La vague du siècle s'amplifie - Institut Esprit Service - Juin 2016
Reconciler humanité et innovation
1. Une des rares bonnes nouvelles de ce temps de crise sanitaire :
l’humanisme et l’innovation sont réconciliés !
Il y a encore quelques mois, il était frappant de constater que le discours mainstream sur
l’innovation était celui d’un danger pour l’Humanité : vacciner son enfant présentait des risques pour
sa santé, les nouveaux modes de travail ne généraient que de la précarité et des formes
d’esclavagisme moderne, l’intelligence artificielle allait détruire la plupart de nos emplois sans
certitude d’en créer de nouveaux à la place…
Mon propos ici n’est pas de dire que ces risques n’existent pas, ou qu’ils ont disparu, mais
simplement de constater que leur appréhension est devenue secondaire (qui oserait prétendre
aujourd’hui que les vaccins sont nocifs ?), car tout le monde a repris conscience de trois points
fondamentaux :
L’innovation est une création humaine, et elle est au service de l’Humanité,
elle n’existe et ne se développe que parce que les humains y ont intérêt ;
L’innovation est le seul moyen que l’Homme a trouvé pour faire face aux défis
que son environnement lui impose (la recherche de tests, remèdes, vaccins contre le COVID-
19 en est le plus parfait exemple)
« L’Histoire ne repasse pas les plats », ou autrement dit, l’environnement
changeant en permanence, il n’y a jamais de remèdes anciens qui fonctionnent intégralement
face à un problème nouveau.
Et ceci est une très bonne nouvelle, car, enfin, nous allons pouvoir envisager à nouveau
l’avenir en termes de solutions, et non pas de problèmes potentiels. Autrement dit, nous avons
réconcilié Humanisme et innovation, et au moins pour un temps, remis au premier plan de nos
préoccupations l’obligation de passer à l’action et de nous adapter en permanence.
Il y a quelques semaines, avant que cette épidémie ne nous atteigne, j’échangeais avec le
dirigeant d’un très beau groupe français du cuir, et lui faisait remarquer à quel point, actuellement,
en matière d’innovation, on parlait de problèmes et pas de solution. Il m’a répondu, très justement,
que c’était parce que nous étions paralysé par le nombre d’avenirs possibles, et qu’il était
extrêmement difficile de prévoir celui qui deviendrait réel. Trop d’analyse nous empêcherait donc de
passer à l’action ? Mais n’est-ce pas plutôt le contraire ? N’est-ce pas nous qui en créant, en
développant, construisons pierre après pierre les conditions de notre avenir ? Je vous renvoie sur ce
sujet à l’excellent livre de Cyril de Sousa Cardoso et jean-Christophe Messina, l’art de l’innovation, qui
comparent à juste titre la créativité à un jeu de Légo : « la créativité et l'innovation ne doivent pas être
envisagées comme des processus visant à créer du « nouveau » en se déconnectant de l'existant. Ce
sont des processus qui utilisent, associent, combinent, « bricolent » avec l'existant, pour le dépasser,
afin de créer le « nouveau ». »
Cette crise nous a fait avancer sur bien des aspects : recherche médicale (of course), modes de
travail et de consommation, outils pédagogiques, liens humains… et ce n’est pas fini ! Nous avons juste
repris conscience que c’était à nous de passer à l’action, et, individuellement, d’innover à notre niveau
pour créer les conditions de notre avenir.
Ne laissons plus à quelques-uns le monopole de l’innovation !