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1
UNIVERSITECHEIKHANTADIOPDEDAKAR
FACULTEDEMEDECINE,DE PHARMACIEETD’ODONTO-STOMATOLOGIE
ANNEE 2006 N° 33
THESE
Pour obtenir le grade de docteur en chirurgie dentaire
(Diplôme d’état)
Présentée et soutenue publiquement le 28 Décembre 2006
Par
MAME DIARRA CISSE Ă©pouse TAMBA
Née le29Août1979àDagana(Sénégal)
JURY : PRESIDENT : M. Boubacar DIALLO Professeur
MEMBRES: M. Mouhamadou Habib SY Professeur
M. Issa NDIAYE Maître de conférences Agrégé
M. Silly TOURE Maître-assistant
DIRECTEUR DE THESE : M. Silly TOURE
Les luxations récentes de l’Articulation Temporo-Mandibulaire
A propos de 70 cas colligés à l’Hôpital Aristide Le Dantec
d’Avril 2003 à Juillet 2006
2
SOMMAIRE
3
INTRODUCTION …………… .…………………………………….1
PREMIERE PARTIE : RAPPELS………………………………………..4
Chapitre I : Anatomie de l’Articulation Temporo-Mandibulaire (A.T.M.)...5
I – Situation………………………………………………………...8
II – Anatomie………………………………………………………..8
II.1- La mandibule……………………………………………...9
II.2- Les surfaces articulaires ………………………………….11
a- Le condyle temporal ………………………………………11
b- La cavité glénoïde………………………………...……...12
c- Le condyle mandibulaire………………………………...13
II.3- Le ménisque……………………………………….……..14
II.4- La capsule………………………………………………..16
a- Les fibres superficielles…………………………………17
b- Les fibres profondes…………………………………….17
II.5- La synoviale………………………………………………18
a- La synoviale temporo-méniscale ………………………18
b- La synoviale ménisco-mandibulaire …………………...18
II.6- Les ligaments …………………………………………… 19
A – Les ligaments intrinsèques ………………………………...19
a- Le ligament latéral externe……………………………...19
b- Le ligament latéral interne……………………………....19
B – Les ligaments extrinsèques ou à distance…………………...20
a- Le ligament sphéno-mandibulaire………………………20
b- Le ligament tympano-mandibulaire…………………….21
c- Le ligament stylo-mandibulaire…………………………21
d- Le ligament ptérygo-mandibulaire………………………..22
III- Rapports de l’A.T.M…………………………………………………23
III.1- Rapports externes……………………………………………23
4
III.2- Rapports antérieurs………………………………………….24
III.3- Rapports postérieurs ……………………………………24
III.4- Rapports supérieurs ……………………………………25
III.5- En dedans et en haut ……………………………………25
III.6- En bas et en dedans ……………………………..26
III.7- Dans l’angle postéro-interne ……………………………..26
IV- Vascularisation…………………………………………………….27
IV.1- Les artères……………………………………………27
IV.2- Les veines…………………………………………………...27
IV.3- Les lymphatiques……………………………………………28
V- L’innervation………………………………………………………28
Chapitre II : Physiologie de l’A.T.M……………………………………..29
I – Cinématique mandibulaire…………………………………………30
I – 1. En intercuspidie……………………………………………..30
I – 2. En dynamique……………………………………………….30
a- Abaissement – Elévation………………………………….31
b- Propulsion – Rétropulsion………………………………...32
c- Diduction………………………………………………….33
II – Action physiologique des muscles masticateurs………………….33
II – 1. Les muscles élévateurs…………………………………….33
a- Le muscle masséter……………………………………….33
b- Le muscle temporal……………………………………….34
c- Le muscle ptérygoïdien latéral……………………………35
d- Le muscle ptérygoïdien médial…………………………...35
II – 2. Les muscles abaisseurs…………………………………………36
a- Les muscles sus-hyoïdiens…………………………………..36
b- Les muscles sous-hyoïdiens…………………………………36
III – L’équilibre des A.T.M. …………………………………………..37
5
Chapitre III : Etude clinique des luxations de l’A.T.M…………………..38
I – Etiopathogénie……………………………………………………...39
I – 1. Etiologie………………………………………………………39
I – 2. Pathogénie…………………………………………………….39
A. La laxité ligamentaire………………………………………..39
B. L’anomalie des surfaces articulaires………………………....40
C. L’asynchronisme…………………………………………..…40
D. La biomécanique perturbée………………………………….40
1) En statique……………………………………..………….40
2) En dynamique……………………………………………..42
3) Mécanisme de la perturbation…………..…………………43
- Mécanique articulaire……………………………….43
- Mécanique musculaire……..………………………..47
II – Clinique…………………………………………………………48
A – Interrogatoire……………………………………………….48
B – Examen clinique……………………………………………49
1) Examen exo-buccal…...………………………………….49
a- A l’inspection...…………………………………...…49
b- A la palpation………………………………………50
2) Examen endo-buccal…………………………………....51
III – Diagnostic……………………………………………………….52
……IV – Quelques techniques radiologiques…………………………….52
1) Les techniques conventionnelles………………………………52
a- Incidence de Schüller………………………………………52
b- Orthopantomogramme……………………………………..52
2) Les techniques plus élaborées………………………………...53
a- Le scanner…………………………………………………53
6
b- L’IRM……………………………………………………..53
V – Le traitement………………………………………………………53
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE………………………………57
I - Justifications et intérêts………………………………………………………58
1- Justifications …………………………………………………..58
2- Intérêts …………………………………………………… ….59
II - Objectifs de l’enquête……………………………………………….59
1- Objectif général……………………………………………….59
2- Objectifs spécifiques………………………………….............60
III- Matériel et méthode……………………………………………………..60
1- Cadre d’étude…………………………………………………60
a- Les locaux du service……………………………………...61
b- Le personnel du service…………………………………...62
2- Méthodologie…………………………………………………63
Critères d’inclusion et d’exclusion …………………………63
IV- Résultats ……………………………………………………………..65
IV.1- Répartition selon l’âge……………………………….65
IV.2- Répartition selon le sexe…………………………………….66
IV.3- Répartition selon l’ethnie…………………………………….67
IV.4- Répartition selon la localité d’origine………………………68
IV.5- Répartition selon la couche socio-professionnelle………….68
IV.6- Répartition selon les circonstances de survenue…………….69
IV.7- Répartition selon le caractère récidivant ou non …………...70
IV.8- Répartition selon le délai entre la survenue la consultation...71
IV.9- Répartition selon le délai entre la survenue et la réduction….71
IV.10- Répartition selon le type de luxation………………………71
7
IV.11- Répartition selon l’aspect général de la denture……………72
IV.12- Répartition selon le type de traitement……………………..73
IV.13- Répartition selon la confection ou non de fronde………………...74
IV.14- Répartition selon la qualification de la personne ayant effectué la réduction
………………….………75
V- Analyses et commentaires…………………………………………..76
A – Epidémiologie…………………………………………………...76
1) Notion d’âge…………………………………………………..76
2) Notion de sexe………………………………………………...77
3) Localité d’origine……………………………………………..77
4) Catégorie socio-économique………………………………….80
5) Episode inaugural……………………………………………..81
6) Délai entre la survenue de l’accident et la consultation……….81
7) Délai entre la survenue de l’accident et la réduction………….83
8) Type de luxation………………………………………………84
9) Etiologie……………………………………………………….84
a- Facteurs déclenchants………………………………………84
b- Facteurs prédisposants……………………………………..85
10) Aspect général de la denture………………………………….86
B – Thérapeutique…………………………………………………...88
1) Traitement préventif…………………………………………..88
2) Traitement curatif……………………………………………89
3) Confection de fronde………………………………………...91
4) Qualification de la personne ayant effectué la réduction…...92
CONCLUSION……………………………………………………………93
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES………………………………99
8
ANNEXES……………………………………………………………….108
9
INTRODUCTION
10
Les luxations temporo-mandibulaires sont la perte permanente, plus ou moins
complète, des rapports anatomiques normaux entre les condyles mandibulaires
et temporaux.
Il est difficile d’apprécier la fréquence des luxations temporo-mandibulaires.
Beaucoup de patients qui en sont atteints s’en accommodent, bien qu’elles soient
invalidantes.
Qu’elles soient unilatérales ou bilatérales, antérieures ou postérieures,
réductibles ou non, les luxations récidivantes de l’Articulation Temporo-
Mandibulaire (A.T.M.) sont, pour la plupart, la résultante extrême d’une
anomalie de fonctionnement condylo-ménisco-ligamentaire.
Une luxation est dite négligée si elle a fait un certain temps (souvent dix à 15
jours) et que la réduction manuelle par la manœuvre Nélaton s’avère impossible
du fait du délai trop long et qu’il faille recourir à une méthode sanglante sous
anesthésie générale.
Notre but dans ce travail n’est pas de passer en revue toutes les anomalies de
fonctionnement de l’ A.T.M. mais de nous limiter aux seules luxations récentes
inaugurales ou récidivantes.
L’étude clinique, l’explication pathogénique et le traitement de cette
affection obligent à une parfaite connaissance de l’anatomie et de la physiologie
de l’ A.T.M. C’est dans cette optique que nous allons présenter une étude
détaillée de l’anatomie de l’ A.T.M. et de ses rapports. Ensuite, nous allons faire
une étude de la physiologie de l’A.T.M., très complexe dans son
fonctionnement neuro-myo-ligamentaire.
Cette étude physiologique est capitale pour la compréhension
étiopathogénique des luxations.
11
Une bonne connaissance des bases anatomiques de l’A.T.M. ainsi que de la
clinique permet une meilleure prise en charge de cette affection.
La manœuvre de Nélaton, qui est une technique de réduction manuelle, doit
être à la portée de tous les praticiens : médecins généralistes, chirurgiens-
dentistes, médecins spécialistes. Dans nos conditions d’exercice, il serait même
souhaitable que le personnel paramédical puisse prendre en charge ce type de
pathologie : techniciens supérieurs en Odontologie, infirmiers et sages-femmes
d’État.
L’analyse objective de nos cas cliniques colligés pendant notre période
d’étude permettra de dégager un profil épidémiologique, avec des données
cliniques et thérapeutiques, gage d’une meilleure prise en charge des luxations
de l’A.T.M. au Sénégal.
Les recommandations de la conclusion tiendront compte des principales
difficultés rencontrées, aussi bien du côté des malades que des praticiens :
accessibilité d’un centre de soins, délai de prise en charge, niveau de
compétence technique, état psychique du patient et sa constitution anatomique.
12
PREMIERE PARTIE :
RAPPELS
13
CHAPITRE I :
ANATOMIE
DE L’ARTICULATION
TEMPORO-
MANDIBULAIRE
14
L'articulation temporo-mandibulaire est une diarthrose qui unit la fosse
mandibulaire de l'os temporal au condyle de la mandibule par l'intermédiaire d'un
ménisque fibro-cartilagineux et fermée par une capsule articulaire [15] (figure 1).
C’est la seule articulation de la face qui soit mobile avec comme particularité
physiologique la synergie obligatoire des deux articulations. L’articulation
temporo-mandibulaire est située sur la partie latérale de la face, en arrière du
massif facial, en avant du conduit auditif externe et en dessous de l'os temporal
qui la sépare de l'endocrâne.
Il existe deux articulations qui fonctionnent en synergie. Elles permettent les
mouvements de la mandibule par rapport au crâne et l’accomplissement de
plusieurs fonctions dont les plus importantes sont :
la mastication
la phonation. [15]
Les muscles qui mobilisent l'articulation sont les muscles manducateurs,
notamment les muscles temporal, masséter, ptérygoïdiens médial et latéral, sus
hyoïdiens. Ils déterminent des mouvements :
de propulsion et de rétropulsion de la mandibule,
d’abaissement et d'élévation,
de diduction.
L’articulation temporo-mandibulaire a une anatomie et une biomécanique particulières.
Les deux articulations se situent dans le plan frontal et sont solidarisées par la mandibule.
15
Figure n° 1 : articulation temporo-mandibulaire : vue latérale [25]
Photo 1 : image d’une A.T.M. sur crâne sec. [13]
Elle est complexe car elle comporte un ménisque qui accompagne le condyle dans
ses déplacements. Le couple condyle-ménisque accomplit plusieurs formes de
mouvements: d'abord une rotation, puis une translation vers l'avant lorsque les
fosse mandibulaire
os temporal
conduit auditif
arrièreavant
16
articulations fonctionnent symétriquement, et translation antérieure pour l’une et
rétrusion pour l'autre dans les mouvements de diduction.
Ce ménisque est intercalé entre le condyle et la fosse mandibulaire de l'os temporal du
crâne.
Ce ménisque, lorsqu'il est luxé, est à l'origine des craquements qui se produisent
au niveau des articulations. Sa luxation est la résultante de la perturbation
mécanique de l’Articulation Temporo-Mandibulaire (ATM) [25].
I - SITUATION [12]
Elle est située aux confins de 4 régions qui sont :
en haut, la région temporale,
en bas, la région massétérine,
en arrière, les régions parotidienne et auriculaire,
en dedans, la région ptérygo-maxillaire.
II - ANATOMIE :
L’articulation temporo-mandibulaire est une articulation synoviale complexe,
de type ellipsoĂŻde, individuellement, et bicondylaire dans son fonctionnement
simultané ; d’où la complexité des mouvements. Sur le crâne de profil
représenté ci-dessous (figure 2), on reconnaît les différents os aux alentours de
cette articulation.
17
Figure n° 2 : crâne, vue de profil [24]
a) mandibule f) os sphénoïdal
b) os temporal g) os nasal
c) os occipital h) os zygomatique
d) os pariétal i) os maxillaire
e) os frontal
II – 1 : LA MANDIBULE :
La mandibule est l’os de la face le plus volumineux et le plus solide. C’est le
seul os mobile de la face, outre les osselets de l’ouïe.
Latéralement, la mandibule comprend une partie horizontale incurvée, le
corps, et deux segments perpendiculaires, les branches. L’angle de la mandibule
est la région où les branches se joignent au corps (figure 4).
haut
Arrière
bas
avant
b
d
a
c
e
f
g
h
i
18
Chaque branche est dotée d’un condyle qui s’articule avec la fosse
mandibulaire et le tubercule articulaire de l’os temporal afin de former
l’articulation temporo-mandibulaire.
Figure n° 3 : Mandibule, vue de face [24]
a) angle de la mandibule d) processus condylaire g) base de la mandibule
b) branche montante e) ligne oblique h) tubercule mentonnier
c) processus coronoïde f) foramen mentonnier i) protubérance mentonnière
La mandibule est suspendue au crâne par les muscles temporaux et masséters
et est stabilisée lorsque les dents qu'elle supporte s'engrènent avec les dents
maxillaires, en intercuspidie [16] (donc tributaire de l'occlusion dentaire).
Elle participe activement aux différentes fonctions de déglutition, de
mastication, de phonation, de respiration. Cette diversité implique que sa
mobilité n’est pas seulement guidée par les muscles manducateurs, mais par la
synergie entre de nombreux muscles qui participent Ă©galement Ă  d'autres actions
volontaires ou réflexes.
Par conséquent, l'équilibre mandibulaire est soumis à un équilibre occlusal et
un Ă©quilibre musculaire.
droite
gauche
a
b
cd
e
f
g
h i
19
Figure n° 4 : Mandibule, vue latérale interne [24 ]
a) angle de la mandibule e) processus condylaire i) lingula mandibulaire
b) sillon mylo-hyoĂŻdien f) tĂŞte de la mandibule j) fossette sublinguale
c) foramen mandibulaire g) incisure mandibulaire k) corps de la mandibule
d) branche montante h) processus coronoĂŻde l) fossette submandibulaire
m) dents
II – 2 : LES SURFACES ARTICULAIRES :
a- Le condyle temporal [5] :
Représenté par la racine transverse du zygoma, c'est une saillie presque
transversale, convexe d'avant en arrière, très légèrement concave de dedans en
dehors. Elle est située en arrière du plan sous-temporal, de la grande aile du
sphénoïde, en dehors de la fissure pétro-sphénoïdale, en dedans du gros tubercule
zygomatique antérieur qui marque son extrémité externe, en avant de la cavité
glénoïde.
Il représente un segment de cylindre convexe d’avant en arrière et concave
tranversalement.
avant
arrièrea
b
c
d
e
f
g
h
i
j
k
l
m
20
Son grand axe oblique en arrière et en dedans coupe celui du condyle opposé
au niveau du trou occipital. Il est revêtu d’une mince couche de cartilage et
révèle en dehors, sous forme de saillie, le tubercule zygomatique antérieur.
Figure n° 5 : Coupe sagittale de l’A.T.M. [7]
b- La cavité glénoïde :
C'est une simple cavité de réception du condyle mandibulaire et plus
particulièrement du ménisque. C'est une dépression profonde située en arrière du
condyle temporal. Elle est ellipsoïde et son grand axe présente la même direction
que celui du condyle temporal, c'est-à-dire oblique en dedans et en arrière. Elle
est limitée : [8]
en avant par le condyle temporal articulaire,
en dedans par l'épine du sphénoïde qui la sépare du trou petit rond,
en arrière par l'apophyse vaginale de l’os tympanal, par la crête
pétreuse et par la paroi antérieure du conduit auditif externe,
en dehors par la racine longitudinale de l'apophyse zygomatique.
La cavité glénoïde est divisée en 2 surfaces d'importance inégale par la
Arrière Avant
21
scissure de GLASER : [5]
- l'une, préglaserienne est creusée à la face inférieure de l'écaille du
temporal, elle est intra-articulaire,
- l'autre, rétroglaserienne, est représentée par la paroi antérieure du
conduit auditif externe, partie dépendant embryologiquement de l’os tympanal.
Elle est extra-articulaire.
Sur la lèvre antérieure de la scissure de GLASER, on observe une saillie
transversale, c'est la crête tympanale ou glénoïdienne, qui se continue en dehors
par le tubercule zygomatique postérieur ou heurtoir de FARABEUF contre lequel
le condyle mandibulaire vient buter dans les mouvements de rétropulsion.[5]
Seul le condyle temporal est revĂŞtu d'une mince couche de fibrocartilage plus
épaisse, d'une part, en son centre que sur ses versants antérieur et postérieur et,
d'autre part, en dehors qu’en dedans.
Quant à la portion préglaserienne, intra-articulaire, elle ne possède pas de
fibrocartilage car elle est recouverte de périoste très adhérent à l'os [49].
c - Le condyle mandibulaire [5]
Déjeté en dedans, débordant fortement la face interne de la branche montante,
il ne dépasse pas, en dehors, un plan sagittal passant par la face externe de celle-
ci.
Son grand axe a la même obliquité que celui du condyle temporal, il est dirigé
en arrière et en dedans, de telle sorte que les deux axes des condyles
mandibulaires se coupent sur la ligne médiane à l'union du 1/3 antérieur et des
2/3 postérieurs du trou occipital en formant entre eux un angle qui varie de 130°
à 140°.
Le condyle présente dans l'ensemble un aspect en dos d'âne qui le rend
convexe aussi bien dans le sens antéro-postérieur que dans le sens transversal.
[12]
22
On décrit 2 versants : [12]
un versant postérieur qui regarde en haut et en arrière ; nettement aplati et
lisse, il se continue avec le bord postérieur du col du condyle, il répond à la
cavité glénoïde.
Quoique intra-articulaire, ce versant ne fait pas fonctionnellement partie de
l'articulation, il n'est pas recouvert de fibrocartilage.
un versant antérieur, qui regardant en haut et en avant, se trouve vis-à-vis
du condyle temporal. Ce versant est convexe dans tous les sens et c’
est lui qui
représente la partie articulaire du condyle, il est recouvert de fibrocartilage
plus Ă©pais en son milieu.
A l'union des 2 versants, se trouve la partie culminante du condyle
qui forme une crête mousse de 15 à 18mm de longueur orientée
transversalement.
Les extrémités internes et externes du condyle présentent chacune un petit
tubercule arrondi pour l'insertion des ligaments latéraux. En outre, un peu en
avant et au-dessous du tubercule condylien interne, une petite dépression en
fossette marque l'insertion du chef inférieur du muscle ptérygoïdien latéral.
II – 3 : LE MENISQUE [8, 31]
Les surfaces condyliennes de l'articulation ne peuvent s'adapter du fait qu'elles
sont toutes les deux convexes et qu'elles se regardent par leur convexité. Aussi les
mouvements de l'articulation ne sont-ils possibles que grâce au rétablissement de
la concordance des surfaces articulaires par le ménisque grâce à sa forme
biconcave. C'est une lentille fibro-cartilagineuse biconcave, blanche nacrée,
brillante, translucide de forme rectangulaire aux angles arrondis. Il est plus Ă©pais
dans sa partie postérieure que dans sa partie antérieure. Son grand axe est dirigé,
comme celui des condyles, en dedans et en arrière.
Le ménisque comprend (figure n°5):
23
une face supérieure :
o concave en avant correspondant au condyle du temporal,
o convexe en arrière se logeant dans la cavité glénoïde.
une face inférieure, concave, se moulant sur le versant antérieur et sur la
crête transversale du condyle mandibulaire. Elle regarde en arrière et en
bas.
son bord antérieur, haut d'environ 2mm, est mince. Il est taillé en biseau, et
oblique de haut en bas et d'avant en arrière. Il avance jusqu'au revêtement
fibro-cartilagineux des deux condyles.
son bord postérieur de 4 à 5 mm est plus épais.
son bord périphérique amarre directement à la capsule.
Il est également amarré solidement en avant et en arrière à la capsule et au
système osseux par les freins méniscaux.
La structure du ménisque est celle d'un fibrocartilage où domine le tissu
fibreux. Celui-ci se présente sous forme de faisceaux conjonctifs, diversement
orientés, fibres horizontales à la périphérie, fibres entrecroisées réalisant un
dispositif de nattage au centre ; les cellules cartilagineuses sont irrégulièrement
disséminées ; mais beaucoup plus nombreuses dans la partie centrale du ménisque
qu’à la périphérie.
Le ménisque n’est donc pas un organe entièrement cartilagineux ; de ce fait il
ne pourra pas subir des pressions considérables comme les segments osseux
recouverts de cartilages hyalins.
Selon Jean Delaire : "Le ménisque est une structure qui évolue, et son
examen, à un moment donné, est le reflet du fonctionnement passé et actuel des
articulations temporo-mandibulaires" [11]. Ce qui revient Ă  dire que dans la
dysfonction crânio-mandibulaire, le ménisque est la victime de la dysharmonie
de la mobilité mandibulaire, dont les étiologies sont à déterminer.
Cet élément anatomique a occupé une place prépondérante dans les différentes
études des pathologies des A.T.M. Pourtant, il faut constater que le disque n’est
24
jamais vraiment responsable de la pathologie articulaire. Il en est la
matérialisation, le témoin, mais il ne peut en être l'étiologie à lui seul.
II – 4 : LA CAPSULE :
C’est un cône fibreux, relativement large, à sommet mandibulaire tronqué,
plus épais en arrière qu’en avant. La grande base supérieure s’insère sur le
pourtour de la zone articulaire temporale tandis que la petite base, inférieure,
s’insère sur les limites du condyle mandibulaire.
En haut, la capsule s’insère :
en avant sur une crête située entre le condyle du temporal et le plan
sous–temporal de la grande aile du sphénoïde
en dedans sur le versant externe de l’épine du sphénoïde ;
en dehors sur les tubercules zygomatiques antérieur et postérieur et sur
l’échancrure qui sépare ces tubercules ;
en arrière sur la scissure de GLASER et dans la partie interne, uniquement
sur la lèvre antérieure de cette scissure.
En bas, la capsule s’insère :
. en avant Ă  la limite du rebord cartilagineux recouvrant le condyle ;
. latéralement suivant une ligne oblique en bas et en arrière, croisant
même la partie supérieure du col du condyle en arrière, à la face
postérieure du col, à 5 ou 6mm sous le bord postérieur du condyle.
La capsule est intéressante par sa structure, comportant des fibres profondes et
des fibres superficielles.
a- Les fibres superficielles :
Elles s'Ă©tendent directement du temporal Ă  la mandibule sans interruption
méniscale ; elles représentent la capsule proprement dite.
25
Figure n° 6 : Capsule articulaire, vue latérale externe [24]
a) ligament stylo-mandibulaire c) ligament latéral
b) processus styloĂŻde d) capsule articulaire
b- Les fibres profondes :
Elles sont courtes et interrompues par le ménisque. On décrit :
. Des fibres temporo-méniscales renforcées en arrière par le
frein méniscal postérieur ou frein temporo-méniscal postérieur,
tendu entre la scissure de GLASER et le bord postérieur du
ménisque. Il se forme à la partie postérieure de la capsule un
Ă©pais faisceau fibroblastique court. En avant, on a le frein
temporo-méniscal antérieur ou frein temporo-méniscal antérieur
de PETREQUIN qui est plus faible. Le plus important est le
frein temporo-méniscal postérieur de SAPPEY très épais. Il
contribuera Ă  limiter les mouvements de propulsion de la
mandibule.
. Des fibres ménisco-mandibulaires.
Il existe des freins ménisco-mandibulaires internes et ménisco-mandibulaires
externes.
arrière
avant
a
b
c
d
26
Les fibres superficielles en certains endroits, sont renforcées et constituent ce
qu'on appelle les ligaments latéraux. [5, 8, 37]
II – 5 : - LA SYNOVIALE [33] :
Etant donné l'existence d'un ménisque intermédiaire dans l'articulation temporo-
mandibulaire, la membrane synoviale est double. On distingue donc une synoviale
temporo-méniscale et une synoviale ménisco-mandibulaire. Ces 2 synoviales
peuvent communiquer exceptionnellement par un orifice situé au centre du
ménisque.
L'étude de la synoviale a été récemment complétée par l'arthrographie qui a
permis de définir la forme et la position des culs de sac synoviaux et du ménisque
en position bouche ouverte et bouche fermée.
a) La synoviale temporo-méniscale
Elle est plus lâche que son homologue de l'étage inférieur. Comme toute
synoviale, elle s'insère à la limite des surfaces cartilagineuses, recouvrant
toutes les surfaces profondes de la capsule Ă  l'exception du cartilage.
b) La synoviale ménisco-mandibulaire
Elle est plus étendue que la précédente et s'arrête, en avant, au niveau du
rebord antérieur du revêtement fibro-cartilagineux ; par contre, en arrière, elle
descend sur la face postérieure du col du condyle, jusqu'au niveau de l'insertion
capsulaire, puis elle tapisse la face profonde de la capsule.
27
II – 6 : LES LIGAMENTS :
On décrit 2 types de ligaments : [5, 8, 37]
- ligaments intrinsèques,
- ligaments extrinsèques ou à distance.
A) Les ligaments intrinsèques :
Ils sont au nombre de 2.
a) Le ligament latéral externe
II est triangulaire à sommet mandibulaire ; il est court, épais, très puissant, il
représente le principal moyen d'union de l'articulation, il limite à la fois la
propulsion et la rétropulsion. Il comporte 2 parties :
* La corde zygomato-mandibulaire, qui est verticale, s'Ă©tendant du tubercule
zygomatique antérieur au tubercule latéral externe du col du condyle,
* La bandelette zygomato-mandibulaire, plus oblique, allant du bord inférieur
du zygoma Ă  la ligne oblique du condyle.
b) Le ligament latéral interne :
II a la mĂŞme forme que son homologue, mais il est plus faible ; il est
fortement oblique en bas, en avant et surtout en dehors. II s'insère en haut, sur
l'extrémité interne de la scissure de GLASER et sur l'épine du sphénoïde. En bas
il s'insère sur la partie postérieure et interne du col du condyle et sur le tubercule
condylien interne.
28
B) Les ligaments extrinsèques ou à distance :
Ils ont des rapports éloignés avec l'articulation et sont situés en dedans de celle-
ci. Ce sont en fait des bandelettes fibreuses qui jouent le rĂ´le de "haubans" de
l'articulation. Ce sont:
a) Le ligament sphéno-mandibulaire :
Bandelette fibreuse, longue et mince qui s'étend de la base du crâne à la
partie moyenne de la face interne de la branche montante de la mandibule.
Il s'insère, en haut sur la face externe de l'épine du sphénoïde et sur la partie la
plus interne de la scissure de GLASER, puis il se porte oblique en bas, en avant
et en dehors. Il est partiellement accolé à la face interne du ligament latéral
interne dont MORRIS n'en fait qu'un dédoublement. Ensuite il se sépare de ce
ligament pour renforcer le bord postérieur de l'aponévrose interptérygoidienne.
Au niveaude l'orifice supérieur du canal dentaire, il se divise en 2 faisceaux :
. l’un antérieur qui se fixe sur l'épine de Spix ou lingula ;
. l’autre postérieur, plus large, se fixe sur la face interne de la branche
montante, entre la gouttière mylo-hyoïdienne et le bord postérieur de la
mandibule. Les deux faisceaux limitent avec la partie supérieure des deux lèvres
de la gouttière mylo-hyoïdienne, un orifice ostéo-fibreux appelé trou mylo-
hyoĂŻdien Ă  travers lequel passent les vaisseaux et nerfs du mĂŞme nom.
b) Le ligament tympano-mandibulaire :
C'est une lame fibreuse tendue entre la cavité glénoïde du temporal et la
branche montante de la mandibule. Il s'insère :
o en haut, sur le tympanal, le versant postérieur de la scissure de
GLASER.
29
o en bas, sur le versant interne du bord postérieur de la branche
montante au niveau d'une ligne horizontale qui passerait par le bas
de l'Ă©pine de Spix.
Il forme la partie postérieure, épaissie, de l'aponévrose inter-
ptérygoïdienne et limite avec le col du condyle la boutonnière rétro-condylienne
de JUVARA dans laquelle passent l'artère et les veines maxillaires internes ainsi
que le nerf auriculo-temporal. Ce ligament est situé dans un plan postérieur et
externe par rapport au ligament sphéno-mandibulaire.
c) Le ligament stylo-mandibulaire :
C’
est une bandelette fibreuse, d'aspect triangulaire, allongée, à sommet
supérieur et à base inférieure. Il s'insère sur la face antéro-externe de l'apophyse
styloïde, près de sa pointe, confondu à ce niveau avec le muscle stylo-glosse qui
prend des insertions sur ce ligament. Il se dirige obliquement en bas, en avant et
en dehors pour se terminer sur le bord postérieur de la branche montante de la
mandibule, un peu au-dessus de l'angle. Ce ligament appartient au "bouquet de
RIOLAN", il représente le reliquat fibreux du faisceau mandibulaire du stylo-
glosse.
d) Le ligament ptérygo–mandibulaire :
Encore appelé aponévrose, buccinato-pharyngée. C'est une lame fibreuse qui sert
de lieu d'insertion commun au muscle constricteur supérieur du pharynx en
arrière et aux faisceaux moyens du buccinateur en avant. Il s'insère :
. en haut, sur le bord inférieur du crochet de l'apophyse ptérygoïde
. en bas, sur l'extrémité postérieure de la ligne oblique interne de la
mandibule, en arrière de l'insertion du mylo-hyoïdien et très près du bord
alvéolaire, en regard de la dernière molaire. Ce ligament doit être considéré
30
comme une insertion tendineuse intermédiaire au constricteur supérieur du
pharynx et au buccinateur.
Figure n° 7 : Articulation temporo-mandibulaire, vue latérale externe [24]
a) ligament stylo-mandibulaire c) ligament latéral
b) processus styloĂŻde d) capsule articulaire
Figure n° 8 : Articulation temporo-mandibulaire, vue latérale interne [24]
a) lingula mandibulaire c) ligament sphéno-mandibulaire
b) ligament stylo-mandibulaire d) ligament ptérygo-épineux
arrière
avant
arrièreavant
a
b
c
d
a
b
c
d
31
III-LESRAPPORTSDEL'ARTICULATION[8;49]
La projection cutanée de l'articulation temporo-mandibulaire se fait en avant
du tragus, à l'extrémité supérieure de la branche montante, au-dessous de
l'extrémité postérieure de la saillie du zygoma.
Il existe à la périphérie de cette région de multiples éléments anatomiques dont
certains sont à respecter de façon impérieuse quand une intervention, est
nécessaire.
III – 1 : Les rapports externes
Ce sont les plans et éléments anatomiques rencontrés lors de l'abord
chirurgical de l'articulation. On distingue :
la peau,
le tissu cellulaire sous-cutané,
les rameaux temporaux du nerf facial issus de la branche
temporo-faciale,
le pédicule vasculaire transverse de la face issu de l'artère
temporale superficielle,
un ganglion,
les vaisseaux temporaux superficiels (artère et veine entre le
condyle mandibulaire et le tragus),
le nerf auriculo-temporal situé en arrière des vaisseaux
temporaux superficiels et dont la section accidentelle laisse peu
de séquelles,
le plexus veineux condylien (plexus péri-articulaire) gênant
l'abord articulaire.
32
III – 2 : Les rapports antérieurs
La face antérieure est représentée par l'échancrure sigmoïde, entre les masses
musculaires :
- du masséter en dehors,
- du ptérygoïdien externe en dedans,
- du faisceau postérieur du temporal qui s'insère sur le coroné.
Dans l'échancrure passe le paquet vasculo-nerveux massétérin.
III – 3 : Les rapports postérieurs
Ils sont représentés par :
Le conduit auditif externe cartilagineux en dehors, osseux en
dedans. Il est formé à ce niveau par une mince lame du
tympanal. Il est facilement lésé au cours des traumatismes
antéro-postérieurs, il n'est séparé du condyle que par un étroit
espace rempli de tissu cellulo-adipeux.
Le plexus veineux péri-articulaire bien développé dans
cette région peut provoquer des hémorragies diffuses.
La bifurcation de la carotide externe dans la glande, Ă  la
face postérieure du col du condyle en ses deux branches
terminales : artère maxillaire interne et artère temporale
superficielle.
III – 4 : Les rapports supérieurs
En haut, la racine postérieure du zygoma souvent très
pneumatisée se prolonge en dedans par l’écaille du temporal.
L’articulation correspond, à ce niveau, aux méninges et à la fosse
33
cérébrale moyenne. C’est un point fragile dans les traumatismes
verticaux.
III – 5 : En dedans et en haut [8]
Les rapports osseux y prédominent. Le carrefour en Y des trois
scissures :
o tympano-squameuse de GLASER,
o pétro-squameuse,
o pétro-tympanale,
délimite, sur la face externe du temporal :
- en avant: la cavité glénoïde,
- en arrière : le tympanal (apophyse vaginale) et, faisant hernie entre
les deux,
- en bas et en dedans : le rocher.
Par l'intermédiaire de cette surface temporale et de dehors en
dedans, l'articulation répond :
. au canal antérieur de la corde du tympan (dans la suture
pétro-tympanale antérieure),
. à la gouttière tubaire, flanquée en haut et en dedans du canal
du muscle du marteau,
. au début du segment horizontal, intrapétreux de la carotide
interne, ces deux derniers organes suivent l'axe du rocher, donc s'Ă©loignent
d'arrière en avant et de dedans en dehors.
III – 6 : En dedans et en bas [8] :
L'articulation temporo-mandibulaire surplombe la boutonnière rétro-
condylienne de JUVARA où passe l'artère maxillaire interne entourée d'un riche
plexus veineux. L'artère pénètre par la région ptérygo-maxillaire qui est
34
richement vascularisée par ses branches collatérales et celles du plexus
ptérygoïdien, et irrigue notamment les deux principales branches du nerf
maxillaire inférieur.
En haut et en bas, on trouve :
- le nerf dentaire inférieur,
- le nerf lingual auquel vient s'accoler en arrière la corde du tympan.
III – 7 : Dans l'angle postéro-interne
L'articulation n'est séparée que par une mince tranche osseuse de la caisse du
tympan, à la partie antéro-inféro-interne de laquelle se trouve le coude de la
carotide interne, et sous le plancher de laquelle se situe, parfois déhiscent, le
dôme de la jugulaire dans son golfe homonyme (c’est la partie la plus postérieure
et la plus large du trou déchiré postérieur).
IV - LA VASCULARISATION
IV - 1 : les artères :
De nombreuses artères, par leur tronc ou par leurs branches, contribuent à la
vascularisation de l'articulation temporo-mandibulaire.
- En dehors, l'artère temporale superficielle soit directement, soit
indirectement par ses 2 branches qui sont :
o la temporale profonde postérieure,
o l'artère transverse de la face.
- En dedans, l'artère maxillaire interne directement ou indirectement :
o par les artères tympaniques,
35
o par l'artère méningée moyenne,
o par l'artère temporale profonde postérieure.
Les artères proviennent également de :
o l'artère faciale par l'artère palatine ascendante,
o l'artère auriculaire postérieure par ses branches parotidiennes,
o l'artère pharyngienne ascendante par ses rameaux salpingiens.
Dans 1/3 des cas, l'artère massétérine supérieure fournit, au niveau de
l'échancrure sigmoïde, un rameau artériel à direction ascendante pour le
versant antéro-externe de l'articulation.
IV – 2 : Les veines
Elles sont collatérales des artères et aboutissent à la veine
jugulaire externe soit par les plexus veineux de l'artère maxillaire interne,
soit par la veine temporale superficielle.
IV – 3 : Les lymphatiques
Aboutissent aux ganglions prétragiens, aux ganglions intra-parotidiens,
aux ganglions de la chaîne jugulo-carotidienne et plus spécialement au
ganglion sous-digastrique de "KUTTNER".
V - L'INNERVATION
Elle vient du nerf maxillaire inférieur. Les nerfs proviennent soit du
pédicule temporomassétérin, soit surtout du nerf auriculo-temporal parfois
de quelques filets du temporal postérieur.
36
CHAPITRE II :
PHYSIOLOGIE
DE L’ARTICULATION
TEMPORO-
MANDIBULAIRE
37
I – CINEMATIQUE MANDIBULAIRE :
Les articulations temporo-mandibulaires font partie des articulations les plus
sollicitées avec environ 10 000 mouvements par 24 heures [25]. Elles participent à
deux fonctions essentielles : l’ouverture de la bouche et la mastication.
Elles fonctionnent simultanément et présentent globalement trois degrés de
liberté. Lorsque les articulations temporo-mandibulaires ont une biomécanique
normale, nous constatons :
I – 1 : en intercuspidie, les condyles occupent une position centrée et
symétrique dans les fosses mandibulaires.
Figure n° 9 : nous voyons le centrage du condyle et les faisceaux du muscle
ptérygoïdien latéral, celui qui s'insère sur le disque. [25]
a) Condyle mandibulaire
b) Muscle ptérygoïdien latéral
I – 2 :en dynamique, il existe une symétrie "parfaite" des déplacements
des condyles dans les mouvements d'ouverture, de fermeture et de propulsion et
une symétrie des mouvements compensatoires d'une A.T.M. par rapport à l’ autre
lors des mouvements de diduction.
L'Ă©tude dynamique de la mandibule nous permet constater, que l'ouverture et
la fermeture de la bouche s'effectuent selon un trajet rectiligne dans le plan
frontal. Toute déviation indique un début de dysfonction.
a
arrière
avant
b
38
Au cours du mouvement de propulsion, qui doit s'effectuer sur un guide
fonctionnel, la même rectitude de déplacement doit être constatée.
Lors des mouvements de diduction, sur des guides canins fonctionnels, les
déplacements latéraux, par rapport au repère de la ligne interincisive, doivent
ĂŞtre semblables dans leur forme et leur amplitude.
Chaque articulation est double du point de vue fonctionnel :
dans l’articulation ménisco-temporale s’effectue des mouvements de
glissement;
dans l’articulation ménisco-mandibulaire siègent des mouvements de
rotation.
Les mouvements peuvent être déclinés en trois entités : [35]
a- Abaissement – élévation
C’est le mouvement d’ouverture et de fermeture de la bouche. Lorsque la
bouche est fermée ou légèrement ouverte, le ménisque et la tête du condyle
mandibulaire, solidaires, glissent en avant et en bas ; puis pour une ouverture
modérée, la tête du condyle mandibulaire se place sous le tubercule articulaire de
l’os temporal. Pour l’ouverture maximale de la bouche, la tête mandibulaire subit
alors une rotation. C’est l’abaissement. Ce mouvement est composé donc par une
translation suivie d’une rotation.
Les muscles moteurs contribuant à l’abaissement sont les muscles :
digastrique, mylo-hyoïdien et génio-hyoïdien.
Pour l’élévation, les mouvements sont à l’inverse de l’abaissement, rotation et
translation.
Les muscles sont : le temporal, le masséter et le ptérygoïdien médial.
L’amplitude d’ouverture buccale normale physiologique mesurée entre les
incisives maxillaires et mandibulaires est d’environ 45mm. [25]
39
Figure n° 10 : abaissement et élévation [42]
a) m. temporal c) m. masséter e) m. digastrique
b) m. ptérygoïdien médial d) m. mylo-hyoïdien f) m. génio-
hyoidien
b- Propulsion – rétropulsion
Ce sont des mouvements symétriques : les condyles mandibulaires effectuent
un déplacement identique dans leur forme et dans leur amplitude. Ces
mouvements ont lieu dans chaque articulation ménisco-temporale.
La propulsion consiste en un glissement vers l’avant et en bas de la
mandibule. Dans ce mouvement, le ménisque et la tête mandibulaire translatent
comme pour l’abaissement. Les muscles associés sont les muscles ptérygoïdiens
latéraux.
La rétropulsion est le mouvement inverse. Les muscles impliqués sont les
muscles temporaux et digastriques.
a
b
c
d
e
e
f
40
c- Diduction
Au cours de ce mouvement, asymétrique, la mandibule se porte latéralement.
Figure n°11 : diduction [42]
La diduction associe simultanément des mouvements différents des deux côtés.
Pendant que l’une des articulations effectue une rotation, l’autre, du côté opposé,
effectue une translation antérieure.
II - ACTION PHYSIOLOGIQUE DES MUSCLES MASTICATEURS :
[17, 28, 38]
Deux types de muscles s'opposent par leur type d'action.
II – l : LES MUSCLES ELEVATEURS
Ce sont les plus puissants.
a- Le muscle masséter
Le muscle masséter est élévateur de la mandibule, ramenant le
condyle en arrière après l'ouverture buccale.
41
Il est, en outre, propulseur, plaçant l'arcade dentaire inférieure en
avant de l'arcade supérieure.
b- Le muscle temporal
Ce muscle est élévateur par ses fibres antérieures et moyennes. Il est
rétropulseur par ses fibres postérieures.
Nom Origine Terminaison Fonction
Muscle masséter Arcade
zygomatique
Face latérale de la
branche mandibulaire
fermeture de la
bouche
Muscle temporal Os temporal Apex et face médiale
du processus coronoĂŻde
fermeture de la
bouche et traction de
la mandibule en
arrière
Muscle ptérygoïdien
latéral
Face latérale du
processus
ptérygoïdien
Processus condylaire et
disque articulaire
fermeture de la
bouche et
mouvements vers
l’avant, mouvements
de broyage
Muscle ptérygoïdien
médial
Processus
ptérygoïdien
(os sphénoïde)
angle de la mandibule Fermeture de la
bouche et
mouvements de
broyage
Tableau n°1 : les muscles élévateurs et leur mode d’action [44]
42
Figure n°12 : articulation temporo-mandibulaire, vue latérale externe : [44]
a) muscle ptérygoïdien médial
b) muscle ptérygoïdien latéral
c - Le muscle ptérygoïdien latéral
Ce muscle est diducteur s'il se contracte d'un seul côté. Il est
propulseur s'il se contracte des deux côtés. L'insertion au niveau du col
du condyle explique les déplacements dans les fractures du condyle.
d – Le muscle ptérygoïdien médial
II est diducteur s'il se contracte d'un côté et propulseur s'il se
contracte des deux côtés.
a
b
43
1I - 2- LES MUSCLES ABAISSEURS
Ce sont les muscles sus et sous-hyoïdiens. Ils sont considérés comme
des muscles accessoires de la mastication.
a- Les muscles sus-hyoĂŻdiens :
Ils se situent entre l'os hyoĂŻde et la mandibule :
Le muscle génio-hyoïdien : il est abaisseur de la
mandibule et élévateur de l'os hyoïde ;
Le muscle mylo-hyoĂŻdien : il est abaisseur de la
mandibule et élévateur de l'os hyoïde ;
Le muscle digastrique : il est abaisseur de la
mandibule par son ventre antérieur, élévateur par son
ventre postérieur.
b - Les muscles sous-hyoĂŻdiens
Ils ne jouent qu'un rĂ´le secondaire dans les mouvements de la
mandibule . Ce sont :
> Le muscle sterno-cléido-mastoïdien ,
> Le muscle sterno-thyroĂŻdien,
> Le muscle omohyoĂŻdien.
44
III–EQUILIBREDESA.T.M.
Il est soumis à l'action des différents muscles qui forment les articulations. Les
A.T.M. sont au centre d'un système qui se compose de 4 éléments :
la posture,
la déglutition salivaire,
l’occlusion dentaire,
l’architecture crânio-faciale.
Figure n°13 : équilibre des A.T.M.[48]
1) frein ternporo-meniscal 5) cavité articulaire supérieure 9) capsule articulaire
2) fosse mandibulaire 6) ligament méniscal antérieur 10)ligament méniscal
postérieur
3) disque articulaire 7) m. ptérygoïdien latéral 12) cavité articulaire inférieure
4) tubercule articulaire 8) conduit auditif externe 13) membrane synoviale
45
CHAPITRE III :
ETUDE CLINIQUE DES
LUXATIONS TEMPORO-
MANDIBULAIRES
46
Ces luxations peuvent être antérieures, latérales, postérieures, supérieures.
La luxation antérieure est la plus fréquente ; le condyle mandibulaire franchit
le tubercule articulaire et ne réintégrera pas spontanément la fosse articulaire.
Dans la luxation antérieure, le condyle mandibulaire dépasse en avant le
condyle temporal et s'élève dans la fosse temporale d'où il ne peut ressortir en
raison de la tonicité des muscles masticateurs. Il s'agit le plus souvent d'une
luxation bilatérale.
Les luxations latérales, postérieures et supérieures sont en règle générale
associées à un choc violent sur le menton et s’accompagnant de fractures des
processus condylaires.
I - ETIOPATHOGENIE :
I – 1 : Etiologies :
Les causes de luxation mandibulaire sont multiples. Nous pouvons citer :
le bâillement,
le rire aux Ă©clats,
les vomissements,
les soins dentaires,
les vociférations, ...
I – 2 : Pathogénie :
Plusieurs mécanismes peuvent être évoqués. Ils interviennent soit isolément,
soit en association. Ce sont :
A- La laxité ligamentaire :
Elle peut expliquer les luxations survenant chez des personnes âgées, en
particulier chez les femmes. Ce mécanisme n’est pas suffisant pour expliquer les
luxations chez les hommes jeunes et bien musclés.
47
B - L’anomalie des surfaces articulaires :
Les malformations condyliennes congénitales ou post-traumatiques peuvent
expliquer un certain nombre de cas de luxations.
Les fractures condyliennes mal réduites et mal consolidées ne permettent pas
un jeu normal de l’articulation ; c’est dire l’intérêt du traitement fonctionnel des
fractures condyliennes.
L’atténuation du relief condylien temporal explique la facilité du passage en
avant du condyle mandibulaire.
Ce mécanisme de luxation est à l’origine des techniques chirurgicales de
traitement par les butées condyliennes et par l’intervention de Mirhaug.
C – L’asynchronisme :
On explique la luxation récidivante par l’association de la distension
méniscale, du prolongement exagéré du condyle mandibulaire puis du
relâchement prématuré du ménisque, alors que ce condyle est encore en avant du
condyle temporal.
D - Biomécanique perturbée : [25]
La biomécanique perturbée s'exprime par l'asymétrie. En effet, chaque
perturbation de position ou de mouvement d'une A.T.M. entraînera,
systématiquement, une position compensatoire de l'autre, rompant ainsi 1a
symétrie, pour installer la perturbation mécanique.
Cette perturbation mécanique s'exprime :
1 - en statique, lors de l'intercuspidie, les condyles n'occupent plus la mĂŞme
position centrée dans les fosses mandibulaires.
48
Figure n°14 : biomécanique de l’A.T.M. [25]
a) condyle mandibulaire b) conduit auditif externe c) ménisque
- En haut, en intercuspidie, le condyle occupe une position postérieure, c'est le
côté de l'hypomobilité
- En bas, le condyle occupe une position plus antérieure et pousse le ménisque
en avant, c'est le côté de l'hypermobilité.
avant
arrière
arrièreavant a
b
a
b
c
c
49
Photo 2 : patient avec trouble de l’articulé dentaire retentissant sur les A.T.M.
[25]
Sur l'orthopantonogramme de cet édenté partiel, on constate un seul contact
molaire, existant, qui se situe au niveau des 27 – 37.
De ce fait, le condyle gauche est abaissé, tandis que le condyle droit monte
dans la fosse mandibulaire. Nous avons dans ce cas, une hypermobilité gauche et
une hypomobilité droite, avec latéromandibulie droite à l'ouverture.
2 - En dynamique, les déplacements en ouverture, fermeture et propulsion
différent. Et en diduction, nous notons aussi une asymétrie de l'amplitude des
déplacements.
La conception thérapeutique sera de rétablir une symétrie de mouvements
dans les deux articulations.
Pour cela le traitement doit s'effectuer sur l'articulation hypomobile, pour
corriger l'hypermobilité compensatoire de l'A.T.M. opposée, car il est impossible
de traiter une hypermobilité qui n'est que la compensation de l'hypomobilité.
50
3 - MĂ©canisme de la perturbation :
- La mécanique articulaire : Nous sommes confrontés à deux
articulations bi-condyliennes. Le ménisque est interposé entre le condyle
mandibulaire et l'os temporal.
Il n'existe pas de cartilage mais du tissu fibreux sur les condyles avec un
ménisque ou disque interposé. Ce qui provoque beaucoup de mouvements et
donc beaucoup d'usure. La mécanique articulaire est déterminée par la règle
"convexe-concave" de F. Kaltenborn [23] qui montre le sens du roulement et du
glissement du condyle. En ouverture, le condyle roule vers l'arrière et glisse vers
l'avant. En fermeture, il roule vers l'avant et glisse vers l'arrière (fig. 17). Il
existe deux "closed-pack" positions : protraction maximale et ouverture ainsi
que rétraction maximale et fermeture. Le ménisque est étroitement fixé au
condyle au niveau de ses pôles latéraux et médiaux : le condyle le déplace avec
lui lors de l'ouverture et de la fermeture de la bouche. Il peut se luxer (luxation
réductible, non réductible ou blocage total). A sa partie médiane, le ménisque
n'est pas vascularisé. Les insertions antérieures sont au niveau du chef supérieur
du ptérygoïdien latéral. Les insertions postérieures sont situées au niveau de la
zone bilaminaire, constituée d'une lame supérieure d'élastine fixée sur la plaque
tympanale et d'une lame inférieure de fibres collagène fixée sur le condyle
(fig.15).
51
Figure n°15 : fonctionnement normal de l'articulation temporo-mandibulaire lors de
l'ouverture et de la fermeture de la bouche. (D'après Blaschke DD: Arthrography of the
temporomandibular joint, chapter4. In temporomandibular joint problems: in Biology
Diagnosis and treatement, edited by W K Solberg and G T Clark, Quintessence
Publishing, Chicago 1980) [4].
52
Articulation normale : le condyle est bien centré dans la fosse mandibulaire, le
disque est intercalé. Le repère est rectiligne.
1° stade de la luxation, le disque a commencé son glissement antérieur, par
rapport au condyle. La ligne de repère est brisée.
2° stade, le disque glisse encore en avant. Le claquement se situe en début
d'ouverture.
3° stade, le disque occupe une position plus antérieure, le claquement est au
milieu de l'ouverture.
4° stade, le disque est maintenant presque sorti de l'articulation et le claquement
se produit en fin de l'ouverture.
5° stade, le disque est luxé et il ne retrouve plus son condyle, lors du mouvement
d'ouverture.
6° stade, le disque est replié devant l'articulation
Figure n°16 : Les différents stades d'évolution de la luxation discale [25]
53
Figure n°17: (d'après Mahan PE: The temporomandibular joint in function and
pathofunction, chapter 2.In Biology Diagnosis and treatement, edited by W K Solberg
and G T Clark, Quintessence Publishing, Chicago, 1980) [27].
Photo 3: image radiologique d'une luxation méniscale vraie (condylo-temporale).
(D'après Marilyn Spencer. 46th ANC of the AIR, Australia 1995) [40].
54
Figure n°18 : représentation fonctionnelle d'une luxation méniscale réductible.
(D'après Blaschke D: Arthrography of the temporomandibular joint, chapter 4.In
temporomandibular joint problems: in Biology Diagnosis and treatement, edited by W
K Solberg and G T Clark) [4]
- La mécanique musculaire : Nous limiterons notre réflexion, à
l'étude du muscle ptérygoïdien latéral (fig.19).
Celui-ci est constitué d'un chef supérieur et d’un chef inférieur. Le chef
supérieur va de la grande aile du sphénoïde et de l'aile externe de l'apophyse
ptérygoïde vers la capsule articulaire, le ménisque et le col du condyle. Le chef
inférieur va de l'aile externe de l'apophyse ptérygoïde au col du condyle. Le chef
inférieur a pour fonction l'ouverture de la bouche et la protrusion de la
mandibule et le chef supérieur, qui a une activité excentrique, tracte le ménisque
vers l'avant lors de la fermeture de la bouche et assure une fonction de contrĂ´le
dynamique. Une activité excessive peut raccourcir les fibres du chef supérieur et
déplacer le ménisque vers l'avant. On comprend aisément l'importance de ce
muscle dans les problèmes de luxation méniscale.
55
Figure n°19 : le muscle ptérygoïdien latéral (D'après Travell J & Simons D, 1993,
Douleurs et troubles fonctionnels myofaciaux, tome l. Bruxelles : Ed. Haug, 1993) [45].
Après cet abord clinique, qui développe une conception mécanique des
luxations des A.T.M., il nous semble important de souligner que le succès d'un
traitement passera, avant tout, par une étude étiologique de ces éléments qui ont
contribué à l'installation de la pathologie.
II – CLINIQUE
A – Interrogatoire
En dehors des considérations classiques relatives à l’état-civil et au contact, il
permet souvent d’avoir une idée sur les circonstances de survenue : bâillement,
rire aux éclats, vociférations, vomissements, traumatisme, …
Il permettra de préciser le caractère inaugural ou récidivant, le délai entre la
survenue de l’accident et la consultation, le recours à un tradi-praticien ou à un
charlatan, une éventuelle tentative de réduction, une administration de
médicaments à type d’antalgiques, de myorelaxants ou d’hypnotiques.
56
Ces renseignements sont souvent fournis par l’entourage ou les
accompagnants, car, en cas de luxation, le patient a souvent du mal à s’exprimer
correctement. Dans les cas où le patient est seul, le recueil des données
anamnestiques se fera a posteriori, après réduction de la luxation par la
manœuvre de Nélaton.
B – Examen clinique
L’état général du patient est souvent bon, mais, il dépend du délai entre la
survenue de l’accident et la consultation. En cas de non réduction dans un délai
diligent, la difficulté à l’alimentation peut contribuer à altérer l’état général chez
un patient anxieux sur son sort avec impossibilité de mastiquer les aliments
solides.
1) Examen exo-buccal :
L’essentiel de cet examen clinique repose sur l’inspection et la palpation.
a – A l’inspection :
Le diagnostic est d’emblée évoqué chez un patient souvent inquiet, à
bouche grande ouverte laissant Ă©chapper la salive au niveau des commissures
labiales. L’aspect de faux prognathisme mandibulaire ainsi que la dépression au
niveau de la région pré-tragienne confortent le praticien dans son hypothèse de
luxation de l’A.T.M. L'examen du visage du malade montre un aspect
d'augmentation de la hauteur faciale inférieure, avec difficulté d’obtenir le
contact bilabial et l'impossibilité de serrer les dents, le patient étant bloqué en
ouverture buccale.
57
Beaucoup de patients arrivent à ce stade avec un foulard noué autour de la tête.
Photo 4 : tableau classique de luxation bilatérale de l’A .T.M.
Noter l’impression de l’allongement du visage.
b – A la palpation :
Elle est comparative et est pratiquée avec la pulpe des index. Elle confirme la
vacuité de la cavité glénoïde et retrouve le condyle mandibulaire en avant du
condyle temporal. Au contraire une tuméfaction discrète apparaît plus en avant
au-dessous de l’arcade zygomatique.
On vérifiera l’impossibilité de fermer la bouche et l’absence de fractures, en
particulier de fractures condyliennes qui se traduiraient par une mobilisation
douloureuse partielle de la mandibule.
L'impotence fonctionnelle masticatoire est totale et peut entraîner des
difficultés d'élocution, de déglutition et de continence salivaire.
58
2) Examen endo-buccal :
Il met en évidence un trouble majeur de l’articulé dentaire avec une
béance antérieure et une absence de contact postérieur. On note souvent une
Ă©dentation partielle Ă©tendue qui est un facteur favorisant dans la survenue des
luxations de l’ A.T.M. L’hypersialorrhée est habituelle et est aggravée par la
difficulté à déglutir. Elle peut être à l’origine de fausses routes. L’hygiène
bucco-dentaire peut être négligée si la luxation est survenue depuis quelques
jours.
Photo 5 : incontinence salivaire chez une patiente débile.
Noter la mauvaise hygiène bucco-dentaire.
59
III – DIAGNOSTIC :
Il repose essentiellement sur la clinique : interrogatoire et examen clinique.
Devant l’urgence et l’évidence du diagnostic, on peut, en général, se passer d’un
bilan radiologique qui serait juste plus coûteux et ferait perdre du temps pour la
réduction qui est de toute façon urgente. Néanmoins, quelques incidences
radiologiques, réalisées correctement, pourraient contribuer à asseoir le
diagnostic de luxation de l’A.T.M.
IV – QUELQUES TECHNIQUES RADIOLOGIQUES [6, 14]
1) Techniques conventionnelles :
a- Incidence de SchĂĽller :
Elle est réalisée bouche ouverte et bouche fermée de façon bilatérale. Elle
permet de visualiser l’ATM de profil mais avec une distorsion liée à l’angle
d’incidence. En cas de luxation de l’A.T.M., il n’y a pas de différences entre le
cliché en bouche ouverte et le cliché en bouche fermée.
b- Orthopantomogramme
On l’appelle également panoramique dentaire. C’est un des clichés de base
dans l’investigation radiologique des ATM. Il offre une vision d’ensemble des
maxillaires et des dents y compris les deux processus condylaires. Il a l’avantage
de permettre une étude des arcades dentaires et d’identifier les facteurs
occlusaux favorisants comme l’édentation étendue.
60
2) Techniques plus élaborées :
Des techniques comme la tomographie et l’arthrographie sont actuellement
abandonnées [43] au profit du scanner qui donne une bonne résolution au niveau
du tissu osseux (condyle mandibulaire, condyle temporal, cavité glénoïde,....) et
de la Résonance Magnétique Nucléaire (IRM) qui donne une bonne définition
au niveau des tissus mous (ménisque, muscles, ligaments,…).
a- LE SCANNER
Encore appelé tomodensitométrie, c’est une technique récente mais qui a
tendance à se démocratiser. Il permet même des reconstructions
tridimensionnelles de certaines lésions.
b- L’IRM
C’est la méthode la plus performante car elle est non invasive, elle donne une
excellente visibilité méniscale dans tous les plans. Les tissus mous sont
également bien visibles de même que d’éventuels épanchements articulaires.
Tous ces examens qui ne sont pas indispensables Ă  la prise en charge des
luxations récentes de l’A.T.M dans l’urgence, peuvent cependant être utiles dans
la prise de décisions, à distance, soit pour éviter une récidive ou traiter une
luxation récidivante.
V - TRAITEMENT : [2, 34, 43]
Le diagnostic fait, il faut s'enquérir du caractère spontané, non traumatique, de
la luxation, élément capital pour envisager la réduction immédiate sans examen
radiographique préalable. La réduction sans radiographie préalable n'est possible
qu'en dehors de tout contexte traumatique. La date de survenue ou l'ancienneté de
la luxation, l'existence d'antécédents identiques et leur fréquence conditionnent
61
les possibilités de réduction et sa stabilité. Une luxation passée inaperçue datant
de plusieurs jours, voire semaines ou mois, impose la réduction sous anesthésie
générale, et en cas d'échec un abord articulaire chirurgical. Le caractère
récidivant à fréquence rapprochée, mensuelle ou hebdomadaire, témoigne d'une
pathologie chronique Ă  retentissement articulaire (malocclusion dentaire,
hyperlaxité ligamentaire, myopathie …), justiciable d'une prise en charge
spécifique après réduction.
La réduction de la luxation antérieure s'effectue selon la manœuvre de
NELATON. Il s'agit d'un geste simple, fiable, sans risque, le plus souvent
indolore mais demandant de la persévérance au praticien pour lutter contre la
contracture musculaire réflexe. L'anesthésie locale est généralement inutile, une
prémédication peut être proposée chez les sujets particulièrement anxieux.
Dans la mesure du possible, le sujet est mis en position assise, la tĂŞte et le dos
appuyés contre un plan dur. Le praticien fait face au patient et saisit les branches
horizontales de la mandibule, les pouces (protégés par des compresses)
s'appuyant sur les dents (ou les crêtes) mandibulaires postérieures, les autres
doigts repliés prenant appui sur le bord inférieur de la mandibule de chaque côté.
62
Photo n° 6 : Réduction manuelle par la manœuvre de Nélaton.
L'ouverture buccale est alors légèrement exagérée, puis par une pression
d'intensité croissante et, sans jamais la relâcher, la mandibule est abaissée
progressivement de façon à glisser le condyle mandibulaire sous le condyle
temporal. La perception d'un ressaut et l'obtention immédiate d'une fermeture
bucco-dentaire normale témoigne de la réintégration du condyle mandibulaire
dans la cavité glénoïde. Dans la forme bilatérale, ce mouvement peut être
imprimé de façon asymétrique pour réduire chaque côté successivement. La
manœuvre dont la durée oscille entre 30 secondes et 1 minute, peut être répétée 3
ou 4 fois en cas d'insuccès mais assez rapidement pour conserver le bénéfice de
l'élongation musculaire, obtenue lors de la ou des premières tentatives, ensuite il
est préférable de recourir à l'anesthésie générale.
63
Dans certains cas, la réduction doit être maintenue pendant quelques jours par
une fronde occipito-mentonnière qui limite les possibilités d'ouverture buccale,
associée à une alimentation molle.
Une médication à base de myorelaxants ou d’antalgiques peut être instaurée
après la réduction.
64
DEUXIEME PARTIE :
NOTRE ETUDE
65
I - JUSTIFICATIONS ET INTERETS :
1 – Justifications :
Les luxations de l’A.T.M. sont une pathologie fréquente en traumatologie
maxillo-faciale. Bien que sans gravité lorsqu’elles sont réduites immédiatement,
elles peuvent avoir des conséquences graves, voire dramatiques, quand elles ne
sont pas réduites à temps.
Ces conséquences sont aussi bien fonctionnelles :
- troubles de l’articulé dentaire,
- douleurs et dysfonctions de l’A.T.M.,
- troubles de la déglutition avec leur retentissement sur le tube
digestif,…
qu’esthétiques :
- dysmorphie faciale Ă  type de faux prognathisme mandibulaire,
- dépression pré-tragienne, …
Des problèmes nutritionnels s’y ajoutent car, les patients ne pouvant
mastiquer correctement, s’alimentent liquide et perdent du poids avec une
alimentation moins riche et moins variée.
Ceci justifie amplement qu’on s’intéresse à cette pathologie dont la prise en
charge concerne tous les praticiens, hospitaliers ou non :
médecins généralistes,
chirurgiens-dentistes,
chirurgiens généralistes et spécialistes.
Notre expérience nous montre pourtant que si bon nombre de praticiens
parviennent à gérer correctement les luxations de l’ A.T.M. par la manœuvre de
Nélaton (réduction manuelle immédiate), il n’en est pas toujours ainsi puisque
beaucoup de praticiens ont des lacunes dans ce sens.
Notre modeste contribution à travers ce travail rétrospectif est de rappeler
quelques notions de base, qui, si elles sont bien suivies, permettraient d’accroître,
66
de manière substantielle, le taux de prise en charge adéquate des luxations de l’
A.T.M.
Cela aurait un impact positif sur la réduction du nombre d’évacuations
sanitaires des structures régionales vers Dakar et des structures de périphérie de
Dakar vers le CHU.
2 – Intérêts :
Les intérêts de ce travail sont multiples. Il s’agit de :
faire le point sur une pathologie qui, certes, peut paraître banale mais
peut avoir des conséquences graves si la prise en charge n’est pas
adéquate
rappeler à tous les praticiens qu’il faut maîtriser la manœuvre de
NĂ©laton pour Ă©viter les Ă©vacuations vers les Centres Hospitaliers et
Universitaires (C.H.U).
II - OBJECTIFS DE L’ENQUETE :
1 : Objectif général :
Nous nous proposons de dresser le profil épidémiologique des luxations
temporo-mandibulaires récentes, telles que vécues dans un centre de référence
nationale en Chirurgie Maxillo-Faciale, afin de mettre en évidence l’importance
de la prévention et de la prise en charge précoce de cette pathologie fréquente en
urgence traumatique.
67
II – 2 :Objectifs spécifiques :
Il s’agira de :
Déterminer la prévalence des luxations récentes de l A.T.M. qui sont
acheminées dans un service de référence nationale, et en dresser le
profil épidémiologique en tenant compte de l’âge, du sexe, du
mécanisme, du délai entre la survenue de l’accident et la prise en
charge effective, …
Identifier les circonstances de survenue ou les mécanismes qui sont le
plus fréquemment rencontrés dans l’optique de donner des conseils de
prévention primaire aux sujets à risque,
RĂ©pertorier les signes cliniques,
Corréler les troubles de l’articulé et la survenue des luxations de
l’A.T.M.
III - MATERIEL ET METHODES :
1 : Cadre d’étude :
Le service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale de l’ Hôpital
Aristide LE DANTEC était durant notre période d’étude la seule structure de
santé publique s’occupant de pathologies maxillo-faciales, celui de l’ Hôpital
Principal étant une structure privée. Sa création remonte à celle de l’Hôpital
Aristide Le Dantec.
Du fait de sa vocation universitaire, on y dispense des soins tout en y faisant
de la recherche et de l’enseignement.
Du fait de la rareté des spécialistes en Chirurgie Maxillo-Faciale, le service a
une vocation omnipraticienne et le recrutement intéresse aussi bien les enfants
que les adultes.
68
Outre les patients venant de toutes les régions du Sénégal, le service reçoit des
ressortissants de la sous région (Mauritanie, Mali, Guinée, Guinée-Bissau,
Gambie).
Sur le plan strictement local, les patients de la Stomatologie sont adressés
souvent par les médecins généralistes et par les chirurgiens-dentistes pour ceux
qui sont vus en ambulatoire, ou par les autres services de l’hôpital pour les
patients hospitalisés.
Il assure les consultations et le traitement des patients hospitalisés venant
d’autres services de l’hôpital et des patients externes souffrant des pathologies
bucco-dentaires et maxillo-faciales.
a) Locaux du service :
Ils sont relativement vétustes bien qu’étant fonctionnels. On a assisté, ces
dernières années, à l’amélioration du plateau technique qui devrait aboutir, à
terme, à l’ouverture du bloc opératoire du service dans quelques mois. En
attendant, les interventions sous anesthésie générale sont effectuées dans les
services :
- d’ORL (où les textes du CHU allouent un quota de dix lits pour
la Stomatologie),
- de Chirurgie Générale,
- de Chirurgie PĂ©diatrique,
- d’Orthopédie, …
69
Le service comprend un secteur de Stomatologie et un secteur d’Odontologie.
L’ensemble est constitué :
d’un bureau pour les médecins,
d’une salle de consultation pour les médecins avec un fauteuil dentaire
fonctionnel,
de deux cabinets dentaires correctement équipés,
d’un bureau pour les dentistes,
d’un bureau pour l’interne du service,
d’un bureau pour la surveillante,
d’un secrétariat,
d’une salle de décontamination du matériel,
d’une salle de stérilisation,
d’une salle pour les interventions septiques,
d’une salle d’accueil,
d’un bloc opératoire non encore fonctionnel avec sept lits
d’hospitalisation,
de commodités,…
b) Personnel du service :
Le service comprend :
le chef de service par intérim également responsable du service
d’ORL,
deux médecins :
- un maître-assistant
- un chef de clinique-assistant,
quatre chirurgiens-dentistes,
un interne en Chirurgie Maxillo-Faciale,
un technicien supérieur en Odontologie,
70
des Ă©tudiants stagiaires,
une surveillante du service, infirmière diplômée d’Etat,
trois aide-infirmiers,
deux assistants dentaires,
un garçon de courses,
une secrétaire.
III – 2 : Méthodologie :
Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 70 cas de luxations temporo-
mandibulaires reçus en consultation sur une période de 39 mois (d’Avril 2003 à
Juillet 2006) dans le service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale de
l’hôpital Aristide Le Dantec.
Critères d’ inclusion et d’ exclusion :
Ont été inclus tous les cas de luxations récentes de l’ AT.M. vus dans le service
pendant la période d’étude.
Toutes les formes dites négligées de luxations de l’A.T.M. ayant nécessité une
prise en charge chirurgicale par voie sanglante ont été exclues de notre étude.
Une fiche d’enquête clinique a été confectionnée avec comme principaux
paramètres :
l’âge,
le sexe,
le mode de survenue,
le délai de prise en charge,
les modalités de réduction, … (voir fiche en annexe).
71
Chaque cas a fait l’objet d’un interrogatoire et d’un examen clinique complété,
au besoin, par un examen radiographique avant une prise en charge adéquate.
IV. RÉSULTATS :
Au terme de notre étude, nous avons recensé 70 cas sur 39 mois.
La fréquence annuelle est de 21 luxations de l’articulation temporo-
mandibulaire.
72
IV - 1. Répartition selon l’âge :
L’âge moyen est de 42,7 ans avec des extrêmes de 17 à 88 ans (diagramme
1).
5
22
11
4
11
9
6
2
0
5
10
15
20
25
[17-20ans ]
[21-30ans ]
[31-40ans ]
[41-50ans ]
[51-60ans ]
[61-70ans ]
[71-80ans ]
[81-88ans ]
Diagramme 1 : Répartition selon l’âge.
73
IV - 2. RĂ©partition selon le sexe :
On note 32 sujets de sexe masculin contre 38 de sexe féminin soit un sex-
ratio de 0,84.
46%
54%
hommes
Femmes
Diagramme 2 : RĂ©partition selon le sexe.
74
IV – 3 . Répartition selon l’ethnie :
22
16
10
8
6
4 4
oualofs
séréres
toucouleurs
peulhs
bambaras
diolas
maures
Diagramme 3 : Répartition selon l’ethnie.
75
IV – 4 : Répartition selon la localité d’origine :
Diagramme 4 : Répartition selon la localité d’origine.
IV - 5. RĂ©partition selon la couche socio-professionnelle :
Les sans professions constituent la majorité des patients.
47
9
4 4 2 1 1 1 1
0
10
20
30
40
50
Dakar
Thies
Diourbel
Saint Louis
Matam
Tambacounda
Bamako
Fatick
Louga
76
IV - 6 RĂ©partition selon les circonstances de survenue :
38% des luxations surviennent lors de bâillements forcés et 8% sont
d’origine iatrogène (diagramme 3). Nous avons eu un cas de vomissement
gravidique.
Diagramme 5: RĂ©partition selon les circonstances de survenue.
38%
13%11%
11%
11%
7%
6% 1%1%1%
Baillement
Rire aux Ă©clats
Repas
Traumatisme
Vomissement
Soin dentaire
Vocifération
Intubation prolongée
en réanimation
Psalmodie
Apparition quasi-
spontanée
77
IV – 7. Répartition selon le caractère récidivant ou non :
Diagramme 6: Répartition selon le caractère récidivant ou non.
OUI = Ă©pisode inaugural
NON = récidive
51%
49% OUI
NON
78
IV - 8. Répartition selon le délai entre la survenue de la luxation et
la consultation :
Dans 68,2 % des cas, la consultation a eu lieu dans la première semaine de
l’accident. Le délai moyen de consultation est de cinq (5) jours.
IV – 9. Répartition selon le délai entre la survenue et la réduction :
Dans 58,4 % des cas, la luxation est réduite dans la première semaine qui suit
l’accident. Le délai moyen entre la survenue de la luxation et sa réduction est de
sept (7) jours.
IV – 10. Répartition selon le type de luxation :
Toutes les luxations observées sont de type dynamique antérieur bloqué.
Dans 85,71% des cas, il s’agit de luxations bilatérales.
79
IV - 11. Aspect général de la denture :
Dans notre population d’étude, nous avons noté:
deux (2) patients avec une denture complète,
une (1) patiente édentée partielle mais appareillée,
deux (2) patients édentés totaux,
soixante cinq (65) patients présentant des problèmes occlusaux
importants :
dysharmonies dento-maxillaires,
modification de la courbe de Spee,
édentations partielles étendues non compensées, …
80
IV - 12 : RĂ©partition des patients selon le type de traitement :
37
30
1 1 1
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Manœuvre de
NĂ©laton avec
infiltration
Manœuvre de
NĂ©laton sans
infiltration
Manœuvre de
NĂ©laton sous
anesthésie
générale
RĂ©solution
spontanée
RĂ©duction parle
malade
Diagramme 7: RĂ©partition des patients selon le type de traitement.
81
IV – 13 : Répartition selon la confection ou non de fronde :
51%49% OUI
NON
Diagramme 8: RĂ©partition des patients selon la confection ou non de
fronde.
82
IV – 14 : Répartition selon la qualification de la personne ayant
réduit la luxation :
53
14
1 1 1
0
10
20
30
40
50
60 MĂ©decin
spécialiste
Chirurgien
dentiste
MĂ©decin
généraliste
Malade
RĂ©solution
spontanée
Diagramme 9: RĂ©partition des patients selon la qualification de la
personne ayant réduit la luxation.
83
V . ANALYSE ET COMMENTAIRES :
A. Épidémiologie :
1. Notion d’âge :
Les adultes jeunes (21-40 ans) qui constituent 47.14% des patients,
sont les plus touchés dans notre série. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la
population sénégalaise est à majorité jeune.
Plus de la moitié des patients, soit 54.28% ont moins de quarante
(40) ans. Une revue de la littérature montre que les luxations de l’A.T.M.
surviennent le plus souvent chez les jeunes patients [39], ceci est en phase avec
nos résultats.
Dans notre population d’étude, il n’y a pas eu d’enfants d’âge
pédiatrique (moins de 16 ans). D’une manière générale, les luxations de
l’A.T.M. surviennent plus difficilement chez les enfants du fait de la
configuration anatomique des éléments participant à la fonction de mastication.
À cet âge, la denture est souvent correcte avec un bon articulé dentaire, ce qui
limite la probabilité de survenue d’une luxation de l’A.T.M. surtout qu’à cet âge,
les éléments de liaison entre le condyle temporal et le condyle mandibulaire sont
en bon état (ligaments, ménisque, …).
84
2. Notion de sexe :
Nous notons un équilibre relatif entre les 2 sexes dans notre série.
Au Sénégal, il ne semble pas y avoir de lien entre la survenue d’une luxation de
l’A.T.M. et le sexe, car, cette pathologie touche autant les femmes que les
hommes. Cela reflète les statistiques sur la population générale au Sénégal où il
y a une quasi-égalité entre les deux sexes.
Nos résultats sont, en partie, contraires aux constatations de J.L.
ACHARD, (1988) [1], MERCIER et COLL. (1993) [30] et F. MICHELET
(1984) [29]. Selon ces auteurs, la femme est plus exposée aux luxations
temporo-mandibulaires que l’homme. Rapporté au contexte géographique de la
France en particulier, et de l’Europe, en général, la prédominance féminine
pourrait s’expliquer du simple fait qu’il y ait plus de femmes que d’hommes en
France et en Europe ; ce, en rapport entre autres, aux deux derniers conflits
mondiaux avec leur cortéges de victimes masculines au combat. Plus tard, cela
influera sur la natalité en Occident.
3. La localité d’origine
Les patients viennent de toutes les régions du Sénégal et même de
la sous- région : Mauritanie, Mali, ...
Un tiers des patients (32.86%) n’habite pas à Dakar. Normalement,
tous ces patients auraient dû être pris en charge dans leur localité d’origine, à
partir du moment où le diagnostic est fait à temps. La manœuvre de Nélaton doit
être à la portée de tous praticiens.
NĂ©anmoins, il arrive que, dans certains cas particuliers, des
praticiens « chevronnés » éprouvent certaines difficultés à réduire une luxation
85
de l’A.T.M. ce fut le cas de cette dame de soixante dix (70) ans qui, ayant fait sa
luxation à Tivaouane, est allée au district sanitaire de la localité, puis à l’ hôpital
régionale de Thiès, à l’ hôpital général de Grand-Yoff, à l’hôpital Principal, à
l’Hôpital Militaire de Ouakam et, enfin, à l’hôpital Aristide Le Dantec pour se
faire réduire. Ces cas difficiles, bien que rares, existent réellement ; c’est dans
ces situations difficiles que le recours au chirurgien maxillo-facial est une
nécessité pour éviter de se retrouver avec une luxation dite négligée où, la
réduction manuelle par manœuvre de NELATON s’avère impossible, même
sous anesthésie générale : le recours par une voie sanglante devient inévitable si
on veut retrouver une fonction manducatrice correcte avec un bon articulé
dentaire.
Cas particuliers :
Dans notre étude, il y a eu deux cas de débiles mentales dont une
âgée de soixante onze (71) ans qui venait de Saint-Louis et une autre de vingt
(20) ans qui, elle, venait de Dakar. La première passait son temps à crier, ce qui
rendait difficile la réduction et la stabilisation. La deuxième présentait, en plus,
un articulé défavorable ; dans les deux cas, la mise en place d’une fronde pour
stabiliser le résultat et entraîner la cicatrisation musculo-ligamentaire pendant a
peu près une semaine a été nécessaire.
Une anesthésie locale a été effectuée dans les 2 cas dont la
réalisation n’a pas toujours été aisée, du fait du manque de coopération des
patientes. En Occident, une anesthésie générale aurait été effectuée, de principe,
car le plateau technique est tout à fait adéquat et le contexte très favorable. Au
Sénégal, avec la faiblesse du plateau technique, nous sommes contraints
d’innover en sortant du cadre classique. Finalement, moyennant beaucoup de
patience et de persuasion, nous avons pu régler ces 2 cas sans avoir à endormir
86
les patientes tout en étant maîtres de notre temps, car l’accès au bloc opératoire
des Urgences Chirurgicales de l’hôpital Le Dantec n’est pas toujours facile car
toutes les spécialités chirurgicales peuvent avoir besoin du bloc opératoire :
Orthopédie,
Chirurgie Générale,
Chirurgie PĂ©diatrique,
Chirurgie Maxillo-Faciale,
O.R.L ,
Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire,…
87
Photo n° 7 : patiente débile mentale avec antérieurement à la
luxation, un trouble majeur de l’articulé dentaire (une des patientes réduite
sous anesthésie locale)
Noter l’hygiène bucco-dentaire très négligée.
4. Catégorie socio-économique
Il nous est difficile de faire une corrélation entre le niveau socio-
économique et la survenue de luxation de l’ A.T.M. mais nous avons constaté
que la plupart des patients émanaient d’une couche socio-professionnelle
défavorisée. La difficulté d’accès aux structures sanitaires pourrait être un
facteur prédisposant dans la survenue ou la fréquence des luxations de l’A.T.M.
88
Le taux de chômage relativement élevé de la jeunesse sénégalaise, à l’instar de
celle de la plupart des pays en voie de développement, permet d’expliquer cela.
Le manque de moyens financiers ne leur permet pas de se faire réhabiliter
la cavité buccale en cas d’édentation partielle étendue, facteur incriminer dans la
survenue ou la fréquence des luxations de l’A.T.M.
5. Episode inaugural :
Dans un (1) cas sur deux (2), il s’agit d’une récidive d’une luxation de
l’A.T.M. Cela est conforme avec les données de la littérature [43].
Cela implique la nécessité d’une prise en charge adéquate avec
accompagnement après un premier épisode de luxation de l’A.T.M. Le praticien
doit expliquer au patient sa maladie, les facteurs de risque, notamment les
édentations étendues non compensées qui doivent impérativement nécessiter une
réhabilitation par Prothèse pour retrouver une occlusion correcte.
Dans tous les cas, ceci justifie amplement une consultation en Stomatologie
après tout épisode inaugural du fait de la nature polyfactorielle de la pathologie
(laxité ligamentaire, édentation étendue, bâillement,…) qui détermine la
fréquence d’une luxation de l’A.T.M.
6 .DĂ©lai entre la survenue de la luxation et la consultation :
Bien que la consultation ait lieu dans les sept (7) premiers jours dans 68,2%
des cas, le délai moyen de cinq (5) est plus qu’excessif. L’idéal est que le patient
soit vu immédiatement et réduit sans délai dans les heures qui suivent. C’est le
cas en Occident où les gens sont plus instruits et la répartition des services
sanitaires spécialisés plus dense (un ou plusieurs services de Stomatologie dans
89
chaque localité importante). Là-bas, toute victime d’une luxation de l’A.T.M.
peut soit joindre directement son médecin traitant, soit consulter dans un service
d’Urgences, soit appeler un numéro spécial pour faire déplacer le S.A.M.U. ou
les sapeurs pompiers. Ceci n’est pas étonnant quand on sait que la population est
relativement âgée et qu’il peut arriver qu’un couple de vieillards vive seul sans
moyens logistiques pour aller jusqu’à l’hôpital.
En Afrique en général, et au Sénégal en particulier, du fait d’un déficit criard
en stomatologistes et de l’éloignement des centres spécialisés, on gagnerait à ce
que, dans chaque district sanitaire, au moins, les médecins et les chirurgiens-
dentistes sachent parfaitement réduire les luxations de l’A.T.M. Ceci est valable
pour les hôpitaux régionaux où tous les praticiens médicaux et tous les
chirurgiens-dentistes sur place devraient savoir réduire une luxation de l’A.T.M.
Du fait de l’étendue de certaines régions du Sénégal et du mauvais état des
routes ne permettant pas toujours de joindre les structures sanitaires de référence
dans un délai diligent, le fait de former le personnel paramédical :
- infirmiers d’État,
- sages-femmes d’État,
- techniciens supérieurs en Odontologie,
à la prise en charge des luxations des luxations de l’A.T.M. permettrait de
résoudre ce genre de genre de problèmes sans que les patients n’aient à se
déplacer vers les centres de référence.
Les consultations qui ont eu lieu après une semaine sont le fait de malades
âgés ou habitant une localité éloignée du service et dont le traitement n’a pu être
réalisé par le médecin. Elles sont également dues à l’ignorance quand elles ne
sont pas mises sur le compte de forces occultes. Elles sont aussi le fait de
personnes présentant des luxations récidivantes évoluant depuis de longues
années et qui se réduisaient spontanément. Enfin ces consultations sont
90
également en rapport avec des luxations méconnues lors d’actes médicaux
(extractions dentaires, fibroscopie digestive, intubation lors d’anesthésie
générale...).
Contrairement à J. MERCIER et COLL. [29] qui ont observé plusieurs cas
chroniques dont un de plus de 12 mois, nous n’avons pas relevé de luxation de
plus de 12 mois. La jeunesse de la majorité des patients de cette étude et le
caractère invalidant de cet accident expliquent la relative précocité
consultations.
Le fait qu’il y ait eu un cas de luxation avec vomissements gravidiques doit
pousser les sages-femmes d’Etat à apprendre la manœuvre de Nélaton et le fait
pour elles de savoir réduire permet d’éviter une référence dans une structure plus
importante, ce d’autant plus qu’il est arrivé que lors de vociférations pendant
l’accouchement, des parturientes se luxent les A.T.M. Si cet incident survient
dans une structure sanitaire avec un médecin ou un dentiste sachant réduire une
luxation de l’A.T.M, elle pourrait faire appel à eux ; mais,si cela se passe dans
un poste de santé,où il n’y a ni médecin,ni dentiste,elle serait dans une situation
délicate ;elle serait alors le dernier recours au niveau local.
7. Délai entre la luxation et réduction :
La différence de deux (2) jours en moyenne entre la consultation et la
réduction confirme le fait que les praticiens ont souvent du mal à réduire les
luxations de l’A.T.M. même si le diagnostic est fait à temps. Si dans les
premiers centres d’accueil les patients étaient pris en charge correctement, cela
permettrait de gagner deux (2) jours, ce qui n’est pas négligeable.
Cela pose le problème de la formation médicale de base où les enseignements
sont facultatifs : les étudiants n’ayant pas assisté au cours sur les luxations de
91
l’A.T.M. ont toujours plus de mal à gérer cette pathologie. Ces étudiants,
devenus médecins, traînent des lacunes que seule un enseignement post-
universitaire peut combler.
8 . Le type de luxation :
Toutes les luxations observées sont de type dynamique antérieur bloqué.
Dans 85,71% des cas, il s’agit de luxations bilatérales. Cela est conforme aux
données de la littérature (1, 29,30, 36].
Les luxations unilatérales de l’A.T.M. sont souvent post-traumatiques [32,
46].
9 . Étiologie :
a) Facteurs déclenchants :
Plus de 38% des luxations sont survenues au cours d’un acte physiologique
exagéré en l’occurrence, le bâillement.
Les causes iatrogènes (soins dentaires, intubation prolongée en réanimation)
avec 8% occupent une part non négligeable dans les facteurs déclenchants. Il
s’agit de manoeuvres odontologiques ou médicales nécessitant une ouverture
buccale forcée.
Pour ces luxations d’origine iatrogéne, à défaut de pouvoir les éviter,les
praticiens devraient pouvoir les réduire immédiatement ou faire le diagnostic et
référer les patients chez un spécialiste .Les spécialistes concernés sont :les
chirurgiens-dentistes(soins dentaires) ,les anesthésistes(intubations),les gastro-
entérologues(endoscopies digestives).
92
b) Facteurs prédisposants :
Nous avons noté chez 95,23% des malades, des édentements non
compensés, des dents à l’état de racines et des dents en malposition. Le système
manducateur ou odonto-stomatognathique est composé de 3 éléments : les dents
et les structures parodontales, les articulations temporo-mandibulaires (A.T.M.)
et un système neuro-musculaire extrêmement sensible [1, 10].
Ces 3 éléments sont interdépendants : la perturbation de l’un d’entre eux a
des répercussions sur les autres à moyen ou à long terme [10, 21, 30].
L’A.T.M. constitue le système articulaire le plus complexe de l’organisme
[10]. Les édentements non compensés, les restaurations occlusales débordantes,
les mouvements dentaires, le prothèses inadaptées, l’erreur ou l’échec d’un
traitement orthodontique ainsi que les fractures mal consolidées de la sphère
maxillo-faciale par les modifications qu’ils occasionnent au niveau de la courbe
de SPEE, sont les principaux facteurs déstabilisateurs des A.T.M.
[1, 10, 21, 22, 30, 39].
En effet, le déséquilibre au niveau de l’appareil odonto-temporo -
mandibulaire entraîne une perturbation au niveau neuro-musculaire qui, elle-
même, est responsable d’une hyperlaxité des A.T.M. Cet état va exposer celles-
ci aux luxations [30, 36, 39].
93
Photo n° 8 : Les délabrements dentaires étendus, nuisibles à
l’occlusion : un facteur favorisant équivalent à une édentation étendue.
10. Aspect général de la denture :
L’examen Odonto-Stomatologique a permis de constater que :
Seuls 2 sujets (soit 2.86%) avaient une denture complète. Mais, ceux-
ci présentaient des dents de sagesse en malposition.
1 patiente (soit 1,43%) était édentée mais appareillée. Elle portait un
bridge de 31 à 38 et de nombreuses restaurations à l’amalgame
débordantes.
65 patients (soit 92,86%) présentaient un mauvais état bucco-dentaire
avec du tartre, des polycaries, des dents à l’état de racines, des dents
94
absentes suite Ă  des avulsions ou Ă  des atteintes parodontales et des
dents en malposition.
Une des patientes déficientes mentales dont la photo figure ci-dessous est un
exemple type de ce que nous venons de souligner.
Photo n° 9 : patiente à hygiène bucco-dentaire négligée.
95
parmi les 70 personnes de notre étude, il y avait deux (2) édentés
quasi-totaux soit 2.86%.
La réduction chez ces patients édentés doit tenir compte de l’anatomie de la
personne édentée avec un os alvéolaire involué et souvent un os mandibulaire
ostéoporotique. Dans ces conditions, les repaires ne sont plus les mêmes.
B. THÉRAPEUTIQUE :
Le traitement a consisté :
d’abord, en la réduction des luxations de manière orthopédique (par
la manoeuvre de NELATON),
ensuite, en une mise en l’état de la cavité buccale par des soins
parodontaux (motivation à l’hygiène bucco-dentaire, détartrage
essentiellement), la réfection des obturations débordantes le
traitement des dents cariées, l’extraction des racines résiduelles et
des dents de sagesse en malposition,
et enfin, par la compensation des édentements à l’aide de prothèses.
La thérapeutique est, à la fois, préventive et curative.
1) Traitement préventif :
Il s’agit d’amener les patients à s’intéresser à leur hygiène bucco-dentaire. Il
faut les motiver à se faire confectionner rapidement une prothèse après toute
Ă©dentation.
Pour l’odontologiste ou le stomatologiste, il s’agit d’éviter les obturations
débordantes, les extractions dentaires hâtives (des dents de 6 ans notamment) et
les prothèses inadaptées.
96
Pour les autres manoeuvres médicales nécessitant une ouverture buccale
exagérée, le praticien devra les exécuter avec douceur.
2) Traitement curatif :
Il repose sur la manoeuvre de NELATON (dans 98.57% des cas) complétée
par une réhabilitation occlusale afin d’équilibrer le système odonto-
stomatognatique.
La plupart des patients, soit 44.29%, ont été réduits manuellement, sans
anesthésie. C’est ce qui se fait classiquement [ 2, 39, 40, 41, 42, 43, 47].
Vu le délai moyen de consultation de nos patients qui est de cinq (5) jours,
les conditions de réduction manuelle sans anesthésie deviennent plus difficiles
du fait d’un début de fibrose et souvent d’une déchirure musculaire. Une
infiltration au niveau de la région pré-tragienne et au niveau des muscles
élévateurs de la mandibule permet un relâchement qui favorise l’abaissement et
la rétropulsion lors de la manœuvre de Nélaton.
97
Photo n°10 : infiltration au niveau de la région pré-tragienne
C’est dans ces cas que la mise en place d’une fronde occipito-mentonnière
est utile pour éviter une récidive immédiate et permettre une cicatrisation dans la
semaine.
Dans un seul cas, nous avons été amené à faire une manœuvre de Nélaton
sous anesthésie générale chez une patiente vue une dizaine de jours après
l’accident et chez qui, une manœuvre de Nélaton sous anesthésie locale avait
échoué. La patiente a finalement été réduite sous anesthésie générale avec une
administration de curare, en plus des drogues usuelles permettant un
relâchement musculaire plus propice à la réduction. Une fronde a aussi été mise
en place. Ce cas limite de presque deux (2) semaines constitue une frontière
entre les luxations récentes de l’A.T.M. et celles dites négligées où le recours à
la chirurgie sanglante est indispensable pour remettre les A.T.M. en place.
98
Dans la même période d’étude, il y a eu un cas de luxation négligée de
l’A.T.M. qui émanait de la Mauritanie.
3. Pose de fronde :
Photo n° 11 : patiente avec fronde occipito-mentonnière après
réduction.
Dans la moitié des cas, soit 51%, on a eu recours à une fronde occipito-
mentonnière pour stabiliser la réduction et favoriser la cicatrisation. La fronde
est, en général, conservée sept (7) à huit (8) jours et on utilise, pour sa
confection, des bandes Velpeau. L’utilisation de la bande Velpeau a notre
99
préférence du fait de son caractère atraumatique et de son élasticité qui permet le
maintien du condyle mandibulaire dans la cavité glénoïde lors de l’ouverture
buccale. Ces deux (2) caractères sont d’autant plus importants qu’il faut éviter
un bandage trop serré qui entraînerait des troubles respiratoires ou qui
empêcherait le malade de s’alimenter.
4. Qualification de la personne ayant effectué la réduction :
Cinquante trois patients ont été pris en charge par un médecin spécialiste du
service, soit 75.71% des malades mais un nombre non négligeable a été réduit
par les chirurgiens-dentistes, soit 20%. Ceci reflète notre point de vue selon
lequel tout médecin ou tout chirurgien-dentiste doit pouvoir réduire une luxation
de l’A.T.M.
Dans le lot des patients, un a été réduit par son médecin généraliste avant
d’être adressé au service de Stomatologie. Ceci est une bonne attitude dans la
mesure où il est nécessaire d’identifier les différents facteurs favorisants de la
survenue des luxations de l’A.T.M., afin que celles-ci ne se reproduisent plus.
Dans un cas, le malade a pu réduire lui-même sa luxation et dans un autre
cas, la résolution a été spontanée. Ce cas de résolution spontanée est très rare et
il est nécessaire de consulter en milieu spécialisé pour s’assurer que la luxation
de l’A.T.M. est bien réduite et éviter ainsi des problèmes ultérieurs.
100
CONCLUSION
101
Les luxations de l’articulation temporo-mandibulaire (A.T.M.) sont la perte
permanente, plus ou moins complète, des rapports anatomiques normaux entre le
condyle mandibulaire et le condyle temporal.
Il est difficile d’apprécier la fréquence des luxations de l’A.T.M. Beaucoup
de patients qui en sont atteints s’en accommodent, bien qu’elles soient
invalidantes.
Qu’elles soient unilatérales ou bilatérales, antérieures ou postérieures,
réductibles ou non, les luxations récidivantes de l’ A.T.M. sont, pour la plupart,
la résultante extrême d’une anomalie de fonctionnement condylo-ménisco-
ligamentaire.
Une luxation est dite négligée si elle a fait un certain temps (souvent 10 à 15
jours) et que la réduction manuelle par la manœuvre Nélaton s’avère impossible
du fait du délai trop long et qu’il faille recourir à une méthode sanglante sous
anesthésie générale.
Nous nous proposons, à travers ce travail, de dresser le profil épidémiologique
des luxations récentes de l’A.T.M., telles que vécues dans un centre de référence
nationale en Chirurgie Maxillo-Faciale, afin de mettre en évidence l’importance
de la prévention et de la prise en charge précoce de cette pathologie fréquente en
urgence traumatique.
Les objectifs de notre travail Ă©taient de :
déterminer la prévalence des luxations récentes de l A.T.M. qui sont
acheminées dans un service de référence nationale, et en dresser le profil
épidémiologique en tenant compte de l’âge, du sexe, du mécanisme de
survenue, du délai entre la survenue de l’accident et la prise en charge
effective, des modalités de prise en charge, …
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  • 1. 1 UNIVERSITECHEIKHANTADIOPDEDAKAR FACULTEDEMEDECINE,DE PHARMACIEETD’ODONTO-STOMATOLOGIE ANNEE 2006 N° 33 THESE Pour obtenir le grade de docteur en chirurgie dentaire (DiplĂ´me d’état) PrĂ©sentĂ©e et soutenue publiquement le 28 DĂ©cembre 2006 Par MAME DIARRA CISSE Ă©pouse TAMBA NĂ©e le29AoĂ»t1979Ă Dagana(SĂ©nĂ©gal) JURY : PRESIDENT : M. Boubacar DIALLO Professeur MEMBRES: M. Mouhamadou Habib SY Professeur M. Issa NDIAYE MaĂ®tre de confĂ©rences AgrĂ©gĂ© M. Silly TOURE MaĂ®tre-assistant DIRECTEUR DE THESE : M. Silly TOURE Les luxations rĂ©centes de l’Articulation Temporo-Mandibulaire A propos de 70 cas colligĂ©s Ă  l’HĂ´pital Aristide Le Dantec d’Avril 2003 Ă  Juillet 2006
  • 3. 3 INTRODUCTION …………… .…………………………………….1 PREMIERE PARTIE : RAPPELS………………………………………..4 Chapitre I : Anatomie de l’Articulation Temporo-Mandibulaire (A.T.M.)...5 I – Situation………………………………………………………...8 II – Anatomie………………………………………………………..8 II.1- La mandibule……………………………………………...9 II.2- Les surfaces articulaires ………………………………….11 a- Le condyle temporal ………………………………………11 b- La cavitĂ© glĂ©noĂŻde………………………………...……...12 c- Le condyle mandibulaire………………………………...13 II.3- Le mĂ©nisque……………………………………….……..14 II.4- La capsule………………………………………………..16 a- Les fibres superficielles…………………………………17 b- Les fibres profondes…………………………………….17 II.5- La synoviale………………………………………………18 a- La synoviale temporo-mĂ©niscale ………………………18 b- La synoviale mĂ©nisco-mandibulaire …………………...18 II.6- Les ligaments …………………………………………… 19 A – Les ligaments intrinsèques ………………………………...19 a- Le ligament latĂ©ral externe……………………………...19 b- Le ligament latĂ©ral interne……………………………....19 B – Les ligaments extrinsèques ou Ă  distance…………………...20 a- Le ligament sphĂ©no-mandibulaire………………………20 b- Le ligament tympano-mandibulaire…………………….21 c- Le ligament stylo-mandibulaire…………………………21 d- Le ligament ptĂ©rygo-mandibulaire………………………..22 III- Rapports de l’A.T.M…………………………………………………23 III.1- Rapports externes……………………………………………23
  • 4. 4 III.2- Rapports antĂ©rieurs………………………………………….24 III.3- Rapports postĂ©rieurs ……………………………………24 III.4- Rapports supĂ©rieurs ……………………………………25 III.5- En dedans et en haut ……………………………………25 III.6- En bas et en dedans ……………………………..26 III.7- Dans l’angle postĂ©ro-interne ……………………………..26 IV- Vascularisation…………………………………………………….27 IV.1- Les artères……………………………………………27 IV.2- Les veines…………………………………………………...27 IV.3- Les lymphatiques……………………………………………28 V- L’innervation………………………………………………………28 Chapitre II : Physiologie de l’A.T.M……………………………………..29 I – CinĂ©matique mandibulaire…………………………………………30 I – 1. En intercuspidie……………………………………………..30 I – 2. En dynamique……………………………………………….30 a- Abaissement – ElĂ©vation………………………………….31 b- Propulsion – RĂ©tropulsion………………………………...32 c- Diduction………………………………………………….33 II – Action physiologique des muscles masticateurs………………….33 II – 1. Les muscles Ă©lĂ©vateurs…………………………………….33 a- Le muscle massĂ©ter……………………………………….33 b- Le muscle temporal……………………………………….34 c- Le muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral……………………………35 d- Le muscle ptĂ©rygoĂŻdien mĂ©dial…………………………...35 II – 2. Les muscles abaisseurs…………………………………………36 a- Les muscles sus-hyoĂŻdiens…………………………………..36 b- Les muscles sous-hyoĂŻdiens…………………………………36 III – L’équilibre des A.T.M. …………………………………………..37
  • 5. 5 Chapitre III : Etude clinique des luxations de l’A.T.M…………………..38 I – EtiopathogĂ©nie……………………………………………………...39 I – 1. Etiologie………………………………………………………39 I – 2. PathogĂ©nie…………………………………………………….39 A. La laxitĂ© ligamentaire………………………………………..39 B. L’anomalie des surfaces articulaires………………………....40 C. L’asynchronisme…………………………………………..…40 D. La biomĂ©canique perturbĂ©e………………………………….40 1) En statique……………………………………..………….40 2) En dynamique……………………………………………..42 3) MĂ©canisme de la perturbation…………..…………………43 - MĂ©canique articulaire……………………………….43 - MĂ©canique musculaire……..………………………..47 II – Clinique…………………………………………………………48 A – Interrogatoire……………………………………………….48 B – Examen clinique……………………………………………49 1) Examen exo-buccal…...………………………………….49 a- A l’inspection...…………………………………...…49 b- A la palpation………………………………………50 2) Examen endo-buccal…………………………………....51 III – Diagnostic……………………………………………………….52 ……IV – Quelques techniques radiologiques…………………………….52 1) Les techniques conventionnelles………………………………52 a- Incidence de SchĂĽller………………………………………52 b- Orthopantomogramme……………………………………..52 2) Les techniques plus Ă©laborĂ©es………………………………...53 a- Le scanner…………………………………………………53
  • 6. 6 b- L’IRM……………………………………………………..53 V – Le traitement………………………………………………………53 DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE………………………………57 I - Justifications et intĂ©rĂŞts………………………………………………………58 1- Justifications …………………………………………………..58 2- IntĂ©rĂŞts …………………………………………………… ….59 II - Objectifs de l’enquĂŞte……………………………………………….59 1- Objectif gĂ©nĂ©ral……………………………………………….59 2- Objectifs spĂ©cifiques………………………………….............60 III- MatĂ©riel et mĂ©thode……………………………………………………..60 1- Cadre d’étude…………………………………………………60 a- Les locaux du service……………………………………...61 b- Le personnel du service…………………………………...62 2- MĂ©thodologie…………………………………………………63 Critères d’inclusion et d’exclusion …………………………63 IV- RĂ©sultats ……………………………………………………………..65 IV.1- RĂ©partition selon l’âge……………………………….65 IV.2- RĂ©partition selon le sexe…………………………………….66 IV.3- RĂ©partition selon l’ethnie…………………………………….67 IV.4- RĂ©partition selon la localitĂ© d’origine………………………68 IV.5- RĂ©partition selon la couche socio-professionnelle………….68 IV.6- RĂ©partition selon les circonstances de survenue…………….69 IV.7- RĂ©partition selon le caractère rĂ©cidivant ou non …………...70 IV.8- RĂ©partition selon le dĂ©lai entre la survenue la consultation...71 IV.9- RĂ©partition selon le dĂ©lai entre la survenue et la rĂ©duction….71 IV.10- RĂ©partition selon le type de luxation………………………71
  • 7. 7 IV.11- RĂ©partition selon l’aspect gĂ©nĂ©ral de la denture……………72 IV.12- RĂ©partition selon le type de traitement……………………..73 IV.13- RĂ©partition selon la confection ou non de fronde………………...74 IV.14- RĂ©partition selon la qualification de la personne ayant effectuĂ© la rĂ©duction ………………….………75 V- Analyses et commentaires…………………………………………..76 A – EpidĂ©miologie…………………………………………………...76 1) Notion d’âge…………………………………………………..76 2) Notion de sexe………………………………………………...77 3) LocalitĂ© d’origine……………………………………………..77 4) CatĂ©gorie socio-Ă©conomique………………………………….80 5) Episode inaugural……………………………………………..81 6) DĂ©lai entre la survenue de l’accident et la consultation……….81 7) DĂ©lai entre la survenue de l’accident et la rĂ©duction………….83 8) Type de luxation………………………………………………84 9) Etiologie……………………………………………………….84 a- Facteurs dĂ©clenchants………………………………………84 b- Facteurs prĂ©disposants……………………………………..85 10) Aspect gĂ©nĂ©ral de la denture………………………………….86 B – ThĂ©rapeutique…………………………………………………...88 1) Traitement prĂ©ventif…………………………………………..88 2) Traitement curatif……………………………………………89 3) Confection de fronde………………………………………...91 4) Qualification de la personne ayant effectuĂ© la rĂ©duction…...92 CONCLUSION……………………………………………………………93 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES………………………………99
  • 10. 10 Les luxations temporo-mandibulaires sont la perte permanente, plus ou moins complète, des rapports anatomiques normaux entre les condyles mandibulaires et temporaux. Il est difficile d’apprĂ©cier la frĂ©quence des luxations temporo-mandibulaires. Beaucoup de patients qui en sont atteints s’en accommodent, bien qu’elles soient invalidantes. Qu’elles soient unilatĂ©rales ou bilatĂ©rales, antĂ©rieures ou postĂ©rieures, rĂ©ductibles ou non, les luxations rĂ©cidivantes de l’Articulation Temporo- Mandibulaire (A.T.M.) sont, pour la plupart, la rĂ©sultante extrĂŞme d’une anomalie de fonctionnement condylo-mĂ©nisco-ligamentaire. Une luxation est dite nĂ©gligĂ©e si elle a fait un certain temps (souvent dix Ă  15 jours) et que la rĂ©duction manuelle par la manĹ“uvre NĂ©laton s’avère impossible du fait du dĂ©lai trop long et qu’il faille recourir Ă  une mĂ©thode sanglante sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale. Notre but dans ce travail n’est pas de passer en revue toutes les anomalies de fonctionnement de l’ A.T.M. mais de nous limiter aux seules luxations rĂ©centes inaugurales ou rĂ©cidivantes. L’étude clinique, l’explication pathogĂ©nique et le traitement de cette affection obligent Ă  une parfaite connaissance de l’anatomie et de la physiologie de l’ A.T.M. C’est dans cette optique que nous allons prĂ©senter une Ă©tude dĂ©taillĂ©e de l’anatomie de l’ A.T.M. et de ses rapports. Ensuite, nous allons faire une Ă©tude de la physiologie de l’A.T.M., très complexe dans son fonctionnement neuro-myo-ligamentaire. Cette Ă©tude physiologique est capitale pour la comprĂ©hension Ă©tiopathogĂ©nique des luxations.
  • 11. 11 Une bonne connaissance des bases anatomiques de l’A.T.M. ainsi que de la clinique permet une meilleure prise en charge de cette affection. La manĹ“uvre de NĂ©laton, qui est une technique de rĂ©duction manuelle, doit ĂŞtre Ă  la portĂ©e de tous les praticiens : mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, chirurgiens- dentistes, mĂ©decins spĂ©cialistes. Dans nos conditions d’exercice, il serait mĂŞme souhaitable que le personnel paramĂ©dical puisse prendre en charge ce type de pathologie : techniciens supĂ©rieurs en Odontologie, infirmiers et sages-femmes d’État. L’analyse objective de nos cas cliniques colligĂ©s pendant notre pĂ©riode d’étude permettra de dĂ©gager un profil Ă©pidĂ©miologique, avec des donnĂ©es cliniques et thĂ©rapeutiques, gage d’une meilleure prise en charge des luxations de l’A.T.M. au SĂ©nĂ©gal. Les recommandations de la conclusion tiendront compte des principales difficultĂ©s rencontrĂ©es, aussi bien du cĂ´tĂ© des malades que des praticiens : accessibilitĂ© d’un centre de soins, dĂ©lai de prise en charge, niveau de compĂ©tence technique, Ă©tat psychique du patient et sa constitution anatomique.
  • 13. 13 CHAPITRE I : ANATOMIE DE L’ARTICULATION TEMPORO- MANDIBULAIRE
  • 14. 14 L'articulation temporo-mandibulaire est une diarthrose qui unit la fosse mandibulaire de l'os temporal au condyle de la mandibule par l'intermĂ©diaire d'un mĂ©nisque fibro-cartilagineux et fermĂ©e par une capsule articulaire [15] (figure 1). C’est la seule articulation de la face qui soit mobile avec comme particularitĂ© physiologique la synergie obligatoire des deux articulations. L’articulation temporo-mandibulaire est situĂ©e sur la partie latĂ©rale de la face, en arrière du massif facial, en avant du conduit auditif externe et en dessous de l'os temporal qui la sĂ©pare de l'endocrâne. Il existe deux articulations qui fonctionnent en synergie. Elles permettent les mouvements de la mandibule par rapport au crâne et l’accomplissement de plusieurs fonctions dont les plus importantes sont : la mastication la phonation. [15] Les muscles qui mobilisent l'articulation sont les muscles manducateurs, notamment les muscles temporal, massĂ©ter, ptĂ©rygoĂŻdiens mĂ©dial et latĂ©ral, sus hyoĂŻdiens. Ils dĂ©terminent des mouvements : de propulsion et de rĂ©tropulsion de la mandibule, d’abaissement et d'Ă©lĂ©vation, de diduction. L’articulation temporo-mandibulaire a une anatomie et une biomĂ©canique particulières. Les deux articulations se situent dans le plan frontal et sont solidarisĂ©es par la mandibule.
  • 15. 15 Figure n° 1 : articulation temporo-mandibulaire : vue latĂ©rale [25] Photo 1 : image d’une A.T.M. sur crâne sec. [13] Elle est complexe car elle comporte un mĂ©nisque qui accompagne le condyle dans ses dĂ©placements. Le couple condyle-mĂ©nisque accomplit plusieurs formes de mouvements: d'abord une rotation, puis une translation vers l'avant lorsque les fosse mandibulaire os temporal conduit auditif arrièreavant
  • 16. 16 articulations fonctionnent symĂ©triquement, et translation antĂ©rieure pour l’une et rĂ©trusion pour l'autre dans les mouvements de diduction. Ce mĂ©nisque est intercalĂ© entre le condyle et la fosse mandibulaire de l'os temporal du crâne. Ce mĂ©nisque, lorsqu'il est luxĂ©, est Ă  l'origine des craquements qui se produisent au niveau des articulations. Sa luxation est la rĂ©sultante de la perturbation mĂ©canique de l’Articulation Temporo-Mandibulaire (ATM) [25]. I - SITUATION [12] Elle est situĂ©e aux confins de 4 rĂ©gions qui sont : en haut, la rĂ©gion temporale, en bas, la rĂ©gion massĂ©tĂ©rine, en arrière, les rĂ©gions parotidienne et auriculaire, en dedans, la rĂ©gion ptĂ©rygo-maxillaire. II - ANATOMIE : L’articulation temporo-mandibulaire est une articulation synoviale complexe, de type ellipsoĂŻde, individuellement, et bicondylaire dans son fonctionnement simultanĂ© ; d’oĂą la complexitĂ© des mouvements. Sur le crâne de profil reprĂ©sentĂ© ci-dessous (figure 2), on reconnaĂ®t les diffĂ©rents os aux alentours de cette articulation.
  • 17. 17 Figure n° 2 : crâne, vue de profil [24] a) mandibule f) os sphĂ©noĂŻdal b) os temporal g) os nasal c) os occipital h) os zygomatique d) os pariĂ©tal i) os maxillaire e) os frontal II – 1 : LA MANDIBULE : La mandibule est l’os de la face le plus volumineux et le plus solide. C’est le seul os mobile de la face, outre les osselets de l’ouĂŻe. LatĂ©ralement, la mandibule comprend une partie horizontale incurvĂ©e, le corps, et deux segments perpendiculaires, les branches. L’angle de la mandibule est la rĂ©gion oĂą les branches se joignent au corps (figure 4). haut Arrière bas avant b d a c e f g h i
  • 18. 18 Chaque branche est dotĂ©e d’un condyle qui s’articule avec la fosse mandibulaire et le tubercule articulaire de l’os temporal afin de former l’articulation temporo-mandibulaire. Figure n° 3 : Mandibule, vue de face [24] a) angle de la mandibule d) processus condylaire g) base de la mandibule b) branche montante e) ligne oblique h) tubercule mentonnier c) processus coronoĂŻde f) foramen mentonnier i) protubĂ©rance mentonnière La mandibule est suspendue au crâne par les muscles temporaux et massĂ©ters et est stabilisĂ©e lorsque les dents qu'elle supporte s'engrènent avec les dents maxillaires, en intercuspidie [16] (donc tributaire de l'occlusion dentaire). Elle participe activement aux diffĂ©rentes fonctions de dĂ©glutition, de mastication, de phonation, de respiration. Cette diversitĂ© implique que sa mobilitĂ© n’est pas seulement guidĂ©e par les muscles manducateurs, mais par la synergie entre de nombreux muscles qui participent Ă©galement Ă  d'autres actions volontaires ou rĂ©flexes. Par consĂ©quent, l'Ă©quilibre mandibulaire est soumis Ă  un Ă©quilibre occlusal et un Ă©quilibre musculaire. droite gauche a b cd e f g h i
  • 19. 19 Figure n° 4 : Mandibule, vue latĂ©rale interne [24 ] a) angle de la mandibule e) processus condylaire i) lingula mandibulaire b) sillon mylo-hyoĂŻdien f) tĂŞte de la mandibule j) fossette sublinguale c) foramen mandibulaire g) incisure mandibulaire k) corps de la mandibule d) branche montante h) processus coronoĂŻde l) fossette submandibulaire m) dents II – 2 : LES SURFACES ARTICULAIRES : a- Le condyle temporal [5] : ReprĂ©sentĂ© par la racine transverse du zygoma, c'est une saillie presque transversale, convexe d'avant en arrière, très lĂ©gèrement concave de dedans en dehors. Elle est situĂ©e en arrière du plan sous-temporal, de la grande aile du sphĂ©noĂŻde, en dehors de la fissure pĂ©tro-sphĂ©noĂŻdale, en dedans du gros tubercule zygomatique antĂ©rieur qui marque son extrĂ©mitĂ© externe, en avant de la cavitĂ© glĂ©noĂŻde. Il reprĂ©sente un segment de cylindre convexe d’avant en arrière et concave tranversalement. avant arrièrea b c d e f g h i j k l m
  • 20. 20 Son grand axe oblique en arrière et en dedans coupe celui du condyle opposĂ© au niveau du trou occipital. Il est revĂŞtu d’une mince couche de cartilage et rĂ©vèle en dehors, sous forme de saillie, le tubercule zygomatique antĂ©rieur. Figure n° 5 : Coupe sagittale de l’A.T.M. [7] b- La cavitĂ© glĂ©noĂŻde : C'est une simple cavitĂ© de rĂ©ception du condyle mandibulaire et plus particulièrement du mĂ©nisque. C'est une dĂ©pression profonde situĂ©e en arrière du condyle temporal. Elle est ellipsoĂŻde et son grand axe prĂ©sente la mĂŞme direction que celui du condyle temporal, c'est-Ă -dire oblique en dedans et en arrière. Elle est limitĂ©e : [8] en avant par le condyle temporal articulaire, en dedans par l'Ă©pine du sphĂ©noĂŻde qui la sĂ©pare du trou petit rond, en arrière par l'apophyse vaginale de l’os tympanal, par la crĂŞte pĂ©treuse et par la paroi antĂ©rieure du conduit auditif externe, en dehors par la racine longitudinale de l'apophyse zygomatique. La cavitĂ© glĂ©noĂŻde est divisĂ©e en 2 surfaces d'importance inĂ©gale par la Arrière Avant
  • 21. 21 scissure de GLASER : [5] - l'une, prĂ©glaserienne est creusĂ©e Ă  la face infĂ©rieure de l'Ă©caille du temporal, elle est intra-articulaire, - l'autre, rĂ©troglaserienne, est reprĂ©sentĂ©e par la paroi antĂ©rieure du conduit auditif externe, partie dĂ©pendant embryologiquement de l’os tympanal. Elle est extra-articulaire. Sur la lèvre antĂ©rieure de la scissure de GLASER, on observe une saillie transversale, c'est la crĂŞte tympanale ou glĂ©noĂŻdienne, qui se continue en dehors par le tubercule zygomatique postĂ©rieur ou heurtoir de FARABEUF contre lequel le condyle mandibulaire vient buter dans les mouvements de rĂ©tropulsion.[5] Seul le condyle temporal est revĂŞtu d'une mince couche de fibrocartilage plus Ă©paisse, d'une part, en son centre que sur ses versants antĂ©rieur et postĂ©rieur et, d'autre part, en dehors qu’en dedans. Quant Ă  la portion prĂ©glaserienne, intra-articulaire, elle ne possède pas de fibrocartilage car elle est recouverte de pĂ©rioste très adhĂ©rent Ă  l'os [49]. c - Le condyle mandibulaire [5] DĂ©jetĂ© en dedans, dĂ©bordant fortement la face interne de la branche montante, il ne dĂ©passe pas, en dehors, un plan sagittal passant par la face externe de celle- ci. Son grand axe a la mĂŞme obliquitĂ© que celui du condyle temporal, il est dirigĂ© en arrière et en dedans, de telle sorte que les deux axes des condyles mandibulaires se coupent sur la ligne mĂ©diane Ă  l'union du 1/3 antĂ©rieur et des 2/3 postĂ©rieurs du trou occipital en formant entre eux un angle qui varie de 130° Ă  140°. Le condyle prĂ©sente dans l'ensemble un aspect en dos d'âne qui le rend convexe aussi bien dans le sens antĂ©ro-postĂ©rieur que dans le sens transversal. [12]
  • 22. 22 On dĂ©crit 2 versants : [12] un versant postĂ©rieur qui regarde en haut et en arrière ; nettement aplati et lisse, il se continue avec le bord postĂ©rieur du col du condyle, il rĂ©pond Ă  la cavitĂ© glĂ©noĂŻde. Quoique intra-articulaire, ce versant ne fait pas fonctionnellement partie de l'articulation, il n'est pas recouvert de fibrocartilage. un versant antĂ©rieur, qui regardant en haut et en avant, se trouve vis-Ă -vis du condyle temporal. Ce versant est convexe dans tous les sens et c’ est lui qui reprĂ©sente la partie articulaire du condyle, il est recouvert de fibrocartilage plus Ă©pais en son milieu. A l'union des 2 versants, se trouve la partie culminante du condyle qui forme une crĂŞte mousse de 15 Ă  18mm de longueur orientĂ©e transversalement. Les extrĂ©mitĂ©s internes et externes du condyle prĂ©sentent chacune un petit tubercule arrondi pour l'insertion des ligaments latĂ©raux. En outre, un peu en avant et au-dessous du tubercule condylien interne, une petite dĂ©pression en fossette marque l'insertion du chef infĂ©rieur du muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral. II – 3 : LE MENISQUE [8, 31] Les surfaces condyliennes de l'articulation ne peuvent s'adapter du fait qu'elles sont toutes les deux convexes et qu'elles se regardent par leur convexitĂ©. Aussi les mouvements de l'articulation ne sont-ils possibles que grâce au rĂ©tablissement de la concordance des surfaces articulaires par le mĂ©nisque grâce Ă  sa forme biconcave. C'est une lentille fibro-cartilagineuse biconcave, blanche nacrĂ©e, brillante, translucide de forme rectangulaire aux angles arrondis. Il est plus Ă©pais dans sa partie postĂ©rieure que dans sa partie antĂ©rieure. Son grand axe est dirigĂ©, comme celui des condyles, en dedans et en arrière. Le mĂ©nisque comprend (figure n°5):
  • 23. 23 une face supĂ©rieure : o concave en avant correspondant au condyle du temporal, o convexe en arrière se logeant dans la cavitĂ© glĂ©noĂŻde. une face infĂ©rieure, concave, se moulant sur le versant antĂ©rieur et sur la crĂŞte transversale du condyle mandibulaire. Elle regarde en arrière et en bas. son bord antĂ©rieur, haut d'environ 2mm, est mince. Il est taillĂ© en biseau, et oblique de haut en bas et d'avant en arrière. Il avance jusqu'au revĂŞtement fibro-cartilagineux des deux condyles. son bord postĂ©rieur de 4 Ă  5 mm est plus Ă©pais. son bord pĂ©riphĂ©rique amarre directement Ă  la capsule. Il est Ă©galement amarrĂ© solidement en avant et en arrière Ă  la capsule et au système osseux par les freins mĂ©niscaux. La structure du mĂ©nisque est celle d'un fibrocartilage oĂą domine le tissu fibreux. Celui-ci se prĂ©sente sous forme de faisceaux conjonctifs, diversement orientĂ©s, fibres horizontales Ă  la pĂ©riphĂ©rie, fibres entrecroisĂ©es rĂ©alisant un dispositif de nattage au centre ; les cellules cartilagineuses sont irrĂ©gulièrement dissĂ©minĂ©es ; mais beaucoup plus nombreuses dans la partie centrale du mĂ©nisque qu’à la pĂ©riphĂ©rie. Le mĂ©nisque n’est donc pas un organe entièrement cartilagineux ; de ce fait il ne pourra pas subir des pressions considĂ©rables comme les segments osseux recouverts de cartilages hyalins. Selon Jean Delaire : "Le mĂ©nisque est une structure qui Ă©volue, et son examen, Ă  un moment donnĂ©, est le reflet du fonctionnement passĂ© et actuel des articulations temporo-mandibulaires" [11]. Ce qui revient Ă  dire que dans la dysfonction crânio-mandibulaire, le mĂ©nisque est la victime de la dysharmonie de la mobilitĂ© mandibulaire, dont les Ă©tiologies sont Ă  dĂ©terminer. Cet Ă©lĂ©ment anatomique a occupĂ© une place prĂ©pondĂ©rante dans les diffĂ©rentes Ă©tudes des pathologies des A.T.M. Pourtant, il faut constater que le disque n’est
  • 24. 24 jamais vraiment responsable de la pathologie articulaire. Il en est la matĂ©rialisation, le tĂ©moin, mais il ne peut en ĂŞtre l'Ă©tiologie Ă  lui seul. II – 4 : LA CAPSULE : C’est un cĂ´ne fibreux, relativement large, Ă  sommet mandibulaire tronquĂ©, plus Ă©pais en arrière qu’en avant. La grande base supĂ©rieure s’insère sur le pourtour de la zone articulaire temporale tandis que la petite base, infĂ©rieure, s’insère sur les limites du condyle mandibulaire. En haut, la capsule s’insère : en avant sur une crĂŞte situĂ©e entre le condyle du temporal et le plan sous–temporal de la grande aile du sphĂ©noĂŻde en dedans sur le versant externe de l’épine du sphĂ©noĂŻde ; en dehors sur les tubercules zygomatiques antĂ©rieur et postĂ©rieur et sur l’échancrure qui sĂ©pare ces tubercules ; en arrière sur la scissure de GLASER et dans la partie interne, uniquement sur la lèvre antĂ©rieure de cette scissure. En bas, la capsule s’insère : . en avant Ă  la limite du rebord cartilagineux recouvrant le condyle ; . latĂ©ralement suivant une ligne oblique en bas et en arrière, croisant mĂŞme la partie supĂ©rieure du col du condyle en arrière, Ă  la face postĂ©rieure du col, Ă  5 ou 6mm sous le bord postĂ©rieur du condyle. La capsule est intĂ©ressante par sa structure, comportant des fibres profondes et des fibres superficielles. a- Les fibres superficielles : Elles s'Ă©tendent directement du temporal Ă  la mandibule sans interruption mĂ©niscale ; elles reprĂ©sentent la capsule proprement dite.
  • 25. 25 Figure n° 6 : Capsule articulaire, vue latĂ©rale externe [24] a) ligament stylo-mandibulaire c) ligament latĂ©ral b) processus styloĂŻde d) capsule articulaire b- Les fibres profondes : Elles sont courtes et interrompues par le mĂ©nisque. On dĂ©crit : . Des fibres temporo-mĂ©niscales renforcĂ©es en arrière par le frein mĂ©niscal postĂ©rieur ou frein temporo-mĂ©niscal postĂ©rieur, tendu entre la scissure de GLASER et le bord postĂ©rieur du mĂ©nisque. Il se forme Ă  la partie postĂ©rieure de la capsule un Ă©pais faisceau fibroblastique court. En avant, on a le frein temporo-mĂ©niscal antĂ©rieur ou frein temporo-mĂ©niscal antĂ©rieur de PETREQUIN qui est plus faible. Le plus important est le frein temporo-mĂ©niscal postĂ©rieur de SAPPEY très Ă©pais. Il contribuera Ă  limiter les mouvements de propulsion de la mandibule. . Des fibres mĂ©nisco-mandibulaires. Il existe des freins mĂ©nisco-mandibulaires internes et mĂ©nisco-mandibulaires externes. arrière avant a b c d
  • 26. 26 Les fibres superficielles en certains endroits, sont renforcĂ©es et constituent ce qu'on appelle les ligaments latĂ©raux. [5, 8, 37] II – 5 : - LA SYNOVIALE [33] : Etant donnĂ© l'existence d'un mĂ©nisque intermĂ©diaire dans l'articulation temporo- mandibulaire, la membrane synoviale est double. On distingue donc une synoviale temporo-mĂ©niscale et une synoviale mĂ©nisco-mandibulaire. Ces 2 synoviales peuvent communiquer exceptionnellement par un orifice situĂ© au centre du mĂ©nisque. L'Ă©tude de la synoviale a Ă©tĂ© rĂ©cemment complĂ©tĂ©e par l'arthrographie qui a permis de dĂ©finir la forme et la position des culs de sac synoviaux et du mĂ©nisque en position bouche ouverte et bouche fermĂ©e. a) La synoviale temporo-mĂ©niscale Elle est plus lâche que son homologue de l'Ă©tage infĂ©rieur. Comme toute synoviale, elle s'insère Ă  la limite des surfaces cartilagineuses, recouvrant toutes les surfaces profondes de la capsule Ă  l'exception du cartilage. b) La synoviale mĂ©nisco-mandibulaire Elle est plus Ă©tendue que la prĂ©cĂ©dente et s'arrĂŞte, en avant, au niveau du rebord antĂ©rieur du revĂŞtement fibro-cartilagineux ; par contre, en arrière, elle descend sur la face postĂ©rieure du col du condyle, jusqu'au niveau de l'insertion capsulaire, puis elle tapisse la face profonde de la capsule.
  • 27. 27 II – 6 : LES LIGAMENTS : On dĂ©crit 2 types de ligaments : [5, 8, 37] - ligaments intrinsèques, - ligaments extrinsèques ou Ă  distance. A) Les ligaments intrinsèques : Ils sont au nombre de 2. a) Le ligament latĂ©ral externe II est triangulaire Ă  sommet mandibulaire ; il est court, Ă©pais, très puissant, il reprĂ©sente le principal moyen d'union de l'articulation, il limite Ă  la fois la propulsion et la rĂ©tropulsion. Il comporte 2 parties : * La corde zygomato-mandibulaire, qui est verticale, s'Ă©tendant du tubercule zygomatique antĂ©rieur au tubercule latĂ©ral externe du col du condyle, * La bandelette zygomato-mandibulaire, plus oblique, allant du bord infĂ©rieur du zygoma Ă  la ligne oblique du condyle. b) Le ligament latĂ©ral interne : II a la mĂŞme forme que son homologue, mais il est plus faible ; il est fortement oblique en bas, en avant et surtout en dehors. II s'insère en haut, sur l'extrĂ©mitĂ© interne de la scissure de GLASER et sur l'Ă©pine du sphĂ©noĂŻde. En bas il s'insère sur la partie postĂ©rieure et interne du col du condyle et sur le tubercule condylien interne.
  • 28. 28 B) Les ligaments extrinsèques ou Ă  distance : Ils ont des rapports Ă©loignĂ©s avec l'articulation et sont situĂ©s en dedans de celle- ci. Ce sont en fait des bandelettes fibreuses qui jouent le rĂ´le de "haubans" de l'articulation. Ce sont: a) Le ligament sphĂ©no-mandibulaire : Bandelette fibreuse, longue et mince qui s'Ă©tend de la base du crâne Ă  la partie moyenne de la face interne de la branche montante de la mandibule. Il s'insère, en haut sur la face externe de l'Ă©pine du sphĂ©noĂŻde et sur la partie la plus interne de la scissure de GLASER, puis il se porte oblique en bas, en avant et en dehors. Il est partiellement accolĂ© Ă  la face interne du ligament latĂ©ral interne dont MORRIS n'en fait qu'un dĂ©doublement. Ensuite il se sĂ©pare de ce ligament pour renforcer le bord postĂ©rieur de l'aponĂ©vrose interptĂ©rygoidienne. Au niveaude l'orifice supĂ©rieur du canal dentaire, il se divise en 2 faisceaux : . l’un antĂ©rieur qui se fixe sur l'Ă©pine de Spix ou lingula ; . l’autre postĂ©rieur, plus large, se fixe sur la face interne de la branche montante, entre la gouttière mylo-hyoĂŻdienne et le bord postĂ©rieur de la mandibule. Les deux faisceaux limitent avec la partie supĂ©rieure des deux lèvres de la gouttière mylo-hyoĂŻdienne, un orifice ostĂ©o-fibreux appelĂ© trou mylo- hyoĂŻdien Ă  travers lequel passent les vaisseaux et nerfs du mĂŞme nom. b) Le ligament tympano-mandibulaire : C'est une lame fibreuse tendue entre la cavitĂ© glĂ©noĂŻde du temporal et la branche montante de la mandibule. Il s'insère : o en haut, sur le tympanal, le versant postĂ©rieur de la scissure de GLASER.
  • 29. 29 o en bas, sur le versant interne du bord postĂ©rieur de la branche montante au niveau d'une ligne horizontale qui passerait par le bas de l'Ă©pine de Spix. Il forme la partie postĂ©rieure, Ă©paissie, de l'aponĂ©vrose inter- ptĂ©rygoĂŻdienne et limite avec le col du condyle la boutonnière rĂ©tro-condylienne de JUVARA dans laquelle passent l'artère et les veines maxillaires internes ainsi que le nerf auriculo-temporal. Ce ligament est situĂ© dans un plan postĂ©rieur et externe par rapport au ligament sphĂ©no-mandibulaire. c) Le ligament stylo-mandibulaire : C’ est une bandelette fibreuse, d'aspect triangulaire, allongĂ©e, Ă  sommet supĂ©rieur et Ă  base infĂ©rieure. Il s'insère sur la face antĂ©ro-externe de l'apophyse styloĂŻde, près de sa pointe, confondu Ă  ce niveau avec le muscle stylo-glosse qui prend des insertions sur ce ligament. Il se dirige obliquement en bas, en avant et en dehors pour se terminer sur le bord postĂ©rieur de la branche montante de la mandibule, un peu au-dessus de l'angle. Ce ligament appartient au "bouquet de RIOLAN", il reprĂ©sente le reliquat fibreux du faisceau mandibulaire du stylo- glosse. d) Le ligament ptĂ©rygo–mandibulaire : Encore appelĂ© aponĂ©vrose, buccinato-pharyngĂ©e. C'est une lame fibreuse qui sert de lieu d'insertion commun au muscle constricteur supĂ©rieur du pharynx en arrière et aux faisceaux moyens du buccinateur en avant. Il s'insère : . en haut, sur le bord infĂ©rieur du crochet de l'apophyse ptĂ©rygoĂŻde . en bas, sur l'extrĂ©mitĂ© postĂ©rieure de la ligne oblique interne de la mandibule, en arrière de l'insertion du mylo-hyoĂŻdien et très près du bord alvĂ©olaire, en regard de la dernière molaire. Ce ligament doit ĂŞtre considĂ©rĂ©
  • 30. 30 comme une insertion tendineuse intermĂ©diaire au constricteur supĂ©rieur du pharynx et au buccinateur. Figure n° 7 : Articulation temporo-mandibulaire, vue latĂ©rale externe [24] a) ligament stylo-mandibulaire c) ligament latĂ©ral b) processus styloĂŻde d) capsule articulaire Figure n° 8 : Articulation temporo-mandibulaire, vue latĂ©rale interne [24] a) lingula mandibulaire c) ligament sphĂ©no-mandibulaire b) ligament stylo-mandibulaire d) ligament ptĂ©rygo-Ă©pineux arrière avant arrièreavant a b c d a b c d
  • 31. 31 III-LESRAPPORTSDEL'ARTICULATION[8;49] La projection cutanĂ©e de l'articulation temporo-mandibulaire se fait en avant du tragus, Ă  l'extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure de la branche montante, au-dessous de l'extrĂ©mitĂ© postĂ©rieure de la saillie du zygoma. Il existe Ă  la pĂ©riphĂ©rie de cette rĂ©gion de multiples Ă©lĂ©ments anatomiques dont certains sont Ă  respecter de façon impĂ©rieuse quand une intervention, est nĂ©cessaire. III – 1 : Les rapports externes Ce sont les plans et Ă©lĂ©ments anatomiques rencontrĂ©s lors de l'abord chirurgical de l'articulation. On distingue : la peau, le tissu cellulaire sous-cutanĂ©, les rameaux temporaux du nerf facial issus de la branche temporo-faciale, le pĂ©dicule vasculaire transverse de la face issu de l'artère temporale superficielle, un ganglion, les vaisseaux temporaux superficiels (artère et veine entre le condyle mandibulaire et le tragus), le nerf auriculo-temporal situĂ© en arrière des vaisseaux temporaux superficiels et dont la section accidentelle laisse peu de sĂ©quelles, le plexus veineux condylien (plexus pĂ©ri-articulaire) gĂŞnant l'abord articulaire.
  • 32. 32 III – 2 : Les rapports antĂ©rieurs La face antĂ©rieure est reprĂ©sentĂ©e par l'Ă©chancrure sigmoĂŻde, entre les masses musculaires : - du massĂ©ter en dehors, - du ptĂ©rygoĂŻdien externe en dedans, - du faisceau postĂ©rieur du temporal qui s'insère sur le coronĂ©. Dans l'Ă©chancrure passe le paquet vasculo-nerveux massĂ©tĂ©rin. III – 3 : Les rapports postĂ©rieurs Ils sont reprĂ©sentĂ©s par : Le conduit auditif externe cartilagineux en dehors, osseux en dedans. Il est formĂ© Ă  ce niveau par une mince lame du tympanal. Il est facilement lĂ©sĂ© au cours des traumatismes antĂ©ro-postĂ©rieurs, il n'est sĂ©parĂ© du condyle que par un Ă©troit espace rempli de tissu cellulo-adipeux. Le plexus veineux pĂ©ri-articulaire bien dĂ©veloppĂ© dans cette rĂ©gion peut provoquer des hĂ©morragies diffuses. La bifurcation de la carotide externe dans la glande, Ă  la face postĂ©rieure du col du condyle en ses deux branches terminales : artère maxillaire interne et artère temporale superficielle. III – 4 : Les rapports supĂ©rieurs En haut, la racine postĂ©rieure du zygoma souvent très pneumatisĂ©e se prolonge en dedans par l’écaille du temporal. L’articulation correspond, Ă  ce niveau, aux mĂ©ninges et Ă  la fosse
  • 33. 33 cĂ©rĂ©brale moyenne. C’est un point fragile dans les traumatismes verticaux. III – 5 : En dedans et en haut [8] Les rapports osseux y prĂ©dominent. Le carrefour en Y des trois scissures : o tympano-squameuse de GLASER, o pĂ©tro-squameuse, o pĂ©tro-tympanale, dĂ©limite, sur la face externe du temporal : - en avant: la cavitĂ© glĂ©noĂŻde, - en arrière : le tympanal (apophyse vaginale) et, faisant hernie entre les deux, - en bas et en dedans : le rocher. Par l'intermĂ©diaire de cette surface temporale et de dehors en dedans, l'articulation rĂ©pond : . au canal antĂ©rieur de la corde du tympan (dans la suture pĂ©tro-tympanale antĂ©rieure), . Ă  la gouttière tubaire, flanquĂ©e en haut et en dedans du canal du muscle du marteau, . au dĂ©but du segment horizontal, intrapĂ©treux de la carotide interne, ces deux derniers organes suivent l'axe du rocher, donc s'Ă©loignent d'arrière en avant et de dedans en dehors. III – 6 : En dedans et en bas [8] : L'articulation temporo-mandibulaire surplombe la boutonnière rĂ©tro- condylienne de JUVARA oĂą passe l'artère maxillaire interne entourĂ©e d'un riche plexus veineux. L'artère pĂ©nètre par la rĂ©gion ptĂ©rygo-maxillaire qui est
  • 34. 34 richement vascularisĂ©e par ses branches collatĂ©rales et celles du plexus ptĂ©rygoĂŻdien, et irrigue notamment les deux principales branches du nerf maxillaire infĂ©rieur. En haut et en bas, on trouve : - le nerf dentaire infĂ©rieur, - le nerf lingual auquel vient s'accoler en arrière la corde du tympan. III – 7 : Dans l'angle postĂ©ro-interne L'articulation n'est sĂ©parĂ©e que par une mince tranche osseuse de la caisse du tympan, Ă  la partie antĂ©ro-infĂ©ro-interne de laquelle se trouve le coude de la carotide interne, et sous le plancher de laquelle se situe, parfois dĂ©hiscent, le dĂ´me de la jugulaire dans son golfe homonyme (c’est la partie la plus postĂ©rieure et la plus large du trou dĂ©chirĂ© postĂ©rieur). IV - LA VASCULARISATION IV - 1 : les artères : De nombreuses artères, par leur tronc ou par leurs branches, contribuent Ă  la vascularisation de l'articulation temporo-mandibulaire. - En dehors, l'artère temporale superficielle soit directement, soit indirectement par ses 2 branches qui sont : o la temporale profonde postĂ©rieure, o l'artère transverse de la face. - En dedans, l'artère maxillaire interne directement ou indirectement : o par les artères tympaniques,
  • 35. 35 o par l'artère mĂ©ningĂ©e moyenne, o par l'artère temporale profonde postĂ©rieure. Les artères proviennent Ă©galement de : o l'artère faciale par l'artère palatine ascendante, o l'artère auriculaire postĂ©rieure par ses branches parotidiennes, o l'artère pharyngienne ascendante par ses rameaux salpingiens. Dans 1/3 des cas, l'artère massĂ©tĂ©rine supĂ©rieure fournit, au niveau de l'Ă©chancrure sigmoĂŻde, un rameau artĂ©riel Ă  direction ascendante pour le versant antĂ©ro-externe de l'articulation. IV – 2 : Les veines Elles sont collatĂ©rales des artères et aboutissent Ă  la veine jugulaire externe soit par les plexus veineux de l'artère maxillaire interne, soit par la veine temporale superficielle. IV – 3 : Les lymphatiques Aboutissent aux ganglions prĂ©tragiens, aux ganglions intra-parotidiens, aux ganglions de la chaĂ®ne jugulo-carotidienne et plus spĂ©cialement au ganglion sous-digastrique de "KUTTNER". V - L'INNERVATION Elle vient du nerf maxillaire infĂ©rieur. Les nerfs proviennent soit du pĂ©dicule temporomassĂ©tĂ©rin, soit surtout du nerf auriculo-temporal parfois de quelques filets du temporal postĂ©rieur.
  • 36. 36 CHAPITRE II : PHYSIOLOGIE DE L’ARTICULATION TEMPORO- MANDIBULAIRE
  • 37. 37 I – CINEMATIQUE MANDIBULAIRE : Les articulations temporo-mandibulaires font partie des articulations les plus sollicitĂ©es avec environ 10 000 mouvements par 24 heures [25]. Elles participent Ă  deux fonctions essentielles : l’ouverture de la bouche et la mastication. Elles fonctionnent simultanĂ©ment et prĂ©sentent globalement trois degrĂ©s de libertĂ©. Lorsque les articulations temporo-mandibulaires ont une biomĂ©canique normale, nous constatons : I – 1 : en intercuspidie, les condyles occupent une position centrĂ©e et symĂ©trique dans les fosses mandibulaires. Figure n° 9 : nous voyons le centrage du condyle et les faisceaux du muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral, celui qui s'insère sur le disque. [25] a) Condyle mandibulaire b) Muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral I – 2 :en dynamique, il existe une symĂ©trie "parfaite" des dĂ©placements des condyles dans les mouvements d'ouverture, de fermeture et de propulsion et une symĂ©trie des mouvements compensatoires d'une A.T.M. par rapport Ă  l’ autre lors des mouvements de diduction. L'Ă©tude dynamique de la mandibule nous permet constater, que l'ouverture et la fermeture de la bouche s'effectuent selon un trajet rectiligne dans le plan frontal. Toute dĂ©viation indique un dĂ©but de dysfonction. a arrière avant b
  • 38. 38 Au cours du mouvement de propulsion, qui doit s'effectuer sur un guide fonctionnel, la mĂŞme rectitude de dĂ©placement doit ĂŞtre constatĂ©e. Lors des mouvements de diduction, sur des guides canins fonctionnels, les dĂ©placements latĂ©raux, par rapport au repère de la ligne interincisive, doivent ĂŞtre semblables dans leur forme et leur amplitude. Chaque articulation est double du point de vue fonctionnel : dans l’articulation mĂ©nisco-temporale s’effectue des mouvements de glissement; dans l’articulation mĂ©nisco-mandibulaire siègent des mouvements de rotation. Les mouvements peuvent ĂŞtre dĂ©clinĂ©s en trois entitĂ©s : [35] a- Abaissement – Ă©lĂ©vation C’est le mouvement d’ouverture et de fermeture de la bouche. Lorsque la bouche est fermĂ©e ou lĂ©gèrement ouverte, le mĂ©nisque et la tĂŞte du condyle mandibulaire, solidaires, glissent en avant et en bas ; puis pour une ouverture modĂ©rĂ©e, la tĂŞte du condyle mandibulaire se place sous le tubercule articulaire de l’os temporal. Pour l’ouverture maximale de la bouche, la tĂŞte mandibulaire subit alors une rotation. C’est l’abaissement. Ce mouvement est composĂ© donc par une translation suivie d’une rotation. Les muscles moteurs contribuant Ă  l’abaissement sont les muscles : digastrique, mylo-hyoĂŻdien et gĂ©nio-hyoĂŻdien. Pour l’élĂ©vation, les mouvements sont Ă  l’inverse de l’abaissement, rotation et translation. Les muscles sont : le temporal, le massĂ©ter et le ptĂ©rygoĂŻdien mĂ©dial. L’amplitude d’ouverture buccale normale physiologique mesurĂ©e entre les incisives maxillaires et mandibulaires est d’environ 45mm. [25]
  • 39. 39 Figure n° 10 : abaissement et Ă©lĂ©vation [42] a) m. temporal c) m. massĂ©ter e) m. digastrique b) m. ptĂ©rygoĂŻdien mĂ©dial d) m. mylo-hyoĂŻdien f) m. gĂ©nio- hyoidien b- Propulsion – rĂ©tropulsion Ce sont des mouvements symĂ©triques : les condyles mandibulaires effectuent un dĂ©placement identique dans leur forme et dans leur amplitude. Ces mouvements ont lieu dans chaque articulation mĂ©nisco-temporale. La propulsion consiste en un glissement vers l’avant et en bas de la mandibule. Dans ce mouvement, le mĂ©nisque et la tĂŞte mandibulaire translatent comme pour l’abaissement. Les muscles associĂ©s sont les muscles ptĂ©rygoĂŻdiens latĂ©raux. La rĂ©tropulsion est le mouvement inverse. Les muscles impliquĂ©s sont les muscles temporaux et digastriques. a b c d e e f
  • 40. 40 c- Diduction Au cours de ce mouvement, asymĂ©trique, la mandibule se porte latĂ©ralement. Figure n°11 : diduction [42] La diduction associe simultanĂ©ment des mouvements diffĂ©rents des deux cĂ´tĂ©s. Pendant que l’une des articulations effectue une rotation, l’autre, du cĂ´tĂ© opposĂ©, effectue une translation antĂ©rieure. II - ACTION PHYSIOLOGIQUE DES MUSCLES MASTICATEURS : [17, 28, 38] Deux types de muscles s'opposent par leur type d'action. II – l : LES MUSCLES ELEVATEURS Ce sont les plus puissants. a- Le muscle massĂ©ter Le muscle massĂ©ter est Ă©lĂ©vateur de la mandibule, ramenant le condyle en arrière après l'ouverture buccale.
  • 41. 41 Il est, en outre, propulseur, plaçant l'arcade dentaire infĂ©rieure en avant de l'arcade supĂ©rieure. b- Le muscle temporal Ce muscle est Ă©lĂ©vateur par ses fibres antĂ©rieures et moyennes. Il est rĂ©tropulseur par ses fibres postĂ©rieures. Nom Origine Terminaison Fonction Muscle massĂ©ter Arcade zygomatique Face latĂ©rale de la branche mandibulaire fermeture de la bouche Muscle temporal Os temporal Apex et face mĂ©diale du processus coronoĂŻde fermeture de la bouche et traction de la mandibule en arrière Muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral Face latĂ©rale du processus ptĂ©rygoĂŻdien Processus condylaire et disque articulaire fermeture de la bouche et mouvements vers l’avant, mouvements de broyage Muscle ptĂ©rygoĂŻdien mĂ©dial Processus ptĂ©rygoĂŻdien (os sphĂ©noĂŻde) angle de la mandibule Fermeture de la bouche et mouvements de broyage Tableau n°1 : les muscles Ă©lĂ©vateurs et leur mode d’action [44]
  • 42. 42 Figure n°12 : articulation temporo-mandibulaire, vue latĂ©rale externe : [44] a) muscle ptĂ©rygoĂŻdien mĂ©dial b) muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral c - Le muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral Ce muscle est diducteur s'il se contracte d'un seul cĂ´tĂ©. Il est propulseur s'il se contracte des deux cĂ´tĂ©s. L'insertion au niveau du col du condyle explique les dĂ©placements dans les fractures du condyle. d – Le muscle ptĂ©rygoĂŻdien mĂ©dial II est diducteur s'il se contracte d'un cĂ´tĂ© et propulseur s'il se contracte des deux cĂ´tĂ©s. a b
  • 43. 43 1I - 2- LES MUSCLES ABAISSEURS Ce sont les muscles sus et sous-hyoĂŻdiens. Ils sont considĂ©rĂ©s comme des muscles accessoires de la mastication. a- Les muscles sus-hyoĂŻdiens : Ils se situent entre l'os hyoĂŻde et la mandibule : Le muscle gĂ©nio-hyoĂŻdien : il est abaisseur de la mandibule et Ă©lĂ©vateur de l'os hyoĂŻde ; Le muscle mylo-hyoĂŻdien : il est abaisseur de la mandibule et Ă©lĂ©vateur de l'os hyoĂŻde ; Le muscle digastrique : il est abaisseur de la mandibule par son ventre antĂ©rieur, Ă©lĂ©vateur par son ventre postĂ©rieur. b - Les muscles sous-hyoĂŻdiens Ils ne jouent qu'un rĂ´le secondaire dans les mouvements de la mandibule . Ce sont : > Le muscle sterno-clĂ©ido-mastoĂŻdien , > Le muscle sterno-thyroĂŻdien, > Le muscle omohyoĂŻdien.
  • 44. 44 III–EQUILIBREDESA.T.M. Il est soumis Ă  l'action des diffĂ©rents muscles qui forment les articulations. Les A.T.M. sont au centre d'un système qui se compose de 4 Ă©lĂ©ments : la posture, la dĂ©glutition salivaire, l’occlusion dentaire, l’architecture crânio-faciale. Figure n°13 : Ă©quilibre des A.T.M.[48] 1) frein ternporo-meniscal 5) cavitĂ© articulaire supĂ©rieure 9) capsule articulaire 2) fosse mandibulaire 6) ligament mĂ©niscal antĂ©rieur 10)ligament mĂ©niscal postĂ©rieur 3) disque articulaire 7) m. ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral 12) cavitĂ© articulaire infĂ©rieure 4) tubercule articulaire 8) conduit auditif externe 13) membrane synoviale
  • 45. 45 CHAPITRE III : ETUDE CLINIQUE DES LUXATIONS TEMPORO- MANDIBULAIRES
  • 46. 46 Ces luxations peuvent ĂŞtre antĂ©rieures, latĂ©rales, postĂ©rieures, supĂ©rieures. La luxation antĂ©rieure est la plus frĂ©quente ; le condyle mandibulaire franchit le tubercule articulaire et ne rĂ©intĂ©grera pas spontanĂ©ment la fosse articulaire. Dans la luxation antĂ©rieure, le condyle mandibulaire dĂ©passe en avant le condyle temporal et s'Ă©lève dans la fosse temporale d'oĂą il ne peut ressortir en raison de la tonicitĂ© des muscles masticateurs. Il s'agit le plus souvent d'une luxation bilatĂ©rale. Les luxations latĂ©rales, postĂ©rieures et supĂ©rieures sont en règle gĂ©nĂ©rale associĂ©es Ă  un choc violent sur le menton et s’accompagnant de fractures des processus condylaires. I - ETIOPATHOGENIE : I – 1 : Etiologies : Les causes de luxation mandibulaire sont multiples. Nous pouvons citer : le bâillement, le rire aux Ă©clats, les vomissements, les soins dentaires, les vocifĂ©rations, ... I – 2 : PathogĂ©nie : Plusieurs mĂ©canismes peuvent ĂŞtre Ă©voquĂ©s. Ils interviennent soit isolĂ©ment, soit en association. Ce sont : A- La laxitĂ© ligamentaire : Elle peut expliquer les luxations survenant chez des personnes âgĂ©es, en particulier chez les femmes. Ce mĂ©canisme n’est pas suffisant pour expliquer les luxations chez les hommes jeunes et bien musclĂ©s.
  • 47. 47 B - L’anomalie des surfaces articulaires : Les malformations condyliennes congĂ©nitales ou post-traumatiques peuvent expliquer un certain nombre de cas de luxations. Les fractures condyliennes mal rĂ©duites et mal consolidĂ©es ne permettent pas un jeu normal de l’articulation ; c’est dire l’intĂ©rĂŞt du traitement fonctionnel des fractures condyliennes. L’attĂ©nuation du relief condylien temporal explique la facilitĂ© du passage en avant du condyle mandibulaire. Ce mĂ©canisme de luxation est Ă  l’origine des techniques chirurgicales de traitement par les butĂ©es condyliennes et par l’intervention de Mirhaug. C – L’asynchronisme : On explique la luxation rĂ©cidivante par l’association de la distension mĂ©niscale, du prolongement exagĂ©rĂ© du condyle mandibulaire puis du relâchement prĂ©maturĂ© du mĂ©nisque, alors que ce condyle est encore en avant du condyle temporal. D - BiomĂ©canique perturbĂ©e : [25] La biomĂ©canique perturbĂ©e s'exprime par l'asymĂ©trie. En effet, chaque perturbation de position ou de mouvement d'une A.T.M. entraĂ®nera, systĂ©matiquement, une position compensatoire de l'autre, rompant ainsi 1a symĂ©trie, pour installer la perturbation mĂ©canique. Cette perturbation mĂ©canique s'exprime : 1 - en statique, lors de l'intercuspidie, les condyles n'occupent plus la mĂŞme position centrĂ©e dans les fosses mandibulaires.
  • 48. 48 Figure n°14 : biomĂ©canique de l’A.T.M. [25] a) condyle mandibulaire b) conduit auditif externe c) mĂ©nisque - En haut, en intercuspidie, le condyle occupe une position postĂ©rieure, c'est le cĂ´tĂ© de l'hypomobilitĂ© - En bas, le condyle occupe une position plus antĂ©rieure et pousse le mĂ©nisque en avant, c'est le cĂ´tĂ© de l'hypermobilitĂ©. avant arrière arrièreavant a b a b c c
  • 49. 49 Photo 2 : patient avec trouble de l’articulĂ© dentaire retentissant sur les A.T.M. [25] Sur l'orthopantonogramme de cet Ă©dentĂ© partiel, on constate un seul contact molaire, existant, qui se situe au niveau des 27 – 37. De ce fait, le condyle gauche est abaissĂ©, tandis que le condyle droit monte dans la fosse mandibulaire. Nous avons dans ce cas, une hypermobilitĂ© gauche et une hypomobilitĂ© droite, avec latĂ©romandibulie droite Ă  l'ouverture. 2 - En dynamique, les dĂ©placements en ouverture, fermeture et propulsion diffĂ©rent. Et en diduction, nous notons aussi une asymĂ©trie de l'amplitude des dĂ©placements. La conception thĂ©rapeutique sera de rĂ©tablir une symĂ©trie de mouvements dans les deux articulations. Pour cela le traitement doit s'effectuer sur l'articulation hypomobile, pour corriger l'hypermobilitĂ© compensatoire de l'A.T.M. opposĂ©e, car il est impossible de traiter une hypermobilitĂ© qui n'est que la compensation de l'hypomobilitĂ©.
  • 50. 50 3 - MĂ©canisme de la perturbation : - La mĂ©canique articulaire : Nous sommes confrontĂ©s Ă  deux articulations bi-condyliennes. Le mĂ©nisque est interposĂ© entre le condyle mandibulaire et l'os temporal. Il n'existe pas de cartilage mais du tissu fibreux sur les condyles avec un mĂ©nisque ou disque interposĂ©. Ce qui provoque beaucoup de mouvements et donc beaucoup d'usure. La mĂ©canique articulaire est dĂ©terminĂ©e par la règle "convexe-concave" de F. Kaltenborn [23] qui montre le sens du roulement et du glissement du condyle. En ouverture, le condyle roule vers l'arrière et glisse vers l'avant. En fermeture, il roule vers l'avant et glisse vers l'arrière (fig. 17). Il existe deux "closed-pack" positions : protraction maximale et ouverture ainsi que rĂ©traction maximale et fermeture. Le mĂ©nisque est Ă©troitement fixĂ© au condyle au niveau de ses pĂ´les latĂ©raux et mĂ©diaux : le condyle le dĂ©place avec lui lors de l'ouverture et de la fermeture de la bouche. Il peut se luxer (luxation rĂ©ductible, non rĂ©ductible ou blocage total). A sa partie mĂ©diane, le mĂ©nisque n'est pas vascularisĂ©. Les insertions antĂ©rieures sont au niveau du chef supĂ©rieur du ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral. Les insertions postĂ©rieures sont situĂ©es au niveau de la zone bilaminaire, constituĂ©e d'une lame supĂ©rieure d'Ă©lastine fixĂ©e sur la plaque tympanale et d'une lame infĂ©rieure de fibres collagène fixĂ©e sur le condyle (fig.15).
  • 51. 51 Figure n°15 : fonctionnement normal de l'articulation temporo-mandibulaire lors de l'ouverture et de la fermeture de la bouche. (D'après Blaschke DD: Arthrography of the temporomandibular joint, chapter4. In temporomandibular joint problems: in Biology Diagnosis and treatement, edited by W K Solberg and G T Clark, Quintessence Publishing, Chicago 1980) [4].
  • 52. 52 Articulation normale : le condyle est bien centrĂ© dans la fosse mandibulaire, le disque est intercalĂ©. Le repère est rectiligne. 1° stade de la luxation, le disque a commencĂ© son glissement antĂ©rieur, par rapport au condyle. La ligne de repère est brisĂ©e. 2° stade, le disque glisse encore en avant. Le claquement se situe en dĂ©but d'ouverture. 3° stade, le disque occupe une position plus antĂ©rieure, le claquement est au milieu de l'ouverture. 4° stade, le disque est maintenant presque sorti de l'articulation et le claquement se produit en fin de l'ouverture. 5° stade, le disque est luxĂ© et il ne retrouve plus son condyle, lors du mouvement d'ouverture. 6° stade, le disque est repliĂ© devant l'articulation Figure n°16 : Les diffĂ©rents stades d'Ă©volution de la luxation discale [25]
  • 53. 53 Figure n°17: (d'après Mahan PE: The temporomandibular joint in function and pathofunction, chapter 2.In Biology Diagnosis and treatement, edited by W K Solberg and G T Clark, Quintessence Publishing, Chicago, 1980) [27]. Photo 3: image radiologique d'une luxation mĂ©niscale vraie (condylo-temporale). (D'après Marilyn Spencer. 46th ANC of the AIR, Australia 1995) [40].
  • 54. 54 Figure n°18 : reprĂ©sentation fonctionnelle d'une luxation mĂ©niscale rĂ©ductible. (D'après Blaschke D: Arthrography of the temporomandibular joint, chapter 4.In temporomandibular joint problems: in Biology Diagnosis and treatement, edited by W K Solberg and G T Clark) [4] - La mĂ©canique musculaire : Nous limiterons notre rĂ©flexion, Ă  l'Ă©tude du muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral (fig.19). Celui-ci est constituĂ© d'un chef supĂ©rieur et d’un chef infĂ©rieur. Le chef supĂ©rieur va de la grande aile du sphĂ©noĂŻde et de l'aile externe de l'apophyse ptĂ©rygoĂŻde vers la capsule articulaire, le mĂ©nisque et le col du condyle. Le chef infĂ©rieur va de l'aile externe de l'apophyse ptĂ©rygoĂŻde au col du condyle. Le chef infĂ©rieur a pour fonction l'ouverture de la bouche et la protrusion de la mandibule et le chef supĂ©rieur, qui a une activitĂ© excentrique, tracte le mĂ©nisque vers l'avant lors de la fermeture de la bouche et assure une fonction de contrĂ´le dynamique. Une activitĂ© excessive peut raccourcir les fibres du chef supĂ©rieur et dĂ©placer le mĂ©nisque vers l'avant. On comprend aisĂ©ment l'importance de ce muscle dans les problèmes de luxation mĂ©niscale.
  • 55. 55 Figure n°19 : le muscle ptĂ©rygoĂŻdien latĂ©ral (D'après Travell J & Simons D, 1993, Douleurs et troubles fonctionnels myofaciaux, tome l. Bruxelles : Ed. Haug, 1993) [45]. Après cet abord clinique, qui dĂ©veloppe une conception mĂ©canique des luxations des A.T.M., il nous semble important de souligner que le succès d'un traitement passera, avant tout, par une Ă©tude Ă©tiologique de ces Ă©lĂ©ments qui ont contribuĂ© Ă  l'installation de la pathologie. II – CLINIQUE A – Interrogatoire En dehors des considĂ©rations classiques relatives Ă  l’état-civil et au contact, il permet souvent d’avoir une idĂ©e sur les circonstances de survenue : bâillement, rire aux Ă©clats, vocifĂ©rations, vomissements, traumatisme, … Il permettra de prĂ©ciser le caractère inaugural ou rĂ©cidivant, le dĂ©lai entre la survenue de l’accident et la consultation, le recours Ă  un tradi-praticien ou Ă  un charlatan, une Ă©ventuelle tentative de rĂ©duction, une administration de mĂ©dicaments Ă  type d’antalgiques, de myorelaxants ou d’hypnotiques.
  • 56. 56 Ces renseignements sont souvent fournis par l’entourage ou les accompagnants, car, en cas de luxation, le patient a souvent du mal Ă  s’exprimer correctement. Dans les cas oĂą le patient est seul, le recueil des donnĂ©es anamnestiques se fera a posteriori, après rĂ©duction de la luxation par la manĹ“uvre de NĂ©laton. B – Examen clinique L’état gĂ©nĂ©ral du patient est souvent bon, mais, il dĂ©pend du dĂ©lai entre la survenue de l’accident et la consultation. En cas de non rĂ©duction dans un dĂ©lai diligent, la difficultĂ© Ă  l’alimentation peut contribuer Ă  altĂ©rer l’état gĂ©nĂ©ral chez un patient anxieux sur son sort avec impossibilitĂ© de mastiquer les aliments solides. 1) Examen exo-buccal : L’essentiel de cet examen clinique repose sur l’inspection et la palpation. a – A l’inspection : Le diagnostic est d’emblĂ©e Ă©voquĂ© chez un patient souvent inquiet, Ă  bouche grande ouverte laissant Ă©chapper la salive au niveau des commissures labiales. L’aspect de faux prognathisme mandibulaire ainsi que la dĂ©pression au niveau de la rĂ©gion prĂ©-tragienne confortent le praticien dans son hypothèse de luxation de l’A.T.M. L'examen du visage du malade montre un aspect d'augmentation de la hauteur faciale infĂ©rieure, avec difficultĂ© d’obtenir le contact bilabial et l'impossibilitĂ© de serrer les dents, le patient Ă©tant bloquĂ© en ouverture buccale.
  • 57. 57 Beaucoup de patients arrivent Ă  ce stade avec un foulard nouĂ© autour de la tĂŞte. Photo 4 : tableau classique de luxation bilatĂ©rale de l’A .T.M. Noter l’impression de l’allongement du visage. b – A la palpation : Elle est comparative et est pratiquĂ©e avec la pulpe des index. Elle confirme la vacuitĂ© de la cavitĂ© glĂ©noĂŻde et retrouve le condyle mandibulaire en avant du condyle temporal. Au contraire une tumĂ©faction discrète apparaĂ®t plus en avant au-dessous de l’arcade zygomatique. On vĂ©rifiera l’impossibilitĂ© de fermer la bouche et l’absence de fractures, en particulier de fractures condyliennes qui se traduiraient par une mobilisation douloureuse partielle de la mandibule. L'impotence fonctionnelle masticatoire est totale et peut entraĂ®ner des difficultĂ©s d'Ă©locution, de dĂ©glutition et de continence salivaire.
  • 58. 58 2) Examen endo-buccal : Il met en Ă©vidence un trouble majeur de l’articulĂ© dentaire avec une bĂ©ance antĂ©rieure et une absence de contact postĂ©rieur. On note souvent une Ă©dentation partielle Ă©tendue qui est un facteur favorisant dans la survenue des luxations de l’ A.T.M. L’hypersialorrhĂ©e est habituelle et est aggravĂ©e par la difficultĂ© Ă  dĂ©glutir. Elle peut ĂŞtre Ă  l’origine de fausses routes. L’hygiène bucco-dentaire peut ĂŞtre nĂ©gligĂ©e si la luxation est survenue depuis quelques jours. Photo 5 : incontinence salivaire chez une patiente dĂ©bile. Noter la mauvaise hygiène bucco-dentaire.
  • 59. 59 III – DIAGNOSTIC : Il repose essentiellement sur la clinique : interrogatoire et examen clinique. Devant l’urgence et l’évidence du diagnostic, on peut, en gĂ©nĂ©ral, se passer d’un bilan radiologique qui serait juste plus coĂ»teux et ferait perdre du temps pour la rĂ©duction qui est de toute façon urgente. NĂ©anmoins, quelques incidences radiologiques, rĂ©alisĂ©es correctement, pourraient contribuer Ă  asseoir le diagnostic de luxation de l’A.T.M. IV – QUELQUES TECHNIQUES RADIOLOGIQUES [6, 14] 1) Techniques conventionnelles : a- Incidence de SchĂĽller : Elle est rĂ©alisĂ©e bouche ouverte et bouche fermĂ©e de façon bilatĂ©rale. Elle permet de visualiser l’ATM de profil mais avec une distorsion liĂ©e Ă  l’angle d’incidence. En cas de luxation de l’A.T.M., il n’y a pas de diffĂ©rences entre le clichĂ© en bouche ouverte et le clichĂ© en bouche fermĂ©e. b- Orthopantomogramme On l’appelle Ă©galement panoramique dentaire. C’est un des clichĂ©s de base dans l’investigation radiologique des ATM. Il offre une vision d’ensemble des maxillaires et des dents y compris les deux processus condylaires. Il a l’avantage de permettre une Ă©tude des arcades dentaires et d’identifier les facteurs occlusaux favorisants comme l’édentation Ă©tendue.
  • 60. 60 2) Techniques plus Ă©laborĂ©es : Des techniques comme la tomographie et l’arthrographie sont actuellement abandonnĂ©es [43] au profit du scanner qui donne une bonne rĂ©solution au niveau du tissu osseux (condyle mandibulaire, condyle temporal, cavitĂ© glĂ©noĂŻde,....) et de la RĂ©sonance MagnĂ©tique NuclĂ©aire (IRM) qui donne une bonne dĂ©finition au niveau des tissus mous (mĂ©nisque, muscles, ligaments,…). a- LE SCANNER Encore appelĂ© tomodensitomĂ©trie, c’est une technique rĂ©cente mais qui a tendance Ă  se dĂ©mocratiser. Il permet mĂŞme des reconstructions tridimensionnelles de certaines lĂ©sions. b- L’IRM C’est la mĂ©thode la plus performante car elle est non invasive, elle donne une excellente visibilitĂ© mĂ©niscale dans tous les plans. Les tissus mous sont Ă©galement bien visibles de mĂŞme que d’éventuels Ă©panchements articulaires. Tous ces examens qui ne sont pas indispensables Ă  la prise en charge des luxations rĂ©centes de l’A.T.M dans l’urgence, peuvent cependant ĂŞtre utiles dans la prise de dĂ©cisions, Ă  distance, soit pour Ă©viter une rĂ©cidive ou traiter une luxation rĂ©cidivante. V - TRAITEMENT : [2, 34, 43] Le diagnostic fait, il faut s'enquĂ©rir du caractère spontanĂ©, non traumatique, de la luxation, Ă©lĂ©ment capital pour envisager la rĂ©duction immĂ©diate sans examen radiographique prĂ©alable. La rĂ©duction sans radiographie prĂ©alable n'est possible qu'en dehors de tout contexte traumatique. La date de survenue ou l'anciennetĂ© de la luxation, l'existence d'antĂ©cĂ©dents identiques et leur frĂ©quence conditionnent
  • 61. 61 les possibilitĂ©s de rĂ©duction et sa stabilitĂ©. Une luxation passĂ©e inaperçue datant de plusieurs jours, voire semaines ou mois, impose la rĂ©duction sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale, et en cas d'Ă©chec un abord articulaire chirurgical. Le caractère rĂ©cidivant Ă  frĂ©quence rapprochĂ©e, mensuelle ou hebdomadaire, tĂ©moigne d'une pathologie chronique Ă  retentissement articulaire (malocclusion dentaire, hyperlaxitĂ© ligamentaire, myopathie …), justiciable d'une prise en charge spĂ©cifique après rĂ©duction. La rĂ©duction de la luxation antĂ©rieure s'effectue selon la manĹ“uvre de NELATON. Il s'agit d'un geste simple, fiable, sans risque, le plus souvent indolore mais demandant de la persĂ©vĂ©rance au praticien pour lutter contre la contracture musculaire rĂ©flexe. L'anesthĂ©sie locale est gĂ©nĂ©ralement inutile, une prĂ©mĂ©dication peut ĂŞtre proposĂ©e chez les sujets particulièrement anxieux. Dans la mesure du possible, le sujet est mis en position assise, la tĂŞte et le dos appuyĂ©s contre un plan dur. Le praticien fait face au patient et saisit les branches horizontales de la mandibule, les pouces (protĂ©gĂ©s par des compresses) s'appuyant sur les dents (ou les crĂŞtes) mandibulaires postĂ©rieures, les autres doigts repliĂ©s prenant appui sur le bord infĂ©rieur de la mandibule de chaque cĂ´tĂ©.
  • 62. 62 Photo n° 6 : RĂ©duction manuelle par la manĹ“uvre de NĂ©laton. L'ouverture buccale est alors lĂ©gèrement exagĂ©rĂ©e, puis par une pression d'intensitĂ© croissante et, sans jamais la relâcher, la mandibule est abaissĂ©e progressivement de façon Ă  glisser le condyle mandibulaire sous le condyle temporal. La perception d'un ressaut et l'obtention immĂ©diate d'une fermeture bucco-dentaire normale tĂ©moigne de la rĂ©intĂ©gration du condyle mandibulaire dans la cavitĂ© glĂ©noĂŻde. Dans la forme bilatĂ©rale, ce mouvement peut ĂŞtre imprimĂ© de façon asymĂ©trique pour rĂ©duire chaque cĂ´tĂ© successivement. La manĹ“uvre dont la durĂ©e oscille entre 30 secondes et 1 minute, peut ĂŞtre rĂ©pĂ©tĂ©e 3 ou 4 fois en cas d'insuccès mais assez rapidement pour conserver le bĂ©nĂ©fice de l'Ă©longation musculaire, obtenue lors de la ou des premières tentatives, ensuite il est prĂ©fĂ©rable de recourir Ă  l'anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale.
  • 63. 63 Dans certains cas, la rĂ©duction doit ĂŞtre maintenue pendant quelques jours par une fronde occipito-mentonnière qui limite les possibilitĂ©s d'ouverture buccale, associĂ©e Ă  une alimentation molle. Une mĂ©dication Ă  base de myorelaxants ou d’antalgiques peut ĂŞtre instaurĂ©e après la rĂ©duction.
  • 65. 65 I - JUSTIFICATIONS ET INTERETS : 1 – Justifications : Les luxations de l’A.T.M. sont une pathologie frĂ©quente en traumatologie maxillo-faciale. Bien que sans gravitĂ© lorsqu’elles sont rĂ©duites immĂ©diatement, elles peuvent avoir des consĂ©quences graves, voire dramatiques, quand elles ne sont pas rĂ©duites Ă  temps. Ces consĂ©quences sont aussi bien fonctionnelles : - troubles de l’articulĂ© dentaire, - douleurs et dysfonctions de l’A.T.M., - troubles de la dĂ©glutition avec leur retentissement sur le tube digestif,… qu’esthĂ©tiques : - dysmorphie faciale Ă  type de faux prognathisme mandibulaire, - dĂ©pression prĂ©-tragienne, … Des problèmes nutritionnels s’y ajoutent car, les patients ne pouvant mastiquer correctement, s’alimentent liquide et perdent du poids avec une alimentation moins riche et moins variĂ©e. Ceci justifie amplement qu’on s’intĂ©resse Ă  cette pathologie dont la prise en charge concerne tous les praticiens, hospitaliers ou non : mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, chirurgiens-dentistes, chirurgiens gĂ©nĂ©ralistes et spĂ©cialistes. Notre expĂ©rience nous montre pourtant que si bon nombre de praticiens parviennent Ă  gĂ©rer correctement les luxations de l’ A.T.M. par la manĹ“uvre de NĂ©laton (rĂ©duction manuelle immĂ©diate), il n’en est pas toujours ainsi puisque beaucoup de praticiens ont des lacunes dans ce sens. Notre modeste contribution Ă  travers ce travail rĂ©trospectif est de rappeler quelques notions de base, qui, si elles sont bien suivies, permettraient d’accroĂ®tre,
  • 66. 66 de manière substantielle, le taux de prise en charge adĂ©quate des luxations de l’ A.T.M. Cela aurait un impact positif sur la rĂ©duction du nombre d’évacuations sanitaires des structures rĂ©gionales vers Dakar et des structures de pĂ©riphĂ©rie de Dakar vers le CHU. 2 – IntĂ©rĂŞts : Les intĂ©rĂŞts de ce travail sont multiples. Il s’agit de : faire le point sur une pathologie qui, certes, peut paraĂ®tre banale mais peut avoir des consĂ©quences graves si la prise en charge n’est pas adĂ©quate rappeler Ă  tous les praticiens qu’il faut maĂ®triser la manĹ“uvre de NĂ©laton pour Ă©viter les Ă©vacuations vers les Centres Hospitaliers et Universitaires (C.H.U). II - OBJECTIFS DE L’ENQUETE : 1 : Objectif gĂ©nĂ©ral : Nous nous proposons de dresser le profil Ă©pidĂ©miologique des luxations temporo-mandibulaires rĂ©centes, telles que vĂ©cues dans un centre de rĂ©fĂ©rence nationale en Chirurgie Maxillo-Faciale, afin de mettre en Ă©vidence l’importance de la prĂ©vention et de la prise en charge prĂ©coce de cette pathologie frĂ©quente en urgence traumatique.
  • 67. 67 II – 2 :Objectifs spĂ©cifiques : Il s’agira de : DĂ©terminer la prĂ©valence des luxations rĂ©centes de l A.T.M. qui sont acheminĂ©es dans un service de rĂ©fĂ©rence nationale, et en dresser le profil Ă©pidĂ©miologique en tenant compte de l’âge, du sexe, du mĂ©canisme, du dĂ©lai entre la survenue de l’accident et la prise en charge effective, … Identifier les circonstances de survenue ou les mĂ©canismes qui sont le plus frĂ©quemment rencontrĂ©s dans l’optique de donner des conseils de prĂ©vention primaire aux sujets Ă  risque, RĂ©pertorier les signes cliniques, CorrĂ©ler les troubles de l’articulĂ© et la survenue des luxations de l’A.T.M. III - MATERIEL ET METHODES : 1 : Cadre d’étude : Le service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale de l’ HĂ´pital Aristide LE DANTEC Ă©tait durant notre pĂ©riode d’étude la seule structure de santĂ© publique s’occupant de pathologies maxillo-faciales, celui de l’ HĂ´pital Principal Ă©tant une structure privĂ©e. Sa crĂ©ation remonte Ă  celle de l’HĂ´pital Aristide Le Dantec. Du fait de sa vocation universitaire, on y dispense des soins tout en y faisant de la recherche et de l’enseignement. Du fait de la raretĂ© des spĂ©cialistes en Chirurgie Maxillo-Faciale, le service a une vocation omnipraticienne et le recrutement intĂ©resse aussi bien les enfants que les adultes.
  • 68. 68 Outre les patients venant de toutes les rĂ©gions du SĂ©nĂ©gal, le service reçoit des ressortissants de la sous rĂ©gion (Mauritanie, Mali, GuinĂ©e, GuinĂ©e-Bissau, Gambie). Sur le plan strictement local, les patients de la Stomatologie sont adressĂ©s souvent par les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes et par les chirurgiens-dentistes pour ceux qui sont vus en ambulatoire, ou par les autres services de l’hĂ´pital pour les patients hospitalisĂ©s. Il assure les consultations et le traitement des patients hospitalisĂ©s venant d’autres services de l’hĂ´pital et des patients externes souffrant des pathologies bucco-dentaires et maxillo-faciales. a) Locaux du service : Ils sont relativement vĂ©tustes bien qu’étant fonctionnels. On a assistĂ©, ces dernières annĂ©es, Ă  l’amĂ©lioration du plateau technique qui devrait aboutir, Ă  terme, Ă  l’ouverture du bloc opĂ©ratoire du service dans quelques mois. En attendant, les interventions sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale sont effectuĂ©es dans les services : - d’ORL (oĂą les textes du CHU allouent un quota de dix lits pour la Stomatologie), - de Chirurgie GĂ©nĂ©rale, - de Chirurgie PĂ©diatrique, - d’OrthopĂ©die, …
  • 69. 69 Le service comprend un secteur de Stomatologie et un secteur d’Odontologie. L’ensemble est constituĂ© : d’un bureau pour les mĂ©decins, d’une salle de consultation pour les mĂ©decins avec un fauteuil dentaire fonctionnel, de deux cabinets dentaires correctement Ă©quipĂ©s, d’un bureau pour les dentistes, d’un bureau pour l’interne du service, d’un bureau pour la surveillante, d’un secrĂ©tariat, d’une salle de dĂ©contamination du matĂ©riel, d’une salle de stĂ©rilisation, d’une salle pour les interventions septiques, d’une salle d’accueil, d’un bloc opĂ©ratoire non encore fonctionnel avec sept lits d’hospitalisation, de commoditĂ©s,… b) Personnel du service : Le service comprend : le chef de service par intĂ©rim Ă©galement responsable du service d’ORL, deux mĂ©decins : - un maĂ®tre-assistant - un chef de clinique-assistant, quatre chirurgiens-dentistes, un interne en Chirurgie Maxillo-Faciale, un technicien supĂ©rieur en Odontologie,
  • 70. 70 des Ă©tudiants stagiaires, une surveillante du service, infirmière diplĂ´mĂ©e d’Etat, trois aide-infirmiers, deux assistants dentaires, un garçon de courses, une secrĂ©taire. III – 2 : MĂ©thodologie : Il s’agit d’une Ă©tude rĂ©trospective portant sur 70 cas de luxations temporo- mandibulaires reçus en consultation sur une pĂ©riode de 39 mois (d’Avril 2003 Ă  Juillet 2006) dans le service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale de l’hĂ´pital Aristide Le Dantec. Critères d’ inclusion et d’ exclusion : Ont Ă©tĂ© inclus tous les cas de luxations rĂ©centes de l’ AT.M. vus dans le service pendant la pĂ©riode d’étude. Toutes les formes dites nĂ©gligĂ©es de luxations de l’A.T.M. ayant nĂ©cessitĂ© une prise en charge chirurgicale par voie sanglante ont Ă©tĂ© exclues de notre Ă©tude. Une fiche d’enquĂŞte clinique a Ă©tĂ© confectionnĂ©e avec comme principaux paramètres : l’âge, le sexe, le mode de survenue, le dĂ©lai de prise en charge, les modalitĂ©s de rĂ©duction, … (voir fiche en annexe).
  • 71. 71 Chaque cas a fait l’objet d’un interrogatoire et d’un examen clinique complĂ©tĂ©, au besoin, par un examen radiographique avant une prise en charge adĂ©quate. IV. RÉSULTATS : Au terme de notre Ă©tude, nous avons recensĂ© 70 cas sur 39 mois. La frĂ©quence annuelle est de 21 luxations de l’articulation temporo- mandibulaire.
  • 72. 72 IV - 1. RĂ©partition selon l’âge : L’âge moyen est de 42,7 ans avec des extrĂŞmes de 17 Ă  88 ans (diagramme 1). 5 22 11 4 11 9 6 2 0 5 10 15 20 25 [17-20ans ] [21-30ans ] [31-40ans ] [41-50ans ] [51-60ans ] [61-70ans ] [71-80ans ] [81-88ans ] Diagramme 1 : RĂ©partition selon l’âge.
  • 73. 73 IV - 2. RĂ©partition selon le sexe : On note 32 sujets de sexe masculin contre 38 de sexe fĂ©minin soit un sex- ratio de 0,84. 46% 54% hommes Femmes Diagramme 2 : RĂ©partition selon le sexe.
  • 74. 74 IV – 3 . RĂ©partition selon l’ethnie : 22 16 10 8 6 4 4 oualofs sĂ©rĂ©res toucouleurs peulhs bambaras diolas maures Diagramme 3 : RĂ©partition selon l’ethnie.
  • 75. 75 IV – 4 : RĂ©partition selon la localitĂ© d’origine : Diagramme 4 : RĂ©partition selon la localitĂ© d’origine. IV - 5. RĂ©partition selon la couche socio-professionnelle : Les sans professions constituent la majoritĂ© des patients. 47 9 4 4 2 1 1 1 1 0 10 20 30 40 50 Dakar Thies Diourbel Saint Louis Matam Tambacounda Bamako Fatick Louga
  • 76. 76 IV - 6 RĂ©partition selon les circonstances de survenue : 38% des luxations surviennent lors de bâillements forcĂ©s et 8% sont d’origine iatrogène (diagramme 3). Nous avons eu un cas de vomissement gravidique. Diagramme 5: RĂ©partition selon les circonstances de survenue. 38% 13%11% 11% 11% 7% 6% 1%1%1% Baillement Rire aux Ă©clats Repas Traumatisme Vomissement Soin dentaire VocifĂ©ration Intubation prolongĂ©e en rĂ©animation Psalmodie Apparition quasi- spontanĂ©e
  • 77. 77 IV – 7. RĂ©partition selon le caractère rĂ©cidivant ou non : Diagramme 6: RĂ©partition selon le caractère rĂ©cidivant ou non. OUI = Ă©pisode inaugural NON = rĂ©cidive 51% 49% OUI NON
  • 78. 78 IV - 8. RĂ©partition selon le dĂ©lai entre la survenue de la luxation et la consultation : Dans 68,2 % des cas, la consultation a eu lieu dans la première semaine de l’accident. Le dĂ©lai moyen de consultation est de cinq (5) jours. IV – 9. RĂ©partition selon le dĂ©lai entre la survenue et la rĂ©duction : Dans 58,4 % des cas, la luxation est rĂ©duite dans la première semaine qui suit l’accident. Le dĂ©lai moyen entre la survenue de la luxation et sa rĂ©duction est de sept (7) jours. IV – 10. RĂ©partition selon le type de luxation : Toutes les luxations observĂ©es sont de type dynamique antĂ©rieur bloquĂ©. Dans 85,71% des cas, il s’agit de luxations bilatĂ©rales.
  • 79. 79 IV - 11. Aspect gĂ©nĂ©ral de la denture : Dans notre population d’étude, nous avons notĂ©: deux (2) patients avec une denture complète, une (1) patiente Ă©dentĂ©e partielle mais appareillĂ©e, deux (2) patients Ă©dentĂ©s totaux, soixante cinq (65) patients prĂ©sentant des problèmes occlusaux importants : dysharmonies dento-maxillaires, modification de la courbe de Spee, Ă©dentations partielles Ă©tendues non compensĂ©es, …
  • 80. 80 IV - 12 : RĂ©partition des patients selon le type de traitement : 37 30 1 1 1 0 5 10 15 20 25 30 35 40 ManĹ“uvre de NĂ©laton avec infiltration ManĹ“uvre de NĂ©laton sans infiltration ManĹ“uvre de NĂ©laton sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale RĂ©solution spontanĂ©e RĂ©duction parle malade Diagramme 7: RĂ©partition des patients selon le type de traitement.
  • 81. 81 IV – 13 : RĂ©partition selon la confection ou non de fronde : 51%49% OUI NON Diagramme 8: RĂ©partition des patients selon la confection ou non de fronde.
  • 82. 82 IV – 14 : RĂ©partition selon la qualification de la personne ayant rĂ©duit la luxation : 53 14 1 1 1 0 10 20 30 40 50 60 MĂ©decin spĂ©cialiste Chirurgien dentiste MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Malade RĂ©solution spontanĂ©e Diagramme 9: RĂ©partition des patients selon la qualification de la personne ayant rĂ©duit la luxation.
  • 83. 83 V . ANALYSE ET COMMENTAIRES : A. ÉpidĂ©miologie : 1. Notion d’âge : Les adultes jeunes (21-40 ans) qui constituent 47.14% des patients, sont les plus touchĂ©s dans notre sĂ©rie. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la population sĂ©nĂ©galaise est Ă  majoritĂ© jeune. Plus de la moitiĂ© des patients, soit 54.28% ont moins de quarante (40) ans. Une revue de la littĂ©rature montre que les luxations de l’A.T.M. surviennent le plus souvent chez les jeunes patients [39], ceci est en phase avec nos rĂ©sultats. Dans notre population d’étude, il n’y a pas eu d’enfants d’âge pĂ©diatrique (moins de 16 ans). D’une manière gĂ©nĂ©rale, les luxations de l’A.T.M. surviennent plus difficilement chez les enfants du fait de la configuration anatomique des Ă©lĂ©ments participant Ă  la fonction de mastication. Ă€ cet âge, la denture est souvent correcte avec un bon articulĂ© dentaire, ce qui limite la probabilitĂ© de survenue d’une luxation de l’A.T.M. surtout qu’à cet âge, les Ă©lĂ©ments de liaison entre le condyle temporal et le condyle mandibulaire sont en bon Ă©tat (ligaments, mĂ©nisque, …).
  • 84. 84 2. Notion de sexe : Nous notons un Ă©quilibre relatif entre les 2 sexes dans notre sĂ©rie. Au SĂ©nĂ©gal, il ne semble pas y avoir de lien entre la survenue d’une luxation de l’A.T.M. et le sexe, car, cette pathologie touche autant les femmes que les hommes. Cela reflète les statistiques sur la population gĂ©nĂ©rale au SĂ©nĂ©gal oĂą il y a une quasi-Ă©galitĂ© entre les deux sexes. Nos rĂ©sultats sont, en partie, contraires aux constatations de J.L. ACHARD, (1988) [1], MERCIER et COLL. (1993) [30] et F. MICHELET (1984) [29]. Selon ces auteurs, la femme est plus exposĂ©e aux luxations temporo-mandibulaires que l’homme. RapportĂ© au contexte gĂ©ographique de la France en particulier, et de l’Europe, en gĂ©nĂ©ral, la prĂ©dominance fĂ©minine pourrait s’expliquer du simple fait qu’il y ait plus de femmes que d’hommes en France et en Europe ; ce, en rapport entre autres, aux deux derniers conflits mondiaux avec leur cortĂ©ges de victimes masculines au combat. Plus tard, cela influera sur la natalitĂ© en Occident. 3. La localitĂ© d’origine Les patients viennent de toutes les rĂ©gions du SĂ©nĂ©gal et mĂŞme de la sous- rĂ©gion : Mauritanie, Mali, ... Un tiers des patients (32.86%) n’habite pas Ă  Dakar. Normalement, tous ces patients auraient dĂ» ĂŞtre pris en charge dans leur localitĂ© d’origine, Ă  partir du moment oĂą le diagnostic est fait Ă  temps. La manĹ“uvre de NĂ©laton doit ĂŞtre Ă  la portĂ©e de tous praticiens. NĂ©anmoins, il arrive que, dans certains cas particuliers, des praticiens « chevronnĂ©s » Ă©prouvent certaines difficultĂ©s Ă  rĂ©duire une luxation
  • 85. 85 de l’A.T.M. ce fut le cas de cette dame de soixante dix (70) ans qui, ayant fait sa luxation Ă  Tivaouane, est allĂ©e au district sanitaire de la localitĂ©, puis Ă  l’ hĂ´pital rĂ©gionale de Thiès, Ă  l’ hĂ´pital gĂ©nĂ©ral de Grand-Yoff, Ă  l’hĂ´pital Principal, Ă  l’HĂ´pital Militaire de Ouakam et, enfin, Ă  l’hĂ´pital Aristide Le Dantec pour se faire rĂ©duire. Ces cas difficiles, bien que rares, existent rĂ©ellement ; c’est dans ces situations difficiles que le recours au chirurgien maxillo-facial est une nĂ©cessitĂ© pour Ă©viter de se retrouver avec une luxation dite nĂ©gligĂ©e oĂą, la rĂ©duction manuelle par manĹ“uvre de NELATON s’avère impossible, mĂŞme sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale : le recours par une voie sanglante devient inĂ©vitable si on veut retrouver une fonction manducatrice correcte avec un bon articulĂ© dentaire. Cas particuliers : Dans notre Ă©tude, il y a eu deux cas de dĂ©biles mentales dont une âgĂ©e de soixante onze (71) ans qui venait de Saint-Louis et une autre de vingt (20) ans qui, elle, venait de Dakar. La première passait son temps Ă  crier, ce qui rendait difficile la rĂ©duction et la stabilisation. La deuxième prĂ©sentait, en plus, un articulĂ© dĂ©favorable ; dans les deux cas, la mise en place d’une fronde pour stabiliser le rĂ©sultat et entraĂ®ner la cicatrisation musculo-ligamentaire pendant a peu près une semaine a Ă©tĂ© nĂ©cessaire. Une anesthĂ©sie locale a Ă©tĂ© effectuĂ©e dans les 2 cas dont la rĂ©alisation n’a pas toujours Ă©tĂ© aisĂ©e, du fait du manque de coopĂ©ration des patientes. En Occident, une anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale aurait Ă©tĂ© effectuĂ©e, de principe, car le plateau technique est tout Ă  fait adĂ©quat et le contexte très favorable. Au SĂ©nĂ©gal, avec la faiblesse du plateau technique, nous sommes contraints d’innover en sortant du cadre classique. Finalement, moyennant beaucoup de patience et de persuasion, nous avons pu rĂ©gler ces 2 cas sans avoir Ă  endormir
  • 86. 86 les patientes tout en Ă©tant maĂ®tres de notre temps, car l’accès au bloc opĂ©ratoire des Urgences Chirurgicales de l’hĂ´pital Le Dantec n’est pas toujours facile car toutes les spĂ©cialitĂ©s chirurgicales peuvent avoir besoin du bloc opĂ©ratoire : OrthopĂ©die, Chirurgie GĂ©nĂ©rale, Chirurgie PĂ©diatrique, Chirurgie Maxillo-Faciale, O.R.L , Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire,…
  • 87. 87 Photo n° 7 : patiente dĂ©bile mentale avec antĂ©rieurement Ă  la luxation, un trouble majeur de l’articulĂ© dentaire (une des patientes rĂ©duite sous anesthĂ©sie locale) Noter l’hygiène bucco-dentaire très nĂ©gligĂ©e. 4. CatĂ©gorie socio-Ă©conomique Il nous est difficile de faire une corrĂ©lation entre le niveau socio- Ă©conomique et la survenue de luxation de l’ A.T.M. mais nous avons constatĂ© que la plupart des patients Ă©manaient d’une couche socio-professionnelle dĂ©favorisĂ©e. La difficultĂ© d’accès aux structures sanitaires pourrait ĂŞtre un facteur prĂ©disposant dans la survenue ou la frĂ©quence des luxations de l’A.T.M.
  • 88. 88 Le taux de chĂ´mage relativement Ă©levĂ© de la jeunesse sĂ©nĂ©galaise, Ă  l’instar de celle de la plupart des pays en voie de dĂ©veloppement, permet d’expliquer cela. Le manque de moyens financiers ne leur permet pas de se faire rĂ©habiliter la cavitĂ© buccale en cas d’édentation partielle Ă©tendue, facteur incriminer dans la survenue ou la frĂ©quence des luxations de l’A.T.M. 5. Episode inaugural : Dans un (1) cas sur deux (2), il s’agit d’une rĂ©cidive d’une luxation de l’A.T.M. Cela est conforme avec les donnĂ©es de la littĂ©rature [43]. Cela implique la nĂ©cessitĂ© d’une prise en charge adĂ©quate avec accompagnement après un premier Ă©pisode de luxation de l’A.T.M. Le praticien doit expliquer au patient sa maladie, les facteurs de risque, notamment les Ă©dentations Ă©tendues non compensĂ©es qui doivent impĂ©rativement nĂ©cessiter une rĂ©habilitation par Prothèse pour retrouver une occlusion correcte. Dans tous les cas, ceci justifie amplement une consultation en Stomatologie après tout Ă©pisode inaugural du fait de la nature polyfactorielle de la pathologie (laxitĂ© ligamentaire, Ă©dentation Ă©tendue, bâillement,…) qui dĂ©termine la frĂ©quence d’une luxation de l’A.T.M. 6 .DĂ©lai entre la survenue de la luxation et la consultation : Bien que la consultation ait lieu dans les sept (7) premiers jours dans 68,2% des cas, le dĂ©lai moyen de cinq (5) est plus qu’excessif. L’idĂ©al est que le patient soit vu immĂ©diatement et rĂ©duit sans dĂ©lai dans les heures qui suivent. C’est le cas en Occident oĂą les gens sont plus instruits et la rĂ©partition des services sanitaires spĂ©cialisĂ©s plus dense (un ou plusieurs services de Stomatologie dans
  • 89. 89 chaque localitĂ© importante). LĂ -bas, toute victime d’une luxation de l’A.T.M. peut soit joindre directement son mĂ©decin traitant, soit consulter dans un service d’Urgences, soit appeler un numĂ©ro spĂ©cial pour faire dĂ©placer le S.A.M.U. ou les sapeurs pompiers. Ceci n’est pas Ă©tonnant quand on sait que la population est relativement âgĂ©e et qu’il peut arriver qu’un couple de vieillards vive seul sans moyens logistiques pour aller jusqu’à l’hĂ´pital. En Afrique en gĂ©nĂ©ral, et au SĂ©nĂ©gal en particulier, du fait d’un dĂ©ficit criard en stomatologistes et de l’éloignement des centres spĂ©cialisĂ©s, on gagnerait Ă  ce que, dans chaque district sanitaire, au moins, les mĂ©decins et les chirurgiens- dentistes sachent parfaitement rĂ©duire les luxations de l’A.T.M. Ceci est valable pour les hĂ´pitaux rĂ©gionaux oĂą tous les praticiens mĂ©dicaux et tous les chirurgiens-dentistes sur place devraient savoir rĂ©duire une luxation de l’A.T.M. Du fait de l’étendue de certaines rĂ©gions du SĂ©nĂ©gal et du mauvais Ă©tat des routes ne permettant pas toujours de joindre les structures sanitaires de rĂ©fĂ©rence dans un dĂ©lai diligent, le fait de former le personnel paramĂ©dical : - infirmiers d’État, - sages-femmes d’État, - techniciens supĂ©rieurs en Odontologie, Ă  la prise en charge des luxations des luxations de l’A.T.M. permettrait de rĂ©soudre ce genre de genre de problèmes sans que les patients n’aient Ă  se dĂ©placer vers les centres de rĂ©fĂ©rence. Les consultations qui ont eu lieu après une semaine sont le fait de malades âgĂ©s ou habitant une localitĂ© Ă©loignĂ©e du service et dont le traitement n’a pu ĂŞtre rĂ©alisĂ© par le mĂ©decin. Elles sont Ă©galement dues Ă  l’ignorance quand elles ne sont pas mises sur le compte de forces occultes. Elles sont aussi le fait de personnes prĂ©sentant des luxations rĂ©cidivantes Ă©voluant depuis de longues annĂ©es et qui se rĂ©duisaient spontanĂ©ment. Enfin ces consultations sont
  • 90. 90 Ă©galement en rapport avec des luxations mĂ©connues lors d’actes mĂ©dicaux (extractions dentaires, fibroscopie digestive, intubation lors d’anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale...). Contrairement Ă  J. MERCIER et COLL. [29] qui ont observĂ© plusieurs cas chroniques dont un de plus de 12 mois, nous n’avons pas relevĂ© de luxation de plus de 12 mois. La jeunesse de la majoritĂ© des patients de cette Ă©tude et le caractère invalidant de cet accident expliquent la relative prĂ©cocitĂ© consultations. Le fait qu’il y ait eu un cas de luxation avec vomissements gravidiques doit pousser les sages-femmes d’Etat Ă  apprendre la manĹ“uvre de NĂ©laton et le fait pour elles de savoir rĂ©duire permet d’éviter une rĂ©fĂ©rence dans une structure plus importante, ce d’autant plus qu’il est arrivĂ© que lors de vocifĂ©rations pendant l’accouchement, des parturientes se luxent les A.T.M. Si cet incident survient dans une structure sanitaire avec un mĂ©decin ou un dentiste sachant rĂ©duire une luxation de l’A.T.M, elle pourrait faire appel Ă  eux ; mais,si cela se passe dans un poste de santĂ©,oĂą il n’y a ni mĂ©decin,ni dentiste,elle serait dans une situation dĂ©licate ;elle serait alors le dernier recours au niveau local. 7. DĂ©lai entre la luxation et rĂ©duction : La diffĂ©rence de deux (2) jours en moyenne entre la consultation et la rĂ©duction confirme le fait que les praticiens ont souvent du mal Ă  rĂ©duire les luxations de l’A.T.M. mĂŞme si le diagnostic est fait Ă  temps. Si dans les premiers centres d’accueil les patients Ă©taient pris en charge correctement, cela permettrait de gagner deux (2) jours, ce qui n’est pas nĂ©gligeable. Cela pose le problème de la formation mĂ©dicale de base oĂą les enseignements sont facultatifs : les Ă©tudiants n’ayant pas assistĂ© au cours sur les luxations de
  • 91. 91 l’A.T.M. ont toujours plus de mal Ă  gĂ©rer cette pathologie. Ces Ă©tudiants, devenus mĂ©decins, traĂ®nent des lacunes que seule un enseignement post- universitaire peut combler. 8 . Le type de luxation : Toutes les luxations observĂ©es sont de type dynamique antĂ©rieur bloquĂ©. Dans 85,71% des cas, il s’agit de luxations bilatĂ©rales. Cela est conforme aux donnĂ©es de la littĂ©rature (1, 29,30, 36]. Les luxations unilatĂ©rales de l’A.T.M. sont souvent post-traumatiques [32, 46]. 9 . Étiologie : a) Facteurs dĂ©clenchants : Plus de 38% des luxations sont survenues au cours d’un acte physiologique exagĂ©rĂ© en l’occurrence, le bâillement. Les causes iatrogènes (soins dentaires, intubation prolongĂ©e en rĂ©animation) avec 8% occupent une part non nĂ©gligeable dans les facteurs dĂ©clenchants. Il s’agit de manoeuvres odontologiques ou mĂ©dicales nĂ©cessitant une ouverture buccale forcĂ©e. Pour ces luxations d’origine iatrogĂ©ne, Ă  dĂ©faut de pouvoir les Ă©viter,les praticiens devraient pouvoir les rĂ©duire immĂ©diatement ou faire le diagnostic et rĂ©fĂ©rer les patients chez un spĂ©cialiste .Les spĂ©cialistes concernĂ©s sont :les chirurgiens-dentistes(soins dentaires) ,les anesthĂ©sistes(intubations),les gastro- entĂ©rologues(endoscopies digestives).
  • 92. 92 b) Facteurs prĂ©disposants : Nous avons notĂ© chez 95,23% des malades, des Ă©dentements non compensĂ©s, des dents Ă  l’état de racines et des dents en malposition. Le système manducateur ou odonto-stomatognathique est composĂ© de 3 Ă©lĂ©ments : les dents et les structures parodontales, les articulations temporo-mandibulaires (A.T.M.) et un système neuro-musculaire extrĂŞmement sensible [1, 10]. Ces 3 Ă©lĂ©ments sont interdĂ©pendants : la perturbation de l’un d’entre eux a des rĂ©percussions sur les autres Ă  moyen ou Ă  long terme [10, 21, 30]. L’A.T.M. constitue le système articulaire le plus complexe de l’organisme [10]. Les Ă©dentements non compensĂ©s, les restaurations occlusales dĂ©bordantes, les mouvements dentaires, le prothèses inadaptĂ©es, l’erreur ou l’échec d’un traitement orthodontique ainsi que les fractures mal consolidĂ©es de la sphère maxillo-faciale par les modifications qu’ils occasionnent au niveau de la courbe de SPEE, sont les principaux facteurs dĂ©stabilisateurs des A.T.M. [1, 10, 21, 22, 30, 39]. En effet, le dĂ©sĂ©quilibre au niveau de l’appareil odonto-temporo - mandibulaire entraĂ®ne une perturbation au niveau neuro-musculaire qui, elle- mĂŞme, est responsable d’une hyperlaxitĂ© des A.T.M. Cet Ă©tat va exposer celles- ci aux luxations [30, 36, 39].
  • 93. 93 Photo n° 8 : Les dĂ©labrements dentaires Ă©tendus, nuisibles Ă  l’occlusion : un facteur favorisant Ă©quivalent Ă  une Ă©dentation Ă©tendue. 10. Aspect gĂ©nĂ©ral de la denture : L’examen Odonto-Stomatologique a permis de constater que : Seuls 2 sujets (soit 2.86%) avaient une denture complète. Mais, ceux- ci prĂ©sentaient des dents de sagesse en malposition. 1 patiente (soit 1,43%) Ă©tait Ă©dentĂ©e mais appareillĂ©e. Elle portait un bridge de 31 Ă  38 et de nombreuses restaurations Ă  l’amalgame dĂ©bordantes. 65 patients (soit 92,86%) prĂ©sentaient un mauvais Ă©tat bucco-dentaire avec du tartre, des polycaries, des dents Ă  l’état de racines, des dents
  • 94. 94 absentes suite Ă  des avulsions ou Ă  des atteintes parodontales et des dents en malposition. Une des patientes dĂ©ficientes mentales dont la photo figure ci-dessous est un exemple type de ce que nous venons de souligner. Photo n° 9 : patiente Ă  hygiène bucco-dentaire nĂ©gligĂ©e.
  • 95. 95 parmi les 70 personnes de notre Ă©tude, il y avait deux (2) Ă©dentĂ©s quasi-totaux soit 2.86%. La rĂ©duction chez ces patients Ă©dentĂ©s doit tenir compte de l’anatomie de la personne Ă©dentĂ©e avec un os alvĂ©olaire involuĂ© et souvent un os mandibulaire ostĂ©oporotique. Dans ces conditions, les repaires ne sont plus les mĂŞmes. B. THÉRAPEUTIQUE : Le traitement a consistĂ© : d’abord, en la rĂ©duction des luxations de manière orthopĂ©dique (par la manoeuvre de NELATON), ensuite, en une mise en l’état de la cavitĂ© buccale par des soins parodontaux (motivation Ă  l’hygiène bucco-dentaire, dĂ©tartrage essentiellement), la rĂ©fection des obturations dĂ©bordantes le traitement des dents cariĂ©es, l’extraction des racines rĂ©siduelles et des dents de sagesse en malposition, et enfin, par la compensation des Ă©dentements Ă  l’aide de prothèses. La thĂ©rapeutique est, Ă  la fois, prĂ©ventive et curative. 1) Traitement prĂ©ventif : Il s’agit d’amener les patients Ă  s’intĂ©resser Ă  leur hygiène bucco-dentaire. Il faut les motiver Ă  se faire confectionner rapidement une prothèse après toute Ă©dentation. Pour l’odontologiste ou le stomatologiste, il s’agit d’éviter les obturations dĂ©bordantes, les extractions dentaires hâtives (des dents de 6 ans notamment) et les prothèses inadaptĂ©es.
  • 96. 96 Pour les autres manoeuvres mĂ©dicales nĂ©cessitant une ouverture buccale exagĂ©rĂ©e, le praticien devra les exĂ©cuter avec douceur. 2) Traitement curatif : Il repose sur la manoeuvre de NELATON (dans 98.57% des cas) complĂ©tĂ©e par une rĂ©habilitation occlusale afin d’équilibrer le système odonto- stomatognatique. La plupart des patients, soit 44.29%, ont Ă©tĂ© rĂ©duits manuellement, sans anesthĂ©sie. C’est ce qui se fait classiquement [ 2, 39, 40, 41, 42, 43, 47]. Vu le dĂ©lai moyen de consultation de nos patients qui est de cinq (5) jours, les conditions de rĂ©duction manuelle sans anesthĂ©sie deviennent plus difficiles du fait d’un dĂ©but de fibrose et souvent d’une dĂ©chirure musculaire. Une infiltration au niveau de la rĂ©gion prĂ©-tragienne et au niveau des muscles Ă©lĂ©vateurs de la mandibule permet un relâchement qui favorise l’abaissement et la rĂ©tropulsion lors de la manĹ“uvre de NĂ©laton.
  • 97. 97 Photo n°10 : infiltration au niveau de la rĂ©gion prĂ©-tragienne C’est dans ces cas que la mise en place d’une fronde occipito-mentonnière est utile pour Ă©viter une rĂ©cidive immĂ©diate et permettre une cicatrisation dans la semaine. Dans un seul cas, nous avons Ă©tĂ© amenĂ© Ă  faire une manĹ“uvre de NĂ©laton sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale chez une patiente vue une dizaine de jours après l’accident et chez qui, une manĹ“uvre de NĂ©laton sous anesthĂ©sie locale avait Ă©chouĂ©. La patiente a finalement Ă©tĂ© rĂ©duite sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale avec une administration de curare, en plus des drogues usuelles permettant un relâchement musculaire plus propice Ă  la rĂ©duction. Une fronde a aussi Ă©tĂ© mise en place. Ce cas limite de presque deux (2) semaines constitue une frontière entre les luxations rĂ©centes de l’A.T.M. et celles dites nĂ©gligĂ©es oĂą le recours Ă  la chirurgie sanglante est indispensable pour remettre les A.T.M. en place.
  • 98. 98 Dans la mĂŞme pĂ©riode d’étude, il y a eu un cas de luxation nĂ©gligĂ©e de l’A.T.M. qui Ă©manait de la Mauritanie. 3. Pose de fronde : Photo n° 11 : patiente avec fronde occipito-mentonnière après rĂ©duction. Dans la moitiĂ© des cas, soit 51%, on a eu recours Ă  une fronde occipito- mentonnière pour stabiliser la rĂ©duction et favoriser la cicatrisation. La fronde est, en gĂ©nĂ©ral, conservĂ©e sept (7) Ă  huit (8) jours et on utilise, pour sa confection, des bandes Velpeau. L’utilisation de la bande Velpeau a notre
  • 99. 99 prĂ©fĂ©rence du fait de son caractère atraumatique et de son Ă©lasticitĂ© qui permet le maintien du condyle mandibulaire dans la cavitĂ© glĂ©noĂŻde lors de l’ouverture buccale. Ces deux (2) caractères sont d’autant plus importants qu’il faut Ă©viter un bandage trop serrĂ© qui entraĂ®nerait des troubles respiratoires ou qui empĂŞcherait le malade de s’alimenter. 4. Qualification de la personne ayant effectuĂ© la rĂ©duction : Cinquante trois patients ont Ă©tĂ© pris en charge par un mĂ©decin spĂ©cialiste du service, soit 75.71% des malades mais un nombre non nĂ©gligeable a Ă©tĂ© rĂ©duit par les chirurgiens-dentistes, soit 20%. Ceci reflète notre point de vue selon lequel tout mĂ©decin ou tout chirurgien-dentiste doit pouvoir rĂ©duire une luxation de l’A.T.M. Dans le lot des patients, un a Ă©tĂ© rĂ©duit par son mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste avant d’être adressĂ© au service de Stomatologie. Ceci est une bonne attitude dans la mesure oĂą il est nĂ©cessaire d’identifier les diffĂ©rents facteurs favorisants de la survenue des luxations de l’A.T.M., afin que celles-ci ne se reproduisent plus. Dans un cas, le malade a pu rĂ©duire lui-mĂŞme sa luxation et dans un autre cas, la rĂ©solution a Ă©tĂ© spontanĂ©e. Ce cas de rĂ©solution spontanĂ©e est très rare et il est nĂ©cessaire de consulter en milieu spĂ©cialisĂ© pour s’assurer que la luxation de l’A.T.M. est bien rĂ©duite et Ă©viter ainsi des problèmes ultĂ©rieurs.
  • 101. 101 Les luxations de l’articulation temporo-mandibulaire (A.T.M.) sont la perte permanente, plus ou moins complète, des rapports anatomiques normaux entre le condyle mandibulaire et le condyle temporal. Il est difficile d’apprĂ©cier la frĂ©quence des luxations de l’A.T.M. Beaucoup de patients qui en sont atteints s’en accommodent, bien qu’elles soient invalidantes. Qu’elles soient unilatĂ©rales ou bilatĂ©rales, antĂ©rieures ou postĂ©rieures, rĂ©ductibles ou non, les luxations rĂ©cidivantes de l’ A.T.M. sont, pour la plupart, la rĂ©sultante extrĂŞme d’une anomalie de fonctionnement condylo-mĂ©nisco- ligamentaire. Une luxation est dite nĂ©gligĂ©e si elle a fait un certain temps (souvent 10 Ă  15 jours) et que la rĂ©duction manuelle par la manĹ“uvre NĂ©laton s’avère impossible du fait du dĂ©lai trop long et qu’il faille recourir Ă  une mĂ©thode sanglante sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale. Nous nous proposons, Ă  travers ce travail, de dresser le profil Ă©pidĂ©miologique des luxations rĂ©centes de l’A.T.M., telles que vĂ©cues dans un centre de rĂ©fĂ©rence nationale en Chirurgie Maxillo-Faciale, afin de mettre en Ă©vidence l’importance de la prĂ©vention et de la prise en charge prĂ©coce de cette pathologie frĂ©quente en urgence traumatique. Les objectifs de notre travail Ă©taient de : dĂ©terminer la prĂ©valence des luxations rĂ©centes de l A.T.M. qui sont acheminĂ©es dans un service de rĂ©fĂ©rence nationale, et en dresser le profil Ă©pidĂ©miologique en tenant compte de l’âge, du sexe, du mĂ©canisme de survenue, du dĂ©lai entre la survenue de l’accident et la prise en charge effective, des modalitĂ©s de prise en charge, …