Gazette 3 du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon
La coupole mai 2014
1. l’étudiante et monsieur henri Pascal legros productions
CAT a mer. 07.05 20:30
Texte d’Ivan Calberac
Mise en scène : José Paul
Avec Sébastien Castro, Claudia Dimier, Roger Dumas, Lysiane Meis
Cette comédie ravageuse, mise en scène avec finesse et tendresse, nous entraine sur les
chemins de la vie. Entre ingérences familiales et hérédités lourdes à assumer, les
protagonistes vont faire l’expérience de la difficulté de concilier leurs rêves avec les
petits arrangements quotidiens que chacun prend avec sa conscience.
Une pièce remarquablement interprétée par des comédiens drôles, attachants et
émouvants.
Monsieur Henri, un septuagénaire acariâtre, vit seul dans son appartement. Inquiet, son fils souhaite
le placer dans une maison de retraite mais lui refuse et accepte de louer une de ses chambres à une
étudiante. Il choisit Constance, une jolie jeune femme de 21 ans et va se servir d’elle pour bouleverser
l’équilibre familial.
Note de l’auteurIvan Calbérac
« Comme toujours dans mon travail, il est ici beaucoup question d’héritage, d’hérédité, de ce que l’on
reçoit de ses aïeux, ce qui nous nourrit, mais surtout ce qui nous emprisonne, nous entrave, nous
réduit, des scénarios répétitifs et souvent inconscients dans lesquels chacun se débat, tentant, comme
il le peut, de trouver un peu de liberté, une voie de sortie, à un quotidien qui paraît parfois routinier et
sans espoir.
Ainsi, Constance, notre jeune héroïne, est en plein échec dans ses études, et elle ne s’autorise pas à
aller vers ce dont elle rêve (devenir compositeur), persuadée par son père qu’elle n’en sera jamais
capable. Face à elle, Paul, le fils d’Henri, souffre lui aussi d’une figure paternelle écrasante, qui lui a
légué son cabinet de comptabilité, lui laissant sans doute peu l’occasion durant son enfance de
trouver une orientation plus personnelle.
Et à plus de quarante ans, Paul permet encore à Henri de dénigrer son épouse, et tolère ses pressions
permanentes pour qu’il s’en sépare.
Au cours de l’histoire, chaque personnage va vivre différentes épreuves, se retrouvant confronté à ses
frustrations, ses insuffisances, ses failles, souvent douloureusement. Chacun devra trouver le
discernement entre l’acceptation et la résignation, le combat et l’apaisement, pour prendre le bon
chemin vers son épanouissement.
La tragédie étant le scénario du comique véritable – penchant naturel pour moi en tant qu’auteur - la
forme est délibérément celle d’une comédie de caractères, où l’on rit du choc entre les différentes
personnalités des protagonistes, et des situations dans lesquelles leurs aspirations les projettent.
L’action est en effet en permanence guidée par les choix intérieurs des personnages… Et l’humour
n’en est qu’une conséquence.
J’ai ainsi voulu composer une pièce de théâtre populaire, facile d’accès, mais je l’espère, profonde,
dans le miroir qu’elle proposera au spectateur. »
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2. Ce spectacle a remporté le prix "coup de cœur" du "Palmarès des nouveaux prix du théâtre 2013" (anciens
"Molières").
et si j’étais moi ! act2 Compagnie catherine dreyfus
CAT c sam. 17.05 15:00
Chorégraphie : Catherine Dreyfus en collaboration avec les danseurs
Avec Mélodie Joinville ou Salima Nouidé / Gaétan Jamard ou Aniol Busquets Julià / Catherine
Dreyfus ou Véronique Laugier
A partir de 6 ans
Un goûter sera offert au restaurant La Diligence (8, rue de Mulhouse, au bout de la Croisée
des Lys) à l’issue de la représentation (dans la limite des places disponibles).
Invitation au voyage dans nos espaces imaginaires, Et si j’étais moi ! rend hommage à
l’enfant qui est encore en nous. Petits et grands se rejoignent dans un univers commun :
celui du rêve…Un spectacle ludique sur l’enfance et l’initiation à la vie.
« Je me sens crêpe quand je suis épuisée et que mon corps s’étale de tout son long.
Je me sens un coquelicot frétillant sous une brise d’été quand je pétille d’enthousiasme.
Je me sens shaker prêt à exploser quand je déborde d’émotion.»
En se connectant aux êtres et aux objets qui peuplent le monde de l’enfance, des états de corps
s’imposent aux danseurs comme une évidence : les voilà tantôt crêpe, coquelicot, shaker…
Saisissante métaphore de la vie en chacun de nous - qui au commencement n’était que matière
organique formant une seule et même énergie -, Et si j’étais moi ! retrace l’éclosion qui nous a fait
grandir et devenir un être unique.
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3. Désormais affublés d’une identité propre et des névroses qui l’accompagnent, la crêpe dépressive, le
coquelicot narcissique et le shaker tourmenté se rencontrent, se frôlent et se confrontent pour le
meilleur et pour le pire !
Quelques mots sur Catherine Dreyfus
Chorégraphe et danseuse interprète, Catherine Dreyfus développe son propre travail à partir de 2000
avec la création de sa première pièce Toit Emois, duo sur canapé-lit. En créant en 2008 la compagnie
Act2, elle prolonge l’affirmation de sa personnalité artistique et de sa quête esthétique.
Enrichi par les rencontres qui l’ont nourrie dans son parcours d’interprète, en France comme à
l’étranger – Odile Duboc, Simone Sandroni (Compagnie Déjà Donné), Nathalie Pernette, Alain
Imbert, Micha Purucker, Sosana Marcelino, Les Filles D’Aplomb, la Cie Crescendo..., son travail
chorégraphique s’inspire de techniques et d’univers éclectiques.
Musicalité, poésie, fluidité constituent les ingrédients de son univers marqué par un surréalisme teinté
d’ironie.
Antigone la ComédieFrançaise
CAT a sam. 24.05 20:30
Pièce en un acte de Jean Anouilh
Mise en scène de Marc Paquien
Avec les comédiens de la troupe de la Comédie-Française
Anouilh s’inspire de la Résistance pour donner, dans Antigone, son point de vue sur le
pouvoir et la révolte. Marc Paquien propose une mise en scène sobre, fidèle mais
inventive et s’appuie sur l’interprétation magistrale des comédiens (de la
Comédie-Française) pour retrouver la force d’écriture de l’auteur. Une pièce
remarquablement moderne, d’une intelligence profonde.
Antigone, fille d’Œdipe, brave les décrets imposés par son oncle, roi de Thèbes, qui refuse une
sépulture à l’un de ses frères. Il tente néanmoins de la sauver, mais elle persiste et est condamnée à
mort.
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4. Note du metteur en scène, Marc Paquien
Une pièce politique
« On pourrait s’attendre, en lisant Antigone de Jean Anouilh, à une simple ré-écriture de la pièce de
Sophocle, comme cela arrive souvent, mais il n’en est rien. Dans le contexte de l’occupation
allemande, en 1944, Jean Anouilh et André Barsacq (le metteur en scène d’Antigone et directeur du
Théâtre de l’Atelier), décident d’un geste bien plus audacieux. Dans le Paris des rafles, des tracts et des
attentats, de la peur et de la violence, la figure d’Antigone vient soudainement incarner tout l’espoir
d’une génération, devient le symbole de toutes les résistances. (…)
C’est un objet singulier, complexe, polémique et poétique, qui nous saisit et nous émeut, violemment.
Et surtout, qui nous questionne.
Bien sûr, la personnalité de l’auteur divise. Jean Anouilh est un être à part, difficile à saisir. La pièce
n’est pas écrite « pour » la résistance, mais elle devient, au vingtième siècle et jusqu’au vingt
et-unième, « notre » Antigone, un acte fondateur de résistance. Et elle ouvre évidemment la voie à
toutes sortes de réflexions liées à la question même du politique. Qu’attendons-nous de l’autorité de
l’État ? Quel champ sommes-nous prêts à laisser aux actes individuels…?
Une tragédie sans dieux
La chose la plus singulière est de découvrir, qu’ici, Antigone n’agit pas au nom des dieux. Chez
Sophocle, le peuple hurle aux portes du palais pour sauver la jeune femme. Chez Anouilh, il crie pour
demander sa mort. Elle ne semble pas non plus déterminée par son passé : elle ne se souvient de rien
et ne fait qu’avancer. Le mythe semble renversé pour faire place à une cruauté bien plus familière et
laisser Antigone s’incarner dans notre modernité. (…)
Comme tous les autres personnages de la pièce, elle est habitée par la peur. Antigone n’est qu’une
enfant aspirant à rester pure face à ses idéaux. (…) »
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