1. kActualités
LES HALLES
kPortrait
DELPHINE
ROUSSEAU
MAÎTRE D’ŒUVRE
kDossier
PENSER
LA VILLE
kChantier
LE PARC DE
BILLANCOURT
Desseins
Juin2009
Carnet de
La haute qualité environnementale et le développe-
ment durable, voilà deux expressions qui risquent
d’être largement galvaudées par leur emploi abusif
dans la conversation courante ou dans les médias.
Sachons revenir aux fondamentaux :
- la haute qualité environnementale, démarche de
management de projet, vise à maîtriser les im-
pacts d’une opération de construction sur l’envi-
ronnement. Cibles, référentiels, certifications…
reflètent la mobilisation des acteurs de la
construction autour de la « marque » HQE,
- le développement durable, concept récent, vise au
progrès social et à la qualité de vie dans le respect
des générations futures et des contraintes écono-
miques. Equitable, viable et vivable, voilà les piliers
d’une stratégie qui se veut « de rupture » et qui se
décline aux différentes échelles du territoire.
Même sans rappeler ces concepts, tous les ingé-
nieurs en charge du développement des systèmes
de transports urbains savent les manier aussi bien
dans les phases d’études que lors de la réalisation.
Ainsi, l’amélioration de la qualité de vie des riverains
et des usagers, l’importance accordée à la réduc-
tion de l’empreinte environnementale pour privilégier
les piétons et les cycles se retrouvent dans chacun
des projets que nous suivons actuellement.
Mais nous apprenons aussi à décliner ces concepts
au sein de nos métiers d’ingénierie. J’en veux pour
preuve notre récente certification ISO 14001. Cha-
cun d’entre nous se sent concerné, chacun de nous
est concerné, au quotidien, quelle que soit sa
branche, par le respect de l’environnement !
Éditorial Jean-Michel
Rivalland
c
CHRONIQUES CITADINES
L'INGÉNIERIE FACE
À LA MUTATION URBAINE
CHRONIQUES CITADINES
L'INGÉNIERIE FACE
À LA MUTATION URBAINE
La lettre d’information de setec tpi
Numéro spécial
Kowloon : ancienne enclave chinoise dans la ville de Hong Kong
2. Transport
et mobilité
« Ce qui me paraît crucial aujourd’hui sur cette question des transports
et de la mobilité, c’est ce passage du thème de l’infrastructure et
du transport à celui de la mobilité, ce qui n’a rien à voir. Le droit à la mobilité
est le droit à participer au monde moderne : la mobilité est aussi bien
éducative, virtuelle, physique, spirituelle qu’une réponse aux besoins
de la communication ou aux moyens de transport. Dans certaines
banlieues, l’éducation à la mobilité est une ouverture qui permet de lutter
contre la ghettoïsation. »
Bernard Reichen, architecte urbaniste.
Dossier
Tramway T3 : plan de situation
setec tpi
Juin 2009
Tramway T2
Penser la ville :
aménager le territoire et recoudre les échelles...
Si l’une des premières actions que compte engager le
gouvernement à la suite de la concertation sur le Grand
Paris touche les transports, aujourd’hui si dépassés
qu’ils semblent courir après la ville, l’écueil ne serait-il pas de
privilégier la mobilité au détriment du territoire ? Penser les
transports en terme de lutte contre l’atomisation des ban-
lieues, n’est-ce pas au contraire perpétuer les principes
d’aménagement qui ont contribué à ce morcellement ?
Les transports mécaniques ont au XXème siècle trans-
formé le rapport au temps : on va plus vite et plus loin, et
cette notion d’ubiquité, de l’ici et l’ailleurs, a contribué à
disloquer la ville, à inventer des zones qui aboutissent à
des stéréotypes d’architecture monofonctionnelle où
l’utile est séparé de l’agréable. La ville durable ne devrait-
elle pas chercher à les unir en trouvant ses fondements
dans l’histoire, l’appropriation du territoire et la recon-
naissance de l’individu dans son monde ?
La crise économique n’offre-t-elle pas une formidable
occasion de repenser la ville ?
« En leur temps, les Situationnistes avaient établi une
sorte de cartographie labyrinthique des lieux fréquentés
dans la journée par une et par plusieurs personnes. Une
telle vision par fragments change des représentations
spatiales, topographiques et isochrones habituelles. En
mettant en évidence des espaces méconnus ou ignorés,
elle conduit à multiplier les points de vue et à permettre
toutes sortes de rapprochements et recompositions in-
attendues » explique François Grether, architecte urba-
niste qui préconise, pour atténuer les disparités urbaines,
de travailler davantage sur la ville existante en favorisant
le développement de formes d’urbanisation encore in-
suffisantes ou médiocres, et en complétant les réseaux
de transport là où ils existent déjà.
Si les modes de transports ont une importance, c’est bien
dans leur aptitude à aménager le territoire, à recoudre les
échelles, à adoucir les articulations. Comme le fait re-
marquer Bernard Reichen, architecte urbaniste : « Dans
les villes pourvues de tramway (Nantes, Bordeaux, Or-
léans…), des lieux nouveaux apparaissent autour des
stations qui deviennent des espaces de sociabilité. Le
tramway rétablit l’idée de flânerie : une ligne de mobilité
de 15 km avec un rabattement à pied de 500 m organise
et impacte 150 ha de territoire urbain. »
C'est bien dans ce sens que tend la réflexion menée par
Jean-Louis Subileau, grand prix de l’urbanisme en 2001,
dans l’agglomération lilloise (1,2 million d’habitants). Une
réflexion qui dépasse le cadre stricto sensu de la ville
pour aller « plus loin », en intégrant tout le bassin minier
jusqu’au district post-frontalier dans l’optique de créer
« un bassin de vie au niveau européen ». « Ce contexte
de métropole est l’occasion, selon Marc Desportes,
ingénieur des Ponts et Chaussées, de penser la ville dans
un système d’organisation plus large qui met fin à
l’opposition entre ville et campagne ». Un des nouveaux
modes de dialogue entre les différentes zones pourrait se
traduire par l’intégration de l’agriculture en milieux ur-
bains. Une idée que n’eût pas désavouée Alphonse Allais.
Les réflexions sur la ville durable ont éveillé l’intérêt de la
population. Mais de telles perspectives doivent dépas-
ser le catalogue de dessins et de bonnes intentions. Il est
temps de retrouver un substrat technique solide. L’enjeu
est de taille : pour la première fois dans l’histoire des villes
et de la technicité, la notion d’ « empreinte écologique »
ouvre la voie à des logiques d’ingénierie différentes pour
trouver des solutions vertueuses.
Tramway T3 : aménagement du la rue d'Aubervilliers
cwww.tpi.setec.fr/FR/040-references/routes.php
3. Chantier Actualités
setec tpi
Juin 2009
La première phase des travaux a révélé la complexité
du parc, tant d’un point de vue structurel, hydraulique
que végétal. Mais après les terrassements et le génie
civil, viennent les plantations. La maîtrise d’œuvre et l’entre-
prise se concentrent aujourd’hui sur la réalisation d’une tour-
bière qui devrait voir le jour dès septembre 2009. Cachée au
centre du parc, elle crée un paysage insolite avec des végé-
taux différents.
La tourbe est un sol organique issu de la dégradation incom-
plète de débris végétaux dans un milieu saturé en eau. En ce
sens,elleestunevéritablerochevégétalefossile.Unetourbière
est active tant que se poursuivent les processus d'élaboration
etd'accumulationdecesvégétaux,qu’onappelletourbification.
Si ces processus cessent, la tourbière devient inactive.
Pour comprendre ce qui nous anime depuis les études, il n’est
pas inutile de rappeler à quel point la création de cet écosys-
tème est complexe. Fragile et rare, il met des milliers d’an-
nées à se constituer en milieu naturel. Il n’était donc pas
concevable d’en transplanter un pan dans le parc : c’était ris-
quer d’engendrer un bouleversement du biotope et vouer à
l’échec cette expérience.
Tout le challenge du parc de Billancourt réside donc dans le
bouleversement de ce phénomène naturel, puisque les vé-
gétaux vont être installés sur un substrat de synthèse dont ils
ne sont pas issus. Tenant compte des contraintes du site,
c'est-à-dire son exposition et la présence d’une eau calcaire
provenant de la nappe inférieure, nous allons enclencher le
processus de tourbification en créant de toute pièce, lors de
la plantation, les paramètres de régénération d’une tourbière
inactive (substratum, topographie et suintement hydraulique
spécifiques) afin d’offrir aux végétaux les meilleures condi-
tions d’implantation et de développement.
Notre groupement, composé de l’Agence Ter, Biotope et
setec tpi, s’est employé à comprendre ce milieu complexe,
puis à en définir le dessin, les matériaux et les végétaux. Nous
avons appris à synthétiser nos savoir-faire respectifs
en confrontant la description et l’observation, le calcul et
l’intuition, pour rendre possible cette réalisation.
Le défi de la tourbière du parc de Billancourt :
reconstituer un écosystème artificiel
Puteaux
Reconstruction de la
station de pompage
de puteaux : intégration urbaine
L’atelier Michel Rémon Architecte,
le bureau d’études EPI et setec tpi
sont les lauréats du concours
(janvier 2009) pour la reconstruc-
tion générale de la station de
pompage de Puteaux. Cet ou-
vrage fonctionnel, réalisé pour le compte du Syndicat des
Eaux d’Ile-de-France, s’inscrit dans une démarche enga-
gée d’intégration urbaine et de développement durable en
recourant notamment au concassage et à la réutilisation
sur site des matériaux issus de la démolition des réser-
voirs existants.
Les Halles
Promotion canopée
Outre la mise en place de la fa-
meuse canopée, le projet de re-
conversion des Halles prévoit un
réaménagement urbain de
grande ampleur, en surface
comme en profondeur. La com-
plexité de cette opération, pour laquelle nous avons une
mission de synthèse technique et urbaine en groupe-
ment avec Coteba, réside dans la compréhension de la
structure précontrainte existante et sa modification en
zone exploitée.
Certification
ISO 14001
L'intérêt porté par setec tpi à
l'environnement nous a conduit
à passer avec succès l'audit
de certification ISO 14001 - 2004,
simultanément avec le renouvellement de notre
certification ISO 9001 selon la version 2008.
j
j
jcwww.tpi.setec.fr/FR/040-references/infrastructures.php
Le parc de Billancourt
Installé dans le bassin d’orage de la Seine, le
parc de Billancourt est promis à la submersion,
c’est pourquoi le projet paysagé consiste
à créer un cheminement harmonieux au travers
des milieux naturels secs et humides
spécifiques des bords des rivières.
Pose de l’étanchéité dans la tourbière
Vue sur le bassin et l’entrée de la tourbière
La tourbière
4. Portrait Zoom
De nombreux projets de TCSP permettent au groupe setec de mettre en avant
sa pluridisciplinarité à travers l’activité de ses différentes filiales : setec organisation,
setec international, setec its, planitec btp, terrasol, setec ferroviaire et setec tpi.
Tramway : engouement durable
En région parisienne, en province ou à
l’international, setec est sur les rails !
Contrairement à ses voisins euro-
péens, la France a démantelé la
plupart de ses réseaux de tramway
au milieu du XXème siècle. Depuis une ving-
taine d’années, ce mode connaît un regain
de faveur et toutes les agglomérations de
plus de 200 000 habitants dévoilent dé-
sormais leur projet de tramway !
Au-delà de l’effet de mode, cet enthou-
siasme correspond à de nouvelles réalités
sociales, environnementales et écono-
miques qui ont été actées lors du récent
Grenelle de l’Environnement : quelques
1 500 km de lignes de transport collectif à
haut niveau de service doivent être
construites dans les 5 ans à venir en
France (hors IdF), soit un programme de
18 milliards d’euros. Initialement en posi-
tion de "retrait", l’État apportera finalement
un soutien financier important (800 millions
d’euros d’ici 2011 et 2,5 milliards d’euros
d’ici 2020) afin que les actes se concréti-
sent : dans les 3 ans, 365 km de lignes
nouvelles de TCSP seront ainsi engagées,
soit 50 projets concernant 36 aggloméra-
tions, pour un investissement total de près
de 6 milliards d’euros !
A l’étranger, la situation est similaire : Afrique
du Nord, Israël, Amérique Latine, Chine,
Europe… de nombreux projets de tram-
ways surgissent sur tous les continents.
Dansuncontextetrèsconcurrentiel,setectpi
s’affirme progressivement comme un acteur
majeurdel’ingénieriedestransportsurbains,
maîtrisant l’ensemble des compétences
techniques et managériales nécessaires à la
réalisation de tels projets : infrastructures,
aménagements et équipements urbains, ré-
seaux, équipements ferroviaires, systèmes
intelligents, matériels roulants, etc.
Actuellement très présents en région pari-
sienne (5 maîtrises d’œuvre en cours),
nous intervenons également en province
(Toulouse, Rouen, Orléans, Toulon, Nice,
Valenciennes, La Réunion, etc.) et nous
nous positionnons sur des projets interna-
tionaux (Jérusalem, Casablanca, etc.).
LeprojetdeloipourlamiseenœuvreduGre-
nelledel’Environnementaclairementprécisé
que toute initiative en matière de transport
devaits’inscriredansunedémarcheplusglo-
bale de promotion de la ville durable.
Aujourd’hui, les autorités publiques assi-
gnent à ces opérations des objectifs très
larges qui dépassent de loin la seule créa-
tion de capacité de transport. Il s’agit dé-
sormais de repenser l’urbain,
de réorganiser les flux et de requalifier
les espaces bien au-delà de l’emprise du
« ruban » de transport. Les projets de
transports collectifs constituent l’un des
principaux catalyseurs pour parvenir à une
ville vivable, viable et équitable.
Investies dans des problématiques urbaines
qui touchent aussi bien les transports pu-
blics que la circulation générale, nos
équipes prennent en compte tous les flux,
toutes les circulations qui « font la ville », de
manière systémique. Nos engagements en
matière de planification et d’organisation
des transports dans les villes, d’amélioration
des circulations
douces et d’acces-
sibilité au sens
large, en particulier
pour les personnes
à mobilité réduite,
illustrent cette
approche.
Directeur de la publication : Jean-Michel Rivalland - Contact : Stéphanie Demumieux (Tél. : 01.40.04.57.36 - demumieux@tpi.setec.fr)
Conception : 01.78.14.14.14 - Crédits photographiques : Franck Rives Images, Atelier Michel Remon Architecte,
Patrick Berger et Jacques Anziutti Architectes - image : Studiosezz, setec tpi - Reichen & Robert et Associés
setec tpi
Juin 2009
Quelles sont les caractéristiques de
votre mission ?
La maîtrise d’œuvre d’un projet urbain
d’une telle ampleur, c’est avant tout
une mission incluse dans un ensemble
bien plus vaste, avec de nombreuses
interfaces telles que les contraintes
spatiales, fonctionnelles et tempo-
raires. C’est cette complexité qui fait à
la fois le grand intérêt de cette mission
et son extrême difficulté.
Au quotidien, mon rôle consiste en
phase études à coordonner l’équipe
pluridisciplinaire constituée d’archi-
tectes, de paysagistes, d’éclairagistes,
d’ingénieurs et de projeteurs. Je suis
aussi l’interlocutrice technique de
notre maître d’ouvrage, le relais vers
les différentes spécialités et je dois ga-
rantir le suivi de la réalisation des pres-
tations. Dégager les priorités (même si
tout est urgent !), faire circuler les in-
formations auprès des équipes de pro-
duction, sont les principaux enjeux.
Il est vrai qu’il s’agit surtout pour moi
de gestion et d’organisation. Mais je
m’appuie sur le savoir-faire de nos
spécialistes en voirie, éclairage, signa-
lisation, ouvrages d’art.
Quels sont les enjeux de développe-
ment durable de cette opération ?
En portant le projet de tramway, la Ville
de Paris entend réduire l’importance
de la voiture dans la cité, améliorer la
qualité de vie des riverains et des usa-
gers et diminuer l’empreinte environ-
nementale. Cela passe également au
travers d’actions très concrètes dans
le projet que nous menons : choix de
techniques, de matériaux, de matériels
respectueux de l’environnement, réuti-
lisation des matériaux de démolition,
des pavés et des bordures déposés,
recours à des végétaux peu gour-
mands en eau… Nous contribuons
même à l’embellissement de l’espace
public en installant des œuvres d’art.
C’est donc à la création de la ville de
demain que vous participez ?
Absolument ! C’est l’avenir qui se des-
sine par le biais d’un projet de cette
envergure : davantage de place pour
les piétons et les cycles, des espaces
accessibles à tous, un transport
en commun efficace, silencieux et un
espace routier restructuré. En tant
que parisienne (et voisine du futur
tramway !), c’est une orientation qui
me plaît : la capacité de ma ville, de-
puis quelques années, à changer de
physionomie pour le meilleur en retra-
vaillant ses espaces publics.
Entretien avec
Delphine Rousseau
Maître d’oeuvre des aménagements urbains
pour l’extension Est du tramway des Maréchaux
(Porte des Lilas - Porte de la Chapelle)
Tramway T3 canal Saint Denis
Tramway T3
boulevard
d’Algérie