SlideShare ist ein Scribd-Unternehmen logo
1 von 5
CHAPITRE 11




         Anton, encore faible, avait décidé de ne pas accompagner les trois hommes partis pour Feissal.
Il se rendit donc au journal pour y mettre au clair tous les éléments dont il disposait.
Tôt le matin, Delcourt et Baret, guidés par Martin, avaient pris la route pour les alpages afin de se rendre
compte de ce qu'il se passait au vieux fort du Vernet.
         - Bonjour Anton, sourit Bénédicte quand elle vit le jeune homme entrer dans le hall. Que s'est-il
passé ?
         - Rien de grave, juste une petite dispute avec ma mère, plaisanta le journaliste en réajustant sa
casquette et ses lunettes sombres.
         - Ben dis donc, elle est du genre costaud, ajouta la secrétaire en observant le visage bleuté de son
ami.
         - Eh oui ! Que veux-tu ! Elle n'a pas accepté que je sorte hier soir avec ma nouvelle fiancée.
Le jeune homme déposa une bise sur la joue de sa collègue et fila directement à son bureau.
         - Vitaz ! Lança une voix déterminée depuis l'autre bout du couloir.
Anton reconnu immédiatement son rédacteur en chef.
         - Ah, monsieur Lebert ! Justement, je voulais vous voir.
         - Assez plaisanté, dit sèchement le petit homme, c'est quoi cette histoire avec votre reportage sur
Authon ?
         - Et bien, en fait...
         - Pas de balivernes avec moi, Vitaz ! Un certain Bunel m'a contacté. Il travaille pour le
gouvernement.
Lebert fixait le journaliste droit dans les yeux.
         - Ce travail sur lequel vous m'avez envoyé est plus complexe que prévu et...
         - Et je me retrouve avec la police dans mon bureau, coupa le rédacteur en lançant des éclairs.
         - Comment ça ?
         - Deux inspecteurs sont venus hier soir pour me poser des questions sur vous et votre enquête.
         - La police ?
         - Oui, la police ! Les deux gars voulaient des renseignements sur vos sources. Il paraît que vous
détenez des documents qui sont plutôt limites.
         - Mais patron...
         - Vous savez ce que j'en pense, Vitaz, alors pas de cachotteries avec moi. Si vous jouez le jeu, je vous
protège. Si vous jouez perso, alors je ne peux rien pour vous.
Le rédacteur en chef s'interrompit pour signer un papier que lui présenta un stagiaire qui passait. Lorsque le
jeune se fut éloigné, il reprit :
         - J'ai bien l'impression que vous êtes embarqué dans une sale histoire mon jeune ami et mon rôle
n'est pas de vous savonner la planche. Vous le savez bien.
         - Je sais patron, je sais.
         - Alors !
         - Nous sommes tombés dans un piège, c'est une histoire qui nous dépasse.
         - Nous ?
Le jeune homme réalisa soudain son erreur. Il en avait trop dit.
         - Oui, enfin je veux dire par rapport au journal.
         - D'accord, d'accord ! Et ce Bunel, c'est qui exactement ?
         - Le directeur du CIEDRA, un service spécial attaché directement au Premier Ministre.
         - Deval ?
         - Oui, Deval.
         - Mais qu'est-ce que vous avez à voir avec tous ces gens-là ?
Anton, embarrassé par cette question, ne savait plus comment s'y prendre. Il connaissait la franchise et
l'honnêteté de Lebert, aussi ne voulait-il pas le tromper.
Après un petit moment de silence, le rédacteur comprenant les hésitations du jeune homme, dit calmement :
- Bien, je vois. Vous avez quarante-huit heures, Vitaz, pas une minute de plus. Je peux vous couvrir
et les balader pendant ce temps mais je veux votre histoire complète sur mon bureau à la fin de ce délai.
Anton, rassuré, sourit.
          - Merci patron.
          - Vitaz, pas de blagues avec moi.
Le journaliste appréciait le caractère de Lebert qui savait être indulgent et faire la part des choses quand
nécessaire.
Les deux hommes se séparèrent mais arrivé au bout du couloir, Lebert s'arrêta et lança :
          - Vitaz, quarante-huit heures !
Anton se retourna et, tout en souriant, fit un salut militaire à son chef, avant de franchir la porte de son
bureau.
En entrant il remarqua immédiatement une grande enveloppe posée sur sa table. Il la saisit et la tourna pour
s'apercevoir qu'elle avait été délivrée par porteur spécial. Il n'y avait que son nom d'inscrit sur une face et
aucune indication sur l'identité de l'expéditeur.
Après s'être installé dans son fauteuil, il l'ouvrit et découvrit un cédérom dans une boite plastifiée. De la main
il fouilla l'intérieur de l'enveloppe mais ne trouva rien d'autre.
Il démarra son ordinateur et y introduisit le disque.
          - Zut ! Dit-il simplement en restant la bouche ouverte face à ce qu'il découvrit sur son écran.



          Martin avait pris la tête du trio qui progressait d'un bon pas en direction de la cabane d'Ainac. Ils
avaient convenu d'éviter la bergerie en passant par le versant opposé qui les amènerait droit sous le Col de la
Croix. Pour ces hommes en bonne forme, la montée ne fut pas difficile et ils arrivèrent au niveau du col peu
avant midi.
          - Il faut passer par la crête, indiqua le jeune garçon en indiquant de la main une enfilade de petits
sommets sur la gauche.
Ils se remirent en route pour venir prendre position à l'endroit où Martin avait observé le manège de
l'hélicoptère.
          - Le fort est de l'autre côté. On ne peut pas le voir mais là-bas on peut distinguer l'entrée de la galerie
qui y mène.
Le garçon passa ses jumelles à Delcourt qui se mit à scruter la direction indiquée.
          - C'est là que vous avez vu l'hélicoptère ? Demanda Barret.
          - Non, il était resté plus haut. Ici c'est trop raide.
Tout en poursuivant son observation, le policier réfléchit à la façon de s'y prendre et commença à exposer
son plan à ses compagnons.
          - Pour le moment, tout ça ne me paraît pas très évident. En tout cas, il semblerait qu'il n'y ait
personne dans les parages. Le risque sera plutôt quand nous serons entrés dans la galerie.
Il fit une pause puis, se tournant face à ses amis, poursuivit :
          - Une fois à l'intérieur nous n'aurons plus de sortie possible si jamais ces gars nous bloquent le
passage. La situation deviendra vite compliquée.
Il regarda d'abord Xavier, puis Martin.
          - On ne peut pas s'engager tous les trois dans ce piège à rat, c'est bien trop risqué. En cas de coup dur,
il faut au moins que l'un de nous puisse redescendre pour alerter les secours.
À son tour Baret regarda Martin qui annonça d'une voix calme :
          - Je comprends et puis je connais la région mieux que personne, je serai vite en bas.
          - Oui, sourit Delcourt, il est préférable que ce soit vous qui restiez en arrière. Nous tenterons d'aller
jusqu'au fort. Il est loin de l'entrée de la galerie ?
          - Non, deux cents mètres environ mais c'est très sombre et humide.
          - Pas de problème, fit le policier en sortant du matériel de son sac.
Baret ajusta la lampe frontale que lui avait donnée Delcourt et enfila une veste de toile ainsi que des gants de
cuir.
Le policier, tout en l'imitant, ajouta :
          - Si à seize heures nous ne sommes pas sortis, redescendez dans la vallée et prévenez le capitaine
Diniz de la gendarmerie.
          - Entendu.
          - Pendant notre absence, notez tout ce que vous observerez.
- D'accord.
       - Bien, on y va, annonça le policier en donnant une tape amicale sur l'épaule de l'architecte.
Les deux hommes descendirent prudemment jusqu'à l'entrée de la galerie en scrutant les alentours. Ils
allumèrent leurs lampes et, après avoir salué Martin d'un signe de main, s'engagèrent dans l'obscurité.


          Bunel avait été plutôt surpris par l'appel du journaliste qui semblait vouloir prendre les choses en
main. Il lui avait simplement demandé à le rencontrer car il détenait des informations importantes et sachant
que le temps était compté, avait proposé une rencontre immédiate au journal.
Le directeur du CIEDRA, qui avait installé son bureau opérationnel dans les locaux de la préfecture, sentit
que les choses s'accéléraient.
Dans la nuit il avait reçu le rapport de Delbar concernant sa convocation chez Deval, mais rien de particulier
n'en ressortait. Quand il l'avait eu au téléphone dans la matinée, son adjoint s'était montré évasif et peu
précis. Bunel n'en apprenait pas plus que ce qu'il avait lui-même donné comme renseignements à Delbar.
Ils tournaient en rond.
Il en ressortait malgré tout que Dibaccio le banquier, semblait plus impliqué dans le financement des projets
que ce qu'il pensait.
Deval avait annoncé à Delbar que le gouvernement avait été dans l'obligation de demander une rallonge de
crédit au banquier afin de mener le programme jusqu'à son terme.
Ce geste des financiers n'avait d'ailleurs pas été sans contreparties et c'était sur ce point particulier que Bunel
accrochait. Le directeur n'avait aucune idée de ce que pouvaient être ces contreparties notées dans le rapport
de son adjoint. Il n'aimait pas cela.
D'abord surpris par la singulière confidentialité du sujet, il ne comprenait pas pour quelles raisons son vieil
ami Deval semblait le laisser en dehors du coup. C'était bien la première fois qu'il agissait comme ça avec lui
et cela donnait encore plus d'étrangeté à l'affaire.
Un doute commença à naitre dans son esprit. Le Premier Ministre n'était-il pas simplement en train de
l'écarter ?
Il fit signe à Perez de préparer la voiture.
Accompagné de ses deux agents, Bunel se rendit au journal où l'attendait Vitaz.
Il se fit annoncer par la secrétaire et attendit le jeune homme qui parut peu après.
          - Monsieur Bunel, je vous remercie d'être venu.
Le directeur s'avança pour serrer la main tendue.
Anton, avec un petit sourire, ajouta en désignant Perez et Morin qui s'installaient dans le salon d'attente :
          - Et encore merci à vos hommes qui sont aimablement intervenus pour me protéger.
Bunel ne répondit que par un rictus en passant devant le journaliste qui lui indiquait la porte de son bureau.
          - Asseyez-vous, je vous en prie. Bien ! Par habitude avec vous, je serai direct.
Le directeur prit place dans le fauteuil faisant face à Anton.
          - Ça sera mieux, en effet.
          - J'ai en ma possession des documents très compromettants pour le CIEDRA.
Bunel ne broncha pas. Ayant l'habitude de ce genre de situation dans laquelle son interlocuteur engageait les
négociations en montrant son avantage, il allait devoir jouer serré.
          - Qu'attendez-vous de moi ?
          - Mademoiselle Tourange a disparu juste après vous avoir rencontré et nous étions les trois seuls à
connaître votre rendez-vous.
          - Et donc ?
          - Vous ne comprenez pas ?
          - Désolé. Non.
Devant l'air sérieux du directeur, Anton eut un moment d'hésitation.
          - Voyons monsieur Bunel, je vous propose un échange.
          - Un échange ? Quel échange ?
          - Les informations que je détiens sur votre organisation contre la libération de mademoiselle
Tourange.
          - C'est impossible, répliqua aussitôt le directeur.
          - Comment ça impossible ?
Bunel se cala bien au fond de son siège et croisa les jambes.
Il sentait qu'il reprenait l'avantage.
          - Tout simplement parce que je ne sais pas du tout où est votre amie et que je n'y suis pour rien dans
son enlèvement.
Cette phrase eut l'effet d'une bombe sur le journaliste qui avait été loin d'imaginer cette hypothèse.
         - Mais... Je pensais que...
Avec un aplomb déconcertant, le directeur acheva le jeune homme :
         - Mademoiselle Tourange ne s'est jamais présentée à notre rendez-vous.
Anton, dans l'incapacité de contrôler sa surprise, se leva pour aller jusqu'à la fenêtre qu'il ouvrit. Il avait
soudain besoin d'air frais, ses poumons allaient exploser.
Au bout de quelques secondes, il trouva la force de se ressaisir et, se retournant vers son visiteur, demanda :
         - Vous ne l'avez pas rencontrée ?
         - Non. Elle a disparu avant.
         - Mais qui ?
         - Je ne sais pas. Je comprends simplement qu'on cherche à nous nuire.
         - Nous ?
         - Oui, à vous autant qu'à moi.
         - Dans quel but ?
         - Vous, à cause de vos recherches qui dérangent, moi pour être à la tête du CIEDRA.
Anton reprit place dans son fauteuil.
         - Bon sang ! Mais qui ?
         - Monsieur Vitaz, que les choses soient claires. Vous êtes en pleine investigation concernant des
travaux effectués par l'organisme que je dirige et jusqu'à présent vous n'avez cherché que dans deux
directions, le CIEDRA et moi.
         - Que voulez-vous dire ?
         - De mon côté je suis certain d'apprendre des choses que j'ignorais et qui m'obligent à adapter sans
cesse mes positions. Vous détenez des informations, ces gens détiennent votre amie, proposez-leur cet
échange dont vous me parliez.
Anton vit que Bunel ne plaisantait pas.
         - Ce qui m'intéresse Monsieur Vitaz, et vous le savez déjà, c'est l'identité de votre informateur qui se
cache dans ma maison.
         - Et ?
         - C'est simple, vous m'aidez à le démasquer et je ferai tout mon possible pour votre amie.
Le journaliste, décontenancé par ce marché inattendu, prit un moment pour réfléchir.
Bunel ajouta :
         - Avec les renseignements dont vous disposez désormais, débusquez l'espion en le faisant sortir de
son trou et sauvez votre amie.
         - Mais je vous ai dit que ce que j'ai reçu peut faire exploser le CIEDRA et vous faire tomber avec.
         - Je prends le risque.
         - Vraiment ?
         - Ai-je seulement le choix ? Ces personnes infiltrées dans mon service veulent ma peau de toutes
façons. J'ignore pour qui ils travaillent mais je peux déjà présumer des conséquences.
Anton observait le directeur qui, encore une fois, l'étonnait par sa lucidité et sa faculté d'analyse.
         - Nous n'avons plus les cartes en main, monsieur Vitaz. Contactez les ravisseurs et proposez-leur ma
tête en leur livrant ces informations. Ils libèreront votre amie, j'en suis persuadé.
Le journaliste eut encore un moment d'hésitation avant de reprendre :
         - Ce n'est pas tout monsieur Bunel, mes amis sont déjà sur les traces des ravisseurs. Nous avançons
de notre côté et comme j'ai quelques problèmes à bien saisir votre rôle dans cette histoire, il nous était
difficile de vous faire confiance.
         - Je vois, dit simplement le directeur en se levant, alors que chacun joue son rôle et advienne que
pourra.
Sur ces mots énigmatiques, il approcha de la porte qu'il ouvrit puis se tourna vers Anton toujours assis :
         - Bonne chance monsieur Vitaz.
Il franchit la porte sous le regard perplexe du journaliste et disparut dans les couloirs.
Le jeune homme se demanda s'il n'avait pas fait une erreur en refusant l'offre de Bunel et songea
immédiatement à ses compagnons partis pour Feissal.
Ne prenaient-ils pas de risques inconsidérés à vouloir régler cette affaire eux-mêmes ?
De son poste de guet, Martin entendit le bruit d'un moteur. Accroupis derrière les rochers, il pointa
ses jumelles en direction du ronronnement et put apercevoir un véhicule tout-terrain grimper péniblement les
pentes du versant nord. Il se dirigeait droit vers l'entrée de la galerie.
En une fraction de seconde lui vint l'image de ses amis à l'intérieur du tunnel. Si les occupants de la voiture
s'y rendaient, alors les deux hommes seraient coincés.
Le garçon posa ses jumelles. Il lui fallait agir rapidement pour éviter que le piège ne se referme. Il avait trois
solutions, aller droit sur le véhicule sous un prétexte quelconque dans le but de détourner l'attention des
nouveaux venus ou bien foncer directement dans la galerie avec l'espoir de retrouver ses compagnons pour
les avertir. Il pouvait aussi rester à son poste et attendre, comme l'avait suggéré Delcourt.
Toutes ces options furent analysées en un court instant puis, en voyant la voiture approcher dangereusement,
le garçon se dressa, passa son sac sur le dos et, d'un pas décidé, prit la direction du col.
Il était certain que les occupants du véhicule le verraient et si ses calculs étaient bons, avec un peu de chance,
se mettraient à sa poursuite.
Il avait décidé d'éloigner le plus longtemps possible le danger de l'entrée de la galerie. Sachant toutefois qu'il
prenait le risque de révéler leur présence dans les environs, il se persuada qu'il avait fait le bon choix.
En quelques minutes il avait remonté une bonne partie de la côte. Il se tourna et fut satisfait de voir que la
voiture, après un court arrêt, avait bifurqué vers lui.
Son pari étant gagné, il fallait à présent gagner du temps en baladant ces indésirables et connaissant
parfaitement l'endroit, se fit une joie de mener à bien cette nouvelle mission.
Il laissa d'abord la voiture gagner un peu de terrain sur lui puis, après s'être assuré qu'elle le suivait bien,
bascula sur le versant sud en direction de la bergerie.

Weitere ähnliche Inhalte

Andere mochten auch

84 rapport activité cdsp 2011
84  rapport activité cdsp 201184  rapport activité cdsp 2011
84 rapport activité cdsp 2011CCDH75
 
Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010
Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010
Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010Open-S
 
18 rapport activité cdsp 2011
18 rapport activité cdsp 201118 rapport activité cdsp 2011
18 rapport activité cdsp 2011CCDH75
 
12 rapport activité cdsp 2011
12 rapport activité cdsp 201112 rapport activité cdsp 2011
12 rapport activité cdsp 2011CCDH75
 
Centro De Vida Independiente Metodologicas
Centro De Vida Independiente MetodologicasCentro De Vida Independiente Metodologicas
Centro De Vida Independiente Metodologicasresidencia
 
Système excréteur
Système excréteurSystème excréteur
Système excréteurCody
 
Combien ca coute_de_passer_la_frontiere
Combien ca coute_de_passer_la_frontiereCombien ca coute_de_passer_la_frontiere
Combien ca coute_de_passer_la_frontiereSebastien Gatez
 
Semo 2.0 atelier lingway
Semo 2.0 atelier lingwaySemo 2.0 atelier lingway
Semo 2.0 atelier lingwayLingway
 
55 rapport activité cdsp 2011
55 rapport activité cdsp 201155 rapport activité cdsp 2011
55 rapport activité cdsp 2011CCDH75
 
Network.Penetration.CGSOL
Network.Penetration.CGSOLNetwork.Penetration.CGSOL
Network.Penetration.CGSOLykro
 
Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.
Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.
Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.Bibliothèque de Genève
 
Apprendre a Coder au WAJUG
Apprendre a Coder au WAJUGApprendre a Coder au WAJUG
Apprendre a Coder au WAJUGsrondal
 
Sexualité, amour et internet
Sexualité, amour et internetSexualité, amour et internet
Sexualité, amour et internetZiz10
 
Wade inapte pour un troisieme mandat
Wade inapte pour un troisieme mandatWade inapte pour un troisieme mandat
Wade inapte pour un troisieme mandatyoussouph
 
Essential question lesson
Essential question lessonEssential question lesson
Essential question lessonlynnsmith1215
 
Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )
Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )
Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )daniburman
 

Andere mochten auch (20)

Alvaro fernando
Alvaro fernandoAlvaro fernando
Alvaro fernando
 
84 rapport activité cdsp 2011
84  rapport activité cdsp 201184  rapport activité cdsp 2011
84 rapport activité cdsp 2011
 
Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010
Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010
Présentation de Tanaguru au séminaire technique AccessiWeb de décembre 2010
 
18 rapport activité cdsp 2011
18 rapport activité cdsp 201118 rapport activité cdsp 2011
18 rapport activité cdsp 2011
 
12 rapport activité cdsp 2011
12 rapport activité cdsp 201112 rapport activité cdsp 2011
12 rapport activité cdsp 2011
 
Centro De Vida Independiente Metodologicas
Centro De Vida Independiente MetodologicasCentro De Vida Independiente Metodologicas
Centro De Vida Independiente Metodologicas
 
Système excréteur
Système excréteurSystème excréteur
Système excréteur
 
Combien ca coute_de_passer_la_frontiere
Combien ca coute_de_passer_la_frontiereCombien ca coute_de_passer_la_frontiere
Combien ca coute_de_passer_la_frontiere
 
Semo 2.0 atelier lingway
Semo 2.0 atelier lingwaySemo 2.0 atelier lingway
Semo 2.0 atelier lingway
 
55 rapport activité cdsp 2011
55 rapport activité cdsp 201155 rapport activité cdsp 2011
55 rapport activité cdsp 2011
 
Network.Penetration.CGSOL
Network.Penetration.CGSOLNetwork.Penetration.CGSOL
Network.Penetration.CGSOL
 
Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.
Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.
Jean Belot, imprimeur cour Saint-Pierre autour de 1500 à Genève.
 
El material escolar
El material escolarEl material escolar
El material escolar
 
Apprendre a Coder au WAJUG
Apprendre a Coder au WAJUGApprendre a Coder au WAJUG
Apprendre a Coder au WAJUG
 
Sexualité, amour et internet
Sexualité, amour et internetSexualité, amour et internet
Sexualité, amour et internet
 
El material escolar
El material escolarEl material escolar
El material escolar
 
Wade inapte pour un troisieme mandat
Wade inapte pour un troisieme mandatWade inapte pour un troisieme mandat
Wade inapte pour un troisieme mandat
 
Acubillando
AcubillandoAcubillando
Acubillando
 
Essential question lesson
Essential question lessonEssential question lesson
Essential question lesson
 
Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )
Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )
Projet Histoire-Cité État (Danielle Burman et Gaby Levy )
 

Kürzlich hochgeladen

Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdfCours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdfachrafbrahimi1
 
Bolero. pptx . Film de A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film   de  A nnne FontaineBolero. pptx . Film   de  A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film de A nnne FontaineTxaruka
 
gestion des conflits dans les entreprises
gestion des  conflits dans les entreprisesgestion des  conflits dans les entreprises
gestion des conflits dans les entreprisesMajdaKtiri2
 
La nouvelle femme . pptx Film français
La   nouvelle   femme  . pptx  Film françaisLa   nouvelle   femme  . pptx  Film français
La nouvelle femme . pptx Film françaisTxaruka
 
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.
Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.Txaruka
 
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptxSUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptxssuserbd075f
 
Sidonie au Japon . pptx Un film français
Sidonie    au   Japon  .  pptx  Un film françaisSidonie    au   Japon  .  pptx  Un film français
Sidonie au Japon . pptx Un film françaisTxaruka
 
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptxComputer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptxRayane619450
 
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdfCOURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdfabatanebureau
 

Kürzlich hochgeladen (10)

Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdfCours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
Cours ofppt du Trade-Marketing-Présentation.pdf
 
Bolero. pptx . Film de A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film   de  A nnne FontaineBolero. pptx . Film   de  A nnne Fontaine
Bolero. pptx . Film de A nnne Fontaine
 
gestion des conflits dans les entreprises
gestion des  conflits dans les entreprisesgestion des  conflits dans les entreprises
gestion des conflits dans les entreprises
 
La nouvelle femme . pptx Film français
La   nouvelle   femme  . pptx  Film françaisLa   nouvelle   femme  . pptx  Film français
La nouvelle femme . pptx Film français
 
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.
Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.Boléro.  pptx   Film   français   réalisé  par une  femme.
Boléro. pptx Film français réalisé par une femme.
 
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptxSUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
SUPPORT DE SUR COURS_GOUVERNANCE_SI_M2.pptx
 
Sidonie au Japon . pptx Un film français
Sidonie    au   Japon  .  pptx  Un film françaisSidonie    au   Japon  .  pptx  Un film français
Sidonie au Japon . pptx Un film français
 
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptxComputer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
Computer Parts in French - Les parties de l'ordinateur.pptx
 
Evaluación Alumnos de Ecole Victor Hugo
Evaluación Alumnos de Ecole  Victor HugoEvaluación Alumnos de Ecole  Victor Hugo
Evaluación Alumnos de Ecole Victor Hugo
 
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdfCOURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
COURS SVT 3 EME ANNEE COLLEGE 2EME SEM.pdf
 

Chapitre11

  • 1. CHAPITRE 11 Anton, encore faible, avait décidé de ne pas accompagner les trois hommes partis pour Feissal. Il se rendit donc au journal pour y mettre au clair tous les éléments dont il disposait. Tôt le matin, Delcourt et Baret, guidés par Martin, avaient pris la route pour les alpages afin de se rendre compte de ce qu'il se passait au vieux fort du Vernet. - Bonjour Anton, sourit Bénédicte quand elle vit le jeune homme entrer dans le hall. Que s'est-il passé ? - Rien de grave, juste une petite dispute avec ma mère, plaisanta le journaliste en réajustant sa casquette et ses lunettes sombres. - Ben dis donc, elle est du genre costaud, ajouta la secrétaire en observant le visage bleuté de son ami. - Eh oui ! Que veux-tu ! Elle n'a pas accepté que je sorte hier soir avec ma nouvelle fiancée. Le jeune homme déposa une bise sur la joue de sa collègue et fila directement à son bureau. - Vitaz ! Lança une voix déterminée depuis l'autre bout du couloir. Anton reconnu immédiatement son rédacteur en chef. - Ah, monsieur Lebert ! Justement, je voulais vous voir. - Assez plaisanté, dit sèchement le petit homme, c'est quoi cette histoire avec votre reportage sur Authon ? - Et bien, en fait... - Pas de balivernes avec moi, Vitaz ! Un certain Bunel m'a contacté. Il travaille pour le gouvernement. Lebert fixait le journaliste droit dans les yeux. - Ce travail sur lequel vous m'avez envoyé est plus complexe que prévu et... - Et je me retrouve avec la police dans mon bureau, coupa le rédacteur en lançant des éclairs. - Comment ça ? - Deux inspecteurs sont venus hier soir pour me poser des questions sur vous et votre enquête. - La police ? - Oui, la police ! Les deux gars voulaient des renseignements sur vos sources. Il paraît que vous détenez des documents qui sont plutôt limites. - Mais patron... - Vous savez ce que j'en pense, Vitaz, alors pas de cachotteries avec moi. Si vous jouez le jeu, je vous protège. Si vous jouez perso, alors je ne peux rien pour vous. Le rédacteur en chef s'interrompit pour signer un papier que lui présenta un stagiaire qui passait. Lorsque le jeune se fut éloigné, il reprit : - J'ai bien l'impression que vous êtes embarqué dans une sale histoire mon jeune ami et mon rôle n'est pas de vous savonner la planche. Vous le savez bien. - Je sais patron, je sais. - Alors ! - Nous sommes tombés dans un piège, c'est une histoire qui nous dépasse. - Nous ? Le jeune homme réalisa soudain son erreur. Il en avait trop dit. - Oui, enfin je veux dire par rapport au journal. - D'accord, d'accord ! Et ce Bunel, c'est qui exactement ? - Le directeur du CIEDRA, un service spécial attaché directement au Premier Ministre. - Deval ? - Oui, Deval. - Mais qu'est-ce que vous avez à voir avec tous ces gens-là ? Anton, embarrassé par cette question, ne savait plus comment s'y prendre. Il connaissait la franchise et l'honnêteté de Lebert, aussi ne voulait-il pas le tromper. Après un petit moment de silence, le rédacteur comprenant les hésitations du jeune homme, dit calmement :
  • 2. - Bien, je vois. Vous avez quarante-huit heures, Vitaz, pas une minute de plus. Je peux vous couvrir et les balader pendant ce temps mais je veux votre histoire complète sur mon bureau à la fin de ce délai. Anton, rassuré, sourit. - Merci patron. - Vitaz, pas de blagues avec moi. Le journaliste appréciait le caractère de Lebert qui savait être indulgent et faire la part des choses quand nécessaire. Les deux hommes se séparèrent mais arrivé au bout du couloir, Lebert s'arrêta et lança : - Vitaz, quarante-huit heures ! Anton se retourna et, tout en souriant, fit un salut militaire à son chef, avant de franchir la porte de son bureau. En entrant il remarqua immédiatement une grande enveloppe posée sur sa table. Il la saisit et la tourna pour s'apercevoir qu'elle avait été délivrée par porteur spécial. Il n'y avait que son nom d'inscrit sur une face et aucune indication sur l'identité de l'expéditeur. Après s'être installé dans son fauteuil, il l'ouvrit et découvrit un cédérom dans une boite plastifiée. De la main il fouilla l'intérieur de l'enveloppe mais ne trouva rien d'autre. Il démarra son ordinateur et y introduisit le disque. - Zut ! Dit-il simplement en restant la bouche ouverte face à ce qu'il découvrit sur son écran. Martin avait pris la tête du trio qui progressait d'un bon pas en direction de la cabane d'Ainac. Ils avaient convenu d'éviter la bergerie en passant par le versant opposé qui les amènerait droit sous le Col de la Croix. Pour ces hommes en bonne forme, la montée ne fut pas difficile et ils arrivèrent au niveau du col peu avant midi. - Il faut passer par la crête, indiqua le jeune garçon en indiquant de la main une enfilade de petits sommets sur la gauche. Ils se remirent en route pour venir prendre position à l'endroit où Martin avait observé le manège de l'hélicoptère. - Le fort est de l'autre côté. On ne peut pas le voir mais là-bas on peut distinguer l'entrée de la galerie qui y mène. Le garçon passa ses jumelles à Delcourt qui se mit à scruter la direction indiquée. - C'est là que vous avez vu l'hélicoptère ? Demanda Barret. - Non, il était resté plus haut. Ici c'est trop raide. Tout en poursuivant son observation, le policier réfléchit à la façon de s'y prendre et commença à exposer son plan à ses compagnons. - Pour le moment, tout ça ne me paraît pas très évident. En tout cas, il semblerait qu'il n'y ait personne dans les parages. Le risque sera plutôt quand nous serons entrés dans la galerie. Il fit une pause puis, se tournant face à ses amis, poursuivit : - Une fois à l'intérieur nous n'aurons plus de sortie possible si jamais ces gars nous bloquent le passage. La situation deviendra vite compliquée. Il regarda d'abord Xavier, puis Martin. - On ne peut pas s'engager tous les trois dans ce piège à rat, c'est bien trop risqué. En cas de coup dur, il faut au moins que l'un de nous puisse redescendre pour alerter les secours. À son tour Baret regarda Martin qui annonça d'une voix calme : - Je comprends et puis je connais la région mieux que personne, je serai vite en bas. - Oui, sourit Delcourt, il est préférable que ce soit vous qui restiez en arrière. Nous tenterons d'aller jusqu'au fort. Il est loin de l'entrée de la galerie ? - Non, deux cents mètres environ mais c'est très sombre et humide. - Pas de problème, fit le policier en sortant du matériel de son sac. Baret ajusta la lampe frontale que lui avait donnée Delcourt et enfila une veste de toile ainsi que des gants de cuir. Le policier, tout en l'imitant, ajouta : - Si à seize heures nous ne sommes pas sortis, redescendez dans la vallée et prévenez le capitaine Diniz de la gendarmerie. - Entendu. - Pendant notre absence, notez tout ce que vous observerez.
  • 3. - D'accord. - Bien, on y va, annonça le policier en donnant une tape amicale sur l'épaule de l'architecte. Les deux hommes descendirent prudemment jusqu'à l'entrée de la galerie en scrutant les alentours. Ils allumèrent leurs lampes et, après avoir salué Martin d'un signe de main, s'engagèrent dans l'obscurité. Bunel avait été plutôt surpris par l'appel du journaliste qui semblait vouloir prendre les choses en main. Il lui avait simplement demandé à le rencontrer car il détenait des informations importantes et sachant que le temps était compté, avait proposé une rencontre immédiate au journal. Le directeur du CIEDRA, qui avait installé son bureau opérationnel dans les locaux de la préfecture, sentit que les choses s'accéléraient. Dans la nuit il avait reçu le rapport de Delbar concernant sa convocation chez Deval, mais rien de particulier n'en ressortait. Quand il l'avait eu au téléphone dans la matinée, son adjoint s'était montré évasif et peu précis. Bunel n'en apprenait pas plus que ce qu'il avait lui-même donné comme renseignements à Delbar. Ils tournaient en rond. Il en ressortait malgré tout que Dibaccio le banquier, semblait plus impliqué dans le financement des projets que ce qu'il pensait. Deval avait annoncé à Delbar que le gouvernement avait été dans l'obligation de demander une rallonge de crédit au banquier afin de mener le programme jusqu'à son terme. Ce geste des financiers n'avait d'ailleurs pas été sans contreparties et c'était sur ce point particulier que Bunel accrochait. Le directeur n'avait aucune idée de ce que pouvaient être ces contreparties notées dans le rapport de son adjoint. Il n'aimait pas cela. D'abord surpris par la singulière confidentialité du sujet, il ne comprenait pas pour quelles raisons son vieil ami Deval semblait le laisser en dehors du coup. C'était bien la première fois qu'il agissait comme ça avec lui et cela donnait encore plus d'étrangeté à l'affaire. Un doute commença à naitre dans son esprit. Le Premier Ministre n'était-il pas simplement en train de l'écarter ? Il fit signe à Perez de préparer la voiture. Accompagné de ses deux agents, Bunel se rendit au journal où l'attendait Vitaz. Il se fit annoncer par la secrétaire et attendit le jeune homme qui parut peu après. - Monsieur Bunel, je vous remercie d'être venu. Le directeur s'avança pour serrer la main tendue. Anton, avec un petit sourire, ajouta en désignant Perez et Morin qui s'installaient dans le salon d'attente : - Et encore merci à vos hommes qui sont aimablement intervenus pour me protéger. Bunel ne répondit que par un rictus en passant devant le journaliste qui lui indiquait la porte de son bureau. - Asseyez-vous, je vous en prie. Bien ! Par habitude avec vous, je serai direct. Le directeur prit place dans le fauteuil faisant face à Anton. - Ça sera mieux, en effet. - J'ai en ma possession des documents très compromettants pour le CIEDRA. Bunel ne broncha pas. Ayant l'habitude de ce genre de situation dans laquelle son interlocuteur engageait les négociations en montrant son avantage, il allait devoir jouer serré. - Qu'attendez-vous de moi ? - Mademoiselle Tourange a disparu juste après vous avoir rencontré et nous étions les trois seuls à connaître votre rendez-vous. - Et donc ? - Vous ne comprenez pas ? - Désolé. Non. Devant l'air sérieux du directeur, Anton eut un moment d'hésitation. - Voyons monsieur Bunel, je vous propose un échange. - Un échange ? Quel échange ? - Les informations que je détiens sur votre organisation contre la libération de mademoiselle Tourange. - C'est impossible, répliqua aussitôt le directeur. - Comment ça impossible ? Bunel se cala bien au fond de son siège et croisa les jambes. Il sentait qu'il reprenait l'avantage. - Tout simplement parce que je ne sais pas du tout où est votre amie et que je n'y suis pour rien dans
  • 4. son enlèvement. Cette phrase eut l'effet d'une bombe sur le journaliste qui avait été loin d'imaginer cette hypothèse. - Mais... Je pensais que... Avec un aplomb déconcertant, le directeur acheva le jeune homme : - Mademoiselle Tourange ne s'est jamais présentée à notre rendez-vous. Anton, dans l'incapacité de contrôler sa surprise, se leva pour aller jusqu'à la fenêtre qu'il ouvrit. Il avait soudain besoin d'air frais, ses poumons allaient exploser. Au bout de quelques secondes, il trouva la force de se ressaisir et, se retournant vers son visiteur, demanda : - Vous ne l'avez pas rencontrée ? - Non. Elle a disparu avant. - Mais qui ? - Je ne sais pas. Je comprends simplement qu'on cherche à nous nuire. - Nous ? - Oui, à vous autant qu'à moi. - Dans quel but ? - Vous, à cause de vos recherches qui dérangent, moi pour être à la tête du CIEDRA. Anton reprit place dans son fauteuil. - Bon sang ! Mais qui ? - Monsieur Vitaz, que les choses soient claires. Vous êtes en pleine investigation concernant des travaux effectués par l'organisme que je dirige et jusqu'à présent vous n'avez cherché que dans deux directions, le CIEDRA et moi. - Que voulez-vous dire ? - De mon côté je suis certain d'apprendre des choses que j'ignorais et qui m'obligent à adapter sans cesse mes positions. Vous détenez des informations, ces gens détiennent votre amie, proposez-leur cet échange dont vous me parliez. Anton vit que Bunel ne plaisantait pas. - Ce qui m'intéresse Monsieur Vitaz, et vous le savez déjà, c'est l'identité de votre informateur qui se cache dans ma maison. - Et ? - C'est simple, vous m'aidez à le démasquer et je ferai tout mon possible pour votre amie. Le journaliste, décontenancé par ce marché inattendu, prit un moment pour réfléchir. Bunel ajouta : - Avec les renseignements dont vous disposez désormais, débusquez l'espion en le faisant sortir de son trou et sauvez votre amie. - Mais je vous ai dit que ce que j'ai reçu peut faire exploser le CIEDRA et vous faire tomber avec. - Je prends le risque. - Vraiment ? - Ai-je seulement le choix ? Ces personnes infiltrées dans mon service veulent ma peau de toutes façons. J'ignore pour qui ils travaillent mais je peux déjà présumer des conséquences. Anton observait le directeur qui, encore une fois, l'étonnait par sa lucidité et sa faculté d'analyse. - Nous n'avons plus les cartes en main, monsieur Vitaz. Contactez les ravisseurs et proposez-leur ma tête en leur livrant ces informations. Ils libèreront votre amie, j'en suis persuadé. Le journaliste eut encore un moment d'hésitation avant de reprendre : - Ce n'est pas tout monsieur Bunel, mes amis sont déjà sur les traces des ravisseurs. Nous avançons de notre côté et comme j'ai quelques problèmes à bien saisir votre rôle dans cette histoire, il nous était difficile de vous faire confiance. - Je vois, dit simplement le directeur en se levant, alors que chacun joue son rôle et advienne que pourra. Sur ces mots énigmatiques, il approcha de la porte qu'il ouvrit puis se tourna vers Anton toujours assis : - Bonne chance monsieur Vitaz. Il franchit la porte sous le regard perplexe du journaliste et disparut dans les couloirs. Le jeune homme se demanda s'il n'avait pas fait une erreur en refusant l'offre de Bunel et songea immédiatement à ses compagnons partis pour Feissal. Ne prenaient-ils pas de risques inconsidérés à vouloir régler cette affaire eux-mêmes ?
  • 5. De son poste de guet, Martin entendit le bruit d'un moteur. Accroupis derrière les rochers, il pointa ses jumelles en direction du ronronnement et put apercevoir un véhicule tout-terrain grimper péniblement les pentes du versant nord. Il se dirigeait droit vers l'entrée de la galerie. En une fraction de seconde lui vint l'image de ses amis à l'intérieur du tunnel. Si les occupants de la voiture s'y rendaient, alors les deux hommes seraient coincés. Le garçon posa ses jumelles. Il lui fallait agir rapidement pour éviter que le piège ne se referme. Il avait trois solutions, aller droit sur le véhicule sous un prétexte quelconque dans le but de détourner l'attention des nouveaux venus ou bien foncer directement dans la galerie avec l'espoir de retrouver ses compagnons pour les avertir. Il pouvait aussi rester à son poste et attendre, comme l'avait suggéré Delcourt. Toutes ces options furent analysées en un court instant puis, en voyant la voiture approcher dangereusement, le garçon se dressa, passa son sac sur le dos et, d'un pas décidé, prit la direction du col. Il était certain que les occupants du véhicule le verraient et si ses calculs étaient bons, avec un peu de chance, se mettraient à sa poursuite. Il avait décidé d'éloigner le plus longtemps possible le danger de l'entrée de la galerie. Sachant toutefois qu'il prenait le risque de révéler leur présence dans les environs, il se persuada qu'il avait fait le bon choix. En quelques minutes il avait remonté une bonne partie de la côte. Il se tourna et fut satisfait de voir que la voiture, après un court arrêt, avait bifurqué vers lui. Son pari étant gagné, il fallait à présent gagner du temps en baladant ces indésirables et connaissant parfaitement l'endroit, se fit une joie de mener à bien cette nouvelle mission. Il laissa d'abord la voiture gagner un peu de terrain sur lui puis, après s'être assuré qu'elle le suivait bien, bascula sur le versant sud en direction de la bergerie.