Mairies communes du Pays de Fouesnant -php a-hujem
Toponymie du Pays de Fouesnant - php s8oo7w
1. Clohars Fouesnant
KERGOS
TOPONYMES DE CLOHARS
En 1426, à la demande du duc de Bretagne François 1er, se tint une "monstre" dans
chaque paroisse, revue destinée à compter les nobles du duché. Cette revue permit de noter les
manoirs où demeuraient ces nobles et aussi les lieux en leur possession tenus par des
métayers.
La "monstre" de CROZOUAL FOENANT citait les lieux nobles de GUERIVEN, de
SQUIVIDAN, d'an DRENEC, du COSKAER, de KERGOET, de KERADNOU, de
BOT1GNAU.
En 1536 le duché s'est uni officiellement au royaume de France depuis 4 ans. Le roi
François 1er fit tenir une autre monstre et l'on note toujours les lieux nobles de GUERIVAN,
DRENEC, KERGOS, KERGOUET, KERANTROU, BOTIGNEAU.
Outre ces lieux nobles, CLOHARS-FOUSSNANT comprenait ces lieux roturiers plus
irrégulièrement attestés dans les textes anciens, dans les aveux rendus aux rois. Ces lieux
apparaissent assez tardivement dans les registres paroissiaux, dont le plus ancien commence
en l'an 1700.
Les villages, qu'ils soient nobles ou roturiers, ont une histoire qui se résume dans le
toponyme même. Le lieu-dit atteste de l'implantation géographique, il est alors fonction du
relief, du réseau hydrographique, de la végétation à l'époque où il a été créé, de l’agriculture ;
il est le témoin d’une époque parfois très ancienne.
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2. C'est aussi un témoin de l’histoire, il atteste d'évènements passés dont il garde la trace.
C'est également un témoin de l'évolution de la langue, des emprunts à d'autres langues et par
là il permet de dater la fondation du village. Il indique le peuplement à une époque donné, les
défrichements entrepris pour mettre les terres en valeur, pour augmenter les surfaces
cultivables sur la forêt, la lande, les marais...
Quelques villages n'ont pas
d'histoire ; ce sont des lieux de
peuplement récent; ils tirent leurs
noms de parcelles loties dans un
passé proche, noms qui
perpétuent celui d'un champ
ancien, et dont les formes
anciennes manquent, faute
d'actes.
1989- Ménez-Landu
Le relief de la commune se relève dans les villages de :
- BREMINOU noté BRENMEZNOU en 1480 et composé du breton BREN, colline et du nom
de personne MEZNOU évolué en MENOU.
- GOUELET-GUEREVEN attesté en 1704 sous la forme GOULEGUERIVEN et en 1707
GOELLETGUERIVEN : village situé dans la partie basse (en breton goueled) de
GUERIVEN.
- MENEZ, « montagne » en breton désigne en Cornouaille un champ laissé en friche parce
qu'impropre à la culture et généralement situé aux issues des villages. On relève à Clohars :
MENEZ-LANDU, MENEZ-PRAT-DEVER, MENEZ-SAINT-JEAN.
La composition du sol apparaît dans le lieu-dit MINVEN, ainsi noté en 1704 et qu'il faut
décomposer en MIN, du breton MEIN, "pierres" et en VEN adouci de GWENN, "blanc".
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3. Le réseau hydrographique est dénoncé par les toponymes où se montre le terme
PONT, terme qui désigne même le village du PONT attesté en 1704. On note également ceux
de PONT AR ROAC'H que l'ancien cadastre de 1840 écrivait PONT AR VROAC'H, c'est à
dire le "pont de la vieille femme" et de PONT COULOUFFANT.
Les autres termes hydrographiques attestent du caractère humide du sol comme
GWERN, "marais" dans PLEGAVERN ou POULL, "trou d'eau" qui apparaît au pluriel dans
PRAT POULLOU ou sous une forme diminutive dans POULIGOU-KERLEURE ou encore
FEUNTEUN dans le nom de CHEFFONTAINES, traduction de PENFEUNTENIO. Si le nom
du village apparaît en 1680, celui du noble qui lui a donné son nom se relève sous la forme
PENFUNTUNYOU en 1633, PENFEUNTEUNI0U en 1637, PENFENTUNYO en 1681....
La végétation ( bois, landes) est donnée DRENNEC identique au breton moderne
DREINEG, épines", PEN AR VALANNEC mot à mot le bout de la genêtaie, du breton
BALANEG adouci en VALANEG), PEN AR HOAT, "le bout du bois" noté PENHOUET en
1700, et PENARC'HOAT en 1840. SQUIVIDAN dérive du breton SKAWID affecté en
SQUIVID auquel s'est ajouté le suffixe diminutif AN; ce terme s'applique à un lieu planté de
sureaux.
Quelques toponymes rappellent une activité agricole passée. Ce sont PRAT POULLOU, "le
pré aux trous d'eau", NERVOET attesté en 1706 où se montre la racine ERV, "sillon"
indiquant une abondance ; GOSVEIL indique que le moulin VEIL était déjà en bien mauvais
état lorsque le village fut créé. Mais toutes les terres n'étaient pas cultivées à l'origine comme
le montre le lieu-dit LANVEUR, "la grande lande».
La toponymie n'a pas gardé souvenir d'un quelconque peuplement au néolithique (âge
des mégalithes) ou avant l'installation des Bretons en Armorique. Une étude
microtoponymique (étude des noms de parcelle) viendrait peut-être démentir cette première
conclusion. On relève entre le Vlè et le Xlè siècle, soit le Haut Moyen Age la fondation des
villages de BODINIO, de LANOUEN et peut-être de GARNEVIN.
BODINI0, anciennement BOT1GNAU en 1426, se compose du breton BOD,
"résidence, demeure " et du nom de personne INI0, IGNEAU, éponyme de PLOUIGNEAU ;
ce nom procède du nom ancien IUNIAW.
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4. LANAOUEN, noté LANNOUEN en 1701, comprend le breton LANN "monastère", et le
nom de saint AOUEN, éponyme de SA1NT-AOUEN en Plougonvelin .
GARNEVIN noté ainsi en 1707 contient un premier élément GAR adouci de CAR
comme le montre la mention CARNIVINEN de 1575.
Cet élément représente l'ancien breton CAER "lieu fortifié " puis "lieu habité ",
devenu KER en breton moderne. La notation GAR atteste de l'ancienneté de la formation du
lieu. Le composant est le breton IVINEN, "if" précédé de l'article AN réduit à N ; ce
composant, par suite de l'accent tonique, s'est réduit à IVIN. Tout aussi ancien
vraisemblablement est le nom GUEREVEN, anciennement attesté par sa situation de lieu
noble. Le composant est le nom EVEN.
Ces deux lieux ont, selon toute vraisemblance, été créés avant le XII è siècle qui, par des
défrichements intensifs, a complètement renouvelé le paysage rural des paroisses anciennes
Le Moyen Age voit naître une multitude de noms en KER au détriment des noms en TRE,
indices d'anciennes exploitations agricoles au moment de la formation de la Bretagne.
On peut avancer que les moins récents ont pour second élément un nom de personne issu d'un
nom porté par les guerriers du Haut, Moyen Age.
On note ainsi :
KERANSCOET, dans lequel se montre le nom ASCOET/HASCOET nasalisé, anciennement
HOIARNSCOIT. Ce KERANSCOET est, en fait, un ancien KNECHASCOET en 1638 dans
lequel l'élément initial KNECH signifie « colline ».
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5. KERCADOU noté KERCADO en 1704 contient le nom CADO/CADOU, anciennement
CATOE et éponyme de SAINT-CADOU en Gouesnac'h.
KEREVEN attesté en 1700 sous la graphie QUEREVEN a pour composant le nom EVEN
noté autrefois EWEN.
KERMORVAN noté CLECHMORVANT en 1705, représente vraisemblablement un ancien
KNECHMORVAN évolué et se rattache alors au groupe étudié au paragraphe relief.
KERORIAN est probablement le KERGOURIAN de 1536 dans lequel GOURIAN note
l'ancien nom WORGEN.
KERZANET attesté à l'ancien cadastre de 1840 et graphié QUERDANET en 1701 contient
l'ancien nom TANET .
La conquête de la Gaule romaine par les Germains a amené indirectement un apport de noms
guerriers d'origine germanique encore bien portés. On retrouve l'un d'entre eux dans
KEROUTER noté KEROUTTER en 1716, où se montre le nom GOTTER adouci et nasalisé
en OUTER. Il note l'évolution bretonne du nom germanique WALDHARI devenu
GAUTHIER en français et WALTER en anglais.
L'emprunt aux noms bibliques fait à partir du X è siècle par l'onomastique bretonne pour
pallier au manque de noms nous explique le nom du village de KERJEGU noté KERAGU en
1707 et TERRA JAGU en 1128 JAGU ou JEGU représentent la forme bretonne de JACOB.
Beaucoup plus récents, probablement du XIII è siècle voire du XIVè sont les villages qui
admettent comme composant de KER un ancien surnom, qui à partir du XVI è siècle s'est
présenté comme nom de personne. Ce sont les noms :
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6. LE BIS , du breton bis, "doigt" dans KERAMBICHE pouR KERAMBRIS
LE GARC du breton GARW, "sévère", "rude" dans KERANGARO
LE GOUIC du breton GOWIG, diminutif de GOW, "forgeron" dans KERANGOUIC, relevé
seulement en 1840 mais probablement plus ancien
LE ROUX du breton ROUS, " roux" dans KERANROUX mentionné ainsi en 1705
LE G ARREC du breton GAREG, "jambu" dans KERGARREC, attesté ainsi en 1700
LAVAREC (du breton LAVAREG, "éloquent" réduit à LAREG en Cornouaille déformé en
LARET par mauvaise lecture du C en T dans KERLARET noté ainsi en 1705 mais
KERLAVAREC dans un registre du XVII è siècle à Quimper.
LE BRAS du breton BRAS, "grand" dans KERVRAZ évolué du KERENBRAS de 1701,
KERBRAS en 1840.
D'autres noms de lieu en KER
ont pour composant :
- Un nom français
"collin" dans KERCOLL1N,
KERCOL1N en 1701
- Un nom ethnique en
1710 ; GALL adouci
en
HALIJ
dans
KERHALL, KERGAL
en 1710
- Un substantif:
TRAON, "vallée, bas" dans
KERANDRAON
Keratrou en 1536,
Kerandraon en 1681).
KOAD, "bois", dans KERGOAT
Kergoet en 1426,
Kergoat en 1705).
LEURE, vestige gallo-romain
dans Kerleuré (1704).
STRAD, "fond de vallée", dans Kerstrat noté ainsi en 1705.
- Un qualificatif :
KOZH, vieux, ancien dans KERGOS attesté comme lieu noble en 1536.
UHEL, haut dans KERHUEL.
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7. On note par ailleurs ce terme KER en position finale à deux reprises, dans PENNANGUER
(1665) et dans RAQUER (RACQUA1R en 1701). Tous deux s'appliquent à des villages situés
aux issues de la paroisse; on le relève encore dans COSQUER, COSKAER en 1426, au sens
littéral de "village en ruines».
Le Moyen Age très croyant est à l'origine d'un nombre impressionnant de construction
de chapelles, de prieurés, de monastères.
En Bretagne, la foi a amené la création de nombreux lieux peuplés de chapelles et
dédiés à un saint; à Clohars, c'est le cas de SAINT-DEC, de Saint GUENOLE, de SA1NTJEAN, relevé en 1673. On admet généralement que les lieux-dits SA1NT-JEAN sont
d'anciennes possessions templières, plus exactement de l'ordre de SA1NT-JEAN DE
L'HOP1TAL, ordre qui aurait amené en Bretagne à KERLEURE le culte de SAINT JEAN
Enfin, on terminera par le
village de TOUR relevé en 1705
et par les TY (du breton ti,
"maison"), villages nés à partir
du XVI è au bord des routes À
l'origine ces lieux-dits
désignaient des maisons isolées.
Depuis, ils ont pris la dimension
d'agglomérations, tels
TY GLAS.
Le terme TY est soit complété
par un nom de personne, que
l'on peut supposer être celui
de l'occupant initial
(TY
FLOC'H,
TY
TOUCHARD), soit évoque
l'endroit où a été élevée la
maison: ce peut être le cas de
TY C'HOAT, "la maison du
bois", TY FEUNTEUN, "la
maison de la fontaine".
Les maisons construites à l’entrée des allées qui menaient aux manoirs se reconnaissent aux
dénominations de TY PEN allée ou TYGARDE à TOUR.
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8. Enfin, quelques villages nouveaux ont tout simplement juxtaposé soit le nom du
village, TY BIHAN SQUIVIDAN, soit le nom d'une parcelle TY MINEZ KERORIAN.
Notons aussi un TY AR RANET en 1840, « la maison des rainettes », qui n’apparaît plus dans
les relevés actuels.
TY FEUNTEUN
Barrière
A KER JEGU
Des différences de graphies ont pu apparaître dans le corps de l'article par rapport aux
graphies officielles figurant sur les panneaux de signalisation. Je m'en excuse auprès des
lecteurs du bulletin auxquels je tiens à signaler que cette étude a été réalisée d'après le relevé
de l'INSEE effectué en 1952.
A.DESHAYES Docteur en breton et en celtique
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