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L’opinion des praticiens de l’orientation sur la qualité
de la relève en orientation professionnelle
Ce qu’ils nous ont dit!
Projet de groupes de discussions visant l’arrimage des besoins et des
préoccupations des milieux de pratique avec ceux de la formation
universitaire de 2ième
cycle en carriérologie
Initiative proposée et réalisée par
Louis Cournoyer, Ph. D., c.o.
Professeur
Département d’éducation et pédagogie
Université du Québec à Montréal
7 janvier 2010
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
2
Sommaire
Introduction........................................................................................................................................4
Le cas de l’orientation en employabilité..................................................................................6
Le travail et ses défis...................................................................................................................6
Les compétences recherchées.................................................................................................8
Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................10
Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................11
Le cas de l’orientation en réadaptation professionnelle.................................................13
Le travail et ses défis................................................................................................................13
Les compétences recherchées..............................................................................................14
Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................15
Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................16
Le cas de l’orientation au secondaire.....................................................................................17
Le travail et ses défis................................................................................................................17
Les compétences recherchées..............................................................................................19
Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................20
Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................20
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
3
Le cas l’orientation à l’université..............................................................................................22
Le travail et ses défis................................................................................................................22
Les compétences recherchées..............................................................................................24
Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................25
Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................25
Points de convergence................................................................................................................27
Ce qu’ils nous ont dit sur le travail et ses défis ….....................................................27
Ce qu’ils nous ont dit sur les compétences recherchées … ..................................29
Ce qu’ils nous ont dit sur les forces et les faiblesses des finissants et
nouveaux conseillers d’orientation … ...........................................................................31
Ce qu’ils nous suggèrent … ..............................................................................................33
Conclusion .......................................................................................................................................37
Annexe 1 – La lettre d’invitation ..............................................................................................39
Annexe 2. Le questionnaire d’enquête..................................................................................41
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
4
Introduction
En septembre 2009, des membres du corps professoral de la section Carriérologie
du département d’éducation et de pédagogie (DEP) de l’Université du Québec à
Montréal ont amorcé un travail de réflexion visant le développement d’un
nouveau programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. En parallèle à ces
rencontres, différentes initiatives ont été menées auprès de groupes ciblés
(chargés de cours, diplômés, praticiens) afin d’alimenter leur réflexion.
L’enquête conçue et réalisée par Louis Cournoyer, professeur de counseling à la
section carriérologie du département d’éducation et de pédagogie à l’Université
du Québec à Montréal avait pour objectif général de : identifier des indicateurs
relativement fiables de la réalité de pratique en orientation professionnelle
afin d’alimenter un travail d’élaboration et de développement d’un
programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. Les objectifs spécifiques de
l’enquête étaient quant à eux de 1) recenser les propos de professionnels de
l’orientation de différents secteurs de pratique dans la région de Montréal sur les
réalités et les enjeux des services en orientation professionnelle et de 2) discuter
de points de convergence parmi les propos des professionnels de ces différents
secteurs. Ce rapport fait état des résultats d’une enquête menée à l’automne
2009 auprès d’une quarantaine de conseillers d’orientation. L’échantillon de
participants a été sélectionné, de manière ciblée, au sein de quatre secteurs de
pratique pour lesquelles les diplômés du programme actuel de maîtrise en
carriérologie sont les plus sujets à se retrouver une fois sur le marché du travail :
réadaptation professionnelle auprès de personnes handicapées physiquement et
psychologiquement; développement de l’employabilité; orientation de jeunes
inscrits au réseau d’études secondaires; orientation auprès d’étudiants
universitaires.
Le recrutement des participants s’est réalisé auprès d’organisations où il est
possible de retrouver plus de quatre conseillers d’orientation. Dans un premier
temps, un certain nombre de milieux ont été ciblé à partir de la connaissance des
milieux et de certains contacts de la part de la professeure Edwidge Desjardins et
du professeur Louis Cournoyer, tous deux associés à la section carriérologie du
DEP de l’UQAM. Dans un deuxième temps, un certain nombre de milieux ont été
priorisés selon des critères de variété entre les types d’organisation et de
présence d’un nombre supérieur de conseillers d’orientation. Dans un troisième
temps, une lettre a été transmise par courrier électronique aux directions de ces
milieux, ainsi qu’auprès de personnes-ressources ciblées, puis dans un quatrième
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
5
et dernier temps un contact de suivi par téléphone a été réalisé de manière à
valider l’intérêt des milieux pour une participation au projet, ainsi que
l’identification d’une date et d’un lieu de rencontre. La cueillette de données
discursives s’est opérée lors de quatre séances de groupes de discussions ont été
réalisées. La durée de chaque séance varie entre 1h30 et 2h15. Le nombre de
participants à chacun de ces groupes variait de 5 à 16 personnes pour un total de
35 participants, tous impliqués dans l’offre de service de counseling de carrière.
Le contenu des groupes de discussions portait sur les quatre questions suivantes
auxquelles des relances étaient ensuite formulées auprès des participants de
manière à approfondir, à spécifier ou encore à clarifier le propos :
1. Quels sont vos réalités et vos besoins actuels dans le cadre de votre pratique
professionnelle ?
2. Quelles sont les principales compétences requises et recherchées chez des
finissants de deuxième cycle et chez de nouveaux conseillers en orientation ?
3. Quelles sont les forces et les faiblesses que vous observez chez les finissants
de deuxième cycle et les nouveaux conseillers en orientation ?
4. Quelles seraient vos suggestions pour l’élaboration d’un programme de
maîtrise en carriérologie adapté aux réalités de la pratique professionnelle
actuelle des conseillers d’orientation ?
L’analyse des données de l’enquête n’emprunte pas des procédés suffisamment
rigoureux pour être qualifiée de scientifique. Sans être enregistrés sous format
vidéo ou audio, les propos des participants ont été transcrits sur papier tout au
long de l’entretien. Par la suite, ces transcriptions ont été classées et organisées
selon leur lien avec les quatre questions principales mentionnées plus haut. Enfin,
des regroupements de propos ont été réalisés de manière à relever des rubriques
de contenus.
Le présent rapporte les résultats sous forme de rubriques de propos recueillis
pour les quatre questions principales abordés dans le cadre de séances de
discussion de groupes. Les quatre premières sections du rapport exposent dans
l’ordre 1) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en développement de
l’employabilité; 2) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en réadaptation
professionnelle; 3) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation au secteur
public d’enseignement secondaire et 4) le cas d’un milieu de pratique de
l’orientation au secteur public d’enseignement universitaire. La dernière partie du
rapport propose une synthèse des propos en faisant ressortir les points de
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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convergence des quatre milieux de pratique. En annexe, le lecteur pourra prendre
connaissance du modèle de lettre transmis aux participants lors de la phase de
recrutement, ainsi que le questionnaire d’enquête ayant servi à guider les séances
de discussion.
Le cas de l’orientation en employabilité
Les informations rapportées dans cette section proviennent de cinq conseillères
d’orientation et d’un conseiller en développement de carrière.
Le travail et ses défis
Travailler en employabilité lorsque l’on agit à titre de conseiller d’orientation,
c’est s’ouvrir à une panoplie de clientèles à statut précaires. La majorité des
organismes d’employabilité offrant des services d’orientation travaillent avec des
clientèles ciblées en regard de leur statut économique : chômeurs, assistés
sociaux, personnes sans revenus. Dans le cas des clientèles plus jeunes, ce sont
plus souvent ceux qui ne fréquentent plus l’école qui vont chercher de l’aide dans
ces organismes. En employabilité, les conseillers d’orientation sont plus souvent
appelés à intervenir dans des situations de « ré » orientation que d’orientation
professionnelle. Suite à une série d’échecs et de pertes d’emploi, plusieurs vont
chercher de l’aide pour se réinsérer professionnellement, tout en cherchant un
moyen de traverser les difficultés et les deuils rattachés à des événements
difficiles. Il est également à souligner que les clientèles qui consultent en
orientation dans les organismes d’employabilté n’en sont souvent pas à leur
première expérience de ce type de rencontre. À l’école secondaire le plus
souvent, ils ont souvent déjà rencontré un conseiller d’orientation par le passé.
Certains l’ont parfois même fait au sein d'autres organismes, parfois le même de
façon à poursuivre une démarche en raison d’une rupture professionnelle. De
plus, il est de plus en plus fréquent travailler avec des personnes très limitées au
plan de la scolarité, soit dont la dernière année de fréquentation scolaire relève
du secondaire 1 ou 2.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
7
La question des besoins financiers des clients occupe une place très importante
au sein de ce type de relation d’aide. Le choix d’une carrière n’est pas tant un
enjeu d’intérêts, de valeurs et de perspective pour le reste de sa vie qu’un besoin
de survie économique à plus court terme, fortement influencé par des enjeux de
confiance et d’estime de soi, d’influences du réseau social, ainsi que de facteurs
de réalité tels que le rôle parental, voir monoparental. Emploi Québec, en tant
qu’institution gouvernementale, ressource en matière d’aide économique et de
mesures d’aide à l’emploi joue un rôle important dans l’environnement de travail
ces professionnels de l’orientation. Cela déterminera grandement les types
d’intervention de référence des conseiller, dont à titre d’exemple : alternative
jeunesse, bilan de compétences, recherche d’emploi, programmes et mesures
gouvernementales diverses). De plus, Emploi Québec constitue généralement le
principal bailleur de fonds des services rendus par ces organismes et de leur
fonctionnement budgétaire.
Les conseillers rencontrés notent que la lourdeur des problématiques de leur
clientèle s’alourdit année après année. Tout d’abord, la clientèle immigrante y est
toujours plus nombreuse et toujours plus diversifiée au plan de la culture et de
l’origine. Entre autres, plusieurs des immigrants fréquentant l’organisme de ces
conseillers ne peuvent communiquer en anglais, ce qui sur l’île de Montréal
constitue un frein sérieux à l’emploi (la maîtrise de la langue française peut sans
aucun doute constituer aussi un problème sérieux d’organismes situés à l’ouest
de l’île). Une autre réalité propre aux immigrants avec laquelle il importe de
composer se rapporte au sentiment de frustration et de tromperie dont ils se
sentent victimes. Il est de fait de plus en plus public que la promotion de
l’immigration au Canada dans les pays étrangers se fait le plus souvent sous le
thème de pénuries sérieuses de main-d’œuvre. Or, une fois arrivés en sol
canadien, les immigrants réaliseront que pénuries ou pas, l’accès à des emplois
qualifiés et la reconnaissance de leurs expériences scolaires et professionnelles
n’est que peu, voir pas du tout reconnue. À cela s’accompagne souvent la
présence de comportement de procrastination, de déprime, de peur, de passivité,
de difficulté à se mobiliser et de se projeter positivement dans l’avenir. Une autre
clientèle de plus en plus croissante dans les organismes d’employabilité est celle
des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. La dépression,
les troubles bipolaires, les troubles limites ne sont que quelques-unes des
problématiques auxquelles l’intervention des conseillers doit tenir compte.
Notons également que ces situations s’accompagnent parfois d’une lourde
médication, de consommations de drogues, ainsi que de plus en plus de
dépendance au jeu. Finalement, les clientèles sont aussi de plus en plus âgées.
L’instabilité économique et de l’emploi contribuent à rehausser le nombre de
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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personnes de 40 ou de 50 ans ou plus qui doivent se réinsérer
professionnellement.
Les conseillers notent l’importance de faire appel à des modèles d’intervention
plus globaux sur le plan des dimensions personnelles et sociales. Tels que
l’indiquent les conseillers rencontrés, il importe de prendre en compte toutes ces
problématiques n’ont pas à l’unité, mais assez souvent comme interreliées. Par
exemple, la perte d’un emploi peut activer certaines fragilités au plan de l’estime
et de la confiance en soi, ce qui ensuite peut avoir des incidences sur les relations
avec soi-même et avec les personnes de l’entourage, ce qui à nouveau peut
mener à des difficultés conjugales, parentales, sur fond de difficultés de plus en
plus importantes au plan économique. Dans certains cas, cela va également jouer
sur le plan de difficultés personnelles, telles que la faillite, la consommation
d’alcool et de drogues, de jeu, de déprime, de dépression, d’anxiété et
d’expression accrue de symptômes dysfonctionnels au plan psychologique.
L’ensemble des éléments composant de telles problématiques pourrait être
changé dans leur ordre, de manière à illustrer que les conseillers d’orientation
doivent travailler avec une circularité de problèmes débordant la stricte
réinsertion professionnelle. C’est pourquoi il semble y exister une tension
paradoxale entre une demande pour des services d’orientation de plus en plus
courts dans leur durée et la nécessité de travailler avec des problématiques de
plus en plus complexes. De l’avis des conseillers rencontrés, il faut que les
services d’accompagnent puissent se permettre de dépasser le cadre classique de
trois à quatre rencontres prévu pour des personnes plus stables et plus aptes à
intégrer un emploi ou de poursuivre une formation. Donc, autant il est jugé
souhaitable d’envisager des interventions à plus long terme, autant il est jugé
important de devoir rencontrer certains clients sur la base de deux rencontres ou
plus par semaine, du moins à quelques périodes. L’enjeu de l’orientation en
employabilité n’est ainsi pas tant la capacité de prendre une décision ou de faire
un choix, mais de développer la capacité de mobilisation de la personne.
Les compétences recherchées
Les conseillers rencontrés laissent clairement comprendre qu’avant d’intervenir
auprès d’une autre personne, le conseiller d’orientation doit pouvoir être outillé
pour bien intervenir auprès de lui-même. Ainsi, la connaissance de soi constitue
la compétence la plus importante selon eux parmi toutes celles que devrait
posséder un finissant de deuxième cycle ou un jeune conseiller d’orientation. Il ne
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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s’agit pas ici de se connaître au plan de ses intérêts, de ses valeurs ou de ses
aptitudes, mais de pouvoir gérer son propre fonctionnement psychologique. À
cet égard, il peut s’agir de pouvoir contrôler son impulsivité en situation de
confrontation ou de critiques dirigées vers l’intervenant ou encore d’asseoir un
jugement professionnel pouvant départager ses croyances, ses préjugés ou ses
propres valeurs lorsque vient le temps d’évaluer la situation d’autrui. Cela
renvoie ici à l’importance de l’ouverture de soi, la capacité de pouvoir demeurer
empathique face à la situation de l’autre, à pouvoir clairement reconnaître ce qui
nous appartient de ce qui plus objectivement se joue dans la situation du client.
En lien avec cette connaissance de soi « appliquée », les conseillers rencontrés
nomment également l’importance de bien doser son investissement personnel,
soit de pouvoir autant s’engager personnellement dans une relation d’aide
empathique, mais également de pouvoir éviter l’enlisement ou l’épuisement dans
des problématiques mal évaluées et gérées. « Il faut de l’équilibre personnel et de
la solidité entre les deux oreilles » nommera l’une des conseillères d’orientation
rencontrées. En plus de se connaître, les professionnels rencontrés nomment
l’importance de pouvoir s’affirmer avec confiance et conviction face aux clients,
aux collègues, ainsi qu’à d’autres intervenants. C’est donc une question selon eux
d’être capable d’affirmer ses propres besoins et ses propres sentiments aux
clients ou à d’autres, de se maintenir dans une attitude authentique et
empathique, ainsi que de reconnaître et s’assumer son expertise, soit autant
reconnaître ses limites, que de réellement se positionner comme professionnel.
Pour eux, l’engagement personnel requis dans un processus d’orientation repose
sur la capacité de s’engager, de s’impliquer, de s’affirmer, de confronter et de ses
confronter soi-même dans tous les aspects de sa vie personnelle et
professionnelle. Critique et autonome, le conseiller d’orientation s’avère ainsi être
un praticien réflexif et rigoureux.
L’orientation est une relation d’aide où l’on communiquer oralement, mais aussi
de manière écrite. À cet égard, les conseillers rencontrés notent l’importance de
posséder des compétences en matière de rédaction. Tant dans leurs rapports que
dans leurs courriels, ils doivent être conscients de l’image qu’ils projettent de leur
professionnalisme par la qualité de leur écrit, de la précision de leur vocabulaire,
de leur capacité à synthétiser une panoplie d’informations sur la personne sous
une forme claire et concise. Les personnes rencontrées nomment également
l’importance d’être stratégique lorsque l’on communique, soit de penser aux
objectifs et aux impacts de ses communications. En termes de connaissances et
de maîtrise de conceptions et de théories, les conseillers d’orientation doivent
intégrer les théories du counseling, du développement de carrière et du
développement humain à leurs pratiques. Les personnes rencontrées nomment
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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également l’importance de pouvoir se doter de connaissances plus étendues et
plus pratiques en matière du fonctionnement psychologique de la personne,
notamment en ce qui concerne des enjeux de blocage, de pathologies et de
mécanismes de défense. Enfin, une bonne connaissance des programmes
d’études et des mesures gouvernementales pour les personnes immigrantes,
faiblement scolarisées ou à la recherche d’emploi est souhaitable.
Les forces et les faiblesses des nouveaux
En ce qui concerne les stagiaires de deuxième cycle ou les nouveaux conseillers
d’orientation qui débutent leur pratique professionnelle en employabilité, les
professionnels nomment la maîtrise de compétences relationnelles de base et
spécifiques, mais non avancées, tels que les reflets, les questions ouvertes et les
résumés. Ils observent également de bonnes connaissances au plan théorique,
ainsi que des outils psychométriques et des informations scolaires et
professionnelles. Ces stagiaires et nouveaux c.o. sont vus comme motivés,
ouverts à apprendre, impliqués auprès des collègues, désireux de découvrir de
nouvelles approches et de prendre des risques en intervention.
Sur le plan des limites, il est relevé que bien qu’ils puissent facilement écouter le
client et explorer différents aspects de sa personnalité, il s’avère difficile pour ces
stagiaires et nouveaux professionnels de réussir à mobiliser leur client sur la base
d’une compréhension approfondie de leur dynamique et de leur fonctionnement
psychologique. Une autre dimension notée relève en quelque sorte de la
présence d’angles morts chez ces derniers. Il est question, par exemple, d’un
certain manque d’ouverture d’esprit, voir d’évitement ou de malfaisance à faire
face à des situations émotionnelles plus difficiles. Il est aussi question de
compréhension empathique, soit de remettre en question l’existence d’une
logique universelle, objective, au profit de réalités subjectives propres au client.
Des difficultés sont aussi observées au niveau de l’autocritique, soit de la capacité
à bien évaluer, la qualité et la portée de ses interventions. Enfin, puisqu’ils sont
souvent à la recherche de « recettes » quant à la manière de procéder avec leurs
clients, ils en arrivent à manifester une vision parfois « technique » et « irréaliste »
de l’orientation sur le terrain.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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Les suggestions qu’ils nous adressent …
Les professionnels de l’employabilité rencontrés nous font part de
transformations importantes au plan des clientèles et des problématiques
rencontrées. À ce propos, leur première suggestion porte sur l’importance
d’approfondir davantage au-travers des cours certaines problématiques telles
que les suivantes : transition, indécision, démotivation, anxiété et stress,
engagement, décrochage, procrastination, organisation financière. Selon eux, il
serait avantageux que les sortants de la maîtrise puissent avoir pu déjà
approfondir les réalités de la pratique en employabilité (ex. : précarité, chômage,
dépendance étatique) et certains comportements relatifs aux clients en situation
d’orientation telle que la démotivation, le manque de réalisme, la difficulté à se
projeter, le sens du travail et l’engagement envers soi-même.
Le rôle de l’université est de former des professionnels réflexifs, c'est-à-dire qui
possèdent les outils pour élever leur sens critique et pouvoir affirmer leur identité
professionnelle. Selon les personnes rencontrées, l’évaluation actuelle des savoirs
porte surtout sur des connaissances, alors qu’elle devrait plutôt porter sur des
compétences développées, mobilisées et confrontées. La confrontation au milieu
du travail demeure, selon eux, la clé d’apprentissages efficaces. Ils invitent les
responsables de la formation universitaire à considérer chaque milieu de pratique
comme porteur d’une expertise auquel les étudiants gagneraient à acquérir et à
s’adapter. Concrètement, ils proposent davantage de stages, notamment
l’inclusion d’un stage de mi-formation à la maîtrise.
De plus, un effort accru doit être mis afin de miser autant sur le développent
personnel que professionnel des étudiants. Des mesures doivent être mises en
place pour amener ces derniers à se confronter à eux-mêmes au-travers de
relations avec d’autres, qu’il s’agisse de collègues d’études ou de client. Pour
l’instant, il y a dans la formation trop de cas fictifs nécessitant des extrapolations
de l’étudiant plutôt que des applications pratiques directes. Une absence de
soutien et d’encadrement est également remarquée. Toujours de l’avis de ces
professionnels, les étudiants sont souvent confrontés à l’essai de comportements
professionnels impliquant de fortes retombées affectives. Toutefois, une fois que
le professeur ou le chargé de cours leur fait vivre ces expériences, personne ne
semble là par la suite pour aider la personne à se ramasser au plan émotif.
Ce dernier point ouvre sur une autre catégorie de suggestions proposées, soit
celle relative à l’encadrement des étudiants au cours de leur formation. Ils invitent
le milieu universitaire à envisager une méthode de type « tutorat » où les
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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étudiants seraient rencontrés à l’occasion, tout au long de leurs études de
maîtrise, par un professeur attitré à eux, avec qui il pourraient parler de ses
études. Dans le même ordre d’idée, la création d’occasions accrues de
supervision, de mentorat et de coaching individuel par des professionnels
permettrait des rétroactions claires, précises et pertinentes sur leurs
apprentissages développés et à développer. De manière à concilier formation et
pratique, des occasions accrues de dialogue entre professeurs d’université et
intervenants des milieux de pratiques sont souhaitées. À l’instar de la démarche
de cette enquête auprès des milieux, les intervenants rencontrés y voient des
occasions potentielles pour le développement de partenariat en recherche, de
même que d’échanges d’offres de formation continue d’une part et d’autre :
conférence de praticiens donnés en classe, présentations de professeurs aux
praticiens au niveau des nouvelles approches en orientation, offre mutuelle de
formation continue et de ressourcement professionnel.
La capacité de rédaction des étudiants et des nouveaux conseillers est remarquée
au plan des points à développer et des suggestions sont amenées à cet égard par
les praticiens. La formation universitaire devrait, selon eux, mieux outiller les
étudiants à la rédaction et à la recherche documentaire pour qu’ils puissent ainsi
intégrer la pratique en étant plus habiletés à rédiger des rapports d’évaluation,
faire de la rédaction de projets, produire des notes évolutives, communiquer au
plan interprofessionnel. Le travail devrait plus précisément porter sur le
vocabulaire, la syntaxe, la composition, ainsi que des exercices de synthèse.
La psychométrie figure également parmi les recommandations fournies par les
praticiens rencontrés. Compte tenu de la durée de la formation, il serait
important selon eux de couvrir prioritairement les instruments les plus utilisés
actuellement et de s’ouvrir à ceux qui arrivent sur le marché. Le jugement
professionnel des futurs conseillers d’orientation devrait également être
développé par des exercices de croisement de tests entre eux de manière à mieux
saisir ceux pouvant être utilisés en complémentarité ou le mieux adapté à
certaines situations problématiques. Enfin, il est important pour eux de maintenir
le développement d’un jugement critique au plan du choix des instruments en
regard d’une situation d’intervention donnée : valeur, efficacité, limites, analyse
critique.
En ce qui à trait aux exigences universitaires au plan de la formation à la
recherche, les praticiens sont d’avis qu’il y aurait intérêt de s’assurer de rendre
celle-ci intéressante pour l’avancement des compétences pratiques de l’étudiant.
Selon leur expérience, les étudiants sont souvent perdus quant au choix d’un
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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sujet de rapport d’activités dirigées, mais aussi sur l’ampleur et l’investissement
requis pour un tel travail. Le choix d’un directeur n’est également pas aisé. Ils
relèvent aussi l’impression qu’il apparaît passablement difficile pour un étudiant
de choisir un projet de recherche bien à lui, car en s’éloignant des intérêts de
recherche du professeur, ceux-ci pourraient alors ne pas vouloir les encadrer. Afin
d’éviter le phénomène de choix « par défaut » d’un projet et d’un directeur de la
quête d’un sujet permettant à l’étudiant d’approfondir des compétences
pratiques en vue de mieux le préparer à sa carrière d’intervenant. À ce propos, il
est fait mention de la recherche-action en milieu de travail comme source
d’approfondissement des connaissances et de développement de projets
pratiques. Enfin, les conseillers rencontrés jugent que le baccalauréat est trop
multidisciplinaire. Il ne permettrait pas aux étudiants d’approfondir leurs intérêts
pouvant les guider à poursuivre des études supérieures et à se spécialiser sur le
plan de la pratique.
Le cas de l’orientation en réadaptation
professionnelle
Les informations rapportées dans cette section proviennent de quatre conseillers
d’orientation et d’un finissant-stagiaire de deuxième cycle en orientation.
Le travail et ses défis
Travailler en réadaptation professionnelle implique de travailler surtout sur
l’adaptation (ou la réadaptation) au travail d’une personne que sur son
orientation à proprement dite. En plus de travailler auprès de personnes
présentant une déficience physique, neurologique, sensorielle, auditive,
intellectuelle ou psychique, les professionnels rencontrés soutiennent que
chacune présente sa propre réalité subjective, ses propres enjeux
d’accompagnement. Ainsi, un même diagnostic médical peut non seulement
comporter différentes limitations physiques, mais aussi différents enjeux
psychologiques rattachés. À cela s’ajoute l’accompagnement en gestion de deuils
dans le cas d’accidents ou de déclenchement récent de troubles ou de difficultés.
L’orientation en réadaptation professionnelle comporte une dimension médicale
du travail. Les conseillers d’orientation doivent composer avec un diagnostic
médical provenant de différents spécialistes de la santé physique et
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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psychologique. Pour se faire, ils doivent connaître et intégrer continuellement et
rapidement des connaissances en matière de santé mentale et physique
(déficience intellectuelle, motrice, sensorielle). Ils doivent également saisir les
filtres subjectifs et pathologiques lorsqu’ils sont en relation avec leurs clients, tout
comme ils doivent pouvoir déceler et gérer rapidement certains symptômes
émanent en cours de processus.
Les conseillers d’orientation en réadaptation professionnels travaillent également
en partenariat avec des agents d’aide socioéconomique d’Emploi Québec,
lesquels sont à la source des références de clientèles, que du droit de regard et
d’acceptation d’un projet professionnel impliquant une mesure d’aide
gouvernementale. Par conséquent, ils doivent parfois faire usage de stratégies de
communication pour faire valoir leurs résultats. Enfin, les professionnels
rencontrés travaillent dans plus d’un point de service. Ils n’ont souvent pas de
bureau fixe, attitré.
Les compétences recherchées
En raison de la nature spécifique et spécialisée du travail de conseiller
d’orientation en réadaptation professionnelle, certaines capacités d’adaptation
aux individus et au contexte de travail sont essentielles. Tout d’abord, les
conseillers d’orientation rencontrés rapportent l’importance de pouvoir réaliser
une « lecture rapide du client », soit de pouvoir rapidement déceler ses forces,
ses faiblesses, sa dynamique et ses traits de personnalité particuliers de manière à
procéder à bien saisir sa situation, à déterminer les stratégies d’intervention et les
outils d’évaluation qui convient, ainsi qu’à adapter sa communication. En autre, il
doit savoir faire preuve de synthèse et de concision lors de la rédaction de
rapports, tout comme il doit parfois maîtriser la langue afin de pouvoir « vendre »
les atouts de ses clients.
Le contexte de travail des conseillers d’orientation en réadaptation
professionnelle implique souvent des enjeux financiers et légaux. Cela fait en
sorte que leur conclusion de rapports d’orientation peut être sujette à des
controverses, des désaccords et parfois même à des convocations au tribunal
administratif chargé de telles questions. Par conséquent, ils doivent organiser et
mener leur travail de manière consciencieuse et rigoureuse, en toute conscience
de leurs responsabilités. Ils doivent également être capables de manifester une
affirmation de soi professionnelle : assumer ses actes, pouvoir affirmer un
diagnostic sans tergiverser, défendre son approche et ses interventions, pouvoir
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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communiquer des résultats, même négatifs, à un client sans crainte des
sentiments que l’on peut être alors appelés à gérer. Autrement dit, il doit pouvoir
assumer un rôle d’expert, de professionnel, se comporter rapidement en senior.
Malgré tout, il doit pouvoir garder et savoir exprimer son humour, de manière à
pouvoir dédramatiser et enlever la pression de son travail.
Tout en possédant des connaissances propres aux réalités subjectives propres
aux situations individuelles qu’il peut rencontrer, le conseiller d’orientation en
réadaptation professionnelle doit se montrer ouvert aux différences et aux
changements, assumer une attitude de non-jugement, ainsi que de ne pas
craindre situations inconnues. En fait, sa curiosité devrait le motiver et l’amener à
s’intéresser à chaque personne d’une manière unique. En raison de facteurs et
d’enjeux médicaux, dont le rôle des médicaments qu’il doit connaître, le
conseiller d’orientation en réadaptation est certes l’un des plus « investigateurs »
selon la typologie de Holland. Pour développer de solides connaissances,
notamment en santé mentale, il doit manifester une certaine aisance à apprendre,
à s’intéresser autant aux connaissances de la psychologie que de la biologie
humaine, car doit savoir lire des dossiers médicaux à propos de ses clients.
Les forces et les faiblesses des nouveaux
Les cinq conseillers rencontrés considèrent tout d’abord que tant les finissants de
deuxième cycle que les nouveaux conseillers d’orientation qui insèrent leur milieu
sont généralement conscients des problématiques propres au milieu de la santé
mentale et physique. Leurs compétences théoriques et leurs expériences de vie
personnelle et professionnelle antérieures s’avèrent des atouts d’intégration
importants. Les diplômés et les nouveaux professionnels de l’orientation se
voient de plus reconnaître un enthousiasme, une motivation, une ouverture
d’esprit et une capacité d’autonomie leur permettant de faire face aux défis et
aux apprentissages. Enfin, on reconnaît d’eux l’importance qu’ils accordent à des
enjeux d’ordre éthique et à leurs connaissances déontologiques.
Certaines faiblesses sont toutefois rapportées à leur égard en ce qui à trait
notamment à leurs craintes et à leur doute sur eux-mêmes lorsqu’ils sont mis en
contact avec des situations et des clientèles nouvelles et inconnues. Cette fragilité
au plan de la confiance en soi pourrait s’associer, selon les c.o. du milieu
rencontré, au faible nombre d’heures de pratique précédant leur entrée en
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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emploi. Une dernière faiblesse relevée est leur difficulté à gérer des situations
d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients.
Les suggestions qu’ils nous adressent …
« De la pratique, de la pratique, de la pratique ! », voilà ce qui vient initialement
en tête des c.o. de ce milieu de réadaptation professionnelle lorsque vient le
temps de suggérer des voies de développement possible de la formation en
carriérologie. Plus spécifiquement, la discussion fait ressortir, entre autres,
l’importance d’expérimenter l’intervention en classe et en dehors, à favoriser des
apprentissages dynamiques et des mises en pratique. Pour eux, la maîtrise doit
être le lieu d’apprentissages expérientiels. Les cours de counseling doivent
favoriser l’acquisition de modèles et des cadres concrets et détaillés
d’intervention « en orientation », que ce soit par des études de cas, le
développement d’un cadre théorique ou conceptuel personnel à ses
interventions ou encore à l’exploration de différents milieux de travail. La maîtrise
doit être un moyen pour développer une rigueur, une discipline et un
professionnalisme permettant de distinguer clairement la compétence d’un
bachelier à celle d’un titulaire d’une maîtrise. En lien à ce qui est mentionné lors
des paragraphes précédents, il faut créer des situations d’impasses relationnelles
obligeant les étudiants à vivre de telles tensions et à composer personnellement
avec celles-ci. Enfin, les milieux de pratique doivent participer activement au
développement de la qualité de la formation, ainsi que de la supervision
d’étudiants en contexte de réalisation de processus d’orientation complets au
sein d’un service d’orientation.
En ce qui concerne les professeurs et les chargés de cours, il leur est fortement
recommandé d’apprendre à se mouiller davantage en situation de formation
pratique. Les c.o. rencontrés nomment l’importance de pouvoir apprendre du
modelage d’interventions de professeurs et de chargés de cours réalisés devant
eux et non seulement de proposer des occasions d’apprentissages par les pairs.
Ces derniers doivent également manifester un souffle de dynamisme contagieux,
que ce soit par leur implication et leur intérêt dans le domaine de l’orientation, au
sein du programme d’études, au-travers de la communauté étudiante, ainsi que
par le fait de parler de leurs travaux de recherche. Au niveau de la recherche, les
conseillers d’orientations rencontrées proposent de trouver des moyens de
rendre les travaux d’essais « plus pratiques », que ce soit en l’intégrant au stage
de manière à ce que la problématique débute le premier jour de stage (ex. : quel
est le problème dans ce milieu, cette clientèle, etc. ?) ou en donnant plus de sens
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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aux connaissances scientifiques par des rétroactions directes et des liens avec
l’exercice de la pratique. Également, il serait avantageux de définir le cadre de
l’essai : nombre de pages, contenu, etc. Enfin, puisque la psychométrie occupe
une place importante dans le secteur de la réadaptation professionnelle, il serait
souhaitable que la formation de maîtrise en carriérologie puisse toucher un
éventail de tests adapté aux différentes possibilités de clientèles (ex. :
connaissance et application du WAIS, NEO, EG, ABAS, Hooper, Raven, JVIS). De
plus, l’accent doit davantage être mis sur l’interprétation des tests et de mises en
situation portant sur des interprétations de résultats de tests « pas l’fun » pour le
client, de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses
habiletés à utiliser les bons mots.
En terminant, les conseillers d’orientation en réadaptation professionnelle jugent
important de maintenir une offre de cours de soir de manière à favoriser la
participation de professionnels en emploi. Ils souhaiteraient toutefois de
considérer la mise en place d’un tronc commun de formation plus restreint de
manière à permettre ensuite à chaque étudiant de choisir un type d’intervention
ou de clientèle cible qui sera davantage approfondie en fonction des intérêts de
chacun (clientèle jeune ou femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.)
Le cas de l’orientation au secondaire
Les informations rapportées dans cette section proviennent de seize conseillers
d’orientation et d’une conseillère en formation.
Le travail et ses défis
Travailler en orientation à l’ordre d’enseignement secondaire implique, hormis
l’éducation aux adultes, de travailler avec une clientèle d’adolescents. Tel que le
soulignent les professionnels rencontrés, les élèves se connaissent peu à cet âge
et ils n’ont pas fait beaucoup jusque-là d’expérimentation du monde du travail.
C'est pourquoi ces jeunes présentent souvent de sérieuses difficultés à se
projeter dans l’avenir, dans un emploi. Leurs idéaux sont souvent élevés, voir
erronées par rapport aux réalités du marché du travail (ex : salaire de
40 000$/annuel = insuffisant), sinon stéréotypés sur le plan des professions
envisagées (médecin, avocat, psychologue). De l’avis de la majorité des
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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conseillers d’orientation de ce milieu, la connaissance de soi et des études des
jeunes au secondaire est de plus en plus faible. Depuis la disparition du cours
d’éducation au choix de carrière, les informations relatives à l’admission au
cégep, aux programmes d’études, aux contingentements, ainsi que sur les
professions sont plus difficilement rendues. Depuis l’élimination de ce cours du
curriculum, les élèves arrivent, selon eux, à la fin de leurs études avec un gros
manque de connaissances de soi et des possibilités de carrières accessibles. Il est
question depuis d’approche orientante (AO) et de projet personnel d’orientation
(PPO), mais cela leur semble insuffisant pour bien préparé les jeunes vers des
choix post secondaires éclairés.
Le contexte de travail des conseillers d’orientation au secondaire engendre
également des particularités au niveau de leurs tâches et de leurs responsabilités.
Tout d’abord, ils travaillent dans une institution sociale, celle de l’éducation. Ils
doivent donc prendre connaissance et gérer tous les changements découlant de
décisions ministérielles comme c’est actuellement le cas avec le renouveau
pédagogique. Plus concrètement, cela implique d’abord de gérer la confusion
générale des élèves, des parents, voire même de collègues par rapport aux
changements apportés au niveau de préalables, de modalités d’évaluation des
apprentissages, etc. Les conseillers d’orientation du secondaire travaillent bien
plus souvent en groupe, en comité ou encore sur des fonctions d’encadrement
administratif qu’en rencontre de counseling individuel. Ils réalisent des suivis au
sein de différentes activités pédagogiques de l’institution, ils procèdent à des
rencontres massives d’élèves lors des périodes de choix de cours, ils gèrent et
organisent des quantités importantes d’informations sur les établissements
collégiaux et universitaires, ainsi qu’ils doivent s’occuper de tâches d’inscription
et de classement des élèves, tout en maintenant des liens de travail avec les
enseignants et les membres de la direction. Enfin, un aveu de l’ensemble des
professionnels participant à l’enquête est qu’ils manquent de temps pour faire
tout ce qu’ils aimeraient faire. Également, nombre d’entre eux doivent offrir leurs
services dans plus d’une institution afin de compléter un horaire à temps plein. La
gestion de temps, mais aussi de stress est importante.
Enfin, l’une des particularités de l’orientation auprès d’élèves du secondaire est
que leurs parents jouent généralement un rôle omniprésent dans leur vie scolaire
et personnelle. Au quotidien, cela amène les conseillers d’orientation à tenir
compte du rôle d’influence des parents sur le choix des élèves. C’est entre autre
le cas où le parent souhaite voir son enfant poursuivre des études universitaires,
puisqu’il en a les capacités, alors que ses intérêts le guide davantage vers une
formation technique au collégial ou une formation professionnelle. En raison de
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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la réalité pluriethnique qui prévaut sur l’Île de Montréal et de plus en plus partout
ailleurs au Québec, il faut tenir compte de l’influence à la fois culturelle et
parentale. Les conseillers rencontrés observent notamment la pression familiale
portée par le jeune immigrant à ce dont il poursuive des études supérieures
pouvant faire honneur à la famille proche et éloignée. En regard du dogme d’un
choix professionnel éclairé passant par l’actualisation de soi, le réalisme veut plus
souvent d’accompagner ces jeunes à naviguer entre leur idéal (ou du moins, celui
des parents) et les obstacles vécus dans la réalité (ex : échec en math). De l’avis
de plusieurs des professionnels présents, c’est souvent tenter de trouver des
solutions miracles que d’identifier un cheminement intéressant et réaliste avec un
élève qui, il ne faut pas l’oublier, est dans une période de changement et de
bouleversement importants au plan identitaire.
En somme, les conseillers du secondaire rencontrés se disent constamment
amenés à concevoir autrement l’orientation. Leur rôle au sein de la mission
éducative, leurs fonctions au sein de l’institution, les tâches de relais
d’information desquels ils sont responsables, ainsi qu’un accroissement de
situations d’élèves dits « à risques » (troubles d’apprentissage; déficit d’attention)
ou influencés par des facteurs culturels parfois divergents fait en sorte qu’ils
cherchent tous les moyens possibles afin de mobiliser les jeunes au regard de
leur présent et de leur avenir.
Les compétences recherchées
En regard des réalités présentées précédemment, les compétences recherchées
porteront grandement sur des habiletés de communication interpersonnelle et
d’énergie personnelle. Tout d’abord, en raison de la nature éducative de leur
fonction, ils doivent posséder de solides connaissances au plan de l’information
scolaire et professionnelle : programmes d’études, professions, sanctions,
exigences, préalables, technologies. Ensuite, ils doivent être des communicateurs
pertinents et crédibles. Tout d’abord, il doit être facile pour eux de créer des liens
avec les élèves et savoir comment déclencher chez eux la préoccupation et la
réflexion personnelle à l’égard de leur avenir. Au-delà des mots, ils doivent savoir
trouver des façons créatives (et parfois très spontanées) de les impliquer sans leur
en mettre trop sur les épaules. Ils doivent également savoir communiquer avec
les parents des élèves en tenant compte de la réalité de ceux-ci, de leurs parcours
personnel et migratoire, des valeurs et des rêves qu’ils portent pour leurs enfants.
Toutefois, en gardant à l’esprit qu’ils participent au développement intégral de
l’élève, ils doivent savoir rassurer et expliquer la notion de choix éclairée pour le
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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jeune qui s’oriente. Sans être une exigence formelle, il peut être bienvenu de
posséder la connaissance d’une deuxième langue, voire d’une troisième, de
manière à mieux communiquer, mais également à favoriser l’ouverture sur la
culture de l’autre. Enfin, la communication doit également savoir s’opérer auprès
de collègues. Afin de fournir une place relativement importante à l’orientation à
l’ordre d’enseignement secondaire, les conseillers d’orientation doivent savoir se
montrer dynamique, vif d’esprit, autonome, débrouillard et pouvant s’adapter à
des situations et à des individus de toutes sortes. Ils doivent également posséder
des talents d’organisateur pour des événements spéciaux ou tout simplement
pour le maintien d’un centre d’information scolaire et professionnelle.
Finalement, compte tenu de nouvelles problématiques émergentes telles que les
difficultés d’apprentissage, les déficits d’attention et d’hyperactivité, ainsi que
d’autres troubles de la personnalité qui se manifestent souvent à l’âge des études
secondaires, le conseiller doit apprendre à se former lui-même à différentes
connaissances d’ordre psychologiques de manière à pouvoir accompagner, sinon
référer de manière efficace.
Les forces et les faiblesses des nouveaux
Parmi les principales forces relevées à l’égard des stagiaires de deuxième cycle et
des conseillers d’orientation récemment diplômés, les participants de l’enquête
relèvent les suivantes : créativité dans l’élaboration d’activité de groupe, capacité
d’écoute en contexte de relation d’aide, débrouillardise et adaptation au
changement, curiosité. Du coté des points à améliorer se retrouvent des
dimensions plus techniques, à savoir le manque de renseignements sur la récente
réforme de l’éducation (les parcours, séquences), sur l’approche orientante, sur
les nouvelles modalités d’exigences pour la diplomation, ainsi que sur
changements relatifs aux admissions dans le réseau d’enseignement collégial.
Les suggestions qu’ils nous adressent …
Compte tenu des propos rapportés lors des paragraphes suivants, il n’est pas
surprenant de constater que les premières suggestions rapportées par les
participants relèvent de l’importance d’une meilleure connaissance au système
éducatif. Pour eux, il importe que les universités puissent former les étudiants
universitaires en tenant compte du cadre hautement éducatif et institutionnel du
travail de conseiller d’orientation en scolaire. Cela implique non seulement des
connaissances spécifiques à la relation d’aide selon eux, mais également en au
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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niveau plus spécifique du système éducatif, sur la manière de procéder à des
tâches de classement d’étudiants, d’évaluation de parcours scolaire, d’analyse du
rôle des conseillers d’orientation dans le système éducatif québécois. Également,
un appel aux universités est fait en ce qui à trait à l’importante de tenir compte
de la pluralité de tâches auxquelles ces conseillers d’orientation sont confrontés
quotidiennement. Pour eux, il apparaît plus pertinent de former les étudiants
universitaires à pouvoir mener des processus courts d’orientation que de
continuer à se former pour de longs processus qu’ils ne pourront jamais faire
dans les conditions actuelles du système éducatif. En ce sens, les futurs
conseillers d’orientation devraient être mieux formés pour assumer des
interventions et des animations de groupes, car c’est ainsi qu’il pourra rejoindre
le plus d’étudiants et passer le plus de temps auprès d’eux. De plus, la
communication auprès de groupes implique l’aisance à parler devant un groupe,
d’administrer des passations collectives d’outils psychométriques, de concevoir
des programmes d’information et d’éducation qui soient innovateurs et efficaces
rapidement.
Les universités et les milieux de pratiques au secondaire sont appelés à plus de
collaboration et de partenariat afin de construire des contenus de formations
plus adaptées aux réalités de ces derniers. En plus des éléments rapportés au
paragraphe précédent, il est également suggérer d’offrir d’une part des cours
portant sur certaines difficultés rencontrées de plus en plus chez les jeunes
(difficultés d’apprentissage, réalités personnelles et sociales des immigrants,
troubles de santé mentale), que sur des connaissances théoriques de base se
rapportant aux autres expertises de leur milieu (enseignement, psychoéducation,
travail social).
La formation doit être plus pratique de manière à rendre plus adaptable
l’information scolaire et professionnelle, ainsi que les autres fonctions
quotidiennes du conseiller d’orientation : conseil en information personnalisé,
classement d’élèves, analyse de dossiers et résolutions de problèmes scolaires
techniques (ex. : organisation d’une séquence de cours versus objectif de l’élève).
Également, les participants relèvent l’importance d’accroître la présence de stages
en milieu scolaire. De leur avis, il faut permettre aux élèves de faire rapidement
des stages d’observation, ainsi que de poursuivre des stages pratiques moins
longs en durée, mais plus fréquents (ex. : une journée fois aux deux semaines).
Enfin, les universités sont appelées à solliciter davantage les conseillers
d’orientation du milieu scolaire afin de les tenir informés, ainsi que leurs
étudiants, des nouveaux changements et de nouvelles informations pertinentes à
leur enseignement ou apprentissage.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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Le cas l’orientation à l’université
Les informations rapportées dans cette section proviennent de sept conseillers
d’orientation et d’une psychologue.
Le travail et ses défis
La clientèle universitaire est, de l’avis des participants, de plus en plus diversifié.
La majorité d’entre elle se compose de jeunes adultes vivant de sérieuses remises
en question relativement à leurs capacités, leur motivation et leur déception suite
à la réalisation d’études universitaires non concluantes au plan des intérêts ou en
situation d’indécision face à l’idée de poursuivre des études supérieures. Il existe
également chez ces jeunes adultes une forte confusion au plan de la distinction
des concepts d’intérêts et d’aptitudes lorsque vient le temps de se positionner
face à des options de choix d’études et de carrière. Au-delà de la stricte
dimension de choix scolaire et professionnel, les personnes rencontrées
mentionnent que l’aide à l’adaptation aux études universitaires et le maintien de
ces derniers dans leurs programmes par la suite constituent des enjeux
importants au niveau de la pratique du counseling de carrière dans ce milieu. La
mise en place de stratégies d’adaptation scolaire et professionnelle joue ainsi un
rôle important, notamment en ce qui a trait à l’aide à la gestion de déception et
de deuil, ainsi que de difficultés psychologiques concomitantes. En fait, il semble
ici être beaucoup plus question de « ré » orientation que d’orientation. Étant
donné que ces professionnels travaillent avec des gens qui ont déjà fait un choix
(même s’il n’était pas toujours éclairé au départ), il est courant de réaliser d’abord
un bilan de compétences auprès des clients, de procéder à un désamorçage des
émotions associées à la décision d’abandonner ses études ou à celles associées à
l’effort pénible de les poursuivre. Un travail de reprise de contact avec la réalité
est alors mis en place. Enfin, l’orientation en milieu universitaire auprès de
sortants des études collégiales consiste également à aider ces personnes à
devenir adulte, donc à mieux se connaître, à mieux saisir le monde dans lequel ils
évoluent, ainsi que de développer des stratégies d’adaptation en conséquence.
En plus de desservir une clientèle étudiante composée de jeunes adultes ayant
réalisé la majeure partie de leurs études au Québec, les services d’orientation en
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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milieu universitaire rencontrent également les étudiants d'autres provinces et
surtout d'autres pays et continents. Ce que l’on nomme la clientèle internationale
présente ses propres enjeux spécifiques d’orientation scolaire et professionnelle.
Tout d’abord, une proportion importante de cette clientèle se compose
d’individus qui exerçaient à titre de professionnels avant de venir étudier au
Québec. De plus, en raison de l’imbroglio qui existe en matière d’immigration de
la terre d’origine à la terre d’accueil, plusieurs de ces étudiants arrivent souvent
en conseil d’orientation avec des rêves d’avenir professionnel non réalistes,
portés la plupart du temps par l’attribution d’un rôle ou d’une mission,
hautement anxiogène, de réussite familiale, pouvant rejaillir sur toute la famille
d’origine proche et étendue. Enfin, au-delà de la clientèle des jeunes adultes et
des étudiants étrangers, les services d’orientation en milieu universitaire sont
également offerts à des étudiants plus âgés, réalisant un retour aux études à
temps plein ou faisant des études universitaires à temps partiel. Ces étudiants ont
des attentes et des espoirs personnels qu’ils doivent combiner avec leurs
responsabilités conjugales, parentales et financières. Il y a aussi la clientèle
externe qui fréquente les services d’orientation, soit celle d’individus qui sont
prêts à payer le « plein prix » de consultation, dont les motifs de consultation
sont aussi variés que ceux que l’on retrouve en cabinet de pratique privée.
Depuis trois ou quatre ans, un phénomène surprenant et préoccupant prend de
plus en plus de place, soit celui du rôle des parents par rapport à l’orientation de
leurs jeunes. Chaque année, les professionnels sont couramment confrontés à
tenir compte de la présence de parents qui vont, entre autres, s’occuper d’initier
la prise de rendez-vous et le suivi de ceux-ci, mais qui de plus en plus vont
demander à être informés de l’évolution du processus de leur enfant ou encore
pouvoir être présents lors des rencontres. Les professionnels doivent donc être
au clair au plan déontologique et éthique en regard de ces demandes, tout en
demeurant à l’écoute de ces parents qui, en soit, joue un rôle au sein du
processus d’orientation et de la vie des jeunes. Aussi, il importe ici de tenir
compte que le rôle du parent dans la prise de décision pour les enfants varie
d’une culture à une autre.
À l’instar des autres milieux de pratique, les professionnels de l’orientation en
milieu universitaire notent, depuis quelques années, l’émergence de clientèles de
plus en plus aux prises avec des problèmes de déficit d’attention et
d’hyperactivité, ainsi que de troubles de personnalité associés plus
particulièrement à un haut fonctionnement au plan scolaire. Il devient alors
impératif pour ces professionnels de devoir non seulement s’informer, mais
également se former pour mieux s’adapter aux enjeux propres à ces clientèles.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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Les compétences recherchées
Pour le groupe de personnes rencontrées, les finissants d’études supérieures en
counseling de carrière et les nouveaux conseillers d’orientation qui souhaitent
œuvrer en milieu universitaire doivent faire preuve de maturité professionnelle.
Cette maturité relève tout d’abord d’une connaissance de soi pouvant s’appuyer
sur la reconnaissance de ses propres limites en contexte de relation d’aide, la
présence d’un esprit autocritique permettant à la personne pouvoir réellement se
questionner sur elle-même, ainsi qu’une maturité plus spécifiquement affective
en termes de pouvoir accueillir et gérer ses propres émotions lorsqu’elles
émergent en situation d’intervention. Pour les personnes rencontrées, la maturité
professionnelle doit initialement reposer sur une intégration clinique implique
une certaine période de résidence en milieu de pratique. Le milieu de pratique
universitaire dont il est question ici propose à tous ces nouveaux c.o. de pratiquer
de façon continue pendant un an à raison de trois jours par semaine de manière
à se confronter à une hétérogénéité de problématiques rencontrées et au travail
sur soi qui s’accompagne à cela sur une base quotidienne. Cette période de
résidence permet également aux professionnels de l’orientation de bénéficier de
l’encadrement d’un superviseur clinique chargé d’offrir une aide personnalisée et
ponctuelle en situation d’action, de même que de pouvoir participer à des
réunions cliniques avec l’ensemble des professionnels rattachés aux services
d’orientation. L’intérêt pour un tel engagement figure parmi les principales
qualités recherchées.
Sur le plan des compétences relationnelles, il importe selon les personnes
rencontrées que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation soient
capables d’entrer en relation avec différents types d’individus et être capable
d’empathie auprès de ces derniers. Ils doivent également comprendre
l’intentionnalité guidant leurs interventions et être capables d’une ouverture
authentique de soi auprès de l’autre. Compte tenu de la variété des clientèles et
des différents niveaux de problématiques, le finissant et le conseiller d’orientation
doivent posséder suffisamment de connaissances en psychopathologie pour bien
évaluer et reconnaître leurs limites en contexte d’intervention. En fait, le conseiller
d’orientation recherché doit pouvoir raisonner comme un professionnel et non
comme un technicien. À cet égard, il doit avoir non seulement une notion claire
de la manière de conduire un processus d’orientation, mais également pouvoir
poser une évaluation personnalisée et adaptée à chaque client de manière à ne
pas travailler à la manière d’un automate. Enfin, compte tenu du niveau de
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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scolarité et de la diversité des réalités psychologiques, mais aussi
informationnelles avec lesquelles il doit composer, le conseiller d’orientation doit
faire preuve d’une grande curiosité intellectuelle et d’une culture générale
étendue.
Les forces et les faiblesses des nouveaux
Les forces et les faiblesses des finissants d’études supérieures en orientation et de
nouveaux conseillers d’orientation sont passablement décrites en filigrane au-
travers des défis, des préoccupations et des compétences recherchées
mentionnées jusqu’à présent. Au niveau des forces, les personnes rencontrées
jugent que ces étudiants et jeunes professionnels possèdent généralement une
bonne capacité à faire usage de compétences relationnelles en contexte de
counseling. Au niveau des aspects à développer davantage, il est question de
maturité professionnelle, de connaissance de soi en situation d’intervention, de
reconnaissance de ses propres limites, de maturité affective, de curiosité et de
culture générale. À cela s’ajoute le manque d’expérience au plan clinique à la
sortie des études universitaires, ainsi qu’une conception claire d’un processus
d’orientation et de la capacité de porter un jugement professionnel relatif à sa
propre évaluation d’une situation.
Les suggestions qu’ils nous adressent …
Fil conducteur de l’ensemble des propos amenés par les personnes rencontrées,
l’intégration d’une plus grande maturité professionnelle constitue la première
suggestion formulée pour le développement de futurs programmes de maîtrise
en orientation. Le moyen privilégié pour développer cette maturité
professionnelle consiste en l’intégration d’une phase de résidence au sein du
curriculum de formation. Entre autre, il est proposé l’intégration d’une période de
résidence implique une pratique continue et à temps plein, à raison de trois jours
par semaine durant un an. Celle-ci devrait prévoir la confrontation des étudiants
à une pluralité de clientèles et de problématiques, ainsi qu’à des occasions
nombreuses de supervisions et de réunions cliniques.
En termes de cours théorique, il est proposé d’intégrer un cours d’épistémologie
ou d’introduction spécifique à l’orientation professionnelle impliquant une
exposition rapide aux réalités du travail de relation d’aide propres à ce domaine.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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La formation devrait également permettre l’élaboration d’un portfolio de ses
apprentissages sous la forme de bilan personnel, de découvertes à la réalisation
de processus d’orientation appliqué à autrui, mais également à soi-même. Ce
type de démarche pourrait, de l’avis des personnes rencontrées, se réaliser à plus
d’un moment tout au long des études, par l’attribution d’un crédit universitaire
de formation à la fois, de manière à assurer un suivi de progression et de
réflexion continues. Lors des stages d’étudiants à l’extérieur de l’université, il
pourrait être intéressant de prévoir un séminaire pour les stagiaires intégrant des
études de cas et de soi-même en situation de pratique, ainsi que l’intégration
d’éléments personnalisés d’intégration professionnelle. À propos de ces stages, il
importe que ceux-ci impliquent un développement professionnel réalisé auprès
du plus grand nombre de milieux de pratique, mais également une accréditation
plus formelle et conforme des superviseurs en milieu de stages de manière à
s’assure de la qualité de l’encadrement offert à cet égard. Enfin, il est suggéré que
les cours de psychométrie offrent plus d’applications cliniques. Plus
concrètement, il est fait mention d’un souci d’enseignement au niveau de la
manière de s’approprier un test autrement que par sa construction mécanique,
de pouvoir vérifier des hypothèses dans l’action, ainsi que d’approfondir les
questions de rédaction de rapports d’évaluation et de communication de
résultats auprès de personnes en démarche d’orientation.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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Points de convergence
Cette dernière section expose les principaux points de convergence relevée au
sein des propos de participants de tous les secteurs de pratique. Cela peut ainsi
permettre au lecteur d’avoir une perspective globale et possiblement nouvelle du
rôle contemporain des conseillers d’orientation.
Ce qu’ils nous ont dit sur le travail et ses défis …
 Un profil de clientèle plus diversifié
Bien qu’un milieu puisse apparaître assez spécifique quant à la clientèle à qui il
offre des services d’orientation, la réalité est toute autre. Les problématiques
d’orientation varient au sein même de ces groupes de par l’âge, le statut
socioéconomique et les problèmes personnels et sociaux rattachés aux clientèles.
C’est entre autre le cas de la clientèle immigrante de plus en plus importante
dans tous les secteurs de pratique traités dans ce rapport.
 Un besoin de qualification en santé mentale et troubles d’apprentissage
Des participants de tous les milieux ont mentionné voir, année après année, une
proportion croissante de clients aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Les raisons de cet accroissement ne sont pas abordées explicitement par les
participants. Ce qui est toutefois clair de leur part, c’est importance de pouvoir
posséder plus de connaissances cliniques à cet effet de manière à mieux
intervenir ou recommander des personnes aux prises avec des problèmes de
dépression, d’anxiété généralisée, de troubles bipolaires, de personnalités limites,
etc. Plus particulièrement dans le milieu scolaire, mais également en
employabilité et en réadaptation professionnelle, il s’ajoute l’importance
d’aborder ces mêmes préoccupations et ces mêmes besoins par rapport aux
personnes aux prises avec des problèmes de déficit d’attention, d’hyperactivité et
de troubles d’apprentissage.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
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 La recherche de modèles d’intervention plus globaux
Les interventions des conseillers d’orientation sont ainsi de plus en plus
diversifiées et complexes sur la seule prise en compte de l’émergence de
clientèles nouvelles et plus difficiles à aider selon les approches classiques de
l’orientation. À cela s’ajoutent également des conditions de travail en pleine
transformation. Le conseiller d’orientation ne travaille plus seul. Il doit savoir
jouer un rôle-conseil au sein de son milieu, auprès de partenaires de la
collectivité locale et institutionnelle, tout en pouvant gérer les cadres et les
réglementations imposés par des institutions et des organismes publics. C’est
pourquoi des participants de tous les milieux ont souligné avoir dû concevoir et
appliquer de nouveaux modèles d’intervention « maison » de manière à survivre
professionnellement dans un environnement de plus en plus exigeant au niveau
du temps dévolu, du cadre et des règles qui englobent l’intervention.
 L’orientation comme stratégie d’adaptation aux enjeux de vie personnelle,
professionnelle et sociale
Dans plusieurs milieux, il a été question que les besoins des clientèles en
orientation professionnelle ne soient plus autant ceux de faire des choix scolaires
et professionnels ou d’élaborer des projets d’avenir, mais bien de « faire face » à
des situations de parcours de vie. À maintes reprises, il a été question de services
de « ré » orientation, d’adaptation et de réadaptation professionnelle. Ainsi, les
services de conseillers d’orientation ne semblent plus autant viser la préparation
d’une trajectoire vers un avenir porteur d’espoirs, mais plutôt le développement
de compétences personnelles par l’identification et la mise en œuvre de
stratégies permettant de cheminer au sein d’un parcours de vie quotidienne,
composé de réalités et de contraintes souvent nombreuses. C’est notamment ce
que nomment de nombreux participants lorsqu’ils soulignent que leur travail
implique le développement d’une perspective de soi et du monde plus réaliste
chez les clients, la gestion de deuils, l’accompagnement en situation de
transitions de vie scolaire et professionnelle, la prise en compte de dommages
collatéraux au plan psychologique et relationnel.
Enfin, bien qu’il ne puisse s’agir de points de convergence pour tous les secteurs
de pratique, il a été question à quelques reprises de la présence grandissante des
parents lors de la réalisation de services d’orientation auprès d’adolescents et de
jeunes adultes. À cet égard, il faut faire mention de la combinaison entre rôle de
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
29
parent et statut d’immigrant où ce phénomène d’implication dans la démarche
de son enfant est accentué selon des normes et des valeurs culturelles différentes
où le rôle parental peut s’avérer différent.
Ce qu’ils nous ont dit sur les compétences recherchées …
 La maturité personnelle et professionnelle
Le type de compétence le plus recherché parmi les participants rencontrés porte
sur la maturité personnelle et professionnelle. Souvent rapporté en termes de
« posséder une bonne connaissance de soi », l’explicitation des propos démontre
bien qu’il s’agit non pas ici de connaître ses traits de personnalité que de savoir
composé avec soi-même et en interaction avec autrui. Pour les participants, le
conseiller d’orientation doit pouvoir d’abord se connaître et se gérer lui-même au
plan psychologique. Il doit autant pouvoir être capable d’identifier des
problématiques et d’engager des interventions adaptées chez autrui, qu’il doit
être suffisamment apte, honnête et autocritique pour le faire sur lui-même. Au
plan interpersonnel, il doit pouvoir reconnaître les émotions qui l’habitent en
situation d’intervention de manière ajustée et pertinente.
 L’affirmation professionnelle
Les milieux de travail où nous avons rencontrés les participants de l’enquête
mentionnent clairement rechercher des finissants et des nouveaux conseillers
d’orientation qui puissent se positionner professionnellement en regard de ce
qu’ils posent comme intervention, tout comme il est attendu qu’ils peuvent
expliquer et défendre leurs choix auprès de clients, de collègues, de supérieurs et
de mandataires. À nouveau, cette compétence se situe à la frontière du personnel
et du professionnel puisqu’elle s’associe à la confiance en soi, à la conviction dans
ses principes et ses valeurs, dans la capacité de s’engager, de s’impliquer, de se
confronter aux autres et de se confronter soi-même.
 La capacité de communiquer à différents niveaux
À plusieurs moments, mais sur des thèmes et des enjeux de pratique différents,
les participants nomment l’importance à ce que les finissants et les nouveaux
conseillers d’orientation puissent communiquer aisément avec les personnes avec
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
30
qui ils doivent interagir, développer des liens et convaincre de leurs idées. Au-
delà de savoir communiquer auprès de son client en contexte de relation d’aide,
il est également mentionné l’importance de pouvoir intervenir en groupe. Il
s’avère également important de pouvoir utiliser ses compétences relationnelles
pour établir des liens avec des collègues, des partenaires et tout autre acteur
avec qui il importe d’interagir pour s’affirmer et s’afficher au sein de son milieu de
travail. Cela vaut autant pour l’aspect relation d’aide du travail de professionnel
de l’orientation, que pour la capacité d’organiser des événements et de participer
à des activités d’information et de promotion de services. Tous ces contextes
peuvent bénéficier de la capacité des finissants et des jeunes conseillers
d’orientation à faire preuve de présence et d’écoute, de respect et d’empathie.
 La rédaction professionnelle
Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation sont informés plus haut de
l’importance de pouvoir communiquer oralement à plus d’un niveau. Selon les
propos recueillis, il semble en être de même au niveau de la communication
écrite. De l’avis de nombreux participants, les conseillers d’orientation doivent
pouvoir affirmer leur professionnalisme par un écrit précis au plan du vocabulaire,
claire au niveau de la synthèse, fluide au plan de l’argumentation des idées, ainsi
que consciencieux et rigoureux au niveau des informations transmises. En
contexte d’orientation, il importe d’être en mesure de produire des rapports
conformes à des normes, tout en étant claire pour les personnes appelées à en
faire la lecture.
 Des connaissances pratiques en santé mentale
Les participants de tous les milieux de pratique ont fait part de préoccupations à
l’égard d’un accroissement de la clientèle aux prises avec des problèmes de santé
mentale plus ou moins accentués. Dans tous les cas, il a été par la suite question
de l’importance à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation
puissent être mieux outillée à ce niveau afin de pouvoir offrir des services
d’orientation adaptés en conséquence. Jusqu’à présent, il est à constater que les
professionnels de l’orientation confrontés à de telles problématiques doivent
souvent aller chercher, par eux-mêmes ou par la formation continue en milieu de
travail, les connaissances nécessaires afin de bien comprendre leurs clients et de
pouvoir intervenir adéquatement auprès d’eux.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
31
 La curiosité et la culture générale
À plusieurs reprises, dans la plupart des milieux, les participants ont relevé
l’importance à ce que les professionnels de l’orientation maintiennent une solide
culture générale afin de bien comprendre les enjeux à la fois psychologiques,
mais également sociaux, politiques, culturels et environnementaux liés à leur
travail et à leurs clients. Il importe également qu’ils possèdent une grande
curiosité afin de mieux s’outiller de connaissances variées et diversifiées de façon
à affirmer leur ouverture sur les autres et sur le monde, aux différences, aux
changements et aux situations nouvelles.
Ce qu’ils nous ont dit sur les forces et les faiblesses des finissants et
nouveaux conseillers d’orientation …
Les forces
 Une bonne formation théorique de base
Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation semblent être reconnus
pour leur intérêt et leur motivation à apprendre de nouvelles connaissances et à
expérimenter de nouveaux apprentissages. Au départ, ils apparaissent arriver
avec une bonne formation de base au plan théorique, ainsi qu’en matière
d’information scolaire et professionnelle, ainsi que de psychométrie. Ils accordent
aussi beaucoup d’importance au respect et à l’application de règles
déontologiques et éthiques.
 La maîtrise de certaines compétences relationnelles
Les participants reconnaissent aux finissants et aux nouveaux conseillers
d’orientation la capacité d’intervenir à l’aide de compétences relationnelles de
base (ex. : empathie, authenticité, etc.) et spécifiques (ex. : reflets, questions
ouvertes, résumés), sans toutefois leur reconnaître la maîtrise de compétences
plus avancées (ex. : confrontation, interprétation, etc.).
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
32
Les limites (points à développer)
 Difficultés à faire progresser la dynamique d’un processus et du client
Il est certes reconnu chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation
qu’ils peuvent engager une relation d’aide et aider un client à réfléchir sur son
parcours, ainsi que sur certains thèmes significatifs. Toutefois, plusieurs
participants notent un certain point de limites en termes de compétences lorsque
vient le temps de mobiliser leur client ou lorsque vient le moment de gérer des
situations d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients.
 L’inconscience et l’évitement de ses angles morts
Se voir intervenir, se voir réagir, se voir ressentir, voilà globalement le type de
commentaires formulés à titre de limite ou de manque chez les finissants et les
nouveaux conseillers d’orientation. De plus, il est mentionné dans certaines
occasions des situations où le conseiller d’orientation évite de se confronter en
renonçant à s’engager et à s’ouvrir auprès de certains clients ou certaines
problématiques. À ce propos, il y a là place au développement d’une plus grande
compréhension empathique de soi par la remise en question de vérités
universelles et par l’autocritique en matière d’évaluation de ses interventions.
 Le manque d’expérience pratique
En effet, il est naturellement possible de s’attendre à ce que les finissants et les
nouveaux conseillers d’orientation puissent manquer de pratique. C’est là le lot
de la plupart des étudiants ou personnes récemment sorti des études.
Néanmoins, les propos amenés portent sur des éléments spécifiques tels que le
nombre d’heures passées en milieu de pratique, la capacité de concevoir une
intervention en orientation et celle de porter un jugement professionnel. Dans
l’un des milieux, les participants relevaient la possibilité que le manque de
confiance de plusieurs serait pourrait justement s’associer au manque d’heures
de pratiques et à la diversité des problématiques rencontrées.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
33
 Le manque de curiosité et de culture générale
Les participants de trois milieux sur les quatre rencontrés ont évoqué un certain
manque en termes de curiosité et de culture générale chez les finissants et les
nouveaux conseillers d’orientation. Dans chacun des milieux, certains types de
connaissances, qu’elles soient d’ordre technique ou conceptuel, sont importantes
pour exercer ses fonctions de travail. Le manque rapporté concerne le fait qu’il
serait davantage attendu que les étudiants inscrits à des programmes d’études
supérieures en orientation soient d’une part mieux formés à ces connaissances
spécifiques aux principaux secteurs de pratique en orientation, mais également
que les futurs professionnels puissent avoir par eux-mêmes développer une plus
grande curiosité.
Ce qu’ils nous suggèrent …
 Valoriser les apprentissages pratiques
Les participants souhaitent voir les finissants réaliser différents types de
processus d’orientation, de durée variable et s’appuyant sur différentes
approches et différents modèles, de manière à ce qu’ils puissent s’adapter à
différents contextes. À ce propos, il est suggéré également de mettre en place
un programme de maîtrise avec tronc commun et option de choix de
spécialisation de manière à permettre à chaque étudiant de choisir un type
d’intervention ou de clientèle cible respectant ses intérêts (clientèle jeune ou
femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.) Enfin, il est question d’accroître le
nombre d’heures de stages en milieu de pratique, que ce soit d’abord par des
stages d’observation ou des stages plus courts, afin qu’ensuite la présence soit
plus assidue au point même de considérer une période de résidence en fin
d’études de maîtrise.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
34
 Transmettre des connaissances centrées sur les enjeux et les
problématiques courantes en orientation professionnelle
Dans les différents milieux de pratique où a été menée l’enquête, il est maintes
fois question d’intégrer des contenus d’apprentissages théoriques qui soient plus
en lien avec des phénomènes, des problématiques ou bien de procédés de travail
spécifiques à certains secteurs de pratiques : transition, indécision, anxiété et
stress, décrochage, précarité, chômage, dépendance étatique, système éducatif et
réforme en éducation, troubles de santé mentale). Pour les participants, il importe
également de considérer que le travail des conseillers d’orientation s’opère aussi
en counseling de groupe, sinon en contexte d’animation et de présentation
devant un public. À ce propos, il importe de considérer que les différentes
compétences théoriques et pratiques des conseillers d’orientation puissent
également être ainsi exprimées de manière efficace et novatrice. Enfin, il est
question d’inclure un cours d’épistémologie ou d’introduction spécifique à
l’orientation professionnelle impliquant une exposition rapide aux réalités du
travail de relation d’aide propres à ce domaine.
 Favoriser le développement personnel de l’étudiant
Dans l’idée que le principal outil de travail des conseillers d’orientation est leur
propre personne, il est proposé de choisir des stratégies pédagogiques qui
puissent élever leur sens critique et le pouvoir d’affirmation personnelle des
étudiants par des occasions de confrontation de soi-même en contexte de
relation interpersonnelle. Il est également considéré l’idée de mettre en place des
moyens concrets afin de confronter les étudiants à des situations souvent
difficiles en orientation professionnelle telles que celles d’impasses relationnelles.
De plus, un journal ou un port folio de ses apprentissages et de ses expériences
pratiques devrait être suggéré aux étudiants de manière à les amener à faire le
point sur eux-mêmes tout au long de leur parcours de formation.
 Diversifier les modalités d’encadrement des étudiants
Tout d’abord, à l’université il est suggéré de mettre en place des mesures de
soutien et d’encadrement des étudiants au-travers de leur parcours, que ce soit
sous forme de tutorat par un professeur, de mentorat par un professionnel ou de
coaching individuel. Durant les périodes de stage à l’extérieur, l’université
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
35
pourrait également être le lieu de séminaires de pratique où il serait alors
possible d’échanger et d’intégrer ses apprentissages en situations réelles. En
stage, il demeure toutefois important que les universités puissent s’assurer que
leurs étudiants peuvent être confrontés à une pluralité de clientèles et de
problématiques, ainsi qu’à des occasions nombreuses de supervisions et de
réunions cliniques dans le milieu. En ce qui concerne les superviseurs, il est à ce
propos suggéré de viser des normes d’accréditation de manière à assurer la
conformité et la qualité de l’encadrement à l’externe.
 Participer et s’impliquer plus activement dans la formation des étudiants
Il est jugé souhaitable que les professeurs et les chargés de cours puissent eux
aussi participer aux situations pratiques qu’ils proposent de manière à fournir une
occasion de modelage pour les étudiants. Également, il est souhaité que ces
derniers soient plus impliqués dans leur programme d’études, dans leur
profession, de même qu’ils abordent davantage des connaissances en lien avec
leurs propres travaux de recherche. Cette attitude peut même, de l’avis de
certains participants, procurer un dynamisme contagieux à la fois aux étudiants
du programme, ainsi qu’au sein du programme lui-même.
 Établir des occasions de dialogue et de travail entre l’université et la
pratique
Il est suggéré d’inviter davantage les praticiens à venir parler de leur travail et de
leur secteur de pratique aux étudiants de deuxième cycle, de même que d’inviter
les professeurs à venir faire de même auprès d’eux. À un niveau plus avancé, il est
proposé d’envisager des occasions régulières d’échange, le développement de
projets communs de formation et de recherche.
 Intégrer la pratique de la psychométrie aux pratiques du counseling
En fonction des problématiques et des types de clientèles qu’ils rencontrent, les
conseillers d’orientation doivent choisir les outils psychométriques les mieux
adaptés. Pour se faire, il importe que les finissants puissent non seulement
connaître et savoir utiliser les instruments psychométriques les plus souvent
utilisés en orientation et dans ses principaux secteurs de pratique (GROP, Strong,
WAIS, NEO, EG, Hooper, Raven, JVIS), mais également connaître les dernières
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
36
nouveautés disponibles. D’une part, il est reconnu l’importance d’être formé au
choix éclairé d’instruments psychométriques en regard d’une situation
d’intervention donnée (valeur, efficacité, limites, analyse critique). D’autre part, il
est tout de même considéré que la majeure partie du temps de formation en
psychométrie devrait miser sur des mises en situation d’interprétation des tests
de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses habiletés
à utiliser les bons mots et ultimement à produire des rapports d’orientation
adaptés aux pratiques.
 Proposer plus de recherche pratique
Pour les praticiens rencontrés, les compétences en recherche transmises à la
maîtrise devraient servir l’avancement de sa pratique professionnelle. Par
conséquent, il est proposé d’offrir aux étudiants des occasions de travaux de
recherche leur permettant d’approfondir certains thèmes ou sujets propres à
leurs intérêts dans les milieux de pratique. Également, parmi les différents types
de recherches, il est suggéré de mettre davantage d’efforts pour amener les
étudiants à faire des recherches-actions ou autres qui permettent l’intégration de
connaissances au travers de la pratique. Enfin, il a été proposé de considérer
d’intégrer le projet de recherche au sein même du stage de fin d’études, de
manière à enclencher dès ce moment le questionnement sur des voies possibles
de développement de connaissance en milieu de travail.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
37
Conclusion
Ce rapport présente les résultats d’une enquête menée auprès de 35
professionnels rattachés à des services d’orientation dans les quatre secteurs
suivants, soit l’employabilité, la réadaptation professionnelle, l’ordre
d’enseignement secondaire et l’ordre d’enseignement universitaire. Au travers
des quatre premières sections du rapport, il est possible de prendre
connaissances des opinions des participants pour chaque secteur et milieu de
pratique, dont notamment : les défis et les préoccupations du milieu ; les
compétences recherchées ; les forces et les faiblesses des finissants et des
nouveaux conseillers d’orientation ; les suggestions formulées pour le
développement d’un programme de maîtrise en carriérologie le plus adapté aux
réalités et aux besoins de la pratique. La dernière et cinquième section du rapport
présente les points de convergences entre les opinions des participants des
quatre milieux de pratique et ainsi de soulever des pistes de développement,
sinon de réflexion dans le cadre des travaux visant l’élaboration d’un programme
de maîtrise spécialisé en carriérologie.
Dans chacune des sections, les résultats de l’enquête témoignent de l’importance
conférée au développement personnel de l’étudiant lors de l’entrée sur le marché
du travail. L’équilibre personnel, la maturité professionnelle ou encore une
connaissance de soi confrontée à des situations interpersonnelles d’intervention
sont quelques-uns des propos rapportés par les participants. Il est également
question pour chaque type de pratique de la diversification des clientèles
desservies, ainsi que le recours à des compétences qui de plus en plus débordent
les cadres de la formation initiale. Parmi les enjeux les plus souvent rapportés à
cet effet, il est possible de retenir l’intervention auprès de personnes aux prises
avec des problèmes de santé mentale ou de troubles d’apprentissage, celle
auprès des clientèles immigrantes, ainsi qu’une pratique de plus en plus centrée
sur la réorientation, l’adaptation et la réadaptation professionnelle que sur des
enjeux de choix ou de projets professionnels. Enfin, les professionnels ayant
participé à l’enquête sont nombreux à souhaiter une part accrue de pratique
professionnelle avant la sortie des études de manière à amener les étudiants à
pouvoir davantage se confronter aux différentes problématiques et clientèles, à
profiter d’une plus grande variété d’occasions d’encadrement de supervision, tout
en devenant plus mature au plan professionnel.
Pour convenir de la valeur et de la portée des résultats exposés, ainsi qu’aux
éléments de convergence présentés entre les quatre milieux de pratique de
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
38
l’orientation présentés ici, il importe de reconnaître les limites de la démarche.
D’abord, les résultats ne sont pas représentatifs de la réalité des quelque 2400
conseillers d’orientation répartis à l’ensemble du Québec. L’échantillon de
participant n’est d’une part que de 35 personnes, il ne couvre que 4 secteurs de
pratique et les organisations rencontrées sont toutes situées dans la grande
région de Montréal. De plus, le nombre de participants par secteur de formation
n’est pas proportionnel à l’ensemble des conseillers d’orientation québécois. Un
nombre plus élevé de participants, une meilleure représentation des différents
champs de pratique de l’orientation, ainsi d’une répartition plus proportionnelle
selon les secteurs de pratique et la région auraient certainement pu amener des
résultats possiblement très différents, du moins nettement plus spécifiques. De
plus, le questionnaire utilisé est non standardisé, la cueillette des données ne
respecte pas un protocole clair quant aux types d’information à relever et le
chercheur-animateur de discussion est lui-même conseiller d’orientation, ce qui
peut avoir un impact sur les participants au niveau de la désirabilité sociale
positive.
L’enquête demeure néanmoins passablement conforme au niveau de la
démarche entreprise, de l’administration du questionnaire au-travers de
discussions de groupes semi-dirigées, de la saisie de données qualitatives, ainsi
que de la démarche d’analyse des résultats. De plus, cette enquête n’avait
aucunement pour prétention d’être scientifique.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
39
Annexe 1 – La lettre d’invitation
9 octobre 2009
Organisation
A/S Membres de la direction
A/S Conseillères et conseillers d’orientation
Adresse
Madame, Monsieur,
Au cours de la prochaine année, les professeurs de la section carriérologie de
l’Université du Québec à Montréal vont travailler au développement d’un
nouveau programme de maîtrise spécialisée en carriérologie. Dans le but de
mieux arrimer le futur contenu de ce programme avec les besoins et les
préoccupations des milieux de pratique, nous souhaiterions l’avis de gens de
terrain comme VOUS ! La démarche proposée est simple :
Un groupe de discussion composé de 6 à 10 conseillers d’orientation et/ou
membres de direction rattachés à des services d’orientation;
Réalisé dans votre milieu de travail (aucun déplacement) avec la présence d’un
professeur de la section carriérologie de l’UQAM, également conseiller
d’orientation ;
Une discussion en trois temps : 1) vos besoins et vos préoccupations en tant
qu’organisation relativement aux enjeux et problématiques actuelles qui
influence les services de conseillers d’orientation; 2) les forces et les points à
améliorer que vous relevez chez les stagiaires de 2ième
cycle et les jeunes c.o. que
vous embauchez à la sortie des études de maîtrise; 3) vos suggestions quant aux
avenues à prendre ou quant aux types de contenu pédagogique à insérer dans
une formation de conseiller d’orientation arrimé aux besoins des milieux de la
pratique.
Les retombées possibles pour vous sont les suivantes : a) établir un dialogue avec
le milieu universitaire pour faire entendre vos besoins et vos préoccupations
quant à la qualification de conseillers d’orientation; b) développer un contact
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
40
privilégié pour la venue de futurs stagiaires ou de diplômés, pour le
développement de projet commun ou pour l’échange d’information sur nos
milieux respectifs.
Au cours des prochains jours, je communiquerai avec vous pour connaître votre
intérêt à participer à cette initiative. D’ici là, je vous offre mes salutations
respectueuses.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur, en carriérologie, UQAM
(514) 987-3000, poste 3994
Cournoyer.louis@uqam.ca
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling),
Département d’éducation et de pédagogie, UQAM
41
Annexe 2. Le questionnaire d’enquête.
Questionnaire
Ce questionnaire vise à connaître votre opinion professionnelle à l’égard de la
qualification d’étudiants et de diplômés de 2e cycle universitaire en carriérologie
ou orientation professionnelle. Le questionnaire est anonyme et les données
recueillies n’ont pas pour objet d’être publiées.
1. Formation et emploi
 Quel emploi exercez-vous actuellement ?
 Quelle formation complétée (si non complété,
l’indiquer) vous a permis d’obtenir l’emploi que vous
occupez actuellement?
 À quelle institution avez-vous fait vos études de
baccalauréat?
 À quelle institution avez-vous fait vos études de
maîtrise (s’il y a lieu) ?
2. Dans vos mots, quels sont les réalités et les besoins qui caractérisent le
plus votre milieu de pratique (clientèle, conditions de services aux
clientèles, problématiques, etc.) ?
Enquête auprès des employeurs en développement de carrière - rapport final

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  • 1. L’opinion des praticiens de l’orientation sur la qualité de la relève en orientation professionnelle Ce qu’ils nous ont dit! Projet de groupes de discussions visant l’arrimage des besoins et des préoccupations des milieux de pratique avec ceux de la formation universitaire de 2ième cycle en carriérologie Initiative proposée et réalisée par Louis Cournoyer, Ph. D., c.o. Professeur Département d’éducation et pédagogie Université du Québec à Montréal 7 janvier 2010
  • 2. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 2 Sommaire Introduction........................................................................................................................................4 Le cas de l’orientation en employabilité..................................................................................6 Le travail et ses défis...................................................................................................................6 Les compétences recherchées.................................................................................................8 Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................10 Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................11 Le cas de l’orientation en réadaptation professionnelle.................................................13 Le travail et ses défis................................................................................................................13 Les compétences recherchées..............................................................................................14 Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................15 Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................16 Le cas de l’orientation au secondaire.....................................................................................17 Le travail et ses défis................................................................................................................17 Les compétences recherchées..............................................................................................19 Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................20 Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................20
  • 3. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 3 Le cas l’orientation à l’université..............................................................................................22 Le travail et ses défis................................................................................................................22 Les compétences recherchées..............................................................................................24 Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................25 Les suggestions qu’ils nous adressent …..........................................................................25 Points de convergence................................................................................................................27 Ce qu’ils nous ont dit sur le travail et ses défis ….....................................................27 Ce qu’ils nous ont dit sur les compétences recherchées … ..................................29 Ce qu’ils nous ont dit sur les forces et les faiblesses des finissants et nouveaux conseillers d’orientation … ...........................................................................31 Ce qu’ils nous suggèrent … ..............................................................................................33 Conclusion .......................................................................................................................................37 Annexe 1 – La lettre d’invitation ..............................................................................................39 Annexe 2. Le questionnaire d’enquête..................................................................................41
  • 4. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 4 Introduction En septembre 2009, des membres du corps professoral de la section Carriérologie du département d’éducation et de pédagogie (DEP) de l’Université du Québec à Montréal ont amorcé un travail de réflexion visant le développement d’un nouveau programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. En parallèle à ces rencontres, différentes initiatives ont été menées auprès de groupes ciblés (chargés de cours, diplômés, praticiens) afin d’alimenter leur réflexion. L’enquête conçue et réalisée par Louis Cournoyer, professeur de counseling à la section carriérologie du département d’éducation et de pédagogie à l’Université du Québec à Montréal avait pour objectif général de : identifier des indicateurs relativement fiables de la réalité de pratique en orientation professionnelle afin d’alimenter un travail d’élaboration et de développement d’un programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. Les objectifs spécifiques de l’enquête étaient quant à eux de 1) recenser les propos de professionnels de l’orientation de différents secteurs de pratique dans la région de Montréal sur les réalités et les enjeux des services en orientation professionnelle et de 2) discuter de points de convergence parmi les propos des professionnels de ces différents secteurs. Ce rapport fait état des résultats d’une enquête menée à l’automne 2009 auprès d’une quarantaine de conseillers d’orientation. L’échantillon de participants a été sélectionné, de manière ciblée, au sein de quatre secteurs de pratique pour lesquelles les diplômés du programme actuel de maîtrise en carriérologie sont les plus sujets à se retrouver une fois sur le marché du travail : réadaptation professionnelle auprès de personnes handicapées physiquement et psychologiquement; développement de l’employabilité; orientation de jeunes inscrits au réseau d’études secondaires; orientation auprès d’étudiants universitaires. Le recrutement des participants s’est réalisé auprès d’organisations où il est possible de retrouver plus de quatre conseillers d’orientation. Dans un premier temps, un certain nombre de milieux ont été ciblé à partir de la connaissance des milieux et de certains contacts de la part de la professeure Edwidge Desjardins et du professeur Louis Cournoyer, tous deux associés à la section carriérologie du DEP de l’UQAM. Dans un deuxième temps, un certain nombre de milieux ont été priorisés selon des critères de variété entre les types d’organisation et de présence d’un nombre supérieur de conseillers d’orientation. Dans un troisième temps, une lettre a été transmise par courrier électronique aux directions de ces milieux, ainsi qu’auprès de personnes-ressources ciblées, puis dans un quatrième
  • 5. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 5 et dernier temps un contact de suivi par téléphone a été réalisé de manière à valider l’intérêt des milieux pour une participation au projet, ainsi que l’identification d’une date et d’un lieu de rencontre. La cueillette de données discursives s’est opérée lors de quatre séances de groupes de discussions ont été réalisées. La durée de chaque séance varie entre 1h30 et 2h15. Le nombre de participants à chacun de ces groupes variait de 5 à 16 personnes pour un total de 35 participants, tous impliqués dans l’offre de service de counseling de carrière. Le contenu des groupes de discussions portait sur les quatre questions suivantes auxquelles des relances étaient ensuite formulées auprès des participants de manière à approfondir, à spécifier ou encore à clarifier le propos : 1. Quels sont vos réalités et vos besoins actuels dans le cadre de votre pratique professionnelle ? 2. Quelles sont les principales compétences requises et recherchées chez des finissants de deuxième cycle et chez de nouveaux conseillers en orientation ? 3. Quelles sont les forces et les faiblesses que vous observez chez les finissants de deuxième cycle et les nouveaux conseillers en orientation ? 4. Quelles seraient vos suggestions pour l’élaboration d’un programme de maîtrise en carriérologie adapté aux réalités de la pratique professionnelle actuelle des conseillers d’orientation ? L’analyse des données de l’enquête n’emprunte pas des procédés suffisamment rigoureux pour être qualifiée de scientifique. Sans être enregistrés sous format vidéo ou audio, les propos des participants ont été transcrits sur papier tout au long de l’entretien. Par la suite, ces transcriptions ont été classées et organisées selon leur lien avec les quatre questions principales mentionnées plus haut. Enfin, des regroupements de propos ont été réalisés de manière à relever des rubriques de contenus. Le présent rapporte les résultats sous forme de rubriques de propos recueillis pour les quatre questions principales abordés dans le cadre de séances de discussion de groupes. Les quatre premières sections du rapport exposent dans l’ordre 1) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en développement de l’employabilité; 2) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en réadaptation professionnelle; 3) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation au secteur public d’enseignement secondaire et 4) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation au secteur public d’enseignement universitaire. La dernière partie du rapport propose une synthèse des propos en faisant ressortir les points de
  • 6. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 6 convergence des quatre milieux de pratique. En annexe, le lecteur pourra prendre connaissance du modèle de lettre transmis aux participants lors de la phase de recrutement, ainsi que le questionnaire d’enquête ayant servi à guider les séances de discussion. Le cas de l’orientation en employabilité Les informations rapportées dans cette section proviennent de cinq conseillères d’orientation et d’un conseiller en développement de carrière. Le travail et ses défis Travailler en employabilité lorsque l’on agit à titre de conseiller d’orientation, c’est s’ouvrir à une panoplie de clientèles à statut précaires. La majorité des organismes d’employabilité offrant des services d’orientation travaillent avec des clientèles ciblées en regard de leur statut économique : chômeurs, assistés sociaux, personnes sans revenus. Dans le cas des clientèles plus jeunes, ce sont plus souvent ceux qui ne fréquentent plus l’école qui vont chercher de l’aide dans ces organismes. En employabilité, les conseillers d’orientation sont plus souvent appelés à intervenir dans des situations de « ré » orientation que d’orientation professionnelle. Suite à une série d’échecs et de pertes d’emploi, plusieurs vont chercher de l’aide pour se réinsérer professionnellement, tout en cherchant un moyen de traverser les difficultés et les deuils rattachés à des événements difficiles. Il est également à souligner que les clientèles qui consultent en orientation dans les organismes d’employabilté n’en sont souvent pas à leur première expérience de ce type de rencontre. À l’école secondaire le plus souvent, ils ont souvent déjà rencontré un conseiller d’orientation par le passé. Certains l’ont parfois même fait au sein d'autres organismes, parfois le même de façon à poursuivre une démarche en raison d’une rupture professionnelle. De plus, il est de plus en plus fréquent travailler avec des personnes très limitées au plan de la scolarité, soit dont la dernière année de fréquentation scolaire relève du secondaire 1 ou 2.
  • 7. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 7 La question des besoins financiers des clients occupe une place très importante au sein de ce type de relation d’aide. Le choix d’une carrière n’est pas tant un enjeu d’intérêts, de valeurs et de perspective pour le reste de sa vie qu’un besoin de survie économique à plus court terme, fortement influencé par des enjeux de confiance et d’estime de soi, d’influences du réseau social, ainsi que de facteurs de réalité tels que le rôle parental, voir monoparental. Emploi Québec, en tant qu’institution gouvernementale, ressource en matière d’aide économique et de mesures d’aide à l’emploi joue un rôle important dans l’environnement de travail ces professionnels de l’orientation. Cela déterminera grandement les types d’intervention de référence des conseiller, dont à titre d’exemple : alternative jeunesse, bilan de compétences, recherche d’emploi, programmes et mesures gouvernementales diverses). De plus, Emploi Québec constitue généralement le principal bailleur de fonds des services rendus par ces organismes et de leur fonctionnement budgétaire. Les conseillers rencontrés notent que la lourdeur des problématiques de leur clientèle s’alourdit année après année. Tout d’abord, la clientèle immigrante y est toujours plus nombreuse et toujours plus diversifiée au plan de la culture et de l’origine. Entre autres, plusieurs des immigrants fréquentant l’organisme de ces conseillers ne peuvent communiquer en anglais, ce qui sur l’île de Montréal constitue un frein sérieux à l’emploi (la maîtrise de la langue française peut sans aucun doute constituer aussi un problème sérieux d’organismes situés à l’ouest de l’île). Une autre réalité propre aux immigrants avec laquelle il importe de composer se rapporte au sentiment de frustration et de tromperie dont ils se sentent victimes. Il est de fait de plus en plus public que la promotion de l’immigration au Canada dans les pays étrangers se fait le plus souvent sous le thème de pénuries sérieuses de main-d’œuvre. Or, une fois arrivés en sol canadien, les immigrants réaliseront que pénuries ou pas, l’accès à des emplois qualifiés et la reconnaissance de leurs expériences scolaires et professionnelles n’est que peu, voir pas du tout reconnue. À cela s’accompagne souvent la présence de comportement de procrastination, de déprime, de peur, de passivité, de difficulté à se mobiliser et de se projeter positivement dans l’avenir. Une autre clientèle de plus en plus croissante dans les organismes d’employabilité est celle des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. La dépression, les troubles bipolaires, les troubles limites ne sont que quelques-unes des problématiques auxquelles l’intervention des conseillers doit tenir compte. Notons également que ces situations s’accompagnent parfois d’une lourde médication, de consommations de drogues, ainsi que de plus en plus de dépendance au jeu. Finalement, les clientèles sont aussi de plus en plus âgées. L’instabilité économique et de l’emploi contribuent à rehausser le nombre de
  • 8. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 8 personnes de 40 ou de 50 ans ou plus qui doivent se réinsérer professionnellement. Les conseillers notent l’importance de faire appel à des modèles d’intervention plus globaux sur le plan des dimensions personnelles et sociales. Tels que l’indiquent les conseillers rencontrés, il importe de prendre en compte toutes ces problématiques n’ont pas à l’unité, mais assez souvent comme interreliées. Par exemple, la perte d’un emploi peut activer certaines fragilités au plan de l’estime et de la confiance en soi, ce qui ensuite peut avoir des incidences sur les relations avec soi-même et avec les personnes de l’entourage, ce qui à nouveau peut mener à des difficultés conjugales, parentales, sur fond de difficultés de plus en plus importantes au plan économique. Dans certains cas, cela va également jouer sur le plan de difficultés personnelles, telles que la faillite, la consommation d’alcool et de drogues, de jeu, de déprime, de dépression, d’anxiété et d’expression accrue de symptômes dysfonctionnels au plan psychologique. L’ensemble des éléments composant de telles problématiques pourrait être changé dans leur ordre, de manière à illustrer que les conseillers d’orientation doivent travailler avec une circularité de problèmes débordant la stricte réinsertion professionnelle. C’est pourquoi il semble y exister une tension paradoxale entre une demande pour des services d’orientation de plus en plus courts dans leur durée et la nécessité de travailler avec des problématiques de plus en plus complexes. De l’avis des conseillers rencontrés, il faut que les services d’accompagnent puissent se permettre de dépasser le cadre classique de trois à quatre rencontres prévu pour des personnes plus stables et plus aptes à intégrer un emploi ou de poursuivre une formation. Donc, autant il est jugé souhaitable d’envisager des interventions à plus long terme, autant il est jugé important de devoir rencontrer certains clients sur la base de deux rencontres ou plus par semaine, du moins à quelques périodes. L’enjeu de l’orientation en employabilité n’est ainsi pas tant la capacité de prendre une décision ou de faire un choix, mais de développer la capacité de mobilisation de la personne. Les compétences recherchées Les conseillers rencontrés laissent clairement comprendre qu’avant d’intervenir auprès d’une autre personne, le conseiller d’orientation doit pouvoir être outillé pour bien intervenir auprès de lui-même. Ainsi, la connaissance de soi constitue la compétence la plus importante selon eux parmi toutes celles que devrait posséder un finissant de deuxième cycle ou un jeune conseiller d’orientation. Il ne
  • 9. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 9 s’agit pas ici de se connaître au plan de ses intérêts, de ses valeurs ou de ses aptitudes, mais de pouvoir gérer son propre fonctionnement psychologique. À cet égard, il peut s’agir de pouvoir contrôler son impulsivité en situation de confrontation ou de critiques dirigées vers l’intervenant ou encore d’asseoir un jugement professionnel pouvant départager ses croyances, ses préjugés ou ses propres valeurs lorsque vient le temps d’évaluer la situation d’autrui. Cela renvoie ici à l’importance de l’ouverture de soi, la capacité de pouvoir demeurer empathique face à la situation de l’autre, à pouvoir clairement reconnaître ce qui nous appartient de ce qui plus objectivement se joue dans la situation du client. En lien avec cette connaissance de soi « appliquée », les conseillers rencontrés nomment également l’importance de bien doser son investissement personnel, soit de pouvoir autant s’engager personnellement dans une relation d’aide empathique, mais également de pouvoir éviter l’enlisement ou l’épuisement dans des problématiques mal évaluées et gérées. « Il faut de l’équilibre personnel et de la solidité entre les deux oreilles » nommera l’une des conseillères d’orientation rencontrées. En plus de se connaître, les professionnels rencontrés nomment l’importance de pouvoir s’affirmer avec confiance et conviction face aux clients, aux collègues, ainsi qu’à d’autres intervenants. C’est donc une question selon eux d’être capable d’affirmer ses propres besoins et ses propres sentiments aux clients ou à d’autres, de se maintenir dans une attitude authentique et empathique, ainsi que de reconnaître et s’assumer son expertise, soit autant reconnaître ses limites, que de réellement se positionner comme professionnel. Pour eux, l’engagement personnel requis dans un processus d’orientation repose sur la capacité de s’engager, de s’impliquer, de s’affirmer, de confronter et de ses confronter soi-même dans tous les aspects de sa vie personnelle et professionnelle. Critique et autonome, le conseiller d’orientation s’avère ainsi être un praticien réflexif et rigoureux. L’orientation est une relation d’aide où l’on communiquer oralement, mais aussi de manière écrite. À cet égard, les conseillers rencontrés notent l’importance de posséder des compétences en matière de rédaction. Tant dans leurs rapports que dans leurs courriels, ils doivent être conscients de l’image qu’ils projettent de leur professionnalisme par la qualité de leur écrit, de la précision de leur vocabulaire, de leur capacité à synthétiser une panoplie d’informations sur la personne sous une forme claire et concise. Les personnes rencontrées nomment également l’importance d’être stratégique lorsque l’on communique, soit de penser aux objectifs et aux impacts de ses communications. En termes de connaissances et de maîtrise de conceptions et de théories, les conseillers d’orientation doivent intégrer les théories du counseling, du développement de carrière et du développement humain à leurs pratiques. Les personnes rencontrées nomment
  • 10. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 10 également l’importance de pouvoir se doter de connaissances plus étendues et plus pratiques en matière du fonctionnement psychologique de la personne, notamment en ce qui concerne des enjeux de blocage, de pathologies et de mécanismes de défense. Enfin, une bonne connaissance des programmes d’études et des mesures gouvernementales pour les personnes immigrantes, faiblement scolarisées ou à la recherche d’emploi est souhaitable. Les forces et les faiblesses des nouveaux En ce qui concerne les stagiaires de deuxième cycle ou les nouveaux conseillers d’orientation qui débutent leur pratique professionnelle en employabilité, les professionnels nomment la maîtrise de compétences relationnelles de base et spécifiques, mais non avancées, tels que les reflets, les questions ouvertes et les résumés. Ils observent également de bonnes connaissances au plan théorique, ainsi que des outils psychométriques et des informations scolaires et professionnelles. Ces stagiaires et nouveaux c.o. sont vus comme motivés, ouverts à apprendre, impliqués auprès des collègues, désireux de découvrir de nouvelles approches et de prendre des risques en intervention. Sur le plan des limites, il est relevé que bien qu’ils puissent facilement écouter le client et explorer différents aspects de sa personnalité, il s’avère difficile pour ces stagiaires et nouveaux professionnels de réussir à mobiliser leur client sur la base d’une compréhension approfondie de leur dynamique et de leur fonctionnement psychologique. Une autre dimension notée relève en quelque sorte de la présence d’angles morts chez ces derniers. Il est question, par exemple, d’un certain manque d’ouverture d’esprit, voir d’évitement ou de malfaisance à faire face à des situations émotionnelles plus difficiles. Il est aussi question de compréhension empathique, soit de remettre en question l’existence d’une logique universelle, objective, au profit de réalités subjectives propres au client. Des difficultés sont aussi observées au niveau de l’autocritique, soit de la capacité à bien évaluer, la qualité et la portée de ses interventions. Enfin, puisqu’ils sont souvent à la recherche de « recettes » quant à la manière de procéder avec leurs clients, ils en arrivent à manifester une vision parfois « technique » et « irréaliste » de l’orientation sur le terrain.
  • 11. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 11 Les suggestions qu’ils nous adressent … Les professionnels de l’employabilité rencontrés nous font part de transformations importantes au plan des clientèles et des problématiques rencontrées. À ce propos, leur première suggestion porte sur l’importance d’approfondir davantage au-travers des cours certaines problématiques telles que les suivantes : transition, indécision, démotivation, anxiété et stress, engagement, décrochage, procrastination, organisation financière. Selon eux, il serait avantageux que les sortants de la maîtrise puissent avoir pu déjà approfondir les réalités de la pratique en employabilité (ex. : précarité, chômage, dépendance étatique) et certains comportements relatifs aux clients en situation d’orientation telle que la démotivation, le manque de réalisme, la difficulté à se projeter, le sens du travail et l’engagement envers soi-même. Le rôle de l’université est de former des professionnels réflexifs, c'est-à-dire qui possèdent les outils pour élever leur sens critique et pouvoir affirmer leur identité professionnelle. Selon les personnes rencontrées, l’évaluation actuelle des savoirs porte surtout sur des connaissances, alors qu’elle devrait plutôt porter sur des compétences développées, mobilisées et confrontées. La confrontation au milieu du travail demeure, selon eux, la clé d’apprentissages efficaces. Ils invitent les responsables de la formation universitaire à considérer chaque milieu de pratique comme porteur d’une expertise auquel les étudiants gagneraient à acquérir et à s’adapter. Concrètement, ils proposent davantage de stages, notamment l’inclusion d’un stage de mi-formation à la maîtrise. De plus, un effort accru doit être mis afin de miser autant sur le développent personnel que professionnel des étudiants. Des mesures doivent être mises en place pour amener ces derniers à se confronter à eux-mêmes au-travers de relations avec d’autres, qu’il s’agisse de collègues d’études ou de client. Pour l’instant, il y a dans la formation trop de cas fictifs nécessitant des extrapolations de l’étudiant plutôt que des applications pratiques directes. Une absence de soutien et d’encadrement est également remarquée. Toujours de l’avis de ces professionnels, les étudiants sont souvent confrontés à l’essai de comportements professionnels impliquant de fortes retombées affectives. Toutefois, une fois que le professeur ou le chargé de cours leur fait vivre ces expériences, personne ne semble là par la suite pour aider la personne à se ramasser au plan émotif. Ce dernier point ouvre sur une autre catégorie de suggestions proposées, soit celle relative à l’encadrement des étudiants au cours de leur formation. Ils invitent le milieu universitaire à envisager une méthode de type « tutorat » où les
  • 12. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 12 étudiants seraient rencontrés à l’occasion, tout au long de leurs études de maîtrise, par un professeur attitré à eux, avec qui il pourraient parler de ses études. Dans le même ordre d’idée, la création d’occasions accrues de supervision, de mentorat et de coaching individuel par des professionnels permettrait des rétroactions claires, précises et pertinentes sur leurs apprentissages développés et à développer. De manière à concilier formation et pratique, des occasions accrues de dialogue entre professeurs d’université et intervenants des milieux de pratiques sont souhaitées. À l’instar de la démarche de cette enquête auprès des milieux, les intervenants rencontrés y voient des occasions potentielles pour le développement de partenariat en recherche, de même que d’échanges d’offres de formation continue d’une part et d’autre : conférence de praticiens donnés en classe, présentations de professeurs aux praticiens au niveau des nouvelles approches en orientation, offre mutuelle de formation continue et de ressourcement professionnel. La capacité de rédaction des étudiants et des nouveaux conseillers est remarquée au plan des points à développer et des suggestions sont amenées à cet égard par les praticiens. La formation universitaire devrait, selon eux, mieux outiller les étudiants à la rédaction et à la recherche documentaire pour qu’ils puissent ainsi intégrer la pratique en étant plus habiletés à rédiger des rapports d’évaluation, faire de la rédaction de projets, produire des notes évolutives, communiquer au plan interprofessionnel. Le travail devrait plus précisément porter sur le vocabulaire, la syntaxe, la composition, ainsi que des exercices de synthèse. La psychométrie figure également parmi les recommandations fournies par les praticiens rencontrés. Compte tenu de la durée de la formation, il serait important selon eux de couvrir prioritairement les instruments les plus utilisés actuellement et de s’ouvrir à ceux qui arrivent sur le marché. Le jugement professionnel des futurs conseillers d’orientation devrait également être développé par des exercices de croisement de tests entre eux de manière à mieux saisir ceux pouvant être utilisés en complémentarité ou le mieux adapté à certaines situations problématiques. Enfin, il est important pour eux de maintenir le développement d’un jugement critique au plan du choix des instruments en regard d’une situation d’intervention donnée : valeur, efficacité, limites, analyse critique. En ce qui à trait aux exigences universitaires au plan de la formation à la recherche, les praticiens sont d’avis qu’il y aurait intérêt de s’assurer de rendre celle-ci intéressante pour l’avancement des compétences pratiques de l’étudiant. Selon leur expérience, les étudiants sont souvent perdus quant au choix d’un
  • 13. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 13 sujet de rapport d’activités dirigées, mais aussi sur l’ampleur et l’investissement requis pour un tel travail. Le choix d’un directeur n’est également pas aisé. Ils relèvent aussi l’impression qu’il apparaît passablement difficile pour un étudiant de choisir un projet de recherche bien à lui, car en s’éloignant des intérêts de recherche du professeur, ceux-ci pourraient alors ne pas vouloir les encadrer. Afin d’éviter le phénomène de choix « par défaut » d’un projet et d’un directeur de la quête d’un sujet permettant à l’étudiant d’approfondir des compétences pratiques en vue de mieux le préparer à sa carrière d’intervenant. À ce propos, il est fait mention de la recherche-action en milieu de travail comme source d’approfondissement des connaissances et de développement de projets pratiques. Enfin, les conseillers rencontrés jugent que le baccalauréat est trop multidisciplinaire. Il ne permettrait pas aux étudiants d’approfondir leurs intérêts pouvant les guider à poursuivre des études supérieures et à se spécialiser sur le plan de la pratique. Le cas de l’orientation en réadaptation professionnelle Les informations rapportées dans cette section proviennent de quatre conseillers d’orientation et d’un finissant-stagiaire de deuxième cycle en orientation. Le travail et ses défis Travailler en réadaptation professionnelle implique de travailler surtout sur l’adaptation (ou la réadaptation) au travail d’une personne que sur son orientation à proprement dite. En plus de travailler auprès de personnes présentant une déficience physique, neurologique, sensorielle, auditive, intellectuelle ou psychique, les professionnels rencontrés soutiennent que chacune présente sa propre réalité subjective, ses propres enjeux d’accompagnement. Ainsi, un même diagnostic médical peut non seulement comporter différentes limitations physiques, mais aussi différents enjeux psychologiques rattachés. À cela s’ajoute l’accompagnement en gestion de deuils dans le cas d’accidents ou de déclenchement récent de troubles ou de difficultés. L’orientation en réadaptation professionnelle comporte une dimension médicale du travail. Les conseillers d’orientation doivent composer avec un diagnostic médical provenant de différents spécialistes de la santé physique et
  • 14. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 14 psychologique. Pour se faire, ils doivent connaître et intégrer continuellement et rapidement des connaissances en matière de santé mentale et physique (déficience intellectuelle, motrice, sensorielle). Ils doivent également saisir les filtres subjectifs et pathologiques lorsqu’ils sont en relation avec leurs clients, tout comme ils doivent pouvoir déceler et gérer rapidement certains symptômes émanent en cours de processus. Les conseillers d’orientation en réadaptation professionnels travaillent également en partenariat avec des agents d’aide socioéconomique d’Emploi Québec, lesquels sont à la source des références de clientèles, que du droit de regard et d’acceptation d’un projet professionnel impliquant une mesure d’aide gouvernementale. Par conséquent, ils doivent parfois faire usage de stratégies de communication pour faire valoir leurs résultats. Enfin, les professionnels rencontrés travaillent dans plus d’un point de service. Ils n’ont souvent pas de bureau fixe, attitré. Les compétences recherchées En raison de la nature spécifique et spécialisée du travail de conseiller d’orientation en réadaptation professionnelle, certaines capacités d’adaptation aux individus et au contexte de travail sont essentielles. Tout d’abord, les conseillers d’orientation rencontrés rapportent l’importance de pouvoir réaliser une « lecture rapide du client », soit de pouvoir rapidement déceler ses forces, ses faiblesses, sa dynamique et ses traits de personnalité particuliers de manière à procéder à bien saisir sa situation, à déterminer les stratégies d’intervention et les outils d’évaluation qui convient, ainsi qu’à adapter sa communication. En autre, il doit savoir faire preuve de synthèse et de concision lors de la rédaction de rapports, tout comme il doit parfois maîtriser la langue afin de pouvoir « vendre » les atouts de ses clients. Le contexte de travail des conseillers d’orientation en réadaptation professionnelle implique souvent des enjeux financiers et légaux. Cela fait en sorte que leur conclusion de rapports d’orientation peut être sujette à des controverses, des désaccords et parfois même à des convocations au tribunal administratif chargé de telles questions. Par conséquent, ils doivent organiser et mener leur travail de manière consciencieuse et rigoureuse, en toute conscience de leurs responsabilités. Ils doivent également être capables de manifester une affirmation de soi professionnelle : assumer ses actes, pouvoir affirmer un diagnostic sans tergiverser, défendre son approche et ses interventions, pouvoir
  • 15. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 15 communiquer des résultats, même négatifs, à un client sans crainte des sentiments que l’on peut être alors appelés à gérer. Autrement dit, il doit pouvoir assumer un rôle d’expert, de professionnel, se comporter rapidement en senior. Malgré tout, il doit pouvoir garder et savoir exprimer son humour, de manière à pouvoir dédramatiser et enlever la pression de son travail. Tout en possédant des connaissances propres aux réalités subjectives propres aux situations individuelles qu’il peut rencontrer, le conseiller d’orientation en réadaptation professionnelle doit se montrer ouvert aux différences et aux changements, assumer une attitude de non-jugement, ainsi que de ne pas craindre situations inconnues. En fait, sa curiosité devrait le motiver et l’amener à s’intéresser à chaque personne d’une manière unique. En raison de facteurs et d’enjeux médicaux, dont le rôle des médicaments qu’il doit connaître, le conseiller d’orientation en réadaptation est certes l’un des plus « investigateurs » selon la typologie de Holland. Pour développer de solides connaissances, notamment en santé mentale, il doit manifester une certaine aisance à apprendre, à s’intéresser autant aux connaissances de la psychologie que de la biologie humaine, car doit savoir lire des dossiers médicaux à propos de ses clients. Les forces et les faiblesses des nouveaux Les cinq conseillers rencontrés considèrent tout d’abord que tant les finissants de deuxième cycle que les nouveaux conseillers d’orientation qui insèrent leur milieu sont généralement conscients des problématiques propres au milieu de la santé mentale et physique. Leurs compétences théoriques et leurs expériences de vie personnelle et professionnelle antérieures s’avèrent des atouts d’intégration importants. Les diplômés et les nouveaux professionnels de l’orientation se voient de plus reconnaître un enthousiasme, une motivation, une ouverture d’esprit et une capacité d’autonomie leur permettant de faire face aux défis et aux apprentissages. Enfin, on reconnaît d’eux l’importance qu’ils accordent à des enjeux d’ordre éthique et à leurs connaissances déontologiques. Certaines faiblesses sont toutefois rapportées à leur égard en ce qui à trait notamment à leurs craintes et à leur doute sur eux-mêmes lorsqu’ils sont mis en contact avec des situations et des clientèles nouvelles et inconnues. Cette fragilité au plan de la confiance en soi pourrait s’associer, selon les c.o. du milieu rencontré, au faible nombre d’heures de pratique précédant leur entrée en
  • 16. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 16 emploi. Une dernière faiblesse relevée est leur difficulté à gérer des situations d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients. Les suggestions qu’ils nous adressent … « De la pratique, de la pratique, de la pratique ! », voilà ce qui vient initialement en tête des c.o. de ce milieu de réadaptation professionnelle lorsque vient le temps de suggérer des voies de développement possible de la formation en carriérologie. Plus spécifiquement, la discussion fait ressortir, entre autres, l’importance d’expérimenter l’intervention en classe et en dehors, à favoriser des apprentissages dynamiques et des mises en pratique. Pour eux, la maîtrise doit être le lieu d’apprentissages expérientiels. Les cours de counseling doivent favoriser l’acquisition de modèles et des cadres concrets et détaillés d’intervention « en orientation », que ce soit par des études de cas, le développement d’un cadre théorique ou conceptuel personnel à ses interventions ou encore à l’exploration de différents milieux de travail. La maîtrise doit être un moyen pour développer une rigueur, une discipline et un professionnalisme permettant de distinguer clairement la compétence d’un bachelier à celle d’un titulaire d’une maîtrise. En lien à ce qui est mentionné lors des paragraphes précédents, il faut créer des situations d’impasses relationnelles obligeant les étudiants à vivre de telles tensions et à composer personnellement avec celles-ci. Enfin, les milieux de pratique doivent participer activement au développement de la qualité de la formation, ainsi que de la supervision d’étudiants en contexte de réalisation de processus d’orientation complets au sein d’un service d’orientation. En ce qui concerne les professeurs et les chargés de cours, il leur est fortement recommandé d’apprendre à se mouiller davantage en situation de formation pratique. Les c.o. rencontrés nomment l’importance de pouvoir apprendre du modelage d’interventions de professeurs et de chargés de cours réalisés devant eux et non seulement de proposer des occasions d’apprentissages par les pairs. Ces derniers doivent également manifester un souffle de dynamisme contagieux, que ce soit par leur implication et leur intérêt dans le domaine de l’orientation, au sein du programme d’études, au-travers de la communauté étudiante, ainsi que par le fait de parler de leurs travaux de recherche. Au niveau de la recherche, les conseillers d’orientations rencontrées proposent de trouver des moyens de rendre les travaux d’essais « plus pratiques », que ce soit en l’intégrant au stage de manière à ce que la problématique débute le premier jour de stage (ex. : quel est le problème dans ce milieu, cette clientèle, etc. ?) ou en donnant plus de sens
  • 17. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 17 aux connaissances scientifiques par des rétroactions directes et des liens avec l’exercice de la pratique. Également, il serait avantageux de définir le cadre de l’essai : nombre de pages, contenu, etc. Enfin, puisque la psychométrie occupe une place importante dans le secteur de la réadaptation professionnelle, il serait souhaitable que la formation de maîtrise en carriérologie puisse toucher un éventail de tests adapté aux différentes possibilités de clientèles (ex. : connaissance et application du WAIS, NEO, EG, ABAS, Hooper, Raven, JVIS). De plus, l’accent doit davantage être mis sur l’interprétation des tests et de mises en situation portant sur des interprétations de résultats de tests « pas l’fun » pour le client, de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses habiletés à utiliser les bons mots. En terminant, les conseillers d’orientation en réadaptation professionnelle jugent important de maintenir une offre de cours de soir de manière à favoriser la participation de professionnels en emploi. Ils souhaiteraient toutefois de considérer la mise en place d’un tronc commun de formation plus restreint de manière à permettre ensuite à chaque étudiant de choisir un type d’intervention ou de clientèle cible qui sera davantage approfondie en fonction des intérêts de chacun (clientèle jeune ou femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.) Le cas de l’orientation au secondaire Les informations rapportées dans cette section proviennent de seize conseillers d’orientation et d’une conseillère en formation. Le travail et ses défis Travailler en orientation à l’ordre d’enseignement secondaire implique, hormis l’éducation aux adultes, de travailler avec une clientèle d’adolescents. Tel que le soulignent les professionnels rencontrés, les élèves se connaissent peu à cet âge et ils n’ont pas fait beaucoup jusque-là d’expérimentation du monde du travail. C'est pourquoi ces jeunes présentent souvent de sérieuses difficultés à se projeter dans l’avenir, dans un emploi. Leurs idéaux sont souvent élevés, voir erronées par rapport aux réalités du marché du travail (ex : salaire de 40 000$/annuel = insuffisant), sinon stéréotypés sur le plan des professions envisagées (médecin, avocat, psychologue). De l’avis de la majorité des
  • 18. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 18 conseillers d’orientation de ce milieu, la connaissance de soi et des études des jeunes au secondaire est de plus en plus faible. Depuis la disparition du cours d’éducation au choix de carrière, les informations relatives à l’admission au cégep, aux programmes d’études, aux contingentements, ainsi que sur les professions sont plus difficilement rendues. Depuis l’élimination de ce cours du curriculum, les élèves arrivent, selon eux, à la fin de leurs études avec un gros manque de connaissances de soi et des possibilités de carrières accessibles. Il est question depuis d’approche orientante (AO) et de projet personnel d’orientation (PPO), mais cela leur semble insuffisant pour bien préparé les jeunes vers des choix post secondaires éclairés. Le contexte de travail des conseillers d’orientation au secondaire engendre également des particularités au niveau de leurs tâches et de leurs responsabilités. Tout d’abord, ils travaillent dans une institution sociale, celle de l’éducation. Ils doivent donc prendre connaissance et gérer tous les changements découlant de décisions ministérielles comme c’est actuellement le cas avec le renouveau pédagogique. Plus concrètement, cela implique d’abord de gérer la confusion générale des élèves, des parents, voire même de collègues par rapport aux changements apportés au niveau de préalables, de modalités d’évaluation des apprentissages, etc. Les conseillers d’orientation du secondaire travaillent bien plus souvent en groupe, en comité ou encore sur des fonctions d’encadrement administratif qu’en rencontre de counseling individuel. Ils réalisent des suivis au sein de différentes activités pédagogiques de l’institution, ils procèdent à des rencontres massives d’élèves lors des périodes de choix de cours, ils gèrent et organisent des quantités importantes d’informations sur les établissements collégiaux et universitaires, ainsi qu’ils doivent s’occuper de tâches d’inscription et de classement des élèves, tout en maintenant des liens de travail avec les enseignants et les membres de la direction. Enfin, un aveu de l’ensemble des professionnels participant à l’enquête est qu’ils manquent de temps pour faire tout ce qu’ils aimeraient faire. Également, nombre d’entre eux doivent offrir leurs services dans plus d’une institution afin de compléter un horaire à temps plein. La gestion de temps, mais aussi de stress est importante. Enfin, l’une des particularités de l’orientation auprès d’élèves du secondaire est que leurs parents jouent généralement un rôle omniprésent dans leur vie scolaire et personnelle. Au quotidien, cela amène les conseillers d’orientation à tenir compte du rôle d’influence des parents sur le choix des élèves. C’est entre autre le cas où le parent souhaite voir son enfant poursuivre des études universitaires, puisqu’il en a les capacités, alors que ses intérêts le guide davantage vers une formation technique au collégial ou une formation professionnelle. En raison de
  • 19. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 19 la réalité pluriethnique qui prévaut sur l’Île de Montréal et de plus en plus partout ailleurs au Québec, il faut tenir compte de l’influence à la fois culturelle et parentale. Les conseillers rencontrés observent notamment la pression familiale portée par le jeune immigrant à ce dont il poursuive des études supérieures pouvant faire honneur à la famille proche et éloignée. En regard du dogme d’un choix professionnel éclairé passant par l’actualisation de soi, le réalisme veut plus souvent d’accompagner ces jeunes à naviguer entre leur idéal (ou du moins, celui des parents) et les obstacles vécus dans la réalité (ex : échec en math). De l’avis de plusieurs des professionnels présents, c’est souvent tenter de trouver des solutions miracles que d’identifier un cheminement intéressant et réaliste avec un élève qui, il ne faut pas l’oublier, est dans une période de changement et de bouleversement importants au plan identitaire. En somme, les conseillers du secondaire rencontrés se disent constamment amenés à concevoir autrement l’orientation. Leur rôle au sein de la mission éducative, leurs fonctions au sein de l’institution, les tâches de relais d’information desquels ils sont responsables, ainsi qu’un accroissement de situations d’élèves dits « à risques » (troubles d’apprentissage; déficit d’attention) ou influencés par des facteurs culturels parfois divergents fait en sorte qu’ils cherchent tous les moyens possibles afin de mobiliser les jeunes au regard de leur présent et de leur avenir. Les compétences recherchées En regard des réalités présentées précédemment, les compétences recherchées porteront grandement sur des habiletés de communication interpersonnelle et d’énergie personnelle. Tout d’abord, en raison de la nature éducative de leur fonction, ils doivent posséder de solides connaissances au plan de l’information scolaire et professionnelle : programmes d’études, professions, sanctions, exigences, préalables, technologies. Ensuite, ils doivent être des communicateurs pertinents et crédibles. Tout d’abord, il doit être facile pour eux de créer des liens avec les élèves et savoir comment déclencher chez eux la préoccupation et la réflexion personnelle à l’égard de leur avenir. Au-delà des mots, ils doivent savoir trouver des façons créatives (et parfois très spontanées) de les impliquer sans leur en mettre trop sur les épaules. Ils doivent également savoir communiquer avec les parents des élèves en tenant compte de la réalité de ceux-ci, de leurs parcours personnel et migratoire, des valeurs et des rêves qu’ils portent pour leurs enfants. Toutefois, en gardant à l’esprit qu’ils participent au développement intégral de l’élève, ils doivent savoir rassurer et expliquer la notion de choix éclairée pour le
  • 20. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 20 jeune qui s’oriente. Sans être une exigence formelle, il peut être bienvenu de posséder la connaissance d’une deuxième langue, voire d’une troisième, de manière à mieux communiquer, mais également à favoriser l’ouverture sur la culture de l’autre. Enfin, la communication doit également savoir s’opérer auprès de collègues. Afin de fournir une place relativement importante à l’orientation à l’ordre d’enseignement secondaire, les conseillers d’orientation doivent savoir se montrer dynamique, vif d’esprit, autonome, débrouillard et pouvant s’adapter à des situations et à des individus de toutes sortes. Ils doivent également posséder des talents d’organisateur pour des événements spéciaux ou tout simplement pour le maintien d’un centre d’information scolaire et professionnelle. Finalement, compte tenu de nouvelles problématiques émergentes telles que les difficultés d’apprentissage, les déficits d’attention et d’hyperactivité, ainsi que d’autres troubles de la personnalité qui se manifestent souvent à l’âge des études secondaires, le conseiller doit apprendre à se former lui-même à différentes connaissances d’ordre psychologiques de manière à pouvoir accompagner, sinon référer de manière efficace. Les forces et les faiblesses des nouveaux Parmi les principales forces relevées à l’égard des stagiaires de deuxième cycle et des conseillers d’orientation récemment diplômés, les participants de l’enquête relèvent les suivantes : créativité dans l’élaboration d’activité de groupe, capacité d’écoute en contexte de relation d’aide, débrouillardise et adaptation au changement, curiosité. Du coté des points à améliorer se retrouvent des dimensions plus techniques, à savoir le manque de renseignements sur la récente réforme de l’éducation (les parcours, séquences), sur l’approche orientante, sur les nouvelles modalités d’exigences pour la diplomation, ainsi que sur changements relatifs aux admissions dans le réseau d’enseignement collégial. Les suggestions qu’ils nous adressent … Compte tenu des propos rapportés lors des paragraphes suivants, il n’est pas surprenant de constater que les premières suggestions rapportées par les participants relèvent de l’importance d’une meilleure connaissance au système éducatif. Pour eux, il importe que les universités puissent former les étudiants universitaires en tenant compte du cadre hautement éducatif et institutionnel du travail de conseiller d’orientation en scolaire. Cela implique non seulement des connaissances spécifiques à la relation d’aide selon eux, mais également en au
  • 21. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 21 niveau plus spécifique du système éducatif, sur la manière de procéder à des tâches de classement d’étudiants, d’évaluation de parcours scolaire, d’analyse du rôle des conseillers d’orientation dans le système éducatif québécois. Également, un appel aux universités est fait en ce qui à trait à l’importante de tenir compte de la pluralité de tâches auxquelles ces conseillers d’orientation sont confrontés quotidiennement. Pour eux, il apparaît plus pertinent de former les étudiants universitaires à pouvoir mener des processus courts d’orientation que de continuer à se former pour de longs processus qu’ils ne pourront jamais faire dans les conditions actuelles du système éducatif. En ce sens, les futurs conseillers d’orientation devraient être mieux formés pour assumer des interventions et des animations de groupes, car c’est ainsi qu’il pourra rejoindre le plus d’étudiants et passer le plus de temps auprès d’eux. De plus, la communication auprès de groupes implique l’aisance à parler devant un groupe, d’administrer des passations collectives d’outils psychométriques, de concevoir des programmes d’information et d’éducation qui soient innovateurs et efficaces rapidement. Les universités et les milieux de pratiques au secondaire sont appelés à plus de collaboration et de partenariat afin de construire des contenus de formations plus adaptées aux réalités de ces derniers. En plus des éléments rapportés au paragraphe précédent, il est également suggérer d’offrir d’une part des cours portant sur certaines difficultés rencontrées de plus en plus chez les jeunes (difficultés d’apprentissage, réalités personnelles et sociales des immigrants, troubles de santé mentale), que sur des connaissances théoriques de base se rapportant aux autres expertises de leur milieu (enseignement, psychoéducation, travail social). La formation doit être plus pratique de manière à rendre plus adaptable l’information scolaire et professionnelle, ainsi que les autres fonctions quotidiennes du conseiller d’orientation : conseil en information personnalisé, classement d’élèves, analyse de dossiers et résolutions de problèmes scolaires techniques (ex. : organisation d’une séquence de cours versus objectif de l’élève). Également, les participants relèvent l’importance d’accroître la présence de stages en milieu scolaire. De leur avis, il faut permettre aux élèves de faire rapidement des stages d’observation, ainsi que de poursuivre des stages pratiques moins longs en durée, mais plus fréquents (ex. : une journée fois aux deux semaines). Enfin, les universités sont appelées à solliciter davantage les conseillers d’orientation du milieu scolaire afin de les tenir informés, ainsi que leurs étudiants, des nouveaux changements et de nouvelles informations pertinentes à leur enseignement ou apprentissage.
  • 22. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 22 Le cas l’orientation à l’université Les informations rapportées dans cette section proviennent de sept conseillers d’orientation et d’une psychologue. Le travail et ses défis La clientèle universitaire est, de l’avis des participants, de plus en plus diversifié. La majorité d’entre elle se compose de jeunes adultes vivant de sérieuses remises en question relativement à leurs capacités, leur motivation et leur déception suite à la réalisation d’études universitaires non concluantes au plan des intérêts ou en situation d’indécision face à l’idée de poursuivre des études supérieures. Il existe également chez ces jeunes adultes une forte confusion au plan de la distinction des concepts d’intérêts et d’aptitudes lorsque vient le temps de se positionner face à des options de choix d’études et de carrière. Au-delà de la stricte dimension de choix scolaire et professionnel, les personnes rencontrées mentionnent que l’aide à l’adaptation aux études universitaires et le maintien de ces derniers dans leurs programmes par la suite constituent des enjeux importants au niveau de la pratique du counseling de carrière dans ce milieu. La mise en place de stratégies d’adaptation scolaire et professionnelle joue ainsi un rôle important, notamment en ce qui a trait à l’aide à la gestion de déception et de deuil, ainsi que de difficultés psychologiques concomitantes. En fait, il semble ici être beaucoup plus question de « ré » orientation que d’orientation. Étant donné que ces professionnels travaillent avec des gens qui ont déjà fait un choix (même s’il n’était pas toujours éclairé au départ), il est courant de réaliser d’abord un bilan de compétences auprès des clients, de procéder à un désamorçage des émotions associées à la décision d’abandonner ses études ou à celles associées à l’effort pénible de les poursuivre. Un travail de reprise de contact avec la réalité est alors mis en place. Enfin, l’orientation en milieu universitaire auprès de sortants des études collégiales consiste également à aider ces personnes à devenir adulte, donc à mieux se connaître, à mieux saisir le monde dans lequel ils évoluent, ainsi que de développer des stratégies d’adaptation en conséquence. En plus de desservir une clientèle étudiante composée de jeunes adultes ayant réalisé la majeure partie de leurs études au Québec, les services d’orientation en
  • 23. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 23 milieu universitaire rencontrent également les étudiants d'autres provinces et surtout d'autres pays et continents. Ce que l’on nomme la clientèle internationale présente ses propres enjeux spécifiques d’orientation scolaire et professionnelle. Tout d’abord, une proportion importante de cette clientèle se compose d’individus qui exerçaient à titre de professionnels avant de venir étudier au Québec. De plus, en raison de l’imbroglio qui existe en matière d’immigration de la terre d’origine à la terre d’accueil, plusieurs de ces étudiants arrivent souvent en conseil d’orientation avec des rêves d’avenir professionnel non réalistes, portés la plupart du temps par l’attribution d’un rôle ou d’une mission, hautement anxiogène, de réussite familiale, pouvant rejaillir sur toute la famille d’origine proche et étendue. Enfin, au-delà de la clientèle des jeunes adultes et des étudiants étrangers, les services d’orientation en milieu universitaire sont également offerts à des étudiants plus âgés, réalisant un retour aux études à temps plein ou faisant des études universitaires à temps partiel. Ces étudiants ont des attentes et des espoirs personnels qu’ils doivent combiner avec leurs responsabilités conjugales, parentales et financières. Il y a aussi la clientèle externe qui fréquente les services d’orientation, soit celle d’individus qui sont prêts à payer le « plein prix » de consultation, dont les motifs de consultation sont aussi variés que ceux que l’on retrouve en cabinet de pratique privée. Depuis trois ou quatre ans, un phénomène surprenant et préoccupant prend de plus en plus de place, soit celui du rôle des parents par rapport à l’orientation de leurs jeunes. Chaque année, les professionnels sont couramment confrontés à tenir compte de la présence de parents qui vont, entre autres, s’occuper d’initier la prise de rendez-vous et le suivi de ceux-ci, mais qui de plus en plus vont demander à être informés de l’évolution du processus de leur enfant ou encore pouvoir être présents lors des rencontres. Les professionnels doivent donc être au clair au plan déontologique et éthique en regard de ces demandes, tout en demeurant à l’écoute de ces parents qui, en soit, joue un rôle au sein du processus d’orientation et de la vie des jeunes. Aussi, il importe ici de tenir compte que le rôle du parent dans la prise de décision pour les enfants varie d’une culture à une autre. À l’instar des autres milieux de pratique, les professionnels de l’orientation en milieu universitaire notent, depuis quelques années, l’émergence de clientèles de plus en plus aux prises avec des problèmes de déficit d’attention et d’hyperactivité, ainsi que de troubles de personnalité associés plus particulièrement à un haut fonctionnement au plan scolaire. Il devient alors impératif pour ces professionnels de devoir non seulement s’informer, mais également se former pour mieux s’adapter aux enjeux propres à ces clientèles.
  • 24. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 24 Les compétences recherchées Pour le groupe de personnes rencontrées, les finissants d’études supérieures en counseling de carrière et les nouveaux conseillers d’orientation qui souhaitent œuvrer en milieu universitaire doivent faire preuve de maturité professionnelle. Cette maturité relève tout d’abord d’une connaissance de soi pouvant s’appuyer sur la reconnaissance de ses propres limites en contexte de relation d’aide, la présence d’un esprit autocritique permettant à la personne pouvoir réellement se questionner sur elle-même, ainsi qu’une maturité plus spécifiquement affective en termes de pouvoir accueillir et gérer ses propres émotions lorsqu’elles émergent en situation d’intervention. Pour les personnes rencontrées, la maturité professionnelle doit initialement reposer sur une intégration clinique implique une certaine période de résidence en milieu de pratique. Le milieu de pratique universitaire dont il est question ici propose à tous ces nouveaux c.o. de pratiquer de façon continue pendant un an à raison de trois jours par semaine de manière à se confronter à une hétérogénéité de problématiques rencontrées et au travail sur soi qui s’accompagne à cela sur une base quotidienne. Cette période de résidence permet également aux professionnels de l’orientation de bénéficier de l’encadrement d’un superviseur clinique chargé d’offrir une aide personnalisée et ponctuelle en situation d’action, de même que de pouvoir participer à des réunions cliniques avec l’ensemble des professionnels rattachés aux services d’orientation. L’intérêt pour un tel engagement figure parmi les principales qualités recherchées. Sur le plan des compétences relationnelles, il importe selon les personnes rencontrées que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation soient capables d’entrer en relation avec différents types d’individus et être capable d’empathie auprès de ces derniers. Ils doivent également comprendre l’intentionnalité guidant leurs interventions et être capables d’une ouverture authentique de soi auprès de l’autre. Compte tenu de la variété des clientèles et des différents niveaux de problématiques, le finissant et le conseiller d’orientation doivent posséder suffisamment de connaissances en psychopathologie pour bien évaluer et reconnaître leurs limites en contexte d’intervention. En fait, le conseiller d’orientation recherché doit pouvoir raisonner comme un professionnel et non comme un technicien. À cet égard, il doit avoir non seulement une notion claire de la manière de conduire un processus d’orientation, mais également pouvoir poser une évaluation personnalisée et adaptée à chaque client de manière à ne pas travailler à la manière d’un automate. Enfin, compte tenu du niveau de
  • 25. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 25 scolarité et de la diversité des réalités psychologiques, mais aussi informationnelles avec lesquelles il doit composer, le conseiller d’orientation doit faire preuve d’une grande curiosité intellectuelle et d’une culture générale étendue. Les forces et les faiblesses des nouveaux Les forces et les faiblesses des finissants d’études supérieures en orientation et de nouveaux conseillers d’orientation sont passablement décrites en filigrane au- travers des défis, des préoccupations et des compétences recherchées mentionnées jusqu’à présent. Au niveau des forces, les personnes rencontrées jugent que ces étudiants et jeunes professionnels possèdent généralement une bonne capacité à faire usage de compétences relationnelles en contexte de counseling. Au niveau des aspects à développer davantage, il est question de maturité professionnelle, de connaissance de soi en situation d’intervention, de reconnaissance de ses propres limites, de maturité affective, de curiosité et de culture générale. À cela s’ajoute le manque d’expérience au plan clinique à la sortie des études universitaires, ainsi qu’une conception claire d’un processus d’orientation et de la capacité de porter un jugement professionnel relatif à sa propre évaluation d’une situation. Les suggestions qu’ils nous adressent … Fil conducteur de l’ensemble des propos amenés par les personnes rencontrées, l’intégration d’une plus grande maturité professionnelle constitue la première suggestion formulée pour le développement de futurs programmes de maîtrise en orientation. Le moyen privilégié pour développer cette maturité professionnelle consiste en l’intégration d’une phase de résidence au sein du curriculum de formation. Entre autre, il est proposé l’intégration d’une période de résidence implique une pratique continue et à temps plein, à raison de trois jours par semaine durant un an. Celle-ci devrait prévoir la confrontation des étudiants à une pluralité de clientèles et de problématiques, ainsi qu’à des occasions nombreuses de supervisions et de réunions cliniques. En termes de cours théorique, il est proposé d’intégrer un cours d’épistémologie ou d’introduction spécifique à l’orientation professionnelle impliquant une exposition rapide aux réalités du travail de relation d’aide propres à ce domaine.
  • 26. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 26 La formation devrait également permettre l’élaboration d’un portfolio de ses apprentissages sous la forme de bilan personnel, de découvertes à la réalisation de processus d’orientation appliqué à autrui, mais également à soi-même. Ce type de démarche pourrait, de l’avis des personnes rencontrées, se réaliser à plus d’un moment tout au long des études, par l’attribution d’un crédit universitaire de formation à la fois, de manière à assurer un suivi de progression et de réflexion continues. Lors des stages d’étudiants à l’extérieur de l’université, il pourrait être intéressant de prévoir un séminaire pour les stagiaires intégrant des études de cas et de soi-même en situation de pratique, ainsi que l’intégration d’éléments personnalisés d’intégration professionnelle. À propos de ces stages, il importe que ceux-ci impliquent un développement professionnel réalisé auprès du plus grand nombre de milieux de pratique, mais également une accréditation plus formelle et conforme des superviseurs en milieu de stages de manière à s’assure de la qualité de l’encadrement offert à cet égard. Enfin, il est suggéré que les cours de psychométrie offrent plus d’applications cliniques. Plus concrètement, il est fait mention d’un souci d’enseignement au niveau de la manière de s’approprier un test autrement que par sa construction mécanique, de pouvoir vérifier des hypothèses dans l’action, ainsi que d’approfondir les questions de rédaction de rapports d’évaluation et de communication de résultats auprès de personnes en démarche d’orientation.
  • 27. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 27 Points de convergence Cette dernière section expose les principaux points de convergence relevée au sein des propos de participants de tous les secteurs de pratique. Cela peut ainsi permettre au lecteur d’avoir une perspective globale et possiblement nouvelle du rôle contemporain des conseillers d’orientation. Ce qu’ils nous ont dit sur le travail et ses défis …  Un profil de clientèle plus diversifié Bien qu’un milieu puisse apparaître assez spécifique quant à la clientèle à qui il offre des services d’orientation, la réalité est toute autre. Les problématiques d’orientation varient au sein même de ces groupes de par l’âge, le statut socioéconomique et les problèmes personnels et sociaux rattachés aux clientèles. C’est entre autre le cas de la clientèle immigrante de plus en plus importante dans tous les secteurs de pratique traités dans ce rapport.  Un besoin de qualification en santé mentale et troubles d’apprentissage Des participants de tous les milieux ont mentionné voir, année après année, une proportion croissante de clients aux prises avec des problèmes de santé mentale. Les raisons de cet accroissement ne sont pas abordées explicitement par les participants. Ce qui est toutefois clair de leur part, c’est importance de pouvoir posséder plus de connaissances cliniques à cet effet de manière à mieux intervenir ou recommander des personnes aux prises avec des problèmes de dépression, d’anxiété généralisée, de troubles bipolaires, de personnalités limites, etc. Plus particulièrement dans le milieu scolaire, mais également en employabilité et en réadaptation professionnelle, il s’ajoute l’importance d’aborder ces mêmes préoccupations et ces mêmes besoins par rapport aux personnes aux prises avec des problèmes de déficit d’attention, d’hyperactivité et de troubles d’apprentissage.
  • 28. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 28  La recherche de modèles d’intervention plus globaux Les interventions des conseillers d’orientation sont ainsi de plus en plus diversifiées et complexes sur la seule prise en compte de l’émergence de clientèles nouvelles et plus difficiles à aider selon les approches classiques de l’orientation. À cela s’ajoutent également des conditions de travail en pleine transformation. Le conseiller d’orientation ne travaille plus seul. Il doit savoir jouer un rôle-conseil au sein de son milieu, auprès de partenaires de la collectivité locale et institutionnelle, tout en pouvant gérer les cadres et les réglementations imposés par des institutions et des organismes publics. C’est pourquoi des participants de tous les milieux ont souligné avoir dû concevoir et appliquer de nouveaux modèles d’intervention « maison » de manière à survivre professionnellement dans un environnement de plus en plus exigeant au niveau du temps dévolu, du cadre et des règles qui englobent l’intervention.  L’orientation comme stratégie d’adaptation aux enjeux de vie personnelle, professionnelle et sociale Dans plusieurs milieux, il a été question que les besoins des clientèles en orientation professionnelle ne soient plus autant ceux de faire des choix scolaires et professionnels ou d’élaborer des projets d’avenir, mais bien de « faire face » à des situations de parcours de vie. À maintes reprises, il a été question de services de « ré » orientation, d’adaptation et de réadaptation professionnelle. Ainsi, les services de conseillers d’orientation ne semblent plus autant viser la préparation d’une trajectoire vers un avenir porteur d’espoirs, mais plutôt le développement de compétences personnelles par l’identification et la mise en œuvre de stratégies permettant de cheminer au sein d’un parcours de vie quotidienne, composé de réalités et de contraintes souvent nombreuses. C’est notamment ce que nomment de nombreux participants lorsqu’ils soulignent que leur travail implique le développement d’une perspective de soi et du monde plus réaliste chez les clients, la gestion de deuils, l’accompagnement en situation de transitions de vie scolaire et professionnelle, la prise en compte de dommages collatéraux au plan psychologique et relationnel. Enfin, bien qu’il ne puisse s’agir de points de convergence pour tous les secteurs de pratique, il a été question à quelques reprises de la présence grandissante des parents lors de la réalisation de services d’orientation auprès d’adolescents et de jeunes adultes. À cet égard, il faut faire mention de la combinaison entre rôle de
  • 29. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 29 parent et statut d’immigrant où ce phénomène d’implication dans la démarche de son enfant est accentué selon des normes et des valeurs culturelles différentes où le rôle parental peut s’avérer différent. Ce qu’ils nous ont dit sur les compétences recherchées …  La maturité personnelle et professionnelle Le type de compétence le plus recherché parmi les participants rencontrés porte sur la maturité personnelle et professionnelle. Souvent rapporté en termes de « posséder une bonne connaissance de soi », l’explicitation des propos démontre bien qu’il s’agit non pas ici de connaître ses traits de personnalité que de savoir composé avec soi-même et en interaction avec autrui. Pour les participants, le conseiller d’orientation doit pouvoir d’abord se connaître et se gérer lui-même au plan psychologique. Il doit autant pouvoir être capable d’identifier des problématiques et d’engager des interventions adaptées chez autrui, qu’il doit être suffisamment apte, honnête et autocritique pour le faire sur lui-même. Au plan interpersonnel, il doit pouvoir reconnaître les émotions qui l’habitent en situation d’intervention de manière ajustée et pertinente.  L’affirmation professionnelle Les milieux de travail où nous avons rencontrés les participants de l’enquête mentionnent clairement rechercher des finissants et des nouveaux conseillers d’orientation qui puissent se positionner professionnellement en regard de ce qu’ils posent comme intervention, tout comme il est attendu qu’ils peuvent expliquer et défendre leurs choix auprès de clients, de collègues, de supérieurs et de mandataires. À nouveau, cette compétence se situe à la frontière du personnel et du professionnel puisqu’elle s’associe à la confiance en soi, à la conviction dans ses principes et ses valeurs, dans la capacité de s’engager, de s’impliquer, de se confronter aux autres et de se confronter soi-même.  La capacité de communiquer à différents niveaux À plusieurs moments, mais sur des thèmes et des enjeux de pratique différents, les participants nomment l’importance à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation puissent communiquer aisément avec les personnes avec
  • 30. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 30 qui ils doivent interagir, développer des liens et convaincre de leurs idées. Au- delà de savoir communiquer auprès de son client en contexte de relation d’aide, il est également mentionné l’importance de pouvoir intervenir en groupe. Il s’avère également important de pouvoir utiliser ses compétences relationnelles pour établir des liens avec des collègues, des partenaires et tout autre acteur avec qui il importe d’interagir pour s’affirmer et s’afficher au sein de son milieu de travail. Cela vaut autant pour l’aspect relation d’aide du travail de professionnel de l’orientation, que pour la capacité d’organiser des événements et de participer à des activités d’information et de promotion de services. Tous ces contextes peuvent bénéficier de la capacité des finissants et des jeunes conseillers d’orientation à faire preuve de présence et d’écoute, de respect et d’empathie.  La rédaction professionnelle Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation sont informés plus haut de l’importance de pouvoir communiquer oralement à plus d’un niveau. Selon les propos recueillis, il semble en être de même au niveau de la communication écrite. De l’avis de nombreux participants, les conseillers d’orientation doivent pouvoir affirmer leur professionnalisme par un écrit précis au plan du vocabulaire, claire au niveau de la synthèse, fluide au plan de l’argumentation des idées, ainsi que consciencieux et rigoureux au niveau des informations transmises. En contexte d’orientation, il importe d’être en mesure de produire des rapports conformes à des normes, tout en étant claire pour les personnes appelées à en faire la lecture.  Des connaissances pratiques en santé mentale Les participants de tous les milieux de pratique ont fait part de préoccupations à l’égard d’un accroissement de la clientèle aux prises avec des problèmes de santé mentale plus ou moins accentués. Dans tous les cas, il a été par la suite question de l’importance à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation puissent être mieux outillée à ce niveau afin de pouvoir offrir des services d’orientation adaptés en conséquence. Jusqu’à présent, il est à constater que les professionnels de l’orientation confrontés à de telles problématiques doivent souvent aller chercher, par eux-mêmes ou par la formation continue en milieu de travail, les connaissances nécessaires afin de bien comprendre leurs clients et de pouvoir intervenir adéquatement auprès d’eux.
  • 31. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 31  La curiosité et la culture générale À plusieurs reprises, dans la plupart des milieux, les participants ont relevé l’importance à ce que les professionnels de l’orientation maintiennent une solide culture générale afin de bien comprendre les enjeux à la fois psychologiques, mais également sociaux, politiques, culturels et environnementaux liés à leur travail et à leurs clients. Il importe également qu’ils possèdent une grande curiosité afin de mieux s’outiller de connaissances variées et diversifiées de façon à affirmer leur ouverture sur les autres et sur le monde, aux différences, aux changements et aux situations nouvelles. Ce qu’ils nous ont dit sur les forces et les faiblesses des finissants et nouveaux conseillers d’orientation … Les forces  Une bonne formation théorique de base Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation semblent être reconnus pour leur intérêt et leur motivation à apprendre de nouvelles connaissances et à expérimenter de nouveaux apprentissages. Au départ, ils apparaissent arriver avec une bonne formation de base au plan théorique, ainsi qu’en matière d’information scolaire et professionnelle, ainsi que de psychométrie. Ils accordent aussi beaucoup d’importance au respect et à l’application de règles déontologiques et éthiques.  La maîtrise de certaines compétences relationnelles Les participants reconnaissent aux finissants et aux nouveaux conseillers d’orientation la capacité d’intervenir à l’aide de compétences relationnelles de base (ex. : empathie, authenticité, etc.) et spécifiques (ex. : reflets, questions ouvertes, résumés), sans toutefois leur reconnaître la maîtrise de compétences plus avancées (ex. : confrontation, interprétation, etc.).
  • 32. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 32 Les limites (points à développer)  Difficultés à faire progresser la dynamique d’un processus et du client Il est certes reconnu chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation qu’ils peuvent engager une relation d’aide et aider un client à réfléchir sur son parcours, ainsi que sur certains thèmes significatifs. Toutefois, plusieurs participants notent un certain point de limites en termes de compétences lorsque vient le temps de mobiliser leur client ou lorsque vient le moment de gérer des situations d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients.  L’inconscience et l’évitement de ses angles morts Se voir intervenir, se voir réagir, se voir ressentir, voilà globalement le type de commentaires formulés à titre de limite ou de manque chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation. De plus, il est mentionné dans certaines occasions des situations où le conseiller d’orientation évite de se confronter en renonçant à s’engager et à s’ouvrir auprès de certains clients ou certaines problématiques. À ce propos, il y a là place au développement d’une plus grande compréhension empathique de soi par la remise en question de vérités universelles et par l’autocritique en matière d’évaluation de ses interventions.  Le manque d’expérience pratique En effet, il est naturellement possible de s’attendre à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation puissent manquer de pratique. C’est là le lot de la plupart des étudiants ou personnes récemment sorti des études. Néanmoins, les propos amenés portent sur des éléments spécifiques tels que le nombre d’heures passées en milieu de pratique, la capacité de concevoir une intervention en orientation et celle de porter un jugement professionnel. Dans l’un des milieux, les participants relevaient la possibilité que le manque de confiance de plusieurs serait pourrait justement s’associer au manque d’heures de pratiques et à la diversité des problématiques rencontrées.
  • 33. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 33  Le manque de curiosité et de culture générale Les participants de trois milieux sur les quatre rencontrés ont évoqué un certain manque en termes de curiosité et de culture générale chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation. Dans chacun des milieux, certains types de connaissances, qu’elles soient d’ordre technique ou conceptuel, sont importantes pour exercer ses fonctions de travail. Le manque rapporté concerne le fait qu’il serait davantage attendu que les étudiants inscrits à des programmes d’études supérieures en orientation soient d’une part mieux formés à ces connaissances spécifiques aux principaux secteurs de pratique en orientation, mais également que les futurs professionnels puissent avoir par eux-mêmes développer une plus grande curiosité. Ce qu’ils nous suggèrent …  Valoriser les apprentissages pratiques Les participants souhaitent voir les finissants réaliser différents types de processus d’orientation, de durée variable et s’appuyant sur différentes approches et différents modèles, de manière à ce qu’ils puissent s’adapter à différents contextes. À ce propos, il est suggéré également de mettre en place un programme de maîtrise avec tronc commun et option de choix de spécialisation de manière à permettre à chaque étudiant de choisir un type d’intervention ou de clientèle cible respectant ses intérêts (clientèle jeune ou femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.) Enfin, il est question d’accroître le nombre d’heures de stages en milieu de pratique, que ce soit d’abord par des stages d’observation ou des stages plus courts, afin qu’ensuite la présence soit plus assidue au point même de considérer une période de résidence en fin d’études de maîtrise.
  • 34. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 34  Transmettre des connaissances centrées sur les enjeux et les problématiques courantes en orientation professionnelle Dans les différents milieux de pratique où a été menée l’enquête, il est maintes fois question d’intégrer des contenus d’apprentissages théoriques qui soient plus en lien avec des phénomènes, des problématiques ou bien de procédés de travail spécifiques à certains secteurs de pratiques : transition, indécision, anxiété et stress, décrochage, précarité, chômage, dépendance étatique, système éducatif et réforme en éducation, troubles de santé mentale). Pour les participants, il importe également de considérer que le travail des conseillers d’orientation s’opère aussi en counseling de groupe, sinon en contexte d’animation et de présentation devant un public. À ce propos, il importe de considérer que les différentes compétences théoriques et pratiques des conseillers d’orientation puissent également être ainsi exprimées de manière efficace et novatrice. Enfin, il est question d’inclure un cours d’épistémologie ou d’introduction spécifique à l’orientation professionnelle impliquant une exposition rapide aux réalités du travail de relation d’aide propres à ce domaine.  Favoriser le développement personnel de l’étudiant Dans l’idée que le principal outil de travail des conseillers d’orientation est leur propre personne, il est proposé de choisir des stratégies pédagogiques qui puissent élever leur sens critique et le pouvoir d’affirmation personnelle des étudiants par des occasions de confrontation de soi-même en contexte de relation interpersonnelle. Il est également considéré l’idée de mettre en place des moyens concrets afin de confronter les étudiants à des situations souvent difficiles en orientation professionnelle telles que celles d’impasses relationnelles. De plus, un journal ou un port folio de ses apprentissages et de ses expériences pratiques devrait être suggéré aux étudiants de manière à les amener à faire le point sur eux-mêmes tout au long de leur parcours de formation.  Diversifier les modalités d’encadrement des étudiants Tout d’abord, à l’université il est suggéré de mettre en place des mesures de soutien et d’encadrement des étudiants au-travers de leur parcours, que ce soit sous forme de tutorat par un professeur, de mentorat par un professionnel ou de coaching individuel. Durant les périodes de stage à l’extérieur, l’université
  • 35. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 35 pourrait également être le lieu de séminaires de pratique où il serait alors possible d’échanger et d’intégrer ses apprentissages en situations réelles. En stage, il demeure toutefois important que les universités puissent s’assurer que leurs étudiants peuvent être confrontés à une pluralité de clientèles et de problématiques, ainsi qu’à des occasions nombreuses de supervisions et de réunions cliniques dans le milieu. En ce qui concerne les superviseurs, il est à ce propos suggéré de viser des normes d’accréditation de manière à assurer la conformité et la qualité de l’encadrement à l’externe.  Participer et s’impliquer plus activement dans la formation des étudiants Il est jugé souhaitable que les professeurs et les chargés de cours puissent eux aussi participer aux situations pratiques qu’ils proposent de manière à fournir une occasion de modelage pour les étudiants. Également, il est souhaité que ces derniers soient plus impliqués dans leur programme d’études, dans leur profession, de même qu’ils abordent davantage des connaissances en lien avec leurs propres travaux de recherche. Cette attitude peut même, de l’avis de certains participants, procurer un dynamisme contagieux à la fois aux étudiants du programme, ainsi qu’au sein du programme lui-même.  Établir des occasions de dialogue et de travail entre l’université et la pratique Il est suggéré d’inviter davantage les praticiens à venir parler de leur travail et de leur secteur de pratique aux étudiants de deuxième cycle, de même que d’inviter les professeurs à venir faire de même auprès d’eux. À un niveau plus avancé, il est proposé d’envisager des occasions régulières d’échange, le développement de projets communs de formation et de recherche.  Intégrer la pratique de la psychométrie aux pratiques du counseling En fonction des problématiques et des types de clientèles qu’ils rencontrent, les conseillers d’orientation doivent choisir les outils psychométriques les mieux adaptés. Pour se faire, il importe que les finissants puissent non seulement connaître et savoir utiliser les instruments psychométriques les plus souvent utilisés en orientation et dans ses principaux secteurs de pratique (GROP, Strong, WAIS, NEO, EG, Hooper, Raven, JVIS), mais également connaître les dernières
  • 36. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 36 nouveautés disponibles. D’une part, il est reconnu l’importance d’être formé au choix éclairé d’instruments psychométriques en regard d’une situation d’intervention donnée (valeur, efficacité, limites, analyse critique). D’autre part, il est tout de même considéré que la majeure partie du temps de formation en psychométrie devrait miser sur des mises en situation d’interprétation des tests de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses habiletés à utiliser les bons mots et ultimement à produire des rapports d’orientation adaptés aux pratiques.  Proposer plus de recherche pratique Pour les praticiens rencontrés, les compétences en recherche transmises à la maîtrise devraient servir l’avancement de sa pratique professionnelle. Par conséquent, il est proposé d’offrir aux étudiants des occasions de travaux de recherche leur permettant d’approfondir certains thèmes ou sujets propres à leurs intérêts dans les milieux de pratique. Également, parmi les différents types de recherches, il est suggéré de mettre davantage d’efforts pour amener les étudiants à faire des recherches-actions ou autres qui permettent l’intégration de connaissances au travers de la pratique. Enfin, il a été proposé de considérer d’intégrer le projet de recherche au sein même du stage de fin d’études, de manière à enclencher dès ce moment le questionnement sur des voies possibles de développement de connaissance en milieu de travail.
  • 37. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 37 Conclusion Ce rapport présente les résultats d’une enquête menée auprès de 35 professionnels rattachés à des services d’orientation dans les quatre secteurs suivants, soit l’employabilité, la réadaptation professionnelle, l’ordre d’enseignement secondaire et l’ordre d’enseignement universitaire. Au travers des quatre premières sections du rapport, il est possible de prendre connaissances des opinions des participants pour chaque secteur et milieu de pratique, dont notamment : les défis et les préoccupations du milieu ; les compétences recherchées ; les forces et les faiblesses des finissants et des nouveaux conseillers d’orientation ; les suggestions formulées pour le développement d’un programme de maîtrise en carriérologie le plus adapté aux réalités et aux besoins de la pratique. La dernière et cinquième section du rapport présente les points de convergences entre les opinions des participants des quatre milieux de pratique et ainsi de soulever des pistes de développement, sinon de réflexion dans le cadre des travaux visant l’élaboration d’un programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. Dans chacune des sections, les résultats de l’enquête témoignent de l’importance conférée au développement personnel de l’étudiant lors de l’entrée sur le marché du travail. L’équilibre personnel, la maturité professionnelle ou encore une connaissance de soi confrontée à des situations interpersonnelles d’intervention sont quelques-uns des propos rapportés par les participants. Il est également question pour chaque type de pratique de la diversification des clientèles desservies, ainsi que le recours à des compétences qui de plus en plus débordent les cadres de la formation initiale. Parmi les enjeux les plus souvent rapportés à cet effet, il est possible de retenir l’intervention auprès de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de troubles d’apprentissage, celle auprès des clientèles immigrantes, ainsi qu’une pratique de plus en plus centrée sur la réorientation, l’adaptation et la réadaptation professionnelle que sur des enjeux de choix ou de projets professionnels. Enfin, les professionnels ayant participé à l’enquête sont nombreux à souhaiter une part accrue de pratique professionnelle avant la sortie des études de manière à amener les étudiants à pouvoir davantage se confronter aux différentes problématiques et clientèles, à profiter d’une plus grande variété d’occasions d’encadrement de supervision, tout en devenant plus mature au plan professionnel. Pour convenir de la valeur et de la portée des résultats exposés, ainsi qu’aux éléments de convergence présentés entre les quatre milieux de pratique de
  • 38. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 38 l’orientation présentés ici, il importe de reconnaître les limites de la démarche. D’abord, les résultats ne sont pas représentatifs de la réalité des quelque 2400 conseillers d’orientation répartis à l’ensemble du Québec. L’échantillon de participant n’est d’une part que de 35 personnes, il ne couvre que 4 secteurs de pratique et les organisations rencontrées sont toutes situées dans la grande région de Montréal. De plus, le nombre de participants par secteur de formation n’est pas proportionnel à l’ensemble des conseillers d’orientation québécois. Un nombre plus élevé de participants, une meilleure représentation des différents champs de pratique de l’orientation, ainsi d’une répartition plus proportionnelle selon les secteurs de pratique et la région auraient certainement pu amener des résultats possiblement très différents, du moins nettement plus spécifiques. De plus, le questionnaire utilisé est non standardisé, la cueillette des données ne respecte pas un protocole clair quant aux types d’information à relever et le chercheur-animateur de discussion est lui-même conseiller d’orientation, ce qui peut avoir un impact sur les participants au niveau de la désirabilité sociale positive. L’enquête demeure néanmoins passablement conforme au niveau de la démarche entreprise, de l’administration du questionnaire au-travers de discussions de groupes semi-dirigées, de la saisie de données qualitatives, ainsi que de la démarche d’analyse des résultats. De plus, cette enquête n’avait aucunement pour prétention d’être scientifique.
  • 39. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 39 Annexe 1 – La lettre d’invitation 9 octobre 2009 Organisation A/S Membres de la direction A/S Conseillères et conseillers d’orientation Adresse Madame, Monsieur, Au cours de la prochaine année, les professeurs de la section carriérologie de l’Université du Québec à Montréal vont travailler au développement d’un nouveau programme de maîtrise spécialisée en carriérologie. Dans le but de mieux arrimer le futur contenu de ce programme avec les besoins et les préoccupations des milieux de pratique, nous souhaiterions l’avis de gens de terrain comme VOUS ! La démarche proposée est simple : Un groupe de discussion composé de 6 à 10 conseillers d’orientation et/ou membres de direction rattachés à des services d’orientation; Réalisé dans votre milieu de travail (aucun déplacement) avec la présence d’un professeur de la section carriérologie de l’UQAM, également conseiller d’orientation ; Une discussion en trois temps : 1) vos besoins et vos préoccupations en tant qu’organisation relativement aux enjeux et problématiques actuelles qui influence les services de conseillers d’orientation; 2) les forces et les points à améliorer que vous relevez chez les stagiaires de 2ième cycle et les jeunes c.o. que vous embauchez à la sortie des études de maîtrise; 3) vos suggestions quant aux avenues à prendre ou quant aux types de contenu pédagogique à insérer dans une formation de conseiller d’orientation arrimé aux besoins des milieux de la pratique. Les retombées possibles pour vous sont les suivantes : a) établir un dialogue avec le milieu universitaire pour faire entendre vos besoins et vos préoccupations quant à la qualification de conseillers d’orientation; b) développer un contact
  • 40. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 40 privilégié pour la venue de futurs stagiaires ou de diplômés, pour le développement de projet commun ou pour l’échange d’information sur nos milieux respectifs. Au cours des prochains jours, je communiquerai avec vous pour connaître votre intérêt à participer à cette initiative. D’ici là, je vous offre mes salutations respectueuses. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o. Professeur, en carriérologie, UQAM (514) 987-3000, poste 3994 Cournoyer.louis@uqam.ca
  • 41. Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM 41 Annexe 2. Le questionnaire d’enquête. Questionnaire Ce questionnaire vise à connaître votre opinion professionnelle à l’égard de la qualification d’étudiants et de diplômés de 2e cycle universitaire en carriérologie ou orientation professionnelle. Le questionnaire est anonyme et les données recueillies n’ont pas pour objet d’être publiées. 1. Formation et emploi  Quel emploi exercez-vous actuellement ?  Quelle formation complétée (si non complété, l’indiquer) vous a permis d’obtenir l’emploi que vous occupez actuellement?  À quelle institution avez-vous fait vos études de baccalauréat?  À quelle institution avez-vous fait vos études de maîtrise (s’il y a lieu) ? 2. Dans vos mots, quels sont les réalités et les besoins qui caractérisent le plus votre milieu de pratique (clientèle, conditions de services aux clientèles, problématiques, etc.) ?