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Les réseaux sociaux,
	 une question d’éducation ?
RAPPORT MEDIAS 2011
C
e dossier a été élaboré par un groupe de militants des Francas de
statuts et fonctions différents, souhaitant réfléchir à l’influence des
médias sur l’éducation. Ce groupe travaille depuis 2008 sur cette
question et a choisi de se donner une obligation de publication en direction
du Mouvement de l’état de sa réflexion. La création de cette initiative
repose sur l’impulsion donnée par les textes d’orientations des congrès de
2004 et 2009.
Depuis sa création, le groupe s’est doté d’une méthode de travail qui s’ap-
puie sur l’observation des pratiques d’animation, l’analyse de pratiques
médiatiques, la lecture d’ouvrages et l’interviews d’experts de l’informa-
tion, du numérique et de l’éducation.
La thématique retenue dans cet article est celle des réseaux sociaux.
Celle–ci s’est imposée d’elle-même dans nos échanges et nous espérons
qu’elle rencontrera vos préoccupations.
Cécile Ponsot
Chargée de l’animation du groupe national
« Influence des médias sur l’Education »
Ont participé à la rédaction de ce dossier :
Olivier Baldomero, Christian Combier, Pascal Couffin, Stéphane Fermé, Mickaël
Garnier-Lavalley, Gaelle Genevoy, Robert Lataste, Sabine Lavoipierre, Sabine
Marandon, Guy Pastre, Cécile Ponsot, Maurice Testemale.
Ont bien voulu nous livrer le fruit de leur réflexion et de leur expérience sur
cette question :
Pauline Reboul, Fréquence école
Pascale Garreau, Internet sans crainte
L’équipe de la M@ison de Grigny
Le groupe cyber de la région Rhône Alpes
Le réseau régional médias de Midi-Pyrénées
Les Assises internationales du journalisme
Un grand merci à tous !
Les réseaux sociaux,
une question
d’éducation ?
I Apparition et développement des réseaux sociaux (page 7)
1.1 La question du vocabulaire (page 7)
1.2 Les pratiques dans les réseaux sociaux / typologies (page 10)
1.3 Mobilisation sociale et illusion participative (page 13)
II Pourquoi les réseaux sociaux fonctionnent dans notre société ?
Quelques hypothèses (page 14)
2.1 Des pratiques de réseaux sociaux en cohérence avec le processus
d’individuation observé (page 14)
2.2 Des facteurs politiques (page 14)
2.3 Des enjeux économiques : le web, outil de marketing individualisé
(page 15)
2.4 Des enjeux culturels (page 16)
III Les tensions repérées pour éduquer aujourd’hui (page 17)
3.1 Le processus d’individuation (page 17)
3.2 La pratique des acteurs éducatifs (page 17)
IV Des initiatives à prendre pour les Francas (page 19)
4.1 Développer un accompagnement des usages (page 19)
4.2 Former (page 20)
4.3 Travailler sur une stratégie concertée d’investissement
et d’utilisation du web (page 20)
V Pour aller plus loin (page 23)
3
L
’éducation recouvre tout ce qui contribue à la construction et au
développement d’un être humain : l’éducation comprend toutes
les influences qui peuvent s’exercer sur l’individu pendant sa vie.
L’éducation est donc une combinaison d’influences diverses.
Ponctuelles ou permanentes, ces influences peuvent être conver-
gentes ou contradictoires ; l’individu peut les rechercher, les accep-
ter ou les subir ; de natures différentes - physiques, psychologiques,
idéologiques… - elles sont aussi d’origines diverses : environnement
matériel, environnement humain, environnement institutionnel, etc.
Emanation des circonstances ou production des hommes, toutes ces
influences sont éducatrices, alors que toutes les situations dont elles
émanent ou toutes les actions qui les produisent ne prétendent pas
éduquer. Toutes ces influences interfèrent, se complétant, se rela-
tivisant ou s’opposant les unes aux autres. Et toutes constituent le
bagage individuel et original à partir duquel chacun se construit.
Quelle que soit leur nature et quelle que soit leur origine, toutes ces
influences se conjuguent : l’éducation est globale.
Au fil de la vie, toutes ces influences ne cessent de se multiplier et
d’interagir : l’éducation est continue. 1
1 Définition de l’Education empruntée à Roger Legal et Pierre de Rosa, sur laquelle s’entendent les
Francas.
4
L
ors de notre premier rap-
port, nous avions formulé
clairement que nous ne
pouvions plus nous contenter
de parler « d’éducation aux
médias », mais que nous de-
vions observer également « l’in-
fluence des médias sur l’édu-
cation » de par leur prégnance
dans la vie quotidienne de cha-
cun, prégnance toujours plus
forte par le développement des
technologies et des pratiques
culturelles et sociales.
S’intéresser à ces évolutions et
ces pratiques, c’est se préoc-
cuper aussi de l’évolution des
normes sociales et des codes
sociaux aujourd’hui en présen-
ce dans notre société : qu’ils
régissent le rapport aux autres,
l’image de soi, les pratiques
relationnelles, les valeurs do-
minantes, les idéologies…
Les réseaux sociaux et leur
développement sur le net
sont caractéristiques de ces
évolutions et il nous semblait
indispensable de nous arrêter
sur la compréhension de ce
qui se jouait au travers de leur
développement. Par ailleurs,
les nombreuses interpellations
des acteurs de l’éducation ont
confirmé la nécessité de ten-
ter d’y voir plus clair. Au vu de
l’impact des réseaux sociaux sur
notre quotidien, un mouvement
d’éducation, se dotant d’une
définition de l’éducation telle
que présentée ci-dessus, confir-
me l’urgence de s’en emparer.
Nous nous sommes donc atta-
chés à comprendre le phénomè-
ne « réseaux sociaux » ainsi que
le contexte dans lequel il s’est
développé et les ressorts sur
lesquels il repose. Rapidement,
nous avons identifié sept ques-
tions essentielles pour conduire
une action éducative : 
• De quoi parle t-on ?
• Comment les enfants et les
jeunes s’emparent-ils des ré-
seaux sociaux ? (Quelle ges-
tion ont-ils de l’imaginaire et
du virtuel ? Comment traitent-
ils des identités multiples,
multiformes ?)
• Quelles conséquences sur le
vivre ensemble ?
• Quelles conséquences sur
le respect des libertés, les
droits des individus, l’égalité
pour tous ?
• Quelle contribution à l’épa-
nouissement, la compréhen-
sion, l’émancipation ?
• Quelles conséquences sur la
construction de la sphère pri-
vée, publique, des enfants et
des jeunes ?
• Quel accompagnement des
enfants et des jeunes dans
l’acquisition des savoirs, com-
pétences et relations sociales
qui en découlent ?
5
L’ambition de ce texte est d’offrir
quelques clés de lecture et de com-
préhension qui doivent permettre
aux acteurs éducatifs de situer
leurs réflexions dans les multiples
regards médiatiques sur le sujet,
qu’ils soient alarmistes, réducteurs
ou encenseurs, ainsi que de donner
du sens à leurs pratiques.
Il s’agit également de poursuivre le
débat de la place des Francas dans
ces nouveaux médias : quelles utili-
sations et quel investissement ?
Le développement de la formation,
de l’éducation, de l’action des ani-
mateurs, est un élément essentiel
pour assurer cet accompagnement.
Mais il est aussi important de réu-
nir l’ensemble des acteurs édu-
catifs afin de poser une réflexion
commune sur ces questions et de
produire des contenus médiatiques
qui puissent être utilisés par l’en-
semble de ces publics.
▪
6
1-1 La question du vocabulaire
A
vant tout, il est nécessaire
de clarifier ce que l’on en-
tend par « média », ce mot
étant utilisé aujourd’hui comme un
terme générique, sans forcément
beaucoup de discernement.
Ainsi nous pouvons distinguer :
- Le média : de façon générale,
c’est un moyen de communication
(naturel ou technique) qui permet
la diffusion d’un message comme le
langage, l’écriture, la musique...
Dans le domaine de l’informatique,
le mot média est aussi utilisé pour
désigner un support qui contient de
l’information ou des données com-
me clés USB, DVD...
- Les médias de masse (mass-
media) : ce sont des moyens de
diffusion collective à destina-
tion d’un large public comme la
presse, la radio, la télévision, et
plus récemment le web, ou encore
l’accès à l’Internet mobile (smart-
phone, tablette…).
Aujourd’hui, lorsque l’on évoque
les « nouveaux médias », c’est bien
en référence à cette dernière caté-
gorie, celle des médias de masse.
- Internet : c’est le réseau mondial
avec son architecture technique
particulière « en toile d’araignée ».
On pourrait le définir rapidement
en disant que c’est un ensemble de
« tuyaux » associés à des technolo-
gies qui permettent de faire circu-
ler des données de façon sécurisée,
et ce de plus en plus rapidement,
en utilisant des protocoles dif-
férents suivant les données trans-
portées.
De façon plus générale, on regroupe
sous le terme d’Internet l’ensemble
des services  qui l’utilisent, comme
par exemple le web (avec ses mil-
lions de sites), la messagerie, la
téléphonie sous IP, le stockage et
l’échanges de fichiers...
Le langage commun a tendance à
réduire l’Internet au web.
- Le web : est un service qui uti-
lise Internet. Les évolutions tech-
niques et technologiques lui per-
mettent de progresser de façon
régulière, notamment en termes
d’interactivité avec ses utilisa-
teurs. Aujourd’hui, nous sommes
dans la fin de période dite du « Web
2.0 », dont la manifestation em-
blématique est centrée autour des
médias sociaux2
.
I Apparition et développement des réseaux sociaux
Afin de poser un regard critique sur les réseaux sociaux et en comprendre
leurs usages, il paraît nécessaire voire indispensable de se cultiver au
préalable sur le contexte de leur apparition puis de leur avènement dans
l’évolution d’Internet ainsi que sur l’écosystème auquel ils appartiennent.
7
- Les médias sociaux (social me-
dia) : ils ont fait leur apparition
auprès du grand public avec le
web 2.0. Ils sont constitués par
une multitude de services de
stockage, d’échange, de partage,
de travail collaboratif... spéciali-
sés dans différents domaines3
.
Parmi les médias sociaux, les ré-
seaux sociaux ont, entre autres,
la particularité de pouvoir regrou-
per différentes fonctionnalités et
services disponibles par ailleurs
et agréger des contenus issus de
différents services spécialisés utili-
sés par l’internaute (comme Flickr,
Youtube...).
Au sein des médias sociaux, le
vocabulaire autour des réseaux so-
ciaux crée lui aussi de la confusion.
Force est de constater que « réseau
social » est aujourd’hui un mot
valise qui tient à la fois de la
sociologie et de la technologie.
Pour y voir plus clair, on essaiera
de faire la différence entre le ré-
seau social et les outils de réseau-
tage social (notion bien antérieure
à l’arrivée d’Internet).
- Un réseau social (concept de
la sociologie) est un ensemble
d’entités sociales (organisations
ou individus) caractérisé par les
liens et les interactions entre les
individus qui le composent. Il ne
s’agit donc pas là d’outils infor-
matiques ou web.
On désignera par réseautage social
la démarche qui consiste à utili-
ser des moyens et actions qui vont
soutenir et favoriser l’émergence
de réseaux sociaux. Car l’arrivée
du web a mis à disposition des in-
dividus toute une panoplie d’outils
qui, à travers les fonctionnalités
qu’ils proposent, sont aussi des
facilitateurs de réseaux sociaux,
voire de communautés4
.
▪
2 A titre indicatif :
- Le web 1.0 : L’utilisateur n’était que consommateur de contenu mis en ligne par “des professionnels”.
- Le web 2.0 : L’utilisateur peut interagir, donner son avis sur les contenus proposés,  il peut lui-même
mettre à disposition, créer et partager ses propres contenus (informations, photos...).
- Le futur immédiat : Le web est disponible en flux continu. Une grande diversité de supports et
d’objets s’y connecte pour utiliser ou enrichir des bases de données informationnelles dont certaines
sont en partie co-construites avec les internautes. C’est l’ère de l’Internet mobile qui se dessine. En
termes d’usages, cela s’illustre par la proposition en temps réel d’informations qui viennent enrichir
l’environnement dans lequel on évolue. Ainsi, les smartphones sont aux premières loges avec les données
disponibles via la géolocalisation de l’utilisateur. Cette tendance qui utilise les possibilités de l’Internet
mobile vise à proposer une “réalité augmentée” à l’internaute.
3 (Illustration: http://tinyurl.com/cavazza-panorama2011)
4 Sources : http://tinyurl.com/techno-sciences-Glossaire ; http://tinyurl.com/iteco-be-reseau ;
http://tinyurl.com/Eric-Delcroix
8
9
1-2 Les pratiques dans les
réseaux sociaux / typologies 5
Les « statuts » : des raisons
multiples pour une présence dans
les réseaux
S
ans rentrer dans une typolo-
gie détaillée, notre approche
pragmatique fondée sur une
pratique des réseaux et une obser-
vation de leur fonctionnement nous
amène à identifier des motivations,
des pratiques et des intentions dif-
férentes. Cet éclairage a pour vo-
cation d’éviter toute généralisation
hâtive sur les comportements dans
les réseaux sociaux.
Nous rencontrons donc pêle-mêle :
des curieux avec une faible acti-
vité, des prosélytes qui ont pour
ambition d’arriver rapidement aux
5 000 amis et de diffuser leurs
idées ; des « voyeurs » qui cher-
chent simplement à surveiller ce
que font leurs amis, leur progé-
niture ; des animateurs de com-
munautés ; des institutions qui
produisent de l’information ou
qui cherchent le contact avec
les plus jeunes ; des « passeurs »
d’information, de veille ; des asso-
ciations qui explorent de nouveaux
canaux de diffusion ; des joueurs
qui recherchent des amis pour déve-
lopper leur ville, leur ferme... ;
des « réseauteurs » qui entretien-
nent des réseaux familiaux, de
contacts, d’anciens amis... ; des
« pros » qui affichent leur carte de
visite, produisent de l’influence ou
tentent de promouvoir des produits.
Il est évident que la logique même
de réseau ne cloisonne pas ces at-
titudes, et que nous croisons des
pros qui affichent leur réseau fa-
milial, des joueurs qui par ail-
leurs sont animateurs d’une com-
munauté d’intérêts...
Quelques repères et tendances
pour illustrer le paysage
	 ● Suivant les pays, la diver-
sité des réseaux sociaux présents
et leur investissement par les in-
ternautes sont différents.
	 ● En France en 2010, le
classement des réseaux sociaux
était le suivant :
- Copains d’Avant (49%)
- Windows live (48%)
- Facebook (37%)
	 ● En France, en 2010 tou-
jours, 77% des internautes sont
5 Pour en savoir plus :
	 - Quelle philosophie est inscrite dans Facebook : http://tinyurl.com/internetactu-facebook
	 - Vie privée : le point de vue des petits cons : http://tinyurl.com/internetactu-vieprivee
(Jean Marc Manach a sorti un livre sur le sujet.)
	 - Génération des 15-24 ans : décryptage des usages : http://tinyurl.com/usages15-24
	 - Réseaux sociaux, le spectre du consensus mou : http://tinyurl.com/owni-fr
10
membres au moins d’un réseau
social. Chez les 18 et 24 ans ce
chiffre monte à 96%, avec 35%
d’entre eux sur plus de 4 réseaux.
Un internaute est membre de 1,9
réseau social en moyenne.
	 ● En Europe (2010), les
sites dits « communautaires » sont
passés premiers devant les portails
Internet et autres outils de mes-
sagerie en ligne.
Sur la question de
la participation active
des internautes (France)
- 70% des internautes ne sont pas
actifs sur les réseaux sociaux, les
blogs, les pages perso ;
- 24% complètent une page
Facebook ou de blog ;
- Seuls 15% s’expriment sur des
forums ou des groupes de discus-
sions.
Et ces chiffres seraient encore à
moduler si l’on regardait de plus
près les catégories socioprofes-
sionnelles et, bien sûr, les tranches
d’âge6
.
Au final, « tout le monde n’est
donc pas sur Facebook » et nous
sommes loin de l’adage « tout le
monde donne son avis ou s’exprime
sur Internet».
Si l’on est facilement consom-
mateur-spectateur du web, il faut
développer d’autres compétences
et appétences pour en devenir
producteur-acteur. D’où la néces-
sité « d’accompagner » les indivi-
dus face à ces pratiques.
Réseaux sociaux
et réseaux relationnels
Le nombre de personnes que nous
connaissons dans la vie (INRL) va-
rie entre 300 et 3 000. Mais, parmi
nos relations, il y a toujours un
petit groupe de personnes avec
lesquelles nous communiquons de
manière continue et régulière.
Le nombre de personnes avec qui
chacun peut discuter de questions
importantes tourne en moyenne
autour de 3.
On répertorie aujourd’hui 4 types
de relations différentes sur les
réseaux sociaux : 
	 ● notre réseau, c’est-à-
dire l’ensemble des personnes qui
ont accepté d’être notre “ami”, ou
plutôt d’entrer dans le cercle de
nos relations affichées ;
	 ● ceux avec qui on a des
communications réciproques, c’est-
à-dire les  “amis” auxquels on ré-
pond et qui nous répondent dans
cet ensemble de relations socio-
technique.
	 ● ceux avec qui il n’y a
qu’une voie de communication,
c’est-à-dire les “amis” où il n’y
a qu’une des deux personnes qui
communique, et jamais l’autre.
11
● ceux avec qui il y a des
relations suivies, c’est-à-dire ceux
avec lesquels les échanges bidirec-
tionnels sont soutenus et dont on
regarde le profil “au moins 2 fois
en 30 jours” !
Sur Facebook, le nombre moyen
d’amis tourne autour de 120. Si
ce réseau offre une possibilité
supplémentaire de communiquer
avec ses proches, il crée aussi des
« liens faibles » et maintient une
forme de relation « en pointillé ».
Les réseaux sociaux désinhibent la
capacité d’entrer en contact avec
des personnes qui n’appartiennent
pas au réseau des proches.
	 ● Un utilisateur moyen
qui compte 150 “amis” établit en
moyenne des relations soutenues
uniquement avec 5 personnes (7 si
vous êtes une  femme). 
	 ● Si votre réseau relation-
nel est plus petit (50 personnes),
le nombre de personnes avec les-
quelles vous aurez des relations
soutenues sera plus faible (3 per-
sonnes pour les hommes, 4 pour
les femmes). 
	 ● Si au contraire votre
réseau relationnel est plus grand
(500 personnes), le nombre de
personnes avec lesquelles vous
aurez des relations soutenues
sera plus fort (10 pour les hommes,
16 pour les  femmes).
	 ● Si l’on investit la plate-
forme (en temps, en compétences,
en attention), le nombre de nos
relations soutenues peut y aug-
menter sensiblement. 
	 ● En passant du temps et
en acquérant des compétences et
des savoir-faire sur Facebook, on
parvient à développer nos réseaux
relationnels réciproques, unidirec-
tionnels et soutenus, comme si on
arrivait à inviter le cœur de nos
relations à s’y investir à mesure
qu’on s’y investit soi-même. 
L’apparition d’une zone
mi-publique, mi-privée 
L’e-mail est une communication
interpersonnelle privée. Avec les
réseaux sociaux, nous sommes
face à l’apparition d’une commu-
nication privée qui se déroule en
public.
Les réseaux sociaux sont une
manière de « socialiser la com-
munication personnelle » en la
montrant à un réseau de con-
tacts. Ainsi, si on a jusqu’à présent
réussi à préserver une séparation
entre canal privé et canal pu-
blic, s’invente désormais une zone
intermédiaire qui nécessite une
phase d’apprentissage.
▪
6 http://www.marsouin.org/spip.php?article385
12
1-3 Mobilisation sociale et
illusion participative
C
omme nous le savons tous,
les outils peuvent favoriser,
mais ne peuvent pas remplir
toutes les fonctions et conditions
nécessaires à une véritable mise en
réseau, à l’émergence d’une véri-
table intelligence collective, à la
création de lien social.
Cohabiter sur une plateforme ou
dans l’utilisation commune d’un
service ne crée pas forcément
une appartenance à un groupe ou
une communauté, ou à un réseau.
Notre expérience et analyse en
la matière tend à démontrer que
quel que soit le système utilisé (fo-
rum, blog, chat, discussion Face-
book...), la prise en compte de
l’expression individuelle, la valeur
accordée aux idées émises, est dif-
férente au regard de la connais-
sance réelle ou virtuelle des con-
tributeurs entre eux (hormis sur
des espaces très ciblés en termes
de sujets, de préoccupations, de
questionnements).
Pourtant, d’autres effets produits
par les réseaux sociaux doivent
nous interroger. C’est le cas de la
mobilisation que ces outils peuvent
parfois entraîner.
Témoignage à propos de l’événe-
ment Yess, qui s’est tenu à
Grenoble en septembre 2010
(deux jours de regroupement des
acteurs de l’économie sociale
et solidaire) : Lorsque certains,
simplement à partir d’une page
Facebook qui relaye l’opération, ar-
rivent à doubler le nombre de bé-
névoles mobilisés sur un événement
à l’échelle d’une grosse métropole,
alors que sont déjà présentes les
forces des fédérations d’éducation
populaire et le monde de l’économie
sociale et solidaire, cela réinterroge
les modes de mobilisation de nos
organisations sur des causes et des
enjeux de société.
Bien sûr, les personnes regroupées
sur un événement grâce à une mo-
bilisation via les réseaux sociaux
ne forment pas un groupe social au
sens sociologique du terme (ici se
sentant tous appartenir au groupe,
et partageant un projet social com-
mun). Mais tout de même, ces per-
sonnes ne sont pas complètement
étrangères aux valeurs et principes
mis en œuvre lors des journées sur
lesquelles ils se mobilisent. Il reste
toutefois une question, celle des
suites de cet investissement ponc-
tuel : feu de paille, déclenchement
d’un engagement... ?
▪
13
Même si, comme nous venons de le
voir, « tout le monde n’est pas sur
Facebook », l’engouement pour
les médias sociaux pose tout de
même question. La seule arrivée
d’un nouvel outil attractif paraît
un peu limitée pour expliquer
ce phénomène. Il y a en fait une
convergence de facteurs.
2-1 Les pratiques des réseaux
sociaux en cohérence avec le
processus d’individuation observé
D
epuis quelques années main-
tenant, les sciences sociales
nous ont démontré la mon-
tée de « l’individuation » dans nos
sociétés7
. L’individu éprouve au-
jourd’hui une grande indépendance
à l’égard des traditions, quelles
soient religieuses, étatiques, poli-
tiques, industrielles ou familiales.
Nous sommes face à une montée
en puissance apparente du choix
individuel pour se construire une
trajectoire et des comportements
sociaux. Les réseaux sociaux, par
leur principe de fonctionnement,
trouvent alors toute leur place
comme supports de trajectoire in-
dividuelle dans un ensemble social
reconstruit.
▪
2-2 Des facteurs politiques
A
vec le développement de la
société des individus se pose
la question du lien social.
Dès lors que le système politique
n’est plus fondé sur une autorité
de fait qui impose la cohésion entre
les individus, se pose la question
d’assurer le vivre ensemble, qui
ne va plus de soi. Or, paradoxale-
ment, on constate depuis quelques
années un désengagement de l’Etat
(à peine remis en cause par la crise
économique) dans sa responsabilité
II Pourquoi les réseaux sociaux fonctionnent dans
notre société ? Quelques hypothèses
7 Par exemple, cet extrait de L’individu démocratique de Jean-Claude Kaufmann : « L’« individu
démocratique » est donc devenu maître de sa vie. Il a capacité à être en regard de soi-même, à
s’analyser, à opérer des choix et à prendre des décisions, dans tous les domaines de sa vie, quelle
soit publique et privée. Or, cette évolution comporte selon certains auteurs, un revers à la médaille.
L’individu d’aujourd’hui porte comme un fardeau psychique l’obligation d’être autonome, tiraillé
par la contradiction entre la responsabilité individuelle accrue, d’une part, et une exclusion sociale
croissante d’autre part. Dans le même temps se développe une sensibilité à toutes les souffrances
sociales, psychiques, ou physiques. L’individu, sommé d’être libre, est pris dans une tension entre
la nécessité d’être soi et la difficulté à l’être. L’augmentation des maladies mentales et notamment
de la dépression, mais aussi la consommation de drogues, le refuge dans les organismes sectaires, ou
encore le consumérisme effréné etc… sont aussi quelques conséquences de cette évolution ». D’autres
chercheurs porteront la focale sur la fragmentation, ou la dissolution des cadres collectifs qui assuraient
le maintien de nos solidarités et de notre organisation sociale, trouvant là la cause du processus
d’individuation voire selon certains, de la négation du sujet.
14
d’assurer la cohésion et le maintien
des solidarités. La réussite écono-
mique est mise en avant comme mo-
dèle républicain, accompagnée de
comportements individualistes et
offensifs, de clivages entre caté-
gories de personnes. Ceci crée for-
cément un modèle de réussite lié à
la mise en avant de l’égo (illus-
tré par le comportement des
hommes politiques eux-mêmes),
qui concorde parfaitement avec
la vitrine offerte par les réseaux
sociaux. La course aux amis peut
démarrer, qui confère à la personne
un sentiment d’exister, mais qui
repose surtout sur du superficiel et
valorise la loi du plus fort.
▪
2-3 Des enjeux économiques : le web,
outil du marketing individualisé
A
l’heure où la consommation
est un moteur important de
l’économie et des pratiques
sociales, les marques sont un vec-
teur important d’identification pour
les adolescents (voire les adultes).
Aujourd’hui, les services marketing
et recherche des entreprises ont
besoin d’éléments de connaissance
toujours plus précis sur les pratiques
de leurs clients éventuels. Si les
enfants ont depuis de nombreuses
années été des cibles privilégiées
de ces observateurs, les nouvelles
technologies n’ont en rien ralenti
ces pratiques, bien au contraire.
C’est en effet un excellent support
qu’ont trouvé les tenants de l’éco-
nomie pour récolter des informa-
tions personnelles sur les consom-
mateurs avec toujours un même
procédé : récupérer au travers de
la pratique de navigation sur le
WEB (les traces laissées) les inté-
rêts et pratiques de l’internaute.
Par exemple, lorsqu’un internaute
s’inscrit sur un réseau social, il est
invité à remplir un questionnaire
qui peut être une mine d’or pour
les annonceurs (goûts musicaux,
littéraires, orientations sexuelles,
politiques, religieuses...). En fonc-
tion du degré d’information délivré
par l’internaute, les annonceurs
vont pouvoir cerner finement les
profils de consommation de chaque
personne et adapter ainsi leur stra-
tégie de communication et de mar-
keting à chacun...8
Ce processus est renforcé au-
jourd’hui par la multiplication du
nombre de médias financés par des
fonds privés (grandes entreprises
ou annonceurs). Ces derniers mobi-
lisent de forts moyens au service de
leurs objectifs en utilisant les audi-
teurs/spectateurs/lecteurs comme
des cibles marketings, comme
des consommateurs disponibles
(cf. citation de Patrick Le Lay). Il
faut reconnaître d’ailleurs qu’en
8A lire : Les enjeux des médias sociaux pour les marques
(http://tinyurl.com/owni-fr-Reseauxetmarques)
15
tant qu’acteurs éducatifs nous ne
sommes pas les derniers à utiliser
ces services rendus gratuits.
Une somme d’individus consomme
plus qu’un groupe, et avec les ré-
seaux sociaux, chaque individu/
consommateur a la possibilité de
s’affirmer et de mettre en avant son
ego. Sous couvert de réseau social,
on encourage les pratiques indivi-
duelles et la consommation.
▪
2-4 Des enjeux culturels
L
e web bouleverse complète-
ment la création culturelle
par les potentiels qu’il ouvre
en termes d’outils de création mais
aussi de diffusion et d’accès. Il per-
met d’être producteur et de rendre
visible sa création dans un modèle
économique modeste. Il fait cohabi-
ter le modèle des majors et la libre
circulation de la création.
Le web permet aussi une augmenta-
tion du potentiel d’accessibilité à la
production culturelle à l’échelle de
la planète ; nous pouvons par contre
craindre l’effet « buzz » comme sur
d’autres domaines, qui n’ira pas
forcément sur la qualité de la dé-
marche artistique et de la liberté de
création.
Les réseaux sociaux, comme les
autres modes de diffusion, peuvent
s’inscrire dans une uniformisation
des pratiques culturelles, voire en
accompagner le mouvement, par
les stratégies de communication de
leurs auteurs.
▪16
III Les tensions repérées pour éduquer aujourd’hui
3.1 Le processus
d’individuation
N
os démocraties modernes,
promouvant l’épanouisse-
ment et la responsabilité
individuelle, font face à de nom-
breuses contradictions, qui se
trouvent être des raisons de diffi-
cultés rencontrées par les acteurs
éducatifs aujourd’hui. Ainsi, nous
faisons face à plus de normalisation
et au même moment, plus d’exclu-
sion, plus d’autosurveillance hygié-
niste. Et parallèlement, plus de
pratiques déviantes (alcool, toxico-
manies…), plus de répulsion envers
la délinquance et plus de délin-
quance sur certains territoires,
plus de désirs et de confort, et en
même temps, plus de sans-abri, ou
encore, plus d’amour des enfants et
plus de familles monoparentales…
Comme le montre Gilles Lipovetsky,
« ces dichotomies sont un reflet es-
sentiel de nos sociétés : d’un côté
l’individualisme hédoniste apporte
un travail d’autocontrôle et d’auto
surveillance permanente, et d’un
autre côté il annihile le sens du
travail et de l’effort, il réprouve
les instances de contrôle social et
mène à la désocialisation et à la
criminalisation.»9
Cette donnée est à prendre en
compte dans l’acte éducatif.
Les acteurs de l’éducation ont
aujourd’hui la lourde tâche de
contrer dans la mesure du possible
les méfaits de l’individuation, ou
tout au moins, agir en connaissance
de cause.
▪
3.2 La pratique des acteurs
éducatifs
A
u regard de ce qui a été dit
précédemment (voir le profil
des utilisateurs des réseaux
sociaux), nous pouvons supposer
aujourd’hui que les acteurs éduca-
tifs sont de plus grands utilisateurs
des réseaux sociaux que les enfants
et les jeunes eux-mêmes. D’où la
nécessité d’agir en deux sens :
	 • envers les pratiques des
acteurs éducatifs, c’est-à-dire
celles des parents, des animateurs,
des enseignants…
	 • par l’accompagnement
au fur et à mesure du développe-
ment des pratiques des enfants et
des jeunes sur le web.
Car une question essentielle est
aujourd’hui posée : quelle influence
ont les réseaux sociaux sur les pra-
tiques éducatives développées par
9Christophe Moreau évoquant les théories de Gilles Lipovetski dans un ouvrage collectif à paraître.
17
les acteurs éducatifs qui les uti-
lisent ? Il s’agit donc bien pour ces
derniers de comprendre et maîtriser
le phénomène des réseaux sociaux,
de manière globale, mais aussi sur
leurs propres pratiques, pour pou-
voir mener une action éducative
efficace.
▪
18
IV Des initiatives à prendre pour les Francas
L
es Francas ont acquis au fil du
temps des compétences tirées
de l’interaction permanente
entre l’action et la théorisation des
pratiques. Ce va et vient est une
véritable richesse pour les enjeux
éducatifs d’aujourd’hui.
Nous confirmons que l’enjeu autour
de l’utilisation des médias numé-
riques -comme des médias tra-
ditionnels- est de permettre aux
enfants et aux jeunes de décou-
vrir, jouer, rencontrer leurs pairs,
comprendre, apprendre, maîtriser,
produire :
	 • réaliser un acte de com-
munication en direction d’autres
personnes en se respectant et en
respectant le récepteur ;
	 • produire une information
de qualité, relater un fait, une ana-
lyse étayée, développer son juge-
ment et son sens critique ;
	 • se projeter dans un en-
semble social, tout en respectant
sa propre identité ;
	 • concourir à construire
l’être social et l’identité de
chacun ;
	 • traiter « un vrai sujet »
comme de vivre une vraie situa-
tion de participation sociale (non
construite pour la simple situation
pédagogique).
C’est aussi de permettre aux jeunes
d’apprendre à se projeter :
	 • vivre une situation d’in-
teractivité réelle ;
	 • vivre des situations de
projet collectif ;
	 • s’investir dans des pro-
jets à long terme.
4-1 Développer un
accompagnement des usages 
T
out d’abord, en nous position-
nant à la fois en observateurs
attentifs aux évolutions des
pratiques, et en acteurs volonta-
ristes dans ces processus :
	 • en organisant la fonc-
tion de veille : observation des
évolutions (analyses, études spé-
cialisées, rencontres avec des
chercheurs s’appuyant sur des indi-
cateurs, une évaluation).
	 • en expérimentant de
nouvelles formes d’approche édu-
catives.
	 • en mettant en place des
formations :
- en direction de nos cadres et ani-
mateurs,
- en direction également de nos
élus afin que la problématique glo-
bale de la relation médias/éduca-
tion s’inscrive dans les axes de nos
programmes d’actions. 
	 • en mettant en place, en
expérimentant, en utilisant des
outils de relations internes à notre
19
Mouvement.
	 • en « organisant l’influ-
ence » du monde éducatif sur les
pratiques de notre société. Cela
passe obligatoirement par la ren-
contre, l’échange,  le partage avec
l’ensemble de nos partenaires édu-
catifs (enseignants, parents, organi-
sateurs…).
	 • en saisissant toutes les oc-
casions d’enrichir la réflexion com-
mune, quel qu’en soit l’initiateur.
	 • en utilisant toutes les tri-
bunes possibles pour exprimer le
fruit de nos réflexions communes.
	 • en réaffirmant notre posi-
tion d’éducateurs face à des pra-
tiques où la dimension économique
exerce une pression très forte.
▪
4-2 Former
A
u-delà de ces acquis au plan
de l’action éducative et des
savoirs pédagogiques, les
équipes militantes ont besoin de
formations qui éveillent et ren-
forcent leurs connaissances sur plu-
sieurs volets.
Il s’agira donc d’apporter des
connaissances, mais aussi d’encou-
rager les individus à l’analyse et au
recul sur leurs propres pratiques
et sur leur rôle d’acteurs éducatifs
dans l’accompagnement des pra-
tiques sur le web, et notamment :
	 • l’utilisation des outils dis-
ponibles sur le web, les situer au
regard des questions éthiques et
philosophiques ;
	 • les techniques de base des
supportsmédias :photo,vidéo,infor-
matique, blog, page Facebook… ;
	 • les pratiques des publics ;
	 • les circuits et financements
de ces nouveaux médias ;
	 • les moteurs de recherche
et leurs effets en termes des traces
sur le net ;
	 • le Droit sur le net : par
exemple, le téléchargement, les
droits d’auteurs…
	 • la réflexion autour de
l’éthique et la déontologie des pra-
tiques journalistiques, des métho-
dologies de construction d’une in-
formation de qualité ;
	 • la pédagogie de la création
de projet médiatique : quel support
pour quelle action éducative ?
	 • la réflexion à propos de
l’identité numérique, apprendre
à gérer son image, comment se
protéger…
▪
4-3 Travailler sur une stratégie
concertée d’investissement
et d’utilisation du web
D
eux sujets sont posés :
	 A / Comment les institu-
tions comme le mouvement
associatif, notamment l’éducation
populaire, doit instruire la ques-
tion de sa présence sur le web,
notamment dans les différents
réseaux sociaux, afin d’asseoir
une image officielle ?
20
Aujourd’hui, la question doit être
mise au débat. Assurer une présence
sur la toile relève de la construction
d’une image cohérente, choisie,
maîtrisée, facteur incontournable
d’une identification ainsi que de
la communication institutionnelle
(de l’achat des noms de domaines
au choix des outils à investir). Un
« site vitrine » est nécessaire mais
il s’avère insuffisant compte-te-
nu des modes de recherches, de
connexions, de référencements, de
diffusions, d’échanges, de relais, de
« buzz », de liens, de redondances,
d’intégrations... utilisés ou produits
par les internautes.
Sans se précipiter, ni s’engouffrer
dans les réseaux sociaux de manière
désordonnée, les Francas, comme
toute association, doivent, sur
des bases identiques à celles pro-
duites lors du travail sur la charte
graphique, travailler à leur image
institutionnelle dans les différents
espaces de communication du web,
afin d’être repérés quels que soient
les modes d’entrées des inter-
nautes. Cette action ne se dispen-
sera pas bien sûr d’un travail avec
les militants, en fonction de leurs
responsabilités, du respect des
choix collectifs en matière d’image,
de principes (logos, textes de réfé-
rence, avatars, liens institutionnels
ou affinitaires, déontologie de pu-
blication...). En d’autres termes  :
il nécessiterait de répondre à des
questions telles que : faut-il twit-
ter les discussions pendant une
réunion, avant d’avoir les résultats
d’une position officielle ? Faut-il, et
à quelles conditions, investir Face-
book en tant qu’association, es qua-
lité ? Est-il possible de baliser des
espaces sur Dailymotion, Youtube,
pour qu’ils reflètent la réalité d’une
session Bafa ? 
Autant de questions qu’il existe
d’espaces ? Certainement non, il
s’agit de travailler sur une straté-
gie concertée d’investissement du
web.
	 B / Quelle utilisation des
réseaux sociaux au service de
l’animation d’un mouvement de
jeunesse ?
La problématique est plus complexe.
Investir les réseaux sociaux comme
mode d’animation du mouvement,
c’est tentant, sans aucun doute...
Mais, cela suppose que les modes de
gestion de la représentation et du
débat démocratique soient en capa-
cité d’intégrer les modes diversifiés
d’animation :
- une discussion sur un mur (Fa-
cebook, par exemple) a-t-elle la
même valeur qu’une expression
dans des instances physiques ?
- une initiative locale de pétition
en ligne, sur des questions d’éduca-
tion, est-elle relayable à l’échelle 
nationale ?
- l’utilisation d’outils forums, wi-
kis, plus largement d’expression
21
collective, sont-ils une opportunité de
débat ?
- des blogs, des pages Facebook
peuvent-ils être des supports à la
mobilisation ?
     
Quelles que soient les réponses au
final amenées à ces deux sujets, c’est
une nécessité aujourd’hui pour des
mouvements comme les nôtres de :
- travailler sur les déontologies mili-
tantes et professionnelles en la ma-
tière,  
- se donner la capacité d’une ex-
pression publique univoque sur le
web.
▪
22
L
es sources d’information sur
le web étant pour certaines
éphémères, le choix a été fait
de mettre en ligne ce document
avec un dossier ressources qui per-
mettra :
• de réactualiser les liens et les
documents cités
• d’enrichir avec d’autres sources
d’information et de documentation
• de compléter son contenu si le
contexte s’y prête.
Le site : des ressources pour agir
http://exprime-toile.fr/multi/
ressources
Quelques ressources repérées
chemin faisant :
Livre
La vie privée, un problème de
vieux cons - Jean Marc Manach –
fyp éditions – 2010
Liens internet
MédiasSociaux.fr : toute l’actua-
lité des médias sociaux
http://www.mediassociaux.fr
InternetACTU : site d’actualité
consacré aux enjeux de l’inter-
net, aux usages innovants qu’il
permet et aux recherches qui en
découlent.
http://www.internetactu.net
Webilus : les meilleures infogra-
phie du web (pour trouver des
schémas et illustrations)
http://webilus.fr
Owni.fr : société, pouvoir et
cultures numériques
http://owni.fr/
Le marque pages d’Eric Delcroix
sur Diigo : une vraie mine comme
porte d’entrée sur les réseaux
(sociaux)
http://www.diigo.com/profile/
erdelcroix
Etude Fréquences Ecoles (2010) :
Les ados et internet, de quoi avons
nous peur ?
http://tinyurl.com/
FrequenceEcoles-Etude2010
A la dernière minute
Une série de 3 articles d’Hubert
GUILLAUD sur InternetACTU :
Comprendre Facebook
http://tinyurl.com/internetactu-
comprendFacebook
Schémas trouvés sur Webilus.fr :
La Pyramide de Maslow illustrée
avec les outils 2.0
http://tinyurl.com/weblus-
Maslow2-0
Courbe d’évolution du web : 1.0,
2.0, 3.0...
http://tinyurl.com/webilus-
EvolutionWeb
V Pour aller plus loin
23
Directeur de la publication: Alain Favier
Impression : Les Francas
Dépôt légal : janvier 2012
Fédération nationale des Francas
10-14 rue Tolain
75980 Paris cedex 20
10-14 rue Tolain
75980 Paris cedex 20
Tél. : 01 44 64 21 00
www.francas.asso.fr

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Rapport medias-2011-bai

  • 1. Les réseaux sociaux, une question d’éducation ? RAPPORT MEDIAS 2011
  • 2. C e dossier a été élaboré par un groupe de militants des Francas de statuts et fonctions différents, souhaitant réfléchir à l’influence des médias sur l’éducation. Ce groupe travaille depuis 2008 sur cette question et a choisi de se donner une obligation de publication en direction du Mouvement de l’état de sa réflexion. La création de cette initiative repose sur l’impulsion donnée par les textes d’orientations des congrès de 2004 et 2009. Depuis sa création, le groupe s’est doté d’une méthode de travail qui s’ap- puie sur l’observation des pratiques d’animation, l’analyse de pratiques médiatiques, la lecture d’ouvrages et l’interviews d’experts de l’informa- tion, du numérique et de l’éducation. La thématique retenue dans cet article est celle des réseaux sociaux. Celle–ci s’est imposée d’elle-même dans nos échanges et nous espérons qu’elle rencontrera vos préoccupations. Cécile Ponsot Chargée de l’animation du groupe national « Influence des médias sur l’Education » Ont participé à la rédaction de ce dossier : Olivier Baldomero, Christian Combier, Pascal Couffin, Stéphane Fermé, Mickaël Garnier-Lavalley, Gaelle Genevoy, Robert Lataste, Sabine Lavoipierre, Sabine Marandon, Guy Pastre, Cécile Ponsot, Maurice Testemale. Ont bien voulu nous livrer le fruit de leur réflexion et de leur expérience sur cette question : Pauline Reboul, Fréquence école Pascale Garreau, Internet sans crainte L’équipe de la M@ison de Grigny Le groupe cyber de la région Rhône Alpes Le réseau régional médias de Midi-Pyrénées Les Assises internationales du journalisme Un grand merci à tous !
  • 3. Les réseaux sociaux, une question d’éducation ? I Apparition et développement des réseaux sociaux (page 7) 1.1 La question du vocabulaire (page 7) 1.2 Les pratiques dans les réseaux sociaux / typologies (page 10) 1.3 Mobilisation sociale et illusion participative (page 13) II Pourquoi les réseaux sociaux fonctionnent dans notre société ? Quelques hypothèses (page 14) 2.1 Des pratiques de réseaux sociaux en cohérence avec le processus d’individuation observé (page 14) 2.2 Des facteurs politiques (page 14) 2.3 Des enjeux économiques : le web, outil de marketing individualisé (page 15) 2.4 Des enjeux culturels (page 16) III Les tensions repérées pour éduquer aujourd’hui (page 17) 3.1 Le processus d’individuation (page 17) 3.2 La pratique des acteurs éducatifs (page 17) IV Des initiatives à prendre pour les Francas (page 19) 4.1 Développer un accompagnement des usages (page 19) 4.2 Former (page 20) 4.3 Travailler sur une stratégie concertée d’investissement et d’utilisation du web (page 20) V Pour aller plus loin (page 23) 3
  • 4. L ’éducation recouvre tout ce qui contribue à la construction et au développement d’un être humain : l’éducation comprend toutes les influences qui peuvent s’exercer sur l’individu pendant sa vie. L’éducation est donc une combinaison d’influences diverses. Ponctuelles ou permanentes, ces influences peuvent être conver- gentes ou contradictoires ; l’individu peut les rechercher, les accep- ter ou les subir ; de natures différentes - physiques, psychologiques, idéologiques… - elles sont aussi d’origines diverses : environnement matériel, environnement humain, environnement institutionnel, etc. Emanation des circonstances ou production des hommes, toutes ces influences sont éducatrices, alors que toutes les situations dont elles émanent ou toutes les actions qui les produisent ne prétendent pas éduquer. Toutes ces influences interfèrent, se complétant, se rela- tivisant ou s’opposant les unes aux autres. Et toutes constituent le bagage individuel et original à partir duquel chacun se construit. Quelle que soit leur nature et quelle que soit leur origine, toutes ces influences se conjuguent : l’éducation est globale. Au fil de la vie, toutes ces influences ne cessent de se multiplier et d’interagir : l’éducation est continue. 1 1 Définition de l’Education empruntée à Roger Legal et Pierre de Rosa, sur laquelle s’entendent les Francas. 4
  • 5. L ors de notre premier rap- port, nous avions formulé clairement que nous ne pouvions plus nous contenter de parler « d’éducation aux médias », mais que nous de- vions observer également « l’in- fluence des médias sur l’édu- cation » de par leur prégnance dans la vie quotidienne de cha- cun, prégnance toujours plus forte par le développement des technologies et des pratiques culturelles et sociales. S’intéresser à ces évolutions et ces pratiques, c’est se préoc- cuper aussi de l’évolution des normes sociales et des codes sociaux aujourd’hui en présen- ce dans notre société : qu’ils régissent le rapport aux autres, l’image de soi, les pratiques relationnelles, les valeurs do- minantes, les idéologies… Les réseaux sociaux et leur développement sur le net sont caractéristiques de ces évolutions et il nous semblait indispensable de nous arrêter sur la compréhension de ce qui se jouait au travers de leur développement. Par ailleurs, les nombreuses interpellations des acteurs de l’éducation ont confirmé la nécessité de ten- ter d’y voir plus clair. Au vu de l’impact des réseaux sociaux sur notre quotidien, un mouvement d’éducation, se dotant d’une définition de l’éducation telle que présentée ci-dessus, confir- me l’urgence de s’en emparer. Nous nous sommes donc atta- chés à comprendre le phénomè- ne « réseaux sociaux » ainsi que le contexte dans lequel il s’est développé et les ressorts sur lesquels il repose. Rapidement, nous avons identifié sept ques- tions essentielles pour conduire une action éducative :  • De quoi parle t-on ? • Comment les enfants et les jeunes s’emparent-ils des ré- seaux sociaux ? (Quelle ges- tion ont-ils de l’imaginaire et du virtuel ? Comment traitent- ils des identités multiples, multiformes ?) • Quelles conséquences sur le vivre ensemble ? • Quelles conséquences sur le respect des libertés, les droits des individus, l’égalité pour tous ? • Quelle contribution à l’épa- nouissement, la compréhen- sion, l’émancipation ? • Quelles conséquences sur la construction de la sphère pri- vée, publique, des enfants et des jeunes ? • Quel accompagnement des enfants et des jeunes dans l’acquisition des savoirs, com- pétences et relations sociales qui en découlent ? 5
  • 6. L’ambition de ce texte est d’offrir quelques clés de lecture et de com- préhension qui doivent permettre aux acteurs éducatifs de situer leurs réflexions dans les multiples regards médiatiques sur le sujet, qu’ils soient alarmistes, réducteurs ou encenseurs, ainsi que de donner du sens à leurs pratiques. Il s’agit également de poursuivre le débat de la place des Francas dans ces nouveaux médias : quelles utili- sations et quel investissement ? Le développement de la formation, de l’éducation, de l’action des ani- mateurs, est un élément essentiel pour assurer cet accompagnement. Mais il est aussi important de réu- nir l’ensemble des acteurs édu- catifs afin de poser une réflexion commune sur ces questions et de produire des contenus médiatiques qui puissent être utilisés par l’en- semble de ces publics. ▪ 6
  • 7. 1-1 La question du vocabulaire A vant tout, il est nécessaire de clarifier ce que l’on en- tend par « média », ce mot étant utilisé aujourd’hui comme un terme générique, sans forcément beaucoup de discernement. Ainsi nous pouvons distinguer : - Le média : de façon générale, c’est un moyen de communication (naturel ou technique) qui permet la diffusion d’un message comme le langage, l’écriture, la musique... Dans le domaine de l’informatique, le mot média est aussi utilisé pour désigner un support qui contient de l’information ou des données com- me clés USB, DVD... - Les médias de masse (mass- media) : ce sont des moyens de diffusion collective à destina- tion d’un large public comme la presse, la radio, la télévision, et plus récemment le web, ou encore l’accès à l’Internet mobile (smart- phone, tablette…). Aujourd’hui, lorsque l’on évoque les « nouveaux médias », c’est bien en référence à cette dernière caté- gorie, celle des médias de masse. - Internet : c’est le réseau mondial avec son architecture technique particulière « en toile d’araignée ». On pourrait le définir rapidement en disant que c’est un ensemble de « tuyaux » associés à des technolo- gies qui permettent de faire circu- ler des données de façon sécurisée, et ce de plus en plus rapidement, en utilisant des protocoles dif- férents suivant les données trans- portées. De façon plus générale, on regroupe sous le terme d’Internet l’ensemble des services  qui l’utilisent, comme par exemple le web (avec ses mil- lions de sites), la messagerie, la téléphonie sous IP, le stockage et l’échanges de fichiers... Le langage commun a tendance à réduire l’Internet au web. - Le web : est un service qui uti- lise Internet. Les évolutions tech- niques et technologiques lui per- mettent de progresser de façon régulière, notamment en termes d’interactivité avec ses utilisa- teurs. Aujourd’hui, nous sommes dans la fin de période dite du « Web 2.0 », dont la manifestation em- blématique est centrée autour des médias sociaux2 . I Apparition et développement des réseaux sociaux Afin de poser un regard critique sur les réseaux sociaux et en comprendre leurs usages, il paraît nécessaire voire indispensable de se cultiver au préalable sur le contexte de leur apparition puis de leur avènement dans l’évolution d’Internet ainsi que sur l’écosystème auquel ils appartiennent. 7
  • 8. - Les médias sociaux (social me- dia) : ils ont fait leur apparition auprès du grand public avec le web 2.0. Ils sont constitués par une multitude de services de stockage, d’échange, de partage, de travail collaboratif... spéciali- sés dans différents domaines3 . Parmi les médias sociaux, les ré- seaux sociaux ont, entre autres, la particularité de pouvoir regrou- per différentes fonctionnalités et services disponibles par ailleurs et agréger des contenus issus de différents services spécialisés utili- sés par l’internaute (comme Flickr, Youtube...). Au sein des médias sociaux, le vocabulaire autour des réseaux so- ciaux crée lui aussi de la confusion. Force est de constater que « réseau social » est aujourd’hui un mot valise qui tient à la fois de la sociologie et de la technologie. Pour y voir plus clair, on essaiera de faire la différence entre le ré- seau social et les outils de réseau- tage social (notion bien antérieure à l’arrivée d’Internet). - Un réseau social (concept de la sociologie) est un ensemble d’entités sociales (organisations ou individus) caractérisé par les liens et les interactions entre les individus qui le composent. Il ne s’agit donc pas là d’outils infor- matiques ou web. On désignera par réseautage social la démarche qui consiste à utili- ser des moyens et actions qui vont soutenir et favoriser l’émergence de réseaux sociaux. Car l’arrivée du web a mis à disposition des in- dividus toute une panoplie d’outils qui, à travers les fonctionnalités qu’ils proposent, sont aussi des facilitateurs de réseaux sociaux, voire de communautés4 . ▪ 2 A titre indicatif : - Le web 1.0 : L’utilisateur n’était que consommateur de contenu mis en ligne par “des professionnels”. - Le web 2.0 : L’utilisateur peut interagir, donner son avis sur les contenus proposés,  il peut lui-même mettre à disposition, créer et partager ses propres contenus (informations, photos...). - Le futur immédiat : Le web est disponible en flux continu. Une grande diversité de supports et d’objets s’y connecte pour utiliser ou enrichir des bases de données informationnelles dont certaines sont en partie co-construites avec les internautes. C’est l’ère de l’Internet mobile qui se dessine. En termes d’usages, cela s’illustre par la proposition en temps réel d’informations qui viennent enrichir l’environnement dans lequel on évolue. Ainsi, les smartphones sont aux premières loges avec les données disponibles via la géolocalisation de l’utilisateur. Cette tendance qui utilise les possibilités de l’Internet mobile vise à proposer une “réalité augmentée” à l’internaute. 3 (Illustration: http://tinyurl.com/cavazza-panorama2011) 4 Sources : http://tinyurl.com/techno-sciences-Glossaire ; http://tinyurl.com/iteco-be-reseau ; http://tinyurl.com/Eric-Delcroix 8
  • 9. 9
  • 10. 1-2 Les pratiques dans les réseaux sociaux / typologies 5 Les « statuts » : des raisons multiples pour une présence dans les réseaux S ans rentrer dans une typolo- gie détaillée, notre approche pragmatique fondée sur une pratique des réseaux et une obser- vation de leur fonctionnement nous amène à identifier des motivations, des pratiques et des intentions dif- férentes. Cet éclairage a pour vo- cation d’éviter toute généralisation hâtive sur les comportements dans les réseaux sociaux. Nous rencontrons donc pêle-mêle : des curieux avec une faible acti- vité, des prosélytes qui ont pour ambition d’arriver rapidement aux 5 000 amis et de diffuser leurs idées ; des « voyeurs » qui cher- chent simplement à surveiller ce que font leurs amis, leur progé- niture ; des animateurs de com- munautés ; des institutions qui produisent de l’information ou qui cherchent le contact avec les plus jeunes ; des « passeurs » d’information, de veille ; des asso- ciations qui explorent de nouveaux canaux de diffusion ; des joueurs qui recherchent des amis pour déve- lopper leur ville, leur ferme... ; des « réseauteurs » qui entretien- nent des réseaux familiaux, de contacts, d’anciens amis... ; des « pros » qui affichent leur carte de visite, produisent de l’influence ou tentent de promouvoir des produits. Il est évident que la logique même de réseau ne cloisonne pas ces at- titudes, et que nous croisons des pros qui affichent leur réseau fa- milial, des joueurs qui par ail- leurs sont animateurs d’une com- munauté d’intérêts... Quelques repères et tendances pour illustrer le paysage ● Suivant les pays, la diver- sité des réseaux sociaux présents et leur investissement par les in- ternautes sont différents. ● En France en 2010, le classement des réseaux sociaux était le suivant : - Copains d’Avant (49%) - Windows live (48%) - Facebook (37%) ● En France, en 2010 tou- jours, 77% des internautes sont 5 Pour en savoir plus : - Quelle philosophie est inscrite dans Facebook : http://tinyurl.com/internetactu-facebook - Vie privée : le point de vue des petits cons : http://tinyurl.com/internetactu-vieprivee (Jean Marc Manach a sorti un livre sur le sujet.) - Génération des 15-24 ans : décryptage des usages : http://tinyurl.com/usages15-24 - Réseaux sociaux, le spectre du consensus mou : http://tinyurl.com/owni-fr 10
  • 11. membres au moins d’un réseau social. Chez les 18 et 24 ans ce chiffre monte à 96%, avec 35% d’entre eux sur plus de 4 réseaux. Un internaute est membre de 1,9 réseau social en moyenne. ● En Europe (2010), les sites dits « communautaires » sont passés premiers devant les portails Internet et autres outils de mes- sagerie en ligne. Sur la question de la participation active des internautes (France) - 70% des internautes ne sont pas actifs sur les réseaux sociaux, les blogs, les pages perso ; - 24% complètent une page Facebook ou de blog ; - Seuls 15% s’expriment sur des forums ou des groupes de discus- sions. Et ces chiffres seraient encore à moduler si l’on regardait de plus près les catégories socioprofes- sionnelles et, bien sûr, les tranches d’âge6 . Au final, « tout le monde n’est donc pas sur Facebook » et nous sommes loin de l’adage « tout le monde donne son avis ou s’exprime sur Internet». Si l’on est facilement consom- mateur-spectateur du web, il faut développer d’autres compétences et appétences pour en devenir producteur-acteur. D’où la néces- sité « d’accompagner » les indivi- dus face à ces pratiques. Réseaux sociaux et réseaux relationnels Le nombre de personnes que nous connaissons dans la vie (INRL) va- rie entre 300 et 3 000. Mais, parmi nos relations, il y a toujours un petit groupe de personnes avec lesquelles nous communiquons de manière continue et régulière. Le nombre de personnes avec qui chacun peut discuter de questions importantes tourne en moyenne autour de 3. On répertorie aujourd’hui 4 types de relations différentes sur les réseaux sociaux :  ● notre réseau, c’est-à- dire l’ensemble des personnes qui ont accepté d’être notre “ami”, ou plutôt d’entrer dans le cercle de nos relations affichées ; ● ceux avec qui on a des communications réciproques, c’est- à-dire les  “amis” auxquels on ré- pond et qui nous répondent dans cet ensemble de relations socio- technique. ● ceux avec qui il n’y a qu’une voie de communication, c’est-à-dire les “amis” où il n’y a qu’une des deux personnes qui communique, et jamais l’autre. 11
  • 12. ● ceux avec qui il y a des relations suivies, c’est-à-dire ceux avec lesquels les échanges bidirec- tionnels sont soutenus et dont on regarde le profil “au moins 2 fois en 30 jours” ! Sur Facebook, le nombre moyen d’amis tourne autour de 120. Si ce réseau offre une possibilité supplémentaire de communiquer avec ses proches, il crée aussi des « liens faibles » et maintient une forme de relation « en pointillé ». Les réseaux sociaux désinhibent la capacité d’entrer en contact avec des personnes qui n’appartiennent pas au réseau des proches. ● Un utilisateur moyen qui compte 150 “amis” établit en moyenne des relations soutenues uniquement avec 5 personnes (7 si vous êtes une  femme).  ● Si votre réseau relation- nel est plus petit (50 personnes), le nombre de personnes avec les- quelles vous aurez des relations soutenues sera plus faible (3 per- sonnes pour les hommes, 4 pour les femmes).  ● Si au contraire votre réseau relationnel est plus grand (500 personnes), le nombre de personnes avec lesquelles vous aurez des relations soutenues sera plus fort (10 pour les hommes, 16 pour les  femmes). ● Si l’on investit la plate- forme (en temps, en compétences, en attention), le nombre de nos relations soutenues peut y aug- menter sensiblement.  ● En passant du temps et en acquérant des compétences et des savoir-faire sur Facebook, on parvient à développer nos réseaux relationnels réciproques, unidirec- tionnels et soutenus, comme si on arrivait à inviter le cœur de nos relations à s’y investir à mesure qu’on s’y investit soi-même.  L’apparition d’une zone mi-publique, mi-privée  L’e-mail est une communication interpersonnelle privée. Avec les réseaux sociaux, nous sommes face à l’apparition d’une commu- nication privée qui se déroule en public. Les réseaux sociaux sont une manière de « socialiser la com- munication personnelle » en la montrant à un réseau de con- tacts. Ainsi, si on a jusqu’à présent réussi à préserver une séparation entre canal privé et canal pu- blic, s’invente désormais une zone intermédiaire qui nécessite une phase d’apprentissage. ▪ 6 http://www.marsouin.org/spip.php?article385 12
  • 13. 1-3 Mobilisation sociale et illusion participative C omme nous le savons tous, les outils peuvent favoriser, mais ne peuvent pas remplir toutes les fonctions et conditions nécessaires à une véritable mise en réseau, à l’émergence d’une véri- table intelligence collective, à la création de lien social. Cohabiter sur une plateforme ou dans l’utilisation commune d’un service ne crée pas forcément une appartenance à un groupe ou une communauté, ou à un réseau. Notre expérience et analyse en la matière tend à démontrer que quel que soit le système utilisé (fo- rum, blog, chat, discussion Face- book...), la prise en compte de l’expression individuelle, la valeur accordée aux idées émises, est dif- férente au regard de la connais- sance réelle ou virtuelle des con- tributeurs entre eux (hormis sur des espaces très ciblés en termes de sujets, de préoccupations, de questionnements). Pourtant, d’autres effets produits par les réseaux sociaux doivent nous interroger. C’est le cas de la mobilisation que ces outils peuvent parfois entraîner. Témoignage à propos de l’événe- ment Yess, qui s’est tenu à Grenoble en septembre 2010 (deux jours de regroupement des acteurs de l’économie sociale et solidaire) : Lorsque certains, simplement à partir d’une page Facebook qui relaye l’opération, ar- rivent à doubler le nombre de bé- névoles mobilisés sur un événement à l’échelle d’une grosse métropole, alors que sont déjà présentes les forces des fédérations d’éducation populaire et le monde de l’économie sociale et solidaire, cela réinterroge les modes de mobilisation de nos organisations sur des causes et des enjeux de société. Bien sûr, les personnes regroupées sur un événement grâce à une mo- bilisation via les réseaux sociaux ne forment pas un groupe social au sens sociologique du terme (ici se sentant tous appartenir au groupe, et partageant un projet social com- mun). Mais tout de même, ces per- sonnes ne sont pas complètement étrangères aux valeurs et principes mis en œuvre lors des journées sur lesquelles ils se mobilisent. Il reste toutefois une question, celle des suites de cet investissement ponc- tuel : feu de paille, déclenchement d’un engagement... ? ▪ 13
  • 14. Même si, comme nous venons de le voir, « tout le monde n’est pas sur Facebook », l’engouement pour les médias sociaux pose tout de même question. La seule arrivée d’un nouvel outil attractif paraît un peu limitée pour expliquer ce phénomène. Il y a en fait une convergence de facteurs. 2-1 Les pratiques des réseaux sociaux en cohérence avec le processus d’individuation observé D epuis quelques années main- tenant, les sciences sociales nous ont démontré la mon- tée de « l’individuation » dans nos sociétés7 . L’individu éprouve au- jourd’hui une grande indépendance à l’égard des traditions, quelles soient religieuses, étatiques, poli- tiques, industrielles ou familiales. Nous sommes face à une montée en puissance apparente du choix individuel pour se construire une trajectoire et des comportements sociaux. Les réseaux sociaux, par leur principe de fonctionnement, trouvent alors toute leur place comme supports de trajectoire in- dividuelle dans un ensemble social reconstruit. ▪ 2-2 Des facteurs politiques A vec le développement de la société des individus se pose la question du lien social. Dès lors que le système politique n’est plus fondé sur une autorité de fait qui impose la cohésion entre les individus, se pose la question d’assurer le vivre ensemble, qui ne va plus de soi. Or, paradoxale- ment, on constate depuis quelques années un désengagement de l’Etat (à peine remis en cause par la crise économique) dans sa responsabilité II Pourquoi les réseaux sociaux fonctionnent dans notre société ? Quelques hypothèses 7 Par exemple, cet extrait de L’individu démocratique de Jean-Claude Kaufmann : « L’« individu démocratique » est donc devenu maître de sa vie. Il a capacité à être en regard de soi-même, à s’analyser, à opérer des choix et à prendre des décisions, dans tous les domaines de sa vie, quelle soit publique et privée. Or, cette évolution comporte selon certains auteurs, un revers à la médaille. L’individu d’aujourd’hui porte comme un fardeau psychique l’obligation d’être autonome, tiraillé par la contradiction entre la responsabilité individuelle accrue, d’une part, et une exclusion sociale croissante d’autre part. Dans le même temps se développe une sensibilité à toutes les souffrances sociales, psychiques, ou physiques. L’individu, sommé d’être libre, est pris dans une tension entre la nécessité d’être soi et la difficulté à l’être. L’augmentation des maladies mentales et notamment de la dépression, mais aussi la consommation de drogues, le refuge dans les organismes sectaires, ou encore le consumérisme effréné etc… sont aussi quelques conséquences de cette évolution ». D’autres chercheurs porteront la focale sur la fragmentation, ou la dissolution des cadres collectifs qui assuraient le maintien de nos solidarités et de notre organisation sociale, trouvant là la cause du processus d’individuation voire selon certains, de la négation du sujet. 14
  • 15. d’assurer la cohésion et le maintien des solidarités. La réussite écono- mique est mise en avant comme mo- dèle républicain, accompagnée de comportements individualistes et offensifs, de clivages entre caté- gories de personnes. Ceci crée for- cément un modèle de réussite lié à la mise en avant de l’égo (illus- tré par le comportement des hommes politiques eux-mêmes), qui concorde parfaitement avec la vitrine offerte par les réseaux sociaux. La course aux amis peut démarrer, qui confère à la personne un sentiment d’exister, mais qui repose surtout sur du superficiel et valorise la loi du plus fort. ▪ 2-3 Des enjeux économiques : le web, outil du marketing individualisé A l’heure où la consommation est un moteur important de l’économie et des pratiques sociales, les marques sont un vec- teur important d’identification pour les adolescents (voire les adultes). Aujourd’hui, les services marketing et recherche des entreprises ont besoin d’éléments de connaissance toujours plus précis sur les pratiques de leurs clients éventuels. Si les enfants ont depuis de nombreuses années été des cibles privilégiées de ces observateurs, les nouvelles technologies n’ont en rien ralenti ces pratiques, bien au contraire. C’est en effet un excellent support qu’ont trouvé les tenants de l’éco- nomie pour récolter des informa- tions personnelles sur les consom- mateurs avec toujours un même procédé : récupérer au travers de la pratique de navigation sur le WEB (les traces laissées) les inté- rêts et pratiques de l’internaute. Par exemple, lorsqu’un internaute s’inscrit sur un réseau social, il est invité à remplir un questionnaire qui peut être une mine d’or pour les annonceurs (goûts musicaux, littéraires, orientations sexuelles, politiques, religieuses...). En fonc- tion du degré d’information délivré par l’internaute, les annonceurs vont pouvoir cerner finement les profils de consommation de chaque personne et adapter ainsi leur stra- tégie de communication et de mar- keting à chacun...8 Ce processus est renforcé au- jourd’hui par la multiplication du nombre de médias financés par des fonds privés (grandes entreprises ou annonceurs). Ces derniers mobi- lisent de forts moyens au service de leurs objectifs en utilisant les audi- teurs/spectateurs/lecteurs comme des cibles marketings, comme des consommateurs disponibles (cf. citation de Patrick Le Lay). Il faut reconnaître d’ailleurs qu’en 8A lire : Les enjeux des médias sociaux pour les marques (http://tinyurl.com/owni-fr-Reseauxetmarques) 15
  • 16. tant qu’acteurs éducatifs nous ne sommes pas les derniers à utiliser ces services rendus gratuits. Une somme d’individus consomme plus qu’un groupe, et avec les ré- seaux sociaux, chaque individu/ consommateur a la possibilité de s’affirmer et de mettre en avant son ego. Sous couvert de réseau social, on encourage les pratiques indivi- duelles et la consommation. ▪ 2-4 Des enjeux culturels L e web bouleverse complète- ment la création culturelle par les potentiels qu’il ouvre en termes d’outils de création mais aussi de diffusion et d’accès. Il per- met d’être producteur et de rendre visible sa création dans un modèle économique modeste. Il fait cohabi- ter le modèle des majors et la libre circulation de la création. Le web permet aussi une augmenta- tion du potentiel d’accessibilité à la production culturelle à l’échelle de la planète ; nous pouvons par contre craindre l’effet « buzz » comme sur d’autres domaines, qui n’ira pas forcément sur la qualité de la dé- marche artistique et de la liberté de création. Les réseaux sociaux, comme les autres modes de diffusion, peuvent s’inscrire dans une uniformisation des pratiques culturelles, voire en accompagner le mouvement, par les stratégies de communication de leurs auteurs. ▪16
  • 17. III Les tensions repérées pour éduquer aujourd’hui 3.1 Le processus d’individuation N os démocraties modernes, promouvant l’épanouisse- ment et la responsabilité individuelle, font face à de nom- breuses contradictions, qui se trouvent être des raisons de diffi- cultés rencontrées par les acteurs éducatifs aujourd’hui. Ainsi, nous faisons face à plus de normalisation et au même moment, plus d’exclu- sion, plus d’autosurveillance hygié- niste. Et parallèlement, plus de pratiques déviantes (alcool, toxico- manies…), plus de répulsion envers la délinquance et plus de délin- quance sur certains territoires, plus de désirs et de confort, et en même temps, plus de sans-abri, ou encore, plus d’amour des enfants et plus de familles monoparentales… Comme le montre Gilles Lipovetsky, « ces dichotomies sont un reflet es- sentiel de nos sociétés : d’un côté l’individualisme hédoniste apporte un travail d’autocontrôle et d’auto surveillance permanente, et d’un autre côté il annihile le sens du travail et de l’effort, il réprouve les instances de contrôle social et mène à la désocialisation et à la criminalisation.»9 Cette donnée est à prendre en compte dans l’acte éducatif. Les acteurs de l’éducation ont aujourd’hui la lourde tâche de contrer dans la mesure du possible les méfaits de l’individuation, ou tout au moins, agir en connaissance de cause. ▪ 3.2 La pratique des acteurs éducatifs A u regard de ce qui a été dit précédemment (voir le profil des utilisateurs des réseaux sociaux), nous pouvons supposer aujourd’hui que les acteurs éduca- tifs sont de plus grands utilisateurs des réseaux sociaux que les enfants et les jeunes eux-mêmes. D’où la nécessité d’agir en deux sens : • envers les pratiques des acteurs éducatifs, c’est-à-dire celles des parents, des animateurs, des enseignants… • par l’accompagnement au fur et à mesure du développe- ment des pratiques des enfants et des jeunes sur le web. Car une question essentielle est aujourd’hui posée : quelle influence ont les réseaux sociaux sur les pra- tiques éducatives développées par 9Christophe Moreau évoquant les théories de Gilles Lipovetski dans un ouvrage collectif à paraître. 17
  • 18. les acteurs éducatifs qui les uti- lisent ? Il s’agit donc bien pour ces derniers de comprendre et maîtriser le phénomène des réseaux sociaux, de manière globale, mais aussi sur leurs propres pratiques, pour pou- voir mener une action éducative efficace. ▪ 18
  • 19. IV Des initiatives à prendre pour les Francas L es Francas ont acquis au fil du temps des compétences tirées de l’interaction permanente entre l’action et la théorisation des pratiques. Ce va et vient est une véritable richesse pour les enjeux éducatifs d’aujourd’hui. Nous confirmons que l’enjeu autour de l’utilisation des médias numé- riques -comme des médias tra- ditionnels- est de permettre aux enfants et aux jeunes de décou- vrir, jouer, rencontrer leurs pairs, comprendre, apprendre, maîtriser, produire : • réaliser un acte de com- munication en direction d’autres personnes en se respectant et en respectant le récepteur ; • produire une information de qualité, relater un fait, une ana- lyse étayée, développer son juge- ment et son sens critique ; • se projeter dans un en- semble social, tout en respectant sa propre identité ; • concourir à construire l’être social et l’identité de chacun ; • traiter « un vrai sujet » comme de vivre une vraie situa- tion de participation sociale (non construite pour la simple situation pédagogique). C’est aussi de permettre aux jeunes d’apprendre à se projeter : • vivre une situation d’in- teractivité réelle ; • vivre des situations de projet collectif ; • s’investir dans des pro- jets à long terme. 4-1 Développer un accompagnement des usages  T out d’abord, en nous position- nant à la fois en observateurs attentifs aux évolutions des pratiques, et en acteurs volonta- ristes dans ces processus : • en organisant la fonc- tion de veille : observation des évolutions (analyses, études spé- cialisées, rencontres avec des chercheurs s’appuyant sur des indi- cateurs, une évaluation). • en expérimentant de nouvelles formes d’approche édu- catives. • en mettant en place des formations : - en direction de nos cadres et ani- mateurs, - en direction également de nos élus afin que la problématique glo- bale de la relation médias/éduca- tion s’inscrive dans les axes de nos programmes d’actions.  • en mettant en place, en expérimentant, en utilisant des outils de relations internes à notre 19
  • 20. Mouvement. • en « organisant l’influ- ence » du monde éducatif sur les pratiques de notre société. Cela passe obligatoirement par la ren- contre, l’échange,  le partage avec l’ensemble de nos partenaires édu- catifs (enseignants, parents, organi- sateurs…). • en saisissant toutes les oc- casions d’enrichir la réflexion com- mune, quel qu’en soit l’initiateur. • en utilisant toutes les tri- bunes possibles pour exprimer le fruit de nos réflexions communes. • en réaffirmant notre posi- tion d’éducateurs face à des pra- tiques où la dimension économique exerce une pression très forte. ▪ 4-2 Former A u-delà de ces acquis au plan de l’action éducative et des savoirs pédagogiques, les équipes militantes ont besoin de formations qui éveillent et ren- forcent leurs connaissances sur plu- sieurs volets. Il s’agira donc d’apporter des connaissances, mais aussi d’encou- rager les individus à l’analyse et au recul sur leurs propres pratiques et sur leur rôle d’acteurs éducatifs dans l’accompagnement des pra- tiques sur le web, et notamment : • l’utilisation des outils dis- ponibles sur le web, les situer au regard des questions éthiques et philosophiques ; • les techniques de base des supportsmédias :photo,vidéo,infor- matique, blog, page Facebook… ; • les pratiques des publics ; • les circuits et financements de ces nouveaux médias ; • les moteurs de recherche et leurs effets en termes des traces sur le net ; • le Droit sur le net : par exemple, le téléchargement, les droits d’auteurs… • la réflexion autour de l’éthique et la déontologie des pra- tiques journalistiques, des métho- dologies de construction d’une in- formation de qualité ; • la pédagogie de la création de projet médiatique : quel support pour quelle action éducative ? • la réflexion à propos de l’identité numérique, apprendre à gérer son image, comment se protéger… ▪ 4-3 Travailler sur une stratégie concertée d’investissement et d’utilisation du web D eux sujets sont posés : A / Comment les institu- tions comme le mouvement associatif, notamment l’éducation populaire, doit instruire la ques- tion de sa présence sur le web, notamment dans les différents réseaux sociaux, afin d’asseoir une image officielle ? 20
  • 21. Aujourd’hui, la question doit être mise au débat. Assurer une présence sur la toile relève de la construction d’une image cohérente, choisie, maîtrisée, facteur incontournable d’une identification ainsi que de la communication institutionnelle (de l’achat des noms de domaines au choix des outils à investir). Un « site vitrine » est nécessaire mais il s’avère insuffisant compte-te- nu des modes de recherches, de connexions, de référencements, de diffusions, d’échanges, de relais, de « buzz », de liens, de redondances, d’intégrations... utilisés ou produits par les internautes. Sans se précipiter, ni s’engouffrer dans les réseaux sociaux de manière désordonnée, les Francas, comme toute association, doivent, sur des bases identiques à celles pro- duites lors du travail sur la charte graphique, travailler à leur image institutionnelle dans les différents espaces de communication du web, afin d’être repérés quels que soient les modes d’entrées des inter- nautes. Cette action ne se dispen- sera pas bien sûr d’un travail avec les militants, en fonction de leurs responsabilités, du respect des choix collectifs en matière d’image, de principes (logos, textes de réfé- rence, avatars, liens institutionnels ou affinitaires, déontologie de pu- blication...). En d’autres termes  : il nécessiterait de répondre à des questions telles que : faut-il twit- ter les discussions pendant une réunion, avant d’avoir les résultats d’une position officielle ? Faut-il, et à quelles conditions, investir Face- book en tant qu’association, es qua- lité ? Est-il possible de baliser des espaces sur Dailymotion, Youtube, pour qu’ils reflètent la réalité d’une session Bafa ?  Autant de questions qu’il existe d’espaces ? Certainement non, il s’agit de travailler sur une straté- gie concertée d’investissement du web. B / Quelle utilisation des réseaux sociaux au service de l’animation d’un mouvement de jeunesse ? La problématique est plus complexe. Investir les réseaux sociaux comme mode d’animation du mouvement, c’est tentant, sans aucun doute... Mais, cela suppose que les modes de gestion de la représentation et du débat démocratique soient en capa- cité d’intégrer les modes diversifiés d’animation : - une discussion sur un mur (Fa- cebook, par exemple) a-t-elle la même valeur qu’une expression dans des instances physiques ? - une initiative locale de pétition en ligne, sur des questions d’éduca- tion, est-elle relayable à l’échelle  nationale ? - l’utilisation d’outils forums, wi- kis, plus largement d’expression 21
  • 22. collective, sont-ils une opportunité de débat ? - des blogs, des pages Facebook peuvent-ils être des supports à la mobilisation ?       Quelles que soient les réponses au final amenées à ces deux sujets, c’est une nécessité aujourd’hui pour des mouvements comme les nôtres de : - travailler sur les déontologies mili- tantes et professionnelles en la ma- tière,   - se donner la capacité d’une ex- pression publique univoque sur le web. ▪ 22
  • 23. L es sources d’information sur le web étant pour certaines éphémères, le choix a été fait de mettre en ligne ce document avec un dossier ressources qui per- mettra : • de réactualiser les liens et les documents cités • d’enrichir avec d’autres sources d’information et de documentation • de compléter son contenu si le contexte s’y prête. Le site : des ressources pour agir http://exprime-toile.fr/multi/ ressources Quelques ressources repérées chemin faisant : Livre La vie privée, un problème de vieux cons - Jean Marc Manach – fyp éditions – 2010 Liens internet MédiasSociaux.fr : toute l’actua- lité des médias sociaux http://www.mediassociaux.fr InternetACTU : site d’actualité consacré aux enjeux de l’inter- net, aux usages innovants qu’il permet et aux recherches qui en découlent. http://www.internetactu.net Webilus : les meilleures infogra- phie du web (pour trouver des schémas et illustrations) http://webilus.fr Owni.fr : société, pouvoir et cultures numériques http://owni.fr/ Le marque pages d’Eric Delcroix sur Diigo : une vraie mine comme porte d’entrée sur les réseaux (sociaux) http://www.diigo.com/profile/ erdelcroix Etude Fréquences Ecoles (2010) : Les ados et internet, de quoi avons nous peur ? http://tinyurl.com/ FrequenceEcoles-Etude2010 A la dernière minute Une série de 3 articles d’Hubert GUILLAUD sur InternetACTU : Comprendre Facebook http://tinyurl.com/internetactu- comprendFacebook Schémas trouvés sur Webilus.fr : La Pyramide de Maslow illustrée avec les outils 2.0 http://tinyurl.com/weblus- Maslow2-0 Courbe d’évolution du web : 1.0, 2.0, 3.0... http://tinyurl.com/webilus- EvolutionWeb V Pour aller plus loin 23
  • 24. Directeur de la publication: Alain Favier Impression : Les Francas Dépôt légal : janvier 2012 Fédération nationale des Francas 10-14 rue Tolain 75980 Paris cedex 20
  • 25. 10-14 rue Tolain 75980 Paris cedex 20 Tél. : 01 44 64 21 00 www.francas.asso.fr