1. Le Proche et le Moyen-
Orient: un foyer de conflits
depuis la fin de la 1ère
Guerre Mondiale
Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre
mondiale à nos jours
9. Dans l’Antiquité, les
1ères civilisations y
apparaissent
Invention de
l’agriculture (VIIIe
millénaire av JC
Invention de l’écriture
(IIIe millénaire av JC)
Les Premières villes du
monde
Une grande partie du Moyen-Orient connait l’influence grecque, en
particulier avec l’action d’Alexandre le Grand.
Et pour la partie méditerranéenne celle de l’Empire Romain
11. … à celles du pétrole aujourd’hui
300 km
Mer Noire
Mer Méditerranée
Mer
Caspienne
Océan Indien
EGYPTE
ARABIE SAOUDITE
TURQUIE
YEMEN
OMAN
E.A.U
IRAK
ISRAËL
LIBAN
SYRIE
IRAN
AFGHANISTAN
Ankara
Ryad
Mascate
Bagdad
Téhéran
Kandahar
Doha
Manama
Beyrouth
Damas
Amman
Sanaa
Mer
Rouge
Bab al-
Mandeb
Ormuz Pays membres
de l’OPEP
Passages
maritimes
stratégiques
Flux maritimes
pétroliers
Tel-Aviv
JORDANIE
Une ressource
importante…
Principales zones
d’exploitation de
pétrole et de gaz
… Au cœur d’un
carrefour
géostratégique…
…Source de
tensions et de
conflits
KOWEÏT
Canal de
Suez
Zones de tensions
liées au pétrole
depuis 1945
Golfe
d’Aden
Source: G. Mutin, Du
Maghreb au Moyen-
Orient, un arc de
crises, Documentation
photographique
n°8027, 2002
13. Le Moyen-Orient:
Environ 300 millions d’habitants (=USA)
3 poids lourds démographiques
Des zones anciennement
peuplées: le croissant
fertile
La population du
Moyen-Orient
23. Les intérêts français en Syrie
En 1920, la France reçoit de la SDN un mandat sur la Syrie. Elle en détache,
le Liban où les communautés chrétiennes, qui lui sont favorables, sont
majoritaires.
« Les groupes minoritaires sont un peu pour nous en Syrie, ce qu’est en
Afrique la masse de plus d’un million d’Européens qui nous donnent un
appui et une raison d’être durables.
Ils ont l’avantage de se prêter à l’application du mandat en même temps
qu’à la constitution de gouvernements indigènes dociles à notre direction,
tandis que le gouvernement d’une Syrie unitaire, constituée au profit des
nationalistes, nous mettrait en présence d’un pouvoir indigène le moins
maniable auquel nous pourrions avoir affaire. »
Robert de Caix, secrétaire général du mandat, 1923
26. La question de l’eau
Prenant leur source dans les montagnes turques, les deux grands fleuves du Moyen-
Orient traversent ensuite la Syrie et l'Irak. Le contrôle de ces eaux, vitales pour
l'agriculture et la population des trois pays, donne lieu à des tensions récurrentes.
Dans les années 1970, Bagdad et Damas ont même failli entrer en guerre à cause de la
construction de barrages en Syrie. En 1976, la Turquie a lancé un vaste projet de
développement de la région du sud-est, qui repose sur la réalisation de vingt-deux
barrages. Onze ouvrages sont déjà en activité. Si l'ensemble est achevé, plusieurs études
montrent que le débit des deux fleuves pourrait décroître de 17 à 34 % à la sortie du
territoire turc. […] l'usage des engrais et le développement de l'irrigation ont fortement
augmenté la pollution et la salinité. Les écosystèmes sont bouleversés.
«Le château d'eau du Moyen-Orient» a longtemps fait fi des plaintes de ses voisins syrien
et irakien. «Nous ne réclamons pas de partager leurs ressources en pétrole, ils n'ont
aucun droit sur nos ressources en eau», avait tranché en 1992 Suleyman Demirel, premier
ministre turc à l'époque.
Source : Le Figaro, 16/3/2009
Barrage Atatürk, sur l’Euphrate. Lors
de son remplissage en 1990, la
Turquie avait interrompu le débit du
fleuve pendant 1 mois,
27. Le pétrole, incontournable
Avec près des deux tiers des réserves pétrolières conventionnelles mondiales estimées […] et 40% des
réserves gazières aujourd’hui connues […] le Moyen-Orient était, demeure et restera pour encore quelques
décennies un lieu majeur de production couvrant une part essentielle des besoins énergétiques des pays
développés comme des pays émergents.
Il n’est pas d’événement géopolitique, religieux ou social intervenant dans cette région qui n’ait un impact
sur les grands équilibres économiques et politiques de notre planète. Une telle situation ne peut que
susciter l’intérêt croissant des grandes puissances consommatrices pour ces hydrocarbures, dans un
contexte de tensions croissantes sur l’offre à plus long terme, si aucune révolution énergétique et
technologique d’envergure ne se produit dans les prochaines années pour réduire ou changer les besoins
énergétiques présents et à venir.
L’importance des réserves pétrolières et gazières du Moyen-Orient est un facteur clé de compréhension
pour tout ce qui touche aux grands équilibres géopolitiques de cette région. Certes, le Moyen-Orient est
un carrefour stratégique majeur depuis la plus haute Antiquité ; il est aussi le berceau de nombreuses et
grandes civilisations et reste le foyer d’origine des trois grandes religions monothéistes. Mais si ces
affirmations sont essentielles pour comprendre son histoire et sa sociologie, le Moyen-Orient, héritier d’un
miracle géologique, est d’abord et reste pour nos sociétés contemporaines le lieu majeur de production
du pétrole et du gaz dont nos pays ont toujours besoin pour vivre, croître et répondre aux demandes sans
cesse accrues d’une modernité en quête de confort, de sécurité et de loisirs. Le nucléaire et les énergies
renouvelables ne sont toujours que des énergies d’appoint dans le bilan énergétique mondial face à
l’ampleur des ressources en hydrocarbures. Le monde consomme en priorité quotidiennement, pour
environ 60 % de ses besoins énergétiques, du pétrole et du gaz et ceux-ci viendront en quantités de plus en
plus massives du Moyen-Orient, malgré l’importance de la diversification géographique de la production
mondiale d’hydrocarbures, qu’il s’agisse des sites de pétrole offshore du Brésil ou des ressources présumées
de l’Arctique.
Christophe-Alexandre Paillard (octobre 2010)
Maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris
28. La réappropriation des ressources
Le premier combat mené par les Etats du Moyen-Orient fur celui de la réappropriation
progressive de leurs ressources en hydrocarbures. En effet, jusqu’aux années 1950,ce
sont les puissances occidentales à travers leurs compagnies pétrolières qui contrôlent
largement l’exploitation des gisements ne versant qu’un pourcentage limité des
recettes aux Etats de la région. Un exemple illustre assez bien ce contrôle c’est la
tentative de nationalisation du pétrole iranien par le Premier ministre Mossadegh entre
1951 et 1953 qui s’est soldée par un coup d’Etat et la reprise en main occidentale de
l’Anglo-Iranian Oil Company.
Deux étapes illustrent l’affirmation de la souveraineté pétrolière du Moyen-Orient :
. en 1960 la création de l’OPEP permet la mise en place d’un prix plus équitable
. dans les années 1970, les pays de la région prennent progressivement le contrôle
des compagnies ( Arabie Saoudite acquiert 25% du capital de l’Aramco en 1973 et
parvient à 100% en 1980).
L’autre point important est le prix du pétrole. En 1973 suite à la guerre du Kippour, le prix
du baril passe de 3 à 12$ puis à 32$ au déclenchement de la guerre Iran-Irak. Après une
baisse dans les années 1980 et 1990, les prix sont repartis à la hausse depuis 2000. Les prix
sont déterminés par la demande mondiale et les évènements géopolitiques.
32. Le pacte du Quincy (1945)
Le Pacte du Quincy a été scellé en février 1945 sur le croiseur Quincy, entre le roi Ibn
Séoud, fondateur du royaume d'Arabie Saoudite, qui est une théocratie islamiste très
rigoriste Wahhabite et le président américain Franklin Roosevelt. Il s’articule sur cinq
points :
La stabilité de l’Arabie saoudite fait partie des “intérêts vitaux” des États-Unis qui
assurent, en contrepartie, la protection inconditionnelle du Royaume contre toute
menace extérieure éventuelle.
Par extension la stabilité de la péninsule arabique et le leadership régional de
l’Arabie saoudite font aussi partie des « intérêts vitaux » des États-Unis.
En contrepartie, le Royaume garantit l’essentiel de l’approvisionnement énergétique
américain,
La dynastie saoudienne n’aliénant aucune parcelle de son territoire, les compagnies
concessionnaires ne seraient que locataires des terrains.
Les autres points portent sur le partenariat économique, commercial et financier
saoudo américain ainsi que sur la non-ingérence américaine dans les questions de
politique intérieure saoudienne.
36. L’opposition Arabe au plan de
partage
Les Arabes de Palestine considèrent que toute tentative des Juifs ou de
n'importe quelle puissance ou groupe de puissances d'établir un État juif
dans un territoire arabe est un acte d'agression auquel on résistera par la
force.(...)
Le Prestige des Nations unies sera mieux servi en abandonnant et en
n'imposant pas une telle injustice.(...)
Les Arabes de Palestine firent la déclaration solennelle devant les Nations
unies, devant Dieu et devant l'histoire qu'ils ne se soumettraient jamais à
une quelconque puissance venant en Palestine pour imposer une partition.
Le seul moyen pour établir une partition est tout d'abord de les éliminer :
hommes, femmes et enfants.
Déclaration du haut comité Arabe, le 6 Février 1948
37. Guerre civile de 1947-1948 en Palestine
mandataire
Attentat à la voiture
piégée à Jérusalem,
marché de la rue Ben
Yehuda, 22 février 1948
39. Proclamation de l’État d’Israël
« La terre d’Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que s’est formée son identité spirituelle
et nationale, [...] là qu’il a écrit la Bible et l’a offerte au monde. […]
En 1897, le premier congrès sioniste, […] a proclamé le droit du peuple juif au renouveau
national dans son propre pays. Ce droit a été reconnu par la déclaration Balfour du 2 novembre
1917. […] Le récent holocauste, qui a anéanti des millions de juifs en Europe, a de nouveau montré
le besoin de résoudre le problème dû au manque de patrie et d’indépendance du peuple juif, par
le rétablissement de l’État juif. […] Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies a
adopté une résolution recommandant la création d’un État juif en Palestine. [...]
En conséquence, nous, membres du Conseil national, représentant la communauté juive de
Palestine et le Mouvement sioniste mondial, sommes réunis en assemblée solennelle aujourd’hui, jour
de la cessation du mandat britannique en Palestine. […] Nous proclamons la création de l’État juif
en Palestine, qui portera le nom d’État d’Israël.
L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés; il veillera
au développement du pays au bénéfice de tous ses habitants, il sera fondé sur les principes de
liberté, de justice et de paix; […] il assurera la protection des Lieux saints de toutes les religions.
Victimes d’une agression caractérisée, nous demandons cependant aux habitants arabes de
l’État d’Israël de préserver les voies de la paix et de jouer leur rôle dans le développement de l’État,
sur la base d’une citoyenneté pleine et égalitaire. »
Discours de David Ben Gourion , Premier ministre d’Israël, Tel Aviv, 14 mai 1948.
40. 1948 : la Nakba
Réfugiés Palestiniens quittant la
Galilée en Octobre-Novembre
1948
Ruines du village palestinien de
Suba, près de Jerusalem, (à
l’arrière-plan le Kibboutz Zova,
qui fut construit sur les terres du
village)
Durant cette guerre, entre 700 000 et
750 000 Arabes palestiniens fuient ou sont
expulsés de leurs villes et villages et se
voient refuser tout droit au retour sur leurs
terres tant pendant qu'après la guerre
tandis que plus de 90 % de leurs villages
sont détruits.
41. Le Conseil de sécurité,
Exprimant l’inquiétude que continue de lui causer la grave situation au
Moyen-Orient ;
Soulignant l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la guerre et la
nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque
État de la région de vivre en sécurité ; […]
1. Affirme que l’accomplissement des principes de la Charte exige
l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient qui devrait
comprendre l’application des deux principes suivants :
(i) Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du
récent conflit ;
(ii) Cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de
belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de
l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la
région et leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et
reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force.
2. Affirme en outre la nécessité :
(a) De garantir la liberté de navigation sur les voies d’eau internationales
de la région ;
(b) De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ;
(c) De garantir l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique de
chaque État de la région, par des mesures comprenant la création de
zones démilitarisées.
La Guerre des Six jours et la résolution
242 du Conseil de Sécurité de l’ONU
44. De Camp David à Oslo, des espoirs de
paix déçus
Camp David, mars 1979 Oslo, septembre 1993
Anouar El Sadate, assassiné en 1981 Yitzhak Rabin, assassiné en 1995
45. Des espoirs déçus
Radicalisation et cycle de violence
liés aux difficultés du processus de
paix :
-assassinat d’Yitzkah Rabin par un
extrémiste juif (en 1995)
-les mouvements islamistes lancent des
attentats – kamikazes
-au terrorisme, Tsahal répond par des
opérations de répression massive,
soutenue massivement par l’opinion
israélienne
-le Hamas prend le contrôle de la
bande de Gaza après les élections
législatives de 2007
Nombre de tués en Israël/Palestine entre
septembre 2000 et juillet 2008
48. Des espoirs déçus
2002 : décision unilatérale, prise par
Israël d’ériger un mur de séparation
marque un tournant majeur. Le mur
transforme la vie des Palestiniens en
cauchemar. La plupart ne peuvent
plus venir travailler en Israël, et le
petit nombre qui en a l’autorisation
doit attendre de longues heures aux
check-points, à l’aller comme au
retour.
49. La guerre des mots
Israël
Arabes
Mont du Temple
Judée-Samarie
Implantations
Terrorisme
Clôture de sécurité
Palestine
Palestiniens
Esplanade des mosquées
Cisjordanie
Colonies
Résistance palestinienne
Mur de la honte
52. « Chers collègues et amis,
Ne pensez-vous pas que la cause fondamentale des problèmes devrait être recherchée, dans
l’ordre international en vigueur, dans la manière dont le monde est gouverné ?
J’aimerais porter votre aimable attention sur les questions suivantes (…) :
Qui
Qui a imposé et soutenu pendant des décennies des dictatures militaires et des régimes
totalitaires en Asie, Afrique et Amérique Latine ?
Qui a utilisé la bombe nucléaire contre des personnes sans défense, et possède des milliers de
têtes nucléaires dans ses arsenaux ? (...)
Qui a provoqué et encouragé Saddam Hussein à envahir et imposer une guerre de 8 ans à l’Iran,
et qui l’a assisté et équipé à déployer des armes chimiques contre nos villes et notre peuple ?
Qui a utilisé l’incident mystérieux du 11 septembre comme un prétexte pour attaquer
l’Afghanistan et l’Irak, en tuant, blessant et déplaçant de force des millions de personnes dans
ces deux pays, avec comme objectif final la domination sur le Moyen-Orient et ses ressources
pétrolières ? (…)”
Discours du président iranien
Ahmadinejad à l’ONU en 2011
53. Le regard sur la guerre d’un romancier
irakien
Le long de la troisième ligne fortifiée, le secteur du quatrième corps d’armée était en feu : les soldats
étaient couchés à plat ventre ou assis en haut des bastions à tirer avec fureur. Tous les chars T-72 (chars de
fabrication soviétique) crachaient leur lave, installés dans des enclos devant la ligne ou dans des crevasses
bien apparentes, appuyés par des centaines d’hélicoptères, d’obusiers de campagne, de mortiers et de
lance-missiles Frog (lance-missiles de fabrication soviétique […]
Après d’effroyables cris de détresse, un bruit de tambours leur parvint et un hymne iranien scandé sur un
rythme militaire. Etrange et inquiétant, cela venait de haut-parleurs disséminés le long de la ligne
d’affrontement.
Mon Dieu, mon Dieu protège Khomeiny
Jusqu’à la venue du Mahdi. Mon Dieu, mon Dieu. (…)
Les troupes iraniennes avaient surgi derrière les formations irakiennes comme un génie sort de sa lampe ; le
champ de bataille était en plein chaos. Les balles sifflaient avec frénésie et leurs éclats déchiquetaient
l’espace. On entendait monter le chant inattendu des volontaires iraniens déterminés à marcher sur
Kerbala, et cet hymne à Khomeiny qui s’approchait avec le goût de la mort, cernant les brigades
d’infanterie, les régiments de chars, les batteries d’artillerie. L’avant-garde du quatrième corps d’armée
était prise dans l’étau des brigades des « Combats pour la victoire éclatante » comme les appelait
Khomeiny- qui envahissaient les confins de la frontières irakienne. Les chars reculèrent vers le secteur et
engagèrent le combat ; plusieurs explosèrent dans un carnaval d’étincelles.
extrait de Janane Jassim Hillawi : Pays de nuit, Acte Sud, 2005 (traduction française de l’original en arabe paru en
2002).
54. L’opposition iranienne à l’Irak :
Discours radiodiffusé de l’Ayatollah
Ruhollah Khomeiny, avril 1980
« Saddam et son gouvernement
illégitime veulent revenir à la
période d’avant l’islam, temps de
l’ignorance (…) pour faire prévaloir
les seul pouvoir des Arabes en
ignorant l’influence de l’islam. Ces
gens ne croient pas à l’islam (…).
Armée irakienne rejoins ton peuple
comme l’armée iranienne a rejoint
le sien. Tu es responsable devant
Dieu. Aucune excuse ne justifierait
que tu fasses la guerre contre le
peuple iranien et l’Iran musulman.
Ce serait une guerre contre le
prophète Muhammad. L’armée
irakienne accepterait-elle de faire
la guerre contre le Coran et le
Prophète ? L’Iran est aujourd’hui le
pays du messager de Dieu. Sa
révolution, son gouvernement et
ses lois sont islamiques. Nous
voulons fonder un Etat islamique
qui réunisse l’Arabe, le Persan, le
Turc et les autres nationalités sous
la bannière de l’islam. »
La « déclaration de guerre » de Saddam Hussein à l’Iran, discours de
Saddam Hussein devant le parlement irakien, 17 septembre 1980.
« (…) le Chatt al-‘Arab doit être irakien et arabe de nom et de fait, et
jouir de tous les droits qui découlent de la peine souveraineté de l’Irak.
(…)
L’Irak ne convoite pas de territoires iraniens et n’a pas l’intention de
déclarer la guerre à l’Iran ni d’étendre le conflit avec ce pays au-delà de
la défense de nos droits et de notre souveraineté. (…)
Nous déclarons au monde et à la nation arabe que nous avons levé le
masque que porte la clique au pouvoir en Iran. Cette clique a
fallacieusement utilisé la religion pour assurer son expansion au dépens
de la souveraineté et des intérêts supérieurs de la nation arabe, pour
provoquer des conflits et diviser les fils de la nation, sans se soucier des
conditions difficiles que connaît la nation ni de la lutte que celle-ci mène
contre les agresseurs sionistes et les forces impérialistes.
La religion n’est qu’un voile pour dissimuler le racisme et la haine
millénaire des Persans à l’égard des Arabes. Elle est brandie pour attiser
le fanatisme et la haine et dresser les peuples de la région les uns contre
les autres, servant ainsi consciemment ou non les plans mondiaux du
sionisme. (…)
Nous saluons chaleureusement nos frères arabes d’Ahwaz qui souffrent
de la terreur et de l’oppression komeynistes, plus terribles encore qu’à
l’époque du Chah. Nous saluons les militants honnêtes du Kurdistan
iranien et tous les peuples amis d’Iran et nous les assurons que nous ne
convoitons aucune parcelle de leur territoire et que nous n’éprouvons
pour eux que de la sympathie et de l’amitié »
55. Deux pays complexes
Deux pays caractérisés par une
population dominante mais aussi des
minorités religieuses et/ou ethniques
Minorités pouvant être amenées à
être ou être vues comme un
« ennemi de l’intérieur »
56. Cours du pétrole de 1972 à 2003. Source:
www.senat.fr
L’Irak de Saddam Hussein vu par un observateur belge au
lendemain de l’invasion du Koweït, extrait de J-P. Colette :
« Saddam Hussein ou la loi du plus fort », Le soir, 3 Août 1990
Il a contenu l'Iran khomeiniste. Mais il a utilisé l'arme chimique
contre les Kurdes. Menacé Israël du même sort. Acquis des
missiles. Jusqu'où ira Saddam? (…)
Plusieurs pays arabes eurent une attitude bienveillante,
apparemment rassurés de retrouver un leader qui s'en prenne
en leur nom à Israël et aux États-Unis. Tant les Arabes,
impressionnés par cette démonstration de force, que les
Occidentaux semblent avoir négligé d'évaluer la puissance
irakienne: en 1988, les dépenses militaires de Bagdad se sont
élevées à 12,87 milliards de dollars; au cours des cinq dernières
années, il a été le deuxième importateur d'armes au monde,
après l'Inde, 53 % venant d'URSS, 25 % d'Europe, 5 % des États-
Unis. (…)
Psychologiquement gonflé à bloc, Saddam Hussein a aussi
choisi de s'attaquer au Koweit pour résoudre ses graves
problèmes économiques: l'Irak est de plus en plus dépendant
des ressources du pétrole. Il lui fallait provoquer une remontée
des prix, s'assurer de nouvelles réserves et annuler l'énorme
dette contractée envers le Koweit, après avoir exigé en vain un
paiement pour de prétendus détournements pétroliers. La loi du
plus fort.
57. Enjeux
de la
guerre
Iran Irak
A l’échelle infra-étatique:
importantes minorités
nationales, fragilité des Etats
concernés
A l’échelle étatique: litige
frontalier et rivalité
« nationale » et
« religieuse »
A l’échelle régionale:
divisions ethniques et
religieuses, malgré des
idéologies visant à l’unité
A l’échelle planétaire:
implication de grandes et
moyennes puissances dans
les conflits du Moyen
Orient, marché des armes,
enjeu pétrolier
58. Conflit « moderne »,
par ses formes de
combat, son
armement. Guerre
longue et meurtrière
Affirmation face
à face, des
discours
« arabiste » et
« islamiste ».
Des puissances
étrangères
impliquées, mais
selon une logique
différente de celle
de la guerre froide
Importance et
situation difficile
des minorités
« nationales » en
Iran comme en Irak
durant la guerre
Opposition
entre Arabes et
Perses, Entre un
Etat chiite et un
autre (alors) à
majorité sunnite.
Une guerre révélatrice des conflits et
de leurs enjeux au Moyen Orient
Guerre
Iran/Irak
59. Conflit « moderne »,
par ses formes de
combat, son
armement. Guerre
longue et meurtrière
Affirmation face
à face, des
discours
« arabiste » et
« islamiste ».
Des puissances
étrangères
impliquées, mais
selon une logique
différente de celle
de la guerre froide
Importance et
situation difficile
des minorités
« nationales » en
Iran comme en Irak
durant la guerre
Opposition
entre Arabes et
Perses, Entre un
Etat chiite et un
autre (alors) à
majorité sunnite.
Une guerre révélatrice des conflits et
de leurs enjeux au Moyen Orient
Le Moyen Orient foyer de
conflits majeur depuis 1918 et
surtout 1945: multiplication
des conflits, des guerres
meurtrières…
Diversité ethnique mais aussi
religieuse du Moyen Orient,
les deux ne se recoupant pas
toujours. Grande complexité
du peuplement
Frontières modernes prenant mal en
compte cette diversité. Elles sont des
enjeux de conflits (enjeux des tracés,
peuples sans territoire propre délimité…)
Depuis le début du 20e siècle,
développement d’idéologies visant
autant à dénoncer l’influence
occidentale qu’à surmonter les
divisions internes au Moyen Orient.
Implication de puissances
étrangères au Moyen Orient
(liaisons avec l’Asie, pétrole…).
Etats du Moyen Orient devant
« jouer » avec ces influences
Guerre
Iran/Irak
61. Islamisme
« L’usage intensif de ce terme par les médias exige une clarification.
[…] Depuis les années 1980, islamisme est employé [..] pour désigner un islam porteur d’un projet politique et social. Il
vise notamment les courants les plus radicaux qui veulent faire de l’islam une idéologie politique caractérisée par la
construction d’un État fondé sur la religion (État islamique) et une société organisée selon les normes juridiques que
fournirait l’islam (charia). Il est alors perçu comme une dérive de la religion proprement dite qui menace les idéaux
démocratiques et laïques, et qui n’hésite pas à recourir au terrorisme.
Du point de vue des milieux qualifiés d’islamistes, la distinction entre musulman et islamiste n’a pas de sens. Ils
considèrent que leur interprétation des textes fondateurs est la seule légitime : un « vrai musulman » est islamiste. Ils
prônent une réforme radicale qui suppose le retour aux sources et l’imitation des glorieux ancêtres (salafisme). Ils
revendiquent la purification de l’islam, pour le débarrasser de ce qu’ils considèrent comme des superstitions ou des
innovations blâmables. L’islam deviendra alors le fondement de la société et de la vraie civilisation en fournissant,
outre la vraie foi, les normes morales, les principes d’action, les modèles d’organisation collective. Dans cette
perspective, il convient de faire le tri entre la modernité acceptable (le progrès technique et scientifique par
exemple) et inacceptable (la dépravation des mœurs, l’effondrement des valeurs morales, la sécularisation, la
privatisation de la croyance, la liberté religieuse).
[…] L’appellation d’islamisme, imposée par les moyens d’information, nécessite donc beaucoup de prudence. Elle
recouvre au mieux une mouvance aux contours flous qui tire de la religion musulmane des programmes politiques
dont le seul point commun est de vouloir mettre la religion musulmane au centre de la vie politique et sociale. Mais
les désaccords sont profonds dès qu’il s’agit de définir ce programme, la place des non musulmans ou les moyens
de faire triompher ce projet, par les élections pour la majorité, par la force pour une petite minorité. »
Source : Ministère de l’Éducation nationale, 2004
62. L’islamisme défini par Khomeiny
Notre objectif est de dessécher à la racine les systèmes corrupteurs,
sionistes, capitalistes et communistes de ce monde. Nous nous sommes
recommandés à Dieu, pour qu’il nous aide à détruire les régimes
fondés sur ces trois théories et à diffuser la doctrine de l’Islam du
messager de Dieu. Que la paix du Seigneur s’étende sur lui et sa
descendance !
Notre guerre est celle de la doctrine islamiste, elle se rit de frontières et
de la géographie. Notre devoir est d’opérer l’immense mobilisation des
soldats de l’Islam, partout dans le monde pour notre guerre islamique.
Préparons-nous à organiser un puissant front islamique portant le nom,
ayant les qualités de notre révolution iranienne et à affronter l’est et
l’ouest coalisés, afin que soient enfin réaliser le règne et la gloire des
déshérités et des va-nu-pieds.
Extrait du message de l’Ayatollah Khomeiny, à radio Téhéran le 20 juillet 1988.
63. Ben Laden appelle à la guerre sainte
après l’intervention américaine en Irak
Sachez que cette guerre est une nouvelle croisade contre le monde musulman et
qu’elle sera décisive pour la communauté musulmane toute entière. Donc, ô jeunes
musulmans de tous lieux et surtout dans les pays voisins de l’Irak et au Yémen, vous
devez mener la guerre sainte convenablement car des voix se sont élevées en Irak,
comme auparavant en Palestine, en Égypte au Yémen et ailleurs, appelant à une
solution pacifique et démocratique, à la collaboration avec les régimes apostats (qui
abandonne la religion), ou avec les envahisseurs juifs et croisés, plutôt qu’à la guerre
sainte; bref il faut prendre garde à cette méthode fausse et trompeuse contraire à la loi
de Dieu. Comment pouvez-vous soutenir la guerre sainte sans combattre pour la cause
de Dieu ? Allez vous faire marche arrière ? Ces hommes là ont affaibli la puissance des
musulmans sincères et ont adopté comme références humaines, la démocratie, la
religion païenne, en entrant dans les parlements, ceux-là se sont égarés et en ont égaré
beaucoup. Chacun sait que tout gouvernement formé par les États-Unis, à l’instar des
gouvernements de notre région, est un gouvernement fantoche et traître, qui a été créé
pour éteindre la flamme du Djihad.
Oussama Ben Laden, Seconde lettre aux musulmans d’Irak, diffusée le 18 octobre 2003
64. Le terrorisme et ses causes
L’action terroriste vise à terroriser, c’est-à-dire à induire un rapport de force par la terreur et la peur,
c’est pour cela qu’elle est universellement pratiquée, que ce soit par l’Etat ou par les groupes
d’opposition.
Trois objectifs caractérisent le terrorisme, de façon conjointe et à des proportions variables suivant les
cas :
attirer l’attention de façon spectaculaire et violente sur un rapport de forces perçu de façon
manichéenne,
l’exigence d’être reconnus, identifiés, par une signature, un nom, d’exister fût-ce de la façon la
plus négative qui soit, ce qui semble plus enviable que de ne pas exister,
la mise en image symbolique de la force dont disposent les auteurs d’actes terroristes.
Pour savoir comment lutter contre le « terrorisme », il faudrait d’abord se poser la question de
comment naît le « terrorisme », quelles en sont ses causes profondes. Faut-il en chercher l’origine dans
la religion, dans l’écart de richesse entre le Nord et le Sud de la planète, dans le conflit israélo-
palestinien, dans l’opposition entre civilisations occidentale et islamique, ou dans d’autres facteurs
socio-politiques ? Si tous les auteurs ne sont pas d’accord entre eux sur la réponse à cette question, il
est intéressant de prendre du recul et de voir le « phénomène terroriste » dans son évolution
historique. Le « terrorisme international » ressurgit chaque fois qu’un monde en évolution (trop) rapide
donne l’impression - subjective ou objective - à de trop grands groupes de gens qu’ils sont
marginalisés », explique le professeur belge Rik Coolsaet.
Site d’Amnesty International , novembre 2005
65. Le Hamas au pouvoir dans les territoires
palestiniens
Juliette Mayaleh, Le Hamas au pouvoir, Actualités Maghreb / Moyen-Orient, 5, IFRI, 2006
67. Les révolutions arabes profitent-elles
aux islamistes ?
D’après le philosophe tunisien Mezri Haddad, les révolutions arabes seront récupérées par
les islamistes, notamment par les Frères musulmans, les plus populaires auprès des pauvres
qu’ils secourent souvent mieux que l’Etat. Et ils seront soutenus par les opposants
démocrates, surtout depuis que leur discours plus modéré s’inspire de celui des islamistes
turcs. Pour beaucoup, ces révolutions déboucheront sur un Moyen-Orient islamiste, car
l’opposition verte a le vent en poupe et est la mieux organisée.
Mais est-on condamné à soutenir des dictateurs pour barrer la route aux islamistes ? En
réalité, il faut sortir des oppositions simplistes (dictateurs laïcs contre islamistes), car
comme le rappelle le grand intellectuel égyptien Tarek Haggy, anti-islamiste et laïque,
depuis des années la menace islamiste a trop servi de prétexte pour justifier les
répressions. Et depuis les années 1970, ce sont les dictateurs « anti-islamistes » (Nasser et
ses successeurs Anouar-al-Sadate et Moubarak en Egypte ; Hafez al-Assad et son fils
Bachar en Syrie ou la junte militaire du FLN en Algérie) qui ont réislamisé radicalement leur
pays, fait de la charia la source des lois, sponsorisé avec des pétrodollars saoudiens des
écoles et centres distillant un islam rétrograde, puis anéanti la liberté religieuse et rendu
impossible la vie des non-musulmans ou des laïques. Ils récoltent aujourd’hui ce qu’ils ont
semé. Et les jeunes épris de liberté ne veulent plus continuer à exonérer des despotes
corrompus qui n’ont aucune leçon de morale laïque à donner.
http://www.francesoir.fr/actualite/international/revolutions-arabes-profitent-elles-aux-islamistes-70538.html
Hinweis der Redaktion
Cette étude de cas peut partir d’un simple commentaire du nom donné à cette guerre en Europe, guerre entre deux Etats, et de sa longue durée. Le portrait des deux chefs d’Etats permet de donner un visage à ces deux noms et d’amener l’un des enjeux de l’opposition entre ces deux Etats.
Outre le fait que ce discours laisse apparaître une mémoire du conflit Iran/Irak, et la volonté de minimiser l’opposition de ces deux Etats, il témoigne de sa dimension internationale. En ce sens, il n’apparaît pas seulement comme un simple conflit entre deux Etats.
Cet extrait de roman laisse voir ici le traumatisme laissé par le conflit dans l’Irak contemporain. Outre la violence de guerre qui apparaît ici, il permet d’aborder la dimension internationale du conflit avec l’évocation des armes soviétiques.
L’intérêt de ces deux documents réside dans leur confrontation. Ces deux textes se répondent et permettent de mettre en évidence la dimension régionale du conflit, chacun des deux protagonistes cherchant à se faire le porte parole de tout ou partie du Moyen Orient.
La dimension infra étatique du conflit apparaît ici avec l’évocation de la diversité ethnique et religieuse qui peut être faite des deux Etats en guerre.
Il importe ici de montrer que la guerre, ruineuse en soi, l’est encore plus en tenant compte du fait que les cours du pétrole s’effondrent à partir de 1985, entrainant une chute des revenus des deux principaux protagonistes. Cette chute est d’ailleurs en partie liée au conflit puisque certains pays arabes soutenant l’Irak à travers divers prêts décident, pour assurer leur équilibre financier, d’accroitre leur production de pétrole. L’offre s’accroit sans hausse parallèle de la demande, ce qui entraine les acheteurs à exercer une pression à la baisse sur les prix.