci, pour l'évaluation des ressources en eau et du débit de la nappe. III.3- Hydrodynamique de la nappe La transmissivité constitue le paramètre déterminant pour évaluer le débit de la nappe. D'après les essais de pompage, T  0.5 à 2 x 10-2 m/s, soit k = 10-3 m/s (perméabilité élevée). Les vitesses moyennes déduites des débits moyens écoulés à travers les sections définies seraient de 2 à 6 m/jour, en partant d'un coefficient de vide de 5%.
  • 36. 35 Le débit moyen d'écoulement de la nappe varie de 100 à 300 l/s, avec des variations importantes d'amont en aval. Le débit d'écoulement de la nappe étant faible, comparé au débit des apports (2,2 Mm3), il en résulte un caractère secondaire des apports soutenus par l'amont et la grande prédominance des apports de surface. III.4- Régime de la nappe phréatique (figure n° 10) Elle est en fonction de la pluviométrie et de la fréquence des crues sur l’Oued Ghéris. III.4.1- Régime saisonnier ou annuel Le suivi de la piézomètrie de la nappe de Fezna-Jorf-Hannabou durant les six dernières années (1995-2000) montre que les fluctuations de la nappe est décroissant de l’amont vers l’aval. En effet, au niveau de Fezna et Achouria, les fluctuations saisonnières et annuelles sont très importantes et varie de 3.5m jusqu’à 8.9m, alors qu’au niveau de Jorf la variation moyenne est de 3.5m, et plus en aval (Bouya, Krair et Hannabou), le niveau est presque stable (figure n° 10 ). Niveau min Niveau max Variation Puits Zone (m) (m) (m) El Ghouard 12.00 16.06 4.06 El Ghafouli Fezna 13.20 22.20 9.00 Laksibat 13.80 21.87 8.07 Achouria Achouria 12.90 18.45 5.55 O, Ghanem SP 07.03 10.70 3.63 Jorf O, Ghanem Mosqué 06.70 10.32 3.62 Ben Jbilat Krair 06.60 08.85 2.25 Hannabou Hannabou 09.08 09.70 0.62 Moyenne On observe une "vague phréatique" de transmission de charge de l'amont vers l'aval, entre Jorf et Hannabou. L'infiltration des eaux de crues dans les oueds et surtout dans les champs irrigués apparaît comme le principal facteur de la recharge. En effet, le coefficient d'infiltration moyen à appliquer aux épandages de crues varie de 40 à 50%.  Régime inter-annuel L'étude de ce régime éclaire les conditions d'alimentation de la nappe et permet une évaluation approximative des données de son bilan. Le niveau de la nappe, avant les années quatre vingt, n’excède pas 3 m à El Bouya et 4 m au Jorf. Alors qu’actuellement, il se situe, sous la palmeraie, entre 8 et 20 m de profondeur, 12 à 22 au Fezna, 7 à 10 m au Jorf et 6 à 9 m vers l’aval (El Bouya, El Krair).
  • 37. 36 A l’aval, il apparaît que la nappe a retrouvé son niveau piézomètrique normal, grâce aux apports des eaux de crues. Au contraire, le niveau amont est toujours en rabattement. En général, on a constaté : - entre 1960 et 1968, une remontée importante suite aux crues de 1965. - un abaissement rapide de 1968 à 1972/73; - puis, une relative constance de niveau; Les principales conséquences de cette baisse sont : - diminution du débit d'exploitation des stations de pompage; - limitation de l'évaporation directe; - stabilisation du front de salinité; - tarissement des khettaras et des puits III.5- Ecoulement de la nappe On distingue trois couloirs d’écoulements différents (figure n° 11): - couloir en amont de Fezna entre Koudiat Tantana et Oued Gheris, permettant d’alimenter seulement les périmètres de Fezna. Le sens d’écoulement est Ouest-Est ; - couloir du Jorf entre Koudiat Tantana et Koudiat Mounkara, alimentant les périmètres d’Achouria, et de Jorf ; - couloir entre Koudiat Mounkara et Koudiat Maha desservent les palmeraies d’El Bouya, El Krair, Hannabou et Ksours Sifa. Dans ce cas le sens d’écoulement est sensiblement Nord Ouest-Sud Est. Généralement, la ride dévonienne semble bien se comporter comme un barrage souterrain naturel qui joue un rôle capital dans l’allure de cette nappe, et surtout sur les directions de ses exutoires. La direction générale de l’écoulement est sensiblement Ouest-Nord Ouest à l’Est- Sud Est. Le gradient hydraulique moyen est de 0.2 %.
  • 38. 37 III.6- Nature chimique et physique des eaux  Concentration en sel La conductivité électrique des eaux des khettaras et des puits varie d’une région à l’autre. En effet, la concentration moyenne de l’amont en aval est de : - Fezna : 2.35 g/l (3.29 mmhos/cm), - Achouria : 2.70 g/l (3.78 mmhos/cm), - Jorf : 2.14 g/l (2.99 mmhos/cm), - Mounkara : 2.46 g/l (3.44 mmhos/cm), - El Bouya : 1.75 g/l (2.45 mmhos/cm), - Krair : 1.71 g/l (2.39 mmhos/cm), - Hannabou : 1.77 g/l (2.48 mmhos/cm), La variation de cette concentration entre eaux des khettaras est importante , et passe de 1.41 g/l au niveau de la khettara Khtitira-Hannabou jusq’au 2.88 g/l au niveau de la khettara Souihla Oulad Ghanem-Jorf. Ainsi, on constate qu’il existe une limite de séparation (limite Mounkara) entre les zones à salinité elevée (Fezna, Achouria, Jorf et Mounkara) dont la concentration dépasse 2 g/l (2.80 mmhos/cm) et les zones à salinité moyenne (El Bouya, Krair et Hannabou). Du fait que la salinité est généralement moyenne à elevée (Classe C4), ces eaux ne peuvent être utilisées que dans des sols de bonne perméabilité (sols de structure : argile, limon et sable) et par des plantes suffisamment tolérantes (palmier dattier, luzerne, céréales, …etc). Il semblerait que la nappe Fezna-Jorf-Hannabou est formée de deux nappes dont la nature chimique des eaux est différente : - une nappe s’étendant au Nord, qui longe l’oued Gheris et s’écoule au delà de Jorf ; - une nappe au Sud-Ouest, qui afflue vers la nappe de Tafilalet et dans laquelle s’effectue de nombreux prélèvements par les khettaras.  Teneur en Sodium Les eaux des différentes khettaras sont classés en S1 (fiable teneur en sodium) excepte celles de sifa classées en S2 (Laaguilia: CE = 15,6 mmhos/cm). Généralement, les eaux des khettaras sont chlorées sodiques.  Température Les eaux des diverses khettaras n’est pas chaude et présentent une température moyenne d’environ 15 °C, ce qui note l’absence des apports ascendants.
  • 39. 38 Salinité des eaux des khettaras dans la zone de Fezna-Jorf-Hannabou (2000) N° Labo Zone Nom Khettara Salinité (g/l) CE (mmhos/cm) Classe CE moyenne 38 Lambarkia Fougania 1,77 2,47 C4 47 Souihla 2,88 4,03 C4 56 Jorf El Aissaouiya 1,72 2,40 C4 2,99 soit Classe C4 57 Saidia 1,57 2,19 C3 39 Lakbira 2,77 3,87 C4 41 Lambarkia Tahtania 2,83 3,96 C4 48 Mounkara Lahloua 1,72 2,40 C4 2,46 soit Classe C4 55 El Aissaouiya 2,84 3,97 C4 43 Jdida 1,77 2,47 C4 Bouya 2,43 soit Classe C4 54 Lakdima 1,72 2,40 C4 42 Jdida 1,71 2,39 C4 Krair 2,39 soit Classe C4 50 Lakdima 1,72 2,40 C4 40 El Oustania 1,78 2,49 C4 44 Khtitira 1,42 1,98 C3 45 El Alouiya 1,78 2,49 C4 46 El Mostaphia 1,77 2,47 C4 Hannabou 2,47 soit Classe C4 49 El Fougania 1,82 2,54 C4 51 Sayed 1,88 2,78 C4 52 Lakdima 1,74 2,43 C4 53 Lagrinia 1,83 2,56 C4 Moyenne 1,95 2,73 C4 2,73 soit Classe C4 Salinité des eaux des SP et puits dans la zone de Fezna-Jorf-Hannabou (1993) N° Labo Zone Nom Khettara Salinité (g/l) CE (mmhos/cm) Classe CE moyenne 637 SP El Ghafouli 2,78 3,97 C4 638 Fezna SP Laksiba 1,94 2,78 C4 3,36 soit Classe C4 217 Puits Fezna 2,35 3,35 C4 216 Puits Achouria 2,46 3,51 C4 Achouria 3,86 soit Classe C4 636 SP Achouria 2,95 4,21 C4 639 Jorf SP Sidi Mejbar 1,99 2,85 C4 2,85 soit Classe C4 Moyenne 2,41 3,45 C4 3,45 soit Classe C4
  • 40. 39 En résumé, la morphologie phréatique est déterminée par deux facteurs permanents et un facteur variable : - la topographie du primaire et l’existence de la ligne des richs dévoniens formant barrage ; - la vallée relativement profonde de l’oued Gheris formant un drain ; - le réseau d’irrigation et la répartition des zones d’irrigation. III.7- Systèmes de mobilisation de la nappe Il existe plusieurs systèmes d’exploitation de la nappe, qui sont fonction de : - revenu des agriculteurs ; - disponibilités en eau ; - superficie de l’exploitation ; - évolution technique. Généralement on distingue : III.7.1- Khettaras Sur les 59 khettaras qui desservent ces palmeraies, 39 sont taries ou abandonnées, dont la plupart des khettaras situées à l’amont de Jorf. Le débit moyen annuel des khettaras est de 220 l/s. Leurs parties drainantes se développent dans un glacis de colluvions d’une largeur variant entre 2.5 et 5 km. Ces nombreuses khettaras alimentent les palmeraies de Jorf, Bouya, Krair et Hannabou. Elles sont orientées Est-Ouest, c'est à dire sensiblement parallèles au sens de l’écoulement de la nappe (Nord Est-Sud Ouest). Le régime régressif de la nappe a entraîné un déssechement total des khettars de Fezna et partiel des khettars de Jorf. Les khettaras de Bouya-Krair et Hannabou sont complétement fonctionnelles, malgré la diminution des débits véhiculés (figure n° 12). III.7.2- Sources Elles se réduisent à la résurgence de Meharza dans l’oued Gheris. Il s’agit plus exactement de plusieurs venues d’eau : - un dégorgement visible de la nappe phréatique au pied de la falaise de la vallée du Gheris (rive gauche) au droit du ksar Meharza ;
  • 41. 40
  • 42. 41 - une résurgence des eaux de l’under-flow du Gheris, provoquée par un amincissement du remplissage alluvionnaire. Ces eaux proviennent essentiellement du drainage de la nappe phréatique rive gauche par l’under- flow du Gheris et aussi d’un apport plus en amont de la nappe rive droite. III.7.3- Station de pompage et points d'eau Ce sont des stations de pompage développées pendant ces dernières années à cause du rabattement de la nappe et le tarissement de plusieurs khettaras. On rencontre dans cette région des stations privées, des stations à caractère collectif crée par l’ORMVAT (figure n° 13) et des puits individuels réservés à l’eau potable (habitats et mosquées). Ces stations qui sont au nombre de 197 actuellement, permettent d’irriguer environ 1.254 ha soit 40 % de la superficie totale irriguée. Elles prélèvent, ainsi, un débit fictif continu de 1.050 l/s, soit un volume total annuel de 8 Mm3, ce qui note le rôle capital joué par ce système. L’introduction de ces stations a été débuté par l’Office par création des stations collectives. Elles présentent plusieurs avantages à savoir : - substitution des khettaras par irrigation d’une superficie importante ; - introduction de nouvelles techniques culturales ; - développement de l’esprit coopératif entre les agriculteurs dans le domaine agricole; - augmentation de la productivité agricole ; - introduction de nouvelles variétés culturales. Néanmoins, ce système exige un coût élevé pour creusement et équipements de puits et des frais d’énergie importants. Son principal inconvénient réside dans l’exploitation intensive de la nappe phréatique (8 Mm3/an) sachant qu’il est localisé dans l’exutoire de cette nappe. Ceux-ci a entraîné le rabattement de la nappe, voire le tarissement des khettaras et la résorption de la réserve. III.7.4- Systèmes traditionnelles en disparition  Chadouf C’est un système connu depuis l’antiquité et qui est en totale disparition actuellement. C’est une longue perche en bois basculante autour d’un axe horizontal fonctionnant comme un système de levier. L’équilibre de ce bras de levier est assuré par un contrepoids suspendu à l’extrémité de son petit bras de telle manière à équilibrer le récipient quant il est plein. Le rendement est faible et varie de 3 à 6 m3/h. La profondeur du cours d’eau ne dépasse guère 3 m.
  • 43. 42  Aghrour Communément nommé aussi système « Delou », il est introduit par les romains pendant leur conquête du Nord Africain. Le fonctionnement est assuré par une traction animale moyennement un treuil différentiel en bois. Le débit prélevé varie de 15 à 20 m3/h avec une profondeur moyenne du puits de 10 m. Malgré que c’est une technique archaïque qui demande beaucoup d’efforts et génère une faible productivité, elle est très économique de point de vue de l’exploitation de la nappe : - Les débits exploités sont faibles en comparaison avec les techniques modernes, - L’irrigation se fait en temps opportun ; à l’aube et au coucher de soleil. III.8- Facteurs d’alimentation de la nappe phréatique III.8.1- Les précipitations La part de ces pluies est quasi–nulle et pratiquement négligeable à cause de la pluviométrie faible et de la difficulté de pénétrer profondément pour atteindre la nappe (évaporation ou transpiration importante). III.8.2- Apport de l’oued Ghéris D’après J.Matgat, le niveau de la nappe est en relation étroite avec la fréquence des crues de l’Oued Ghéris. Cet apport, sous forme de sous-écoulement, est la plus importante source d’alimentation de la nappe, mais il est caractérisé par une irrégularité annuelle et inter-annuelle. III.8.3- Eaux d’irrigation de crues Les canaux en cours de réhabilitation peuvent bien participer à l’alimentation de la nappe. La principale conclusion à retenir est la grande rapidité de l’alimentation de la nappe phréatique par l’épandage des crues, ce qui permet d’envisager un projet pourrant rationaliser l’utilisation des eaux de crues pour alimenter la nappe. La zone est équipé actuellement par un réseau d’irrigation dense, prélevant des eaux de crues de l’oued Gheris par quatre barrages (El Guefifat, Sidi Mejbar, El Gara et Lahmida) avec un débit total de 42 m3/s, soit un apport moyen de 20 Mm3/an. III.8.4- Apports des autres nappes Il apparaît que la nappe de la zone Fezna-Jorf-Hannabou est alimentée à partir des autres nappes et particulièrement par celles de Tinejdad-Touroug. A priori, son débit d'alimentation s'avère faible.
  • 44. 43 III.9- Débouchés de la nappe phréatique : Les destinés de cette nappe sont en quatre catégories : - exploitation par puits, pompages et khettaras ; - utilisation naturelle par la végétation (Palmiers) ; - infiltrations dans le substratum primaire ; - écoulement normal vers l’aval III.10- Bilan de la nappe Pour les apports de la nappe phréatique ou d'amont, il s'agit de la nappe phréatique de la plaine de Gheris qui débouche au niveau de Bouya-Kraïr (350 l/s) Les khettaras prélèvent environ 220 l/s. L'origine de ces apports étant, généralement, l'eau des crues, ils sont donc affectés par la même irrégularité. D'après Ruhard, les apports par infiltration directe (apports verticaux) sont estimés à 10 Mm3. III.10.1- Emergences et écoulement souterrain aval Les seules émergences visibles à l'aval du bassin de Fezna-Jorf représentent environ un débit de 15 à 20 l/s d'eau très salée (Mellahia : 5 à 6 g/l). Par contre, vers le Sud-Ouest, un écoulement souterrain vers le Tafilalet est estimé à 350 l/s. III.10.2- Exploitation - 7 stations de pompage office : 7 x 20 l/s x 8 h x 3600 x 312 = 1.3 Mm3; - 190 station de pompage privé : 190 x 6 l/s x 5 h x 3600 x 312 = 6.4 Mm3; - 20 khettaras : 20 x 6 l/s x 24 h x 3600 x 360 = 3.7 Mm3. III.10.3- Bilan (figure n° 14) Le module d'alimentation d'après Margat est de 3.6 l/s/km² (1960); alors qu'il est estimé par la SCET à 2.1 l/s/km² (1986). Le module d'évaporation est estimé à 0.87 l/s/km² par SCET en 1986. Le bilan actuel de la nappe est comme suit :
  • 45. 44 Actif Passif - Ecoulement souterrain amont : 12,20 Mm3 - Ecoulement aval : 11,00 Mm3 - Prélèvements : 11,70 Mm3 - Infiltrations eaux de crues : 02,20 Mm3 - pompage : 08,00 Mm3 - khettaras : 03,70 Mm3 - Infiltrations par épandage : 11,00 Mm3 - Emergences : 00,50 Mm3 - Infiltrations de pluies - - Evapotranspiration : 02,20 Mm3 - Affluences - Total : 25,40 Mm3 Total : 25,40 Mm3 Le bilan présenté ne constitue qu'un ordre de grandeur compte tenu de la variabilité importante. Cette variabilité se situe entre des extrêmes où il a été enregistré un déficit important de la nappe 1963-1964. D’après ce qui suit, l’introduction de la motopompe a été le facteur principal de rabattement de la nappe, voire du tarissement des khettaras. En effet, le pourcentage de prélèvement de la nappe par cette technique a évolué de 1 % en 1981 à 25 % en 2000. 1981 2000 - Stations collectives 04,00 % 05,20 % - Stations privées 01,00 % 25,00 % - Khettaras 36,00 % 15,00 % - Ecoulement aval 47,00 % 44,00 %
  • 46. 45 CHAPITR IV SYSTEME D'AMENAGEMENT DES KHETTARAS Malgré le développement d'une technique moderne de stations de pompage, la modernisation et la sauvegarde du système séculaire avantageux des khettaras comme technique ingénieuse et trait particulier des oasis devient inévitable. De ce fait, les agriculteurs de la zone n'ont jamais cessé d'aménager ce patrimoine en faisant appel à leurs simples techniques traditionnelles par "Touiza" ou par "Ferdia". En outre, l'ORMVA/TF déploie, Actuellement, des efforts considérables afin de restaurer cet héritage. La quasi-totalité des khettaras sont réalisées depuis des siècles. Les interventions récentes portent essentiellement sur les extensions et/ou sur les améliorations de l'efficience du réseau. I- TECHNIQUES TRADITIONNELES Devant l'absence des appareils de mesure et de moyens matériels adaptés pour la construction de la khettara, les populations antiques faisaient recours aux techniques simples et archaïques. a- Implantation et creusement des khettaras De point de vue conception, les khettaristes se basent sur les données empiriques et sur leur propre ingéniosité. L'alignement n'est pas souvent respecté. En effet, l'utilisation de moyens rudimentaires de nivellement (bougie-khettaraiste- ombre) ne donnent pas satisfaction. Mais, cet alignement n'est pas recherché dans la plupart des cas et les khettaristes se contentent de prendre des directions variables en suivant la ligne de l'écoulement de la nappe. En ce qui concerne les réseaux des khettaras dans la zone Fezna-Jorf-Hannabou, la réglementation adopté stipule que la distance qui sépare entre les parties drainantes des khettaras avoisinantes doit être d'au moins de 100 m, qui doit être respecté pour éviter l'effet de l'influence entre elles. L'espacement des puits ayant servi pour l'exécution de la khettara (10 à 30 m) est fonction de la nature des terrains traversés. Les puits deviennent de plus en plus rapprochés tant que le terrain devient de plus en plus ébouleux. La pente en vigueur est variable, mais généralement inférieur au gradient hydraulique, et est comprise entre 0,5 et 1,5 %0 de telle manière que la lame d'eau soit de 40 à 50 m tout le long du parcours. Les dimensions adoptées pendant l’exécution de la galerie varie de 0.40 à 0.60 m de largeur et de 1.20 à 2.00 de hauteur, juste suffisante pour le passage d’un homme (figure n° 15). L’ouverture des puits est de 1.00 x 1.20 m².
  • 47. 46
  • 48. 47 b- Curage des khettaras A nos jours, la plupart des khettaras sont colmatées. Cela est du fait que : - les puits non bien aménagés à la base (au niveau du bras captant) qu'à la sortie (mauvaise couverture de l'entrée des puits) font l'objet de colmatage par l'ensablement; - l'augmentation de l'humidité au niveau de la galerie entraîne des éboulements surtout en terrains meubles; - la décantation des calcaires, en particulier dans les khettars à eau riche en bicarbonate de calcium. En vue d'améliorer la débitance des khettaras, les agriculteurs procèdent, d'emblée, par leurs propres moyens au nettoyage moyennant de petit matériel : une sape, un couffin et un treuil en bois. Souvent, cette procédure est vaine et peut engendre des contre-pentes le long de la galerie. Le moyen de mesure de nivellement en usage se base sur la hauteur de la lame d'eau qui doit dépasser les chevilles du travailleur (c-à-d de 40 à 50 cm). L'évacuation des déblais se fait par des couffins ou sceaux entraînés au moyen d'une corde roulée sur des poulies en bois grand diamètre ou sur des treuils en bois. Pour soulever des charges lourdes, la corde est entraîné par des ouvriers assis sur le bord du puits en utilisant la force de leur pieds, parfois on fait appel à la traction animale (figure n° 16). c- Approfondissement et reprofilage de la khettara Au cas où le curage n'a pas aboutit à l'amélioration du débit où en cas de rabattement de la nappe, les paysans procèdent au reprofilage de la khettara. Cette technique consiste en terrassement de la galerie de telle façon à avoir une pente uniforme et régulière. Etant donné la fixité de la cote de la sortie du canal adducteur nécessaire pour la domination du maximum de superficie, toute intervention déconseille les travaux répétés de curage et/ou de reprofilage qui abaissent le fond des khettaras. Cette opération est accompagnée souvent : - soit, d'un décalage des parcelles vers l'aval du périmètre en délaissant certains parcelles en amont; - soit, d'un rétrécissement de la superficie irriguée; - soit, d'un nivellement des parcelles qui est souvent onéreux.
  • 49. 48
  • 50. 49 d- Extension des khettaras Suite au rabattement du niveau piézomètrique de la nappe au cours de ces dernières années, la plupart des khettraas sont en tarissement ou à faible débit. Ainsi, les khettaristes font recours à l'extension des khettaras en amont, qui permettent souvent d'améliorer leur débit. Un autre procédé d'augmentation de débit consiste en creusement des galeries en "V" au niveau du bras captant. Dans la zone d'étude, ce procédé est formellement opposé par El Ouarf qui interdit toute déviation du tracé hors de celui spécifié par les Jmaas. e- Revêtement des galeries et des canaux Pour éviter les pertes énormes des eaux , qui peuvent atteindre 50 %, et les éboulements qui surviennent, les agriculteurs procèdent au revêtement des galeries et des mesrefs moyennant de la maçonnerie sèche ou à mortier bâtard (figure n° 17). Au niveau de la partie captante, cette maçonnerie est traversée par des barbacanes et dépourvue de radier avec une couverture en feuillets de pierres sèches et des palmes. Ce revêtement peut être, aussi, réalisé avec des palmes ou des branches d’arbres fixées par des pieux en bois (fascines). e- Aménagement des puits Pour faire face au colmatage des khettaras par l'ensablement, les paysans procèdent à la couverture des puits par des feuillets en pierres sèches d'épaisseur supérieur à 10 cm, souvent mal posées et mal jointoyées, ce qui entraîne ensuite des éboulements et le bouclement de la galerie (figure n° 18). II- TECHNIQUES MODERNES Vu l' importance des réseaux de khettaras existantes qui fournissent une eau pérenne garantie destinée à l'irrigation de petits périmètres agricoles et dans plusieurs cas à l'alimentation en eau potable des populations rurales, les pouvoirs publics avaient entrepris des études et des travaux colossaux de modernisation et d'aménagement divers, dans le but d'améliorer les débits exploités et maintenir la pérennité de ces ouvrages traditionnelles : II.1- Maîtrise des données de base Avant d'entreprendre des travaux d'aménagements, il était nécessaire d'effectuer des mesures et relever certaines données de base permettant d'identifier et de définir les actions réaliser.
  • 51. 50
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  • 53. 52 a- Levés Topographiques Les réseaux de khettaras doivent être porté sur des fonds topographiques au 1/20.000éme et 1/10.000éme. Puis chaque khettara doit faire l'objet d'un levé topographique précis sur toute sa longueur. Les cotes de différents puits ( au fond et en surface ) , les niveaux de la galerie et la ligne d'eau seront relevés sur des profils en long. Cela permettra de définir les caractéristiques physique précises de chaque khettara . b- Mesure de débits Un campagne de mesure de débits doit être lancée sur l’ensemble des khettaras. Pour chaque khettara, les mesures seront effectuées sur toute la longueur au niveau de chaque puits. Les résultats portés sur une courbe débit en fonction de la distance permettront d'identifier les parties captantes, les parties où s'effectuent des pertes par infiltration et les parties adductrices. c- Prospection géologique et géotechnique L’identification des horizons de terrains traversés par les khettaras s’avère inéluctable. Elle permettra de donner une idée sur les venues d’eau, de focaliser les failles, de localiser les khettaras et les tronçons où les problèmes de calcination se posent ; de décider ou non de l’extension de la khettara. d- Analyse des eaux et des sols En connaissant la composition des eaux et des sols irrigués par la khettara, on pourra bien décider du dosage de ciment et des agrégats à utiliser, des amendements qu’on peut apporter aux sols et de type de cultures à mettre e place. e- Définition des actions à entreprendre A partir de ces éléments, les interventions seront définies et hiérarchisées en fonction, de leur importance. Les principales opérations qui semblent être réalisées porteront sur : - La construction et / ou le revêtement des tronçons où des pertes par infiltration aient été localisées. - Le nettoyage des parties où il y avaient des dépôts dues aux effondrements et à l'ensablement. - La construction des parties meubles où les risques d’éboulement étaient importants. - La correction des pentes et le reprofilage des galeries là où il y avait des contre-pentes. - La construction des ouvrages hydrauliques d’alimentation de la nappe des khettaras (barrages collinaires, bassins d’accumulation,…etc).
  • 54. 53 II.2- Techniques de construction modernes En fonction, de la nature des terrains et de l'état des khettaras, différents modes de constructions ont été étudiées et adoptées. Les différences portent sur les formes des sections adoptées pour le revêtement des galeries, des mesrefs et la couverture des plafonds des galeries. a- Revêtement des galeries Les sections retenues pour le revêtement des galeries sont généralement rectangulaires ou trapézoïdales. Parfois des formes circulaires sont également exécutées (figure n° 19). Au niveau des tronçons drainant, les constructions portent uniquement sur les parois des galeries et leur couverture. Le radier non construit permet d'assurer la fonction du drainage. Parfois des barbacanes épousent les parois latérales pour augmenter la capacité du drainage. La construction des parois se fait en béton ordinaire ou armé et la couverture se réalise en dalettes. Pour la réalisation des travaux de construction, la galerie est fermée à l'amont du tronçon à construire par un remblais compacté. Et pour assurer l’assèchement complet de la partie en construction, on installe parfois un groupe motopompe qui a un débit au moins égale à celui de Khettara. L’eau pompée est refoulée dans un tuyau flexible qui déverse dans le tronçon aval déjà construit ou qui déverse dans un chenal de dérivation provisoire qui rejoint la Khettara à l’aval . b- Revêtement des canaux d’irrigation à la sortie des Khettaras A l’intérieur des périmètres, la khettara se ramifient en réseau d’irrigation pour assurer l'irrigation de l' ensemble des cultures mises en place . Pour éviter les pertes d'eau qui se produisent le long des seguias traditionnelles, les travaux de revêtement sont également réalisés au niveau de plusieurs périmètres . Les modes de revêtement pratiqués sont en béton ordinaire avec des formes rectangulaires ou trapézoïdales (figure n° 20). Parfois on utilise du coffrage métallique pour améliorer l’efficience du réseau. Les économies d'eau enregistrés après aménagement varient de l’ordre de 30 à 50 %.
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