Trente-cinq ans de Jazz in Marciac. Sept lustres de
développement ininterrompu, de croissance quasi
exponentielle. On aurait pu penser que, sa vitesse de
croisière atteinte, JIM allait désormais se contenter de vivre
sur son acquis. Il n’en a rien été, et cette nouvelle édition le
prouve. L’esprit d’innovation, la conquête de nouveaux publics,
l’élargissement de la programmation ont, plus que jamais, été,
cette année, à l’ordre du jour. Avec, au bout du compte, une
indéniable réussite.
3. T
rente-cinq ans de Jazz in Marciac. Sept lustres de
développement ininterrompu, de croissance quasi
exponentielle. On aurait pu penser que, sa vitesse de
croisière atteinte, JIM allait désormais se contenter de vivre
sur son acquis. Il n’en a rien été, et cette nouvelle édition le
prouve. L’esprit d’innovation, la conquête de nouveaux publics,
l’élargissement de la programmation ont, plus que jamais, été,
cette année, à l’ordre du jour. Avec, au bout du compte, une
indéniable réussite.
Innovation, d’abord, dans la durée. Entamé dès le 27 juillet, le
festival s’est achevé à la date habituelle du 15 août sans que
la fréquentation ait été le moins du monde affectée par cette
extension nouvelle. Encore faudrait-il ajouter que le chapiteau
avait accueilli, le 26 juillet, les Victoires du jazz. Que la nouvelle
salle de l’Astrada a, tout du long, fonctionné à plein, en
concomitance avec le chapiteau. Que le festival Bis a drainé
sur la place de l’Hôtel-de-Ville un public aussi copieux qu’à
l’accoutumée.
Z Z iN Ma rciace L’ÂGe
Ja D
A ForCe
DAns L
Quant au programme, il se caractérisait par son éclectisme. La
voix, dans tous ses états, était mise à l’honneur, sorte de fil rouge
courant en filigrane d’un bout à l’autre de la manifestation. La
soirée inaugurale donnait le ton, avec une Melody Gardot à la
sophistication extrême et un Bobby McFerrin impressionnant
d’aisance et d’inventivité, en complicité avec les Yellowjackets
dont le saxophoniste Bob Mintzer lui donne une réplique
exemplaire.
Autres styles vocaux, celui de Youn Sun Nah, émouvante (sa
version d’Avec le temps soulève d’enthousiasme le chapiteau).
Celui de Dianne Reeves à qui l’Orchestre National Bordeaux
Aquitaine offre un écrin de cordes capiteux. De Stacey Kent,
interprète sensible de Tom Jobim et du Jardin d’hiver popularisé
par Henri Salvador. Sans oublier Esperanza Spalding, à mi-
chemin entre pop et groove, par ailleurs bassiste des plus
honorables, Angélique Kidjo, inspirée par son modèle Miriam
Makeba, ou encore Avishai Cohen qui ressuscite les vieilles
mélodies arabo-andalouses, et les crooners Harry Connick Jr.
et Kurt Elling. Gregory Porter, enfin, révélation de l’année, dont
la poignante version de Work Song met en valeur le timbre de
baryton.
Le blues, remarquablement servi sous ses diverses espèces
par Eric Bibb et son complice africain Habib Koite, par Keith
B. Brown et par Keb’ Mo’, était aussi de la partie avec Lucky
4. Peterson qui ressuscita, en compagnie du quintette de Wynton Pour cette édition, l’Orchestre du Conservatoire à Rayonnement
Marsalis, les vieux classiques de La Nouvelle-Orléans. Quant Régional de Toulouse, dirigé par Jean-Pierre Peyrebelle, donne
à la musique cubaine et à la salsa, qui compte à Marciac des la réplique au quartette du trompettiste Nicolas Folmer, lequel
adeptes chaleureux, Omara Portuondo les représentait avec a composé la musique et les arrangements. Une prestation
l’Orquesta Buena Vista Social Club, ainsi que Rubén Blades, tout à fait digne d’intérêt qui précédait celle du même Folmer
accompagné par l’orchestre du panaméen Roberto Delgado. avec Daniel Humair. Quant à Wynton Marsalis, compositeur et
Les amateurs du genre avaient pu aussi apprécier Eddie interprète d’une célèbre «Marciac Suite», il avait, lors du premier
Palmieri, ses claviers, son cigare et ses solistes, le tromboniste de ses deux concerts, confié au Jazz at Lincoln Center Orchestra
Conrad Herwig et le trompettiste Brian Lynch, l’un et l’autre et à l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, sous la
auteurs d’interventions tranchantes. direction de Wayne Marshall, la partition de son ambitieuse
Swing Symphony.
Le piano fut aussi à l’honneur, et d’abord avec Roberto Fonseca
venu présenter son dernier album «Yo». Découvert ici du temps John Zorn, qui est en passe de devenir une plaque tournante de
d’Ibrahim Ferrer, il jouit d’une cote d’amour que sa prestation, JIM, était venu présenter son «Book Of Angel» à la tête de trois
brillante, vint encore renforcer. L’une des révélations du formations successives. Lui-même a peu joué de saxophone,
festival fut le trio du jeune Tamir Hendelman, dont la maîtrise sinon lors des rappels, au regret de ses fans. Le quartette réuni
instrumentale fait déjà merveille et qui se situe dans la grande par Manu Katché, véritable All Stars, a tenu, pour sa part, toutes
tradition des pianistes historiques. Mais les sommets furent ses promesses. Comme Joshua Redman, associé à The Bad
atteints avec l’hommage à Thelonious Monk concocté par Plus. Comme Marcus Miller, apôtre de la fusion, et, dans un
quatre musiciens talentueux, les «anciens» Kenny Barron genre très différent, un autre contrebassiste plus consensuel,
et Mulgrew Miller, associés ou confrontés aux «modernes» Kyle Eastwood, déjà plébiscité ici.
Gerald Clayton et Eric Reed. Toutes les formules possibles, du
solo au quartet en passant par le duo, toutes les permutations S’il fallait, dans cette profusion, ne retenir qu’un concert, ce
envisageables furent utilisées pour mettre en valeur l’inventivité serait sans doute celui d’un jeune homme de quatre-vingt-
des uns et des autres. Ces joutes amicales, génératrices de deux ans, Sonny Rollins, étonnant de verdeur et de vigueur en
prouesses harmoniques et de swing, poussant chacun à se dépit de l’usure de l’âge. Explorant avec une ardeur juvénile
surpasser, culminèrent dans un somptueux Blue Monk qui ses succès éprouvés, Saint Thomas ou Don’t Stop The Carnival.
restera dans les mémoires. Galvanisant ses partenaires. D’un bout à l’autre, une intensité
à laquelle le chapiteau plein à craquer a réservé une ovation
Depuis quelques années, JIM s’aventure, avec la complicité de amplement méritée.
musiciens classiques, sur la voie du Troisième Courant, ce Third
Stream qui a tenté à toutes les époques les musiciens de jazz. Jacques ABOUCAYA
5. Visite à Marciac de Monsieur François Hollande,
Président de la République Française, le samedi 28 juillet 2012.
lité.
message de confiance dans la rura
«Marciac est un exemple pou r la France. Marciac exprime un e d’avenir.»
de complaintes mais un territoir
n’est pas un territoire de plaintes et
Nous avons un territoire rural qui
François Hollande
aise
Président de la République Franç
Inauguration du 35ème festival par Madame Aurélie Filippetti,
Ministre de la Culture et de la Communication, le vendredi 27 juillet 2012.
6. LeS VicTOireS DU JaZZ
À MArCiAC
En 2012, Jazz in Marciac a fêté ses 35 ans.
Et les Victoires du Jazz, leurs 10 ans.
Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer.
La cérémonie de jazz télévisée que même
les Américains nous envient a posé ses caméras
à Marciac, le village des irréductibles mordus de jazz.
Bojan Z, Artiste de l’année
Sandra Nkake, Révélation de l’année (Prix Frank Ténot)
7. Melody Gardot
VeNDreDi
27 JuiLLeT
La sophistication extrême de Mélody Gardot, l’extraordinaire
virtuosité de Bobby McFerrin soutenu par les Yellowjackets.
Une soirée dédiée à la voix, envoûtante, surprenante.
Porteuse d’émotion et de moments d’intensité.
Bobby McFerrin
8. Deux ans après son premier passage
à Marciac, Esperanza Spalding,
désormais star accomplie, fait tanguer
d’aise le chapiteau avec son Radio Music
Society. Prélude au triomphe de Joshua
Redman et de The Bad Plus, au mieux
de leur forme.
Esperanza Spalding
SaMeDi
28 JuiLLeT
The Bad Plus et Joshua Redman
9. Sonny Rollins
29 JuiLLeT
DiMaNcHe
Tous les superlatifs ont déjà été
utilisés pour qualifier Sonny Rollins,
figure emblématique du saxophone
ténor. A quatre-vingt-deux ans,
animé d’une fougue juvénile,
il offre au public de Marciac
un concert d’anthologie.
10. Eric Bibb
LUNDi
30 JuiLLeT
Keith B. Brown
Keb’ Mo’
Le blues dans tous ses états,
du Delta du Mississippi à l’univers
urbain de Chicago, de l’Afrique
aux incursions dans le folk
et la soul. Eric Bibb, Keith B. Brown
et Keb’ Mo’ donnent des couleurs
nouvelles à un idiome ancestral.
11. Wynton Marsalis Youn Sun Nah
31 JuiLLeT
MarDi
La grâce sensuelle et fragile de Youn Sun Nah
s’impose d’emblée à un public nombreux qui
lui fait un triomphe, avant que Wynton Marsalis
ne tente un rapprochement ambitieux et
imposant entre jazz et musique classique.
L’Astrada accueillait le guitariste argentin Luis
Salinas, au carrefour du jazz et de la salsa.
Luis Salinas
12. Gregory Porter
MercreDi
1 AoÛT
er
Dianne Reeves
Considéré par tous comme une révélation, Grégory
Porter, impressionnant dans tous les registres de
la Great Black Music, assure avec brio la première
partie du concert de Dianne Reeves, diva au charisme
toujours éclatant. Pendant ce temps, le jeune pianiste et
chanteur anglais Anthony Strong
enchante le public de l’Astrada.
Anthony Strong
13. JeUDi
2 AoÛT
Omara Portuondo et Roberto Fonseca
Venu présenter les succès de son
dernier album, «Yo», Roberto Fonseca
impose sans peine son talent
de pianiste, ouvrant la voie à la
grande Omara Portuondo et au
Buena Vista Social Club pour une
prestation magistrale et attendue.
L’ambiance de l’Astrada convient
à Claudia Solal qui donne,avec son
Spoonbox, un concert captivant.
Claudia Solal
Omara Portuondo
14. Le «cross over» de Nicolas Nicolas Folmer Daniel Humair
Folmer avec l’orchestre
du Conservatoire de Toulouse
sert de prélude à une
copieuse soirée où Daniel
Humair, puis Biréli Lagrène
et Ibrahim Maalouf enfin,
déclinent divers aspects du
jazz actuel.
A l’Astrada, Bojan Z fait
apprécier, en solo, toutes les
facettes de son talent
de pianiste.
VeNDreDi
3 AoÛT Ibrahim Maalouf
Biréli Lagrène
Bojan Z
15. Angélique Kidjo
4 AoÛT
SaMeDi
Angélique Kidjo pose ses pas dans ceux
de son illustre aînée Myriam Makeba pour
chanter l’Afrique et ses sortilèges.
Lui succèdent le Wynton Marsalis Quintet
et Lucky Peterson pour une touchante
célébration du blues néo-orléanais.
Au menu de l’Astrada, la musique de Cole
Porter avec Philip Catherine et son trio.
Philip Catherine
Wynton Marsalis Quintet et Lucky Peterson
16. Marcus Miller
DiMaNcHe
5 AoÛT
Kyle Eastwood
Que la basse et la contrebasse puissent
être des instruments mélodiques à part
entière, les groupes programmés ce soir,
ceux de Kyle Eastwood et de Marcus
Miller, en apportent, dans des styles
différents, la démonstration brillante.
A l’Astrada, une jeune chanteuse
prometteuse, Leïla Martial, et deux
vedettes confirmées, Bernard Lubat
et Michel Portal.
Michel Portal et Bernard Lubat
Leïla Martial
17. John Zorn
6 AoÛT
LUNDi
Deux musiciens inspirés, plus
ou moins directement, par
les musiques traditionnelles
hébraïques : Avishai Cohen,
à la tête d’un trio de jeunes
musiciens, et John Zorn,
déclinant en trois groupes son
«Book Of Angels». Décoiffant.
Le duo intimiste du trompettiste
Paolo Fresu et du pianiste Omar
Sosa fait vibrer le nombreux
public de l’Astrada.
Avishaï Cohen
Omar Sosa et Paolo Fresu
18. Tamir Hendelman Harry Connick Jr.
La révélation du festival pourrait bien
être Tamir Hendelman qui s’inscrit
avec talent dans la grande tradition
du piano. Quant à Harry Connick, Jr.,
entouré d’excellents partenaires, il
joue sur sa réputation de pianiste et
de crooner de charme.
Sur les traces des grandes vocalistes
américaines, China Moses revisite,
à l’Astrada, le répertoire des années
50 et 60.
MarDi
7 AoÛT China Moses
19. Stacey Kent
Stacey Kent interprète Manu Katché, Richard Bona,
avec un charme discret, Stefano Di Battista et Eric Legnini
en anglais, français et portugais,
les standards du jazz et les
mélodies d’Antonio Carlos Jobim.
Lui succède un all-stars de luxe,
le quartette réuni par le batteur
Manu Katché.
Pour sa carte blanche, Emile
Parisien a convoqué à l’Astrada
des musiciens de haute volée.
8 AoÛT
Manu Katché
MercreDi
Emile Parisien
20. Eddie Palmieri
Rubén Blades
JeUDi
9 AoÛT
Place à la salsa avec l’orchestre new-yorkais
du pianiste Eddie Palmieri et celui du panaméen
Roberto Delgado, chargé d’accompagner
le chanteur Rubén Blades. Deux versants
importants du jazz latin, dont raffole
le public marciacais.
L’Astrada accueille l’Orchestre de JIM & Cie
en Région et la formation de Jesse Davis dans
un hommage à Charlie Parker.
Jesse Davis
21. Kenny Barron, Gerald Clayton, Mulgrew Miller et Eric Reed
10 AoÛT
VeNDreDi
Kurt Elling
Edmar Castañeda
Quatre pianistes d’exception pour
un hommage à Thelonious Monk décliné
de toutes les façons possibles, du quartette
au solo en passant par des duos insolites,
avant que Kurt Elling ne donne un brillant
aperçu de l’étendue de son registre.
Une découverte à l’Astrada : celle d’Edmar
Castañeda, jeune harpiste virtuose qui
se produit en solo.
22. Caravan Palace
SAMEDI
11 AoÛT
Une nuit de folie entamée par les virtuoses manouches
du Trio Rosenberg, vite rejoints par un Sanseverino
provocateur. Leur succède le spectacle déjanté
de Caravan Palace dont les sept membres rééditent
leur succès de 2009.
Le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart présente
au public de l’Astrada son dernier album,
«The Art Of Dreaming».
Jacques Schwarz-Bart Le Trio Rosenberg et Sanseverino
23. 12DiMaNcHe
AoÛT Les clameurs se sont tues sous le chapiteau, mais l’Astrada
fait salle comble avec trois soirées contrastées : le 12,
la pianiste et chanteuse Dena DeRose, l’une des
révélations du festival. Le lendemain, le pianiste
Dominique Fillon et l’ensemble que forment trois
bassistes virtuoses, Pierre Boussaguet, Darryl Hall et
Jesper Lundgaard. Enfin, le 14, l’orchestre d’harmonie
de Muret et le trio original composé par Jean-Louis
Pommier, François Thuillier et Christophe Lavergne.
13LUNDi
AoÛT
Dena DeRose Jesper Lundgaard, Pierre Boussaguet et Darryl Hall
27 JuiLLeT
15 AoÛT
Durant toute la durée
de la manifestation, le festival Bis
a vu se succéder avec un succès
jamais démenti une cinquantaine
de groupes de styles très divers,
composés de musiciens aguerris
Jazz et Harmonies
et de jeunes espoirs du jazz.
Dominique Fillon
14MarDi
AoÛT