"Que veulent les Destouriens" article paru le 21 nov 2013 sur Réalités. Hajer...
Algérie et moyen orient
1. actuel
MAGHREB
Algérie
Pas de quartier face au terrorisme
L’Algérie, légitimement préoccupée par sa sécurité et longtemps
traumatisée par le djihadisme, a joué un rôle non négligeable dans la
restauration de la paix au Mali. Aujourd’hui, elle renforce la sécurité sur
ses frontières avec la Tunisie. Elle partage également de longues
frontières avec la Libye, pays en proie aux conflits armés, qu’elle souhaite
sécuriser… Pour ce faire, l’État algérien se munit de drones armés… Quel
rôle peut jouer ce pays dans la pacification de toute la région ?
L
a lutte contre le terrorisme lie l’Algérie à la France par l’accord de
coopération conclu entre les deux
pays. C’est sur le sol algérien que se
trouve le comité d’état-major opérationnel
conjoint — CEMOC — opérant contre le
terrorisme en zone sahélienne.
Au Mali, le rôle de l’Algérie dans l’instauration de la paix et la réconciliation a été
valorisé par Albert Gérard Bert Koenders,
le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, chef de la mission
internationale intégrée pour la stabilité au
Mali (Minusma.)
Il souligné dans une conférence de presse
tenue à Alger, le «travail important et le
soutien crucial» apportés par l’Algérie à
l’ONU dans le cadre de sa mission de paix
au Mali.
L’Algérie opère dans le domaine de la diplomatie à l’échelle internationale et les
opérations militaires et sécuritaires sont
renforcées sur son sol.
Aujourd’hui, en concertation avec trois
pays en proie à des conflits armés et un
quatrième dont l’avenir sécuritaire est incertain, l’Algérie tente de conclure, avec
la Russie, l’achat d’une trentaine de drones
afin de renforcer la sécurité sur ses frontières. Ces drones sont connus pour leur
force de frappe, mais aussi lors d’opérations de reconnaissance. D’un autre côté,
les Algériens négocient avec les Chinois
l’acquisition d’avions sans pilote et pouvant embarquer deux missiles et survoler
jusqu’à 4000 km.
Enjeux
L’Algérie, première victime du terrorisme
en Afrique du Nord et en ayant payé le
prix fort pendant une décennie, n’est pas
prête à réintégrer sur son sol des cellules
djihadistes parties s’installer ailleurs depuis la fin de la guerre. Mais les chasser
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des pays où elles ont actuellement établi
leurs quartiers, comme le Mali ou la
Libye, risque fort de les ramener sur le sol
algérien. C’est ainsi que l’Algérie joue essentiellement un rôle défensif sur ses propres terres, sans ingérence ailleurs, ni
intervention armée directe dans d’autres
pays et se limite à la médiation, comme
elle l’a fait entre le Mali et les Touaregs en
2006 ou encore en soutien à l’ONU dans
ses missions dans des pays de la région du
Sahel.
La vulnérabilité de l’Algérie vient aussi de
la richesse naturelle dont elle dispose et de
sa situation géostratégique qui attise les
convoitises.Mais si le rôle sécuritaire de
l’Algérie se limite à ses frontières et à une
coopération avec les pays avoisinants, il
n’en reste pas moins que les spécialistes
lui accordent un rôle majeur à l’échelle régionale.
Hajer Ajroudi
2. actuel
Djihadisme en Syrie et en Irak
Le Proche-Orient éclaté
En moins de 24 heures, une trentaine de personnes ont trouvé la
mort en Irak dans un affrontement entre insurgés et soldats de
l’armée à Abou Ghraib. Du côté syrien, 500 personnes ont été
tuées en une semaine dans le conflit interne au sein des forces
extrêmes anti Bachar: Daâch et Jabhet Nosra. Ces conflits qui
puisent leurs origines dans la confrontation confessionnelle
entre chiites et sunnites en Irak et à l’intérieur du
fondamentalisme sunnite en Syrie dessinent les traits d’un
nouveau Moyen-Orient qui ne cesse de se fragmenter.
D
âach, abréviation de l’État islamiste en Irak et et au Cham
(Syrie),issu de l’organisation de
l’État islamiste d’Irak, a été au premier
rang des combattants djihadistes en Syrie.
Ayant trouvé dans l’insurrection contre le
régime de Bachar Assad une occasion
d’expansion, Abou Baker Baghdadi, père
spirituel de l’organisation État islamiste
d’Irak, a dépêché ses milices en Syrie pour
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combattre le régime. Jebhat Nosra est née
en 2011 sur les terres syriennes et, en
2013, Abou Baker Baghdadi annonçait intention d’unifier les deux organisations,
irakienne et syrienne, rebaptisées «État islamiste de l’Irak et de la Syrie». Mais la
cellule Jebhet Nosra a refusé de prêter allégeance à l’organisation mère.
L’usage de l’appellation historique de la
Syrie — Chem — au lieu de son nom moderne, dans les ambitions de Daâch, n’est
pas sans signification. Le territoire historique du Chem ou Biled Echem regroupe
en effet la Syrie, la Palestine et le Liban.
Abou Baker Baghdadi avait alors l’ambition de sévir dans toute cette étendue, mais
là où il prétend unir ses troupes et luimême divisent et créent les clivages.
3. MONDE
actuel
Le Proche-Orient est menacé d'éclatement sur une base confessionnelle
La nouvelle carte du Proche-Orient
se dessine sous nos yeux par le sang
Aujourd’hui, les spécialistes estiment que
Dâach compte entre 6000 et 7000 combattants en Syrie et entre 5000 et 6000 en
Irak.
Épuration
En Irak, le combat ne vise pas l’instauration d’un État islamiste réunissant toutes
les écoles de pensées musulmanes. Il s’agit
essentiellement d’une lutte de pouvoir
entre sunnisme et chiisme pourtant les
deux plus grandes branches de l’Islam.
Cette véritable guerre sur fond de querelles
confessionnelles convoite les richesses pétrolières et le pouvoir bien temporel au
nom d’Allah.
En Syrie, étrangement, Al-Qaïda a fragilisé l’opposition et l’armée libre face à
l’armée de Bachar Assad. Les combats qui
se déroulent aujourd’hui achèvent l’espoir
d’une opposition capable de présenter une
alternative au régime de Bachar Assad et
transforment la Syrie en un large territoire
tribalisé, fragmenté, chaotique, lui promettant un retour certain au Moyen-Âge.
En effet, l’élite intellectuelle, la minorité
chrétienne, les investisseurs, et tous ceux
qui ont les moyens de fuir le font aujourd’hui, désertant ainsi le pays en le laissant entre les mains de tribus et de clans
s’engagent dans ce qui s’apparente à une
guerre des cents ans.
À qui profite le chaos ?
Aujourd’hui, en Irak, des villes telles que
Fallouja et Anbar sont hors de contrôle de
l’armée et de l’État. La balkanisation de la
Syrie et de l’Irak est en train de se produire. Le Liban, pays multiconfessionnel,
est constamment au bord du précipice et
est secoué presque tous les mois par des
attentats meurtriers. L’équilibre y est très
précaire.
L’éclatement de la région, réalisé par des
instruments islamistes, ne peut guère profiter aux populations locales. Il a déjà été
démontré que l’intervention américaine en
Irak en 2003 n’avait pas eu lieu pour démocratiser ce pays. Le « chaos créatif »
tant vanté par les néoconservateurs américains a enfanté d’un monstre confessionnel. Tout en donnant le pouvoir aux
chiites, jadis opprimés par Saddam Hussein, les États-Unis ont mis le pays aux
portes de l’enfer. Bien entendu, Israël restera le seul bénéficiare de cet émiettement
de la région. Non seulement l’État hébreu
ne craindra plus d’offensives de la part de
ses voisins, mais apparait comme le seul
État capable d’offrir aux capitaux un environnement propice à l’investissement, sans
compter l’image d’un Etat démocratique
et d’un allié sûr de l’Occident.
Entre temps, les Arabes du Moyen-Orient
continuent à avancer dans l’Histoire… à
reculons !
Hajer Ajroudi
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