1. Noor. Ainsi se nomme la centrale solaire qui vient d’être
officiellement mise en service au Maroc, dans la province
d’Ouarzazate, à 10 km de la ville éponyme.
Noor, cela veut dire “lumière”. Et s’il ne s’agit que du démarrage effectif
de la phase I – une centrale d’une capacité de 160 MW – le projet, une
fois achevé en 2020, portera bien son nom : ce sera la plus grande
centrale solaire du monde, d’une capacité de 580 MW.
Pour l’heure, Noor I ne produit donc “que” 160MW de puissance, soit
l’équivalent de la puissance nécessaire pour faire voler un Boeing 747 en
vol (passagers inclus) ou pour donner de l’électricité à 1 millions de
Marocains (selon les sources officielles), du moins tant que le Soleil est
au rendez-vous… et quelques heures après son coucher.
NOOR :
LA PLUS GRANDE CENTRALE
SOLAIRE DU MONDE VIENT
D’ALLUMER SON PREMIER
“RÉACTEUR”
2. UNE CENTRALE SOLAIRE THERMODYNAMIQUE
Car Noor I est une centrale “thermodynamique“, utilisant les rayons du
Soleil pour chauffer un fluide lequel transmet ensuite la chaleur à l’eau
pour faire tourner des turbines à vapeur et produire de l’électricité. Elle
devrait ainsi consommer 1,7 millions de mètres-cubes d’eau par an.
La centrale Noor I vue depuis le satellite Landsat 8 à 710 km d’altitude (Nasa)
De fait, Noor I est un immense champ de miroirs incurvés, un demi-
million répartis sur 480 hectares, qui à l’unisson, telle une parabole de
télescope ou d’antenne, concentrent les rayons du Soleil en son “foyer” :
une tour contenant le fluide thermique.
3. BIENTÔT REJOINTE PAR NOOR II, NOOR III ET NOOR IV
Ce fluide, des sels fondus, qui a la capacité emmagasiner la chaleur
par inertie thermique bien plus longtemps que l’eau, est ainsi un réservoir
de chaleur qui permet à la centrale de fonctionner environ 3 heures après
l’extinction du jour – mais qui, a contrario, tarde plus à s’échauffer le
matin.
Exemple de centrale solaire thermodynamique : la centrale Planta Solar 10 en Andalousie
(Espagne). Ph. Afloresm via Wikicommons CC BY 2.0.
S’il est prévu que Noor I commence à délivrer son électricité en juin 2017,
après une phase de tests et de réglages, sa sœur, Noor II, est déjà en
construction et devrait entrer en service en 2017-2018. Prévue pour
délivrer environ 200 MW de puissance, elle repose sur une technologie
semblable mais moins consommatrice d’eau.
L’ÉQUIVALENT D’UN RÉACTEUR NUCLÉAIRE… ÉTALÉ SUR 2500
HECTARES
Enfin, Noor III, devrait être achevée en 2020, pour une puissance
d’environ 150 MW… En tout, le projet Noor, d’un coût total estimé de
quelque 9 milliards de dollars (8 milliards d’euros), déploiera ses miroirs
sur 2 500 hectares, plus que le site de Disneyland Paris, pour produire
500 MW (avec une consommation d’eau estimée de 2,5 à 3 millions de
m3 d’eau par an).
4. Le schéma des miroirs de la centrale (Ph. AndrewBuck via Wikicommons CC BY-SA 3.0)
Et Noor IV, une “petite” centrale photovoltaïque de 80 MW, viendra
soulager les trois autres en cas de pic. Donc 580 MW en tout, soit la
puissance d’un réacteur nucléaire moderne…
11% DE L’ÉLECTRICITÉ MONDIALE À L’HORIZON 2050
Avec cela, le Maroc se situera en tête du peloton du “solaire
thermodynamique” dont l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit
qu’il représentera à l’horizon 2050 11% de la production d’électricité
mondiale, avec 1 000 GW.
Roman Ikonicoff
Sciences et vie