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Eglises du Pays de Fouesnant - ibl0n6
1. René BLEUZEN
Le cimetière de Bénodet
L'extension de l’église Saint-Thomas décidée en 1871
provoque le transfert du cimetière en 1873
La chapelle Saint-Thomas, sur le port de Bénodet, fut construite par le Comte
Eudes de Fouesnant au début du XIIIe siècle, et les moines de l'abbaye de Daoulas y
assurèrent les services religieux jusqu’à la fin du XVIIe. Durant toute cette période les
habitants de la paroisse de Perguet pratiquaient soit à Perguet, soit à Bénodet, selon leur lieu
de domicile, et les défunts étaient enterrés dans l’un des cimetières autour des deux édifices.
Après le départ des moines le recteur a repris les services de toute la paroisse
mais les inhumations ont continué à se faire à Perguet ou à Bénodet pendant une trentaine
d'années. Peu après 1720 les registres ne mentionnent plus le lieu de l'inhumation et tout
laisse à penser que tous les cercueils étaient mis en terre au pied de la chapelle Saint-Thomas.
Au début du XVIIIe, avec le Concordat et le retour du recteur Guillaume
Pellerin, curé réfractaire exilé en Espagne à la Révolution, la chapelle Saint-Thomas est
devenue l'église paroissiale et le culte s’est exercé à Bénodet.
1871 : L’église est délabrée et inadaptée
Nous sommes en 1871. Dans la séance du conseil municipal consacrée à la
situation de l'église, le Maire signale qu'elle « est délabrée et qu'il y a urgence à y faire des
travaux. » De plus, les piles de soutènement du clocher empêchent les fidèles de voir le prêtre
qui officie dans le choeur, et le sol, en contrebas du cimetière, est souvent inondé. D'où la
proposition de remanier la nef en conservant le choeur du XIIIe siècle.
Les travaux sont évalués à 25.000 francs, la fabrique dispose de 17.000 francs
et les élus demandent au Préfet de faire l'appoint. Les travaux seront confiés à monsieur Le
Bigot, architecte diocésain départemental.
La délibération du 4 octobre 1871
« L’an mil huit cent soixante et onze, le quatre octobre à huit heures et demie du
matin, le conseil municipal de la commune de Perguet réuni au lieu ordinaire de
ses séances dans le but de délibérer sur une demande de secours pour
reconstruction de l’église de Bénodet.
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2. Présents : MM. Friant, maire ; Le Clinche, adjoint ; Berrou René, Donnard Jean,
Louédec Mathieu, Quénéhervé Guillaume, Coriou Tristan, et Louédec Mathias.
Le conseil municipal, considérant que l’église paroissiale de Perguet
sise au bourg de Bénodet est dans un état de délabrement tel que d’urgents et
indispensables travaux de restauration doivent y être entrepris ; que si le chœur
datant du XIIIe siècle doit être religieusement conservé, la nef qui n’appartient à
aucun style doit être reconstruite et mise en harmonie avec la partie ancienne de
l’église ; que cette reconstruction n’est pas seulement imposée par la
détérioration des murs, mais que le sol de cette partie de l’église étant en
contrebas du terrain du cimetière qui l’environne se trouve aux moindres pluies
inondé par les eaux du dehors et converti en un bourbier que plusieurs semaines
ne peuvent parvenir à assécher.
Considérant que les piliers du clocher placés à la naissance du chœur
isolent totalement de la nef les fidèles placés dans cette partie de l’église et qui ne
peuvent ainsi voir le prêtre officier ; que pour parer à cet inconvénient il y aurait
lieu de transporter le clocher à l’entrée de la nouvelle nef ;
Considérant que la fabrique a en caisse une somme d’environ 17 000
francs destinée à faire face à ces travaux qui entraîneront une dépense évaluée à
25 000 francs, le conseil municipal prie monsieur le Préfet de faire obtenir à la
commune de Perguet un secours égal au déficit afin de lui permettre
d’entreprendre les travaux sus-indiqués dont l’incontestable et urgente nécessité
ne saurait être mise en doute.
La présente délibération close en mairie à Perguet les jours, mois et an
que dessus sous les seings de Friant, Le Clinche, Berrou et Louédec, les quatre
autres conseillers présents ont déclaré ne savoir signer, après lecture. »
1872 : Le maire recherche un terrain et trouve le financement
Toute la première partie de l’année est consacrée à la recherche d'une parcelle de terre
pour le nouveau cimetière, et à son financement. Cette affaire avait longtemps été reportée
parce que le budget de la commune était insuffisant. Cette fois, motivés par leur décision
d'agrandissement de l'église, les élus se sont mobilisés et ont trouvé les moyens de réunir
l'argent nécessaire en ouvrant une souscription auprès des familles qui souhaiteraient une
concession. Et ils fixent les tarifs : 100 francs pour une concession à perpétuité, 50 francs
pour 30 ans et 20 francs pour une concession décennale. La somme ainsi recueillie, I 020
francs, suffit à l'achat d’un terrain.
Arrive la saison des bains de mer : une autre souscription est lancée auprès des
touristes et produit la somme de 809 francs 40.
La question du financement étant résolue, il restait à trouver le terrain pour le transfert
du cimetière : question de salubrité publique, car les cercueils s'entassaient dans les fosses
avant le délai légal d’ouverture et les porcs venaient y fouiller.
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3. Au cours de la séance du 25 août le maire, Jean-Marie Friant, énumérait aux élus
tous les inconvénients de ce cimetière, et de l'étude qu'il avait faite pour déterminer la surface
nécessaire au nouveau « champ des morts ». D'après les registres, il mourait chaque année
dans la commune une trentaine de personnes dont la moitié était des enfants de moins de 10
ans : il estimait qu'il fallait une fosse de 2 mètres pour un adulte, et 1 mètre pour les enfants,
et aboutissait à la conclusion que compte tenu de l'augmentation éventuelle de la population,
il fallait prévoir une surface de 6 ares 80 centiares.
« Je me suis occupé de chercher l’emplacement qui par sa distance, tant du bourg
de Bénodet que des habitations, son orientation, la constitution de son sol pouvait
le mieux convenir. Je croyais l’avoir trouvé dans une pièce de terre cadastrée sous
le n° 30 de la section A et appartenant à Monsieur de Keralain, qui se refuse, ainsi
qu’il résulte de la correspondance que je place sous vos yeux, à une cession
amiable. Il y aurait lieu de recourir contre lui à l’expropriation pour cause
d’utilité publique.
La discussion étant ouverte, un conseiller propose d’ouvrir au bourg de
Perguet un second cimetière qui rendrait suffisant celui de Bénodet, et dès lors
inutile son transfèrement.
Un autre conseiller reconnaît la nécessité du transfèrement, mais
propose d’établir le nouveau cimetière dans une pièce de terre sise route de
Fouesnant, appartenant en nu propriété à la commune, en jouissance à la fabrique,
et qui est à l’état de lande.
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4. Le maire répond qu’il avait bien songé à ce terrain, mais que son
éloignement, 815 mètres de l’église paroissiale, lui avait paru avoir des
inconvénients… »
Après discussion, le conseil se rallie à la dernière solution évoquée. La gratuité du
terrain permettra même de porter la superficie du nouveau cimetière à 1 200 m² !
Le 29 septembre, nouvelle réunion du conseil, et coup de théâtre :
« La propriété de la pièce de terre que l’on supposait appartenir à la commune est
revendiquée par Madame Perrotin ! ( demeurant au manoir du Vouérec ).
Un membre du conseil fait observer qu’il ne peut croire que cette pièce de
terre appartienne à Mme Perrotin, qu’il se rappelle parfaitement qu’à une date
qu’il ne peut préciser, mais entre 1813 et 1824, son père fit exprès le voyage de
Quimperlé pour acquérir au nom de la commune, d’une demoiselle DuboisGuennec Méros, cette parcelle, ainsi qu’une autre, et que le tout fut payé 1 200
francs… »
Le 15 décembre, autre réunion du conseil. On fait le point de la situation. Le maire
expose que Mme Perrotin est disposée à vendre à l’amiable les 1200 m² à prendre dans « sa »
parcelle moyennant 400 francs ; qu’elle possède « une déclaration de l’un de ses
prédécesseurs reconnaissant que la commune n’est pas propriétaire de cette parcelle » et
qu’en l’absence de tout titre, il n’est pas possible à la commune d’en revendiquer la propriété .
Cependant, le conseil étant persuadé de son bon droit, à la majorité il demande que la
commune soit autorisée à ester en justice contre Mme Perrotin…
Le 9 février 1873, le conseil étant réuni, « le maire présente au dit conseil un arrêté
qui lui a été adressé par Monsieur le Préfet, daté du 24 janvier dernier, par lequel le Conseil
de Préfecture a refusé à la commune de Perguet l’autorisation d’ester en justice. » Les
raisons ne sont pas précisées. Le conseil doit donc se résigner à accepter les propositions de
Mme Perrotin, c’est-à-dire de payer 400 francs pour 1 200 m² à prendre dans la parcelle n°
11 de la section B du plan cadastral.
Pour la petite histoire
L'enquête du Maire, Jean Marie Friant, sur la nécessité d'un nouveau cimetière
à Perguet, et sur sa justification par le nombre de décès survenant chaque année dans la
commune, montre combien la situation est différente de nos jours. A l'époque la commune de
Perguet comptait environ 700 habitants et il y avait chaque année une moyenne de 30 décès
dont le moitié concernait des enfants de moins de 10 ans. Aujourd'hui la population a
quadruplé et continue à compter annuellement entre 40 et 50 décès. L’augmentation de la
population n'est pas due aux naissances dans la commune - elles sont loin d'atteindre les
mêmes chiffres -, mais par l'absence de mortalité infantile, l'allongement considérable de la
durée de vie, et surtout par l'implantation de nouveaux arrivants sortant de la vie active, qui
choisissent Bénodet dont le cadre naturel, les aménagements, la vitalité des activités sociales
et associatives sont autant de promesses d'une vieillesse heureuse.
Par ailleurs, les chiffres peuvent être relativisés pour les raisons suivantes : il y a 130
ans, les habitants mouraient à leur domicile ; aujourd’hui il n'en va pas de même.
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5. L'allongement de la durée de vie, l'éclatement des familles qui modifie les
conceptions et les comportements des enfants, les occupations professionnelles de ceux-ci,
font que très souvent la personne en état de dépendance doit se résoudre à terminer son
existence dans un établissement approprié, malgré les efforts réalisés depuis quelque temps
pour leur maintien à domicile. Or, Bénodet n'a pas ce genre de maison d'accueil pour
personnes âgées dépendantes ; ces structures se situent dans d'autres communes, et les décès
sont enregistrés sur les registres de la commune où ils se sont produits.
Pour ce qui concerne la parcelle n° 11 de la section B du cadastre, il ne vous a
pas échappé que ni le Maire, ni Madame Perrotin n'ont produit de titre de propriété. Invité par
son conseil à ester en justice, le maire n’en eut pas l'autorisation préfectorale. Ce qui paraît
également bizarre, mais lui évita d’entrer en conflit avec Monsieur Piotr Perrotin qui était
magistrat au Tribunal de Quimper, et qu’il connaissait bien pour avoir eu l'honneur de le
marier en son manoir de Kermaria…
Le nouveau cimetière
Après ces péripéties, la commune de Perguet est devenue propriétaire du
terrain en litige et elle y a installé tout de suite le cimetière, celui que nous connaissons
aujourd’hui, ou plutôt seulement une petite partie, car il a été plusieurs fois agrandi. L'entrée
principale donne sur ce qui était la route de Fouesnant et qui est devenue la rue de Cornouaille
après avoir été « hent ar vered ».
La population actuelle de Bénodet a pu voir le cimetière s'agrandir trois fois ;
d'abord sur le côté Est de la parcelle initiale, vers la rue de Cornouaille ; ensuite du côté Nord,
ce qui a constitué la partie appelée « nouveau cimetière », en contre-bas de l'ancien, et dont
l'entrée se situe sur la RD 44, près de Penfoul. Une artère qui n'existait pas à la création du
premier mais était déjà en projet. L’extension la plus récente a été décidée sous le mandat de
Joseph Clément qui a acquis des terrains appartenant aux familles Mendrès et Gilard. Et elle
a été mise en service par Christian Pennanec’h : entrée avec parkings sur la rue de
Cornouaille.
L'actuel « champ des morts » ne pourra plus s'étendre, car sa façade Sud donne
sur la voie publique et les trois autres sont adossées à des habitations.
Les bénodétois ont le culte de leurs morts.
Comme les cimetières bretons en général, celui de Bénodet est très bien
entretenu, fleuri en toutes saisons. Et pour nombre d'habitants qui ont l'habitude de s'y rendre,
ce sont des témoignages d'histoires locales qui surgissent au hasard des allées. Telle tombe
attire l’attention par ses dimensions ou sa richesse, sur telle autre est gravé le nom d'une
personnalité qui a marqué son époque ou dont la disparition a défrayé la chronique.
Quand on entre par la porte principale, rue de Cornouaille, le regard est attiré,
dans la partie droite par un mausolée qui tranche sur l'aspect des autres tombes par son
importance : C'est le tombeau de la famille Levainville qui habitait Bénodet en 1870
lorsqu’elle fut victime d’un dramatique accident
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6. Mausolée de la famille Levainville
Mausolée de la famille Alavoine
Monsieur Levainville était préfet du
Finistère, il se promenait avec sa famille et
des amis à Penmarc’h, à proximité des
roches de « Tal an ifern », le I0 octobre ;
une soudaine lame de fond emporta trois
des promeneurs, dont l'épouse du préfet et
sa fille Gabrielle, qui périrent noyées. Ce
drame bouleversa tout le pays ; par la suite
il fut longtemps évoqué par les parents
lorsqu'ils craignaient une imprudence de
leurs enfants. A Bénodet, il a marqué les
mémoires (Voir Foen Izella N° 17).
De l'autre côté, un autre mausolée
de même importance est situé près du mur
d'enceinte. C'est celui de la famille
Alavoine / Bouilloux-Lafont. La fille de
Mr. Alavoine, négociant très en vue à
Quimper, était mariée à Maurice
Bouilloux-Lafont qui fut longtemps député
du Finistère, et maire de Bénodet : il a
largement contribué à en développer les
infrastructures, à promouvoir le tourisme ;
son nom a été donné au terrain de sports.
A l'angle Nord-ouest, trois
petites croix contrastent avec les tombes
environnantes. Tout contre le mur, un petit
rectangle rappelle le souvenir de René
Gouyen, sergent au 2ème R.E.I., mort pour
la France à Khu Khé ( Annam-Indochine )
le 12 février 1948 à l'âge de 22 ans. Les
deux autres croix sont plantées sur les
tombes où reposent deux aviateurs de la
Royal Air Force, le wing commander AD
Phillips et son officier navigateur, RW
Thomson. Leur avion s’est écrasé le 4
juillet 1944, près de la ferme de
Keranguyon. Ce fut une journée noire à
Bénodet, car une jeune fille, Yvonne
Laurent, perdit la vie dans l’incendie
provoqué par la chute de l’avion ; Yves
Glémarec qui était à ses côtés fut très
grièvement brûlé et resta un an en
incapacité totale de travail. Et Mathilde
Capp (aujourd’hui madame Coatmen), qui
avait 14 ans, touchée par une balle au
niveau de l'épaule, dut être amputée d’un
bras. (Voir Foen Izella N° 5, nouvelle
série).
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7. Le carré des aviateurs
anglais.
A gauche, la plaque à la
mémoire de René
Gouyen.
Le passant est intrigué par l'aspect de certaines tombes, comme cette énorme
pierre, patinée par les intempéries, qui recouvre tout l’espace d’un emplacement, et l'on se
prend à plaindre le défunt écrasé sous ce fardeau qu'il a pourtant probablement souhaité.
Il y a aussi ce très beau voilier sculpté dans le granit, évoquant sans doute le
souvenir d’un féru de navigation. Ici ou là, des palmes, des inscriptions…
Si le plus grand nombre des tombes sont bien fleuries et entretenues, on en
découvre aussi d'autres dont les familles ont peut-être disparu et que l'on dit abandonnées,
gagnées par le lichen et les herbes folles. Dans la dernière extension, les belles tombes se
succèdent et il en est une qui tranche sur l'ensemble par son architecture, ses dimensions et les
matériaux employés : de superbes colonnes de granit noir qui en font un monument unique en
son genre à Bénodet.
Une autre construction dans la même parcelle est largement commentée, mais
en d'autres termes et pour d'autres raisons : c'est le colombarium, placé à l'angle Nord-Est et
qui est vu comme une nécessité découlant des incinérations de plus en plus nombreuses.
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8. La tombe de la famille Le Guyader
Ne quittons pas le « champ
des morts » sans dire quelques mots
d'une tombe que tous les bénodétois
connaissent, même s'ils ignorent qu’il
s’agit d’une tombe. Elle est située le
long de l'année centrale, près du
calvaire.
Ni
inscription,
ni
caractéristique
quelconque
ne
permettent de l'identifier ; quelques
pierres
de
taille
disjointes
disparaissent sous un fuchsia qui a
peut-être soixante quinze ans d’âge et
qui, comme un défi à l'oubli, repousse
et fleurit chaque été.
Et chaque année de nouveaux rameaux viennent caresser les mollets du passant, jusqu'à ce
que le jardinier de la ville, fidèlement, fasse sa visite avec son sécateur.
Cet arbuste persistant ( ô combien ! ), qui refuse d'abandonner les souvenirs qu'il
protège, est planté sur le carré de la famille Le Guyader dont la fille, Marie Le Guyader, fit
toute sa carrière à la poste de Bénodet.
La mère de la postière, née Amélie Guéguen, fut la première à être inhumée dans cette
tombe. Après la disparition de son époux, notaire à Brasparts, survenue le 23 septembre
1879, elle vint habiter chez sa fille à Bénodet où elle est morte le 21 juin 1893. Marie Le
Guyader elle-même, qui avait cette concession dans le cimetière de Bénodet, fut surprise par
la mort à Kerfeunteun, chez son frère Frédéric, le 5 mai 1923, et tout naturellement son
cercueil fut placé dans cette fosse, près de celui de sa mère.
Marie Le Guyader a été la première demoiselle des Postes à Bénodet. Elle a inauguré
ce service à sa création et y est restée jusqu'à la retraite. Elle a longtemps laissé dans la
population le souvenir d'une dame de caractère, altière et plutôt hautaine, comme si elle avait
conservé la marque de l'éducation qu'avait reçue la fille de notaire qu'elle était. Chaque jour,
dit-on, elle faisait sa promenade digestive par le quartier de Kerlidou, suivie à quelques pas de
sa dame de compagnie, Françoise, en coiffe de Brasparts ; elles ne se parlaient pas en cours de
route.
Et ces deux femmes, la postière et sa mère, dont les corps ont été enfouis dans la terre
de Bénodet, la première il y a 109 ans, la seconde il y a 79 ans, étaient la mère et la soeur de
Frédéric Le Guyader, l'écrivain, le poète qui nous a légué une oeuvre considérable.
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9. Frédéric Le Guyader, poète.
Le plus prolifique des poètes bretons a sa tombe au cimetière de Kerfeunteun où il est
décédé en 1926 ; il est surtout célèbre pour deux ouvrages : « L'Ère Bretonne » et « La
Chanson du Cidre », qui ne sont qu'un volet d'une grande carrière littéraire méconnue. Le
poète a beaucoup fréquenté Bénodet et le canton de Fouesnant : comment faire autrement
quand on écrit un livre à la gloire du cidre ?
Sa veuve, Mathilde Cordier, avant de mourir en 1942, a fait un legs de 1.000 francs à
la commune de Bénodet, dont les intérêts iraient à l'entretien de la tombe de ses
beaux-parents ; legs accepté par la délégation spéciale et rendu exécutoire par le
Préfet le 5 juin 1943.
L’an mil neuf cent quarante trois, le vingt huit février à dix heures trente, la
délégation spéciale s’est réunie à la mairie, sous la présidence de M. Kerbrat Alain,
président.
Étaient présents : Kerbrat, Cuzon, Bouilloux-Lafont, Donnard, Dénès.
…Le président donne lecture d’une lettre de M. Jean Kervella, notaire, 3 rue de
Kergariou à Quimper, du 5 février 1943.
« J’ai l’honneur de vous faire savoir qu’aux termes de son testament authentique,
dressé par moi le 23 octobre 1942, madame veuve Frédéric Le Guyader, née Mathilde
Ernestine Léonie Cordier, demeurant à Kerfeunteun, quartier Frédéric Le Guyader,
n° 55, où elle est décédée le 14 novembre 1942, a pris au profit de la commune de
Bénodet une disposition dont vous trouverez ci-joint un extrait. Je vous serais
reconnaissant de bien vouloir faire part de ce legs à votre délégation spéciale et
statuer à ce sujet le plus tôt possible.
« Je lègue à titre particulier à la commune de Bénodet une somme de mille
francs pour les intérêts servir à l’entretien de la tombe de mes beaux-parents. »
La délégation accepte ce legs.
En mention marginale : Exécutoire par lettre de M. le Préfet du 5 / 6 / 43.
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