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MĂ©moire de
Tarja Chouvin
ISCPA LYON
Bachelor de Communication
2016
Tuteur de mémoire :
Emilie BERNDT
La vérité
DerriĂšre le
Marketing
Sensoriel
Marketing
Les opinions exprimées dans ce mémoire sont propres à leur auteur
et n’engagent pas l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en- Provence, ni
l’ISCPA, ni toute autre structure pouvant ĂȘtre mentionnĂ©e.
Remerciements
Je tiens tout d’abord Ă  remercier ma tutrice de mĂ©moire Mme Emilie BERNDT, pour le temps et l’aide
qu’elle m’a apportĂ©s. Elle m’a permis, tout au long de cette annĂ©e scolaire, d’évoluer dans ma rĂ©ïŹ‚exion et de
construire petit Ă  petit ce mĂ©moire. Elle a suivi mon travail et m’a aidĂ©e Ă  dĂ©velopper mes idĂ©es. Je remercie
Ă©galement, Gaelle Liange, une personne qui, depuis mes 14 ans, m’a enseignĂ© et aidĂ© Ă  lire, Ă©crire et parler
la langue française, je la remercie également pour son aide apportée pendant ce mémoire.
Je souhaite aussi remercier mon pÚre André Chouvin, chef au restaurant le Tilia, pour avoir travaillé
de longues heures aïŹn de payer ma scolaritĂ©, je le remercie surtout pour avoir cru en moi et de m’avoir
soutenue dans mes choix.
Je remercie également, ma tante, Marie-Jo Chouvin, qui a donné beaucoup de son temps pour ce mémoire,
notamment pour l’imprimer.
Je remercie, Simone Fournel, qui a pris le temps de corriger ce mémoire.
Pour terminer, je tiens Ă  remercier tous les enseignants Ă  l’ISCPA, pour nous avoir formĂ©s durant
ces trois annĂ©es et de nous avoir soutenus dans l’objectif de rĂ©ussir notre Bachelor. Je remercie tout
particuliÚrement Didier Lavanant, qui a pris le temps de répondre à toutes nos questions liées à la
réalisation de notre mémoire.
ProblĂ©matique : Aujourd’hui, aux USA, dans quelle mesure le
marketing sensoriel utilisé par les marques alimentaires
inïŹ‚uence-t-il les consommateurs ?
Introduction p.8
p.57ConclusionConclusion
p.58
p.63
Sommaire
Bibliographie
Table des annexes
A
B
C
Du marketing au marketing sensoriel (p10)
1. Le marketing traditionnel.......................................................................p.10
2. L’évolution du consommateur.................................................................p.12
3. Evolution du marketing : le marketing sensoriel....................................p.14
4. L’importance des 5 sens.........................................................................p.16
5. Quel est l’utilitĂ© de faire du marketing sensoriel pour une entreprise...p.22
Le marketing sensoriel des marques alimentaires
aux USA (p24)
Les limites du marketing sensoriel (p40)
1. Les obstacles du marketing sensoriel............................................p.40
2. La contribution du neuromarketing...............................................p.48
3. Le marketing sensoriel : inïŹ‚uence ou manipulation.......................p.53
1. Les recherches de Charles Spence.................................................p.25
2. La restauration : Starbucks et son marketing sensoriel..................p.27
2. La grande distribution : Coca-Cola et son marketing sensoriel......p.31
3. Le choix de privilégier certains sens..............................................p.34
“Si vous le pouvez, soyez premier. Si vous ne le pouvez pas, crĂ©ez un
nouveau crĂ©neau dans lequel vous pouvez ĂȘtre le premier” Cette citation
de “l’Association Marocaine du Marketing et de la Communication -
AMMC Maroc”1
, reflÚte la compétition qui existe dans le commerce
aujourd’hui, il est donc fondamental de se distinguer de ses concurrents
notamment par le marketing et l’innovation.
1 Citation : AMMC Maroc de Al Ries, 26 Novembre 2013
Attirer le client est devenu aujourd’hui un vĂ©ritable dĂ©fi pour les entreprises. Seulement, de
nombreux changements économiques (mondialisation, concurrence, crise) ont aussi modifié le
comportement du consommateur. Avec une nouvelle notion de la concurrence et l’arrivĂ©e de la
crise, les mĂ©thodes de promotions traditionnelles ne suffisent plus. L’entreprise se doit aujourd’hui
d’atteindre le consommateur par tous les moyens.
Un nouveau type de marketing s’est ainsi dĂ©veloppĂ© : le marketing sensoriel.
Mais, qu’est-ce-que le marketing sensoriel ? La dĂ©finition officielle de l’encyclopĂ©die illustrĂ©e du
marketing est : “Le marketing sensoriel regroupe l’ensemble des techniques marketing visant à
utiliser un ou plusieurs des 5 sens pour favoriser l’achat d’un produit ou service.”2
C’est donc un
moyen d’attirer le client en utilisant ce qu’il y a de plus intime et de plus important chez lui : ses
sens. Ce n’est plus ici son cerveau et sa raison qui sont sollicitĂ©s mais ses dĂ©sirs inconscients et ses
instincts les plus primitifs .
Depuis sa naissance, le marketing sensoriel ne cesse d’évoluer. Les promoteurs ne sont jamais en
manque de crĂ©ativitĂ©, et aujourd’hui, un ou plusieurs sens sont sollicitĂ©s dans les publicitĂ©s.
Lastimulationdes5sensauntrĂšsfortimpactsurl’inconscientduconsommateur.AufildesdĂ©cennies,
le pouvoir du marketing sensoriel est de plus en plus reconnu : les entreprises comprennent que
l’inconscient de l’homme joue un rĂŽle essentiel et peut ĂȘtre utilisĂ© pour le pousser Ă  consommer.
Elle cherche alors la meilleure façon d’influencer le consommateur, voire peut-ĂȘtre de le manipuler.
2 Ecrit par B.Bathelot, le 11 juillet 2015. Glossaires : 1001 Marketing | Marketing point de vente 8
Le consommateur fait-il librement ses choix ?
Les Etats-Unis Ă©tant les plus grands utilisateurs du marketing sensoriel, nous allons nous concentrer
sur ce pays qui manie le marketing sensoriel avec excellence. Comparé à de nombreux pays comme
la France ou l’Australie, c’est un pays oĂč il y a une forte flexibilitĂ© au niveau des possibilitĂ©s
de marketing. Il est connu pour pousser les limites et tendre vers le grandiose : les messages
subliminaux et le neuro-marketing sont légaux dans ce pays. De plus, les plus grandes marques
au monde proviennent de ce pays (Nike, Apple, Starbucks, McDonalds etc
). De trùs nombreux
articles paraissent réguliÚrement sur le marketing sensoriel ; les recherches, quant à elles, évoluent
constamment.
L’alimentation est un des secteurs oĂč il y a beaucoup d’exemples et d’abondantes Ă©tudes concernant
le marketing sensoriel. En effet, les publicitaires utilisent fréquemment un ou plusieurs sens, voire
les cinq, pour impulser l’achat d’un produit ou d’un service.
De nombreuses marques utilisent le marketing sensoriel pour promouvoir les produits alimentaires
aux Etats-Unis : dans quelle mesure influence-t-elle le consommateur ?
Nous nous intĂ©resserons d’abord au passage du marketing traditionnel au marketing sensoriel,
puis aux grandes entreprises utilisatrices de ce type de marketing. Pour terminer ce mémoire,
nous verrons si le marketing sensoriel est un simple moyen de promouvoir ou une technique pour
influencer voire manipuler le consommateur.
9
Il semble pertinent de débuter ce mémoire en expliquant les bases
du marketing traditionnel afin de voir la façon dont il a évolué. Il
est aussi important de s’intĂ©resser Ă  l’évolution du consommateur
car il y a une corrĂ©lation directe entre ses besoins et l’application
du marketing. Les changements en termes de consommation ont
entrainé un nouveau type de marketing : le marketing sensoriel,
dans lequel les cinq sens tiennent un rîle essentiel. Aujourd’hui, le
marketing sensoriel est un outil intéressant utilisé par les entreprises
: il joue un rĂŽle de plus en plus important et est en plein essor.
1. Le Marketing traditionnel
Le marketing traditionnel est un ensemble d’actions et de moyens mis en place pour mettre le
produit ou le service dans les mains d’un client potentiel. Les objectifs du marketing traditionnel
sont de promouvoir un produit ou un service pour attirer des clients potentiels et inciter à l’achat.
“Pourquoi le client va-t-il choisir un produit ou un service plutît qu’un autre?” Les
entreprises ont tendance à avoir une vision limitée du marketing, mais le marketing est un
ensemble d’élĂ©ments: c’est tout ce qu’un consommateur va rencontrer avant d’ĂȘtre en contact
avec le produit. Le marketing traditionnel est l’utilisation des : prix, packaging, relation presse,
distribution, visuels partagĂ©s, radio, tĂ©lĂ©vision, affichage, tĂ©lĂ©phone, etc
 Il s’agit de se faire
connaĂźtre, promouvoir et pousser Ă  acheter un produit.
Le marketing imprimĂ© est la plus ancienne des formes, cette stratĂ©gie a mĂȘme Ă©tĂ© utilisĂ©e
dÚs les temps les plus anciens, quand les Egyptiens créaient des ventes et des affiches sur des
papyrus. Le marketing sous forme papier, que l’on envoie directement, tels que, les cartes
postales, les brochures, les lettres, les catalogues, les dépliants, a beaucoup été utilisé pour attirer
le consommateur: les plus anciens catalogues sont ceux de Sears envoyĂ©s en 1888. Aujourd’hui,
l’impression est toujours utilisĂ©e et fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’achat publicitaire dans les magazines,
journaux, newsletter etc

Au XXùme siùcle, on voit apparaütre d’autres formes de diffusions avec les nouvelles technologies.
Le 2 Novembre 1920 est une date symbolique avec la premiÚre publicité à la radio, par la station
10
américaine KDKA. Quant à la télévision, elle a adopté trÚs rapidement ce moyen de propagande
avec la premiĂšre publicitĂ© en 1941. C’est un moyen de promouvoir trĂšs efficace, c’est ce que rĂ©vĂšle
un sondage réalisé par ABC News qui confirme que 3 Américains sur 10 achÚtent des produits vus
dans des spots publicitaires, par contre peu sont des clients fidĂšles3
. Aujourd’hui pour promouvoir
ou faire connaßtre un produit, la télévision est le média le plus populaire, avec un revenu aux Etats
Unis de 78,5 milliards de dollars4
.
Presque toutes les entreprises qui vendent un produit ou un service utilisent un ou plusieurs types
de marketing traditionnel. La forme de publicitĂ© dĂ©pend du budget de l’entreprise. Les grandes et
moyennes entreprises peuvent se permettre de multiplier leurs moyens de communication. Elles
ont toutefois tendance à privilégier les publicités télévisuelles car ce sont celles dont on se rappelle
le mieux. C’est la plus onĂ©reuse forme de marketing, les prix dĂ©pendent du crĂ©neau horaire et du
contenu des programmations. Par exemple, le tarif pour les publicités du Superbowl, en 2012, était
de 3,5 millions de dollars américains pour 30 secondes de diffusion5
. Les spots publicitaires
traditionnels coĂ»tent cher mais celui du Superbowl reste l’un des plus chers au monde.
D’aprĂšs le sondage Network Television Powerhouse NBC, les cinq campagnes les plus mĂ©morisantes
sont :
- McDonalds: “You deserve a break today”
- Nike: “Just Do It”
- Marlboro’s “Marlboro Man”
- Coca-Cola: “The pause that refreshes”
- Volkswagen: “Think Small”
L’avantage d’une campagne de marketing rĂ©ussie est la possibilitĂ© de devenir une rĂ©fĂ©rence pour
des millions de personnes, et ainsi, de développer une trÚs forte notoriété.
Les petites entreprises, qui ont un budget beaucoup plus limité, utilisent le plus souvent le marketing
d’impression donc les achats publicitaires, par exemple, dans les radios ou les journaux locaux. Elles
cherchent Ă  attirer les clients prĂšs de chez elles.
Aujourd’hui, le marketing traditionnel a tellement Ă©voluĂ©, qu’il apparait sous d’autres formes telles
que le marketing digital ou le marketing sensoriel.
3 Vidéo : Infomercials: Many Buy, Few Often de GREGORY HOLYK 20 Mai 2011
Photo : Study of consumer psychology, “why changing logo? - Starbucks” Jason Wang
4 Extrait du livre Marketing Masters de Connie Pheiff, posté sur internet le 29 Octobre 2014
5 Source : Magazine Time
Source Image : Freepik 11
Les stratégies des entreprises évoluent tout comme le comportement du consommateur.
Comme nous l’avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, au 19 Ăšme siĂšcle, les clients consommaient en
petite quantité, les commerces locaux produisaient des produits locaux, en fonction des besoins
primaires des hommes. Aujourd’hui, on distingue une forte croissance dans la production. La
société de consommation crée des besoins dans le but de vendre un maximum. La pyramide
de Maslow permet de comprendre les besoins de l’homme. Cette pyramide est constituĂ©e de
5 niveaux allant du plus simple au plus complexe: les besoins physiologiques (nourriture,
l’eau, sommeil, respirer etc..), le besoin de sĂ©curitĂ©, d’ordre et de stabilitĂ© (ĂȘtre employĂ©,
moralitĂ©, santĂ©, propriĂ©tĂ© etc..), le besoin d’appartenance (l’amour, famille etc..), le besoin
d’estime (confiance, ĂȘtre respectĂ© par les autres, respecter les autres) et, au sommet, le besoin
d’accomplir (moralitĂ©, crĂ©ativitĂ©, spontanĂ©itĂ©, trouver des solutions etc..). Les diffĂ©rentes
marques ont tendance à s’appuyer sur le 4 ùme niveau de la pyramide de Maslow, c’est-à-
dire le besoin d’estime. Par exemple, la marque Apple applique des stratĂ©gies marketing Ă  ses
produits, son but est de crĂ©er un besoin d’appartenance. Ceux qui achĂštent les produits Apple
font partie de la communauté Apple.
Dans le secteur de l’alimentation, on constate que les habitudes alimentaires des consommateurs
Ă©voluent sans cesse. On s’éloigne des repas traditionnels, et on opte pour la facilitĂ©, c’est-Ă -dire
les plats dĂ©jĂ  prĂ©parĂ©s ou le fast food. On passe moins de temps Ă  cuisiner. Selon “Plunkett
Research”, le marchĂ© de l’industrie alimentaire mondial avait une valeur
de 7,8 billions de dollars en 2015. Concernant les USA, il ne cesse de s’accroütre.
Selon le “Directory blog Industry reports”, aux Etats-Unis, l’industrie du fast food a gĂ©nĂ©rĂ© un
revenu de 200 millards de dollars en 20156
, alors qu’en 1970, ce chiffre Ă©tait de 6 milliards. On
6 Directory blog Industry reports : “Fast Food Industry Analysis 2016”
Source photo : La sémioscope , la pyramide de Maslow
2. L’évolution du consommateur
a. La pyramide de Maslow
b. Les habitudes alimentaires aux Etats-Unis
12
estime que cette industrie va augmenter de 2,5% durant les prochaines années. Il y a plus de 200000
restaurants fast food aux Etats-Unis et il est estimé que plus de 50 millions de personnes mangent
au fast food tous les jours7
. Les USA  sont le pays qui consomme le plus de nourriture, en majeure
partie celle provenant de fast-food.
Aujourd’hui, les techniques de marketing sont tellement prĂ©sentes et nombreuses au quotidien que
le consommateur a du mal à mémoriser les informations et différencier les publicités. Cela crée des
confusions et ne facilite pas la fidélisation des consommateurs. Il faut donc trouver un
autre moyen de les attirer.
c) Dans d’autres pays du monde : comparaison des habitudes de consommation
Il faut ajouter que selon l’époque et la localisation gĂ©ographique dans le monde, la façon de
consommer diffĂšre d’un pays Ă  un autre. Il existe des diffĂ©rences socioculturelles, telles que les
valeurs sociales, la religion, l’esthĂ©tique, les prĂ©fĂ©rences alimentaires, la perception des couleurs, les
coutumes etc
 Par exemple en Egypte, la couleur verte représente le pays et il est inacceptable de
représenter un packaging par cette couleur. Au Japon, le blanc et le noir sont des couleurs de deuil,
ils ne doivent donc pas ĂȘtre utilisĂ©s sur un packaging. Le violet doit ĂȘtre utilisĂ© avec prudence dans
les pays hispaniques puisque cette couleur est associĂ©e avec la mort. Au niveau de l’esthĂ©tique, les
AmĂ©ricains croient qu’ĂȘtre bronzĂ© reprĂ©sente la santĂ© et la beautĂ©, contrairement aux Japonais qui
considÚrent le blanc comme un symbole de beauté8
.
Pour que le marketing sensoriel soit efficace et fonctionne, une analyse du marché est nécessaire.
Chaque pays possÚde donc des moyens de marketing sensoriel différents et appropriés.
.
7 Directory blog Industry reports : “Fast Food Industry Analysis 2016”
8 Boundless. “The Importance of Sociocultural Differences.” Boundless Marketing. Boundless, 21 Jul. 2015
13
3. Evolution du Marketing : le marketing sensoriel
Selon un article de D.Steven White9
, la forme classique et traditionnelle du marketing passe par
cinq Ă©tapes distinctives suivant son Ă©volution : l’ùre simple, l’ùre de production, l’ùre de ventes, l’ùre
du marketing dĂ©partemental, le marketing des entreprises. Cependant, selon M.White, ce n’est pas
une représentation complÚte. Le marketing évolue depuis la Seconde Guerre mondiale, tous les
vingt ans. L’ùre simple existe depuis toujours et commence à changer au 19ùme siùcle. Cette ùre
est caractĂ©risĂ©e par des produits artisanaux qui existaient en petites quantitĂ©s. Ensuite, l’ùre de la
production, qui a duré 60 ans, entre 1860 à 1920, arrive au moment de la révolution industrielle, il
y avait plus de produits et peu de concurrence. L’ùre de ventes apparaĂźt ensuite, entre les annĂ©es
1920 et 1940. L’augmentation de la production entraüne une surproduction et beaucoup d’usines
n’arrivent plus Ă  vendre tous leurs produits. Une forte concurrence s’installe sur le marchĂ©. Celle-
ci a entrainĂ© l’ùre du dĂ©partement du marketing, de 1940 Ă  1960. AprĂšs la Seconde Guerre
mondiale, les entreprises comprennent que les attentes des consommateurs ne sont plus les mĂȘmes,
elles se rendent compte que pour ĂȘtre concurrentielles, elles doivent vraiment se dĂ©marquer de leurs
concurrents. Ensuite, Ă  partir de 1960 l’ùre du marketing des entreprises se dĂ©veloppe, la prioritĂ©
est donnĂ©e aux consommateurs et les entreprises cherchent Ă  rĂ©pondre Ă  leurs besoins : “le client est
roi”. Cette idĂ©e est toujours considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme la rĂ©alitĂ©. La sixiĂšme Ăšre, apparue depuis
1990, est le marketing des relations, celui-ci diffĂšre du marketing traditionnel. L’idĂ©e est d’établir
une relation qui bĂ©nĂ©ficie Ă  la fois au client et Ă  l’entreprise, il faut rĂ©ussir Ă  installer une relation
de confiance entre la marque et le client pour créer de la fidélité. Cette Úre et celle du marketing
des entreprises cohabitent aujourd’hui. La derniĂšre Ăšre est celle du marketing rĂ©seaux sociaux
et mobiles. Dans cette Ăšre, une entreprise peut ĂȘtre connectĂ©e en permanence avec un client ou un
consommateur en temps rĂ©el. C’est un moyen de crĂ©er une confiance, d’entrainer la fidĂ©litĂ© et de
véhiculer une image positive de la marque10
.
9 Steven White, “The evolution of marketing”, juin 2010
10 D. Steven White, “The evolution of marketing” 18 juin 2010
Source tableau : D. Steven White, “The evolution of marketing” 18 juin 2010
14
D’aprùs toutes ces ùres, qui se suivent ou qui se combinent, on comprend que, depuis l’augmentation
de la production des produits et l’accroissement de la compĂ©tition, le marketing est devenu
fondamental pour pouvoir vendre un produit. Le monde du marketing est sans cesse en train de
chercher de nouveaux moyens de marketing pour promouvoir un produit et se différencier des
autres.
ParallÚlement au marketing traditionnel se développe une autre forme de marketing dÚs les
annĂ©es 1940. C’est durant ces annĂ©es que l’analyse du marketing sensoriel a dĂ©butĂ© aux USA et
en Scandinavie. L’objectif Ă©tait d’étudier profondĂ©ment le comportement du consommateur. Le
marketing sensoriel est apparu en France seulement en 1960 dans le secteur de l’agroalimentaire.
Beaucoup d’analyses du marketing sensoriel s’appuient sur les Ă©motions. Les Ă©tudes ont montrĂ© que
l’émotion a beaucoup d’influence, au moment de la prise de dĂ©cision d’achat du client. Aujourd’hui,
on a dĂ©couvert que le marketing olfactif Ă©tait trĂšs efficace dans la mĂ©morisation et l’achat d’un
produit.
En 1973, Kotler insiste sur la nécessité pour une marque de se positionner autrement, notamment
au niveau de l’ambiance dans les lieux de vente. Il explique que l’environnement d’un lieu de vente
peut fortement influencer un consommateur. Kotler dĂ©clare que “la crĂ©ation d’un environnement de
consommation qui produit des effets émotionnels spécifiques sur la personne, comme le plaisir ou
l’excitation, peut augmenter sa probabilitĂ© d’acheter”11
.
Donc, quelle est la définition exacte du marketing sensoriel ?
Selon l’ADN, un magazine français d’actualitĂ© de l’innovation, du marketing, de la communication
et de la publicitĂ©, le marketing sensoriel se dĂ©finit comme : “Techniques visant Ă  solliciter un ou
plusieurs des cinq sens dans le but de stimuler l’acte d’achat chez le consommateur en jouant sur
son environnement sensoriel (odorat, ouie, vue, goĂ»t, toucher)”12
.
Quels sont ses objectifs ?
Il s’agit de crĂ©er une identitĂ©, personnaliser une marque, augmenter les ventes et crĂ©er un
environnement physique favorable d’un magasin, ou s’appuyer sur les couleurs, les formes et la
texture d’un produit pour inciter le client Ă  l’achat du produit. Le but final est de fidĂ©liser le client
pour qu’il consomme toujours les produits de la mĂȘme marque parce qu’il les reconnait et les
distingue des autres.
11 Kotler P. (1973), Atmospherics as a marketing tool - Journal of Retailing, p. 49
12 Magazine ADN, spĂ©cialisĂ© dans le marketing et la communication en France. “Il est adressĂ© par email Ă  90.000
professionnels du marketing, de la communication et de la publicitĂ© ; en agence, chez les annonceurs et les mĂ©dias.” 15
Dans les années 1950, dans
le monde du marketing, on
se concentrait surtout sur
l’utilisation de la vue pour
promouvoir un produit. On se
reposait sur le choix des formes
et des couleurs pour attirer un
consommateur. Cela venait du
fait que les publicités les plus
courantes Ă©taient des aïŹƒches.
Puis, quand la télévision
est devenue populaire, on a
dĂ©couvert l’importance de
l’ouĂŻe dans la publicitĂ© : ce
sens Ă©tait attrayant pour le
consommateur. Les jingles
publicitaires se sont alors
développés. Dans les années 70,
les utilisateurs du marketing
ont découvert que le sens
olfactif pouvait ĂȘtre adoptĂ©
pour promouvoir une marque.
Les experts du marketing
savent maintenant que, plus
les sens du consommateur sont
satisfaits, mieux sera perçue
une marque.
4. L’importance des 5 sens
a) L’olfactif
Les individus ont plus de 10 millions de récepteurs olfactifs.
L’odorat est une des stratĂ©gies de marketing sensoriel la
plus difficile à utiliser, cependant c’est une des plus efficaces.
Selon “The sense of smell institute” à New York, un individu
est capable d’identifier plus de 10 000 odeurs diffĂ©rentes
et de s’en rappeler avec 65% de prĂ©cision aprĂšs un
an d’exposition13
. Des études ont démontré que 75%
des émotions sont déclenchées par des odeurs14
. Elles
peuvent donc créer des liens instantanés entre une marque
et un consommateur, et influencer l’état Ă©motionnel pour
sensibiliser un client au moment d’un achat.
L’odorat est eïŹƒcace et a un impact immĂ©diat,
puisqu’il est liĂ© directement au systĂšme limbique du
cerveau, la partie du cerveau responsable de nos souvenirs
et Ă©motions.
En conséquence, les sens vont au-delà de nos réceptions
rationnelles et ont un grand impact sur nos Ă©motions. Le
sens olfactif est donc lié à notre état émotionnel. Lorsque
le consommateur sent certaines odeurs, comme la vanille
ou la clémentine, il est inconsciemment influencé et a
tendance Ă  rester plus longtemps dans un magasin ou un
supermarché. Une odeur peut aussi améliorer et rappeler la
reconnaissance d’une marque. Il y a des marques, comme
Victorias Secret, qui ont lié une odeur particuliÚre à leur
marque pour créer une connection émotionnelle avec leurs
clients15
. Notre mĂ©moire de l’odorat est dĂ©sormais plus
performante que notre mĂ©moire visuelle. L’odorat permet
d’attirer des consommateurs mais permet aussi de donner
une identitĂ© Ă  une marque. L’odeur semble ĂȘtre le sens le
plus intéressant à exploiter.
13 Bertil Hulten, Niklas Broweus, Marcus Van Dijk ( 2009) : Senso-
ry Branding : Chapitre 1 “What is sensory marketing”, p7
14 James Hammond.(2011) Branding your business : chapitre 10 “The
sweet smell of brand success” p135 -136
15 Magazine Adweek, Something in the air , Robert Klara, 5 mars
2012
16
b) L’ouïe
Dans les publicitĂ©s traditionnelles, la musique a pour but d’ĂȘtre associĂ©e
à un message, dont le client s’en souviendra. Cependant, la musique est
aussi utilisée pour le marketing sensoriel.
Selon Health Line, les études ont montré que notre bonne humeur
peut augmenter en Ă©coutant une musique agrĂ©able ; c’est un bon outil
de marketing sensoriel.16
La musique est un bon outil de marketing
sensoriel. Elle apparaĂźt dans tous les points de vente ou les restaurants.
Elle contribue beaucoup à l’atmosphùre du lieu et joue un trùs grand
rĂŽle dans la perception auditive du consommateur.
16 Health line, “How music affects our moods”, Suzanne Boothby, 17 Mai, 2013
c) Le Goût
Le goĂ»t de nos aliments n’est presque pas dĂ©terminĂ© par nos papilles
gustatives. En effet, 90% de ce goût est déterminé par notre cavité
nasale, ce qui active nos récepteurs sensoriels. Chaque individu
a des goĂ»ts personnels liĂ©s Ă  sa culture et ses expĂ©riences. C’est
la raison pour laquelle le marketing sensoriel gustatif peut ĂȘtre
difficile Ă  gĂ©rer. Par exemple, en Asie, l’utilisation des Ă©pices est
trĂšs commune alors qu’en Suisse, elles sont trĂšs peu utilisĂ©es.
d) Le toucher
Le toucher dans le marketing sensoriel a eu une Ă©volution importante.
Comme la plupart des produits doivent ĂȘtre touchĂ©s par le consommateur
dans l’espace de vente, il est primordial que le consommateur ait un
sentiment de plaisir durant ce contact pour dĂ©cider de l’acheter. Le
toucher a un impact sur la perception qu’a le consommateur du produit.
Au restaurant, par exemple, ce dernier sera sensible Ă  la qualitĂ© d’une
fourchette, d’une chaise ou d’un verre
 De plus, l’ùre digitale, avec les
smartphones, tablettes, ordinateurs tactiles etc.., ouvre plus d’opportunitĂ©s
pour exploiter ce sens.
17
e) La vue
La vue dans le marketing sensoriel occupe une grande place et est fortement utilisĂ©e. C’est
le sens le plus utilisĂ© sur le marchĂ© et c’est le plus stimulant dans un environnement. Il faut
comprendre que l’impact d’un stimuli visuel sur le comportement d’achat n’est pas limitĂ© Ă 
l’utilisation des images et des logos. La lumiùre, l’espace, les couleurs et les formes donnent de
l’importance à un produit, en le mettant en valeur sur le lieu de vente. L’influence des couleurs
détermine non seulement si un consommateur va reconnaßtre et acheter un produit ou non.
Beaucoup de marques sont associées à une couleur spécifique. Les couleurs et les formes sont
les premiers moyens d’identifier et de diffĂ©rencier un produit. Elles deviennent plus faciles
Ă  mĂ©moriser pour un consommateur. Milka est violet, Kodak est jaune. La marque peut ĂȘtre
facilement identifiable mĂȘme si l’on ne lit pas le nom. Selon une Ă©tude sur la capacitĂ© Ă  retenir
l’information, les consommateurs ont 78% de plus de probabilitĂ©s d’identifier un message
imprimĂ© en couleur, qu’en noir et blanc17
.
80% des informations extĂ©rieures sont visuelles, c’est le sens le plus utilisĂ©. Nous sommes
captivĂ©s par ce que nous voyons. C’est la raison pour laquelle ce sens est autant dĂ©veloppĂ©
dans le marketing. La perception du produit pour une marque a une grande importance et est
essentiel dans le marketing en gĂ©nĂ©ral. La dimension, la nouveautĂ©, l’intensitĂ©, le contraste et
le mouvement d’un produit influencent fortement le consommateur. Quand nous percevons
quelque chose, nous préférons observer des choses jolies, belles et parfaites.
17 Pantone Institute, 2000
Pour mieux comprendre le marketing sensoriel, il est
essentiel de comprendre l’influence et l’importance des
couleurs dans l’alimentation. Chaque couleur a un
impact sur le consommateur18
.
18 Leatrice Eiseman, Impact of colours on consumer purchase behaviour, April 17, 2000
18
La couleur rouge est efïŹcace dans l’industrie
alimentaire et les boissons. Elle stimule fortement,
affecte les glandes surrénales et tente les papilles.
Les psychologues font référence à la couleur
rouge comme une teinte de haute excitation qui
stimule l’appĂ©tit et attire l’oeil. Elle est trĂšs utilisĂ©e
dans les restaurants et les bars. Comme le rouge
est une couleur de feu et de chaleur, c’est parfait
pour monter une bonne affaire, ou quand un client
peut avoir une chose gratuite.
La couleur rose est douce et attrayante, parfaite pour les
bonbons. Les entreprises de bonbons comme Sweet N’ Low se
servent de la couleur rose pour leurs bonbons.
La couleur Rose
La couleur Rouge
La couleur JauneLa couleur Jaune
Le jaune est une couleur qui conforte. Elle peut aussi ĂȘtre liĂ©e Ă  un
aliment délicieux, crémeux et acidulé. Cette couleur change quand
elle est combinée avec le noir car, consciemment ou inconsciemment,
on l’associe avec des insectes piquants. L’utilisation de ces deux
couleurs ensemble rendent un produit plus voyant. La couleur jaune
est fortement utilisée dans les maisons de thé.
La couleur orange est aussi une couleur qui stimule
fortement, attire l’oeil et active l’appĂ©tit. Cependant c’est
une couleur plus conviviale que le rouge. Elle a un impact
sur le comportement d’achat d’un consommateur. La couleur
orange est trĂšs populaire parmi les enfants (3 Ă  6 ans) et les
adolescents. Burger King et Dunkin’ Donuts utilisent l’orange
comme couleur principale.
La couleur Orange
19
La couleur verte
Le vert est une couleur qui est liée à la nature et au rafraßchissement.
Dans le contexte des lĂ©gumes, on peut aussi l’associer Ă  quelque chose
qui est bon pour la santé. Cette couleur est trÚs délicate, on ne peut
pas l’utiliser dans n’importe quelle publicitĂ©. Si elle n’est pas utilisĂ©e
dans le bon environnement, elle n’apparait pas attrayante mais, au
contraire, répulsive.
La couleur Bleu
Le bleu est une couleur associĂ©e au ciel et Ă  l’ocĂ©an. Elle suggĂšre le calme,
la sĂ©rĂ©nitĂ© et inspire la conïŹance. Elle n’a pas beaucoup d’impact dans
l’alimentation mais les enfants l’adorent. Beaucoup de banques utilisent la
couleur bleu pour crĂ©er un sentiment de ïŹabilitĂ©. Elle est aussi parfaite pour
les produits comme l’eau, puisqu’elle est associĂ©e au calme et Ă  la fraĂźcheur.
Le blanc signiïŹe la puretĂ© et la fraĂźcheur. Cette couleur, comme
elle est basique, fait ressortir toutes les autres couleurs. Elle
est aussi utilisée dans les restaurants (assiettes, cuisine) pour
donner un sentiment de propretĂ©, c’est ce que le client attend.
La couleur Blanche
La couleur Noire
Le noir symbolise le haut de gamme, la qualité et la
sobriĂ©tĂ©. Puisque c’est la couleur la plus foncĂ©e, elle
est utilisĂ©e pour un environnement spĂ©ciïŹque.
20
Alors que le choix des préférences des couleurs varie selon
la mode et les tendances, la perception des rĂ©ponses d’une
couleur basique familiĂšre ne change pas. Les chercheurs
“biofeedback”19
ont mĂȘme documentĂ© les effets que les
couleurs ont sur nos ondes cérébrales, montrant que
différentes couleurs induisent différents états émotionnels.
19	 Entrepreneur, The Psychology of Color in Marketing and Branding, Gregory Ciotti, 15 mai 2014
21
5. Quel est l’utilitĂ© de faire du marketing sensoriel pour une entreprise ?
Les entreprises Ă©voluent dans un monde oĂč il
existe de plus en plus de concurrence : il est
donc fondamental, pour ĂȘtre le plus visible
et le meilleur, de se distinguer des autres
marques. Le marketing sensoriel est un
excellent moyen pour devenir concurrentiel
et il est de plus en plus utilisé pour différentes
raisons.
L’expĂ©rience, c’est-Ă -dire le contact
direct et réel avec une marque (par exemple
: aller dans un Starbuck), est plus important
que la communication que l’on fait autour de
cette marque. Ce sont nos expériences qui
déterminent nos impressions positives ou
négatives de la marque. Si le consommateur a
eu une bonne expérience avec une marque, il
sera plus susceptible d’acheter le produit dans
le futur. Les sens créent un lien émotionnel
avec le consommateur, le meilleur moyen
de rester gravĂ© dans l’inconscient du
consommateur est de jouer avec ses sens. Ces
derniers créent une forte identité et un lien
Ă©motionnel.
Une expĂ©rience sensorielle peut ĂȘtre
utilisée comme une métaphore pour une
marque. En associant un ou plusieurs sens,
on arrive à créer les liens. Par exemple, si
on veut montrer qu’un produit va rĂ©chauffer
la peau comme la crĂšme Tiger Balm, on va
davantage opter pour une couleur comme le
rouge.
Le marketing sensoriel aide à créer une
identité pour une marque. Par exemple,
Dettol, marque de produits connus aux
Etats-Unis et en France pour ses savons anti-
bactériens, a pour logo une épée et une odeur
trÚs spécifique: le consommateur associe
donc ses deux spécificités à cette marque, ce
qui fait qu’il l’identifie plus facilement. On
arrive aussi Ă  reconnaitre une marque grĂące
Ă  sa typographie: mĂȘme sans Ă©crire le vrai
nom de la marque, si on utilise la typographie
spécifique à cette marque, le consommateur
associe inconsciemment le mot Ă  la marque :
Les sens ont plus d’impact que notre langage.
Notre cerveau est capable de différencier plus
d’un million de couleurs20
, cependant notre
capacité verbale est trÚs limitée : pour décrire
une couleur, on peut l’associer à, en moyenne,
11 mots. Nous pouvons aussi différencier
des milliers d’arîmes et de sons mais nous
20 Video youtube : Jamie Condliffe “How many
different Colors we can see ?” 13 Aout 2014
Image : Doctor disruption, “11 reasons why sensory
marketing makes business sens”, 16 mars 2014
Cf : Annexe 1 : Quizz des marques
22
sommes trÚs limités pour les décrire. Le
langage sensoriel parle beaucoup plus que le
langage verbal.
Les sens sont dominants dans notre
fonctionnement cérébral. Notre capacité
mentale est incroyable et directement liée
Ă  l’utilisation simultanĂ©e de nos 5 sens : ils
nous aident à détecter, interpréter et retenir
beaucoup d’informations. Nos sens ont donc
une grande influence quand il s’agit des prises
dedécisions.Notrecerveaucherchedeschoses
familiÚres et essaye de créer constamment des
liens. En créant des liens entre nos sens et une
marque, on renforce l’image et l’identitĂ© de la
marque, donc on capte davantage l’attention
du consommateur. Beaucoup de marques
s’appuient sur l’identitĂ© visuelle pour se
faire remarquer et se distinguer. Ceci est une
premiĂšre Ă©tape mais l’utilisation des quatre
autres sens est de plus en plus nécessaire.
Notre cerveau se focalise sur nos missions ou
nos buts dans la vie, et ce sont nos sens qui
vont nous aider Ă  identifier les missions les
plus importantes Ă  accomplir. Plus les sens
vont ĂȘtre sollicitĂ©s par une marque, plus notre
cerveau aura l’impression que cette marque
est importante. Le consommateur sentira
alors la nĂ©cessitĂ© d’acheter ce produit et le
considérera comme utile.
Plus une expérience sensorielle est
rĂ©ussie, meilleures sont les chances qu’un
consommateur devienne fidĂšle Ă  une marque.
L’utilisation des cinq sens permet une
stimulation cérébrale qui a directement un
impact sur l’achat ou non d’un produit, ainsi
que sur la fidélisation du client qui aura envie
de renouveler une expérience positive21
.
Dans le marketing sensoriel, le facteur
déterminant pour attirer un consommateur
avec efficacité, est la maßtrise des sens. Comme
nous l’avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, les sens
influencent nos Ă©motions et nos prises de
dĂ©cisions. Le toucher, l’odorat, le goĂ»t, l’ouĂŻe et
la vue, utilisés individuellement ou ensemble
pour le marketing d’une marque ou d’un
produit, influencent nos perceptions, avis ou
ressenti par rapport Ă  ce produit. Les cinq sens
jouent un rĂŽle fondamental pour promouvoir
un produit efficacement. Beaucoup de
marques s’appuient sur l’utilisation de la vue
(Marketing traditionnel : télévision, affiches
etc..) pour se démarquer des autres et attirer
l’oeil du consommateur, cependant ce n’est
plus suffisant pour se distinguer des marques
concurrentes. Aujourd’hui, en exploitant
et en maĂźtrisant le marketing sensoriel, une
marque ou un produit peut avoir de nombreux
avantages dans le marché.
Une multitude de marques s’est servie
du marketing sensoriel pour créer une
image différente des autres dans le but
de s’en distinguer, d’attirer et fidĂ©liser les
consommateurs.
21 Doctordisruption “11 raisons why sensory
marketing makes business sense”, 16 Mars 2014 23
L’utilisation du marketing sensoriel est trùs courante dans
de nombreuses industries telles que le secteur alimentaire,
cosmĂ©tique ou l’hĂŽtellerie. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, de
plus en plus de magasins, supermarchés, bars et restaurants
Ă©tablissent artificiellement des liens affectifs en utilisant
les cinq sens, pour ĂȘtre plus prĂ©cis : le marketing sensoriel.
Pour mieux comprendre ce phénomÚne, nous allons tout
d’abord nous intĂ©resser aux recherches de Charles Spence,
puis analyser quelques exemples concrets de marques et de
produits alimentaires qui ont triomphĂ© grĂące Ă  l’utilisation et
la maütrise du marketing sensoriel dans l’alimentation. Nous
verrons que certaines marques ont fait le choix d’utiliser les
cinq sens, d’autres ont prĂ©fĂ©rĂ© en privilĂ©gier un seul.
24
Le Professeur Charles Spence est le chef
d’un laboratoire de recherches. Il s’intĂ©resse
particuliÚrementàlafaçondontnotrecerveau
réagit aux différents sens tels que le toucher,
l’ouĂŻe, la vue, l’odorat et le goĂ»t, et Ă  la façon
dont les expériences multi-sensorielles ont
un impact sur notre vie quotidienne. Son but
est de comprendre comment nous réagissons
aux sens et d’amĂ©liorer les expĂ©riences
multi-sensorielles autour des aliments, des
produits et de l’environnement. Il a conseillĂ©
des entreprises qui souhaitaient utiliser les
aspects du marketing multi-sensoriel pour le
design, le packaging et l’image de la marque.
Il travaille sur la façon d’activer au mieux
les sens du consommateur.  M. Spence a
publiĂ© plus de 500 articles dans “Top flight
scientific”. Il est mĂȘme Ă  l’origine du “sonic
crisp” (bruit Ă©mis par les chips quand on les
mange) qui a gagné un prix Nobel en 2008. 
1.  Les recherches du Professeur Charles Spence
Source photo : Fine dinning lovers - FDL, 19 novembre, 2014
25
Monsieur Spence, qui est basé à
l’universitĂ© d’Oxford, travaille avec des
clients tels que McDonalds, Starbucks,
Kraft,Toyota,BMW,Nestle,LGElectronics.
Il a monté une entreprise avec JWT,
une agence de publicité américaine,  et
est Directeur du département gérant le
marketing sensoriel. Durant un discours
à “Advertising Week Europe” à Londres,
il a expliqué le potentiel du marketing
sensoriel sur le marchĂ© d’aujourd’hui. Il
dĂ©montre qu’en manipulant les sens, et en
réfléchissant aux interactions entre eux,
on peut rendre un produit attrayant.
Les innovations technologiques peuvent
offrir de nouveaux moyens pour que
les marques interagissent avec les
consommateurs.Ilexpliquequelesboissons
et la nourriture sont naturellement plus
utilisées par le marketing sensoriel, mais
qu’une prioritĂ© est donnĂ©e au goĂ»t et Ă 
l’odeur. Pour lui, il faut aller plus loin dans
les recherches. Par exemple, les sons en
croquant des Pringles n’est pas un hasard, 
il y a beaucoup de recherches pour que
celui-ci soit efficace. Ils ont mis en place
une expérience avec des personnes portant
un casque avec plusieurs sons “croquants”
pendant qu’ils mangeaient les chips. Leurs
réponses au goût étaient affectées par le
son croquant qu’ils entendaient pendant
qu’ils mangeaient les chips. Pour la
boisson, Courvoisier Cognac a développé
un programme marketing intitulĂ© : “Le Nez
de Courvoisier”,  l’idĂ©e est d’associer des
bandes sonores Ă  la satisfaction de boire un
cognac22
. Donc, un son particulier peut
altérer la réalité et peut changer la
perception d’un consommateur sur
un produit. 
Les sens ont un fort impact sur le
consommateur, c’est la raison pour laquelle
de plus en plus de marques l’utilisent.
22 Emma Hall : How Courvoisier and Unile-
ver Manipulate the Senses, 19 Mars, 2013
Les innovations technologiques peuvent
26
Starbucks est une marque mondialement connue, crĂ©Ă©e en 1971. C’est aujourd’hui une des
plus grandes chaßnes de cafés au monde avec plus de 40 millions de visiteurs par
jour23
. En 1980, Starbucks a développé une stratégie utilisant les cinq sens pour fidéliser les
consommateurs: le but Ă©tait de se servir des sens pour renforcer la marque. Depuis 1987, grĂące
à cette stratégie, la marque a ouvert en moyenne deux magasins par jour24
. En 2014, selon “the
statistics Portal”, Starbucks a eu un revenu de 16,45 milliards de dollars, une augmentation
depuis 2013, oĂč son chiffre d’affaires Ă©tait de 14,9 milliards25
.
Le succùs de Starbucks s’explique en grande partie par sa parfaite maütrise du marketing
sensoriel pour offrir une expérience des sens totale à ses clients. La philosophie de Starbucks
pour ses consommateurs n’est pas seulement de les satisfaire par le sens du goĂ»t, mais aussi
par : l’olfactif, le visuel, le toucher et l’ouïe. Tous les Starbucks sont quasiment identiques afin
que le consommateur retrouve la mĂȘme atmosphĂšre quelque soit le Starbucks oĂč il entre. La
marque s’appuie tout d’abord sur l’ambiance et le dĂ©cor.
Elle a mis en place un son, un parfum et un goĂ»t pour ĂȘtre attrayant vis-Ă -vis du consommateur.
La musique, en bruit de fond de chaque magasin, est composĂ©e par “Hearmusic”, une entreprise
qui a été achetée par Starbucks en 199926
. Chaque mois, les magasins Starbucks doivent choisir
leurs musiques parmi une liste de 9000 propositions, appelĂ©e: “Sound of Starbucks”. Cette
musique est soigneusement composée pour plaire aux consommateurs. De plus, dans cette
playlist de musiques, sont intégrés des sons comme le lait en train de se faire mousser, des
grains de cafĂ© en train d’ĂȘtre broyĂ©s, etc
 Selon la situation gĂ©ographique, la musique n’est
pas la mĂȘme: par exemple, dans les lieux oĂč il y a une majoritĂ© de clients d’origine hispanique,
Starbucks va jouer des musiques latino-américaines. Cela veut dire que les consommateurs
23 Article : THE LIST LOVE · 7 Novembre , 2014
24 Article : THE LIST LOVE · 7 Novembre , 2014
25 The statistics Portal, Revenue of Starbucks worldwide from 2003 to 2015 (in billion U.S. dollars)
26 Starbucks Melody : A Starbucks history lesson: HEAR Music concept stores, 6 Mai 2011
2. La Restauration : Starbucks et son marketing sensoriel
27
peuvent boire leur cafĂ© avec plaisir dans un lieu confortable, dans n’importe quel coin du monde.
Peu importe le pays et l’endroit oĂč il consomme un cafĂ© Starbucks, le consommateur va pouvoir
retrouver la mĂȘme expĂ©rience et atmosphĂšre27
.
Starbucks cherche à augmenter les dépenses moyennes par client, il utilise des musiques lentes
pour inciter ses clients à prendre plus de temps. Selon une expérience dans la restauration, cette
stratégie a réussi à augmenter de 29% une facture moyenne28
.
En visitant un Starbucks ou mĂȘme en passant devant, on peut remarquer de nombreuses
personnes lisant un livre, consultant leurs portables ou bien discutant avec des amis autour
d’un cafĂ©. Ce n’est pas par hasard que ce phĂ©nomĂšne a lieu chez Starbucks. C’est exactement
l’image et l’ambiance qu’ils ont cherchĂ© Ă  instaurer et qu’ils ont rĂ©ussi Ă  Ă©tablir. Cette ambiance
est crĂ©Ă©e pour que le consommateur se sente Ă  l’aise dans ce lieu et ait envie d’y rester ou d’y
retourner. Le but est que le consommateur entre et reste dans un univers coupĂ© du monde oĂč il
va consommer pour son plaisir.
	 A sa création en 1971, Starbucks, utilisait le marron pour représenter son logo, cela venait
du fait que la couleur marron Ă©tait facile Ă  comprendre et Ă  retenir pour le consommateur, qui
la reliait facilement au café. Le premier logo paraissait un peu plus complexe mais délivrait
l’information nĂ©cessaire pour monter Ă  quoi Ă©tait associĂ©e la marque. Cependant, elle ne se
diffĂ©renciait pas suffisamment des autres marques de cafĂ©. Starbucks a donc pris l’initiative
de créer un logo avec une identité visuelle plus facilement identifiable. En effet, au moment
27	 Bertil Hulten, Niklas Broweus, Marcus Van Dijk ( 2009) : Sensory Branding : Chapitre 1 “What is sensory
marketing”, p1 à p2
28	 Lindstrom, Martin. BRAND (2005) sense Build Powerful Brands through Touch, Taste, Smell, Sight, and
Sound.
Photo Starbucks : Study of consumer psychology, “why changing logo? - Starbucks” Jason Wang
28
de choisir, un consommateur va opter pour la marque de café qui lui est la plus familiÚre: il
est donc fondamental de créer un logo pour que la marque devienne facilement identifiable
pour un consommateur. En 1987, le logo de Starbucks a subi de véritables changements. Tout
d’abord, la couleur a Ă©tĂ© modifiĂ©e. En passant du marron au vert, Starbucks a voulu profiter de ce
moment pour sous-entendre d’autres changements, notamment l’élargissement de leur gamme
de nourriture accompagnant les cafĂ©s. Selon les thĂ©ories de couleurs, la couleur marron n’est pas
une couleur adaptĂ©e pour de la nourriture car elle peut ĂȘtre associĂ©e Ă  quelque chose de sale et
peu appĂ©tissant, alors que la couleur verte peut ĂȘtre liĂ©e Ă  la fraicheur et Ă  la propretĂ©.
En parallĂšle, l’image du logo subit aussi des modifications. Pour ĂȘtre aisĂ©ment repĂ©rĂ©, Starbucks
a choisi, dĂšs le dĂ©part, une sirĂšne pour reprĂ©senter la marque: il s’agit d’un ancien mythe
facilement reconnaissable. L’idĂ©e est aussi d’associer Starbucks Ă  l’image de quelque chose
existant depuis trĂšs longtemps.
Toujours en 1987, la marque choisit de changer la sirĂšne en une autre sirĂšne presque
entiÚrement nue, un changement qui a généré de nombreuses plaintes. Cette stratégie avait
pour objectif de faire parler de la marque. En 2006, Starbucks réutilise son tout premier logo
sur l’emballage des cafĂ©s vendus. Ce dernier a crĂ©Ă© un effet de nostalgie, ce qui a entrainĂ© une
augmentation des ventes. En 2011, pour allĂ©ger l‘image et simplifier la reconnaissance visuelle
de la marque, Starbucks abandonne l’anneau externe autour du nom de la marque. Son degrĂ© de
reconnaissance est maintenant suffisamment élevé pour inconsciemment imposer de nouveaux
produits chez Starbucks29
.
Comme nous l’avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment dans la premiĂšre partie de ce mĂ©moire, le sens
olfactif a le pouvoir de stimuler certaines parties de notre cerveau, responsable de la création
de nos Ă©motions et de nos souvenirs. Un individu est capable d’identifier plus de 10 000 odeurs
diffĂ©rentes et s’en rappeler avec 65% de prĂ©cision aprĂšs un an d’exposition. De plus 75% de nos
Ă©motions sont gĂ©nĂ©rĂ©es par ce que l’on sent. C’est la raison pour laquelle Starbucks diffuse
une odeur de café, stratégiquement placée, pour inviter ses clients à boire un café Starbucks.
Une réflexion a été nécessaire pour savoir quelles odeurs utiliser en priorité: par exemple, il est
primordial que l’odeur du cafĂ© soit reconnaissable et dominante. Starbucks vendait des oeufs
cuits pour les petits-déjeuners, mais cette odeur restait ensuite dans la salle puis parasitait
l’odeur du cafĂ© ce qui entrainait une confusion et une impression dĂ©sagrĂ©able voire nĂ©gative
pour le consommateur. Starbucks a finalement arrĂȘtĂ© de servir des oeufs afin de restaurer une
odeur correcte et agréable du café.
29 Study of consumer psychology, “why changing logo? - Starbucks” Jason Wang
29
Il est dans la nature humaine de toucher, ramasser, explorer, tester avec nos mains les objets
autour de nous. Starbucks est aussi l’un des meilleurs concernant le sens du toucher. Nos mains
ont un lien important avec notre cerveau mais aussi avec notre environnement proche. Nous
avons plus de récepteurs sensoriels dans un doigt que dans notre dos entier.30
Quand nous
touchons quelque chose d’agrĂ©able, notre cerveau libĂšre une hormone appelĂ©e ocytocine qui
nous met dans un Ă©tat de calme et de bien-ĂȘtre31
. Les entreprises, comme Starbucks, comptent sur
cette derniùre et l’utilisent à leur avantage. Selon un article du site Digital Synopsis “How Retail
Stores Use Smell, Touch, Color And Music To Make You Buy Their Products”32
, une personne
est plus susceptible d’acheter un produit avec lequel elle a Ă©tĂ© en contact, ceci augmente aussi
sa confiance en terme de qualité du produit. Chez Starbucks, les produits sont placés vers la
caisse, pour ĂȘtre en exposition, mais surtout pour ĂȘtre plus facilement manipulables. Ce choix
de placement augmente fortement la chance que les produits soient achetés.
Starbucks a réussi à aller au-delà du marketing traditionnel. La marque est arrivée à influencer
nos émotions et notre prise de décision en jouant avec nos cinq sens. Nous pouvons dire, aprÚs
cette analyse, que Starbucks est un expert dans le domaine du marketing sensoriel. Cette chaine
de café est, non seulement connaisseur de cette technique, mais la maßtrise avec succÚs. Tout est
analysĂ© jusqu’au dernier dĂ©tail.
30 Livre Hulten, Bertil, Niklas Broweur, and Marcus Van Dijk. (2009 ) Sensory Marketing. P.
31 Livre Hulten, Bertil, Niklas Broweur, and Marcus Van Dijk. (2009 ) Sensory Marketing. P.
32 Digital Synopsis “How Retail Stores Use Smell, Touch, Color And Music To Make You Buy Their Products”
(2012 - 2015)
30
Le marketing sensoriel est un marketing qui entre dans le monde psychologique du
consommateur. Il affecte la perception, le jugement et le comportement des clients
potentiels. Il se développe de plus en plus aux Etats-Unis. Nous connaissons tous
les marques Coca-Cola et Pepsi: une étude sur le goût de ces boissons a été menée
dans les années 70. Un test de goût a été mis en place pour déterminer laquelle de
ces deux marques avait le meilleur goût. Ce test consistait à boire une boisson de
chaque marque sans savoir laquelle Ă©tait Coca-Cola et laquelle Ă©tait Pepsi. 75% des
personnes ont avoué préférer le goût de Pepsi, alors que sur le marché, Coca-Cola
remportait le prix de la meilleure boisson. Cette étude a bouleversé les croyances
concernant la meilleure boisson: il y a une véritable contradiction entre le goût réel
et les perceptions d’un produit qu’a le consommateur.
Une question se pose alors: Comment la marque Coca-Cola
maßtrise-t-elle le marketing sensoriel sur le marché ?
Les recherches dans ce domaine ont prouvĂ© qu’on double les chances qu’un
consommateur mémorise une marque, si les 5 sens sont utilisés pendant le
marketing. Le marketing sensoriel joue sur le subconscient en utilisant les
5 sens. Ce test est l’exemple parfait pour montrer qu’il y a peut-ĂȘtre une
autre raison de consommer ces produits que le goût.
Coca-Cola maütrise le secteur du marketing sensoriel. Tout d’abord, cette
marque captive visuellement. Les couleurs de Coca-Cola, le rouge et le
blanc, la boisson noire et gazeuse, tout comme leur fameux logo, renforcent
l’image de Coca-Cola. En incorporant ces quatre Ă©lĂ©ments, le consommateur
reconnaßtra instantanément cette marque. Les marques imprimées en
couleur sont beaucoup plus faciles à mémoriser que des marques imprimées
3. Lagrandedistribution Coca-Colaetsonmarketingsensoriel
Source Photo : La Guerra de las Sodas de los 80ÂŽs: COCA COLA vs PEPSI, JORGE JAIME
DAZA RAMIREZ Ago 17, 2013
31
en noir et blanc, d’oĂč l’importance du choix des couleurs. La forme unique de sa bouteille,
crĂ©Ă©e en 1915 par Earl Dean et toujours utilisĂ©e aujourd’hui, permet une reconnaissance
autant visuelle que tactile. Elle se différencie ainsi de ses concurrentes.
Coca-Cola utilise le marketing sensoriel, avec comme point fort, le visuel : une de leurs
stratĂ©gies est la prĂ©sence et la visibilitĂ© de leurs produits, que l’on retrouve de partout. Elle
ne se limite pas qu’à ses boissons. Pour augmenter sa visibilitĂ©, elle crĂ©e des marchandises Ă 
l’effigie de Coca-Cola comme les frigos, les ballons, les serviettes, les tapis, les poubelles, les
sacs de sport, les lampes etc
 De plus Coca-Cola, relie visuellement les fĂȘtes Ă  son image,
le pĂšre NoĂ«l, qui avant Ă©tait vert, s’est transformĂ© en bonhomme aux vĂȘtements rouges
grùce à la puissance de sa campagne en décembre 193133
. Son but Ă©tait alors de rappeler aux
personnes qu’ils pouvaient boire du Coca-Cola pendant toute l’annĂ©e. Coca-Cola a mĂȘme
rĂ©ussi Ă  dĂ©finir la personnalitĂ© du pĂšre Noel : plus qu’un homme gĂ©nĂ©reux, il est devenu
constamment joyeux.
Si on prend l’exemple de la publicitĂ©, certains sens comme le toucher sont extrĂȘmement
difficiles Ă  reproduire. Pourtant le design produit (format) est l’élĂ©ment clĂ© de la marque.
Les consommateurs connaissent et reconnaissent le produit par le toucher et identifient
naturellement la marque. La forme et la texture de la bouteille de Coca-Cola sont ancrées
dans le cerveau des consommateurs. Si les consommateurs arrivent Ă  identifier un produit
uniquement en identifiant sa forme, alors la marque a réussi son marketing sensoriel.
Au niveau du l’ouĂŻe, Coca-Cola utilise le son du bouchon qui se dĂ©visse, le bruit pĂ©tillant
de la boisson et le son émis quand on la boit. Ils ont réussi à incorporer ces bruits dans
tous leurs spots TV, pour que tous ces sons Ă©voquent Coca-Cola aux consommateurs. Les
bruits de Coca-Cola sont Ă©tudiĂ©s et caractĂ©ristiques. De plus, le son lors de l’ouverture d’une
canette de Coca-Cola, a été longuement étudié: ce son, qui se retrouve dans de nombreuses
33 Journey Staff : CocaCola journey : “Coca-Cola and Father Christmas: The Sundblom Santa story”
Source photo : PÚre Noël vert : Site Astroscope me (http://astroscope.me/christmascolour.html)
Source photo : Pùre Noel rouge : Site adbranch, Coca-Cola Santa Claus 1931 – 1949, (http://www.adbranch.com/
coca-cola-santa-claus-1931-1949/)
32
publicitĂ©s, a pour but d’associer la marque Ă  une boisson rafraichissante qui
désaltÚre.
Tout comme le toucher, l’odeur et le goĂ»t de Coca-Cola sont difficiles Ă 
représenter dans les spots TV, cependant la majorité des personnes ont déjà
goĂ»tĂ© ce produit. L’individu peut donc connaitre le goĂ»t unique de Coca-Cola
sans ĂȘtre en contact rĂ©el avec la boisson. Les recherches de l’entreprise Khanna
& Mishra en 2013, ont montré que Coca-Cola est la marque la plus reconnue
par son goût et son image. Son image est tellement ancrée dans la mémoire
des consommateurs qu’il n’a pas besoin de mettre en avant le sens du goĂ»t.
Cettemarqueutilisebienles5senspourĂȘtreunedesmarquesles plus facilementmĂ©morisĂ©es.
Coca-Cola est une entreprise trĂšs puissante, premiĂšre mondiale dans le domaine des
boissons gazeuses: elle dispose d’un budget colossal qui l’aide à garder sa place de leader
mondial en boissons gazeuses34
.
De plus, en s’associant avec d’autres marques mondialement connues, comme McDonalds,
Subway, Dominos Pizza ou bien Burger King, la marque est omniprésente dans de nombreux
fast food ou restaurants : mĂȘme s’il n’entre pas dans un fast food ou un restaurant pour
consommer exclusivement Coca-Cola, le consommateur est en contact avec celle-ci
notamment par la vue. Coca-Cola a rĂ©ussi Ă  s’implanter dans des lieux de consommation
autres que les supermarchés. Coca-Cola est une des rares marques qui est arrivée à se créer
une trĂšs forte notoriĂ©tĂ©, et Ă  ĂȘtre reconnaissable en utilisant un sens spĂ©cifique.
34 The Statistics Portal : Leading 15 most valuable soft drink brands worldwide in 2015, based on brand
value (in million U.S. dollars)
Source Image : istock
Source Image : Logopedia
33
D’autres marques ont choisi d’utiliser le marketing
sensoriel mais de sélectionner certains sens.
Certaines marques ont réussi à utiliser
le marketing sensoriel Ă  leur avantage,
comme M&M’s. Ce bonbon chocolatĂ© n’a
pas une forte odeur, cependant, quand on
rentre dans le grand magasin M&M’s à
Times square, il y a une odeur importante
de chocolat qui est omniprésente dans
le magasin. L’idĂ©e est de faire allusion Ă 
un monde de chocolat, un peu comme le
monde de Willy Wonker dans Charlie et
la chocolaterie. Il est reconnu que le lien
entre la mĂ©moire et l’odorat est plus fort
que celui entre la mémoire et la vue ou
l’ouïe. Une odeur peut davantage nous
rappeler un souvenir et nous Ă©voquer
des Ă©motions. L’idĂ©e principale, avec les
magasinsquidiffusentdesparfumscomme
M&M’s, est que le consommateur rĂ©agisse
à une odeur familiÚre agréable et soit plus
susceptible d’acheter un produit. De la
mĂȘme façon, le chocolat Hershey’s, une
célÚbre marque de chocolat aux Etats-Unis,
a réussi grùce à son marketing sensoriel.
Ce chocolat est fabriqué sous différentes
formes dont les principales sont : la tablette
de chocolat classique et un chocolat
ayant la forme d’une larme, appelĂ© “kiss”.
Commençons par l’odorat, nous savons
que l’odeur dans le marketing sensoriel
a un fort impact sur le comportement du
consommateur. Le chocolat Hershey’s
a rĂ©ussi grĂące Ă  une diffusion d’odeur
par la machine “Scent Air Technology”.
Ils ont utilisé cette technologie dans les
distributeurs automatiques situés vers les
lieux touristiques en Californie : grĂące Ă  la
diffusion de l’odeur du chocolat, Hershey’s
a vendu 300% de chocolat en plus que
les autres produits dans le distributeur
automatique35
.
35 “Retailers, CPG Partners Making Sense
Out Of Sensory Marketing” de   Mike Santos (2004)
Source Image M&M’s: wikia
Source Image kisses : Amazone
Certaines marques ont réussi à utiliser
4.  Le choix de privilégier certains sens
34
Ils sont allés plus loin en utilisant aussi le
toucher et la vue. Dans Journal of Marketing
Research, on parle d’un packaging qui
permet la gourmandise sans culpabilité,
c’est-à-dire de consommer un produit tout
en pensant ĂȘtre raisonnable. Le chocolat kiss
est enveloppé dans un papier aluminium,
il est de petite taille et, mĂȘme si vous en
prenez plusieurs, vous aurez le sentiment de
déguster une gourmandise sans la culpabilité
de grossir. Comme nous venons de l’évoquer,
les chocolats Hershey’s sont enveloppĂ©s
dans de l’aluminium, ce qui est courant
pour les marques de chocolat ou les autres
gourmandises. Quel est l’intĂ©rĂȘt d’utiliser
du papier aluminium dans un packaging
de chocolat ? En utilisant de l’aluminium
comme packaging, le consommateur aura
la sensation d’ouvrir un cadeau chaque
fois qu’il mangera un chocolat kiss. Selon
A. Krishna dans “Journal of Consumer
Psychology” 2011, nous avons tendance à
croire que les aliments provenant des petits
packagings - mĂȘme le chocolat - sont perçus
comme utiles pour la santé. Cependant
les recherches de Wansink & Park, (2000)
montrent qu’il se produit l’effet inverse. Les
petits packagings entrainent un véritable
conflit au niveau de la maĂźtrise de soi. Ceux-
ci induisent la sensation de consommer peu:
le consommateur n’a donc plus besoin de
contrĂŽler la quantitĂ© qu’il grignote. Il mange
donc plus, mĂȘme en plusieurs fois, mais
n’éprouve plus de culpabilitĂ©. Jusqu’oĂč peut-
on dire que les produits comme Hershey’s
chocolate, utilisant volontairement des
petits conditionnements, influencent le
consommateur en crĂ©ant l’illusion de
consommer peu en quantité et en calories ?
35
Suivant la mĂȘme dĂ©marche, on observe un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne autour
de l’alimentation saine. Plus on s’entoure d’ odeurs d’aliments sains
et équilibrés, plus on a envie de consommer des aliments bons pour la
santé; par conséquent, on grossira moins car on consommera moins
d’aliments gras. Cette idĂ©e est un vrai outil de marketing notamment
pour des entreprises comme Slimscents ou Aromapatch, qui relient
l’odeur de leurs produits à une perte de poids. Selon le journal anglais
“Express” et l’article “Smell to make you well” de Lynne Bateson, de
2012, le Docteur Gary E Schwartz, professeur de psychologie, médecine,
neurologie, psychiatrie et chirurgie Ă  l’universitĂ© d’Arizona, explique
que le fait de sentir l’odeur d’une pomme peut entrainer une perte
de poids. Ceux qui font un régime et se privent de certains aliments,
donc rĂ©duisent le nombre de calories qu’ils consomment, finissent par
reprendre du poids quand ils cessent leur régime. Selon Scott, Nowlis,
Mandel, and Morales (2008), les personnes ayant pour but de diminuer
leur quantité de nourriture consomment des produits issus de petits
emballages. Ces personnes consomment en petites quantités mais,
pour satisfaire leur faim, mangent plus souvent. Selon, Scott, Nowlis,
Mandel, and Morales, ces petits produits sont la source d’un conflit
intérieur qui entraine un stress lié à des informations contradictoires.
Les aliments des petits packagings sont “diĂ©tĂ©tiques”, puisqu’il faut
manger de tout en petites quantités, mais aussi trompeurs par rapport
au nombre de calories consommées réellement.
36
Le marketing sensoriel, et particuliĂšrement
le sens de la vue, joue un rĂŽle au
niveau du packaging des produits
alimentaires. Selon “the journal of
market research” de  Raghubir and
Krishna (1999), “l’oeil peut tromper
l’estomac” donc, selon la forme,
l’aspect, les dimensions et les
matériaux utilisés, le packaging
peut avoir une Ă©norme influence
sur la perception du produit. Dans
cet article, on dĂ©crit l’exemple
d’une femme qui commandait des
verres de vins sur une plage : elle
commanda d’abord des petits verres,
puis, finalement, un grand verre. En
consommant sa boisson, elle se rendit
compte qu’elle buvait la mĂȘme quantitĂ©
mĂȘme si le contenant Ă©tait diffĂ©rent. Il y a aussi,
David, un homme qui a dĂ©cidĂ© d’acheter Ă  sa femme
unenouvellecollectiondetassesdethé.Ilaétésurpris
du mécontentement de sa femme qui se plaignait
qu’elle avait l’impression de boire moins de thĂ©, alors
que la contenance des deux tasses, l’ancienne et la
nouvelle, Ă©taient exactement les mĂȘmes. Ces deux
exemples, montrent que, selon la forme, l’aspect, la
dimension etc
 d’un produit, on aura une perception
diffĂ©rente, mĂȘme si les produits ont la mĂȘme fonction
et sont identiques. Un troisiĂšme exemple simple est
représentatif de ce phénomÚne. TrÚs
souvent, lors des fĂȘtes ou des bals,
lorsque de la biĂšre est vendue, deux
tailles de contenants sont proposées
: cependant, lorsqu’on regarde
de plus prĂšs les contenus, on
se rend compte que la quantité
réelle de biÚre diffÚre peu
mais le prix, lui, est vraiment
différent, le plus grand étant
Ă©videmment le plus cher.
Pour pouvoir promouvoir
au mieux un produit, il y a
beaucoup de tests, d’études,
d’expĂ©riences sur les
perceptions de volumes. Les
managers dans les grandes
entreprises doivent faire face
aux concurrents donc doivent
surveiller les aspects de leur
packaging. Par exemple, une brique
en carton ou une bouteille cylindrique de
240ml de jus de fruit, ne sont pas perçus de la
mĂȘme façon. Rares sont les consommateurs en
magasinquicomparentlaquantitĂ©d’unproduit
entre deux marques, ils vont naturellement
opter pour celui qui leur parait le plus grand.
AprĂšs cette premiĂšre dĂ©cision d’achat, le
consommateur aura tendance Ă  racheter le
mĂȘme produit, il est donc primordial d’avoir
un packaging qui attire le consommateur et le
pousse à consommer un produit plutît qu’un
autre36.
36 The journal of market research” de Raghubir
and Krishna (1999) Vol 36, N° 3, P 315
37
Le goût est un des sens le moins utilisé car il est
plus diïŹƒcile Ă  mettre en place. La dĂ©marche la plus
simple est de distribuer un Ă©chantillon du produit
afin que le consommateur puisse le goĂ»ter. Welch’s,
une entreprise américaine fabriquant des produits à
base de raisins (dont des boissons), créée en 1869, est
la premiÚre entreprise à avoir inventé une campagne
appelĂ©e “remove and lick”, une campagne qui
consistait à soulever une bande puis à la lécher. Ce
concept permet une premiĂšre approche sensorielle
du produit en utilisant le goĂ»t. Comme nous l’avons
évoqué dans la premiÚre partie, une personne qui a
dĂ©jĂ  goĂ»tĂ© un produit est plus susceptible de l’acheter
de nouveau37.
37 “Retailers, CPG Partners Making Sense Out Of Sensory Marketing”
de   Mike Santos (2004)
Source photo : Welch : E.C.Kraus, Can I Use Welch’s Grape Juice To Make
Wine?
Source Photo : The food channel “Scratch and Sniff” Becomes “Remove and
Lick”
38
D’autres marques font le choix de privilĂ©gier l’ouĂŻe. Pringles, une marque de chips, a utilisĂ© le
sens auditif pour promouvoir ses produits tout comme Courvoisier Cognac. Les sons entendus
en croquant dans les Pringles n’est pas un hasard, il y a beaucoup de recherches pour que celui-ci
soit efficace. Une expérience a été mise en place avec des personnes portant un casque écoutant
plusieurs sons “croquants” pendant qu’ils mangeaient les chips. Leurs rĂ©ponses au goĂ»t Ă©taient
affectĂ©es par le son croquant qu’ils entendaient pendant qu’ils mangeaient les chips. Courvoisier
Cognac a dĂ©veloppĂ© un programme marketing intitulĂ© : “Le Nez de Courvoisier”,  l’idĂ©e est
d’associer des bandes sonores à la satisfaction de boire un cognac. Donc, un son particulier
peut altĂ©rer la rĂ©alitĂ© et peut changer la perception d’un consommateur sur un produit. Le
produit est alors perçu plus sophistiquĂ© et de meilleure qualitĂ©38. Selon, le “European Journal of
Scientific Research study” dans un marchĂ© 18,3% des consommateurs ont achetĂ© un ou plusieurs
produits avec la prĂ©sence de musique. Quand il n’y avait pas de musique, seulement 10% des
consommateurs ont acheté un ou plusieurs produits39.
Un vendeur de glaces implanté dans un casino Hard
Rock CafĂ© en Floride, n’arrivait pas Ă  vendre beaucoup
de glaces Ă  cause de l’endroit oĂč il Ă©tait situĂ©.
StratĂ©giquement, comme pour le chocolat M&M’s, il
décida alors de diffuser une odeur de cÎne dans tout le
casino : presque instantanément, il eut une véritable
augmentation du nombre de consommateurs et donc
de ses ventes de glaces40.
Toutes ces marques ont fait le choix de s’appuyer spĂ©cifiquement sur un ou plusieurs sens.
Le marketing sensoriel a un fort impact sur le choix du consommateur, ces exemples en sont
la preuve. Sa rĂ©ussite repose sur l’équilibre et le choix de l’utilisation des sens. Des limites
techniques voire éthiques peuvent apparaitre, lorsque ce marketing est mal utilisé.
38 Emma Hall : How Courvoisier and Unilever Manipulate the Senses, 19 Mars, 2013.
39 Optometric management : the smell and sound of success, Should your “vision” of your optical include am-
bient scents and music? - JENNIFER KIRBY, Septembre 2013
40 “Retailers, CPG Partners Making Sense Out Of Sensory Marketing” de   Mike Santos (2004)
39
Nous avons Ă©tudiĂ© jusqu’à prĂ©sent ce qu’est le marketing sensoriel avec des
exemples concrets de son utilisation. Dans cette troisiĂšme partie, nous allons
voir si le marketing sensoriel est seulement une simple stratégie visant à
rendre agrĂ©able l’achat du consommateur pour le fidĂ©liser, ou alors, s’il
s’agit d’une technique visant Ă  influencer, peut-ĂȘtre mĂȘme manipuler le
consommateur en utilisant son inconscient.
L’utilisation des sens peut ĂȘtre trĂšs eïŹƒcace pour sĂ©duire un consom-
mateur, cependant certaines expériences sensorielles ont, au contrai-
re, eu un eïŹ€et nĂ©gatif sur le consommateur.
1. Les obstacles du marketing sensoriel
Source Image : THE SENSES - A PRIMER : Carl Sherman
40
D’autres limites du marketing sensoriel apparaissent avec,
par exemple, une mauvaise utilisation des sons. Selon un
article de Robert Budden, en 2008, Frito-Lay, une marque
de chips amĂ©ricaine a compris l’effet positif que peut
générer le marketing sensoriel sur un consommateur et a
dĂ©cidĂ© de l’appliquer. Ils ont essayĂ© d’associer un son aux
chips de deux façons: ils ont rendu leurs chips plus
croustillantes et ont amplifiĂ© le son de l’ouverture du
paquet pour leur nouveau produit “SunChips”. Le bruit
pendant l’ouverture du paquet Ă©tait tellement fort qu’il
atteignait 105 dĂ©cibels, donc plus fort qu’une moto ou une
tondeuse à gazon. Le produit SunChips a été retiré du
marché deux ans plus tard à cause des plaintes à propos du
bruit que gĂ©nĂ©rait l’ouverture de ces paquets. Il y a mĂȘme
eu une page Facebook qui a été créée à cette époque,
intitulĂ©e : “Sorry but I can’t hear you over this SunChips
bag.”, soit en français : “DĂ©solĂ©, je ne peux pas t’entendre
avec le bruit des SunChips”41.
Le marketing sensoriel peut ĂȘtre trĂšs efficace s’il est bien
réfléchi et bien dosé, cependant il faut faire attention de
ne pas gĂȘner le client ou le consommateur car cela risque
de le repousser au lieu de l’attirer. De plus, il est ensuite
difficile de changer la perception du consommateur qui
associera désormais la marque a un bruit trÚs désagréable.
Non seulement, il n’achùtera plus la marque mais en plus,
cela entrainera une mauvaise publicité.
41 Robert Budden : Sensory ploys and the scent of marketing, June 3,
2013
Baskin Robbins est une marque
de glace américaine, composée
de 31 faveurs (Nous pouvons
voir le chiffre 31 en rose)
a. L’ouïe
Source Image : datemplate : “10 Photos of Cartoon Ears Listening”
Source Image : Showing : “fritolay”
Source Image : Site Frito Lay “Sunchips” 41
En1993,l’agenceappelĂ©eGoodbySilverstein
& Partners devait créer une campagne pour
l’organisation amĂ©ricaine California Milk
Processor Board: cette campagne a été
intitulée Got Milk. Elle avait pour objectif
d’encourager la consommation de lait de
vache. Pour promouvoir leurs produits,
ils ont fait le choix de diffuser l’odeur du
lait et des cookies dans des abribus de San
Francisco : cette idée, qui au premier abord
paraĂźt intĂ©ressante puisqu’il s’agissait
de diffuser des odeurs agrĂ©ables, s’est
révélée négative. Cette campagne a reçu
de nombreuses critiques car les passants
ont estimé que ce coup publicitaire les
encourageait Ă  la suralimentation; de plus,
certaines personnes ont trouvé cette odeur
irrespectueuse vis-Ă -vis des sans-abris, qui
eux, n’avaient pas accùs à ces produits.42
42 “Sensory Marketing Theoretical and Empirical
Grounds” Bertil HultĂ©n ( 2015) - Chapitre 7 “The
sense of smell)
b. Les odeurs
42
Concernant les odeurs, un autre problĂšme peut
apparaĂźtre. Pour les personnes qui souhaitent ou doivent
faire un régime, le marketing sensoriel peut avoir un
impact négatif. Il peut perturber la bonne volonté du
consommateur qui cherche à manger plus équilibré. Le
nombre de personnes en surpoids a augmenté de 857
millions en 1980 à 2 milliards en 2015, c’est-à-dire qu’un
tiers de la population américaine est en surpoids. De
plus, ĂȘtre en surpoids peut entraĂźner de nombreuses
complications au niveau de la santé, en 2010 entre 3 et 4
millions de personnes sont mortes des conséquences de
l’obĂ©sitĂ©43. Les Etats-Unis sont onziĂšmes sur l’échelle
mondiale des populations en surpoids, et cela provient
en grande partie des choix alimentaires.44 Une partie
d’un rĂ©gime est liĂ©e au contrĂŽle de soi or, le fait de
diffuser des odeurs peut tenter un consommateur. Le
but de la marque qui utilise ce procédé est de pousser le
consommateur à acheter un produit qui peut se révéler
néfaste pour sa santé. Les odeurs ne sont pas le seul
facteur de dĂ©cision mais influencent tout de mĂȘme le
consommateur.
43 Harrison Jacobs “The 10 fattest countries in the world” 25
décembre 2014
44 TheRichest “The world’s 15 fattest countries in 2015”, 13 avril
2015
43
Selon Harald Vogt, le fondateur et chef du marketing du Scent
marketing Institut, la partie frontale du cerveau est la partie
qui est responsable de nos prises de décision, et notre sens de
l’odorat est directement liĂ© Ă  cette partie. Vogt Ă©voque les limites
du marketing sensoriel. Selon lui, il y a de multiples limites Ă 
prendre en compte lorsqu’on fait du marketing sensoriel, il
parle surtout de l’odorat. La premiĂšre qu’il Ă©voque est une limite
technique, les machines qui produisent des odeurs spécifiques
pour promouvoir une marque doivent ĂȘtre sur pile, puisque les
rayons dans les grandes surfaces n’ont pas forcĂ©ment de prises
Ă©lectriques disponibles. Il faut aussi faire attention que les lieux
choisisnediffusentpasdemultiplesodeurs,pournepasquecelles-
ci deviennent trop envahissantes et détournent le consommateur.
Le dernier point qu’évoque Harald Vogt, est l’attention qu’il faut
porter aux personnes allergiques et hypersensibles Ă  certaines
odeurs.45
45 Sent marketing Institute, Tracey Pepe, 2011
44
Ces exemples montrent que le marketing sensoriel ne génÚre pas toujours des résultats
positifs, il existe certaines limites. Si on les dépassent, il peut y avoir de graves
consĂ©quences pour une marque. Le marketing sensoriel peut ĂȘtre trĂšs eïŹƒcace, il faut
savoir maütriser les sens à bon escient et ne pas les utiliser n’importe comment. Les
expériences que nous avons étudiées dans ce mémoire nous amÚne à faire quelques
constats :
MĂȘme si l’odorat n’est pas le sens le plus utilisĂ© par les marques, il est celui qui
a le plus d’influence sur le consommateur, Ă  condition de ne pas le dĂ©stabiliser
en créant une image négative avec une odeur qui au départ est agréable mais
pose un problĂšme d’éthique, ou encore en mĂ©langeant plusieurs odeurs dans un
mĂȘme lieu.
L’utilisation de l’ouïe et particuliùrement, le choix de certains sons, peuvent
générer un sentiment agréable au consommateur et lui donner envie de rester
davantage dans un magasin, et donc de consommer plus. Par contre, si le
consommateur se sent stressé voire agressé par le bruit généré par un produit, il
refusera de l’acheter.
Il est possible d’utiliser plusieurs sens en mĂȘme temps, voire les cinq mais il est
essentiel de rĂ©flĂ©chir de façon globale autour d’un produit. Il ne faut pas dissocier
les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments concernant un mĂȘme produit et trouver un Ă©quilibre pour
Ă©viter qu’un des sens domine involontairement voir parasite les autres.
Outre les diïŹƒcultĂ©s que nous venons d’évoquer concernant l’utilisation de l’ouĂŻe
et de l’odorat, un autre procĂ©dĂ© pose question : les messages subliminaux.
45
C. La vue et l’ouïe : les messages subliminaux
Les messages subliminaux sont des
techniques utilisées pour faire passer un
message qui se transmet dans l’inconscient
du consommateursans que le celui-ci en
ait. Il s’agit pour cela d’utiliser de façon
dĂ©tournĂ©e l’ouĂŻe et la vue. Ce procĂ©dĂ© a
été inventé en 1957 par James Vicary. M
Vicary a Ă©mis, lors d’une sĂ©ance de cinĂ©ma,
des images de Coca Cola de maniĂšre trĂšs
rapide pendant le film. Il a aussi Ă©mis des
bruits subtils de popcorns qui craquaient,
en arriĂšre-plan. Les messages subliminaux
se sont montrés trÚs efficaces, et le résultat
de cette expérience est une augmentation
des ventes de 58%.46
Aux Etats-Unis, il n’y a pas de lois
spĂ©cifiques concernant l’utilisation des
messages subliminaux. C’est l’organisation
qui s’occupe de la diffusion des publicitĂ©s
46 Business Insider, “The Shocking Drink And
Incredible Coke History Of Subliminal Advertising”
Dylan love, 26 Mai 2011
qui traite ce sujet, donc l’utilisation des
messages subliminaux est présente dans la
sociĂ©tĂ©amĂ©ricaineaujourd’hui.Cependant,
il est interdit de promouvoir certains
produits comme les cigarettes, les armes
et l’alcool, qui eux, sont un danger pour
le public. Les messages subliminaux sont
autorisés, cependant, ils sont mal perçus
par le consommateur car ils sont utilisés à
son insu. En 2007, sur une chaßne dédiée
à la nourriture, lors de la diffusion d’un
Ă©pisode de “Iron Chef America”, le logo
McDonalds est apparu en tant que message
subliminal. Malgré les preuves (visionnage
au ralenti), McDonalds a nié toute
utilisation de messages subliminaux47. Les
entreprises cherchent donc Ă  les utiliser
mais préÚrent cacher cette démarche
commerciale au public.
47 Mental_floss, “7 sneaky Subliminal Messages
Hidden in Ads” Jake Rossen, 12/08/2015
Dominic Green, 11 mai, 2013
46
Certains logos trĂšs connus contiennent des messages subliminaux, que les
consommateurs se sont habitués à cÎtoyer:
Baskin Robbins est une
marque de glace américaine,
composée de 31 saveurs
(Nous pouvons voir le
chiffre 31 en rose)
FedEx, entre le E et X, il
y a la forme d’une flùche.
Amazon, un site dans lequel
on retrouve tout ce dont on a
besoin, de A Ă  Z
Certains messages subliminaux sont faciles à décrypter et le consommateur
ne s’en offense pas, il peut mĂȘme parfois s’amuser Ă  le dĂ©couvrir ce qui est
positif pour la marque. Le problĂšme se pose lorsque, pour promouvoir
un produit, on utilise des techniques beaucoup plus perfectionnées,
comme des images ultra-rapides, dans le but de toucher l’inconscient du
consommateur.
Certains pays - comme la France, l’Australie ou l’Angleterre - interdisent
toutes formes de messages subliminaux  ; leur utilisation entraßne des
sanctions sévÚres.
Au contraire, aux Etats-Unis, les annonceurs ont une libertĂ© d’action
beaucoup plus grande et n’hĂ©sitent pas Ă  Ă©tudier de plus prĂšs les rĂ©actions
(conscientes et inconscientes) des consommateurs face Ă  la stimulation
de leurs sens. L’étude de l’activitĂ© cĂ©rĂ©brale des consommateurs et son
utilisation « marketing », autrement dit le « neuromarketing », semblent
permettre aux marques de repousser les limites de leur marketing sensoriel.
Source photos (BR, Amazone) : Business Insider, “15 Corporate Logos That Contain Subliminal Messag-
ing”, Dominic Green, 11 mai, 2013
Source photo (Fedex) : Hubspot, 8 Ads With Subliminal Messages You’ve Probably Missed, 22 janvier 2015
47
2. La contribution du neuromarketing
Si l’on est familier de l’utilisation d’études cĂ©rĂ©brales Ă  des fins mĂ©dicales, nous le sommes
moins avec l’exploitation d’études de ce type Ă  des fins marketings, pourtant bien connue
des grandes entreprises : le neuromarketing. Selon le site e-marketing, le neuromarketing
est dĂ©fini comme une “dĂ©clinaison du marketing qui met Ă  profit l’ensemble des
disciplines des neurosciences pour mieux comprendre l’attitude et le comportement
du consommateur. L’objectif est de dĂ©crypter le ou les liens qui existent entre l’activitĂ©
cĂ©rĂ©brale et la cognition.”48.
S’il est interdit dans certains pays comme la France, nous allons voir comment l’étude de
notre cerveau peut aider les annonceurs nord-américains dans leur stratégie de marketing
sensoriel.
48 Emarketing, “Neuromarketing”
48
C’est aux Etats-Unis qu’a Ă©tĂ© conduite
une des plus grosses Ă©tudes de neuro
marketing, menée par Martin Linstrom. Ce
danois a écrit de multiples livres et mené
de nombreuses Ă©tudes sur le comportement
d’achats des consommateurs.
Un des livres les plus vendus de Martin
Lindstrom est : buy.ology, truth and lies
about why we buy. Il a travaillé pour de
nombreuses entreprises et a aidé à mettre
en valeur de multiples marques.
M Lindstrom a dépensé, sur trois ans, plus
de 7 millions de dollars pour analyser et
découvrir, grùce au neuro marketing, les
facteurs qui font acheter un produit. Une
des Ă©tudes que cet homme a conduite avait
pour thÚme les cigarettes et les désirs des
fumeurs.
Trente-deux personnes, provenant du
monde entier, se sont portées volontaires
pourparticiperàsesrecherches.Ilabaséson
étude sur les images apposées aux paquets
de cigarettes : en effet, dans de nombreux
pays comme l’Australie, le Canada ou les
Etats-Unis, apparaissent obligatoirement
des images montrant les dégùts que les
cigarettes peuvent entraĂźner. On voit des
images de dents en train de tomber, ou des
pieds rongés
 M. Lindstrom a utilisé ces
images pour analyser le comportement
des consommateurs. Il a tout d’abord posĂ©
des questions concernant ces paquets
sans analyse du cerveau, afin d’obtenir
une réponse rationnelle et consciente
du consommateur. Avec les meilleurs
équipements et les machines adaptés aux
a. Les rĂ©actions du cerveau face Ă  l’image
Source photo : Amazone
49
Ă©tudes de neuromarketing, il a ensuite
analysé les réactions du cerveau, à la vue de
ce paquet. Le but de cette manƓuvre Ă©tait
de déterminer les réactions inconscientes
des consommateurs et de voir la différence
entre les réponses conscientes et les
réactions inconscientes du cerveau.
M. Lindstrom a interrogé une patiente,
Marlene, fumeuse depuis 15 ans. Il lui a
posĂ© les questions suivantes : “Etes-vous
affectĂ©e par les packagings des cigarettes?”,
“Est-ce que vous fumez moins lorsque
les packagings vous montrent les effets
nĂ©gatifs de la cigarette ?” La rĂ©ponse Ă  ces
deux questions Ă©tait “Oui !”. Les rĂ©ponses
de cette volontaire Ă©taient logiques et
rationnelles par rapport aux images
visionnées, cependant, Martin Linstrom,
a choisi de faire des tests de neuro
marketing pour savoir ce qui se cache
dans l’inconscient du consommateur et le
pousse Ă  tout de mĂȘme acheter ces paquets
de cigarettes. AprÚs les tests effectués à
l’aide d’images du cerveau, il a obtenu des
résultats choquants : les tests ont montré
quelespackagingsdecigarettesn’ontaucun
effet réel sur le consommateur, et plus que
cela, augmente son envie de cigarettes.
Donc, notre ressenti conscient par rapport
à un produit ne détermine pas notre désir
d’achat. Il explique dans son livre que nos
Ă©motions obscurcissent notre jugement,
consciemment ou inconsciemment, et
que malgré ce que nous pensons, nous ne
sommes pas rationnels lorsque que nous
achetons un produit.
D’aprùs un article de ISPO news49, nous
avons environ 10 000 pensées chaque jour
49 Susanne Riesselmann, “90 Percent Of All
Purchasing Decisions Are Made Subconsciously” 2016
qui sont dirigées vers les achats que nous
faisons : 90% de nos actes d’achat sont
inconscients. Martin Lindstrom50, une de
leurs rĂ©fĂ©rences dans l’article, explique
qu’aux Etats-Unis, le neuromarketing est
essentiel avant le lancement d’un produit
sur le marché. (Cf : Annexe 2)
Du point de vue du marketing sensoriel et
de l’utilisation de la vue, on peut penser
qu’apposer des images affreuses sur des
paquets de cigarettes a pour but d’aider le
fumeur Ă  s’arrĂȘter. Or, lorsque l’on utilise
l’étude de neuromarketing de Martin
Lindstrom, non seulement on découvre que
cela ne fonctionne pas, mais ce procédé a
mĂȘme l’effet inverse sur le consommateur.
Le neuromarketing sert Ă  comprendre les
rĂ©actions cĂ©rĂ©brales d’un consommateur
par rapport Ă  la publicitĂ© d’un produit. Il
permet d’avoir accĂšs Ă  des donnĂ©es dont
mĂȘme le consommateur n’a mĂȘme pas
conscience. Jusqu’oĂč peut-on utiliser ses
données ?
50 MartinLindstrom,célÚbreécrivaindanois,auteuret
Time magazine influent 100 Honoree, mené une expérience
de marketing de 3 millions de dollars, il a Ă©crit les livres
comme : “Buyology - Truth and Lies About Why We Buy”,
“Brandwashed - Tricks Companies Use to Manipulate Our
Minds and Persuade Us to Buy”
“Nos Ă©motions
obscurcissent
notre jugement”
50
Des scientifiques de l’institut Max Planck, spĂ©cialistes des connections cĂ©rĂ©brales, ont dĂ©montrĂ© que
nos prises de dĂ©cisions se forment avant que nous en ayons conscience. L’étude qu’ils ont menĂ©e
consistait à prendre des personnes et mettre un buzzer devant eux : les participants pouvaient décider
librement sur quel bouton appuyer avec leur main gauche ou leur main droite. Le but de cette Ă©tude
Ă©tait de dĂ©terminer le dĂ©calage entre le moment oĂč le cerveau rĂ©agissait Ă  la question et le moment
oĂč le participant pensait faire le choix. Pour prouver ce dĂ©calage, les spĂ©cialistes ont analysĂ©, grĂące
Ă  l’imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique fonctionnelle (IRM), le cerveau des personnes volontaires.
Ils voulaient vĂ©rifier s’ils pouvaient prĂ©dire quelle main les cobayes allaient utiliser. Les rĂ©sultats ont
montrĂ© qu’en “surveillant les micro-tendances de l’activitĂ© dans le cortex frontopolaire”, on pouvait
savoir sept secondes à l’avance la main que les personnes allaient choisir. L’auteur John Dylan
Haynes et les neuro-scientifiques de l’Institut Max Planck ont expliquĂ© que, d’aprĂšs cette Ă©tude, nos
prises de dĂ©cisions sont fortement influencĂ©es par l’activitĂ© de notre cerveau et qu’il y a un dĂ©calage
de temps entre la prise de dĂ©cision inconsciente et l’acte conscient51.
D’aprĂšs cette expĂ©rience, notre inconscient fait que nous choisissons un objet plutĂŽt qu’un autre.
Donc, sommes-nous libres de choisir en toute liberté ce que nous voulons acheter ?
51 Chun Siong Soon, Marcel Brass, Hans-Jochen Heinze & John-Dylan Haynes, “Unconscious Determinants of Free
Decisions in the Human Brain.” Nature Neuroscience, April 13th, 2008.
b. Le cerveau et la prise de décision
51
Dans l’article de IPSO news, que nous avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, George Loewenstein52
explique que notre cerveau est conduit par nos émotions et que cela entraine des décisions
inconscientes : les marques comme CocaCola, qui savent utiliser ces Ă©motions sont
toujours plus eïŹƒcaces que les autres. Il s’agit d’utiliser les donnĂ©es recueillies au cours
d’expĂ©riences menĂ©es par le neuro-marketing pour savoir comment dĂ©velopper les sens
en marketing sensoriel : les deux formes de marketing ne sont pas toujours associées mais
elles peuvent parfaitement se complĂ©ter. Sa thĂ©orie est renforcĂ©e par l’exemple d’un jeune
homme appelĂ© Elliot, un avocat qui a rĂ©ussi mais a dĂ» renoncer Ă  sa carriĂšre Ă  cause d’une
tumeur cérébrale. Cette tumeur a détruit la personnalité de ce jeune homme et a affecté
sa prise de décision : il était devenu incapable de choisir une chaßne de radio ou quel stylo
utiliser pour écrire, cependant son Q.I restait inchangé. Un psychiatre a diagnostiqué
alors une personnalité sans émotion, Elliot ne pouvait plus ressentir la joie, la tristesse ou
la colÚre mais, plus que cela, il ne pouvait plus prendre la moindre décision.
Le neuromarketing permet ainsi de comprendre la façon dont le cerveau humain
fonctionne par rapport aux actes d’achat. Il est intĂ©ressant pour les marques de recueillir
ces données afin de mieux orienter leur campagne marketing, en sollicitant de maniÚre
optimale les sens de leurs consommateurs. Les limites du marketing sensoriel ainsi
repoussées, les annonceurs proposent alors des expériences de consommation encore plus
« personnalisĂ©es ». Cela est-il faisable sans un problĂšme d’éthique ?
52 GeorgeLoewenstein,Ph.D.:del’universitĂ©deYale,Professeurd’Economicsetdepsychologie,Directeurdel’économie
comportementale au Centre d’ incitations Ă  la santĂ© de l’Institut Leonard Davis Ă  l’UniversitĂ© de Pennsylvanie. 52
Tout d’abord, il semble pertinent et
important de distinguer ces deux notions
afin de bien comprendre la puissance du
marketing sensoriel. Selon le dictionnaire
Larousse, l’influence est dĂ©finie comme
le “pouvoir social et politique de
quelqu’un, d’ungroupequiluipermetd’agir
sur le cours des événements, des prises de
dĂ©cisions etc
”, alors que la manipulation
est dĂ©finie comme “action d’orienter la
conduite de quelqu’un, d’un groupe dans le
sens qu’on dĂ©sire et sans qu’ils s’en rendent
compte”. Dans le premier cas, l’individu
prend ses propres décisions en fonction de
ses convictions ou de ses envies, dans le
deuxiùme cas, la personne n’est plus libre
de choisir car on oriente ses décisions sans
mĂȘme qu’elle s’en rende compte.
Nous savons jusqu’à prĂ©sent que le
marketing sensoriel est une sorte de
marketing qui fait appel Ă  nos cinq sens
pour promouvoir une marque.  Les sens
créent un lien entre le consommateur et
une marque et fidélisent les clients grùce à
des liens émotionnels forts.  Les marques
peuvent créer ces liens dans le but de
séduire un consommateur et influencer ses
sentiments et son comportement.
3.Lemarketingsensoriel:influenceou manipulation
Source photo : Ă©tat du monde, Ă©tat d’ĂȘtre, Science du contrĂŽle, PubliĂ©
le 7 Jan, 2015
De plus en plus d’entreprises se dirigent vers
ces nouvelles méthodes pour vendre leurs
produits ou leurs services. En choisissant
des parfums, des sons et des textures de
matériaux spécifiques à leur marque, les
entreprises créent des expériences uniques
mémorables pour le consommateur. Il est
important pour les marques de trouver de
nouvelles façons de construire des liens
plus solides avec leurs clients et de devenir
la préférence de ces derniers. Les moyens
traditionnels de promouvoir les produits et
les services ne suffisent plus, il est devenu
essentiel aujourd’hui de se dĂ©marquer de ses
concurrents. Le marketing sensoriel est un
excellent moyen d’aller dans ce sens.
De plus en plus de marques ont adopté
l’utilisation du marketing sensoriel, il n’est
pas Ă©tonnant que 35% des 500 plus grandes
marques au monde utilise une stratégie basée
sur le marketing sensoriel53.
Les sens rappellent ce qu’il y a de plus primitif
chez l’homme, donc l’utilisation des sens est
trĂšs efficace pour attirer un consommateur.
La façon de consommer a fortement évolué
depuis quelques années, les entreprises
cherchent avant tout à mettre sur le marché
53	 Tambo, The Five Senses of Hotel Marketing, 27
juillet 2015
Source photo : the outlaw, 17 avril 2016 “manipulation 3 2 1...”
53
des produits de qualitĂ©. Cela commence par la crĂ©ation d’un packaging qui attire l’oeil pour ĂȘtre
susceptible d’ĂȘtre achetĂ©. Aujourd’hui, on utilise le terme “le moment de vĂ©ritĂ©â€ c’est-Ă -dire que la
prĂ©sentation influence la dĂ©cision d’achat au moment oĂč le consommateur est devant le produit. Il
existe, de nos jours, dans les entreprises, des postes de travail spécialisés sur cet aspect du produit.
Le marketing sensoriel a pour premier but de rendre agréable et attractif un produit ou un lieu.
Prenons, par exemple, Starbucks, CocaCola, M&M’s ou mĂȘme le chocolat Hershey’s etc
 Plus un
lieu ou un produit est agrĂ©able au niveau des sens : l’ouĂŻe, l’odorat, la vue, le goĂ»t et le toucher, plus
on a envie, soit de rester dans un magasin pour l’explorer, soit d’acheter un produit spĂ©cifique. Oui,
la sollicitation de nos sens a un impact sur notre inconscient mais, Ă  mon avis, le marketing sensoriel
est une stratégie qui est acceptée, voire attendue, par les consommateurs. Pour confirmer mon
hypothĂšse, j’ai dĂ©cidĂ© de faire un sondage en anglais et en français, et de le publier sur les rĂ©seaux
sociaux et de l’envoyer par mail. Dans ce sondage, on retrouve des questions liĂ©es au marketing
sensoriel (Cf : Annexes 4 et 5). Il y a eu plus de 73 personnes qui ont participé au sondage en français.
D’aprĂšs ce sondage, il ressort que, la majoritĂ© des personnes trouvent que le marketing sensoriel est
agrĂ©able. Par exemple, lorsque que j’ai posĂ© la question : “Lorsque vous rentrez dans un magasin ou
lorsque vous passez devant un magasin, cela vous dĂ©range-t-il qu’il y ait une odeur agrĂ©able, mĂȘme
si elle est diffusĂ©e ?”, 80,8% des personnes ont rĂ©pondu que : “non cela ne les dĂ©rangeait pas”.
54
Cette stratégie, qui consiste à promouvoir par le
marketing sensoriel, est choisie par de nombreuses
entreprises. De plus, le fait que celles-ci confirment
son utilisation au lieu de la cacher comme pour les
messages subliminaux, est trÚs efficace et dérange
beaucoup moins les consommateurs.
Il existe cependant de nombreux dĂ©bats sur l’influence
du marketing sensoriel concernant notamment
l’utilisation de l’odorat. Par exemple, aux Etats-
Unis, la Commission Fédérale de Communication
estime qu’il n’est pas Ă©thique de transmettre
aux consommateurs des informations dont il n’a
pas conscience. Selon Bradford, “scent could be
introduced to the environment at a level lower than
what consumers could possibly detect, and it would
still affect their emotions. Consumers should be able
to detect the things that are influencing them.” Cela
signifie que si le consommateur ne peut pas détecter
certainesodeurs,ilestinfluencĂ©sansmĂȘmes’enrendre
compte, ce qui correspond quasiment à la définition
de la manipulation. Cependant, malgrĂ© l’utilisation
implicite du cortex frontal de son cerveau, la partie
qui dĂ©termine ses Ă©motions, le consommateur n’est
pas contre le fait de sentir une odeur, si elle lui plait.
On se trouve lĂ , sur la frontiĂšre de plus en plus mince,
entre l’influence et la manipulation.
De plus, nous vivons aujourd’hui dans une sociĂ©tĂ©
oĂč la forte concurrence nous pousse Ă  exploiter des
domaines nouveaux comme l’odorat qui incite à
l’achat d’un produit. Globalement, l’utilisation des
sens plait aux consommateurs.
De façon générale, le marketing sensoriel est un
excellent moyen de promouvoir un produit ou un
service, ce n’est pas de la manipulation. D’aprùs
mes recherches, il n’y a aucun pays qui interdit
le marketing sensoriel; au contraire, il est mĂȘme
fortement conseillé pour augmenter son chiffre
d’affaires, contrairement au neuromarketing et aux
messages subliminaux.
Nos Ă©motions sont Ă  l’origine d’une
grandepartiedenosdĂ©cisionsd’achat
: 95% de nos décisions sont
inconscientes et seulement 5%
sont conscientes.
55
PendantnosprisesdedĂ©cisionslorsd’unachat,ilexistedemultiplesfacteursquivontnousinfluencer,
tels que notre culture, nos croyances, notre mémoire et nos expériences récentes ou passées. Une
bonne odeur dans un magasin, par exemple, peut augmenter de 38% les achats impulsifs, car cela
crée une bonne ambiance et les consommateurs restent plus longtemps54.
Au niveau de l’éthique, beaucoup de professionnels du marketing vont donc rĂ©fĂ©rencer le marketing
sensoriel comme un moyen d’embellir l’expĂ©rience du consommateur.
Le marketing sensoriel n’a pas pour objectif principal de jouer avec l’inconscient pour manipuler un
consommateur. C’est la raison pour laquelle il y a trùs peu de controverses à ce sujet, contrairement
aux messages subliminaux ou au neuromarketing, qui eux, ont pour prioritĂ© d’utiliser l’inconscient
pour provoquer l’achat.
Je pense que le marketing des marques dans l’industrie alimentaire aux Etats-Unis, ou ailleurs, va
encore Ă©voluer et que le marketing sensoriel va jouer une place de plus en plus grande. De plus,
les technologies évoluent et sont de plus en plus performantes. Ceci permet aux spécialistes de
développer un marketing sensoriel encore plus impactant.
54 Emission : France 5 : quotidienne MARKETING OLFACTIF : Associer une odeur à une marque pour
stimuler l’acte d’achat - 11/06/2014 56
L’évolution de nos sociĂ©tĂ©s a poussĂ© les professionnels du marketing Ă  modifier et amĂ©liorer
leurs techniques pour influencer les consommateurs dans leurs actes d’achats. Nous avons pu
voir que les attentes de ces derniers ont aussi évolué. En effet, si au début du siÚcle dernier,
nous consommions avant tout pour des besoins primaires, cela est bien diffĂ©rent aujourd’hui
: notre consommation est dĂ©sormais conditionnĂ©e par d’autres Ă©lĂ©ments et le marketing
sensoriel est une technique qui permet de toucher différemment le consommateur. Il permet,
à une entreprise, de se distinguer de ses concurrents et d’augmenter les chances pour un
produit ou un service, d’ĂȘtre ancrĂ© dans la mĂ©moire des consommateurs. Il augmente aussi les
chances d’achat et de rĂ©-achat. Nombreuses sont les marques qui ont adoptĂ© son utilisation et
ont rĂ©ussi grĂące Ă  celui-ci. Il est Ă©vident qu’une bonne utilisation du marketing sensoriel est
nĂ©cessaire : les cinq sens, s’ils sont maniĂ©s correctement, peuvent avoir une influence positive
sur le consommateur. Il est aussi essentiel de respecter le bien-ĂȘtre de ce dernier pour espĂ©rer
le fidéliser.
TrÚs utilisé aux Etats-Unis sous différentes formes, en jouant sur un sens ou plusieurs, ce
procĂ©dĂ© influence fortement le consommateur. MĂȘme s’il peut prĂȘter Ă  discussion, le marketing
sensoriel reste tout de mĂȘme une technique d’influence «  acceptĂ©e  » par la plupart des
consommateurs car elle leur propose des expériences de consommation agréables répondant
à des besoins de reconnaissance et d’appartenance.
Les recherches effectuées sur le thÚme du marketing sensoriel vont de plus en plus loin et
restent, pour le moment, encadrées. Nous pouvons cependant craindre certaines dérives avec
une limite de plus en plus fine entre influence et manipulation.
Les annonceurs vont-ils trop loin dans leurs stratégies marketing ? Vendre un produit
ou un service justifie-t-il la pratique de techniques aussi intrusives et sournoises que le
neuromarketing ou les messages subliminaux ?
57
Ouvrages
Livre Hulten, Bertil, Niklas Broweur, and Marcus Van Dijk. Sensory Marketing 2009
Lindstrom, Martin. BRAND sense Build Powerful Brands through Touch, Taste, Smell, Sight, and Sound
2005
James Hammond, Branding your business the sweet smell of brand success 2011, chapitre 10, p135 -136
Kotler P. , Atmospherics as a marketing tool - Journal of Retailing, 1973, p. 49
Connie Pheiff , Marketing Masters 2015, Chapitre 2 , Page 4
Bertil Hultén Sensory Marketing Theoretical and Empirical Grounds ( 2015) - Chapitre 7 The sense of
smell
Aradhna Krishna Sensory Marketing Research on the sensuality of products - Chapitre 6 “Scent
Marketing” Chapitre 6 - p76
Martin Lindstrom “Buyology, truth and lies about what we buy”, October 21, 2008
Michael D. Solomon, Donna Heckler, Brian D, The truth about successful entrepreneurship, chapitre : 2
truth 2 : design it and they will come, 2010
Articles
Magazine Adweek, “Something in the air” , Robert Klara, 5 mars 2012
Business Insider, Meredith Lepore, “15 Facts About Starbucks That Will Blow Your Mind, Article”,, 15
Mars 2011*
Leatrice Eiseman, “Impact of colours on consumer purchase behaviour”, April 17, 2000*
Jake Rossen, Mental_floss, “7 sneaky sSubliminal Messages Hidden in Ads” 12/08/2015
Business Insider, “The Shocking Drink And Incredible Coke History Of Subliminal Advertising” Dylan
love 26 Mai 2011
Chun Siong Soon, Marcel Brass, Hans-Jochen Heinze & John-Dylan Haynes, “Unconscious Determinants
of Free Decisions in the Human Brain.” Nature Neuroscience, April 13th, 2008.
Murray , Psychology Today, “How Ă©motions influence what we buy” 26 FĂ©vrier 2013
Emma Hall : How Courvoisier and Unilever Manipulate the Senses, 19 Mars, 2013
58
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Memoire

  • 1. MĂ©moire de Tarja Chouvin ISCPA LYON Bachelor de Communication 2016 Tuteur de mĂ©moire : Emilie BERNDT La vĂ©ritĂ© DerriĂšre le Marketing Sensoriel Marketing
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  • 3. Les opinions exprimĂ©es dans ce mĂ©moire sont propres Ă  leur auteur et n’engagent pas l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en- Provence, ni l’ISCPA, ni toute autre structure pouvant ĂȘtre mentionnĂ©e.
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  • 5. Remerciements Je tiens tout d’abord Ă  remercier ma tutrice de mĂ©moire Mme Emilie BERNDT, pour le temps et l’aide qu’elle m’a apportĂ©s. Elle m’a permis, tout au long de cette annĂ©e scolaire, d’évoluer dans ma rĂ©ïŹ‚exion et de construire petit Ă  petit ce mĂ©moire. Elle a suivi mon travail et m’a aidĂ©e Ă  dĂ©velopper mes idĂ©es. Je remercie Ă©galement, Gaelle Liange, une personne qui, depuis mes 14 ans, m’a enseignĂ© et aidĂ© Ă  lire, Ă©crire et parler la langue française, je la remercie Ă©galement pour son aide apportĂ©e pendant ce mĂ©moire. Je souhaite aussi remercier mon pĂšre AndrĂ© Chouvin, chef au restaurant le Tilia, pour avoir travaillĂ© de longues heures aïŹn de payer ma scolaritĂ©, je le remercie surtout pour avoir cru en moi et de m’avoir soutenue dans mes choix. Je remercie Ă©galement, ma tante, Marie-Jo Chouvin, qui a donnĂ© beaucoup de son temps pour ce mĂ©moire, notamment pour l’imprimer. Je remercie, Simone Fournel, qui a pris le temps de corriger ce mĂ©moire. Pour terminer, je tiens Ă  remercier tous les enseignants Ă  l’ISCPA, pour nous avoir formĂ©s durant ces trois annĂ©es et de nous avoir soutenus dans l’objectif de rĂ©ussir notre Bachelor. Je remercie tout particuliĂšrement Didier Lavanant, qui a pris le temps de rĂ©pondre Ă  toutes nos questions liĂ©es Ă  la rĂ©alisation de notre mĂ©moire.
  • 6. ProblĂ©matique : Aujourd’hui, aux USA, dans quelle mesure le marketing sensoriel utilisĂ© par les marques alimentaires inïŹ‚uence-t-il les consommateurs ?
  • 7. Introduction p.8 p.57ConclusionConclusion p.58 p.63 Sommaire Bibliographie Table des annexes A B C Du marketing au marketing sensoriel (p10) 1. Le marketing traditionnel.......................................................................p.10 2. L’évolution du consommateur.................................................................p.12 3. Evolution du marketing : le marketing sensoriel....................................p.14 4. L’importance des 5 sens.........................................................................p.16 5. Quel est l’utilitĂ© de faire du marketing sensoriel pour une entreprise...p.22 Le marketing sensoriel des marques alimentaires aux USA (p24) Les limites du marketing sensoriel (p40) 1. Les obstacles du marketing sensoriel............................................p.40 2. La contribution du neuromarketing...............................................p.48 3. Le marketing sensoriel : inïŹ‚uence ou manipulation.......................p.53 1. Les recherches de Charles Spence.................................................p.25 2. La restauration : Starbucks et son marketing sensoriel..................p.27 2. La grande distribution : Coca-Cola et son marketing sensoriel......p.31 3. Le choix de privilĂ©gier certains sens..............................................p.34
  • 8. “Si vous le pouvez, soyez premier. Si vous ne le pouvez pas, crĂ©ez un nouveau crĂ©neau dans lequel vous pouvez ĂȘtre le premier” Cette citation de “l’Association Marocaine du Marketing et de la Communication - AMMC Maroc”1 , reflĂšte la compĂ©tition qui existe dans le commerce aujourd’hui, il est donc fondamental de se distinguer de ses concurrents notamment par le marketing et l’innovation. 1 Citation : AMMC Maroc de Al Ries, 26 Novembre 2013 Attirer le client est devenu aujourd’hui un vĂ©ritable dĂ©fi pour les entreprises. Seulement, de nombreux changements Ă©conomiques (mondialisation, concurrence, crise) ont aussi modifiĂ© le comportement du consommateur. Avec une nouvelle notion de la concurrence et l’arrivĂ©e de la crise, les mĂ©thodes de promotions traditionnelles ne suffisent plus. L’entreprise se doit aujourd’hui d’atteindre le consommateur par tous les moyens. Un nouveau type de marketing s’est ainsi dĂ©veloppĂ© : le marketing sensoriel. Mais, qu’est-ce-que le marketing sensoriel ? La dĂ©finition officielle de l’encyclopĂ©die illustrĂ©e du marketing est : “Le marketing sensoriel regroupe l’ensemble des techniques marketing visant Ă  utiliser un ou plusieurs des 5 sens pour favoriser l’achat d’un produit ou service.”2 C’est donc un moyen d’attirer le client en utilisant ce qu’il y a de plus intime et de plus important chez lui : ses sens. Ce n’est plus ici son cerveau et sa raison qui sont sollicitĂ©s mais ses dĂ©sirs inconscients et ses instincts les plus primitifs . Depuis sa naissance, le marketing sensoriel ne cesse d’évoluer. Les promoteurs ne sont jamais en manque de crĂ©ativitĂ©, et aujourd’hui, un ou plusieurs sens sont sollicitĂ©s dans les publicitĂ©s. Lastimulationdes5sensauntrĂšsfortimpactsurl’inconscientduconsommateur.AufildesdĂ©cennies, le pouvoir du marketing sensoriel est de plus en plus reconnu : les entreprises comprennent que l’inconscient de l’homme joue un rĂŽle essentiel et peut ĂȘtre utilisĂ© pour le pousser Ă  consommer. Elle cherche alors la meilleure façon d’influencer le consommateur, voire peut-ĂȘtre de le manipuler. 2 Ecrit par B.Bathelot, le 11 juillet 2015. Glossaires : 1001 Marketing | Marketing point de vente 8
  • 9. Le consommateur fait-il librement ses choix ? Les Etats-Unis Ă©tant les plus grands utilisateurs du marketing sensoriel, nous allons nous concentrer sur ce pays qui manie le marketing sensoriel avec excellence. ComparĂ© Ă  de nombreux pays comme la France ou l’Australie, c’est un pays oĂč il y a une forte flexibilitĂ© au niveau des possibilitĂ©s de marketing. Il est connu pour pousser les limites et tendre vers le grandiose : les messages subliminaux et le neuro-marketing sont lĂ©gaux dans ce pays. De plus, les plus grandes marques au monde proviennent de ce pays (Nike, Apple, Starbucks, McDonalds etc
). De trĂšs nombreux articles paraissent rĂ©guliĂšrement sur le marketing sensoriel ; les recherches, quant Ă  elles, Ă©voluent constamment. L’alimentation est un des secteurs oĂč il y a beaucoup d’exemples et d’abondantes Ă©tudes concernant le marketing sensoriel. En effet, les publicitaires utilisent frĂ©quemment un ou plusieurs sens, voire les cinq, pour impulser l’achat d’un produit ou d’un service. De nombreuses marques utilisent le marketing sensoriel pour promouvoir les produits alimentaires aux Etats-Unis : dans quelle mesure influence-t-elle le consommateur ? Nous nous intĂ©resserons d’abord au passage du marketing traditionnel au marketing sensoriel, puis aux grandes entreprises utilisatrices de ce type de marketing. Pour terminer ce mĂ©moire, nous verrons si le marketing sensoriel est un simple moyen de promouvoir ou une technique pour influencer voire manipuler le consommateur. 9
  • 10. Il semble pertinent de dĂ©buter ce mĂ©moire en expliquant les bases du marketing traditionnel afin de voir la façon dont il a Ă©voluĂ©. Il est aussi important de s’intĂ©resser Ă  l’évolution du consommateur car il y a une corrĂ©lation directe entre ses besoins et l’application du marketing. Les changements en termes de consommation ont entrainĂ© un nouveau type de marketing : le marketing sensoriel, dans lequel les cinq sens tiennent un rĂŽle essentiel. Aujourd’hui, le marketing sensoriel est un outil intĂ©ressant utilisĂ© par les entreprises : il joue un rĂŽle de plus en plus important et est en plein essor. 1. Le Marketing traditionnel Le marketing traditionnel est un ensemble d’actions et de moyens mis en place pour mettre le produit ou le service dans les mains d’un client potentiel. Les objectifs du marketing traditionnel sont de promouvoir un produit ou un service pour attirer des clients potentiels et inciter Ă  l’achat. “Pourquoi le client va-t-il choisir un produit ou un service plutĂŽt qu’un autre?” Les entreprises ont tendance Ă  avoir une vision limitĂ©e du marketing, mais le marketing est un ensemble d’élĂ©ments: c’est tout ce qu’un consommateur va rencontrer avant d’ĂȘtre en contact avec le produit. Le marketing traditionnel est l’utilisation des : prix, packaging, relation presse, distribution, visuels partagĂ©s, radio, tĂ©lĂ©vision, affichage, tĂ©lĂ©phone, etc
 Il s’agit de se faire connaĂźtre, promouvoir et pousser Ă  acheter un produit. Le marketing imprimĂ© est la plus ancienne des formes, cette stratĂ©gie a mĂȘme Ă©tĂ© utilisĂ©e dĂšs les temps les plus anciens, quand les Egyptiens crĂ©aient des ventes et des affiches sur des papyrus. Le marketing sous forme papier, que l’on envoie directement, tels que, les cartes postales, les brochures, les lettres, les catalogues, les dĂ©pliants, a beaucoup Ă©tĂ© utilisĂ© pour attirer le consommateur: les plus anciens catalogues sont ceux de Sears envoyĂ©s en 1888. Aujourd’hui, l’impression est toujours utilisĂ©e et fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’achat publicitaire dans les magazines, journaux, newsletter etc
 Au XXĂšme siĂšcle, on voit apparaĂźtre d’autres formes de diffusions avec les nouvelles technologies. Le 2 Novembre 1920 est une date symbolique avec la premiĂšre publicitĂ© Ă  la radio, par la station 10
  • 11. amĂ©ricaine KDKA. Quant Ă  la tĂ©lĂ©vision, elle a adoptĂ© trĂšs rapidement ce moyen de propagande avec la premiĂšre publicitĂ© en 1941. C’est un moyen de promouvoir trĂšs efficace, c’est ce que rĂ©vĂšle un sondage rĂ©alisĂ© par ABC News qui confirme que 3 AmĂ©ricains sur 10 achĂštent des produits vus dans des spots publicitaires, par contre peu sont des clients fidĂšles3 . Aujourd’hui pour promouvoir ou faire connaĂźtre un produit, la tĂ©lĂ©vision est le mĂ©dia le plus populaire, avec un revenu aux Etats Unis de 78,5 milliards de dollars4 . Presque toutes les entreprises qui vendent un produit ou un service utilisent un ou plusieurs types de marketing traditionnel. La forme de publicitĂ© dĂ©pend du budget de l’entreprise. Les grandes et moyennes entreprises peuvent se permettre de multiplier leurs moyens de communication. Elles ont toutefois tendance Ă  privilĂ©gier les publicitĂ©s tĂ©lĂ©visuelles car ce sont celles dont on se rappelle le mieux. C’est la plus onĂ©reuse forme de marketing, les prix dĂ©pendent du crĂ©neau horaire et du contenu des programmations. Par exemple, le tarif pour les publicitĂ©s du Superbowl, en 2012, Ă©tait de 3,5 millions de dollars amĂ©ricains pour 30 secondes de diffusion5 . Les spots publicitaires traditionnels coĂ»tent cher mais celui du Superbowl reste l’un des plus chers au monde. D’aprĂšs le sondage Network Television Powerhouse NBC, les cinq campagnes les plus mĂ©morisantes sont : - McDonalds: “You deserve a break today” - Nike: “Just Do It” - Marlboro’s “Marlboro Man” - Coca-Cola: “The pause that refreshes” - Volkswagen: “Think Small” L’avantage d’une campagne de marketing rĂ©ussie est la possibilitĂ© de devenir une rĂ©fĂ©rence pour des millions de personnes, et ainsi, de dĂ©velopper une trĂšs forte notoriĂ©tĂ©. Les petites entreprises, qui ont un budget beaucoup plus limitĂ©, utilisent le plus souvent le marketing d’impression donc les achats publicitaires, par exemple, dans les radios ou les journaux locaux. Elles cherchent Ă  attirer les clients prĂšs de chez elles. Aujourd’hui, le marketing traditionnel a tellement Ă©voluĂ©, qu’il apparait sous d’autres formes telles que le marketing digital ou le marketing sensoriel. 3 VidĂ©o : Infomercials: Many Buy, Few Often de GREGORY HOLYK 20 Mai 2011 Photo : Study of consumer psychology, “why changing logo? - Starbucks” Jason Wang 4 Extrait du livre Marketing Masters de Connie Pheiff, postĂ© sur internet le 29 Octobre 2014 5 Source : Magazine Time Source Image : Freepik 11
  • 12. Les stratĂ©gies des entreprises Ă©voluent tout comme le comportement du consommateur. Comme nous l’avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, au 19 Ăšme siĂšcle, les clients consommaient en petite quantitĂ©, les commerces locaux produisaient des produits locaux, en fonction des besoins primaires des hommes. Aujourd’hui, on distingue une forte croissance dans la production. La sociĂ©tĂ© de consommation crĂ©e des besoins dans le but de vendre un maximum. La pyramide de Maslow permet de comprendre les besoins de l’homme. Cette pyramide est constituĂ©e de 5 niveaux allant du plus simple au plus complexe: les besoins physiologiques (nourriture, l’eau, sommeil, respirer etc..), le besoin de sĂ©curitĂ©, d’ordre et de stabilitĂ© (ĂȘtre employĂ©, moralitĂ©, santĂ©, propriĂ©tĂ© etc..), le besoin d’appartenance (l’amour, famille etc..), le besoin d’estime (confiance, ĂȘtre respectĂ© par les autres, respecter les autres) et, au sommet, le besoin d’accomplir (moralitĂ©, crĂ©ativitĂ©, spontanĂ©itĂ©, trouver des solutions etc..). Les diffĂ©rentes marques ont tendance Ă  s’appuyer sur le 4 Ăšme niveau de la pyramide de Maslow, c’est-Ă - dire le besoin d’estime. Par exemple, la marque Apple applique des stratĂ©gies marketing Ă  ses produits, son but est de crĂ©er un besoin d’appartenance. Ceux qui achĂštent les produits Apple font partie de la communautĂ© Apple. Dans le secteur de l’alimentation, on constate que les habitudes alimentaires des consommateurs Ă©voluent sans cesse. On s’éloigne des repas traditionnels, et on opte pour la facilitĂ©, c’est-Ă -dire les plats dĂ©jĂ  prĂ©parĂ©s ou le fast food. On passe moins de temps Ă  cuisiner. Selon “Plunkett Research”, le marchĂ© de l’industrie alimentaire mondial avait une valeur de 7,8 billions de dollars en 2015. Concernant les USA, il ne cesse de s’accroĂźtre. Selon le “Directory blog Industry reports”, aux Etats-Unis, l’industrie du fast food a gĂ©nĂ©rĂ© un revenu de 200 millards de dollars en 20156 , alors qu’en 1970, ce chiffre Ă©tait de 6 milliards. On 6 Directory blog Industry reports : “Fast Food Industry Analysis 2016” Source photo : La sĂ©mioscope , la pyramide de Maslow 2. L’évolution du consommateur a. La pyramide de Maslow b. Les habitudes alimentaires aux Etats-Unis 12
  • 13. estime que cette industrie va augmenter de 2,5% durant les prochaines annĂ©es. Il y a plus de 200000 restaurants fast food aux Etats-Unis et il est estimĂ© que plus de 50 millions de personnes mangent au fast food tous les jours7 . Les USA  sont le pays qui consomme le plus de nourriture, en majeure partie celle provenant de fast-food. Aujourd’hui, les techniques de marketing sont tellement prĂ©sentes et nombreuses au quotidien que le consommateur a du mal Ă  mĂ©moriser les informations et diffĂ©rencier les publicitĂ©s. Cela crĂ©e des confusions et ne facilite pas la fidĂ©lisation des consommateurs. Il faut donc trouver un autre moyen de les attirer. c) Dans d’autres pays du monde : comparaison des habitudes de consommation Il faut ajouter que selon l’époque et la localisation gĂ©ographique dans le monde, la façon de consommer diffĂšre d’un pays Ă  un autre. Il existe des diffĂ©rences socioculturelles, telles que les valeurs sociales, la religion, l’esthĂ©tique, les prĂ©fĂ©rences alimentaires, la perception des couleurs, les coutumes etc
 Par exemple en Egypte, la couleur verte reprĂ©sente le pays et il est inacceptable de reprĂ©senter un packaging par cette couleur. Au Japon, le blanc et le noir sont des couleurs de deuil, ils ne doivent donc pas ĂȘtre utilisĂ©s sur un packaging. Le violet doit ĂȘtre utilisĂ© avec prudence dans les pays hispaniques puisque cette couleur est associĂ©e avec la mort. Au niveau de l’esthĂ©tique, les AmĂ©ricains croient qu’ĂȘtre bronzĂ© reprĂ©sente la santĂ© et la beautĂ©, contrairement aux Japonais qui considĂšrent le blanc comme un symbole de beautĂ©8 . Pour que le marketing sensoriel soit efficace et fonctionne, une analyse du marchĂ© est nĂ©cessaire. Chaque pays possĂšde donc des moyens de marketing sensoriel diffĂ©rents et appropriĂ©s. . 7 Directory blog Industry reports : “Fast Food Industry Analysis 2016” 8 Boundless. “The Importance of Sociocultural Differences.” Boundless Marketing. Boundless, 21 Jul. 2015 13
  • 14. 3. Evolution du Marketing : le marketing sensoriel Selon un article de D.Steven White9 , la forme classique et traditionnelle du marketing passe par cinq Ă©tapes distinctives suivant son Ă©volution : l’ùre simple, l’ùre de production, l’ùre de ventes, l’ùre du marketing dĂ©partemental, le marketing des entreprises. Cependant, selon M.White, ce n’est pas une reprĂ©sentation complĂšte. Le marketing Ă©volue depuis la Seconde Guerre mondiale, tous les vingt ans. L’ùre simple existe depuis toujours et commence Ă  changer au 19Ăšme siĂšcle. Cette Ăšre est caractĂ©risĂ©e par des produits artisanaux qui existaient en petites quantitĂ©s. Ensuite, l’ùre de la production, qui a durĂ© 60 ans, entre 1860 Ă  1920, arrive au moment de la rĂ©volution industrielle, il y avait plus de produits et peu de concurrence. L’ùre de ventes apparaĂźt ensuite, entre les annĂ©es 1920 et 1940. L’augmentation de la production entraĂźne une surproduction et beaucoup d’usines n’arrivent plus Ă  vendre tous leurs produits. Une forte concurrence s’installe sur le marchĂ©. Celle- ci a entrainĂ© l’ùre du dĂ©partement du marketing, de 1940 Ă  1960. AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, les entreprises comprennent que les attentes des consommateurs ne sont plus les mĂȘmes, elles se rendent compte que pour ĂȘtre concurrentielles, elles doivent vraiment se dĂ©marquer de leurs concurrents. Ensuite, Ă  partir de 1960 l’ùre du marketing des entreprises se dĂ©veloppe, la prioritĂ© est donnĂ©e aux consommateurs et les entreprises cherchent Ă  rĂ©pondre Ă  leurs besoins : “le client est roi”. Cette idĂ©e est toujours considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme la rĂ©alitĂ©. La sixiĂšme Ăšre, apparue depuis 1990, est le marketing des relations, celui-ci diffĂšre du marketing traditionnel. L’idĂ©e est d’établir une relation qui bĂ©nĂ©ficie Ă  la fois au client et Ă  l’entreprise, il faut rĂ©ussir Ă  installer une relation de confiance entre la marque et le client pour crĂ©er de la fidĂ©litĂ©. Cette Ăšre et celle du marketing des entreprises cohabitent aujourd’hui. La derniĂšre Ăšre est celle du marketing rĂ©seaux sociaux et mobiles. Dans cette Ăšre, une entreprise peut ĂȘtre connectĂ©e en permanence avec un client ou un consommateur en temps rĂ©el. C’est un moyen de crĂ©er une confiance, d’entrainer la fidĂ©litĂ© et de vĂ©hiculer une image positive de la marque10 . 9 Steven White, “The evolution of marketing”, juin 2010 10 D. Steven White, “The evolution of marketing” 18 juin 2010 Source tableau : D. Steven White, “The evolution of marketing” 18 juin 2010 14
  • 15. D’aprĂšs toutes ces Ăšres, qui se suivent ou qui se combinent, on comprend que, depuis l’augmentation de la production des produits et l’accroissement de la compĂ©tition, le marketing est devenu fondamental pour pouvoir vendre un produit. Le monde du marketing est sans cesse en train de chercher de nouveaux moyens de marketing pour promouvoir un produit et se diffĂ©rencier des autres. ParallĂšlement au marketing traditionnel se dĂ©veloppe une autre forme de marketing dĂšs les annĂ©es 1940. C’est durant ces annĂ©es que l’analyse du marketing sensoriel a dĂ©butĂ© aux USA et en Scandinavie. L’objectif Ă©tait d’étudier profondĂ©ment le comportement du consommateur. Le marketing sensoriel est apparu en France seulement en 1960 dans le secteur de l’agroalimentaire. Beaucoup d’analyses du marketing sensoriel s’appuient sur les Ă©motions. Les Ă©tudes ont montrĂ© que l’émotion a beaucoup d’influence, au moment de la prise de dĂ©cision d’achat du client. Aujourd’hui, on a dĂ©couvert que le marketing olfactif Ă©tait trĂšs efficace dans la mĂ©morisation et l’achat d’un produit. En 1973, Kotler insiste sur la nĂ©cessitĂ© pour une marque de se positionner autrement, notamment au niveau de l’ambiance dans les lieux de vente. Il explique que l’environnement d’un lieu de vente peut fortement influencer un consommateur. Kotler dĂ©clare que “la crĂ©ation d’un environnement de consommation qui produit des effets Ă©motionnels spĂ©cifiques sur la personne, comme le plaisir ou l’excitation, peut augmenter sa probabilitĂ© d’acheter”11 . Donc, quelle est la dĂ©finition exacte du marketing sensoriel ? Selon l’ADN, un magazine français d’actualitĂ© de l’innovation, du marketing, de la communication et de la publicitĂ©, le marketing sensoriel se dĂ©finit comme : “Techniques visant Ă  solliciter un ou plusieurs des cinq sens dans le but de stimuler l’acte d’achat chez le consommateur en jouant sur son environnement sensoriel (odorat, ouie, vue, goĂ»t, toucher)”12 . Quels sont ses objectifs ? Il s’agit de crĂ©er une identitĂ©, personnaliser une marque, augmenter les ventes et crĂ©er un environnement physique favorable d’un magasin, ou s’appuyer sur les couleurs, les formes et la texture d’un produit pour inciter le client Ă  l’achat du produit. Le but final est de fidĂ©liser le client pour qu’il consomme toujours les produits de la mĂȘme marque parce qu’il les reconnait et les distingue des autres. 11 Kotler P. (1973), Atmospherics as a marketing tool - Journal of Retailing, p. 49 12 Magazine ADN, spĂ©cialisĂ© dans le marketing et la communication en France. “Il est adressĂ© par email Ă  90.000 professionnels du marketing, de la communication et de la publicitĂ© ; en agence, chez les annonceurs et les mĂ©dias.” 15
  • 16. Dans les annĂ©es 1950, dans le monde du marketing, on se concentrait surtout sur l’utilisation de la vue pour promouvoir un produit. On se reposait sur le choix des formes et des couleurs pour attirer un consommateur. Cela venait du fait que les publicitĂ©s les plus courantes Ă©taient des aïŹƒches. Puis, quand la tĂ©lĂ©vision est devenue populaire, on a dĂ©couvert l’importance de l’ouĂŻe dans la publicitĂ© : ce sens Ă©tait attrayant pour le consommateur. Les jingles publicitaires se sont alors dĂ©veloppĂ©s. Dans les annĂ©es 70, les utilisateurs du marketing ont dĂ©couvert que le sens olfactif pouvait ĂȘtre adoptĂ© pour promouvoir une marque. Les experts du marketing savent maintenant que, plus les sens du consommateur sont satisfaits, mieux sera perçue une marque. 4. L’importance des 5 sens a) L’olfactif Les individus ont plus de 10 millions de rĂ©cepteurs olfactifs. L’odorat est une des stratĂ©gies de marketing sensoriel la plus difficile Ă  utiliser, cependant c’est une des plus efficaces. Selon “The sense of smell institute” Ă  New York, un individu est capable d’identifier plus de 10 000 odeurs diffĂ©rentes et de s’en rappeler avec 65% de prĂ©cision aprĂšs un an d’exposition13 . Des Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© que 75% des Ă©motions sont dĂ©clenchĂ©es par des odeurs14 . Elles peuvent donc crĂ©er des liens instantanĂ©s entre une marque et un consommateur, et influencer l’état Ă©motionnel pour sensibiliser un client au moment d’un achat. L’odorat est eïŹƒcace et a un impact immĂ©diat, puisqu’il est liĂ© directement au systĂšme limbique du cerveau, la partie du cerveau responsable de nos souvenirs et Ă©motions. En consĂ©quence, les sens vont au-delĂ  de nos rĂ©ceptions rationnelles et ont un grand impact sur nos Ă©motions. Le sens olfactif est donc liĂ© Ă  notre Ă©tat Ă©motionnel. Lorsque le consommateur sent certaines odeurs, comme la vanille ou la clĂ©mentine, il est inconsciemment influencĂ© et a tendance Ă  rester plus longtemps dans un magasin ou un supermarchĂ©. Une odeur peut aussi amĂ©liorer et rappeler la reconnaissance d’une marque. Il y a des marques, comme Victorias Secret, qui ont liĂ© une odeur particuliĂšre Ă  leur marque pour crĂ©er une connection Ă©motionnelle avec leurs clients15 . Notre mĂ©moire de l’odorat est dĂ©sormais plus performante que notre mĂ©moire visuelle. L’odorat permet d’attirer des consommateurs mais permet aussi de donner une identitĂ© Ă  une marque. L’odeur semble ĂȘtre le sens le plus intĂ©ressant Ă  exploiter. 13 Bertil Hulten, Niklas Broweus, Marcus Van Dijk ( 2009) : Senso- ry Branding : Chapitre 1 “What is sensory marketing”, p7 14 James Hammond.(2011) Branding your business : chapitre 10 “The sweet smell of brand success” p135 -136 15 Magazine Adweek, Something in the air , Robert Klara, 5 mars 2012 16
  • 17. b) L’ouĂŻe Dans les publicitĂ©s traditionnelles, la musique a pour but d’ĂȘtre associĂ©e Ă  un message, dont le client s’en souviendra. Cependant, la musique est aussi utilisĂ©e pour le marketing sensoriel. Selon Health Line, les Ă©tudes ont montrĂ© que notre bonne humeur peut augmenter en Ă©coutant une musique agrĂ©able ; c’est un bon outil de marketing sensoriel.16 La musique est un bon outil de marketing sensoriel. Elle apparaĂźt dans tous les points de vente ou les restaurants. Elle contribue beaucoup Ă  l’atmosphĂšre du lieu et joue un trĂšs grand rĂŽle dans la perception auditive du consommateur. 16 Health line, “How music affects our moods”, Suzanne Boothby, 17 Mai, 2013 c) Le GoĂ»t Le goĂ»t de nos aliments n’est presque pas dĂ©terminĂ© par nos papilles gustatives. En effet, 90% de ce goĂ»t est dĂ©terminĂ© par notre cavitĂ© nasale, ce qui active nos rĂ©cepteurs sensoriels. Chaque individu a des goĂ»ts personnels liĂ©s Ă  sa culture et ses expĂ©riences. C’est la raison pour laquelle le marketing sensoriel gustatif peut ĂȘtre difficile Ă  gĂ©rer. Par exemple, en Asie, l’utilisation des Ă©pices est trĂšs commune alors qu’en Suisse, elles sont trĂšs peu utilisĂ©es. d) Le toucher Le toucher dans le marketing sensoriel a eu une Ă©volution importante. Comme la plupart des produits doivent ĂȘtre touchĂ©s par le consommateur dans l’espace de vente, il est primordial que le consommateur ait un sentiment de plaisir durant ce contact pour dĂ©cider de l’acheter. Le toucher a un impact sur la perception qu’a le consommateur du produit. Au restaurant, par exemple, ce dernier sera sensible Ă  la qualitĂ© d’une fourchette, d’une chaise ou d’un verre
 De plus, l’ùre digitale, avec les smartphones, tablettes, ordinateurs tactiles etc.., ouvre plus d’opportunitĂ©s pour exploiter ce sens. 17
  • 18. e) La vue La vue dans le marketing sensoriel occupe une grande place et est fortement utilisĂ©e. C’est le sens le plus utilisĂ© sur le marchĂ© et c’est le plus stimulant dans un environnement. Il faut comprendre que l’impact d’un stimuli visuel sur le comportement d’achat n’est pas limitĂ© Ă  l’utilisation des images et des logos. La lumiĂšre, l’espace, les couleurs et les formes donnent de l’importance Ă  un produit, en le mettant en valeur sur le lieu de vente. L’influence des couleurs dĂ©termine non seulement si un consommateur va reconnaĂźtre et acheter un produit ou non. Beaucoup de marques sont associĂ©es Ă  une couleur spĂ©cifique. Les couleurs et les formes sont les premiers moyens d’identifier et de diffĂ©rencier un produit. Elles deviennent plus faciles Ă  mĂ©moriser pour un consommateur. Milka est violet, Kodak est jaune. La marque peut ĂȘtre facilement identifiable mĂȘme si l’on ne lit pas le nom. Selon une Ă©tude sur la capacitĂ© Ă  retenir l’information, les consommateurs ont 78% de plus de probabilitĂ©s d’identifier un message imprimĂ© en couleur, qu’en noir et blanc17 . 80% des informations extĂ©rieures sont visuelles, c’est le sens le plus utilisĂ©. Nous sommes captivĂ©s par ce que nous voyons. C’est la raison pour laquelle ce sens est autant dĂ©veloppĂ© dans le marketing. La perception du produit pour une marque a une grande importance et est essentiel dans le marketing en gĂ©nĂ©ral. La dimension, la nouveautĂ©, l’intensitĂ©, le contraste et le mouvement d’un produit influencent fortement le consommateur. Quand nous percevons quelque chose, nous prĂ©fĂ©rons observer des choses jolies, belles et parfaites. 17 Pantone Institute, 2000 Pour mieux comprendre le marketing sensoriel, il est essentiel de comprendre l’influence et l’importance des couleurs dans l’alimentation. Chaque couleur a un impact sur le consommateur18 . 18 Leatrice Eiseman, Impact of colours on consumer purchase behaviour, April 17, 2000 18
  • 19. La couleur rouge est efïŹcace dans l’industrie alimentaire et les boissons. Elle stimule fortement, affecte les glandes surrĂ©nales et tente les papilles. Les psychologues font rĂ©fĂ©rence Ă  la couleur rouge comme une teinte de haute excitation qui stimule l’appĂ©tit et attire l’oeil. Elle est trĂšs utilisĂ©e dans les restaurants et les bars. Comme le rouge est une couleur de feu et de chaleur, c’est parfait pour monter une bonne affaire, ou quand un client peut avoir une chose gratuite. La couleur rose est douce et attrayante, parfaite pour les bonbons. Les entreprises de bonbons comme Sweet N’ Low se servent de la couleur rose pour leurs bonbons. La couleur Rose La couleur Rouge La couleur JauneLa couleur Jaune Le jaune est une couleur qui conforte. Elle peut aussi ĂȘtre liĂ©e Ă  un aliment dĂ©licieux, crĂ©meux et acidulĂ©. Cette couleur change quand elle est combinĂ©e avec le noir car, consciemment ou inconsciemment, on l’associe avec des insectes piquants. L’utilisation de ces deux couleurs ensemble rendent un produit plus voyant. La couleur jaune est fortement utilisĂ©e dans les maisons de thĂ©. La couleur orange est aussi une couleur qui stimule fortement, attire l’oeil et active l’appĂ©tit. Cependant c’est une couleur plus conviviale que le rouge. Elle a un impact sur le comportement d’achat d’un consommateur. La couleur orange est trĂšs populaire parmi les enfants (3 Ă  6 ans) et les adolescents. Burger King et Dunkin’ Donuts utilisent l’orange comme couleur principale. La couleur Orange 19
  • 20. La couleur verte Le vert est une couleur qui est liĂ©e Ă  la nature et au rafraĂźchissement. Dans le contexte des lĂ©gumes, on peut aussi l’associer Ă  quelque chose qui est bon pour la santĂ©. Cette couleur est trĂšs dĂ©licate, on ne peut pas l’utiliser dans n’importe quelle publicitĂ©. Si elle n’est pas utilisĂ©e dans le bon environnement, elle n’apparait pas attrayante mais, au contraire, rĂ©pulsive. La couleur Bleu Le bleu est une couleur associĂ©e au ciel et Ă  l’ocĂ©an. Elle suggĂšre le calme, la sĂ©rĂ©nitĂ© et inspire la conïŹance. Elle n’a pas beaucoup d’impact dans l’alimentation mais les enfants l’adorent. Beaucoup de banques utilisent la couleur bleu pour crĂ©er un sentiment de ïŹabilitĂ©. Elle est aussi parfaite pour les produits comme l’eau, puisqu’elle est associĂ©e au calme et Ă  la fraĂźcheur. Le blanc signiïŹe la puretĂ© et la fraĂźcheur. Cette couleur, comme elle est basique, fait ressortir toutes les autres couleurs. Elle est aussi utilisĂ©e dans les restaurants (assiettes, cuisine) pour donner un sentiment de propretĂ©, c’est ce que le client attend. La couleur Blanche La couleur Noire Le noir symbolise le haut de gamme, la qualitĂ© et la sobriĂ©tĂ©. Puisque c’est la couleur la plus foncĂ©e, elle est utilisĂ©e pour un environnement spĂ©ciïŹque. 20
  • 21. Alors que le choix des prĂ©fĂ©rences des couleurs varie selon la mode et les tendances, la perception des rĂ©ponses d’une couleur basique familiĂšre ne change pas. Les chercheurs “biofeedback”19 ont mĂȘme documentĂ© les effets que les couleurs ont sur nos ondes cĂ©rĂ©brales, montrant que diffĂ©rentes couleurs induisent diffĂ©rents Ă©tats Ă©motionnels. 19 Entrepreneur, The Psychology of Color in Marketing and Branding, Gregory Ciotti, 15 mai 2014 21
  • 22. 5. Quel est l’utilitĂ© de faire du marketing sensoriel pour une entreprise ? Les entreprises Ă©voluent dans un monde oĂč il existe de plus en plus de concurrence : il est donc fondamental, pour ĂȘtre le plus visible et le meilleur, de se distinguer des autres marques. Le marketing sensoriel est un excellent moyen pour devenir concurrentiel et il est de plus en plus utilisĂ© pour diffĂ©rentes raisons. L’expĂ©rience, c’est-Ă -dire le contact direct et rĂ©el avec une marque (par exemple : aller dans un Starbuck), est plus important que la communication que l’on fait autour de cette marque. Ce sont nos expĂ©riences qui dĂ©terminent nos impressions positives ou nĂ©gatives de la marque. Si le consommateur a eu une bonne expĂ©rience avec une marque, il sera plus susceptible d’acheter le produit dans le futur. Les sens crĂ©ent un lien Ă©motionnel avec le consommateur, le meilleur moyen de rester gravĂ© dans l’inconscient du consommateur est de jouer avec ses sens. Ces derniers crĂ©ent une forte identitĂ© et un lien Ă©motionnel. Une expĂ©rience sensorielle peut ĂȘtre utilisĂ©e comme une mĂ©taphore pour une marque. En associant un ou plusieurs sens, on arrive Ă  crĂ©er les liens. Par exemple, si on veut montrer qu’un produit va rĂ©chauffer la peau comme la crĂšme Tiger Balm, on va davantage opter pour une couleur comme le rouge. Le marketing sensoriel aide Ă  crĂ©er une identitĂ© pour une marque. Par exemple, Dettol, marque de produits connus aux Etats-Unis et en France pour ses savons anti- bactĂ©riens, a pour logo une Ă©pĂ©e et une odeur trĂšs spĂ©cifique: le consommateur associe donc ses deux spĂ©cificitĂ©s Ă  cette marque, ce qui fait qu’il l’identifie plus facilement. On arrive aussi Ă  reconnaitre une marque grĂące Ă  sa typographie: mĂȘme sans Ă©crire le vrai nom de la marque, si on utilise la typographie spĂ©cifique Ă  cette marque, le consommateur associe inconsciemment le mot Ă  la marque : Les sens ont plus d’impact que notre langage. Notre cerveau est capable de diffĂ©rencier plus d’un million de couleurs20 , cependant notre capacitĂ© verbale est trĂšs limitĂ©e : pour dĂ©crire une couleur, on peut l’associer Ă , en moyenne, 11 mots. Nous pouvons aussi diffĂ©rencier des milliers d’arĂŽmes et de sons mais nous 20 Video youtube : Jamie Condliffe “How many different Colors we can see ?” 13 Aout 2014 Image : Doctor disruption, “11 reasons why sensory marketing makes business sens”, 16 mars 2014 Cf : Annexe 1 : Quizz des marques 22
  • 23. sommes trĂšs limitĂ©s pour les dĂ©crire. Le langage sensoriel parle beaucoup plus que le langage verbal. Les sens sont dominants dans notre fonctionnement cĂ©rĂ©bral. Notre capacitĂ© mentale est incroyable et directement liĂ©e Ă  l’utilisation simultanĂ©e de nos 5 sens : ils nous aident Ă  dĂ©tecter, interprĂ©ter et retenir beaucoup d’informations. Nos sens ont donc une grande influence quand il s’agit des prises dedĂ©cisions.Notrecerveaucherchedeschoses familiĂšres et essaye de crĂ©er constamment des liens. En crĂ©ant des liens entre nos sens et une marque, on renforce l’image et l’identitĂ© de la marque, donc on capte davantage l’attention du consommateur. Beaucoup de marques s’appuient sur l’identitĂ© visuelle pour se faire remarquer et se distinguer. Ceci est une premiĂšre Ă©tape mais l’utilisation des quatre autres sens est de plus en plus nĂ©cessaire. Notre cerveau se focalise sur nos missions ou nos buts dans la vie, et ce sont nos sens qui vont nous aider Ă  identifier les missions les plus importantes Ă  accomplir. Plus les sens vont ĂȘtre sollicitĂ©s par une marque, plus notre cerveau aura l’impression que cette marque est importante. Le consommateur sentira alors la nĂ©cessitĂ© d’acheter ce produit et le considĂ©rera comme utile. Plus une expĂ©rience sensorielle est rĂ©ussie, meilleures sont les chances qu’un consommateur devienne fidĂšle Ă  une marque. L’utilisation des cinq sens permet une stimulation cĂ©rĂ©brale qui a directement un impact sur l’achat ou non d’un produit, ainsi que sur la fidĂ©lisation du client qui aura envie de renouveler une expĂ©rience positive21 . Dans le marketing sensoriel, le facteur dĂ©terminant pour attirer un consommateur avec efficacitĂ©, est la maĂźtrise des sens. Comme nous l’avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, les sens influencent nos Ă©motions et nos prises de dĂ©cisions. Le toucher, l’odorat, le goĂ»t, l’ouĂŻe et la vue, utilisĂ©s individuellement ou ensemble pour le marketing d’une marque ou d’un produit, influencent nos perceptions, avis ou ressenti par rapport Ă  ce produit. Les cinq sens jouent un rĂŽle fondamental pour promouvoir un produit efficacement. Beaucoup de marques s’appuient sur l’utilisation de la vue (Marketing traditionnel : tĂ©lĂ©vision, affiches etc..) pour se dĂ©marquer des autres et attirer l’oeil du consommateur, cependant ce n’est plus suffisant pour se distinguer des marques concurrentes. Aujourd’hui, en exploitant et en maĂźtrisant le marketing sensoriel, une marque ou un produit peut avoir de nombreux avantages dans le marchĂ©. Une multitude de marques s’est servie du marketing sensoriel pour crĂ©er une image diffĂ©rente des autres dans le but de s’en distinguer, d’attirer et fidĂ©liser les consommateurs. 21 Doctordisruption “11 raisons why sensory marketing makes business sense”, 16 Mars 2014 23
  • 24. L’utilisation du marketing sensoriel est trĂšs courante dans de nombreuses industries telles que le secteur alimentaire, cosmĂ©tique ou l’hĂŽtellerie. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, de plus en plus de magasins, supermarchĂ©s, bars et restaurants Ă©tablissent artificiellement des liens affectifs en utilisant les cinq sens, pour ĂȘtre plus prĂ©cis : le marketing sensoriel. Pour mieux comprendre ce phĂ©nomĂšne, nous allons tout d’abord nous intĂ©resser aux recherches de Charles Spence, puis analyser quelques exemples concrets de marques et de produits alimentaires qui ont triomphĂ© grĂące Ă  l’utilisation et la maĂźtrise du marketing sensoriel dans l’alimentation. Nous verrons que certaines marques ont fait le choix d’utiliser les cinq sens, d’autres ont prĂ©fĂ©rĂ© en privilĂ©gier un seul. 24
  • 25. Le Professeur Charles Spence est le chef d’un laboratoire de recherches. Il s’intĂ©resse particuliĂšrementĂ lafaçondontnotrecerveau rĂ©agit aux diffĂ©rents sens tels que le toucher, l’ouĂŻe, la vue, l’odorat et le goĂ»t, et Ă  la façon dont les expĂ©riences multi-sensorielles ont un impact sur notre vie quotidienne. Son but est de comprendre comment nous rĂ©agissons aux sens et d’amĂ©liorer les expĂ©riences multi-sensorielles autour des aliments, des produits et de l’environnement. Il a conseillĂ© des entreprises qui souhaitaient utiliser les aspects du marketing multi-sensoriel pour le design, le packaging et l’image de la marque. Il travaille sur la façon d’activer au mieux les sens du consommateur.  M. Spence a publiĂ© plus de 500 articles dans “Top flight scientific”. Il est mĂȘme Ă  l’origine du “sonic crisp” (bruit Ă©mis par les chips quand on les mange) qui a gagnĂ© un prix Nobel en 2008.  1.  Les recherches du Professeur Charles Spence Source photo : Fine dinning lovers - FDL, 19 novembre, 2014 25
  • 26. Monsieur Spence, qui est basĂ© Ă  l’universitĂ© d’Oxford, travaille avec des clients tels que McDonalds, Starbucks, Kraft,Toyota,BMW,Nestle,LGElectronics. Il a montĂ© une entreprise avec JWT, une agence de publicitĂ© amĂ©ricaine,  et est Directeur du dĂ©partement gĂ©rant le marketing sensoriel. Durant un discours Ă  “Advertising Week Europe” Ă  Londres, il a expliquĂ© le potentiel du marketing sensoriel sur le marchĂ© d’aujourd’hui. Il dĂ©montre qu’en manipulant les sens, et en rĂ©flĂ©chissant aux interactions entre eux, on peut rendre un produit attrayant. Les innovations technologiques peuvent offrir de nouveaux moyens pour que les marques interagissent avec les consommateurs.Ilexpliquequelesboissons et la nourriture sont naturellement plus utilisĂ©es par le marketing sensoriel, mais qu’une prioritĂ© est donnĂ©e au goĂ»t et Ă  l’odeur. Pour lui, il faut aller plus loin dans les recherches. Par exemple, les sons en croquant des Pringles n’est pas un hasard,  il y a beaucoup de recherches pour que celui-ci soit efficace. Ils ont mis en place une expĂ©rience avec des personnes portant un casque avec plusieurs sons “croquants” pendant qu’ils mangeaient les chips. Leurs rĂ©ponses au goĂ»t Ă©taient affectĂ©es par le son croquant qu’ils entendaient pendant qu’ils mangeaient les chips. Pour la boisson, Courvoisier Cognac a dĂ©veloppĂ© un programme marketing intitulĂ© : “Le Nez de Courvoisier”,  l’idĂ©e est d’associer des bandes sonores Ă  la satisfaction de boire un cognac22 . Donc, un son particulier peut altĂ©rer la rĂ©alitĂ© et peut changer la perception d’un consommateur sur un produit.  Les sens ont un fort impact sur le consommateur, c’est la raison pour laquelle de plus en plus de marques l’utilisent. 22 Emma Hall : How Courvoisier and Unile- ver Manipulate the Senses, 19 Mars, 2013 Les innovations technologiques peuvent 26
  • 27. Starbucks est une marque mondialement connue, crĂ©Ă©e en 1971. C’est aujourd’hui une des plus grandes chaĂźnes de cafĂ©s au monde avec plus de 40 millions de visiteurs par jour23 . En 1980, Starbucks a dĂ©veloppĂ© une stratĂ©gie utilisant les cinq sens pour fidĂ©liser les consommateurs: le but Ă©tait de se servir des sens pour renforcer la marque. Depuis 1987, grĂące Ă  cette stratĂ©gie, la marque a ouvert en moyenne deux magasins par jour24 . En 2014, selon “the statistics Portal”, Starbucks a eu un revenu de 16,45 milliards de dollars, une augmentation depuis 2013, oĂč son chiffre d’affaires Ă©tait de 14,9 milliards25 . Le succĂšs de Starbucks s’explique en grande partie par sa parfaite maĂźtrise du marketing sensoriel pour offrir une expĂ©rience des sens totale Ă  ses clients. La philosophie de Starbucks pour ses consommateurs n’est pas seulement de les satisfaire par le sens du goĂ»t, mais aussi par : l’olfactif, le visuel, le toucher et l’ouĂŻe. Tous les Starbucks sont quasiment identiques afin que le consommateur retrouve la mĂȘme atmosphĂšre quelque soit le Starbucks oĂč il entre. La marque s’appuie tout d’abord sur l’ambiance et le dĂ©cor. Elle a mis en place un son, un parfum et un goĂ»t pour ĂȘtre attrayant vis-Ă -vis du consommateur. La musique, en bruit de fond de chaque magasin, est composĂ©e par “Hearmusic”, une entreprise qui a Ă©tĂ© achetĂ©e par Starbucks en 199926 . Chaque mois, les magasins Starbucks doivent choisir leurs musiques parmi une liste de 9000 propositions, appelĂ©e: “Sound of Starbucks”. Cette musique est soigneusement composĂ©e pour plaire aux consommateurs. De plus, dans cette playlist de musiques, sont intĂ©grĂ©s des sons comme le lait en train de se faire mousser, des grains de cafĂ© en train d’ĂȘtre broyĂ©s, etc
 Selon la situation gĂ©ographique, la musique n’est pas la mĂȘme: par exemple, dans les lieux oĂč il y a une majoritĂ© de clients d’origine hispanique, Starbucks va jouer des musiques latino-amĂ©ricaines. Cela veut dire que les consommateurs 23 Article : THE LIST LOVE · 7 Novembre , 2014 24 Article : THE LIST LOVE · 7 Novembre , 2014 25 The statistics Portal, Revenue of Starbucks worldwide from 2003 to 2015 (in billion U.S. dollars) 26 Starbucks Melody : A Starbucks history lesson: HEAR Music concept stores, 6 Mai 2011 2. La Restauration : Starbucks et son marketing sensoriel 27
  • 28. peuvent boire leur cafĂ© avec plaisir dans un lieu confortable, dans n’importe quel coin du monde. Peu importe le pays et l’endroit oĂč il consomme un cafĂ© Starbucks, le consommateur va pouvoir retrouver la mĂȘme expĂ©rience et atmosphĂšre27 . Starbucks cherche Ă  augmenter les dĂ©penses moyennes par client, il utilise des musiques lentes pour inciter ses clients Ă  prendre plus de temps. Selon une expĂ©rience dans la restauration, cette stratĂ©gie a rĂ©ussi Ă  augmenter de 29% une facture moyenne28 . En visitant un Starbucks ou mĂȘme en passant devant, on peut remarquer de nombreuses personnes lisant un livre, consultant leurs portables ou bien discutant avec des amis autour d’un cafĂ©. Ce n’est pas par hasard que ce phĂ©nomĂšne a lieu chez Starbucks. C’est exactement l’image et l’ambiance qu’ils ont cherchĂ© Ă  instaurer et qu’ils ont rĂ©ussi Ă  Ă©tablir. Cette ambiance est crĂ©Ă©e pour que le consommateur se sente Ă  l’aise dans ce lieu et ait envie d’y rester ou d’y retourner. Le but est que le consommateur entre et reste dans un univers coupĂ© du monde oĂč il va consommer pour son plaisir. A sa crĂ©ation en 1971, Starbucks, utilisait le marron pour reprĂ©senter son logo, cela venait du fait que la couleur marron Ă©tait facile Ă  comprendre et Ă  retenir pour le consommateur, qui la reliait facilement au cafĂ©. Le premier logo paraissait un peu plus complexe mais dĂ©livrait l’information nĂ©cessaire pour monter Ă  quoi Ă©tait associĂ©e la marque. Cependant, elle ne se diffĂ©renciait pas suffisamment des autres marques de cafĂ©. Starbucks a donc pris l’initiative de crĂ©er un logo avec une identitĂ© visuelle plus facilement identifiable. En effet, au moment 27 Bertil Hulten, Niklas Broweus, Marcus Van Dijk ( 2009) : Sensory Branding : Chapitre 1 “What is sensory marketing”, p1 Ă  p2 28 Lindstrom, Martin. BRAND (2005) sense Build Powerful Brands through Touch, Taste, Smell, Sight, and Sound. Photo Starbucks : Study of consumer psychology, “why changing logo? - Starbucks” Jason Wang 28
  • 29. de choisir, un consommateur va opter pour la marque de cafĂ© qui lui est la plus familiĂšre: il est donc fondamental de crĂ©er un logo pour que la marque devienne facilement identifiable pour un consommateur. En 1987, le logo de Starbucks a subi de vĂ©ritables changements. Tout d’abord, la couleur a Ă©tĂ© modifiĂ©e. En passant du marron au vert, Starbucks a voulu profiter de ce moment pour sous-entendre d’autres changements, notamment l’élargissement de leur gamme de nourriture accompagnant les cafĂ©s. Selon les thĂ©ories de couleurs, la couleur marron n’est pas une couleur adaptĂ©e pour de la nourriture car elle peut ĂȘtre associĂ©e Ă  quelque chose de sale et peu appĂ©tissant, alors que la couleur verte peut ĂȘtre liĂ©e Ă  la fraicheur et Ă  la propretĂ©. En parallĂšle, l’image du logo subit aussi des modifications. Pour ĂȘtre aisĂ©ment repĂ©rĂ©, Starbucks a choisi, dĂšs le dĂ©part, une sirĂšne pour reprĂ©senter la marque: il s’agit d’un ancien mythe facilement reconnaissable. L’idĂ©e est aussi d’associer Starbucks Ă  l’image de quelque chose existant depuis trĂšs longtemps. Toujours en 1987, la marque choisit de changer la sirĂšne en une autre sirĂšne presque entiĂšrement nue, un changement qui a gĂ©nĂ©rĂ© de nombreuses plaintes. Cette stratĂ©gie avait pour objectif de faire parler de la marque. En 2006, Starbucks rĂ©utilise son tout premier logo sur l’emballage des cafĂ©s vendus. Ce dernier a crĂ©Ă© un effet de nostalgie, ce qui a entrainĂ© une augmentation des ventes. En 2011, pour allĂ©ger l‘image et simplifier la reconnaissance visuelle de la marque, Starbucks abandonne l’anneau externe autour du nom de la marque. Son degrĂ© de reconnaissance est maintenant suffisamment Ă©levĂ© pour inconsciemment imposer de nouveaux produits chez Starbucks29 . Comme nous l’avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment dans la premiĂšre partie de ce mĂ©moire, le sens olfactif a le pouvoir de stimuler certaines parties de notre cerveau, responsable de la crĂ©ation de nos Ă©motions et de nos souvenirs. Un individu est capable d’identifier plus de 10 000 odeurs diffĂ©rentes et s’en rappeler avec 65% de prĂ©cision aprĂšs un an d’exposition. De plus 75% de nos Ă©motions sont gĂ©nĂ©rĂ©es par ce que l’on sent. C’est la raison pour laquelle Starbucks diffuse une odeur de cafĂ©, stratĂ©giquement placĂ©e, pour inviter ses clients Ă  boire un cafĂ© Starbucks. Une rĂ©flexion a Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour savoir quelles odeurs utiliser en prioritĂ©: par exemple, il est primordial que l’odeur du cafĂ© soit reconnaissable et dominante. Starbucks vendait des oeufs cuits pour les petits-dĂ©jeuners, mais cette odeur restait ensuite dans la salle puis parasitait l’odeur du cafĂ© ce qui entrainait une confusion et une impression dĂ©sagrĂ©able voire nĂ©gative pour le consommateur. Starbucks a finalement arrĂȘtĂ© de servir des oeufs afin de restaurer une odeur correcte et agrĂ©able du cafĂ©. 29 Study of consumer psychology, “why changing logo? - Starbucks” Jason Wang 29
  • 30. Il est dans la nature humaine de toucher, ramasser, explorer, tester avec nos mains les objets autour de nous. Starbucks est aussi l’un des meilleurs concernant le sens du toucher. Nos mains ont un lien important avec notre cerveau mais aussi avec notre environnement proche. Nous avons plus de rĂ©cepteurs sensoriels dans un doigt que dans notre dos entier.30 Quand nous touchons quelque chose d’agrĂ©able, notre cerveau libĂšre une hormone appelĂ©e ocytocine qui nous met dans un Ă©tat de calme et de bien-ĂȘtre31 . Les entreprises, comme Starbucks, comptent sur cette derniĂšre et l’utilisent Ă  leur avantage. Selon un article du site Digital Synopsis “How Retail Stores Use Smell, Touch, Color And Music To Make You Buy Their Products”32 , une personne est plus susceptible d’acheter un produit avec lequel elle a Ă©tĂ© en contact, ceci augmente aussi sa confiance en terme de qualitĂ© du produit. Chez Starbucks, les produits sont placĂ©s vers la caisse, pour ĂȘtre en exposition, mais surtout pour ĂȘtre plus facilement manipulables. Ce choix de placement augmente fortement la chance que les produits soient achetĂ©s. Starbucks a rĂ©ussi Ă  aller au-delĂ  du marketing traditionnel. La marque est arrivĂ©e Ă  influencer nos Ă©motions et notre prise de dĂ©cision en jouant avec nos cinq sens. Nous pouvons dire, aprĂšs cette analyse, que Starbucks est un expert dans le domaine du marketing sensoriel. Cette chaine de cafĂ© est, non seulement connaisseur de cette technique, mais la maĂźtrise avec succĂšs. Tout est analysĂ© jusqu’au dernier dĂ©tail. 30 Livre Hulten, Bertil, Niklas Broweur, and Marcus Van Dijk. (2009 ) Sensory Marketing. P. 31 Livre Hulten, Bertil, Niklas Broweur, and Marcus Van Dijk. (2009 ) Sensory Marketing. P. 32 Digital Synopsis “How Retail Stores Use Smell, Touch, Color And Music To Make You Buy Their Products” (2012 - 2015) 30
  • 31. Le marketing sensoriel est un marketing qui entre dans le monde psychologique du consommateur. Il affecte la perception, le jugement et le comportement des clients potentiels. Il se dĂ©veloppe de plus en plus aux Etats-Unis. Nous connaissons tous les marques Coca-Cola et Pepsi: une Ă©tude sur le goĂ»t de ces boissons a Ă©tĂ© menĂ©e dans les annĂ©es 70. Un test de goĂ»t a Ă©tĂ© mis en place pour dĂ©terminer laquelle de ces deux marques avait le meilleur goĂ»t. Ce test consistait Ă  boire une boisson de chaque marque sans savoir laquelle Ă©tait Coca-Cola et laquelle Ă©tait Pepsi. 75% des personnes ont avouĂ© prĂ©fĂ©rer le goĂ»t de Pepsi, alors que sur le marchĂ©, Coca-Cola remportait le prix de la meilleure boisson. Cette Ă©tude a bouleversĂ© les croyances concernant la meilleure boisson: il y a une vĂ©ritable contradiction entre le goĂ»t rĂ©el et les perceptions d’un produit qu’a le consommateur. Une question se pose alors: Comment la marque Coca-Cola maĂźtrise-t-elle le marketing sensoriel sur le marchĂ© ? Les recherches dans ce domaine ont prouvĂ© qu’on double les chances qu’un consommateur mĂ©morise une marque, si les 5 sens sont utilisĂ©s pendant le marketing. Le marketing sensoriel joue sur le subconscient en utilisant les 5 sens. Ce test est l’exemple parfait pour montrer qu’il y a peut-ĂȘtre une autre raison de consommer ces produits que le goĂ»t. Coca-Cola maĂźtrise le secteur du marketing sensoriel. Tout d’abord, cette marque captive visuellement. Les couleurs de Coca-Cola, le rouge et le blanc, la boisson noire et gazeuse, tout comme leur fameux logo, renforcent l’image de Coca-Cola. En incorporant ces quatre Ă©lĂ©ments, le consommateur reconnaĂźtra instantanĂ©ment cette marque. Les marques imprimĂ©es en couleur sont beaucoup plus faciles Ă  mĂ©moriser que des marques imprimĂ©es 3. Lagrandedistribution Coca-Colaetsonmarketingsensoriel Source Photo : La Guerra de las Sodas de los 80ÂŽs: COCA COLA vs PEPSI, JORGE JAIME DAZA RAMIREZ Ago 17, 2013 31
  • 32. en noir et blanc, d’oĂč l’importance du choix des couleurs. La forme unique de sa bouteille, crĂ©Ă©e en 1915 par Earl Dean et toujours utilisĂ©e aujourd’hui, permet une reconnaissance autant visuelle que tactile. Elle se diffĂ©rencie ainsi de ses concurrentes. Coca-Cola utilise le marketing sensoriel, avec comme point fort, le visuel : une de leurs stratĂ©gies est la prĂ©sence et la visibilitĂ© de leurs produits, que l’on retrouve de partout. Elle ne se limite pas qu’à ses boissons. Pour augmenter sa visibilitĂ©, elle crĂ©e des marchandises Ă  l’effigie de Coca-Cola comme les frigos, les ballons, les serviettes, les tapis, les poubelles, les sacs de sport, les lampes etc
 De plus Coca-Cola, relie visuellement les fĂȘtes Ă  son image, le pĂšre NoĂ«l, qui avant Ă©tait vert, s’est transformĂ© en bonhomme aux vĂȘtements rouges grĂące Ă  la puissance de sa campagne en dĂ©cembre 193133 . Son but Ă©tait alors de rappeler aux personnes qu’ils pouvaient boire du Coca-Cola pendant toute l’annĂ©e. Coca-Cola a mĂȘme rĂ©ussi Ă  dĂ©finir la personnalitĂ© du pĂšre Noel : plus qu’un homme gĂ©nĂ©reux, il est devenu constamment joyeux. Si on prend l’exemple de la publicitĂ©, certains sens comme le toucher sont extrĂȘmement difficiles Ă  reproduire. Pourtant le design produit (format) est l’élĂ©ment clĂ© de la marque. Les consommateurs connaissent et reconnaissent le produit par le toucher et identifient naturellement la marque. La forme et la texture de la bouteille de Coca-Cola sont ancrĂ©es dans le cerveau des consommateurs. Si les consommateurs arrivent Ă  identifier un produit uniquement en identifiant sa forme, alors la marque a rĂ©ussi son marketing sensoriel. Au niveau du l’ouĂŻe, Coca-Cola utilise le son du bouchon qui se dĂ©visse, le bruit pĂ©tillant de la boisson et le son Ă©mis quand on la boit. Ils ont rĂ©ussi Ă  incorporer ces bruits dans tous leurs spots TV, pour que tous ces sons Ă©voquent Coca-Cola aux consommateurs. Les bruits de Coca-Cola sont Ă©tudiĂ©s et caractĂ©ristiques. De plus, le son lors de l’ouverture d’une canette de Coca-Cola, a Ă©tĂ© longuement Ă©tudiĂ©: ce son, qui se retrouve dans de nombreuses 33 Journey Staff : CocaCola journey : “Coca-Cola and Father Christmas: The Sundblom Santa story” Source photo : PĂšre NoĂ«l vert : Site Astroscope me (http://astroscope.me/christmascolour.html) Source photo : PĂšre Noel rouge : Site adbranch, Coca-Cola Santa Claus 1931 – 1949, (http://www.adbranch.com/ coca-cola-santa-claus-1931-1949/) 32
  • 33. publicitĂ©s, a pour but d’associer la marque Ă  une boisson rafraichissante qui dĂ©saltĂšre. Tout comme le toucher, l’odeur et le goĂ»t de Coca-Cola sont difficiles Ă  reprĂ©senter dans les spots TV, cependant la majoritĂ© des personnes ont dĂ©jĂ  goĂ»tĂ© ce produit. L’individu peut donc connaitre le goĂ»t unique de Coca-Cola sans ĂȘtre en contact rĂ©el avec la boisson. Les recherches de l’entreprise Khanna & Mishra en 2013, ont montrĂ© que Coca-Cola est la marque la plus reconnue par son goĂ»t et son image. Son image est tellement ancrĂ©e dans la mĂ©moire des consommateurs qu’il n’a pas besoin de mettre en avant le sens du goĂ»t. Cettemarqueutilisebienles5senspourĂȘtreunedesmarquesles plus facilementmĂ©morisĂ©es. Coca-Cola est une entreprise trĂšs puissante, premiĂšre mondiale dans le domaine des boissons gazeuses: elle dispose d’un budget colossal qui l’aide Ă  garder sa place de leader mondial en boissons gazeuses34 . De plus, en s’associant avec d’autres marques mondialement connues, comme McDonalds, Subway, Dominos Pizza ou bien Burger King, la marque est omniprĂ©sente dans de nombreux fast food ou restaurants : mĂȘme s’il n’entre pas dans un fast food ou un restaurant pour consommer exclusivement Coca-Cola, le consommateur est en contact avec celle-ci notamment par la vue. Coca-Cola a rĂ©ussi Ă  s’implanter dans des lieux de consommation autres que les supermarchĂ©s. Coca-Cola est une des rares marques qui est arrivĂ©e Ă  se crĂ©er une trĂšs forte notoriĂ©tĂ©, et Ă  ĂȘtre reconnaissable en utilisant un sens spĂ©cifique. 34 The Statistics Portal : Leading 15 most valuable soft drink brands worldwide in 2015, based on brand value (in million U.S. dollars) Source Image : istock Source Image : Logopedia 33
  • 34. D’autres marques ont choisi d’utiliser le marketing sensoriel mais de sĂ©lectionner certains sens. Certaines marques ont rĂ©ussi Ă  utiliser le marketing sensoriel Ă  leur avantage, comme M&M’s. Ce bonbon chocolatĂ© n’a pas une forte odeur, cependant, quand on rentre dans le grand magasin M&M’s Ă  Times square, il y a une odeur importante de chocolat qui est omniprĂ©sente dans le magasin. L’idĂ©e est de faire allusion Ă  un monde de chocolat, un peu comme le monde de Willy Wonker dans Charlie et la chocolaterie. Il est reconnu que le lien entre la mĂ©moire et l’odorat est plus fort que celui entre la mĂ©moire et la vue ou l’ouĂŻe. Une odeur peut davantage nous rappeler un souvenir et nous Ă©voquer des Ă©motions. L’idĂ©e principale, avec les magasinsquidiffusentdesparfumscomme M&M’s, est que le consommateur rĂ©agisse Ă  une odeur familiĂšre agrĂ©able et soit plus susceptible d’acheter un produit. De la mĂȘme façon, le chocolat Hershey’s, une cĂ©lĂšbre marque de chocolat aux Etats-Unis, a rĂ©ussi grĂące Ă  son marketing sensoriel. Ce chocolat est fabriquĂ© sous diffĂ©rentes formes dont les principales sont : la tablette de chocolat classique et un chocolat ayant la forme d’une larme, appelĂ© “kiss”. Commençons par l’odorat, nous savons que l’odeur dans le marketing sensoriel a un fort impact sur le comportement du consommateur. Le chocolat Hershey’s a rĂ©ussi grĂące Ă  une diffusion d’odeur par la machine “Scent Air Technology”. Ils ont utilisĂ© cette technologie dans les distributeurs automatiques situĂ©s vers les lieux touristiques en Californie : grĂące Ă  la diffusion de l’odeur du chocolat, Hershey’s a vendu 300% de chocolat en plus que les autres produits dans le distributeur automatique35 . 35 “Retailers, CPG Partners Making Sense Out Of Sensory Marketing” de   Mike Santos (2004) Source Image M&M’s: wikia Source Image kisses : Amazone Certaines marques ont rĂ©ussi Ă  utiliser 4.  Le choix de privilĂ©gier certains sens 34
  • 35. Ils sont allĂ©s plus loin en utilisant aussi le toucher et la vue. Dans Journal of Marketing Research, on parle d’un packaging qui permet la gourmandise sans culpabilitĂ©, c’est-Ă -dire de consommer un produit tout en pensant ĂȘtre raisonnable. Le chocolat kiss est enveloppĂ© dans un papier aluminium, il est de petite taille et, mĂȘme si vous en prenez plusieurs, vous aurez le sentiment de dĂ©guster une gourmandise sans la culpabilitĂ© de grossir. Comme nous venons de l’évoquer, les chocolats Hershey’s sont enveloppĂ©s dans de l’aluminium, ce qui est courant pour les marques de chocolat ou les autres gourmandises. Quel est l’intĂ©rĂȘt d’utiliser du papier aluminium dans un packaging de chocolat ? En utilisant de l’aluminium comme packaging, le consommateur aura la sensation d’ouvrir un cadeau chaque fois qu’il mangera un chocolat kiss. Selon A. Krishna dans “Journal of Consumer Psychology” 2011, nous avons tendance Ă  croire que les aliments provenant des petits packagings - mĂȘme le chocolat - sont perçus comme utiles pour la santĂ©. Cependant les recherches de Wansink & Park, (2000) montrent qu’il se produit l’effet inverse. Les petits packagings entrainent un vĂ©ritable conflit au niveau de la maĂźtrise de soi. Ceux- ci induisent la sensation de consommer peu: le consommateur n’a donc plus besoin de contrĂŽler la quantitĂ© qu’il grignote. Il mange donc plus, mĂȘme en plusieurs fois, mais n’éprouve plus de culpabilitĂ©. Jusqu’oĂč peut- on dire que les produits comme Hershey’s chocolate, utilisant volontairement des petits conditionnements, influencent le consommateur en crĂ©ant l’illusion de consommer peu en quantitĂ© et en calories ? 35
  • 36. Suivant la mĂȘme dĂ©marche, on observe un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne autour de l’alimentation saine. Plus on s’entoure d’ odeurs d’aliments sains et Ă©quilibrĂ©s, plus on a envie de consommer des aliments bons pour la santĂ©; par consĂ©quent, on grossira moins car on consommera moins d’aliments gras. Cette idĂ©e est un vrai outil de marketing notamment pour des entreprises comme Slimscents ou Aromapatch, qui relient l’odeur de leurs produits Ă  une perte de poids. Selon le journal anglais “Express” et l’article “Smell to make you well” de Lynne Bateson, de 2012, le Docteur Gary E Schwartz, professeur de psychologie, mĂ©decine, neurologie, psychiatrie et chirurgie Ă  l’universitĂ© d’Arizona, explique que le fait de sentir l’odeur d’une pomme peut entrainer une perte de poids. Ceux qui font un rĂ©gime et se privent de certains aliments, donc rĂ©duisent le nombre de calories qu’ils consomment, finissent par reprendre du poids quand ils cessent leur rĂ©gime. Selon Scott, Nowlis, Mandel, and Morales (2008), les personnes ayant pour but de diminuer leur quantitĂ© de nourriture consomment des produits issus de petits emballages. Ces personnes consomment en petites quantitĂ©s mais, pour satisfaire leur faim, mangent plus souvent. Selon, Scott, Nowlis, Mandel, and Morales, ces petits produits sont la source d’un conflit intĂ©rieur qui entraine un stress liĂ© Ă  des informations contradictoires. Les aliments des petits packagings sont “diĂ©tĂ©tiques”, puisqu’il faut manger de tout en petites quantitĂ©s, mais aussi trompeurs par rapport au nombre de calories consommĂ©es rĂ©ellement. 36
  • 37. Le marketing sensoriel, et particuliĂšrement le sens de la vue, joue un rĂŽle au niveau du packaging des produits alimentaires. Selon “the journal of market research” de  Raghubir and Krishna (1999), “l’oeil peut tromper l’estomac” donc, selon la forme, l’aspect, les dimensions et les matĂ©riaux utilisĂ©s, le packaging peut avoir une Ă©norme influence sur la perception du produit. Dans cet article, on dĂ©crit l’exemple d’une femme qui commandait des verres de vins sur une plage : elle commanda d’abord des petits verres, puis, finalement, un grand verre. En consommant sa boisson, elle se rendit compte qu’elle buvait la mĂȘme quantitĂ© mĂȘme si le contenant Ă©tait diffĂ©rent. Il y a aussi, David, un homme qui a dĂ©cidĂ© d’acheter Ă  sa femme unenouvellecollectiondetassesdethĂ©.IlaĂ©tĂ©surpris du mĂ©contentement de sa femme qui se plaignait qu’elle avait l’impression de boire moins de thĂ©, alors que la contenance des deux tasses, l’ancienne et la nouvelle, Ă©taient exactement les mĂȘmes. Ces deux exemples, montrent que, selon la forme, l’aspect, la dimension etc
 d’un produit, on aura une perception diffĂ©rente, mĂȘme si les produits ont la mĂȘme fonction et sont identiques. Un troisiĂšme exemple simple est reprĂ©sentatif de ce phĂ©nomĂšne. TrĂšs souvent, lors des fĂȘtes ou des bals, lorsque de la biĂšre est vendue, deux tailles de contenants sont proposĂ©es : cependant, lorsqu’on regarde de plus prĂšs les contenus, on se rend compte que la quantitĂ© rĂ©elle de biĂšre diffĂšre peu mais le prix, lui, est vraiment diffĂ©rent, le plus grand Ă©tant Ă©videmment le plus cher. Pour pouvoir promouvoir au mieux un produit, il y a beaucoup de tests, d’études, d’expĂ©riences sur les perceptions de volumes. Les managers dans les grandes entreprises doivent faire face aux concurrents donc doivent surveiller les aspects de leur packaging. Par exemple, une brique en carton ou une bouteille cylindrique de 240ml de jus de fruit, ne sont pas perçus de la mĂȘme façon. Rares sont les consommateurs en magasinquicomparentlaquantitĂ©d’unproduit entre deux marques, ils vont naturellement opter pour celui qui leur parait le plus grand. AprĂšs cette premiĂšre dĂ©cision d’achat, le consommateur aura tendance Ă  racheter le mĂȘme produit, il est donc primordial d’avoir un packaging qui attire le consommateur et le pousse Ă  consommer un produit plutĂŽt qu’un autre36. 36 The journal of market research” de Raghubir and Krishna (1999) Vol 36, N° 3, P 315 37
  • 38. Le goĂ»t est un des sens le moins utilisĂ© car il est plus diïŹƒcile Ă  mettre en place. La dĂ©marche la plus simple est de distribuer un Ă©chantillon du produit afin que le consommateur puisse le goĂ»ter. Welch’s, une entreprise amĂ©ricaine fabriquant des produits Ă  base de raisins (dont des boissons), crĂ©Ă©e en 1869, est la premiĂšre entreprise Ă  avoir inventĂ© une campagne appelĂ©e “remove and lick”, une campagne qui consistait Ă  soulever une bande puis Ă  la lĂ©cher. Ce concept permet une premiĂšre approche sensorielle du produit en utilisant le goĂ»t. Comme nous l’avons Ă©voquĂ© dans la premiĂšre partie, une personne qui a dĂ©jĂ  goĂ»tĂ© un produit est plus susceptible de l’acheter de nouveau37. 37 “Retailers, CPG Partners Making Sense Out Of Sensory Marketing” de   Mike Santos (2004) Source photo : Welch : E.C.Kraus, Can I Use Welch’s Grape Juice To Make Wine? Source Photo : The food channel “Scratch and Sniff” Becomes “Remove and Lick” 38
  • 39. D’autres marques font le choix de privilĂ©gier l’ouĂŻe. Pringles, une marque de chips, a utilisĂ© le sens auditif pour promouvoir ses produits tout comme Courvoisier Cognac. Les sons entendus en croquant dans les Pringles n’est pas un hasard, il y a beaucoup de recherches pour que celui-ci soit efficace. Une expĂ©rience a Ă©tĂ© mise en place avec des personnes portant un casque Ă©coutant plusieurs sons “croquants” pendant qu’ils mangeaient les chips. Leurs rĂ©ponses au goĂ»t Ă©taient affectĂ©es par le son croquant qu’ils entendaient pendant qu’ils mangeaient les chips. Courvoisier Cognac a dĂ©veloppĂ© un programme marketing intitulĂ© : “Le Nez de Courvoisier”,  l’idĂ©e est d’associer des bandes sonores Ă  la satisfaction de boire un cognac. Donc, un son particulier peut altĂ©rer la rĂ©alitĂ© et peut changer la perception d’un consommateur sur un produit. Le produit est alors perçu plus sophistiquĂ© et de meilleure qualitĂ©38. Selon, le “European Journal of Scientific Research study” dans un marchĂ© 18,3% des consommateurs ont achetĂ© un ou plusieurs produits avec la prĂ©sence de musique. Quand il n’y avait pas de musique, seulement 10% des consommateurs ont achetĂ© un ou plusieurs produits39. Un vendeur de glaces implantĂ© dans un casino Hard Rock CafĂ© en Floride, n’arrivait pas Ă  vendre beaucoup de glaces Ă  cause de l’endroit oĂč il Ă©tait situĂ©. StratĂ©giquement, comme pour le chocolat M&M’s, il dĂ©cida alors de diffuser une odeur de cĂŽne dans tout le casino : presque instantanĂ©ment, il eut une vĂ©ritable augmentation du nombre de consommateurs et donc de ses ventes de glaces40. Toutes ces marques ont fait le choix de s’appuyer spĂ©cifiquement sur un ou plusieurs sens. Le marketing sensoriel a un fort impact sur le choix du consommateur, ces exemples en sont la preuve. Sa rĂ©ussite repose sur l’équilibre et le choix de l’utilisation des sens. Des limites techniques voire Ă©thiques peuvent apparaitre, lorsque ce marketing est mal utilisĂ©. 38 Emma Hall : How Courvoisier and Unilever Manipulate the Senses, 19 Mars, 2013. 39 Optometric management : the smell and sound of success, Should your “vision” of your optical include am- bient scents and music? - JENNIFER KIRBY, Septembre 2013 40 “Retailers, CPG Partners Making Sense Out Of Sensory Marketing” de   Mike Santos (2004) 39
  • 40. Nous avons Ă©tudiĂ© jusqu’à prĂ©sent ce qu’est le marketing sensoriel avec des exemples concrets de son utilisation. Dans cette troisiĂšme partie, nous allons voir si le marketing sensoriel est seulement une simple stratĂ©gie visant Ă  rendre agrĂ©able l’achat du consommateur pour le fidĂ©liser, ou alors, s’il s’agit d’une technique visant Ă  influencer, peut-ĂȘtre mĂȘme manipuler le consommateur en utilisant son inconscient. L’utilisation des sens peut ĂȘtre trĂšs eïŹƒcace pour sĂ©duire un consom- mateur, cependant certaines expĂ©riences sensorielles ont, au contrai- re, eu un eïŹ€et nĂ©gatif sur le consommateur. 1. Les obstacles du marketing sensoriel Source Image : THE SENSES - A PRIMER : Carl Sherman 40
  • 41. D’autres limites du marketing sensoriel apparaissent avec, par exemple, une mauvaise utilisation des sons. Selon un article de Robert Budden, en 2008, Frito-Lay, une marque de chips amĂ©ricaine a compris l’effet positif que peut gĂ©nĂ©rer le marketing sensoriel sur un consommateur et a dĂ©cidĂ© de l’appliquer. Ils ont essayĂ© d’associer un son aux chips de deux façons: ils ont rendu leurs chips plus croustillantes et ont amplifiĂ© le son de l’ouverture du paquet pour leur nouveau produit “SunChips”. Le bruit pendant l’ouverture du paquet Ă©tait tellement fort qu’il atteignait 105 dĂ©cibels, donc plus fort qu’une moto ou une tondeuse Ă  gazon. Le produit SunChips a Ă©tĂ© retirĂ© du marchĂ© deux ans plus tard Ă  cause des plaintes Ă  propos du bruit que gĂ©nĂ©rait l’ouverture de ces paquets. Il y a mĂȘme eu une page Facebook qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e Ă  cette Ă©poque, intitulĂ©e : “Sorry but I can’t hear you over this SunChips bag.”, soit en français : “DĂ©solĂ©, je ne peux pas t’entendre avec le bruit des SunChips”41. Le marketing sensoriel peut ĂȘtre trĂšs efficace s’il est bien rĂ©flĂ©chi et bien dosĂ©, cependant il faut faire attention de ne pas gĂȘner le client ou le consommateur car cela risque de le repousser au lieu de l’attirer. De plus, il est ensuite difficile de changer la perception du consommateur qui associera dĂ©sormais la marque a un bruit trĂšs dĂ©sagrĂ©able. Non seulement, il n’achĂštera plus la marque mais en plus, cela entrainera une mauvaise publicitĂ©. 41 Robert Budden : Sensory ploys and the scent of marketing, June 3, 2013 Baskin Robbins est une marque de glace amĂ©ricaine, composĂ©e de 31 faveurs (Nous pouvons voir le chiffre 31 en rose) a. L’ouĂŻe Source Image : datemplate : “10 Photos of Cartoon Ears Listening” Source Image : Showing : “fritolay” Source Image : Site Frito Lay “Sunchips” 41
  • 42. En1993,l’agenceappelĂ©eGoodbySilverstein & Partners devait crĂ©er une campagne pour l’organisation amĂ©ricaine California Milk Processor Board: cette campagne a Ă©tĂ© intitulĂ©e Got Milk. Elle avait pour objectif d’encourager la consommation de lait de vache. Pour promouvoir leurs produits, ils ont fait le choix de diffuser l’odeur du lait et des cookies dans des abribus de San Francisco : cette idĂ©e, qui au premier abord paraĂźt intĂ©ressante puisqu’il s’agissait de diffuser des odeurs agrĂ©ables, s’est rĂ©vĂ©lĂ©e nĂ©gative. Cette campagne a reçu de nombreuses critiques car les passants ont estimĂ© que ce coup publicitaire les encourageait Ă  la suralimentation; de plus, certaines personnes ont trouvĂ© cette odeur irrespectueuse vis-Ă -vis des sans-abris, qui eux, n’avaient pas accĂšs Ă  ces produits.42 42 “Sensory Marketing Theoretical and Empirical Grounds” Bertil HultĂ©n ( 2015) - Chapitre 7 “The sense of smell) b. Les odeurs 42
  • 43. Concernant les odeurs, un autre problĂšme peut apparaĂźtre. Pour les personnes qui souhaitent ou doivent faire un rĂ©gime, le marketing sensoriel peut avoir un impact nĂ©gatif. Il peut perturber la bonne volontĂ© du consommateur qui cherche Ă  manger plus Ă©quilibrĂ©. Le nombre de personnes en surpoids a augmentĂ© de 857 millions en 1980 Ă  2 milliards en 2015, c’est-Ă -dire qu’un tiers de la population amĂ©ricaine est en surpoids. De plus, ĂȘtre en surpoids peut entraĂźner de nombreuses complications au niveau de la santĂ©, en 2010 entre 3 et 4 millions de personnes sont mortes des consĂ©quences de l’obĂ©sitĂ©43. Les Etats-Unis sont onziĂšmes sur l’échelle mondiale des populations en surpoids, et cela provient en grande partie des choix alimentaires.44 Une partie d’un rĂ©gime est liĂ©e au contrĂŽle de soi or, le fait de diffuser des odeurs peut tenter un consommateur. Le but de la marque qui utilise ce procĂ©dĂ© est de pousser le consommateur Ă  acheter un produit qui peut se rĂ©vĂ©ler nĂ©faste pour sa santĂ©. Les odeurs ne sont pas le seul facteur de dĂ©cision mais influencent tout de mĂȘme le consommateur. 43 Harrison Jacobs “The 10 fattest countries in the world” 25 dĂ©cembre 2014 44 TheRichest “The world’s 15 fattest countries in 2015”, 13 avril 2015 43
  • 44. Selon Harald Vogt, le fondateur et chef du marketing du Scent marketing Institut, la partie frontale du cerveau est la partie qui est responsable de nos prises de dĂ©cision, et notre sens de l’odorat est directement liĂ© Ă  cette partie. Vogt Ă©voque les limites du marketing sensoriel. Selon lui, il y a de multiples limites Ă  prendre en compte lorsqu’on fait du marketing sensoriel, il parle surtout de l’odorat. La premiĂšre qu’il Ă©voque est une limite technique, les machines qui produisent des odeurs spĂ©cifiques pour promouvoir une marque doivent ĂȘtre sur pile, puisque les rayons dans les grandes surfaces n’ont pas forcĂ©ment de prises Ă©lectriques disponibles. Il faut aussi faire attention que les lieux choisisnediffusentpasdemultiplesodeurs,pournepasquecelles- ci deviennent trop envahissantes et dĂ©tournent le consommateur. Le dernier point qu’évoque Harald Vogt, est l’attention qu’il faut porter aux personnes allergiques et hypersensibles Ă  certaines odeurs.45 45 Sent marketing Institute, Tracey Pepe, 2011 44
  • 45. Ces exemples montrent que le marketing sensoriel ne gĂ©nĂšre pas toujours des rĂ©sultats positifs, il existe certaines limites. Si on les dĂ©passent, il peut y avoir de graves consĂ©quences pour une marque. Le marketing sensoriel peut ĂȘtre trĂšs eïŹƒcace, il faut savoir maĂźtriser les sens Ă  bon escient et ne pas les utiliser n’importe comment. Les expĂ©riences que nous avons Ă©tudiĂ©es dans ce mĂ©moire nous amĂšne Ă  faire quelques constats : MĂȘme si l’odorat n’est pas le sens le plus utilisĂ© par les marques, il est celui qui a le plus d’influence sur le consommateur, Ă  condition de ne pas le dĂ©stabiliser en crĂ©ant une image nĂ©gative avec une odeur qui au dĂ©part est agrĂ©able mais pose un problĂšme d’éthique, ou encore en mĂ©langeant plusieurs odeurs dans un mĂȘme lieu. L’utilisation de l’ouĂŻe et particuliĂšrement, le choix de certains sons, peuvent gĂ©nĂ©rer un sentiment agrĂ©able au consommateur et lui donner envie de rester davantage dans un magasin, et donc de consommer plus. Par contre, si le consommateur se sent stressĂ© voire agressĂ© par le bruit gĂ©nĂ©rĂ© par un produit, il refusera de l’acheter. Il est possible d’utiliser plusieurs sens en mĂȘme temps, voire les cinq mais il est essentiel de rĂ©flĂ©chir de façon globale autour d’un produit. Il ne faut pas dissocier les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments concernant un mĂȘme produit et trouver un Ă©quilibre pour Ă©viter qu’un des sens domine involontairement voir parasite les autres. Outre les diïŹƒcultĂ©s que nous venons d’évoquer concernant l’utilisation de l’ouĂŻe et de l’odorat, un autre procĂ©dĂ© pose question : les messages subliminaux. 45
  • 46. C. La vue et l’ouĂŻe : les messages subliminaux Les messages subliminaux sont des techniques utilisĂ©es pour faire passer un message qui se transmet dans l’inconscient du consommateursans que le celui-ci en ait. Il s’agit pour cela d’utiliser de façon dĂ©tournĂ©e l’ouĂŻe et la vue. Ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© inventĂ© en 1957 par James Vicary. M Vicary a Ă©mis, lors d’une sĂ©ance de cinĂ©ma, des images de Coca Cola de maniĂšre trĂšs rapide pendant le film. Il a aussi Ă©mis des bruits subtils de popcorns qui craquaient, en arriĂšre-plan. Les messages subliminaux se sont montrĂ©s trĂšs efficaces, et le rĂ©sultat de cette expĂ©rience est une augmentation des ventes de 58%.46 Aux Etats-Unis, il n’y a pas de lois spĂ©cifiques concernant l’utilisation des messages subliminaux. C’est l’organisation qui s’occupe de la diffusion des publicitĂ©s 46 Business Insider, “The Shocking Drink And Incredible Coke History Of Subliminal Advertising” Dylan love, 26 Mai 2011 qui traite ce sujet, donc l’utilisation des messages subliminaux est prĂ©sente dans la sociĂ©tĂ©amĂ©ricaineaujourd’hui.Cependant, il est interdit de promouvoir certains produits comme les cigarettes, les armes et l’alcool, qui eux, sont un danger pour le public. Les messages subliminaux sont autorisĂ©s, cependant, ils sont mal perçus par le consommateur car ils sont utilisĂ©s Ă  son insu. En 2007, sur une chaĂźne dĂ©diĂ©e Ă  la nourriture, lors de la diffusion d’un Ă©pisode de “Iron Chef America”, le logo McDonalds est apparu en tant que message subliminal. MalgrĂ© les preuves (visionnage au ralenti), McDonalds a niĂ© toute utilisation de messages subliminaux47. Les entreprises cherchent donc Ă  les utiliser mais préÚrent cacher cette dĂ©marche commerciale au public. 47 Mental_floss, “7 sneaky Subliminal Messages Hidden in Ads” Jake Rossen, 12/08/2015 Dominic Green, 11 mai, 2013 46
  • 47. Certains logos trĂšs connus contiennent des messages subliminaux, que les consommateurs se sont habituĂ©s Ă  cĂŽtoyer: Baskin Robbins est une marque de glace amĂ©ricaine, composĂ©e de 31 saveurs (Nous pouvons voir le chiffre 31 en rose) FedEx, entre le E et X, il y a la forme d’une flĂšche. Amazon, un site dans lequel on retrouve tout ce dont on a besoin, de A Ă  Z Certains messages subliminaux sont faciles Ă  dĂ©crypter et le consommateur ne s’en offense pas, il peut mĂȘme parfois s’amuser Ă  le dĂ©couvrir ce qui est positif pour la marque. Le problĂšme se pose lorsque, pour promouvoir un produit, on utilise des techniques beaucoup plus perfectionnĂ©es, comme des images ultra-rapides, dans le but de toucher l’inconscient du consommateur. Certains pays - comme la France, l’Australie ou l’Angleterre - interdisent toutes formes de messages subliminaux  ; leur utilisation entraĂźne des sanctions sĂ©vĂšres. Au contraire, aux Etats-Unis, les annonceurs ont une libertĂ© d’action beaucoup plus grande et n’hĂ©sitent pas Ă  Ă©tudier de plus prĂšs les rĂ©actions (conscientes et inconscientes) des consommateurs face Ă  la stimulation de leurs sens. L’étude de l’activitĂ© cĂ©rĂ©brale des consommateurs et son utilisation « marketing », autrement dit le « neuromarketing », semblent permettre aux marques de repousser les limites de leur marketing sensoriel. Source photos (BR, Amazone) : Business Insider, “15 Corporate Logos That Contain Subliminal Messag- ing”, Dominic Green, 11 mai, 2013 Source photo (Fedex) : Hubspot, 8 Ads With Subliminal Messages You’ve Probably Missed, 22 janvier 2015 47
  • 48. 2. La contribution du neuromarketing Si l’on est familier de l’utilisation d’études cĂ©rĂ©brales Ă  des fins mĂ©dicales, nous le sommes moins avec l’exploitation d’études de ce type Ă  des fins marketings, pourtant bien connue des grandes entreprises : le neuromarketing. Selon le site e-marketing, le neuromarketing est dĂ©fini comme une “dĂ©clinaison du marketing qui met Ă  profit l’ensemble des disciplines des neurosciences pour mieux comprendre l’attitude et le comportement du consommateur. L’objectif est de dĂ©crypter le ou les liens qui existent entre l’activitĂ© cĂ©rĂ©brale et la cognition.”48. S’il est interdit dans certains pays comme la France, nous allons voir comment l’étude de notre cerveau peut aider les annonceurs nord-amĂ©ricains dans leur stratĂ©gie de marketing sensoriel. 48 Emarketing, “Neuromarketing” 48
  • 49. C’est aux Etats-Unis qu’a Ă©tĂ© conduite une des plus grosses Ă©tudes de neuro marketing, menĂ©e par Martin Linstrom. Ce danois a Ă©crit de multiples livres et menĂ© de nombreuses Ă©tudes sur le comportement d’achats des consommateurs. Un des livres les plus vendus de Martin Lindstrom est : buy.ology, truth and lies about why we buy. Il a travaillĂ© pour de nombreuses entreprises et a aidĂ© Ă  mettre en valeur de multiples marques. M Lindstrom a dĂ©pensĂ©, sur trois ans, plus de 7 millions de dollars pour analyser et dĂ©couvrir, grĂące au neuro marketing, les facteurs qui font acheter un produit. Une des Ă©tudes que cet homme a conduite avait pour thĂšme les cigarettes et les dĂ©sirs des fumeurs. Trente-deux personnes, provenant du monde entier, se sont portĂ©es volontaires pourparticiperĂ sesrecherches.IlabasĂ©son Ă©tude sur les images apposĂ©es aux paquets de cigarettes : en effet, dans de nombreux pays comme l’Australie, le Canada ou les Etats-Unis, apparaissent obligatoirement des images montrant les dĂ©gĂąts que les cigarettes peuvent entraĂźner. On voit des images de dents en train de tomber, ou des pieds rongĂ©s
 M. Lindstrom a utilisĂ© ces images pour analyser le comportement des consommateurs. Il a tout d’abord posĂ© des questions concernant ces paquets sans analyse du cerveau, afin d’obtenir une rĂ©ponse rationnelle et consciente du consommateur. Avec les meilleurs Ă©quipements et les machines adaptĂ©s aux a. Les rĂ©actions du cerveau face Ă  l’image Source photo : Amazone 49
  • 50. Ă©tudes de neuromarketing, il a ensuite analysĂ© les rĂ©actions du cerveau, Ă  la vue de ce paquet. Le but de cette manƓuvre Ă©tait de dĂ©terminer les rĂ©actions inconscientes des consommateurs et de voir la diffĂ©rence entre les rĂ©ponses conscientes et les rĂ©actions inconscientes du cerveau. M. Lindstrom a interrogĂ© une patiente, Marlene, fumeuse depuis 15 ans. Il lui a posĂ© les questions suivantes : “Etes-vous affectĂ©e par les packagings des cigarettes?”, “Est-ce que vous fumez moins lorsque les packagings vous montrent les effets nĂ©gatifs de la cigarette ?” La rĂ©ponse Ă  ces deux questions Ă©tait “Oui !”. Les rĂ©ponses de cette volontaire Ă©taient logiques et rationnelles par rapport aux images visionnĂ©es, cependant, Martin Linstrom, a choisi de faire des tests de neuro marketing pour savoir ce qui se cache dans l’inconscient du consommateur et le pousse Ă  tout de mĂȘme acheter ces paquets de cigarettes. AprĂšs les tests effectuĂ©s Ă  l’aide d’images du cerveau, il a obtenu des rĂ©sultats choquants : les tests ont montrĂ© quelespackagingsdecigarettesn’ontaucun effet rĂ©el sur le consommateur, et plus que cela, augmente son envie de cigarettes. Donc, notre ressenti conscient par rapport Ă  un produit ne dĂ©termine pas notre dĂ©sir d’achat. Il explique dans son livre que nos Ă©motions obscurcissent notre jugement, consciemment ou inconsciemment, et que malgrĂ© ce que nous pensons, nous ne sommes pas rationnels lorsque que nous achetons un produit. D’aprĂšs un article de ISPO news49, nous avons environ 10 000 pensĂ©es chaque jour 49 Susanne Riesselmann, “90 Percent Of All Purchasing Decisions Are Made Subconsciously” 2016 qui sont dirigĂ©es vers les achats que nous faisons : 90% de nos actes d’achat sont inconscients. Martin Lindstrom50, une de leurs rĂ©fĂ©rences dans l’article, explique qu’aux Etats-Unis, le neuromarketing est essentiel avant le lancement d’un produit sur le marchĂ©. (Cf : Annexe 2) Du point de vue du marketing sensoriel et de l’utilisation de la vue, on peut penser qu’apposer des images affreuses sur des paquets de cigarettes a pour but d’aider le fumeur Ă  s’arrĂȘter. Or, lorsque l’on utilise l’étude de neuromarketing de Martin Lindstrom, non seulement on dĂ©couvre que cela ne fonctionne pas, mais ce procĂ©dĂ© a mĂȘme l’effet inverse sur le consommateur. Le neuromarketing sert Ă  comprendre les rĂ©actions cĂ©rĂ©brales d’un consommateur par rapport Ă  la publicitĂ© d’un produit. Il permet d’avoir accĂšs Ă  des donnĂ©es dont mĂȘme le consommateur n’a mĂȘme pas conscience. Jusqu’oĂč peut-on utiliser ses donnĂ©es ? 50 MartinLindstrom,cĂ©lĂšbreĂ©crivaindanois,auteuret Time magazine influent 100 Honoree, menĂ© une expĂ©rience de marketing de 3 millions de dollars, il a Ă©crit les livres comme : “Buyology - Truth and Lies About Why We Buy”, “Brandwashed - Tricks Companies Use to Manipulate Our Minds and Persuade Us to Buy” “Nos Ă©motions obscurcissent notre jugement” 50
  • 51. Des scientifiques de l’institut Max Planck, spĂ©cialistes des connections cĂ©rĂ©brales, ont dĂ©montrĂ© que nos prises de dĂ©cisions se forment avant que nous en ayons conscience. L’étude qu’ils ont menĂ©e consistait Ă  prendre des personnes et mettre un buzzer devant eux : les participants pouvaient dĂ©cider librement sur quel bouton appuyer avec leur main gauche ou leur main droite. Le but de cette Ă©tude Ă©tait de dĂ©terminer le dĂ©calage entre le moment oĂč le cerveau rĂ©agissait Ă  la question et le moment oĂč le participant pensait faire le choix. Pour prouver ce dĂ©calage, les spĂ©cialistes ont analysĂ©, grĂące Ă  l’imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique fonctionnelle (IRM), le cerveau des personnes volontaires. Ils voulaient vĂ©rifier s’ils pouvaient prĂ©dire quelle main les cobayes allaient utiliser. Les rĂ©sultats ont montrĂ© qu’en “surveillant les micro-tendances de l’activitĂ© dans le cortex frontopolaire”, on pouvait savoir sept secondes Ă  l’avance la main que les personnes allaient choisir. L’auteur John Dylan Haynes et les neuro-scientifiques de l’Institut Max Planck ont expliquĂ© que, d’aprĂšs cette Ă©tude, nos prises de dĂ©cisions sont fortement influencĂ©es par l’activitĂ© de notre cerveau et qu’il y a un dĂ©calage de temps entre la prise de dĂ©cision inconsciente et l’acte conscient51. D’aprĂšs cette expĂ©rience, notre inconscient fait que nous choisissons un objet plutĂŽt qu’un autre. Donc, sommes-nous libres de choisir en toute libertĂ© ce que nous voulons acheter ? 51 Chun Siong Soon, Marcel Brass, Hans-Jochen Heinze & John-Dylan Haynes, “Unconscious Determinants of Free Decisions in the Human Brain.” Nature Neuroscience, April 13th, 2008. b. Le cerveau et la prise de dĂ©cision 51
  • 52. Dans l’article de IPSO news, que nous avons Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, George Loewenstein52 explique que notre cerveau est conduit par nos Ă©motions et que cela entraine des dĂ©cisions inconscientes : les marques comme CocaCola, qui savent utiliser ces Ă©motions sont toujours plus eïŹƒcaces que les autres. Il s’agit d’utiliser les donnĂ©es recueillies au cours d’expĂ©riences menĂ©es par le neuro-marketing pour savoir comment dĂ©velopper les sens en marketing sensoriel : les deux formes de marketing ne sont pas toujours associĂ©es mais elles peuvent parfaitement se complĂ©ter. Sa thĂ©orie est renforcĂ©e par l’exemple d’un jeune homme appelĂ© Elliot, un avocat qui a rĂ©ussi mais a dĂ» renoncer Ă  sa carriĂšre Ă  cause d’une tumeur cĂ©rĂ©brale. Cette tumeur a dĂ©truit la personnalitĂ© de ce jeune homme et a affectĂ© sa prise de dĂ©cision : il Ă©tait devenu incapable de choisir une chaĂźne de radio ou quel stylo utiliser pour Ă©crire, cependant son Q.I restait inchangĂ©. Un psychiatre a diagnostiquĂ© alors une personnalitĂ© sans Ă©motion, Elliot ne pouvait plus ressentir la joie, la tristesse ou la colĂšre mais, plus que cela, il ne pouvait plus prendre la moindre dĂ©cision. Le neuromarketing permet ainsi de comprendre la façon dont le cerveau humain fonctionne par rapport aux actes d’achat. Il est intĂ©ressant pour les marques de recueillir ces donnĂ©es afin de mieux orienter leur campagne marketing, en sollicitant de maniĂšre optimale les sens de leurs consommateurs. Les limites du marketing sensoriel ainsi repoussĂ©es, les annonceurs proposent alors des expĂ©riences de consommation encore plus « personnalisĂ©es ». Cela est-il faisable sans un problĂšme d’éthique ? 52 GeorgeLoewenstein,Ph.D.:del’universitĂ©deYale,Professeurd’Economicsetdepsychologie,Directeurdel’économie comportementale au Centre d’ incitations Ă  la santĂ© de l’Institut Leonard Davis Ă  l’UniversitĂ© de Pennsylvanie. 52
  • 53. Tout d’abord, il semble pertinent et important de distinguer ces deux notions afin de bien comprendre la puissance du marketing sensoriel. Selon le dictionnaire Larousse, l’influence est dĂ©finie comme le “pouvoir social et politique de quelqu’un, d’ungroupequiluipermetd’agir sur le cours des Ă©vĂ©nements, des prises de dĂ©cisions etc
”, alors que la manipulation est dĂ©finie comme “action d’orienter la conduite de quelqu’un, d’un groupe dans le sens qu’on dĂ©sire et sans qu’ils s’en rendent compte”. Dans le premier cas, l’individu prend ses propres dĂ©cisions en fonction de ses convictions ou de ses envies, dans le deuxiĂšme cas, la personne n’est plus libre de choisir car on oriente ses dĂ©cisions sans mĂȘme qu’elle s’en rende compte. Nous savons jusqu’à prĂ©sent que le marketing sensoriel est une sorte de marketing qui fait appel Ă  nos cinq sens pour promouvoir une marque.  Les sens crĂ©ent un lien entre le consommateur et une marque et fidĂ©lisent les clients grĂące Ă  des liens Ă©motionnels forts.  Les marques peuvent crĂ©er ces liens dans le but de sĂ©duire un consommateur et influencer ses sentiments et son comportement. 3.Lemarketingsensoriel:influenceou manipulation Source photo : Ă©tat du monde, Ă©tat d’ĂȘtre, Science du contrĂŽle, PubliĂ© le 7 Jan, 2015 De plus en plus d’entreprises se dirigent vers ces nouvelles mĂ©thodes pour vendre leurs produits ou leurs services. En choisissant des parfums, des sons et des textures de matĂ©riaux spĂ©cifiques Ă  leur marque, les entreprises crĂ©ent des expĂ©riences uniques mĂ©morables pour le consommateur. Il est important pour les marques de trouver de nouvelles façons de construire des liens plus solides avec leurs clients et de devenir la prĂ©fĂ©rence de ces derniers. Les moyens traditionnels de promouvoir les produits et les services ne suffisent plus, il est devenu essentiel aujourd’hui de se dĂ©marquer de ses concurrents. Le marketing sensoriel est un excellent moyen d’aller dans ce sens. De plus en plus de marques ont adoptĂ© l’utilisation du marketing sensoriel, il n’est pas Ă©tonnant que 35% des 500 plus grandes marques au monde utilise une stratĂ©gie basĂ©e sur le marketing sensoriel53. Les sens rappellent ce qu’il y a de plus primitif chez l’homme, donc l’utilisation des sens est trĂšs efficace pour attirer un consommateur. La façon de consommer a fortement Ă©voluĂ© depuis quelques annĂ©es, les entreprises cherchent avant tout Ă  mettre sur le marchĂ© 53 Tambo, The Five Senses of Hotel Marketing, 27 juillet 2015 Source photo : the outlaw, 17 avril 2016 “manipulation 3 2 1...” 53
  • 54. des produits de qualitĂ©. Cela commence par la crĂ©ation d’un packaging qui attire l’oeil pour ĂȘtre susceptible d’ĂȘtre achetĂ©. Aujourd’hui, on utilise le terme “le moment de vĂ©ritĂ©â€ c’est-Ă -dire que la prĂ©sentation influence la dĂ©cision d’achat au moment oĂč le consommateur est devant le produit. Il existe, de nos jours, dans les entreprises, des postes de travail spĂ©cialisĂ©s sur cet aspect du produit. Le marketing sensoriel a pour premier but de rendre agrĂ©able et attractif un produit ou un lieu. Prenons, par exemple, Starbucks, CocaCola, M&M’s ou mĂȘme le chocolat Hershey’s etc
 Plus un lieu ou un produit est agrĂ©able au niveau des sens : l’ouĂŻe, l’odorat, la vue, le goĂ»t et le toucher, plus on a envie, soit de rester dans un magasin pour l’explorer, soit d’acheter un produit spĂ©cifique. Oui, la sollicitation de nos sens a un impact sur notre inconscient mais, Ă  mon avis, le marketing sensoriel est une stratĂ©gie qui est acceptĂ©e, voire attendue, par les consommateurs. Pour confirmer mon hypothĂšse, j’ai dĂ©cidĂ© de faire un sondage en anglais et en français, et de le publier sur les rĂ©seaux sociaux et de l’envoyer par mail. Dans ce sondage, on retrouve des questions liĂ©es au marketing sensoriel (Cf : Annexes 4 et 5). Il y a eu plus de 73 personnes qui ont participĂ© au sondage en français. D’aprĂšs ce sondage, il ressort que, la majoritĂ© des personnes trouvent que le marketing sensoriel est agrĂ©able. Par exemple, lorsque que j’ai posĂ© la question : “Lorsque vous rentrez dans un magasin ou lorsque vous passez devant un magasin, cela vous dĂ©range-t-il qu’il y ait une odeur agrĂ©able, mĂȘme si elle est diffusĂ©e ?”, 80,8% des personnes ont rĂ©pondu que : “non cela ne les dĂ©rangeait pas”. 54
  • 55. Cette stratĂ©gie, qui consiste Ă  promouvoir par le marketing sensoriel, est choisie par de nombreuses entreprises. De plus, le fait que celles-ci confirment son utilisation au lieu de la cacher comme pour les messages subliminaux, est trĂšs efficace et dĂ©range beaucoup moins les consommateurs. Il existe cependant de nombreux dĂ©bats sur l’influence du marketing sensoriel concernant notamment l’utilisation de l’odorat. Par exemple, aux Etats- Unis, la Commission FĂ©dĂ©rale de Communication estime qu’il n’est pas Ă©thique de transmettre aux consommateurs des informations dont il n’a pas conscience. Selon Bradford, “scent could be introduced to the environment at a level lower than what consumers could possibly detect, and it would still affect their emotions. Consumers should be able to detect the things that are influencing them.” Cela signifie que si le consommateur ne peut pas dĂ©tecter certainesodeurs,ilestinfluencĂ©sansmĂȘmes’enrendre compte, ce qui correspond quasiment Ă  la dĂ©finition de la manipulation. Cependant, malgrĂ© l’utilisation implicite du cortex frontal de son cerveau, la partie qui dĂ©termine ses Ă©motions, le consommateur n’est pas contre le fait de sentir une odeur, si elle lui plait. On se trouve lĂ , sur la frontiĂšre de plus en plus mince, entre l’influence et la manipulation. De plus, nous vivons aujourd’hui dans une sociĂ©tĂ© oĂč la forte concurrence nous pousse Ă  exploiter des domaines nouveaux comme l’odorat qui incite Ă  l’achat d’un produit. Globalement, l’utilisation des sens plait aux consommateurs. De façon gĂ©nĂ©rale, le marketing sensoriel est un excellent moyen de promouvoir un produit ou un service, ce n’est pas de la manipulation. D’aprĂšs mes recherches, il n’y a aucun pays qui interdit le marketing sensoriel; au contraire, il est mĂȘme fortement conseillĂ© pour augmenter son chiffre d’affaires, contrairement au neuromarketing et aux messages subliminaux. Nos Ă©motions sont Ă  l’origine d’une grandepartiedenosdĂ©cisionsd’achat : 95% de nos dĂ©cisions sont inconscientes et seulement 5% sont conscientes. 55
  • 56. PendantnosprisesdedĂ©cisionslorsd’unachat,ilexistedemultiplesfacteursquivontnousinfluencer, tels que notre culture, nos croyances, notre mĂ©moire et nos expĂ©riences rĂ©centes ou passĂ©es. Une bonne odeur dans un magasin, par exemple, peut augmenter de 38% les achats impulsifs, car cela crĂ©e une bonne ambiance et les consommateurs restent plus longtemps54. Au niveau de l’éthique, beaucoup de professionnels du marketing vont donc rĂ©fĂ©rencer le marketing sensoriel comme un moyen d’embellir l’expĂ©rience du consommateur. Le marketing sensoriel n’a pas pour objectif principal de jouer avec l’inconscient pour manipuler un consommateur. C’est la raison pour laquelle il y a trĂšs peu de controverses Ă  ce sujet, contrairement aux messages subliminaux ou au neuromarketing, qui eux, ont pour prioritĂ© d’utiliser l’inconscient pour provoquer l’achat. Je pense que le marketing des marques dans l’industrie alimentaire aux Etats-Unis, ou ailleurs, va encore Ă©voluer et que le marketing sensoriel va jouer une place de plus en plus grande. De plus, les technologies Ă©voluent et sont de plus en plus performantes. Ceci permet aux spĂ©cialistes de dĂ©velopper un marketing sensoriel encore plus impactant. 54 Emission : France 5 : quotidienne MARKETING OLFACTIF : Associer une odeur Ă  une marque pour stimuler l’acte d’achat - 11/06/2014 56
  • 57. L’évolution de nos sociĂ©tĂ©s a poussĂ© les professionnels du marketing Ă  modifier et amĂ©liorer leurs techniques pour influencer les consommateurs dans leurs actes d’achats. Nous avons pu voir que les attentes de ces derniers ont aussi Ă©voluĂ©. En effet, si au dĂ©but du siĂšcle dernier, nous consommions avant tout pour des besoins primaires, cela est bien diffĂ©rent aujourd’hui : notre consommation est dĂ©sormais conditionnĂ©e par d’autres Ă©lĂ©ments et le marketing sensoriel est une technique qui permet de toucher diffĂ©remment le consommateur. Il permet, Ă  une entreprise, de se distinguer de ses concurrents et d’augmenter les chances pour un produit ou un service, d’ĂȘtre ancrĂ© dans la mĂ©moire des consommateurs. Il augmente aussi les chances d’achat et de rĂ©-achat. Nombreuses sont les marques qui ont adoptĂ© son utilisation et ont rĂ©ussi grĂące Ă  celui-ci. Il est Ă©vident qu’une bonne utilisation du marketing sensoriel est nĂ©cessaire : les cinq sens, s’ils sont maniĂ©s correctement, peuvent avoir une influence positive sur le consommateur. Il est aussi essentiel de respecter le bien-ĂȘtre de ce dernier pour espĂ©rer le fidĂ©liser. TrĂšs utilisĂ© aux Etats-Unis sous diffĂ©rentes formes, en jouant sur un sens ou plusieurs, ce procĂ©dĂ© influence fortement le consommateur. MĂȘme s’il peut prĂȘter Ă  discussion, le marketing sensoriel reste tout de mĂȘme une technique d’influence «  acceptĂ©e  » par la plupart des consommateurs car elle leur propose des expĂ©riences de consommation agrĂ©ables rĂ©pondant Ă  des besoins de reconnaissance et d’appartenance. Les recherches effectuĂ©es sur le thĂšme du marketing sensoriel vont de plus en plus loin et restent, pour le moment, encadrĂ©es. Nous pouvons cependant craindre certaines dĂ©rives avec une limite de plus en plus fine entre influence et manipulation. Les annonceurs vont-ils trop loin dans leurs stratĂ©gies marketing ? Vendre un produit ou un service justifie-t-il la pratique de techniques aussi intrusives et sournoises que le neuromarketing ou les messages subliminaux ? 57
  • 58. Ouvrages Livre Hulten, Bertil, Niklas Broweur, and Marcus Van Dijk. Sensory Marketing 2009 Lindstrom, Martin. BRAND sense Build Powerful Brands through Touch, Taste, Smell, Sight, and Sound 2005 James Hammond, Branding your business the sweet smell of brand success 2011, chapitre 10, p135 -136 Kotler P. , Atmospherics as a marketing tool - Journal of Retailing, 1973, p. 49 Connie Pheiff , Marketing Masters 2015, Chapitre 2 , Page 4 Bertil HultĂ©n Sensory Marketing Theoretical and Empirical Grounds ( 2015) - Chapitre 7 The sense of smell Aradhna Krishna Sensory Marketing Research on the sensuality of products - Chapitre 6 “Scent Marketing” Chapitre 6 - p76 Martin Lindstrom “Buyology, truth and lies about what we buy”, October 21, 2008 Michael D. Solomon, Donna Heckler, Brian D, The truth about successful entrepreneurship, chapitre : 2 truth 2 : design it and they will come, 2010 Articles Magazine Adweek, “Something in the air” , Robert Klara, 5 mars 2012 Business Insider, Meredith Lepore, “15 Facts About Starbucks That Will Blow Your Mind, Article”,, 15 Mars 2011* Leatrice Eiseman, “Impact of colours on consumer purchase behaviour”, April 17, 2000* Jake Rossen, Mental_floss, “7 sneaky sSubliminal Messages Hidden in Ads” 12/08/2015 Business Insider, “The Shocking Drink And Incredible Coke History Of Subliminal Advertising” Dylan love 26 Mai 2011 Chun Siong Soon, Marcel Brass, Hans-Jochen Heinze & John-Dylan Haynes, “Unconscious Determinants of Free Decisions in the Human Brain.” Nature Neuroscience, April 13th, 2008. Murray , Psychology Today, “How Ă©motions influence what we buy” 26 FĂ©vrier 2013 Emma Hall : How Courvoisier and Unilever Manipulate the Senses, 19 Mars, 2013 58