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ronnementale. Mais cette thémati-
que du carbone est symbolique
d’un ISR de plus en plus pragma-
tique, recherchant dans les don-
nées extra-financières des facteurs
de risques ou d’opportunités.
« Toutes les notes de synthèse de
nos analystes financiers comportent
trois pages, dont une systématique-
ment dédiée aux analyses extra-
financières », explique ainsi Phi-
lippe Fidaire, directeur général de
NN IP en France. Ce gestionnaire
étudieainsideprèslescontroverses
touchant certaines sociétés, ce qui
lui a permis d’éviter le plongeon de
Volkswagen au moment du scan-
dale. Le titre n’était pas non plus
dans les portefeuilles de Degroof
CandriamouMirova,ontdéjàcom-
mencé à publier des chiffres, ce qui
va devenir une obligation légale,
Degroof Petercam réfléchit encore
à la méthodologie adéquate.
Une prudence partagée par
d’autres. « Nous devrions publier
l’empreinte carbone de nos trois
fonds actions ISR à la fin du premier
semestre et nous avons déjà sélec-
tionné un partenaire pour le calcul,
indiqueAurélieBaudhuin,analyste
ISR chez Meeschaert AM. Mais il
faudraaboutiràunindicateurperti-
nent et clair. » Le calcul des émis-
sionsdegazàeffetdeserreestcom-
plexe et un simple chiffre ne suffira
certes pas à illustrer la qualité de la
gestion d’un fonds en matière envi-
L’investissement socialement
responsable (ISR) est une
pratique qui consiste à tenir
compte de critères environnemen-
taux, sociaux et de gouvernance
(ESG),enplusdeshabituelscritères
financiers,avantdedéciderd’inves-
tir ou non dans le titre d’un émet-
teur. Si l’ISR se développe rapide-
ment en France, c’est surtout grâce
aux investisseurs institutionnels.
Mais les choses pourraient chan-
ger. La tenue de la conférence
COP21 à Paris a favorisé l’éclosion
de nouveaux fonds et stimule la
réflexion autour de la thématique,
avec potentiellement à la clef une
offre plus attrayante pour les parti-
culiers.
En effet, les pouvoirs publics
viennent de créer un label ISR, lar-
gementinspirédeceluiaccordépar
Novethic depuis 2009 (voir
tableau). Il pourra être attribué aux
fonds répondant à certains princi-
pes : le gestionnaire devra notam-
ment justifier que la partie extra-
financière du processus de gestion
permet d’éliminer au moins 20 %
des titres de son univers d’investis-
sement initial ou que 90 % de
son portefeuille est composé de
valeurs bénéficiant d’une note
extra-financière.
Empreinte carbone publiée
Un deuxième label, baptisé
« TEEC » (transition énergétique et
écologique pour le climat), est
réservéauxfondsinvestissantdans
la thématique environnementale.
Les premiers lauréats devraient
êtreconnusaucoursduprintemps.
« Au-delà du bruit médiatique
autour de la COP21, un des princi-
pauximpactsseralapublicationpar
les fonds de leur empreinte car-
bone », explique Ophélie Mortier,
responsable de la stratégie ISR de
Degroof Petercam AM, dont trois
fonds ont reçu le label Novethic en
2015. Si certains acteurs, comme
La conférence climat et un nouveau label pourraient déclencher un plus fort intérêt du public
pour l’investissement socialement responsable (ISR). Le point sur un marché en devenir.
Unnouvelhorizon
pourinvestirresponsable
ÉDITORIAL
Marie-Christine Sonkin
Surligné Eric LEGER
Allons-nous vraiment
a s s i s t e r d a n s l e s
années qui viennent à
l’avènement de l’économique-
ment correct ? Après tout, ce
n’estpasimpossiblepuisqueles
Français qui plébiscitaient le
diesel se tournent aujourd’hui
massivement vers des véhicu-
les moins polluants.
Côté finances, les consom-
mateurs s’intéressent de plus
en plus aux fonds « responsa-
bles ». Beaucoup par le biais de
l’épargne salariale, mais pas
seulement. Et le mouvement
qui a eu un peu de mal à
s’enclencher tend à prendre de
lavitesse.Encorefaut-ilqueces
fonds satisfassent certains cri-
tères, notamment celui de la
rentabilité. De ce côté, ils ne
sontpasenrestecarleursrésul-
tats sont comparables, voire
meilleurs que ceux de leurs
concurrents moins vertueux.
Il faut aussi que ces fonds se
montrent raisonnables sur les
frais, composante très impor-
tante pour la performance
finale. C’est peut-être le défi le
plusimportantàrelever,carqui
dit ISR, dit aussi labels, nota-
tions, certifications. Autant
d’opérations coûteuses. Et si le
consommateur est éventuelle-
ment prêt à faire un effort pour
épargner durable, des factures
trop élevées risquent de le
détourner du droit chemin.
L’observation de critères extra-
financiers nécessite l’interven-
tion de spécialistes. Et les exi-
gences ne font que croître.
COP21 oblige, la chasse au CO2
est le nouveau sport à la mode
dans le petit monde de la ges-
tion d’actifs. L’évaluation de
l’empreinte carbone des porte-
feuilles, critère nécessaire pour
obtenir le label « transition
énergétique et écologique pour
le climat » ne semble pas être
une mince affaire.
Enfin, il faudrait, pour que le
succèssoitvraimentaurendez-
vous, une simplification des
normes et labels en vigueur.
Pour l’instant, les non-initiés
ont bien du mal à s’y retrouver.
Le nouveau label ISR soutenu
par les pouvoirs publics est
conçupourrassemblertousles
acteurs du secteur autour d’un
même projet. Apportera-t-il
aux particuliers la visibilité qui
fait encore défaut à l’investisse-
ment socialement responsa-
ble ? Les premiers labels
devraient être décernés d’ici à
juin. Il faudra attendre encore
un peu pour mesurer leur
impact sur les épargnants. n
L’èrede
l’économiquement
correct
Certains fonds continuent d’avoir
une approche très diversifiée de
l’ISR. Parmi ceux-ci, certains sont
capablesdeprendredesparissecto-
riels forts, à l’instar des produits de
Mirova, depuis longtemps à l’écart
du secteur pétrolier, ou du fonds
Ecofi Enjeux Futurs (Ecofi Investis-
sements), qui sélectionne des titres
répondant à des tendances écono-
miques de long terme comme la
gestiondesdéchets,lemarchédela
santé ou encore le développement
des services à la personne.
•DIMENSION ÉNERGÉTIQUE
D’autresfondssefocalisentsurune
problématique particulière. Ainsi,
le fonds Sycomore Eco Solutions,
lancé l’an dernier par Sycomore
AM, se concentre sur la transition
énergétique,excluantd’unepartles
plus gros pollueurs et axant ses
investissements sur les sociétés
analysées comme des leaders dans
des secteurs clefs tels que les éner-
gies renouvelables, le transport, la
construction et la rénovation, l’éco-
nomie circulaire ou les activités
liéesàl’écosystème.Depuislelance-
ment, le fonds fait mieux que son
indicederéférence :unbondébutà
confirmer.
•DIMENSION SOCIALE
D’autres épargnants peuvent être
plus sensibles à la dimension
sociale de l’ISR, et des offres ont
aussi été développées à leur inten-
tion : Sycomore Happy@Work,
chez le même gestionnaire, va
cibler les entreprises favorisant
l’épanouissement de leurs salariés,
ou encore BNP Paribas Développe-
ment Humain sélectionne des
entreprisesparticipantàdesenjeux
de société fondamentaux (accès
pour tous à l’eau potable, à une ali-
mentation de qualité, à des soins
médicaux, etc.). Le fonds a fait un
véritablecartondanslesréseauxde
distribution du groupe : après une
collecte de 335 millions d’euros en
2015, il totalise aujourd’hui 1,15 mil-
liard d’euros d’actifs sous gestion.
Ilestvraiquelesperformancessont
au rendez-vous : +15,2 % en 2015
contre8,2 %poursonindicederéfé-
rence.Detellesstratégiesd’investis-
sement sont bien adaptées à un
investisseur particulier : d’un côté,
Petercam,alertépardesproblèmes
de gouvernance et de manque de
transparencechez le constructeur.
Les stratégies ISRaffichentaussi
unevisionplusdynamiquequepar
lepassé.« Nousnenousdemandons
pas seulement comment réduire
l’impact environnemental de nos
investissements, mais nous ciblons
des sociétés dont l’activité permet
d’éviterdesémissionsdeCO2 :l’isola-
tionthermique,parexemple »,expli-
queAurélieBaudhuin.
— Emmanuel Schafroth
Surligné Eric LEGER
elles sont plus parlantes que des
fondssecontentantd’unsimple fil-
trage des sociétés les moins bien
notées de chaque secteur, ont un
vraisensetpermettentàchacunde
choisir le produit qui convient le
mieux à sa sensibilité propre ; de
l’autre, même si elles sont typées,
elles permettent une répartition
des risques entre plusieurs sec-
teurs.Entre lesfonds ISRtradition-
nels, surtout destinés aux institu-
tionnels, et lesfondstropsectoriels
(dédiésauxénergiesrenouvelables,
parexemple)donctrèsrisqués,une
troisièmevoiesedessine.
Desgammesdefondstrèsdiversifiées
L’approche ISR est
à géométrie variable.
La palette de l’offre
est large et chacun peut
choisir en fonction de
sa sensibilité.
Leurs résultats sont
comparables, voire
meilleurs que ceux
de leurs concurrents
moins vertueux.
Les agences
de notation ESG
l Agences généralistes
(notation des sociétés sur
toutes les dimensions) :
Vigeo, Eiris, Sustainalytics,
Oekom, MSCI ESG…
l Agences spécialisées
EthiFinance (petites et
moyennes valeurs), Ethix
(controverses), RepRisk
(risque de réputation),
Trucost (environnement)...
l Notation des fonds
Morningstar (notation de la
qualité ISR des fonds vendus
comme tels ou pas).
VENDREDI 25 ET SAMEDI 26 MARS 2016

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  • 1. ronnementale. Mais cette thémati- que du carbone est symbolique d’un ISR de plus en plus pragma- tique, recherchant dans les don- nées extra-financières des facteurs de risques ou d’opportunités. « Toutes les notes de synthèse de nos analystes financiers comportent trois pages, dont une systématique- ment dédiée aux analyses extra- financières », explique ainsi Phi- lippe Fidaire, directeur général de NN IP en France. Ce gestionnaire étudieainsideprèslescontroverses touchant certaines sociétés, ce qui lui a permis d’éviter le plongeon de Volkswagen au moment du scan- dale. Le titre n’était pas non plus dans les portefeuilles de Degroof CandriamouMirova,ontdéjàcom- mencé à publier des chiffres, ce qui va devenir une obligation légale, Degroof Petercam réfléchit encore à la méthodologie adéquate. Une prudence partagée par d’autres. « Nous devrions publier l’empreinte carbone de nos trois fonds actions ISR à la fin du premier semestre et nous avons déjà sélec- tionné un partenaire pour le calcul, indiqueAurélieBaudhuin,analyste ISR chez Meeschaert AM. Mais il faudraaboutiràunindicateurperti- nent et clair. » Le calcul des émis- sionsdegazàeffetdeserreestcom- plexe et un simple chiffre ne suffira certes pas à illustrer la qualité de la gestion d’un fonds en matière envi- L’investissement socialement responsable (ISR) est une pratique qui consiste à tenir compte de critères environnemen- taux, sociaux et de gouvernance (ESG),enplusdeshabituelscritères financiers,avantdedéciderd’inves- tir ou non dans le titre d’un émet- teur. Si l’ISR se développe rapide- ment en France, c’est surtout grâce aux investisseurs institutionnels. Mais les choses pourraient chan- ger. La tenue de la conférence COP21 à Paris a favorisé l’éclosion de nouveaux fonds et stimule la réflexion autour de la thématique, avec potentiellement à la clef une offre plus attrayante pour les parti- culiers. En effet, les pouvoirs publics viennent de créer un label ISR, lar- gementinspirédeceluiaccordépar Novethic depuis 2009 (voir tableau). Il pourra être attribué aux fonds répondant à certains princi- pes : le gestionnaire devra notam- ment justifier que la partie extra- financière du processus de gestion permet d’éliminer au moins 20 % des titres de son univers d’investis- sement initial ou que 90 % de son portefeuille est composé de valeurs bénéficiant d’une note extra-financière. Empreinte carbone publiée Un deuxième label, baptisé « TEEC » (transition énergétique et écologique pour le climat), est réservéauxfondsinvestissantdans la thématique environnementale. Les premiers lauréats devraient êtreconnusaucoursduprintemps. « Au-delà du bruit médiatique autour de la COP21, un des princi- pauximpactsseralapublicationpar les fonds de leur empreinte car- bone », explique Ophélie Mortier, responsable de la stratégie ISR de Degroof Petercam AM, dont trois fonds ont reçu le label Novethic en 2015. Si certains acteurs, comme La conférence climat et un nouveau label pourraient déclencher un plus fort intérêt du public pour l’investissement socialement responsable (ISR). Le point sur un marché en devenir. Unnouvelhorizon pourinvestirresponsable ÉDITORIAL Marie-Christine Sonkin Surligné Eric LEGER Allons-nous vraiment a s s i s t e r d a n s l e s années qui viennent à l’avènement de l’économique- ment correct ? Après tout, ce n’estpasimpossiblepuisqueles Français qui plébiscitaient le diesel se tournent aujourd’hui massivement vers des véhicu- les moins polluants. Côté finances, les consom- mateurs s’intéressent de plus en plus aux fonds « responsa- bles ». Beaucoup par le biais de l’épargne salariale, mais pas seulement. Et le mouvement qui a eu un peu de mal à s’enclencher tend à prendre de lavitesse.Encorefaut-ilqueces fonds satisfassent certains cri- tères, notamment celui de la rentabilité. De ce côté, ils ne sontpasenrestecarleursrésul- tats sont comparables, voire meilleurs que ceux de leurs concurrents moins vertueux. Il faut aussi que ces fonds se montrent raisonnables sur les frais, composante très impor- tante pour la performance finale. C’est peut-être le défi le plusimportantàrelever,carqui dit ISR, dit aussi labels, nota- tions, certifications. Autant d’opérations coûteuses. Et si le consommateur est éventuelle- ment prêt à faire un effort pour épargner durable, des factures trop élevées risquent de le détourner du droit chemin. L’observation de critères extra- financiers nécessite l’interven- tion de spécialistes. Et les exi- gences ne font que croître. COP21 oblige, la chasse au CO2 est le nouveau sport à la mode dans le petit monde de la ges- tion d’actifs. L’évaluation de l’empreinte carbone des porte- feuilles, critère nécessaire pour obtenir le label « transition énergétique et écologique pour le climat » ne semble pas être une mince affaire. Enfin, il faudrait, pour que le succèssoitvraimentaurendez- vous, une simplification des normes et labels en vigueur. Pour l’instant, les non-initiés ont bien du mal à s’y retrouver. Le nouveau label ISR soutenu par les pouvoirs publics est conçupourrassemblertousles acteurs du secteur autour d’un même projet. Apportera-t-il aux particuliers la visibilité qui fait encore défaut à l’investisse- ment socialement responsa- ble ? Les premiers labels devraient être décernés d’ici à juin. Il faudra attendre encore un peu pour mesurer leur impact sur les épargnants. n L’èrede l’économiquement correct Certains fonds continuent d’avoir une approche très diversifiée de l’ISR. Parmi ceux-ci, certains sont capablesdeprendredesparissecto- riels forts, à l’instar des produits de Mirova, depuis longtemps à l’écart du secteur pétrolier, ou du fonds Ecofi Enjeux Futurs (Ecofi Investis- sements), qui sélectionne des titres répondant à des tendances écono- miques de long terme comme la gestiondesdéchets,lemarchédela santé ou encore le développement des services à la personne. •DIMENSION ÉNERGÉTIQUE D’autresfondssefocalisentsurune problématique particulière. Ainsi, le fonds Sycomore Eco Solutions, lancé l’an dernier par Sycomore AM, se concentre sur la transition énergétique,excluantd’unepartles plus gros pollueurs et axant ses investissements sur les sociétés analysées comme des leaders dans des secteurs clefs tels que les éner- gies renouvelables, le transport, la construction et la rénovation, l’éco- nomie circulaire ou les activités liéesàl’écosystème.Depuislelance- ment, le fonds fait mieux que son indicederéférence :unbondébutà confirmer. •DIMENSION SOCIALE D’autres épargnants peuvent être plus sensibles à la dimension sociale de l’ISR, et des offres ont aussi été développées à leur inten- tion : Sycomore Happy@Work, chez le même gestionnaire, va cibler les entreprises favorisant l’épanouissement de leurs salariés, ou encore BNP Paribas Développe- ment Humain sélectionne des entreprisesparticipantàdesenjeux de société fondamentaux (accès pour tous à l’eau potable, à une ali- mentation de qualité, à des soins médicaux, etc.). Le fonds a fait un véritablecartondanslesréseauxde distribution du groupe : après une collecte de 335 millions d’euros en 2015, il totalise aujourd’hui 1,15 mil- liard d’euros d’actifs sous gestion. Ilestvraiquelesperformancessont au rendez-vous : +15,2 % en 2015 contre8,2 %poursonindicederéfé- rence.Detellesstratégiesd’investis- sement sont bien adaptées à un investisseur particulier : d’un côté, Petercam,alertépardesproblèmes de gouvernance et de manque de transparencechez le constructeur. Les stratégies ISRaffichentaussi unevisionplusdynamiquequepar lepassé.« Nousnenousdemandons pas seulement comment réduire l’impact environnemental de nos investissements, mais nous ciblons des sociétés dont l’activité permet d’éviterdesémissionsdeCO2 :l’isola- tionthermique,parexemple »,expli- queAurélieBaudhuin. — Emmanuel Schafroth Surligné Eric LEGER elles sont plus parlantes que des fondssecontentantd’unsimple fil- trage des sociétés les moins bien notées de chaque secteur, ont un vraisensetpermettentàchacunde choisir le produit qui convient le mieux à sa sensibilité propre ; de l’autre, même si elles sont typées, elles permettent une répartition des risques entre plusieurs sec- teurs.Entre lesfonds ISRtradition- nels, surtout destinés aux institu- tionnels, et lesfondstropsectoriels (dédiésauxénergiesrenouvelables, parexemple)donctrèsrisqués,une troisièmevoiesedessine. Desgammesdefondstrèsdiversifiées L’approche ISR est à géométrie variable. La palette de l’offre est large et chacun peut choisir en fonction de sa sensibilité. Leurs résultats sont comparables, voire meilleurs que ceux de leurs concurrents moins vertueux. Les agences de notation ESG l Agences généralistes (notation des sociétés sur toutes les dimensions) : Vigeo, Eiris, Sustainalytics, Oekom, MSCI ESG… l Agences spécialisées EthiFinance (petites et moyennes valeurs), Ethix (controverses), RepRisk (risque de réputation), Trucost (environnement)... l Notation des fonds Morningstar (notation de la qualité ISR des fonds vendus comme tels ou pas). VENDREDI 25 ET SAMEDI 26 MARS 2016