Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpba qzou
Eglises du Pays de Fouesnant - cm-nfl
1. Annick Le DOUGET
Sainte Anne
De fouesnant
Le fonds dit "Peyron", constitué par l'éminent chanoine
Peyron et conservé à l'évêché de Quimper, recèle des trésors.
Parmi eux figure un document que l'on peut dater du siècle,
hélas non signé : on peut légitimement penser qu'il s'agit de
l'ouvrage d'un prêtre, passionné par l'histoire de sa paroisse.
Voici la légende de Sainte Anne, telle que recueillie et
retranscrite par l'historien.
"Voici une légende que j''ai souvent entendu raconter, avec
quelques petites, variantes, au sujet de cette chapelle de Sainte-Anne de Fouesnant.
Un jour, vers onze heures, une belle dame modestement habillée, mais belle comme
tout, entre dans une chaumière située dans un coin du champ qui touche le côté Est du
placître actuel de la chapelle.
- "Bonjour ! dit-elle en entrant. Sa voix était si harmonieuse que la ménagère, qui en ce
moment faisait des crêpes, se détourna brusquement.
- Qui est là ? fait-elle, ravie.
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2. - Je vous demande pardon, reprit la belle
dame, de vous déranger dans votre travail.
Je viens vous demander une chose qui fera
du bien et un grand plaisir à tout le
monde.
- Parlez, Madame, répondit la fermière,
qui ouvrait tout grands les yeux pour
mieux voir la dame. Dites-Ie vite, car je
suis pressée par mon travail.
- Je viens vous demander la permission de
bâtir une maison dans votre champ, là,
tout à côté.
- Pas maintenant au moins, répond la
fermière, nous venons d'y semer du blé
noir.
- Quand votre blé sera mûr, vous me le
promettez ? demande la dame.
- Oui, je veux bien, si mon mari y consent.
- C'est bien, dit la dame. Je vous en
remercie, car votre blé est mûr. Il est
temps de le couper.
- Mûr mon blé ? Il n'est pas sorti de terre !
- Venez voir, dit la dame. Il est
certainement mûr.
- Vous vous moquez de moi, réplique la
ménagère.
- Mais venez voir, insiste la dame avec
douceur.
La ménagère, hors d'elle-même, crie:
"Allez vous-en ! "
En même temps, elle court toute rouge de
colère, après la dame pour la frapper de
sa patelle (ou pastelle). La dame se retire.
Étant venue presque sur le seuil de sa
porte, la ménagère ne peut s'empêcher de
jeter un coup d'oeil sur son champ.
Ô surprise ! le blé noir a poussé et
est réellement mûr ! La fermière cherche à
revoir la dame, mais celle-ci a disparue.
Elle revient à son travail. Plusieurs crêpes,
dit-on, échappèrent de ses mains et
tombèrent dans le feu, tant elle était émue.
raconta l'apparition et n'eut pas de peine
(à se faire croire, car le blé était vraiment
mûr.
On en parla au recteur, qui vint
voir le champ, et se décida à bâtir une
chapelle en l'honneur de Sainte Anne.
Cependant, il manquait l'argent nécessaire
pour cette construction. Pour se procurer
(les ressources, il eu l'idée de mettre un
tronc au bord de la route de Fouesnant à
Quimper, à l'embranchement de SainteAnne, et l'on dit que l'argent n'y manqua
jamais pendant la construction de la
chapelle.
Et depuis...
"A, Fouesnant, la dévotion va
d'emblée à Sainte Anne. Même les hommes
qui ne venaient que rarement à la messe,
qui négligeaient leurs Pâques, venaient en
pèlerinage à la chapelle, non seulement les
jours du Pardon, mais les mardis du
Carême, et faisaient comme tout le monde
trois fois le tour de la chapelle le chapelet
en main" conclut notre narrateur.
Ceci se passait bien sûr dans des
temps très anciens... Peut-être quand fut
décidée la construction de la première
chapelle de Sainte-Anne, car l'édifice que
nous connaissons fut précédé d'un autre
plus modeste.
Voici l'acte notarié du 16 août 1680
portant acquisition du placître avant
l'édification en 1683 de la chapelle
actuelle. Il est important, car il démontre
l'existence, à proximité,
d'un
autre
sanctuaire, devenu vraisemblablement trop
petit pour recevoir la foule des pèlerins. La
fontaine se trouvait déjà à l"emplacement
que nous connaissons. Les deux édifices
ont coexisté au moins le temps des travaux,
sans doute même davantage, mais on ne
sait quand l'ancien a été détruit.
Quand son mari vint dîner, elle lui
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3. Ce document provient de la même source
du fonds Peyron : il est retranscrit sur un
vieux cahier et on y reconnaît l'écriture du
rédacteur de la légende de Sainte-Anne:
une annotation intéressante y est ajoutée,
(l'historien arrivait bien sûr aux mêmes
conclusions que ci-dessus). "Il se peut
qu'on ait voulu représenter cette première
chapelle par l'image d'une petite chapelle
sculptée en relief dans un des panneaux
du maître autel actuel."
"Le 16 août 1680 après midy
devant nous notaires royaux de la cour et
siège royal de Conq, Fouesnant el
Rosporden, ont comparu en personnes :
Tanguy Le Béchennec et Jeanne Le Tymen
sa femme, demeurant au village de
SiIligeau en la paroisse de Fouesnant,
d'une palr, et Jean Keradennec à présent
fabrique de la chapelle de Sainte Anne de
Fouesnant, demeurant au village de
Kervransel, en la prédite paroisse, adhéré
de vénérable et discret messsire Pierre
Moro, prestre recteur de la dite paroisse
de Fouesnant et des vénérables et discrets
messires Tanguy Nédélec, prestre et curé
de la dite paroisse et Jean LeMoal prestre
de la dite paroisse de Fouesnant, faisant
tant pour eux que pour le général île
Fouesnant, d''autre part. "
Par cet acte de vente, Béchennec et
sa femme vendent à Kéradennec et à ces
messieurs
comme
fabriciens
et
représentants de la paroisse de
Fouesnant "le fond, la propriété
possession et saisine, édifices et droits
réparatoires et superficies d'un journal de
terre chaude, superficies, temps et endroits
situés dans un parc appelé vulgairement
parc an illis autrement parc Mary, la dite
journée de terre située dans le dit parc du
costé du couchant, le dit parcfermant vers
orient sur le chemin conduisant au bourg
de Saint Evarzec au bourg de Fouesnant et
du nord sur la fontaine de la chapelle de
Sainte Anne, le dit journal contenir quatre
vingt cordes, la dite vente faite et accordée
entre parties pour cession de la somme de
trois cents vingt Livres.
Kéradennec paie immédiatement
"en louis et demi-louis d'argent en bonnes
monnaies que le dit Kéradennec déclare
provenir des deniers appartenant à la dite
chapelle de Sainte Anne de Fouesnant".
L'acte est signé de M. Moro, Moal,
Nédélec, prètres : de Guillaume Conan
Kerhorenas, recteur de Saint Évarzec pour
Béchennec et sa femme : de Guillaume
Noblet, seigneur de Keryon : Berterrand
Desange, sieur de Rosmeur, et se termine
par: "Billetté,
cotté et chiffré :
Longchamp, Parquer."
La prise de possession de la terre se
fit le 20 août suivant. Cet acte précisait
expressément que l'achat se faisait au profit
de la chapelle Sainte Anne de Fouesnant.
La copie de l'acte de prise de possession ne
fut délivrée que le 16 juin 1687 : ce
document ainsi que celui de l'achat ont
longtemps été conservés au presbytère de
Fouesnant.
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4. Un pardon animé en 1726
La décision prise par le seigneur
Guillaume-Joseph Riou de Kerouant et
Kernuz de "lever la coutume " lors
d'un pardon de Sainte Anne en 1726 fut
source de scandale et troubla la sérénité
habituelle des pèlerins.
Un procès s'en suivit, l'opposant au
recteur de Fouesnant: le procès verbal des
deux "playdoyés" relate cette curieuse
affaire. (Archives
de l'Evêché)
Que signifiait "lever coutume" ? La
"coustume" était un privilège noble,
autorisant le seigneur du lieu à prélever à
son profit sur les étals des vendeurs, les
jours de pardon ou "assemblées", des fruits
ou autres marchandises, selon son bon
vouloir.
En 1726 donc, il plut à Messire
Guillaume-Joseph
Ryou,
chevalier,
seigneur et baron de Kerouent et de
Kernus, seigneur de la cour et de la
juridiction de Bréhoulou et de Kergaradec,
de faire lever la coutume sur le placître de
Sainte-Anne de Fouesnant la veille et le
jour du pardon, qui a lieu le 26 juillet.
Il envoya Jean Le Roy, ménager à
Laëren en Plonéour, porter ses ordres à
Maître Bernard-Sébastien Démizit, avocat,
sénéchal et seul juge de la cour et
juridiction de Kergaradec et de Bréhoulou.
Pierre Chattou, procureur ans fiscal de la
même cour et habitant Mesmeur en La
Forêt et le dit sénéchal demeurant au lieu
de La Forêt vinrent, accompagnés de
Maître René Mascé, greffier de la même
cour, demeurant aussi à La Forêt, et suivis
de Yves Tolliec, sergent de la dite
juridiction, et de Jean Le Roy, jusqu'au
placître de Sainte Anne, la veille du
Pardon. Et ils se mirent à lever la coutume
sur tous les boulangers installés dans le dit
placître, puis sur les fruits et
autres
denrées, quand Jean Le Louarn, de
Kervransal, qu'ils appellent "le valet de la
fabrice de Sainle-Anne", se mit à crier
:"Aux voleurs ! Hers al laëron! " Bientôt,
la foule fut nombreuse et menaçante, criant
comme Louam : "Aux Hers al Laëron !".
Ces messieurs durent se retirer. Ils
revinrent le lendemain, vers onze heures,
pendant qu'on chantait la messe, et
voulurent continuer à lever le droit de
coutume. Mais on leur dit que Monsieur le
Recteur l'avait fait le matin même. Ainsi
l'attestaient Marie Le Saux, boulangère au
bourg de Trégunc, Catherine Ligen,
boulangère au bourg d'Elliant, Henri
Stéphan, mercier à Quimper, François
Messager, mercier au bourg du Juch et
bien d'autres.
Le Sénéchal et ses compagnons
allèrent alors à l'église par la sacristie,
pendant le sermon, protester auprès du
Recteur, lui disant que le baron de
Kerhouent seul avait le droit de faire lever
la coutume surce placître.
Monsieur le Recteur protesta à son
tour qu'il était inouï qu'on vînt ainsi
troubler l'office
au grand scandale de
la population. Il y eut échange de propos
aigres-doux entre les deux parties. Il s'en
suivit un procès qui dura près de deux ans.
Le Recteur soutenait qu'il ne levait
pas la coutume, mais faisait une quête, que
chacun pouvait donner l'offrande qu'il
voulait, mais que le baron de Kerhouent, ni
les seigneurs de Kergaradec et de
Bréhoulou n'avaient aucun droit sur le
placître, que c'était la première fois que les
hommes de cette juridiction récente se
présentaient pou réclamer un pareil droit.
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5. Le baron, en effet pensait que
placître avait été détaché du village de
Silligeau qui était de sa juridiction. En
réalité, le placître avait été la propriété des
fermiers de Silligeau sans faire partie de ce
village, et relevait de la juridiction du Roi
et non de celle de Kergaradec et
Bréhoulou.
Le 28 mai 1728, il y eut un
compromis entre le recteur et le Baron. Par
ce compromis, le baron, de Kerhouent
reconnaissait qu'il n'avait aucun droit dans
le placître et le Recteur renonçait à
demander réparation pour les propos
malveillants des hommes de la juridiction
de Kergaradec et Bréhoulou.
1739 : La croix de
Sainte- Anne
En 1739, avec l'assentiment du
fabricien et du général Messire Perrot,
recteur de Fouesnant, acheta à Monsieur
Appert, de Quimper, une croix d'argent, du
poids de sept mares cinq gros, avec son
bâton, pour la chapelle de Sainte-Anne.
Sans doute pour obtenir un consentement
plus complet, il précisa à ses conseillers
que cette croix "servira aussi aux grandes
cérémonies de l'église paroissiale".
Cette croix façonnée coûta 450
Livres, 10 sols, une somme élevée. C'était
une croix de chapitre à bâton d'argent
chargé d'hermines et de fleurs de lys.
Le marc d'argent façonné coûtait
alors 51 Livres ; le titre en était celui de la
ville de Rennes (cahier des comptes et des
délibérations). La croix pesait donc 1865
grammes environ (sans le bâton, sans
doute).
1753 : Bénédiction de la
première pierre du
dallage de Sainte-Anne
Peut-être vous êtes vous un jour
interrogé sur la teneur des inscriptions
difficilement lisibles gravées sur des dalles
près du choeur de Sainte-Anne ? Voici la
réponse: elles datent de 1753 et
commémorent la pose de la première pierre
du dallage du sanctuaire. Le pavage de la
chapelle et du choeur fut fait en 1753, alors
que Yves Guériven de Kerancras était
fabricien. Les pierres provenaient de SaintÉvarzec et les ardoises de Pleyben.
Avant le début des travaux eut lieu
une grande cérémonie. La première pierre
fut bénite par Messire Noël-Anthoine Perrot,
Recteur de Fouesnant, assisté de ses vicaires: J.
Guéréven, curé de La Forêt: Delatont, prêtre à
La Forêt : Perrault, curé de Fouesnant: Le
Guillou, qui prenait le titre de chapelain.
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6. Le parrain qui aidé de la marraine,
posa la première pierre, était M. Alain
Dordelin, officier des vaisseaux de la
Compagnie des Indes. La marraine était la
dame Marie Dordelin, épouse de M.
Joseph Bouvet. Capitaine de vaisseau de la
Compagnie des Indes.
Ce sont ces noms qui furent gravés
dans la pierre.
1867 : Sainte-Anne
"Chapelle de secours"
En 1807, la chapelle de Sainte-Anne fut
érigée en "Chapelle de secours" par un
décret de l'Empereur Napoléon III, dont
voici la teneur :
1- Le culte y sera célébré sous la
direction du Curé de Fouesnant et sous
l'administration de la fabrique de cette
paroisse.
2- Le trésorier de la fabrique de
l'église paroissiale de Fouesnant est
autorisé à accepter les deux legs gratuits
de trois cents francs faits par la dame
Jeanne Lagadec, "veuve du sieur Jean
Bodivit, suivant son testament
du 4
novembre 1842, l'un à la fabrique de
l'église paroissiale et l'autre à la chapelle
de Sainte-Anne.
Biarritz,
30 décembre 1867 Suit la
signature de Napoléon
1893 : Le pèlerinage de
la sécheresse
Il n'est que six heures du matin ce
lundi 19 juin 1893, et la chapelle SainteAnne connaît déjà une affluence
exceptionnelle: trois mille personnes
venues de tout le canton de Fouesnant sont
là, regroupées autour d'un autel champêtre
dressé sur le placître. Que se passe-t-il,
quel est donc l'événement à l'origine d'une
telle effervescence ? Une fête ? Non, les
mines sont sombres, nous sommes loin de
l'ambiance joyeuse de l'inauguration du
clocher de la chapelle juste vingt ans
auparavant. en 1873. En fait, il s'agit d'un
pèlerinage destiné, par des invocations et
des prières adressées à "hor Mam Santez
Anna" à faire cesser la sécheresse qui sévit
sur le pays fouesnantais depuis de longs
mois.
Le journal local "L'Union Agricole
et Maritime" parle dans ses colonnes de
1893 de la sécheresse persistante: début
juin" il fait état d'un "climat tropical" sur
notre région, source de calamité agricole.
"La Semaine Religieuse" (Année 1893 p.
440-441) précise que "les gazons rougis, le
sol crevassé, les bestiaux mourant d'inanition montraient assez le besoin d'implorer
la miséricorde divine". C"est ainsi que le
pèlerinage fut organisé.
.... La Semaine Religieuse" nous décrit le
déroulement de cette "manifestation de
foi". Les pèlerins fouesnantais sortent
d"abord de leur église paroissiale au chant
des litanies. Le très long défilé, avec croix
et bannières, se met en marche vers SainteAnne : "les versets du Miserere, et le Pace
Domine arrachent des larmes à plusieurs"
nous dit-on : ...." la récitation du chapelet
atteste une ferveur inusitée".
Arrivée
à
Sainte-Anne,
la
procession fouesnantaise rencontre les
processions des autres paroisses du canton
et va les saluer par le symbolique
baisement des croix.
La messe commence alors sous les
chênes. Le curé de Fouesnant adresse à la
foule compacte un sermon retentissant.
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7. Lisez-le bien, il est intéressant à plus d'un
titre ; il témoigne notamment d'un mode de
prédication disparu, faisant appel à la
crainte de Dieu et au châtiment divin.
Voici sa retranscription.
"Pourquoi êtes-vous si nombreux
autour de cette chapelle bénie, monument
antique de la foi de vos pères ? Parce que
dans votre détresse prolongée, vous vous
êtes dit : Désormais, les secours humains
sont inutiles. Les plus habiles docteurs,
malgré la perfection de leurs instruments
et la solennité de leur langage ne peuvent
arracher une goutte de pluie aux fontaines
d'En Haut. Nous succombons : Sursum
corda ! En haut les cœurs, vers ce Dieu qui
tient entre ses mains les destinées du
monde et dispense à son gré "et la chaleur
des jours et la fraîcheur des nuits".
Dans quel but êtes-vous venus?
Pour attendrir le cœur d'un Dieu justement
irrité. Vous n'avez pas tort. Toute offense
faite à Dieu mérite punition, en ce monde
où en l'autre. Or, jamais Dieu fut-il plus
outragé que de nos jours ? Comment
apaiser la justice divine ? Par la prière et
la pénitence. "La prière pénètre les nues",
nous dit la Sainte Écriture ; quand elle sort
d'un cœur pur, elle est doublement
puissante. Purifiez donc vos âmes par une
vraie pénitence. Offrez vos prières par les
mains de Sainte Anne, votre puissante
patronne et le Dieu juste se laissera
fléchir".
"La Semaine Religieuse" rapporte
que "dès le lendemain le soleil si brillant
jusqu'alors se voilait légèrement, la
chaleur diminuait peu à peu. Le dimanche
suivant, une pluie intense tombait plusieurs
heures durant et sauvait ce qui n'était pas
encore irrémédiablement perdu."
Quant à "L'Union Agricole et
Maritime", dans son édition du 23 juin,
après avoir fait état de la disette des
fourrages, elle précise que les pluies se
rapprochent mais "seule notre Basse
Bretagne est oubliée dans cette
bienheureuse distribution: mais encore un
peu de patience, on sent l'orage dans l'air:
par moments, de lourds nuages sombres se
traînent péniblement dans le ciel…." La
pluie, se rapproche de nous enfin…" Le 25
juin, il est dit que la température a baissé
et que des averses sont probables. Le 28
juin, grains et rafales surprennent tout le
monde, et la consultation des journaux de
juillet nous apprend que ce mois-là des
orages d'une extrême violence éclatent en
Cornouaille.
Tous les pèlerins pleurent et prient
de tout leur cœur, nous rapporte-t-on.
Après la messe, ils regagnent leur paroisse
en priant toujours. Quelle a été
"l'efficacité" d'un tel pèlerinage?
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8. L'eau est bien là, mais trop tard
pour les agriculteurs : un crédit
exceptionnel sera débloqué à la fin d'août
par le ministre de l'agriculture, Mr Vigier,
pour leur venir en aide.
21 septembre 1 902
Un faux "pèlerinage de la
sardine"
L'été 1902 est resté dans les annales
de la III ème République comme un grand
moment d'intolérance, de violence, voire
de haine. La séparation des Églises et de
l'état se prépare ; la fermeture des écoles
congréganistes, votée en 1901 et appliquée
le 10 juillet 1902, met le feu aux poudres.
Un vent de guerre sainte va souffler en
Bretagne, dans le Finistère notamment.
Protestations, manifestations, émeutes se
succèdent en juillet et août.
Dans ce climat passionnel, un
pèlerinage est organisé par les concarnois
sous la houlette du virulent vicaire Pichon,
à la chapelle Sainte Anne, pour le 21
septembre.
Mais laissons s'exprimer le
commissaire de police de Concarneau qui
adresse le 17 septembre un rapport au
préfet Colignon.
"On organise à Concarneau sous
les auspices de ces Messieurs du
presbytère un pèlerinage qui se rendra à
Sainte Anne de Fouesnant dimanche
prochain et auquel Monsieur le Curé a
invité tous ses paroissiens.
Ce pèlerinage inusité a pour but
d'aller prier Sainte Anne pour faire venir
la sardine sur nos côtes ; mais ce n'est
qu'un but déguisé et ce pèlerinage n'est en
réalité organisé que dans le but de
continuer l'agitation que l'on fait à
l'occasion de la mise en exécution de la loi
sur les congrégations. En effet, le sermon
du vicaire Pichon de Concarneau aux
offices de dimanche dernier laissait
comprendre qu'il ne s'agissait pas
seulement prier Sainte Anne de faire venir
la sardine. Le vicaire Pichon disait qu'il
fallait prier et se rendre à Sainte Anne
pour conjurer les maux qui atteignent les
catholiques à cette époque qui est toute
d'anarchie.
De nombreuses voitures sont déjà
retenues pour aller assister à cette petite
manifestation"
Gageons que ce pèlerinage s'est fait sous
haute surveillance..
(Archives Départementales, série M)
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