Projet Open Source Ecology - Transitions² / "Agenda pour le Futur" - Open Con...
20110214 veille habitants connectés jmc
1. Quelques éléments de veille pour « Habitants connectés »
Jean-Michel Cornu, lundi 14 février 2011
QUELQUES ÉLÉMENTS DE VEILLE POUR « HABITANTS CONNECTÉS ».........................1
TECHNOLOGIES ...........................................................................................................................................2
DE L’HABITAT À L’HABITANT CONNECTÉ : LA BOX DEVIENT INDIVIDUELLE..............................................................2
AUTRES ASPECTS DE VEILLE............................................................................................................................3
ENERGIE.....................................................................................................................................................4
CONSOMMATION DUE AUX TECHNOLOGIES..........................................................................................................4
L’ÉNERGIE DES HABITANTS.............................................................................................................................4
DÉVELOPPEMENT DURABLE............................................................................................................................4
LE MONITORING............................................................................................................................................4
MULTISTAKEHOLDING....................................................................................................................................5
INNOVATION SOCIALE....................................................................................................................................5
A QUOI SERT UNE MAISON IMPARFAITE… L’EXEMPLE D’ARCHITECTURE FOR DEATH.................................................5
FIX MY STREET..............................................................................................................................................6
VOISIN-AGE..................................................................................................................................................6
YOOCASA ....................................................................................................................................................6
RECONNECT..................................................................................................................................................7
COLOCATION INTERGÉNÉRATION.......................................................................................................................7
LOFTCUBE....................................................................................................................................................7
INTERNET POUR TOUS EN HABITAT SOCIAL À 1€ PAR MOIS....................................................................................8
KEETWONEN – ÉTUDIANT EN CONTENEUR..........................................................................................................8
ADOPTION VERSUS APPROPRIATION ET MOBILISATION VERSUS IMPLICATION........................................................8
ADOPTION OU APPROPRIATION?........................................................................................................................8
PREMIER NIVEAU D’APPROPRIATION : L’IMPLICATION.........................................................................................15
DEUXIÈME NIVEAU D’APPROPRIATION : « L’OUTILISATION »..............................................................................18
TROISIÈME NIVEAU D’APPROPRIATION : LE CO-DÉVELOPPEMENT..........................................................................20
2. Technologies
De l’habitat à l’habitant connecté : la box devient individuelle
Dans un premier temps les débits augmentent :
Source Guy Pujolle, Dnac
Et on passe du triple play (internet, télévision, téléphone) au quadruple play (avec le téléphone mobile) et même
le pentaplay (avec en plus télévision mobile).
Il y a 20 millions de box qui pourraient devenir rapidement des femtocells 3F ou 4G (appelées Home Node B) :
des antennes relais de très petites puissance installées chez les gens qui évitent aux opérateurs de mettre des
antennes relais puissantes en ville par exemple. L’objectif du déploiement de la fibre optique est avant tout pour
les opérateurs de déployer les femtocells (et donc pas seulement d’offrir de très haut débits aux urbains)
La box pourrait devenir l’élément central de connexion du foyer à toutes les ressources externes.
Cependant, il y a à la maison des personnes « invitées », et parfois je dois pouvoir accéder chez les autres à mes
données et services « comme à la maison »
La box attachée à la maison pourrait devenir une box mobile et donc surtout individuelle (de même que le
téléphone fixe était attaché à un lieu, maison de campagne par exemple, alors que le téléphone mobile est attaché
à une personne. Cela est possible grâce à la miniaturisation mais également à la multiplication des débits mobile
par 1000 entre 2008 et 2018
Cela est possible grâce en particulier :
• à la radio cognitive qui permet d’utiliser tout le spectre : plutôt que de ne pas utiliser les bandes réservées
par les autres, on n’utilise pas les fréquences utilisées par les autres. A un moment donné une bande de
fréquence réservée pour une application est très très peu utilisée, sauf celles réservées aujourd’hui à la
téléphonie mobile… les bandes de fréquences entre 0 et 20 GHz sont utilisées… à 5%
• et aux antennes intelligentes qui permettent d’envoyer tout le signal vers le destinataire plutôt que de
l’envoyer comme actuellement dans toutes les directions, ce qui permet de multiplier les échanges sur une
même fréquence sur un espace donné (IEEE 802.11ac pour 2012)
Libérez le spectre de fréquence
3. Actuellement, le spectre de fréquence est extrêmement occupé, rendant complexe l’arrivée de nouveaux
réseaux et de nouveaux usages. Pourtant cette ressource, considérée comme rare, est utilisée de façon très peu
optimisée (environ 10%). Deux innovations pourraient changer fortement la donne et rendre le spectre de
fréquence quasi vide ! Il s’agit des antennes intelligentes et de la radio cognitive.
Les antennes intelligentes permettent d’envoyer le signal uniquement dans la direction nécessaire et juste à la
bonne puissance. Les terminaux intégreront des capacités de localisation par GPS (et Galileo ?) ainsi qu’une
base de données remise à jour régulièrement des fréquences disponibles, des localisations d’antennes et de leur
puissance. Là où jusqu’à présent un terminal occupait une place dans le spectre sur une zone tout autour de lui,
il sera capable demain avec une antenne intelligente de ne rayonner que vers l’antenne qu’il cherche à
atteindre, permettant à d’autres terminaux de cohabiter sur la même fréquence dans les autres directions.
La radio cognitive, pour sa part, cherche à optimiser l’utilisation des fréquences. Un peu sur le même modèle
que l’UWB dont nous avons parlé dans les réseaux PAN, le terminal écoute les bandes de fréquence – y
compris les bandes qui font l’objet d’une licence - et utilise les fréquences qui ne sont pas utilisées à un
moment donné. Une telle approche ne pénalise pas les licenciés de bandes de fréquence (télévision, UMTS…)
qui gardent la priorité, mais permet d’utiliser leur bande de fréquence lorsque celle-ci est inutilisée. Cette
approche permet d’utiliser également des bandes de fréquence plus basses qui sont sous-utilisées. Cela permet
une augmentation spectaculaire de la portée et des débits.
L’évolution de la capacité de traitement des circuits intégrés permettra prochainement d’ajouter la radio
cognitive et les antennes intelligentes dans les terminaux. Cela, ajouté au dividende numérique et aux
évolutions du codage (HSDPA, HSUPA, HSOPA…), permettra une augmentation par 1000 des débits
disponibles en seulement sept ans. Pendant cette période, l’évolution des débits mobiles sera en moyenne de
quatre tous les dix-huit mois, soit deux fois plus importante que la loi de Moore qui donne l’augmentation du
nombre de transistors dans les circuits intégrés. Au-delà de la simple augmentation de débit, les usages
subiront des changements profonds lorsque l’évolution des débits franchira certains seuils : possibilité de faire
de la visioconférence sur son mobile, débit en internet mobile équivalent au débit réellement utilisé en internet
fixe…
http://prospectic.fing.org/news/liberez-le-spectre-de-frequence
La question reste cependant l’innocuité des ondes électromagnétiques. Pas de résultats probants mais les
opérateurs prévoient la possibilité de changer leur fusil d’épaule et dans le doute réduisent de plus en plus
fortement la puissance rayonnée
Autres aspects de veille
La voiture comme une pièce de la maison
Certains constructeurs comme Renault s’intéressent à équiper la voiture pour en faire une pièce de plus
éventuellement éloignée de la maison.
La TV IP
Grand mouvement de 2011, la TV IP (Google, Microsoft, Free…) pourrait changer fortement les usages. La TV
une foiks connectée au net permet par exemple d’avoir un fil d’info qui défile en bas de l’écran lorsque les
enfants regardent les dessins animés ; ou bien de fabriquer en temps réel un programme adapté à partir de
plusieurs élements TV et d’informations du net (y compris le profil de la personne)
Un scénario que j’avais présenté à Canal à l’époque mais qui ne l’avait pas compris faute de comprendre la
communication ENTRE les personnes (cf « content is not King » de Odlyzko qui a fortement inspiré Daniel au
début de la Fing : il y a bien plous d’échange entre les personnes –le mail ou le éléphone- que de simple
distribution de contenu – la radio, la TV, le Web) : Une personne regarde un match de foot. Elle voit (comme
avec une messagerie instantanée) ses amis connectés et leur propose de commencer en parallèle une visio :
l’écran présente toujours le match mais sur une partie et le reste montre les amis. Ils font leur propre
commentaire. A la mi-temps, l’un d’entre eux lance le ralenti d’une des actions sélectionnée par la chaine ou par
l’un d’entre eux pour qu’ils la revoient ensemble…
4. Energie
Consommation due aux technologies
Les technologies consomment beaucoup. Actuellement 5% de l’empreinte carbone est due aux TIC qui se
répartissent en
• 14% pour les data centers (mais la maison risque d’utiliser de plus en plus le « cloud et donc les datacenters)
Google est le n°1 de la consommation électrique et s’expatrie vers les pays froids…
• 37% pour les réseaux télécoms et les terminaux mobiles
• 49 % pour les PC et imprimantes
source Guy Pujolle Dnac 2010
Avec toute la chaine du data center au terminal, télécharger un quotidien en ligne conomme autant qu’une
lessive (source Prospectic)
L’objectif des équipementiers : le « touch green », diviser par 1000 la consommation en 20 ans
L’énergie des habitants
La troisième génération de panneaux solaires préparés à l’université de Trondheim en Norvège pourrait avoir
une efficacité énergétique de 40% (à comparer aux 15% actuels et aux 85% dela photosynthèse…)
Mais une des difficultés est de stocker. Une solution consiste à stocker l’énergie sous la forme d’air comprimé
plutôt que de façon chimique dans une batterie. Ainsi MDI international prépare des voitures électriques ou
hybrides mais également des groupes électrogènes pour les maisons (le panneau solaire pourrait stocker de
l’énergie le jour pour la rendre la nuit)
Une autre solution à l’opposé est d’acheter son énergie à l’extérieur sous une forme condensée : les batteries à
combustibles nécessitent l’achat de « recharges ». Il est aussi possible d’utiliser… le pétrole : le micromoteur à
combustion développé par le professeur Kyle Jiang à l’université de Birmingham offrirait une autonomie de 25
jours pour un ordinateur et 6 mois pour un téléphone mobile.
Enfin, une autre solution plutôt que de recevoir l’électricité toute prête, de l’acheter à l’extérieur ou de la
produire soi même est de « nourrir » ses objets. On sait aujourd’hui convertir en énergie grâce aux
biotechnologies, des ordures, du sucre, des épinards, des mouches ou des limaces (voir prospectic p215) afin
d’alimenter des objets autonomes (des robots qui peuvent aller se nourrir tout seuls par exemple).
Eole Water : « vous nous donnez le vent on vous donne l’eau »
http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=EoleWater
"Vous nous donnez le vent, on vous donne de l’eau". Voici le slogan (d'un système éolien permettant de créer
de l'eau potable. Depuis plusieurs années, Marc Parent travaille sur la mise au point d'un premier prototype.
L'idée lui est venue alors qu'il vivait aux antilles dans une maison qui n'était pas reliée au réseau d'eau potable.
C'est ainsi qu'est née l'Eole Water.[1] Implanté dans le sud de la France, l’entreprise est aujourd’hui le leader
mondial dans le domaine des systèmes éoliens de production d’eau par condensation.
http://www.eolewater.com/
Développement durable
Le monitoring
Un office d’HLM (source à retrouver dans mes tablettes) a installé dans les barres d’immeuble un écran qui
donne en temps réel et cumulé la consommation de l’habitation comparée à la moyenne dans la barre
d’immeuble et dans la ville. Cela a conduit çà une réduction importante de consommation… naturellement.
5. Multistakeholding
Il faut intégrer aussi d’ailleurs dans les interlocuteurs collectifs non plus seulement les copropriétaires et les
syndics mais également des nouveaux acteurs (la ville par exemple pour l’énergie ou l’empreinte carbone). Cela
introduit une notion nouvelle dans les échanges entres habitants : le multistakeholder (les négociations
multipartenaires) qui pourrait changer fortement la donne pas simplement dans ce qui est négocié mais aussi sur
la façon même dont c’est négocié. Les copropriétaires ne seront plus simplement entre eux (ce qui donne les
réunions de copropriétaire telles qu’on les connaît…) l’idée n’est pas d’avoir seulement des donneurs d’ordre
mais une véritable négociation multilatérale entre différents acteurs. Par exemple qu’est-ce que le groupe de
propriétaires ou locataires peuvent apporter à la ville et de quoi ils ont besoin. Voir aussi l’exemple de Curitiba
au Brésil pour les ordures : dans ce cas la négociation est individuelle mais elle pourrait se faire au niveau
collectif
Curitiba
Certaines monnaies complémentaires sont dédiées au développement territorial durable. À partir de 1971 à
Curitiba, la capitale de l’État du Paraná au Brésil, le maire de l’époque, Jaime Lerner (un architecte), s’est
attaqué à deux problèmes qui sévissaient dans sa ville : la pollution et les difficultés de transport. Le conseil
municipal a décidé l’émission d’une monnaie sous la forme de jetons de bus. Les habitants de la ville gagnent
cette monnaie en ramassant et triant les ordures. Cette monnaie affectée a un double avantage : les rues sont
nettoyées et les habitants sont incités à utiliser les transports en commun et les nombreuses navettes
disponibles pour se rendre au travail. Il existe plusieurs autres initiatives du même type dans la ville. À chaque
fois, l’idée consiste à résoudre deux problèmes ensemble : avec le Cambio verde (le « change vert ») les
habitants peuvent également échanger leurs ordures contre de la nourriture (1 kg le déchet contre 1 kg de
denrées alimentaires). Ces initiatives ont été créées par un groupe comprenant des architectes, des sociologues
et des artistes.
Jaime Lerner explique : « J’ai toujours aimé travailler avec des artistes, car les artistes ont la peau plus
sensible, ils peuvent ressentir les besoins de la société avant les autres. » La mise en place de cette monnaie et
de ces actions a également permis à la ville de faire des économies tout en résolvant ses difficultés. La
municipalité a donc pu baisser l’imposition et ainsi rendre la ville plus attractive. Ce cercle vertueux a permis
à Curitiba, aujourd’hui avec 2 millions d’habitants, d’être sacrée « capitale écologique du Brésil » et de
devenir une des villes les plus prospères du pays (21). D’autres pays s’intéressent à des systèmes de paiement
affectés à l’écologie. Les Pays-Bas, la Suisse et peut-être bientôt la région bruxelloise, ont des cartes de
fidélité qui valorisent les achats et les comportements respectueux de l’environnement.
http://www.internetactu.net/2011/01/05/linnovation-monetaire-35-differentes-monnaies-pour-differents-
objectifs/
Innovation sociale
A quoi sert une maison imparfaite… l’exemple d’architecture for death
Source http://www.imagination-factory.org/imagination_blog/?p=7
Pourquoi deux architectes japonais ont-ils conçu un espace de vie qui va à l’encontre de toutes les règles
conventionnelles de l’architecture et de l’aménagement intérieur (sols et plafonds irréguliers et curvilignes,
interrupteurs à distance des mains, TV au plafond, équipements électro-ménagers dispersés dans l’espace de vie,
etc.) ?
Ils ont découvert que cet habitat provoque un déséquilibre mental qui permet de préserver les capacités
cognitives des personnes âgées.
Extrait :
“Do you want to live in an apartment or house that can help you determine the nature and extent of interactions
between you and the universe? What lengths would you be willing to go to, or how much inconvenience would
you be willing to put up with, in order to counteract the usual human destiny of having to die?
Procedural architecture is an architecture of precision and unending invention. Works of procedural architecture
function as well-tooled works of equipment that help the body organize its thoughts and actions to a greater
6. degree than had previously been thought possible. Set up to put fruitfully into question all that goes on within
them, (works of procedural architecture) steer their residents to examine minutely the actions they take and to
reconsider and, as it were, recalibrate their equanimity and self-possession, causing them to doubt themselves
long enough to find a way to reinvent themselves.”
Contact et lien :
Arakawa + Gins
Architectural Body Research Foundation
124 West Houston St., 4th Floor
New York, NY 10012
www.reversibledestiny.org
Fix my street
http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=FixmystreeT
Plateforme en ligne qui permet aux habitants de signaler, reporter et discuter des problèmes locaux liés à la
voirie.
Un formulaire permet de renseigner un problème, de l'annoter sur une carte et également d'inclure des photos.
Exemple de rapport: localisation d'un lampadaire non-fonctionnel ou d'une chaussée abîmée.
Les rapports sont directement envoyés au service voirie des collectivités qui se chargent de régler le problème
relevé.
Il est également possible d'échanger sur les problèmes rencontrés et de s'abonner aux différents flux proposés
pour rester informé sur les suites de son rapport.
Voisin-age
Source : http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=VoisinagE
Concept en une ligne : Échanges entre les personnes âgées et leur voisinage via une plateforme Web
Description du projet (5 à 10 lignes) : "Nous étions voisins depuis 8 ans...Pourquoi avoir attendu si longtemps"
Proximité, liberté, réciprocité, affinités !
Développer les échanges entre les personnes âgées et leur voisinage, en utilisant une plateforme web comme
facilitateur de création du lien social. Cette plateforme, très adaptée au public cible, permet de connaître les
potentialités de chacun à s'apporter mutuellement et ainsi dépasser les logiques d'assistanat. Elle crée des
affinités entre voisins, tout en respectant la réciprocité et la liberté de l'échange.
- Aucun engagement sur la durée, la fréquence ni le type d’activités.
- On donne, et on reçoit : des coups de main, des gardes d’enfants, des cours...les personnes âgées ont bien plus à
donner que leur tendresse ou leur sourire.
- Comme en amour ou en amitié, on ne se subit pas, on se choisit : à chacun son / sa chacun(e) !
Yoocasa
Source : http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=YoocasA
Mobilité géographique, expatriation ou monoparentalité ont tendance à distendre les liens familiaux. Les grands-
parents, parents, enfants, oncles, tantes… vivent souvent à plusieurs heures les uns des autres et ne se voient que
quelques fois par an. C’est pour répondre à ce besoin de communication et d’échange riche que Yoocasa a été
créé.
Si Internet offre aujourd’hui d’excellentes solutions de communication et de collaboration pour les entreprises,
les familles quant à elles, dans le cadre privé, n’ont pas encore accès à ces technologies.
Or, les études menées par les experts de la Psychologie de l’Enfant montrent que les solutions accessibles aux
familles comme le téléphone et les appels vidéo ne suffisent pas aux jeunes enfants. En effet, ces derniers vivent
dans le présent et dans l’action, et non dans le passé et la discussion.
Yoocasa met au service des familles, les technologies avancées de collaboration des entreprises, afin de
maintenir le lien entre les enfants et leurs parents, grands parents, oncles et tantes, etc… Il est alors possible de
7. jouer, regarder des photos, faire ses devoirs… ensemble, comme si on était dans le même lieu, malgré la
distance.
Reconnect
Source : http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=ReconnecT
Pour les personnes en situation d’exclusion ou de précarité, être en contact facilement avec sa famille ou ses
amis facilite le processus de réinsertion. De même, pouvoir être contacté par des employeurs, des administrations
ou les travailleurs sociaux est primordial. Or, ces personnes sont souvent celles qui payent le plus cher les coûts
téléphoniques, perdent ou changent souvent leurs numéros pour défaut de paiement ou perte de l'appareil, ou
sont constamment oppressées par le manque de crédit téléphonique. Pour lutter contre cela, Reconnect propose :
- Un numéro de téléphone à dix chiffres en 09,
- une boîte vocale associée personnalisable et consultable gratuitement,
- la possibilité de rappeler à partir des messages déposés
- des cartes de visites gratuites personnalisées avec le numéro.
Reconnect en proposant une solution de téléphonie fixe à des personnes exclues fait une inversion créative à
partir d'un changement de paradigme. Au lieu de domicilier une personne à une adresse, Reconnect fait une
domiciliation virtuelle en rattachant un numéro à une personne. Cette expérience est aussi singulière car
contrairement aux autres solutions low cost elle n'utilise pas de combinés portables qui sont des freins à l'accès à
la téléphonie.
Colocation intergénération
Source : http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=ColocationIntergeneration
La colocation n’est pas une formule réservée aux jeunes. Bien au contraire, la colocation intergénération entre un
étudiant et une personne âgée présente des avantages pour les deux colocataires. La colocation intergénération
repose sur une idée simple et un échange de bons procédés. Elle permet aux étudiants de trouver des chambres
chez des seniors souffrant de solitude contre présence ou services, avec ou sans participation financière. Cette
idée est née suite à la parution d’un article dans l’Express qui révélait à la fois la difficulté de se loger et la
solitude des personnes du 3ème âge. Elle a été expérimentée depuis la rentrée 2004 par l’association
PariSolidaire, qui a pour vocation de répondre à la pénurie grandissante de logements universitaires.[1]
La colocation intergénération est une démarche en plein développement. En 2006, 17 associations en France
organisaient l’habitat intergénérationnel et comptaient déjà 186 "binômes" de cohabitants.[1] Par exemple, le
Centre Communal d’Action Sociale de la Ville de Lyon et le C.R.O.U.S. de Lyon proposent des logements à des
prix sociaux dans les résidences de personnes âgées de la Ville de Lyon. Des vacations sont proposées sur place
afin d'aider les étudiants à financer leur loyer. Les étudiants sélectionnés étudient de préférence dans des filières
sociales ou paramédicales.[2]
[1] http://www.accordages-intergeneration.com/_v4/menu-horizontal-haut/actualite/colocation-intergeneration-
se-renseigner-715.html [2] http://www.crous-lyon.fr/web/
Loftcube
Source : http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=LoftcubE
Loftcube is a German-built, personalised home container unit designed to rest atop rooftops designed by Werner
Aisslinger. The 39 (or 55) square metre penthouse designed to be helicoptered to the location of your choice – as
long as it’s on a rooftop. Once it is airlifted into place, it can be fully functional inside 2-4 days according to the
architects. Essentially a square, caravan-like structure. the lightweight LoftCube is described as a ‘mobile home
for urban nomads’. First exhibited at Berlin’s inaugural DesignMai festival in May 2003, LoftCube was based on
the architect’s desire to create a minimalist, temporary retreat that was still a practical proposition for a dense
inner-city location.
The structure, that can be set up in just 2 days and it only takes 24 hours to take down, is particularly lightweight
in order to not affect the stability of a building that may host it and so that it can be transported anywhere, by
crane or by helicopter, thereby satisfying the needs of even the most demanding metropolitan nomads. This very
unique "treasure chest" measures 6.25 by 6.25 meters and has a height of 2.5 meters; inside, furnishings and
fixtures divide the living area, the bedroom, bath and kitchen according to individual tastes and needs.
8. Internet pour tous en habitat social à 1€ par mois
Source : http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=InternetPourTousEnHabitatSocialA1ParM
Proposer un accès mutualisé accompagné à Internet à faible coût (1€/mois) en habitat social sur l’agglomération
de Brest (Bretagne– France)
Le projet associer à une offre d’accès à Internet à très faible coût (accès à Internet à 2mb/s pour
1€/mois/logement) un accompagnement en proximité des habitants :
•dans l’installation du matériel, à domicile
•des ateliers sur internet et le multimédia à l’espace multimédia du quartier
•l’acquisition d’ordinateur recyclé à moindre coût
•des conseils juridiques pour les contrats avec les opérateurs la possibilité de valider des compétences
numériques de base
Le projet mis en œuvre sur Kérourien à Brest (596 logements) en 2010 a été validé par un vote positif des
locataires sur ce quartier. Le coût additionnel (1€/mois/logement) a été intégré aux charges locatives
En 2011, cet accès à bas coût mutualisé accompagné doit être déployé par le bailleur social, après concertation,
sur d’autres quartiers de l’agglomération.
Keetwonen – étudiant en conteneur
Source : http://alpha.imaginationforpeople.com/wakka.php?wiki=KeetwoneN
Comment construire et pourvoir 1000 logements en quelques mois? Confrontée à une pénurie de logements
étudiants, la ville d'Amsterdam a décidé en 2005 d'investir dans le projet innovateur de la sociét. Tempohousing :
le recyclage des conteneurs de fret en habitations. C'est ainsi que la cité universitaire de Keetwonen, constituée
de 1000 conteneurs employés sur cinq étages, est née en quelques semaines. Ces logements fonctionnels,
pratiques, écologiques et esthétiques, ont permis d'apporter une solution rapide (et économique) aux problèmes
de logement. Spacieux (25 mètres carrés), sûrs et bien équipés (cuisine, salle de bain et balcon), les conteneurs
recyclés sont loués à un prix abordable (de 250 à 350 euros/ mois).
Ce projet permet d'envisager et de résorber les problèmes de logement d'une manière dynamique et créative,
voire récréative. Que ce soit pour un habitat temporaire ou permanent, les conteneurs ont l'avantage d'être
rapidement montables, transportables et réutilisables, permettant une plus grande accessibilité au logement et ce
dans un temps record. Modulables à souhait, ils peuvent être personnalisés, et même déplacés selon les besoins
des propriétaires (" take your house with you").
Adoption versus appropriation et mobilisation versus implication
Extrait de Internet Tome 2 services et usages de demain
Adoption ou appropriation?
Comment utilisez-vous les technologies?
Il existe deux grandes orientations dans l’utilisation des services obtenus à l’aide des technologies :
• Lorsque nous sommes face à un écran d’ordinateur ou avec un téléphone portable,nous sommes dans
une attitude active. Nous recherchons des informations, rédigeons un texte, échangeons avec d’autres
personnes…;
• Au contraire, lorsque nous sommes affalés dans un fauteuil pour regarder la télévision, nous sommes
dans une attitude moins interactive avec l’objet lui-même (bien que nous puissions malgré tout être
actif, par exemple dans la discussion que nous pouvons avoir avec d’autres sur les programmes).
Bien sûr, il s’agit de deux extrêmes et nous pouvons adopter des attitudes intermédiaires : la télécommande
de notre télévision par exemple, permet un premier niveau d’interactivité pour zapper entre les
chaînes ou … arrêter la télévision. A l’inverse, il nous arrive d’utiliser un ordinateur pour
regarder passivement des animations. Chacun de nous va choisir à différents moments de la
journée une attitude active ou passive par rapport à l’outil technologique. Il ne s’agit donc pas
de deux types d’utilisateurs, mais bien de deux modes d’utilisation. Nous sommes tous à la
fois des utilisateurs actifs (lorsque nous recherchons des informations sur Internet par
exemple) et des consommateurs (lorsque nous nous installons confortablement devant un bon
9. film). On parle parfois d’attitude « dos en avant » ou « dos en arrière » pour présenter de
façon imagée les deux modes.
Exemple Une cybermanif
Les utilisateurs sur le réseau et dans les mondes 3D sont souvent dans une position active.
Ils peuvent même parfois prendre des initiatives étonnantes.
Les utilisateurs du réseau câblé Noos, mécontents de la qualité du service de l’opérateur ont
organisé la première cybermanif mondiale le 31 janvier 2001 sur Archinet, une ville
virtuelle en 3 dimensions1.
Des avatars-manifestants ont été mis à la disposition des participants et la manifestation a
nécessité deux répétitions générales les jours précédents. Les membres de la presse ont été
invités à assister directement à la cybermanif dans la ville 3D comme « cyber-journalistes. »
De la consommation à l’utilisation active
La consommation est « l’action de faire des choses un usage qui les détruit2 ». Mais comme le
fait remarquer Gilles Bauche3 : « Consommer de l’information ne la détruit pas ». Pourtant,
l’attitude passive qui consiste à recevoir une information s’apparente assez bien à une
consommation classique. Beaucoup d’études ont été menées sur l’adoption des produits par
les « consommateurs. » Il est ainsi possible de prévoir à peu près la façon dont les spectateurs
vont réagir à un nouveau programme de télévision.
Mais lorsque l’utilisateur est actif, il est beaucoup moins prévisible. Nous ne pouvons plus
nous contenter d’étudier l’adoption d’un produit par un consommateur. Le vocabulaire lui-
même trahit cette subtilité ; ainsi deux verbes illustrent bien les deux approches active et
passive :
Adopter a pour définition: « faire sien en décidant de suivre »4
S’approprier signifie : « faire sien en rendant convenable pour un usage »5
Ainsi, pour que l’utilisateur actif s’approprie un produit ou un service, il faut qu’il l’adapte
lui-même pour le faire coller au mieux à ses besoins et à son usage. A l’extrême, on pourrait
dire que le détournement, voire l’invention d’usage, fait partie intégrante du processus
d’appropriation. Dans ce cas de figure, plutôt que de parler de « terminal », il faudrait comme
nous y invite Daniel Kaplan, parler « d’initial »6. On comprend mieux pourquoi beaucoup de
fournisseurs préfèrent en rester aux règles plus stables et prévisibles de la consommation… Il
serait pourtant probablement plus judicieux de se poser la question de ce qui facilite
l’appropriation.
La suite de ce chapitre traite plus particulièrement des utilisations actives qui sont
fondamentales dans l’informatique et les télécommunications. Les mécanismes
d’appropriation qui y sont associés sont bien moins connus que ceux d’adoption d’un produit
pour la consommation.
1
Cybermanif organisée par l’association Luccas : http://luccas.eu.org/cybermanif/
2
source : Le Petit Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française
3
Gilles Bauche, « tout savoir sur Internet », Seuil-Arlea 1996 : chapitre 3 « va-t-on vers une économie de l’abondance ? »
http://www.admiroute.asso.fr/action/siteedito/livre/bauche/toutsav/abondan.htm
4
Source : Le petit Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française.
5
Ibid.
6
Daniel Kaplan, « du terminal à l’initial », lettre de la FING du 24/6/2002, http://www.fing.org/index.php?num=2993,4
10. Pour en savoir plus –Le terminal au crible des usages
Comment caractériser un terminal ? Faut-il disposer d’un terminal par fonctionnalité ou un
terminal unique sera-t-il la meilleure solution ? Françoise Massit-Folléa remarque que
« depuis une dizaine d’années ingénieurs et fabriquants de matériel courent après
l’introuvable convergence de l’informatique, des communications et de l’audiovisuel pour
saturer le marché, à leur profit, avec le terminal unique et la Killer application »7.
Mais il est possible de faire une toute autre analyse en classant les types de terminaux non
plus suivant l’industrie dont ils sont issus mais en fonction de la façon dont nous les
utilisons8. Il existe de nouveau de très nombreuses grilles d’analyse, l’une d’elles est la
posture que nous adoptons lors de l’utilisation : assis, debout ou en mouvement.
Lorsque nous sommes assis, nos deux mains et nos deux yeux sont disponibles pour une
interaction maximale avec la machine (c’est le cas avec un ordinateur ou un terminal
léger muni d’un clavier comme le Psion)
Lorsque nous sommes debout et arrêté, nos mains sont moins disponibles car il faut
également tenir l’appareil, l’interaction est donc différente (assistant personnel,
gameboy, livre électronique, appareil photo…)
Si nous marchons, c’est au tour de nos yeux d’être moins disponibles pour l’interaction
avec la machine, nous devons nous concentrer au moins partiellement sur nos pas
(baladeur, montre, téléphone mobile…)
Et si nous conduisons (un véhicule mais également une machine-outil) nous devons
rendre nos mains et nos yeux disponibles au maximum pour la conduite et ne pouvons
faire que de brefs écarts tels que tourner un bouton ou regarder un afficheur (autoradio,
téléphone main libre…)
Il existe également une classe de terminaux qui ne nécessitent aucune interaction avec la
machine (balise GPS, capteurs médicaux, balises de détresse…)
Vu du côté des utilisateurs, s’il est utile de disposer de divers terminaux, ce n’est pas pour
un problème de fonctionnalités (il est possible de communiquer par exemple, assis, debout
ou en marchant), mais plutôt pour une question d’utilisation adaptée à des comportements
différents.
Est-ce la technique qui fait l’usage ou l’inverse ?
Nous avons vu que pour comprendre les services, il fallait adopter à la fois une approche
technologique et le point de vue de l’utilisateur. Pour étudier les usages, nous allons regarder
les choses depuis l’utilisateur. Cela ne veut pas dire que les technologies n’ont aucun impact,
pas plus qu’elles ne structurent complètement les usages, mais que nous ne pouvons plus nous
contenter d’une vision « fournisseur » qui se limiterait à définir les besoins des utilisateurs et
à mesurer leur adoption d’un produit. Françoise Massit-Folléa écrit9 : « L’observation dément
autant le déterminisme technique – qui postule que la technique façonne de facto l’usage –
que le déterminisme social – qui met en avant les multiples « résistances » et
« détournements » des usagers, ou bien le poids des institutions économiques et politiques
pour déboucher sur une sorte de « neutralité » de la technique. »
7
Françoise Massit-Folléa, « Usages des Technologies de l’Information et de la Communication : acquis et perspectives de la
recherche », in Le Français dans le Monde, janvier-février 2002.
8
« Liste des usages de la mobilité », groupe usage de l’Internet Mobile de la FING, Octobre 2000,
http://www.fing.org/index.php?num=1945,4
9
Françoise Massit-Folléa, « Usages des Technologies de l’Information et de la Communication : acquis et perspectives de la
recherche », in Le Français dans le Monde, janvier-février 2002.
11. La question de l’usage nécessite de croiser de multiples aspects tels que les possibilités et
limites des moyens proposés, les rapports sociaux ou les utilisations effectives (par opposition
aux utilisations prescrites).
Un exemple tiré d’une étude de la British Medical Association illustre des liens pas toujours
évidents entre ces différents aspects : il indique une corrélation qui semble aller plus loin
qu’une simple simultanéité dans le temps, entre la baisse de la consommation de tabac chez
les jeunes (élément social) et l’augmentation de la possession de téléphones
portables (utilisation effective) !10
Scénario Le conte des échanges
Dans ce nouveau conte, Sylvie Roussel Gaucherand nous montre que les usages sont parfois
bien imprévisibles…
Une femme avait deux garçons. Un jour, elle alla ramasser du bois. Elle s’en revint avec un fagot sur la tête . En
haut de ce fagot étaient deux oiseaux rouges ! . Ils s’étaient posés là, leurs pattes s’étaient prises dans
l’enchevêtrement des branches. La mère à ses enfants, donna l’un, donna l’autre.
L’aîné dit :
− Mon ventre gargouille ! Je vais le plumer, le rôtir. Mère, allume le feu !
− Moi, dit le cadet, je garde le mien. Je vais l’échanger !
− Frère, contre quoi ?
− La fille du chef !
− La fille du chef, contre un oiseau rouge ? Frère tu perds la raison !
− Tant mieux et tant pis … Adieu, frère aîné, adieu ma mère.
Il prit son oiseau et s’en alla.
Au premier village, il vit des enfants jouant devant une forge.
− Garçon, donne-nous ton oiseau rouge .
− Amis, le voici.
Les enfants prirent l’oiseau, lui tordirent le cou, le firent griller. Le garçon s’assit dans la poussière, se mit à
pleurer.
− Rendez-moi l’oiseau de ma mère !
− Tais toi lui dirent les autres. Nous te donnerons un couteau
Le garçon s’en fut avec son couteau. Il arriva bientôt au bord d’un étang. Là étaient des gens accroupis à quatre
pattes comme des chiens. Ils étaient occupés à trancher des bambous à coup de dents. Ils grognaient, geignaient,
mordaient et rognaient. Leur bouche saignait. Ils s’acharnaient en vain…
− Prenez mon couteau, leur dit le garçon. Vous couperez mieux .
− Merci, lui dirent les gens.
− Ils coupèrent sec, ils coupèrent dur. La lame grinça et se brisa. Le garçon gémit :
− Rendez-moi le couteau que m’ont donné qui ? Les gens de la forge contre un oiseau rouge que m’a donné
qui ? Ma mère, ma mère !
− Les autres lui dirent : Calme toi, nous te donnerons un panier d’osier .
Le garçon s’en alla son panier sous le bras. Au bord de la route, il vit un grand champ, et dans ce grand champ
des hommes courbés sur la terre. Ces gens emplissaient leurs habits de fèves. Leurs poches crevaient. Par les
déchirures, ils les perdaient toutes. Le garçon leur dit :
− Prenez mon panier
10
Michel Berne, Controverse médicale, in Institut National des Télécommunications, Observatoire des Stratégies et
Technologies de l’Information et de la Communication, Télécom, Electronique, Informatique, Médias, Internet, L’année
2000, p37, Evry 2001
12. Le panier fut bientôt plein. On en mit encore et encore, on s’assit dessus pour que tout y tienne. Le panier
craqua, se fendit. Le garçon cria, le front entre ses mains.
− Rendez-moi le panier d’osier que m’ont donné qui ? Les gens des bambous contre un long couteau que
m’ont donné qui ? Les gens de la forge contre un oiseau rouge que m’a donné qui ? Ma mère, ma mère !
− Garçon, ne cris pas, lui dirent les gens en riant pour tromper sa peine. Nous te donnerons un pot d’huile.
Le garçon partit, son pot d’huile à la main. Le voici venu devant un grand arbre . Cet arbre était blanc. Tronc,
branches, feuillage, tout était blanc.
− Arbre, tu es pâle, lui dit le garçon.
L’arbre répondit :
− Garçon, je suis malade. Je pourrais guérir si tu me donnais de ton huile douce qui sent bon la vie.
− Le garçon frotta l’arbre d’huile, puis s’assit et se mit à chanter, à voix forte et triste :
− Rends moi le pot d’huile que m’ont donné qui ? Ceux du champ de fève contre un panier rond que m’ont
donné qui ? Les gens de bambous contre un long couteau que m’ont donné qui ? Les gens de la forge contre
un oiseau rouge que m’a donné qui ? Ma mère, ma mère !
L’arbre lui donna un fagot de branche. Le garçon s’en alla, l’échine courbée sous sa charge. Il vit des marchands
à l’ombre d’un rocher … Ces marchands cuisaient leur soupe du soir. Mais que brûlaient-ils sous leur
chaudron ? Leurs souliers, leurs ongles, leurs cheveux, leur barbe…
− Prenez mon bois, leur dit le garçon.
− Ils firent une flambée haute et claire. Quand ne resta plus que cendre et charbon, le garçon cogna du talon.
− Rendez-moi le fagot de branches que m’a donné qui ? L’arbre maladif contre l’huile douce, que m’a donné
qui ? ? Ceux du champ de fève contre un panier rond que m’ont donné qui ? Les gens de bambous contre
un long couteau que m’ont donné qui ? Les gens de la forge contre un oiseau rouge que m’a donné qui ?
Ma mère, ma mère !
− Voici du sel, dirent les marchands. Tu y gagnes au change.
Ils lui en donnèrent un grand sac. Le garçon courut jusqu’au bord du fleuve, goûta l’eau, cracha. Le Fleuve lui
dit :
− Tu n’aimes pas mon eau ?
− Fleuve, tu es fade.
− Garçon, sale-moi, et j’aurai du goût.
Le garçon versa dans le fleuve une pluie de sel. Quand le sac fut vide, il se pencha et ouvrent les bras à son
reflet dans l’eau :
− Rends-moi le sac de sel que m’ont donné qui ? Des marchands contre un fagot lourd que m’a donné qui ?
L’arbre maladif contre l’huile douce, que m’a donné qui ? ? Ceux du champ de fève contre un panier rond
que m’ont donné qui ? Les gens de bambous contre un long couteau que m’ont donné qui ? Les gens de la
forge contre un oiseau rouge que m’a donné qui ? Ma mère, ma mère !
− Voici mes poissons, lui dit le fleuve. Prends, ils sont à toi.
Le garçon chargea sur l’épaule son sac ruisselant. Il parvint bientôt dans un beau village. Des esclaves couraient
çà et là, poursuivant des rats et des sauterelles. Le garçon leur dit :
− Hé, que faites-vous ?
− Notre chef reçoit soixante étrangers, et nous n’avons rien à manger. Nous chassons ces bêtes pour le grand
dîner !
− Hommes, menez-moi devant votre maître.
Quand il y fût :
− Seigneur, voici de quoi nourrir tous vos invités, dit-il, en posant sur la table son sac de poissons mouillés.
On cria merci, on fit la cuisine, on servit soixante plats sur des feuilles de palme. Quand tout fut mangé, le
garçon s’en alla sous l’arbre à palabres. Il joua du pipeau, battit du tambour de danse et chanta ces paroles :
− Hommes, rendez-moi les poissons luisants que m’a donnés qui ? Le fleuve puissant contre un sac de sel,
qui m’ont donné qui ? Des marchands au camp contre un fagot lourd que m’a donné qui ? L’arbre maladif
contre l’huile douce, que m’a donné qui ? Ceux du champ de fève contre un panier rond que m’ont donné
qui ? Les gens de bambous contre un long couteau que m’ont donné qui ? Les gens de la forge contre un
oiseau rouge que m’a donné qui ? Ma mère, ma mère !
13. − Que veux-tu, garçon, demanda le chef ?
− Ta fille en mariage.
− Prends là, aimez-vous et soyez heureux.
La belle fille en robe dorée, lui-même vêtu d’habits nobles, tous deux chevauchant une jument blanche revinrent
au village où étaient la mère et le frère aîné.
− Frère aîné, salut ! Voici mon épouse. Je l’ai échangée contre l’oiseau rouge !
L’autre en fut si surpris qu’il disparut sous la terre.
J’ai pris ce conte par l’oreille, je l’ai chauffé dans mes dedans, sur mon souffle, je l’ai rendu !
Le danger des courbes de prévision
Pourquoi les utilisateurs ont-ils adopté le SMS (messages courts) et l’i-mode mais pas le
WAP ?
Avec les utilisateurs nous sommes de plain-pied dans le domaine de l’imprévisible. Nous
pouvons cependant chercher à comprendre quelques règles qui favorisent ou non l’adoption
bien que cette approche, dans certains cas, puisse être moins fructueuse que la recherche de ce
qui facilite l’appropriation.
Une des courbes les plus souvent présentées pour expliquer l’adoption d’une technologie par
les utilisateurs a été proposée par le Gartner Group et s’appelle le « hype cycle » (le cycle de
l’esbroufe).
Figure 1 - Le "Hype Cycle"
Cette courbe montre comment une technologie devient rapidement très visible, générant des
attentes exagérées. Ensuite, après une phase de repli due aux désillusions, la visibilité de la
technologie reprend une courbe plus classique (certaines autres technologies se développent
sans qu’on ne les voit arriver telles que le SMS ou IP. Elles suivent alors la courbe pointillée
plus classique).
14. Beaucoup d’opérateurs se servent du « hype cycle » pour montrer qu’une technologie qui a
conduit à des désillusions sera adoptée ensuite par le public. Pourtant, si les technologies qui
ont fini par percer ont effectivement souvent suivi une telle courbe, il est faux de dire que
toutes les technologies suivront ce schéma.
L’erreur vient de croire que seule la courbe du « hype cycle » peut représenter les attentes
exagérées. Une deuxième courbe commence très précisément de la même manière : il s’agit
de la visibilité d’une technologie rejetée par les utilisateurs. L’imprévisibilité intervient au
point où les deux courbes bifurquent. Le fait qu’une technologie ait provoqué des attentes
exagérées et des désillusions ne permet pas de dire si elle sera finalement adoptée ou non par
les utilisateurs.
Figure 2 – Les utilisateurs imprévisibles
Il est donc faux de conclure qu’une technologie dans le creux de la vague doit obligatoirement
redémarrer. Il n’est pas possible de prévoir à coup sûr l’adoption d’une technologie par les
utilisateurs, même après de nombreuses études pour « définir leurs besoins ».
Nous avons vu que dans le cas où l’utilisateur était actif face à une technologie, il vaut mieux
parler d’appropriation que d’adoption. S’il est possible de favoriser l’appropriation, il n’est
pas possible de prévoir à coup sûr qu’elle fonctionnera à un moment donné avec telle ou telle
personne. De nombreux facteurs humains rendent l’appropriation largement imprévisible.
Nous devrons donc utiliser notre deuxième solution, celle applicable à l’imprévisible :
proposer une abondance de possibilités pour permettre aux utilisateurs d’adapter au mieux le
produit à leur usage… même si c’est d’une façon imprévue.
Suivant la marge de manœuvre laissée à l’utilisateur, le niveau d’appropriation, lorsqu’il sera
effectif, pourra être plus ou moins grand. Il ne s’agit pas de rechercher systématiquement le
plus haut niveau d’appropriation, mais de trouver le meilleur niveau pour un produit donné
suivant l’intérêt que l’utilisateur peut trouver à être plus ou moins actif face à la technologie.
Les parties suivantes présentent trois niveaux d’appropriation qui correspondent à trois
attitudes plus ou moins actives face à un produit, un service ou même la participation à un
projet. Elles détaillent les liens entre les utilisateurs actifs et les services.
15. Premier niveau d’appropriation : l’implication
Quand un utilisateur s’approprie un produit ou un service, il s’implique à un degré plus ou
moins important pour le « faire sien, en le rendant convenable pour un usage ».
L’appropriation nécessite de passer d’un état passif à un état actif. Ce basculement dépend de
plusieurs critères tels que le niveau de motivation ou la réduction des freins à l’implication.
Motivations et freins à l’appropriation
la motivation la plus souvent citée est l’utilité du produit que l’on cherche à acquérir. Dans un
monde en réseau, l’utilité vient souvent du nombre. Robert Metcalfe, fondateur de la société
3com Corp. et inventeur du protocole de réseau local Ethernet, a énoncé une loi qui porte
maintenant son nom : « L’utilité d’un réseau est égale au carré du nombre de ses
utilisateurs »11. Cela est vrai pour les technologies de réseau, mais également pour les réseaux
humains.
De façon plus générale, on adopte un produit ou un service parce qu’il nous semble utile, mais
on se l’approprie souvent pour d’autres raisons. Chacun cherche principalement à satisfaire
ses propres besoins. Le docteur Abraham Maslow12 a proposé une pyramide des besoins de
l’homme, chacun devant être assouvi avant de prétendre au suivant : besoins physiologiques,
de sécurité, sociaux, d’estime de soi, de réalisation de soi.
On retrouve ces besoins, et plus particulier les trois plus élevés, dans les motivations qui
facilitent l’implication :
Le plaisir (le fun, le sentiment d’appartenance)
La reconnaissance (l’estime des autres)
Le sentiment du travail bien fait
L’apprentissage et le développement de ses connaissances
Les besoins non assouvis peuvent au contraire constituer un frein à l’implication :
Les problèmes de sécurité personnelle
Le manque de confiance
La peur de ne pas pouvoir se désengager facilement (une personne aura d’autant plus de
résistance à utiliser un produit ou un service qu’elle ne sait pas si elle pourra s’en passer
ensuite)
Pour en savoir plus –Une communauté pour agir
Prenons une des motivations (le sentiment d’appartenance, par exemple) et cherchons à
réduire un frein (le manque de confiance). Un groupe basé sur le sentiment d’appartenance
et de confiance est la définition même d’une communauté ou d’une tribu. La mise en place
d’une communauté est donc un moyen (il en existe d’autres) de faciliter l’implication.
Mais créer une communauté n’est pas une solution si facile. Des fournisseurs ont souhaité
mettre en place des communautés d’utilisateurs pour développer l’appropriation de leurs
produits. Mais des clubs utilisateurs pyramidaux qui ne servent qu’à diffuser l’information
de la part du fournisseur ne permettent pas nécessairement le développement du sentiment
11
La citation originelle telle que Jeff Tidwell la reproduit : http://www.infonortics.com/vc/1999/tidwell/tsld007.htm
en fait cette loi énonce l’utilité maximum car le nombre de liens possibles peut être réduit par certaines architectures ou des
contraintes institutionnelles qui peuvent empêcher certains liens entre utilisateurs de s’établir.
12
Abraham Maslow, Motivation and personnality, 3ème édition, Harper & Row, New-York 1987
16. d’appartenance et de la confiance entre les membres. La communauté n’a alors de
communauté que le nom et n’est pas un outil efficace pour faciliter l’implication.
La communauté ou la tribu peut être elle même informelle, c’est le lien transversal entre ses
membres qui en est l’élément principal. Les Japonais parlent parfois de « nommunication »
qui est la contraction de « communication » et du mot japonais « nommu » qui signifie
« boisson. » Le temps que les personnes passent à la machine à café ou dans un bar pour
discuter peut être déterminant pour l’implication ou non des personnes13.
Ces liens transversaux entre les membres favorisent la coordination informelle et
l’émergence d’appropriations communes. Les Zoulous utilisent le mot « ubuntu » pour
désigner cela. Il est la contraction de « unmunta ngumuntu nagabuntu » qui signifie « une
personne est une personne grâce aux autres personnes »14.
Le seuil d’appropriation
Le passage à une position active s’opère en général comme un basculement rapide et peu
prévisible. Le déclenchement se produit lorsque la somme des motivations moins la somme
des freins dépasse un seuil. Que le résultat de cette « soustraction » demeure un tout petit peu
au-dessous du seuil et la personne reste inactive, qu’il s’établisse un tout petit peu au-dessus
et elle commence à s’impliquer.
La conséquence de ce passage à l’acte par basculement, donc imprévisible, est qu’on peut
plus facilement favoriser l’implication que l’imposer. Pour permettre l’appropriation d’un
service par des utilisateurs, il faudra donc :
Avoir une abondance d’utilisateurs potentiels car on ne peut être sûr à l’avance de ceux
qui « basculeront. » Chacun dispose d’un nombre limité de choses auxquelles il peut
prêter attention et s’impliquera sur telle ou telle chose en fonction également de l’attention
qu’il porte aux autres.
Développer leurs motivations à s’approprier le produit ou service
Faire en sorte qu’il ne reste qu’un minimum de freins
Mais aussi abaisser le « seuil d’appropriation » afin d’augmenter les chances qu’il soit
franchi
L’abaissement du seuil d’appropriation est donc un autre outil fondamental. Il y a plusieurs
façons d’abaisser ce seuil :
La réactivité du fournisseur facilite l’appropriation de l’utilisateur. Si par contre on réagit
avec retard à une sollicitation de quelqu’un qui commence à agir, il y a un grand risque de
faire « retomber la mayonnaise »
La simplicité est également cruciale pour faciliter l’implication. Une règle d’or doit
être « KISS » : Keep It Simple and Stupid (vos explications doivent être bêtes et simples)
Faciliter l’implication
Nous arrivons à une nouvelle clé de compréhension de la société de l’information. Celle-ci
ainsi que les suivantes nous montreront comment un utilisateur fait usage d’un produit ou
service en fonction de son degré d’appropriation.
13
Kjell Nordström et Jonas Ridderstrale, Funky Business p156, Editions Village Mondial, Paris, 2000
14
ibid. p165
17. Nous avons vu que l’implication ne se décrète pas. Elle est même imprévisible. Pour faciliter
l’appropriation, il est nécessaire de bénéficier d’un maximum de personnes mais également de
leur offrir un maximum de choix pour augmenter les possibilités, y compris le choix d’utiliser
un service de la façon prévue ou d’une autre façon.
Cette approche est tout le contraire de la stratégie de Henri Ford qui disait : « Je vendrai aux
américains la voiture de la couleur qu’ils voudront, pourvu qu’elle soit noire. » Cette
approche a fait des merveilles dans un monde de rareté mais assez prévisible. Le monde du
XXIème siècle est bien plus imprévisible et l’information et les échanges y sont bien plus
abondants.
1er niveau d’appropriation L’implication
L’appropriation pour les utilisations actives passe par l’implication
Elle intervient lorsque la motivation est importante, les freins réduits et qu’ils permettent de
franchir le seuil de passage à l’acte
L’appropriation nécessite une adaptation par l’utilisateur et non une simple acceptation.
Lorsque l’on s’installe dans un nouvel appartement, on se l’approprie vraiment le jour où on
change les papiers peints…
Pour en savoir plus – Les projets coopératifs
L’implication est également un des secrets de la réussite de la mise en place de tout projet,
dans une entreprise, une administration ou une association. Comme le dit Göran Lindahl,
patron d’ABB : « Nous possédons 300 tonnes de pouvoir cérébral… Comment motiver nos
employés afin de faire bouger ces 300 tonnes dans une même direction ? »15
Si la hiérarchie permet de mobiliser des personnes sur une tâche à accomplir, il n’est pas
possible d’imposer à quelqu’un de s’impliquer. La différence est subtile et pourtant
fondamentale, comme le dit la plaisanterie : « Dans le steak à cheval, la poule se mobilise,
mais le bœuf s’implique. » Nous retrouvons ici la même différence que celle entre les
termes « adopter » et « approprier » que nous avons vue précédemment : la mobilisation se
fait en suivant alors que l’implication nécessite une démarche active de transformation.
Il existe également une autre confusion fréquente entre ces deux approches. On pense a
priori que réussir ou ne pas échouer signifient la même chose. Pourtant, chaque résultat
procède d’une démarche inverse et peut conduire à des situations très différentes :
Si l’objectif est de ne pas échouer, alors mieux vaut faire le minimum pour ne pas
prendre le risque d’un échec. On essaie alors de gérer ces contraintes par une
planification du projet qui impose un certain plan d’action. Nous sommes dans le cadre
de la gestion de projets classiques, très efficace lorsqu’il n’y a pas le droit à l’erreur.
Si l’objectif est de réussir, alors la meilleure réponse est d’essayer un maximum de
choses pour que dans l’ensemble il y ait des résultats positifs. Nous sommes dans le
domaine moins connu des projets coopératifs qui s’adaptent très bien aux situations
imprévisibles.
15
Fortune, 10 novembre 1997, in Kjell Nordström et Jonas Ridderstrale, Funky Business p91, Editions Village Mondial,
Paris, 2000
18. Nous pouvons faire d’une pierre deux coups : les mêmes règles favorisent l’appropriation
d’un produit ou service et l’implication dans un projet coopératif16. Dans un projet
également, l’implication dépendra de la motivation, des freins et d’un seuil de passage à
l’acte.
La motivation elle-même ne doit pas se limiter aux aspects financiers. Garry Hamel, expert
en stratégie, explique : « Trop d’organisations semblent penser que l’unique motivation est
pécuniaire. Le fait de traiter les éléments productifs de l’entreprise comme des chiens de
Pavlov n’est pas vraiment le moyen de tirer le meilleur des gens »17. L’argent ne permet que
de mobiliser. Nous connaissons tous de nombreux projets ou de nombreux services, dans les
entreprises ou les administrations, qui fonctionnent mal, même si chacun fait ce qu’on lui dit
de faire. Quelqu’un dont la motivation se limite à la rémunération exécutera les ordres. Mais
si le contexte et l’environnement changent entre le moment où l’ordre est donné et le
moment où il doit l’appliquer, le salarié ne procédera pas aux nécessaires adaptations. Dans
un monde de plus en plus imprévisible, le donneur d’ordre ne peut pas toujours prévoir ce
que la personne sous sa responsabilité devra faire.
Malgré les incompatibilité apparentes, l’implication doit compléter la mobilisation,
l’approche coopérative prolonger l’approche planifiée
Deuxième niveau d’appropriation : « L’outilisation »
Mais il est possible d’aller plus loin dans l’implication : l’utilisateur d’un produit peut s’en
servir comme d’un outil pour offrir lui-même un service.
Et l’utilisateur devient fournisseur
L’exemple typique est le Web. Une personne ou une organisation va prendre un accès à
l’Internet et s’en servir pour créer un site Web qu’elle mettra à la disposition d’une
communauté plus ou moins large. Cela est vrai bien sûr dans le monde professionnel, mais
également dans la sphère privée où les pages personnelles représentent un service offert (si les
sujets abordés ne sont pas d’intérêt général, la cible sera réduite principalement aux proches).
Même si l’hébergement de pages Web d’une part et l’accès aux informations d’un site d’autre
part sont assez souvent gratuits, cela ne change rien à cette chaîne de services : nous avons vu
que les modèles économiques du Net permettaient d’offrir des services en dissociant celui qui
finance le service de celui qui en bénéficie (voir le chapitre sur les aspects économiques).
Celui qui met en place un site peut ainsi décider de le proposer de façon payante mais aussi de
l’offrir gratuitement sur Internet pour obtenir de la reconnaissance et des échanges avec
d’autres. La personne qui souhaite toucher une large communauté (association, entreprise,
services de l’administration, clients ou citoyens) sera même parfois prêt à payer pour offrir à
ses utilisateurs une meilleure garantie d’un service de qualité.
Une distinction fournisseur – utilisateur actif plus floue
La distinction « fournisseur – utilisateur », n’est pas aussi simple dans le cas d’une utilisation
active que ce que l’on connaissait dans le cas « fournisseur – consommateur. » L’utilisateur
d’un service peut devenir lui-même fournisseur d’un autre service mis en place grâce à
16
Voir aussi : Jean-Michel Cornu, La coopération nouvelles approches, avril 2001, http://www.cornu.eu.org/cooperation/
17
G. Hamel, avant-propos de Financial Times Handbook of Management, FT/Piman, Londres, 1995
19. l’utilisation du premier. Lorsque Kjell Nordström et Jonas Ridderstråle écrivent18 « Nous ne
pouvons pas demander au consommateur d’imaginer l’inimaginable. La responsabilité de
l’innovation incombe toujours au fournisseur », ils parlent de consommateurs sans prendre en
compte toute la dimension active dans l’utilisation d’une technologie.
Bien souvent dans le monde des nouvelles technologies, c’est même le contraire qui se passe !
Lorsque les protocoles de l’Internet ont été mis au point, ils étaient suffisamment souples pour
s’adapter et certains utilisateurs ont pu s’en servir comme base pour proposer de nouvelles
applications (telles que le Web, la téléphonie sur Internet ou la diffusion de webtv). Le Web
s’est très largement répandu à son tour car il facilitait la possibilité, pour ses utilisateurs, de
proposer eux-mêmes des services innovants sous forme de sites Web. Que se passera-t-il si on
propose un nouvel ensemble de protocoles qui rendrait un service en pair à pair19 aussi facile à
réaliser qu’un site web ?
Mais permettre d’utiliser un service comme un outil a des conséquences : il n’est plus aussi
facile de savoir à l’avance quel usage les utilisateurs vont faire de cet outil. Nous sommes
dans le domaine de l’imprévisible. Eric S. Raymond établit ce constat en règle : « Tout outil
doit être utile par rapport aux utilisations qu'il a été prévu d'en faire. Mais on reconnaît un
outil vraiment excellent au fait qu'il se prête à des usages totalement insoupçonnés. »20
Les opérateurs de téléphonie mobile, confrontés à une baisse des prix unitaires, avaient le
choix pour compenser, d’augmenter la valeur ou bien les volumes. Avec le Wap, ils ont
cherché à capter une part maximale de la valeur ajoutée : les services proposés sont
homologués par l’opérateur, il n’est pas prévu de permettre aux utilisateurs de faire leur « site
Wap personnel »21. Une telle approche est incompatible avec un degré d’implication fort de
l’utilisateur et cela a été au détriment des volumes qui n’ont jamais décollé. Vouloir conserver
pour un fournisseur la maîtrise complète du service offert a des conséquences car il faut alors
supprimer les deux grands facteurs d’imprévisibilité : l’innovation et les utilisateurs !
Exemple Les listes de discussion SMS
A New York, des jeunes créent des communautés grâce à des listes de discussion par SMS.
Contrairement aux listes par email, des jeunes entre 15 et 29 ans les utilisent de façon très
mobile et s’en servent pour se retrouver. Le groupe le plus populaire est le « New York
Celebrity Sightings » qui permet de savoir si une star est descendue en ville. Son créateur,
Kris Konno, est également celui qui a développé le produit Upoc qui permet de créer ces
listes : «C'est uniquement pour le fun, je n'ai pas lancé ce groupe parce que je suis à la
direction d'Upoc, mais parce que j'ai toujours eu ce don bizarre de croiser des célébrités à
New York. Quand je me suis mis en ligne, c'est vite devenu la folie. Des centaines de
personnes ont commencé à s'envoyer des messages parce qu'ils croisaient des stars un peu
partout. »22
18
Kjell Nordström et Jonas Ridderstrale, Funky Business p157, Editions Village Mondial, Paris, 2000
19
voir Internet – Tome 1 les technologies de demain, « partager la mémoire dans le monde, le pair à pair », p90
20
Eric S. Raymond, La cathédrale et le bazar - http://www.tuxedo.org/%7Eesr/writings/cathedral-bazaar/cathedral-bazaar/
traduction de Sébastien Blondeel - http://severino.free.fr/archives/copieslocales/lacathedraleetlebazar.html
21
Cela est vrai pour les bouquets de services Wap proposés par les opérateurs, mais des offres alternatives permettent
d’accéder directement à tout site Wap se trouvant sur l’internet. Les sites Wap personnels (ou professionnels mais non
sélectionnés par les opérateurs) sont donc possibles par ce biais. Une société taïwanaise iScreen, propose également un
convertisseur du format web (HTML) vers le format WAP (WML) : http://www.kgt.com.tw/
22
Fabrice Rousselot, Des cybertribus dans New York, Libération du 4/10/2000 -
http://www.liberation.fr/multi/actu/20001002/20001004merze.html
le site UPOC de création de listes de discussion SMS : http://www.upoc.com/
20. En Finlande, les jeunes utilisent le basique SMS (messages courts) pour jouer à des jeux de
rôles grandeur nature dans Helsinki. Quel homme de marketing aurait pu prévoir cela ?
Comment cet usage se serait-il développé si - sans doute par hasard - les concepteurs du
réseau GSM n'avaient pas laissé de tels degrés de liberté dans l'usage de leur technologie ? 23
« L’outilisation »
Nous proposons un mot nouveau pour ce type d’usage impliquant fortement l’utilisateur :
L’outilisation - l’utilisation d’un service comme un outil pour développer ses propres
services. Ce terme semble mieux adapté que celui de prodummation proposé par Don
Tapscott24 qui ne tient pas compte de la distinction entre consommation et utilisation active.
La création d’un terme nouveau est délicate, surtout lorsqu’il existe déjà un terme pour
désigner un concept similaire : l’instrumentalisme. Mais ce dernier est plus orienté vers
l’utilisation comme outil de théories que de services. Nous tâcherons donc de l’oublier pour
tenter de « passer à la postérité » avec le terme « outilisation » 25 ;-)
2ème niveau d’appropriation L’outilisation
L’appropriation est plus forte lorsque l’utilisateur
utilise des services comme outils pour offrir
lui-même ses propres services
Troisième niveau d’appropriation : Le co-développement
Nous avons déjà rencontré un cas de figure où les utilisateurs ont un niveau d’appropriation
bien plus important que la simple implication ou l’utilisation comme outil pour offrir des
services : il s’agit du logiciel libre26. Ici, une partie des utilisateurs participe au développement
du produit lui-même. Le développement et le test ne sont plus limités aux seuls développeurs
de la société fournisseur du service mais peuvent être réalisés par des personnes venant de
partout. Le logiciel libre prend à la lettre et pousse plus loin la réflexion de Michael Mc Neal,
responsable du recrutement chez Cisco Systems : « Si vous voulez des personnes formidables,
vous devez les chercher dans des endroits inhabituels. »27
Les utilisateurs peuvent ainsi choisir eux-mêmes leur degré d’implication à chaque instant :
Utilisation simple du produit ou service
Détection des erreurs et suggestion d’améliorations
Correction des erreurs et développement des améliorations
Et même lancement et coordination d’un projet
Dans la société de l’information, il semble que beaucoup de choses soient abondantes… sauf
l’attention. Celle-ci nous permet de nous concentrer sur certains produits ou certains projets.
La participation active dans les projets est donc limitée par le nombre de personnes
impliquées mais également par le nombre de projets dans lesquels elles peuvent s’impliquer
simultanément. Cela favorise à la fois un nombre réduit de grands projets et une participation
réduite dans un foisonnement de petits projets.
23
Daniel Kaplan, Eloge de l’imprévu, lettre de la FING du 13/6/2000 - http://www.fing.org/index.php?num=775,4
24
Don Tapscott, The digital economy : Promise and peril in the age of networked intelligence, Mc Graw-Hill, New-York,
1996
25
En anglais on pourrait sur le même modèle proposer le terme « utoolization »
26
voir le chapitre « les aspects économiques – l’exemple du logiciel libre »
27
Michael Mc Neal, Fast Company, décembre 1998 in Kjell Nordström et Jonas Ridderstrale, Funky Business p164, Editions
Village Mondial, Paris, 2000
21. Il est également possible de suivre un projet sans y être actif. Une personne qui se trouve dans
un projet sans s’y impliquer est parfois appelée un « passager clandestin. » Nous avons
l’habitude de voir les passagers clandestins comme une mauvaise chose. En réalité, permettre
à des personnes de suivre un projet sans s’impliquer, c’est disposer d’un réservoir de
participants potentiels dont certains pourront, par la suite, choisir de devenir actifs tout en
connaissant bien le projet. Dans un monde d’efficacité et de rareté, il faut éviter toute
personne inutile, dans un monde d’abondance et d’adaptabilité, il faut attirer un maximum de
monde car on ne peut pas prévoir ceux qui s’impliqueront ni quand cela se produira.
La tribu, support du co-développement
Même pour ceux qui choisissent une implication plus faible, l’appropriation est forte car le
mode de fonctionnement naturel est communautaire et favorise l’appropriation. « La tribu ne
se limite pas forcément aux frontières légales de l’entreprise. Par exemple, Harley Davidson.
En permettant à la tribu de ses clients de rejoindre la tribu organisationnelle, la firme a
considérablement étendu sa communauté. Elle se sert des éléments existants pour initier les
nouveaux membres. »28
Le co-développement est surtout connu dans le cadre du développement logiciel. Ses règles
en ont été théorisées par Eric S. Raymond29. Mais il commence à s’appliquer à bien d’autres
choses comme la production de contenu et divers autres services.
Exemple Banque de contenus libres de droits
Des télévisions de proximité, réalisées par les habitants eux-mêmes, voient le jour un peu
partout. Pour faciliter les échanges, l’association Vidéon a mis en place une banque de
programmes multimédias libres de droits sur Internet30.
Les films sont disponibles en ligne sous deux formats différents :
Un format de prévisualisation qui permet de voir le film en temps réel bien que dans une
fenêtre réduite et avec peu d'images par seconde.
Un format de téléchargement qui permet de récupérer le film ainsi sélectionné dans une
qualité optimale pour le rediffuser ensuite par des moyens traditionnels. La récupération
du film dans cette qualité nécessite un temps de téléchargement beaucoup plus long.
Une des clés a été de produire la Licence Publique Multimédia. Cette licence est dérivée de
la «General Public License» (GPL) qui existe dans le domaine du logiciel libre. Des films
complets mais aussi d'autres types de contenus peuvent être couverts par la Licence
Publique Multimédia : des extraits de films prêts à être intégrés, des musiques, des
graphismes ou des photos, mais aussi des animations scénarisées rassemblant ces divers
contenus telles qu'on en voit apparaître sur Internet. Celles-ci intègrent images, son, films
scénarisés grâce aux formats SMIL (Synchronized Multimedia Integration Language) ou
Flash. C'est toute une redéfinition de ce qu'est une œuvre, un film ou même une télévision
qui se prépare.
28
J. Taylor et W. Wacker (avec la participation de H. Means), The 500 Year Delta : What happens after what comes next,
Harper Business, New York, 1997
29
Eric S. Raymond, la cathédrale et le bazar - http://www.tuxedo.org/%7Eesr/writings/cathedral-bazaar/cathedral-bazaar/
traduction de Sébastien Blondeel - http://severino.free.fr/archives/copieslocales/lacathedraleetlebazar.html
30
Jean-Michel Cornu, Des vidéos libres de droit pour des télévisions de proximité, in Libres enfants du savoir numérique,
coordonné par Olivier Blondeau et Florent Latrive, Editions de l’éclat, Paris mars 2000 -
http://www.freescape.eu.org/eclat/3partie/Cornu/cornu.html
Le site de Vidéon : http://www.videontv.org/
22. Outre les amateurs qui ne cherchent pas forcément à rentabiliser leurs œuvres de façon
financière, les professionnels peuvent souhaiter mettre certains de leurs films libres de droits
pour assurer leur promotion. Certains organismes, en particulier les associations
humanitaires, peuvent bénéficier d'un moyen de diffusion pour les films qu'ils ont fait
réaliser sur leur cause. C'est d'ailleurs le cas de Handicap International qui a été l’une des
premières associations à profiter de la banque de programmes.
Le co-développement pour une appropriation maximale
Avec le co-développement, l’appropriation par l’utilisateur est maximale. Elle s’applique au
développement d’un champ très vaste de produits et services. L’organisation qui doit être
mise en place est cependant très différente de celle des projets plus classiques. Si la gestion de
projets hiérarchiques traditionnels est adaptée à la planification pour être efficace dans des
délais prévisibles, le co-développement, pour sa part, lorsqu’il dispose d’une organisation
appropriée, fait appel à l’abondance et permet une grande capacité d’adaptation31.
3ème niveau d’appropriation Le codéveloppement
L’appropriation maximale est atteinte
lorsque l’utilisateur trouve son intérêt propre
à participer au développement d’un produit ou service
En Résumé
Lorsque les utilisateurs ont une attitude active plutôt que consommatrice, ce sont moins les
critères d’adoption que les niveaux d’appropriation qui sont pertinents. Les utilisateurs
adaptent alors le produit, service ou projet à leur propre usage
Premier niveau : l’implication. Lorsque la motivation est grande et les freins réduits, ils
franchissent le seuil qui permet le passage à l’acte.
Deuxième niveau : l’outilisation. L’appropriation est plus forte lorsque l’utilisateur
utilise un service comme outil pour offrir lui-même ses propres services.
Troisième niveau : le co-développement. L’appropriation est maximale lorsque
l’utilisateur trouve son propre intérêt à participer au développement du service ou du
projet.
31
Pour en savoir plus : Jean-Michel Cornu, La coopération, nouvelles approches, avril 2001. Disponible en ligne :
http://www.cornu.eu.org/cooperation/