Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpcd5 ll5
Eglises du Pays de Fouesnant - ny-yacj
1. A Saint Évarzec,
Un fragment de clou de la VRAIE CROIX
L’article suivant a paru dans le n°3, ancien bulletin municipal de
Fouesnant, sous la signature de Christian Fayat, adjoint au maire
Louis Le Calvez.
Le « Guide de la Bretagne mystérieuse » révèle la présence d'une relique
insigne tenue en grande vénération dans la
paroisse de Saint-Évarzec: Un clou de la
Vraie Croix. Il y a là quelque exagération:
D'abord il ne s'agit pas d'un clou, mais d'un
fragment de clou ; ensuite, s'il fut dans le
passé l'objet d'un grande dévotion, nous
pouvons assurer que son existence était
bien oubliée et que même son souvenir
avait disparu des mémoires depuis
longtemps avant de ressuciter comme par
enchantement, voici quelques années à
peine, au point de se matérialiser
heureusement dans le récent blason de la
paroisse.
Description: La relique proprement dite
est un fragment de clou de 7 mm de largeur
paraissant inclus dans une pierre ovale d'un
belle eau bleutée, elle-même enchâssée
dans un clou-reliquaire de cuivre argenté
de 12,5 cm de longueur totale et datant
probablement du début du XVléme siécle.
Le corps du clou-reliquaire est un tronc
pyramidal, la tête et la pointe sont
terminées par quatre troncatures (illustration ci-dessus). La pellicule d'argent ne
subsiste que sur les parties plates, le cuivre
est à nu dans toutes les parties anguleuses.
La pierre est encadrée par un crucifix en
relief et porte l'inscription gothique: « De
Sancto Clavo ». Les faces latérales du
clou-reliquaire portent, l'une le nom de son
premier propriétaire, le Recteur « D.
Y.Lohéac, R. de Sanctéverdec », l'autre le
blason de celui-ci ( « de gueules à une
mâcle de sable » ) bordé par une double
couronne tressée et par une dentelure
crénelée. Le reliquaire repose dans une
petite châsse en argent sur âme de bois, en
forme de chapelle (longueur : 31 cm,
largeur 1l cm, hauteur 13 cm) portée par
quatre pieds matérialisant des contreforts
d'angles et garnie intérieurement d'un
velours vert. Grâce à trois ouvertures
vitrées (deux rectangulaires, une elliptique)
pratiquées dans un versant du toit de la
chapelle, on peut examiner non seulement
le fragment de clou sacré, mais aussi deux
autres reliques dont l'une est attribuée à
Sainte Véronique.
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2. Historique.
La recherche dans les archives diocésaines
(Quimper) de documents sur l’histoire de
la relique
s'avère décevante. Elle est
signalée par deux brèves notes dans le
«Répertoire des églises et chapelles du
diocèse de Quimper et de Léon » (1959) et
dans le «Bulletin de la commission
diocésaine d'architecture et d'archéologie
de QUIMPER » (1903).
D'ailleurs, au siècle dernier, elle n'apparaît
nullement dans les procès verbaux de visite
de l'évêque entre 1851 et 1892. Il est donc
probable que, assez étrangement, la relique
a été soustraite à la dévotion des fidèles
pendant plus d'un siècle et conservée au
presbytère, et non à l'église, avant d'y être
oubliée, puis redécouverte et récemment
remise en honneur.
Initialement,
elle
aurait
été
rapportée de Rome par le recteur Yves
Lohéac, décédé le 15 février 1526, l'un des
plus anciens personnages révélés par
l’histoire locale. Il faut se rappeler qu'au
sortir de l'époque féodale, les recteurs
pouvaient encore être nommés non
seulement par l'évêque, mais aussi par le
pape, ou par un abbé de monastère, ou
encore par tel seigneur laïque. Nombreux
étaient les prêtres bretons, en quête de
ministère paroissial, qui entamaient le long
et passionnant voyage vers la Ville
Éternelle pour obtenir du Saint-Siège la
charge qu'ils souhaitaient. Bien plus, au
moment d'une Renaissance italienne en
plein essor, puissamment encouragée par
Jules II et Léon X, le déplacement
présentait pour un homme instruit maint
autre attrait.
De fait, les récits colportés par les
marchands ou les seigneurs revenant
d'Italie suscitaient l'effervescence des
imaginations: Le foisonnement des idées
nouvelles, le renouveau des sciences, la
réhabilitation des arts, le rayonnement de
la Trinité, Léonard de Vinci, Raphaël,
Michel-Ange, offraient sans doute bien des
raisons supplémentaires à Yves Lohéac
d'aller solliciter du Saint-Père les brevets
lui attribuant la paroisse de « Santévardec»
( appellation primitive de Saint Évarzec);
en gage d'estime et en souvenir, un prélat a
pu lui remettre en cadeau, à garder comme
la chose la plus précieuse, une parcelle du
métal sacré provenant d'un clou de la
Passion. De quel clou ?
Rome possède deux clous de fer
passant pour avoir été des instruments de la
Passion: L'un conservé à la basilique de
Sainte-Croix-in-Jérusalem, l'autre à SantaMaria-in-Campitelli.
Santa-Maria-in-Campitelli
Ste Croix de Jérusalem ROME
Le premier a 120 mm de long et 8,5
mm de large dans sa plus grande
dimension. D'après Rohault de Fleury, le
chapeau n'est pas authentique: C'est un
rajout qui se détacherait au premier coup
de marteau frappé à faux. Le second, dont
le corps est rongé par la rouille, est
indiscutablement amputé de sa pointe.
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3. Il ne mesure que 7 mm de long. Tous deux
portent la trace de nombreux coups de
lime. On en déduit que l'incorporation de
particules de cette limaille à des clous
ordinaires a permis la fabrication de
nombreuses reliques « secondaires ». Il
s'agit là de l'une des pratiques qui est
probablement à l'origine du grand nombre
de « Saints-Clous » répandus dans le
monde. Certes, aucune preuve rigoureuse
ne permet d'affirmer la provenance de
notre relique, mais sa taille minime fait
irrésistiblement penser à un copeau détaché
d'un des clous précédents.
L'authenticité du fragment n'est pas
prouvée pour autant, à moins que ne soit
historiquement établi l'origine des deux
clous romains. Nous y reviendrons.
Quoi qu'il en soit, le reliquaire a été classé
par arrêté du ministre de l'Éducation
Nationale le 17 septembre 1957.
Les Monuments Historiques l'attribuent à
la fin du XVème siècle. Mais à moins de
supposer une longévité exceptionnelle pour
l'époque au ministère de Yves Lohéac,
décédé en 1526, il paraît plus conforme à
la réalité de la dater du début du XYlème.
Il retrouve d'ailleurs une nouvelle jeunesse
en figurant dans le tout récent blason de la
paroisse dont la définition est due à
l'héraldiste Suzanne Gauthier : « De
gueules au château de trois tours d'argent,
maçonné de sable, posé sur un rocher de
même, mouvant de la pointe, et chargé du
reliquaire du Saint-Clou d'argent, orné
d'une pierre d'azur, sertie d'or, et portant
un Christ crucifié aussi d'argent auréolé
d'or. Couronne murale à trois tours. »
CHÂSSE-RELIQUAIRE
Cette châsse se trouve désormais dans une
crédence aménagée dans l’un des murs de
refend du chœur.
Eglise Saint PRIMEL
Premier quart du XVème siècle
L’église actuelle a remplacé un édifice antérieur situé, selon la
tradition orale, sur l’emplacement d’un oratoire où saint
Primel, disciple de saint Corentin, venait faire retraite.
Bâtiment de plan rectangulaire, le sanctuaire paroissial
comprend une nef de cinq travées avec bas-côtés et un chœur
terminé par deux murs de refend et un chevet plat. Le clocher
comporte une chambre de cloches sans galerie. Le portail
ouest est orné d’une ouverture en plein cintre placée sous une
accolade à fleuron, tandis que le porche latéral sud-est est
marqué par une voûte sur croisée d’ogives à liernes.
Notices de Foen Izella (Y. et L. NICOLAS) pour
l’ouvrage «Patrimoine des communes du Finistère »
(1998)
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