1. HSIA Ling-en Université Paris I Panthéon-Sorbonne
GALAGAN Sergiu UFR Economie
2007-2008
L3 Semestre 2
Dossier RMI : « Le FMI est-il encore utile ? »
Introduction
Le Fonds monétaire international (FMI) a été créé au lendemain de la seconde guerre
mondiale, en 1945, pour promouvoir le bon fonctionnement de l'économie mondiale. Sa
création, dans le cadre du système de Bretton Woods, avait pour objectif d’aider les pays
déficitaire à régler leurs problèmes de balance des paiements. Avec la fin de ce système en
1971, et donc du système de taux de change, les fonctions du FMI se sont élargies.
L'article I des Statuts du FMI énonce les principaux buts de l'institution :
- promouvoir la coopération monétaire internationale
faciliter l'expansion et la croissance équilibrées du commerce mondial;-
-
promouvoir la stabilité des changes;-
-
- aider à établir un système multilatéral de paiements;
- mettre ses ressources (moyennant des garanties adéquates) à la disposition des pays
confrontés à des difficultés de balance des paiements.
Nous étudierons en trois temps la question de l’utilité du FMI dans le système financier
actuel. Après avoir vu le rôle positif et le rôle négatif que peut jouer cette institution, nous
verrons dans quelle mesure une réforme est nécessaire pour s’adapter aux besoins actuelles.
I/ Le rôle positif du FMI : la gestion des crises mexicaines
Le FMI est une institution qui regroupe 185 des 192 pays reconnus par l’Organisation des
Nations Unis (ONU).
Lorsque les pays sous-développés font face à des problèmes d’instabilité financière, monétaire
ou du système bancaire, leurs banques centrales ne possèdent pas des moyens suffisants pour
intervenir.
2. En effet, lors d’une crise financière, une banque centrale dont la crédibilité est faible concernant
la lutte contre l’inflation, peut amplifier une crise si elle injecte des liquidités en faisant craindre
la naissance d’une spirale inflationniste. Les conséquences sont d’une part la détérioration des
résultats des banques et d’autre part, une dépréciation importante de la monnaie nationale.
L’institution peut donc intervenir ici en tant que prêteur de dernier ressort disposant d’une
crédibilité sérieuse. Les agents privées feraient confiance à l’action de l’institution et ces crédits
auront pour conséquence de stabiliser la monnaie tout en protégeant les banques de la
banqueroute. De plus, dans l’environnement mondialisé dans lequel on se trouve, cela réduit le
risque de contagion de la crise dans les autres pays.
Le FMI tient le rôle de gestionnaire des crises depuis celle du Mexique en 1982. Durant
cet été, l’annonce de difficultés concernant la dette extérieur mexicaine suscite des craintes au
niveau mondial et en particulier pour des grandes banques américaines installées au Mexique
car leur exposition est supérieur à leur capital. La Réserve fédérale américaine (FED), la
Banque des règlements internationaux (BRI) intervinrent immédiatement, puis d’autres banques
plus tard. Dans ce cadre, il est utile d’avoir une institution qui joue le rôle d’un arbitre. Malgré
le fait que le FMI était peu préparé à jouer ce rôle-ci, ce ne fut pas un échec.
Mais c’est surtout depuis la crise financière mexicaine de 1994 que le FMI joue un rôle
important de catalyseur de crise. En effet, à cette date, une nouvelle crise affecte le pays mais
pour des raisons presque opposées. Ce n’est plus la présence de créances douteuses qui est à
l’origine de la crise mais l’euphorie économique suite à des Investissements Directs à l’Etranger
(IDE) et d’investissement de portefeuille trop important qui crée des instabilités dans le taux de
change. Toutefois, cette crise a été maitrisée relativement rapidement par l’apport massif de
liquidité conjointement par la FED et le FMI. Nous voyons donc qu’une crise peut être gérer
efficacement si les réactions des institutions sont rapides.
L’existence d’une institution financière est souhaitée par la communauté internationale
pour gérer les crises dans les pays moins développés. Si l’on en croit les témoignages d’homme
politique tel que l’ancien président philippin, Fidel V. Ramos, le FMI joue un rôle prépondérant
dans le développement économique de ces pays. Ramos met en avant l’importance du Fonds
dans son aide sur une longue durée à son pays. Ainsi, le FMI ne se contente pas seulement
d’accorder des crédits à taux préférentiels mais il aide a structuré le système financier et
bancaire. Il n’hésite pas à prôner un rôle plus important dans la coordination que le FMI peut
apporter auprès de l’Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC), organisation
intergouvernementale de la région Asie-Pacifique, qui comprend donc un nombre important de
pays en développement.
Si l’existence d’une institution financière internationale fait plutôt l’unanimité, il n’en
demeure pas moins que beaucoup de critiques sont adressées au FMI. Bien que les crises
mexicaines aient été gérées de manière relativement bonne, on ne peut pas en dire autant de
celle qui a frappé l’Asie du Sud-Est en 1997 et 1998. Nous verrons donc dans cette seconde
partie, les limites de cette institution au travers de l’analyse de cette crise.
3. II/ Le rôle négatif du FMI: la gestion de la crise asiatique
A l’origine de la crise économique asiatique, on trouve un surinvestissement et des
niveaux de dette extérieure très élevés pour des pays dont le système économique et financier
est encore fragile et dépendant. Cette crise s’est exprimée initialement sous la forme d’une crise
monétaire liée à une forte dépréciation des devises asiatiques.
Le directeur général de l’époque, Michel Camdessus, était très critiqué pour ces
méthodes libérales. La gestion de la crise indonésienne résume sa « méthode ».
L’Indonésie subit, durant l’été 1997, une vague de spéculation qui frappe d’abord la Thaïlande,
avant de se propager à la Malaisie, le Japon et en passant par Hong Kong. Les milliards de
dollars placés dans l’immobilier et dans la Bourse (ce que les experts du FMI prenaient pour
une preuve de la libéralisation réussie des marchés financiers indonésiens ) fuient le pays et par
voie de conséquent, la roupie indonésienne perd 80 % de sa valeur et l’immobilier s’effondre.
Pour tenter de contenir ce flot, l’Etat s’endette auprès du FMI et de la Banque mondiale à des
taux préférentiels par rapport aux marchés privés. Des crédits de l’ordre de 25 milliards de
dollars sont accordés, sous réserve d’application d’un « programme d’ajustement structurel ». Il
s’agit entre autre d’ « améliorer l’efficacité des marchés » et de « resserrer la politique
monétaire et budgétaire ».
Cependant, dans les faits, cela se traduit par un arrêt des aides aux produits de première
nécessité et une flambée des prix. A titre d’exemple, le prix de l’électricité augmente de 200%,
50 % pour le lait, 36 % pour le riz, durant la période août 1997 et janvier 1998.
De plus, les taux d’intérêt s’envolent à 40% pour une inflation à 12%. L’effet domino est le
suivant : explosion des dettes, faillites de nombreuses entreprises, des banques sont fermées et
l’emploi et les salaires s’effondrent.
D'après l’ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, Joseph Stiglitz, auteur de la
Grande Désillusion dans lequel de vives critiques sont adressées au FMI, quot;non seulement le
FMI n'a pas restauré la confiance économique mais il a contribué à miner le tissu social de la
régionquot;. Milton Friedman ira jusqu’à dire que sans l'intervention du FMI en Thaïlande, en
Indonésie et en Asie, «il n'y aurait pas le problème de l'Asie. Il y aurait peut-être des cas isolés,
comme la Thaïlande, mais il n'y aurait pas une si grande crise à travers l'Asie ».
A contrario, pendant la même période, la Malaisie qui est aussi concerné par les
spéculations, refuse le programme d’ajustement du Fonds. Le gouvernement malaisien impose
des normes aux banques et maintient le contrôle des changes, ce qui lui permet de garder des
taux d’intérêt relativement bas à 6,4 % fin 1998. Le patron du FMI critique vivement ce pays
qui a « l’illusion qu’on peut se tenir à l’abri d’une crise internationale grâce à un contrôle des
changes ». Mais la Malaisie sort de la tourmente moins mal-en-point que ses voisins asiatiques
et sa croissance redémarre bien plus rapidement…
L’échec de la gestion de la crise asiatique pose quelques questions concernant le
fonctionnement du FMI, à savoir l’origine des décisions qui ont été prises.
4. III/ Le FMI face au critique : une réforme nécessaire
Au sein du FMI, les directeurs exécutifs sont tellement occupés par la quantité de tâches
qui leur sont attribuées qu’ils n’ont pas d’autre choix que de suivre les instructions de leur
gouvernement nationaux pour des raisons de simplicité, au risque que ces choix soient politisés.
Il devient donc difficile de prendre des décisions politiques fermes et incisives tout en
réagissant rapidement lors d’une crise.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre actuelle, Mervyn King propose, dans la
continuité de l’idée de John M. Keynes, de mettre en place un homme fort qui, à l’image d’un
PDG prendrait des décisions qu’il assumerait, afin d’éviter les critiques envers les gouverneurs
comme quoi ils mèneraient des actions politisées. Barry Eichengreen, professeur d’Economie à
l’université de Berkeley, note cependant qu’il est dangereux et risqué de donner une
indépendance à une seule personne sans contrepartie en termes de responsabilité. De plus, ne
serait-ce que par sa localisation à Washington, il est craint que ce Directeur ne subisse une
influence encore plus prépondérante des Etats-Unis. Il prône pour un comité de politique
monétaire composé d’un nombre restreint de membres qui représenteraient chacun un continent
différent. Le mandat serait de six ans, durée considérée comme convenable pour permettre au
gouverneur d’être indépendant de la politique des gouvernements qu’il représente.
Les vives critiques que rencontrent l’institution n’ont pas laissé le Fonds insensible et
depuis quelques années, la volonté de réforme est réellement présente.
A peine installé dans ses nouvelles fonctions de directeur général, le 1er novembre 2007,
Dominique Strauss-Kahn, a estimé, qu'il fallait aller quot;plus vite et plus loinquot; dans la réforme de
l'institution. « Cette mission, il faut la rendre adaptée au monde d'aujourd'hui. Cela a déjà
commencé sous mon prédécesseur mais il faut aller plus vite, il faut aller plus loinquot;.
Conclusion
Si le FMI était inutile, il n’existerait plus aujourd’hui et ne regrouperait pas la quasi-
totalité des pays du monde. Son rôle dans les crises est tantôt réussi et tantôt raté. Mais il est
difficile d’affirmer que sans l’existence de cette institution, l’économie financière se porterait
mieux. Reste à savoir, si l’intervention du FMI permet d’atteindre un jeu gagnant-gagnant. Car
les politiques libérales menées par le Fonds durant les dernières décennies semblent profitées
principalement aux investisseurs privées des Etats riches qui peuvent s’installer dans les pays
sous-développés au risque de créer des instabilités.
Nous pouvons aussi nous poser la question de la place et les actions que doivent menées le
Fonds dans le cadre des « Global Imbalances » où les déficits extérieurs des Etats-Unis, qui sont
5. financés par l’accumulation de réserve de dollars par les autres pays, rappelle étrangement la
situation des Accords de Bretton Woods.
Finalement, on peut se poser la question de la pertinence de l’existence d’institutions
internationales, comme les BRI, la Banque Mondiale, le FMI, l’Organisation Mondiale du
Commerce, dont les rôles peuvent se confondre.
Références bibliographiques :
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http://www.geocities.com/CollegePark/Pool/1644/ramos2.html
http://www.imf.org/external/pubs/ft/exrp/differ/differ.htm
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http://www.imfsite.org/abolish/whyneeds.html
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http://www.econ.berkeley.edu/~eichengr/reform.pdf
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http://www.nber.org/papers/w10497
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http://www.ufctogo.com/Les-activites-et-le-role-du-FMI-1591.htm
Is the fmi still useful? Barry Eichengreen ,04 mai 2006,
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http://www.telos-eu.com/en/article/is_the_imf_still_useful
Argentine, encore une victime du FMI, Alexandr Tarasov , Scepsis, 1 février 2002 (russe)
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http://scepsis.ru/library/id_738.html
Du FMI au Vatican, l’expert qui se trompe toujours : M. Michel Camdessus, Halimi Serge,
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Bulard Martine, Europe Solidaire Sans Frontières, janvier 2005
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article4538
La crise indonésienne et le rôle du FMI, Amandine Giraud, 2001
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