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lundi, 18 novembre 2013

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Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Musée
de la Création Franche

C'est dans six jours. Une journée entièrement
consacrée à la recherche autour des fanzines (petite
presse en auto-édition) spécialisés dans l'art brut.
L'initiative en revient à Déborah Couette du CrAB
(Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au
Musée de la Création Franche à Bègles où se tiendra la
journée d'études. Plusieurs intervenants, dont mézigue,
sont attendus là-bas. Voici du reste le programme et les
intentions des concepteurs de cette journée:

À propos

(A propos = projet du
blog + adresse pour
contact)
.
"A contrecoeur, Will se
tourna vers le couteau et
le prit. Il s'agissait d'un
poignard d'aspect banal,
avec une lame à double
tranchant (…) « Ce côtéci, déclara Giacomo
Paradi, en frôlant la lame
avec le manche d'une
cuillère, peut couper
n'importe quel matériau
existant. » (...) « L'autre
côté de la lame, reprit le
vieil homme, possède des
pouvoirs plus subtils.
Grâce à lui, tu peux
même découper une
ouverture dans ce monde.
» (...) « Tu cherches une
ouverture, si minuscule
que tu ne peux pas la
voir à l'oeil nu, mais la
pointe du couteau saura
la trouver, si tu
l'accompagnes avec ton
esprit. Sonde le vide,
tâtonne dans l'air, jusqu'à
ce que tu sentes cette
infime déchirure dans le
monde... »" "A la Croisée
des Mondes, La Tour des
Anges" (tome II), Philip
Pullman, 1997

Notes récentes
Une étrange roche
sculptée en forêt de...
Apparition de FatimaAzzahra Khoubba
Fanzines... d'art brut?
Rendez-vous samedi 23...
André Stas bouffe du
curé
Encore un jeu, pour
porter chance cette fois
A Carquefou, Ruzena et
Jean Branciard...
Monsieur X quelque part
à la fin des terres
Salon d'art alternatif,
Hôtel le A
Une lecture de textes
bruts à Bordeaux
Martine Doytier, d'un
tableau revenant et de...

Des fanzines et des revues autour de l'art brut, il y
en a eu, il y en a encore. Mais entièrement consacrés à
l'art brut au sens strict du mot, à part les premières
plaquettes éditées par la Galerie René Drouin en 194748, les publications en jargon de Dubuffet, puis les
fascicules édités depuis le début des années 1960 sous

Rechercher

Ok

Novembre 2013
D

L

M

M

J

V

S
l'égide de la Compagnie et de la Collection d'Art Brut,
on ne peut pas dire qu'il y en ait eu véritablement.
Toutes celles qui parurent, jusqu'à aujourd'hui, du
Bulletin des Amis d'Ozenda, en passant par la Chambre
Rouge, l'Art immédiat, Les Friches de l'Art, Gazogène,
jusqu'à Zon'art et Création Franche, toutes ne parlèrent
pas exclusivement d'art brut, mais aussi et surtout des
alentours aussi bien, des formes d'art apparentées (art
naïfs, habitants-paysagistes, graffiti, art modeste,
inclassables etc.) en se référant également à des artistes
singuliers rangés ailleurs dans la Neuve Invention (à
Lausanne) ou dans la création franche (à Bègles).
Comme si le concept d'art brut leur paraissait trop
restrictif, trop ghettoïsant...

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Tags populaires

Bruno
Montpied
Art singulier
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Bulletin de l'Association Les Amis de François Ozenda

Environnements
spontanés art
brut Art

populaire insolite

Noms
prédestinants

Art Immédiat

éloge des jardins
anarchiques Art
naïf abbé Fouré

HabitantsPaysagistes

Poésie
naturelle

Emmanuel
Boussuge

Création
Franche
Commentaires récents
Le sciapode sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...
Le sciapode sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...
Le sciapode sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...
Félicie Corvisart sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...
L'aigre de mots sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...

La Chambre Rouge fut mon premier fanzine un peu sérieux, qui s'intéressait à la fois au
surréalisme dans ses aspects les plus vivants, aux fous lttéraiires, aux divertissements
littéraires, à la sculpture populaire, à l'art rustique moderne (Gaston Mouly et ses "dessins"
ci-dessus évoqués sur la couverture du n°4/5 de 1985, bien avant que Gérard Sendrey
ne rencontre, sur mon instigation, le même Mouly et ne s'attribue par la suite la
responsabilité d'avoir poussé Mouly vers le dessin...)

Le n°2 et le n°1 de L'Art Immédiat, ma deuxième revue, de 94 et 95, cette fois plux
axée sur les arts populaires spontanés

Siger du Haryag sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...
Dan sur Une étrange
roche sculptée en forêt
de...
Isabelle Molitor sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...
max sur Y, le pays du
choix impossible
Régis Gayraud sur Une
étrange roche sculptée en
forêt de...

Bruno Montpied,
oeuvres (photoblog)
Création Franche

Veuillez cliquer ici pour
une petite visite sur ce
photoblog créé le 11
juillet 2013.

Catégories
Archives du peuple
singulier
Art Brut
Art collectif
Art contemporain
Art de l'enfance
Art des croûtes, art des
dépôts-ventes
Art forain
Art immédiat
Art inclassable
Art involontaire
Art moderne méconnu
Art naïf

Gazogène, le numéro plus récent, n°35

De plus, les publications de la Collection de l'Art
Brut, si elles sont bien de l'auto-édition du fait de la
Collection elle-même (dans la majeure partie des
fascicules, car les derniers en effet sont édités
conjointement avec In Folio éditions), ne sont pas à
proprement parler analogues aux "fanzines", éditions qui
se caractérisent généralement par une certaine pauvreté
de moyens, étant le fait de chercheurs et de passionnés
le plus souvent désargentés, indépendants des cercles
professionnels du journalisme et de l'édition.
Il était cependant tentant d'aller porter un peu
l'éclairage de ce côté, pour voir pourquoi il fut important
pour quelques passionnés en France –dont le signataire
de ces lignes, et animateur de ce blog, fait partie– de
faire de l'information sur les phénomènes non seulement
de l'art brut mais aussi de l'art naïf, de l'art populaire
rural, de l'art forain, de l'art populaire contemporain aussi
appelé art modeste, d'un certain surréalisme spontané, de
la littérature ouvrière, des fous littéraires, des
environnements spontanés, des cultures urbaines, de l'art
de la rue, des graffiti, etc. Il est tentant d'essayer de
comprendre aussi pourquoi il n'a pas été possible en
France, et ce jusqu'à présent, de monter une
grande publication périodique qui se consacrerait à
l'étude et à l'information sur tous ces aspects de la
créativité autodidacte spontanée, publication qui aurait

Art populaire
contemporain
Art populaire insolite
Art populaire religieux
Art singulier
Boîtes aux lettres insolites
Cinéma et arts
(notamment populaires)
Confrontations
Correspondance
Curiosités et
divertissements langagiers
Danse macabre, art
funéraire
DICTIONNAIRE DE
CITATIONS DU
POIGNARD SUBTIL
Enseignes fautives mais
suggestives
Environnements spontanés
Fantastique social
Fous littéraires ou écrits
bruts
Galeries ou musées bien
inspirés
Graffiti
Guide du sciapode
fait appel à toutes sortes de plumes. Ne seront pas non
plus évoquées, très probablement, et ce sera dommage,
toutes les publications encore moins spécialisées sur les
arts populaires, pas nécessairement des fanzines aux
pauvres atours, mais qui ont cependant régulièrement
publié des informations sur tel ou tel sujet qui
appartenait au corpus, comme les revues Plein Chant,
SURR, Jardins, voire les magazines L'Œil, Artension,
L'Oeuf Sauvage (par exemple). Des fanzines
d'aujourd'hui comme Recoins et Venus d'Ailleurs (très
soigneusement édité ce dernier), sans se braquer sur l'art
populaire ou brut, savent de temps à autre accueillir des
articles sur le sujet. Il faudrait donc ouvrir plus largement
le compas et s'interroger sur l'ensemble des articles ou
études publiés ici et là sur le thème des arts
d'autodidactes inventifs.

Hommages
Images cachées, images
délirantes?
Inscriptions mémorables
ou drôlatiques
Jeux
L'oeil du Sciapode
Le conte en rapport avec
d'autres expressions
Lexique et définitions des
arts populaires
Littérature
Littérature jeunesse
Marine populaire et
singulière
Musiques d'outre-normes
Napoléon et l'art
populaire
Noms prédestinants
Papillons de l'immédiat
Paris populaire ou insolite
Photographie
Poèmes choisis du
sciapode
Poésie naturelle ou de
hasard
Questionnements

Annonce de la publication de la revue Recoins n°5 (avec plusieurs articles concernant les
arts populaires et les environnements spontanés), parution 2013

Sciapodes
Sur la Toile
Surréalisme

Sans compter que d'ici très peu de temps, il faudra
aussi que nos amis universitaires et archivistes se
penchent avec suffisamment de documentation numérisée
sur les blogs qui ont pris le relais avec vigueur des
publications sur papier (comme l'auteur de ce blog qui
put grâce à ce médium donner toute l'ampleur qu'il
souhaitait à la masse d'informations dont il disposait, une
fois passée l'époque "héroïque" des premiers fanzines des

Véhicules créatifs

Textes en vert:
Textes dûs à des
collaborateurs extérieurs

Principes
Nous acceptons le droit
années 80 et 90).

de réponse chez tous

Pour suivre cette journée, il semble prudent de réserver auprès
du Musée de la Création Franche.

redire aux notes les

00:27 Publié dans Archives du peuple singulier, Art Brut, Art forain, Art immédiat, Art
inclassable, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art singulier,
Environnements spontanés, Fous littéraires ou écrits bruts, Graffiti, Surréalisme | Lien

ceux qui trouveraient à
mettant en cause dans la
limite des dimensions du
texte les concernant.
Nous donnerons l'origine

permanent | Commentaires (12) | Envoyer cette note | Tags : fanzines, art brut, art singulier,

de nos images dans la

surréalisme spontané, la chambre rouge, l'art immédiat, collection de l'art brut, création

mesure du possible. Si

franche, crab, déborah couette, zon'art, ozenda, recoins, gazogène |

certains ayant droits se

Imprimer

trouvaient en désaccord, il

samedi, 02 novembre 2013

Monsieur X quelque part à la fin des terres
A Benoît et Darnish qui m'accompagnèrent joyeusement en ce bout des terres

suffit de nous le signaler
et les images seront
retirées. En sens inverse,
si certaines des images
dont nous possédons les
droits ou certains de nos
textes étaient repris sur

Ce créateur, se définissant volontiers comme
« asocial », et non pas « anarchiste », ne veut pas qu’on
le nomme ni qu’on le situe sur la carte, même si certains,
ayant voulu parler de lui, n’ont pas respecté cette
demande (et que donc son nom traîne ici et là).

d'autres sites ou blogs,
nous demandons
simplement à être cités.
Il va de soi qu'en cas de
reproduction de nos
écrits, nous demandons à
ce que ces derniers ne
soient pas tronqués de
façon inconsidérée, voire
pire, ne soient pas
remontés dans un autre
ordre. En cas de
reproduction de nos
textes ou images sur
papier, prière de
demander notre
autorisation au préalable.

De doux liens
ABCD: Art Brut
Connaissance et Diffusion

Monsieur X., ce qui dépasse de la haie côté route... ph. Bruno Montpied, 2013

Ancien marin ayant passablement bourlingué sur

Anonymous works (blog
américain, curiosités et
art populaire...
Arcane 17, blog sur le
surréalisme de Fabrice
les mers (il habite à quelques encablures de falaises
surplombant vertigineusement l’océan), ayant également
tâté des Beaux-Arts, et parcouru la France dans sa
jeunesse pour parfaire son éducation d’artisan tel un
compagnon, possédant quelques connaissances en
architecture et dans la construction des voiliers,
« monsieur X » a créé depuis trente-cinq ans autour de
sa petite maison traditionnelle bretonne un ensemble
harmonieux et mystérieux de sculptures aux formes
recherchées et oniriques, tenant tantôt de l'os, tantôt de
l'épine ou bien encore de l'algue.

Pascaud
Archi libre
Art et marges musée,
Bruxelles
Art populaire et objets de
curiosité, le site de
l'experte Martine...
Art-singulier.fr (de tout
sans trier)
Association des amis de
l'oeuvre de l'abbé Fouré
(Joëlle Jouneau)
Association Hors-Champ,
les documentaires autour
des arts singuliers
Atelier Mas-les Genêts,
"art différencié"
Atlas obscura, blogcompilation des merveilles
et curiosités...
Belvert
BibliOdyssey, une
odyssée dans
l'iconographie des
bibliothèques...
Blog sur l'art singulier et
Jerzy Ruszczynski par
Frédéric Lux

Original belvédère comme gluant, adhérant à la maison d'habitation, et faisant une
transition de l'architecture traditionnelle bretonne à l'inventivité offerte dans le jardin dont il
garde un passage, ph. BM, 2013

Bohdan Litnianski, un site
sur un environnement
populaire en péril
CAPUT, la collection de
l'art populaire et de
l'underground tacite
Cococephalophily, la noix
de coco sculptée
Collection de l'art Brut
Lausanne
Costruttori di babele, le
site en italien de Gabriele
Mina
El Hombre Jazmin
(L'homme-jasmin), blog
espagnol sur l'art brut
et...
Envers, Chemins divers
de la poésie et de
l'imaginaire - La revue...
Fatrazie, Oulipo,
Pataphysique et
APTONYMES (les noms
prédestinants)
Gabriel Albert,blog de
Bernard Maingot
(actualités de...
Gabriel Albert: l'Inventaire
du patrimoine de PoitouCharentes

Monsieur X., vue de la maison en arrière-plan, flanquée d'un belvédère en angle, d'un
monument avec une femme nue étendue de tout son long sur une arche, ph. BM, 2013

"Onirique" n’est pas une épithète trop éculée en
ce qui le concerne, puisqu’il se revendique d’un certain
surréalisme, même si comme il le confie, après être allé
rencontrer certains surréalistes historiques à Paris dans
les années 50-60, il trouva ce milieu passablement
« embourgeoisé ». Il paraît avoir assisté, quelque peu
intimidé semble-t-il, à la cérémonie, organisée par Jean
Benoît entre autres et immortalisée par les photographies
de Gilles Ehrmann, visant à exécuter le testament du
Marquis de Sade. S’y sentit-il déplacé ? Il ne le précise
pas. Cependant, il se sent proche de ce mouvement. Ses
peintures, louchant du côté d’un certain fantastique aux
codes surréalistes peut-être un peu trop voyants, en
attestent, de même que, peut-être aussi, des écrits qu’il
évoqua à mots couverts durant notre bref entretien (on
trouve de temps à autre sur les sculptures diverses
inscriptions manifestant son goût pour la poésie ; voir cidessous la légende "Parfaite en beauté hautaine").

Gabrielle Decarpigny,
dessinatrice inspirée, le
site
Groupe de Paris du
Mouvement Surréaliste,
revue SURR...
Hervé Perdriolle et l'art
contemporain indien
Hors-Champ, l'association,
rencontres autour du
cinéma et des arts...
Jean Branciard, et son
site Véhicules rouillés
Jean-Michel Chesné, le
blog
L'IIREFL, le blog
La cellule d'écoute,
curiosités musicales
d'Eubée Recoins...
La Collection De
Stadshof, art naïf et
outsider
La Main de Singe,
littérature, curiosités...
La Passerelle, sur les
oeuvres produites dans
leur atelier à Cherbourg
La vie palpitante
d'Antoine P.
Le Bathyscaphe
(A.Peuchmaurd et autres)
Le Blog de Thierry
Bucquoy, avec une belle
envolée anti-Banne
Le blog et les albums de
Coco Fronsac, artiste
modificatrice
Le Blog-Notes de
Laurent Lolmède
Le copain de Doisneau

Ph. BM, 2013

Mais ce sont surtout ses sculptures, arachnéennes,
effilochées, étonnantes dans leur apparent déséquilibre,
comme influencées par un nouvel Art Nouveau n’osant
pas dire son nom, qui retiennent l’attention par leur
évidente originalité. Les bras de ses statues s’effilent et
se transforment en racines comme bouturés directement
dans la terre. Un avorton grimpe sur une sphère éclairée
la nuit comme un étrange quinquet, enseigne de poète de
la fin du monde. Un étrange petit belvédère juché sur
une tourelle à l’angle de sa maison comme
perpétuellement sur le point de vaciller donne au site un
caractère de décor de rêve improbable au milieu de la
lande. Une arche supportant
une immense femme renversée
porte en son extrémité des
soufflets qui peuvent jouer des
notes de musique si on tire
correctement leurs ficelles (voir
ci-contre avec Darnish chef
d'orchestre), composant une
sorte de nouvel orgue d’un
autre Capitaine Nemo réfugié
dans les terres, survivant,
toujours résolument à l’écart
d’une société qu’il vomit avec
ses valeurs indexées sur le profit, la vanité et la gloire.

Le FIDAN, un fonds de
documentation italien sur
l'art naïf...
Le site web de Philip
Pullman (en anglais of
course)
Le tampographe Sardon
Les beaux dimanches,
vagabonder en compagnie
de Laurent Jacquy
Les idioties d'Anne
Marbrun
Les inspirés du bord des
routes
L'Alamblog, le blog d'Eric
Dussert
Maîtres de l'art populaire
(au Québec)
Marc Grodwohl
Modillons indécents, le
site de Joël Jalladeau sur
l'art roman
Monch, photographe de la
poésie naturelle retouchée
Musée Rural des arts
populaires de Laduz Collection Humbert
News of the Wens, un
blog de graphiste
Nouvelles-Hybrides, une
Le style Art Nouveau de ses œuvres en plein vent faisant
penser au décor du Nautilus dont des fragments se
seraient perdus dans la lande.

revue à suivre
Osservatorio Outsider
Art, site en italien, et
revue en ligne
Outsider environments
Europe, site sur les sites
d'autodidactes en...
Paisibles chasseurs de
portails-papillon
Paris secret et insolite, le
blog de Rodolphe
Trouilleux
Playboy Communiste, le
blog consacré au
Griffonneur de Rouen
Serge Paillard, l'art de
voir dans les pommes de
terre

La "sainte" vue par monsieur X., accueillant le mort, ph. BM, 2013

Certes, monsieur X par le style cultivé de ses
sculptures tranche avec les environnements populaires
que je préfère usuellement. C’est sans compter avec la
naïveté de certains de ses personnages, et l’aspect
débridé profondément original de l’ensemble, le goût très
fort de l'analogie appliquée à la conception de ses
sculptures, la grande poésie de l'ensemble. Autodidacte
surréalisant, cet ancien marin breton, réfractaire à l’ordre
établi, est à la croisée des créateurs purement naïfs ou
bruts¹ et des créateurs de décors excentriques
primitivistes (comme celui de Robert Tatin par exemple
dans la Mayenne, dont on pourrait facilement rapprocher
sociologiquement monsieur X).

Site de l'Association
l'Aracine
The Robber Bridegroom,
blog du SLAG (surré
londoniens)
Tour de table, l'animationlecture à Paris
Venus d'ailleurs

Albums photos

A l'écart, des Singuliers,
une exposition virtuelle

Photographies ready-made
trouvées par Jean-Pierre
Willems
Marcello Cammi à
Bordighera (Italie)

Croix de chemin

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Monogramme de Monsieur X. sur le mur de sa maison, ph. BM, 2013

_____

Envoyer

¹ A noter que monsieur X, durant notre entretien avec lui, tint à se
distinguer nettement de l'art brut auquel il ne pense pas devoir être
rattaché.
Merci à Benoît Jaïn, à Alain Nempont et enfin à Thérèse Barbier qui
tous successivement, à différentes époques, m'ont envoyé des photos
pour me signaler ce site qui se veut pourtant discret...
12:05 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Environnements spontanés,
Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : finistère, art
nouveau, capitaine nemo, nautilus, autodidacte surréaliste, poésie, bretagne insolite, benoît
jaïn, darnish |

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dimanche, 27 octobre 2013

Salon d'art alternatif, Hôtel le A

Enigmatique appellation, isn't it? Ce serait pourtant
l'exacte traduction d'"Outsider Art Fair", ce salon
organisé par Andrew Edlin, par ailleurs directeur de la
galerie du même nom à New York, galerie qui se
consacre à diverses découvertes classables ou non dans
l'art brut.
On sait qu'aux USA, le terme d'art brut est
difficilement traduisible, et pas seulement le terme, mais
la notion elle-même. On lui préfère "outsider art" qui sert
à regrouper dans un vaste pot-pourri l'art des pionniers
(limners naïfs américains des XVIIIe et XIXe siècles),
art populaire, art des environnements, et art d'individus
autodidactes
marginaux
(pensionnaires
d'asiles,
médiumniques, et une sacrée tripotée de zinzins mysticovisionnaires, qui paraissent florissants aux States).
Derrière cette étiquette, mêlés sans aucun distingo aux
créateurs autodidactes non artistes professionnels, se
cachent cependant aussi toutes sortes d'artistes en voie
de professionnalisation, visionnaires étranges, marginaux
à l'intérieur de l'art contemporain, que l'on aurait pu aussi
bien voir revendiqués par le surréalisme en un autre
temps.

Les Américains ont donc décidé de venir à Paris
pour quatre jours (ça se termine ce dimanche) rassembler
dans un petit hôtel quatre étoiles de six étages, rue
d'Artois, à deux pas des Champs-Elysées et de la FIAC,
24 galeries plus ou moins spécialisées dans les divers
champs de ce qu'ils appellent l'art outsider, galeries
venues d'Amérique ou d'Europe. Le prix d'entrée est du
même genre qu'à la FIAC, 15€, pour venir voir si l'on
peut dépenser plus dans les galeries présentées (!), et
encore plus cher pour avoir le droit de venir au
vernissage (re-!). Tout ça n'étant pas, comme s'en
convaincront les lecteurs du Poignard Subtil, very, very
democratic. Il fallait certes rembourser les frais de
location de l'hôtel 4 étoiles. Mais qui obligeait ces
messieurs à investir un hôtel si chic (autour de 500 € la
nuit d'hôtel)? Hormis la nécessité à leurs yeux d'offrir
l'art des miséreux, des aliénés et des souffrants de l'âme
aux privilégiés et aux favorisés de la vie (à la recherche
d'un peu de réalité et de bonne conscience
probablement?),
fréquentant
les
Champs
et
accessoirement croisant du côté de la FIAC proche?
Mais oublions ces propos un peu amers, et
reconnaissons aussi, comme Philippe Dagen dans
une chronique qu'il a donnée au Monde ces jours-ci, que
l'on pouvait vite oublier ce paradoxe lamentable au fur et
à mesure que l'on découvrait, grâce à nos coupe-files
(Dagen oublie de le dire), d'étage en étage, des créateurs
passionnants présentés de façon succincte mais fort
soigneusement. L'idée d'un hôtel, dans l'absolu, du reste,
était amusante et déroutante. Chaque galerie possédait
une chambre, le lit n'en avait pas été déménagé, les
œuvres se distribuaient tout autour, la situation, lorsque
la charmante hôtesse qui s'y trouvait vous ouvrait la
porte -comme me le fit remarquer RR que j'avais invité à
me suivre dans cette étrange foire- pouvant relever d'une
certaine confusion des sentiments. On entrait après tout
dans des chambres décorées d'art brut, invitées par une
charmante jeune fille, le lit trônant comme une invite au
centre de la pièce, certains pouvaient hésiter entre elle et
lui (l'art brut)...
Janet Sobel en action, 1948, Raw Vision n°44, ph. Ben Schnall

Janet Sobel, galerie Gary Snyder, New-York

Vingt-quatre heures se sont écoulées depuis que j'ai
fait une visite à ce salon. Qu'en surnage-t-il? Pas les
gribouillages de Dan Miller en tout cas, contrairement à
M.Dagen, que je trouve toujours bien trop proches
d’œuvres de la modernité plastique pour être honnêtes
(façon de parler...). Non, c'est avant tout la découverte
de Janet Sobel dont je n'avais jamais vu de peintures et
qui a fait l'objet d'un article apparemment fourni dans un
vieux numéro (le n°44) de Raw Vision vers 2003. Si j'ai
bien compris, je ne suis pas fortiche en anglais, cette
dame, Juive d'origine ukrainienne et émigrée aux USA,
disparue en 1968, fut à la fois perçue comme
appartenant à l'expressionnisme abstrait, ayant influencé
peut-être Pollock, et redécouverte comme une "outsider"
plusieurs années plus tard (une situation qu'elle partage
avec quelques autres grands aérolithes inclassables, tel
Jan Krisek par exemple). Ses œuvres sont tout à fait
remarquables. J'en montre ci-dessus et ci-dessous
quelques exemples que je dois à l'obligeance de la galerie
Gary Snyder qui la représentait dans ce salon.

Janet Sobel, sans titre, technique mixte sur papier
Janet Sobel, galerie Gary Snyder

Par contre, j'ai été fortement déçu par les photos
d'Eugen Von Bruenchenhein (par ailleurs aussi exposées
actuellement à la galerie Christian Berst à Paris, galerie
représentée à l'Outsider Art Fair), que finalement je
trouve assez banales, n'ayant pas d'intérêt, ni d'un point
de vue érotique, ni d'un point de vue photographique.
Ses meubles en os assemblés sont pour le coup bien plus
intrigants. Mais il n'y en avait pas à l'Hôtel le A.
La galerie d'Hervé Perdriolle montrait pour sa part de
l'art populaire indien contemporain, notamment toute une
série de petits papiers dessinés genre "patua", à fonction
magique, destinés par des peintres anonymes ambulants à
permettre aux défunts de se libérer des démons qui
auraient voulu traîner leurs âmes en enfer (je récite,
approximativement sans doute, la leçon que me fit la
charmante hôtesse de la galerie). Les patua sont aussi
des rouleaux narrant des histoires terrifiantes appuyant
visuellement les récits de conteurs-peintres
ambulants (voir ci-contre ce rouleau extrait
du site web de la galerie). La galerie d'Hervé
Perdriolle
donne
là-dessus
ses
éclaircissements.

Dessin de Radmila Peyovic, extrait du catalogue de l'exposition "Ai Marginali dello
Sguardo" de 2007 en Italie

Philippe Eternod et David Mermod formaient un
couple de galeristes extrêmement passionnés à un autre
étage, gambadant mentalement d'un créateur à l'autre
d'une manière tourbillonnante qui donnait l'impression
d'une valse aux murs tapissés de dessins d'Aloïse, de
Gaston Teuscher, de Jules Fleuri, de Raphaël Lonné,
d'Abrignani, de Radmila Peyovic, etc. Au milieu de cette
valse, apparut brusquement le visage du créateur ACM
qui me serra la pogne dans un flash ultra fugitif qui me
donna le regret de ne pas en savoir plus. Ces initiales
mystérieuses avaient tout à coup un visage.

Un dessin de Susan King, extrait d'un catalogue chez Marquand Books à Seattle
Richard Kurtz, extrait du site web du créateur

D'autres révélations me furent prodiguées, l'exboxeur Richard Kurtz au dernier étage chez Laura
Steward, les cahiers de croquis étonnants de la Néozélandaise Susan Te Kahurangi King qui métamorphose
constamment un petit personnage publicitaire de la
marque de soda Fanta, le vagabond David Burton (18831945) qui dessinait sur les trottoirs (il fit l'objet d'un sujet
dans les archives d'actualités de la firme Pathé, un beau
motif de quête pour l'ami Pierre-Jean Wurtz, ça, n'est-il
pas?), représenté par la galerie anglaise de Rob Tufnell,
le naïf grec Giorgos Rigas, représenté par la galerie
C.Grimaldis de Baltimore, et cet étonnant créateur brut,
Davide Raggio (voir ci-dessous l'œuvre sans titre de 59 x
47 cm de 1998), travaillant avec trois fois rien, des
matériaux fragiles à portée de main, friables, aux limites
de l'évanescence et de l'inconsistance, créateur qui s'est
fait connaître par ses figurations faites de peaux de
carton décollées et déroulées de manière à produire des
marquées par le sceau de
la précarité mais enfin fort
variées ce qui est rare chez
nos grands obsessionnels.
Enfin, chez Cavin
Morris,
galerie
newyorkaise,
on
pouvait
admirer du coin de l’œil
sur le mur et étalés sur la
courtepointe
quelques
magnifiques dessins de
Solange Knopf, œuvres que
j'aime
décidément
beaucoup.

silhouettes plus claires par
contraste avec la teinte
kraft plus sombre des
cartons. Sur le salon, on
en trouvait à la fois chez
Rizomi,
la
galerie
turinoise, et à la Galerie
lausannoise du Marché
chez Eternod et Mermod.
Ce créateur a ceci de
remarquable
qu'il
a
pratiqué en dépit de sa
situation d'enfermé (en
asile) diverses techniques
d'expression
toujours
Solange Knopf, Botanica, 2013
Solange Knopf, Spirit Codex, 180x100 cm, 2013

15:23 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Confrontations, Galeries ou
musées bien inspirés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (5) | Envoyer cette note
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knopf, galerie cavin morris |

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dimanche, 20 octobre 2013

Martine Doytier, d'un tableau revenant et de quelques autres
images...

Un correspondant a eu l'heureuse et aimable initiative
de me faire parvenir la reproduction d'un tableau de
Martine Doytier (née à Clichy en 1949 - disparue à Nice
en 1984), artiste à la fois naïve, visionnaire et aussi
crépusculaire, décédée bien trop tôt, dont l’œuvre excite
hautement ma curiosité.

Martine Doytier, coll. privée ; il semble que ce soit une scène de pique-nique, sujet que
Martine Doytier a par ailleurs traité au moins une autre fois, voir ci-dessous la carte
postale éditée par l'ancien Musée d'Art Naïf de Flayosc ; le tableau ci-dessus montre des
personnages qui je ne sais pourquoi me rappellent des scènes de la vie quotidienne dans
les Balkans... ; le paysage fascinant qui entoure les convives est traité de façon totalement
onirique
Martine Doytier, un pique-nique de nonnes...

J'ai déjà mis en ligne un autre tableau remarquable
de cette créatrice lorsque j'ai chroniqué l'exposition
montée autour du Facteur Cheval au Musée de la Poste
à Paris (en 2007). Je le replace ici, histoire de constituer
un petit socle qui ne demanderait qu'à être agrandi, avec
d'autres reproductions. Il semble qu'il n'y ait qu'à Nice et
dans sa région qu'on puisse en apprendre davantage sur
cette artiste, curieusement rattachée à l'Ecole de Nice
(Ben et autres) en dépit de son style très différent des
productions de cette Ecole. Le galeriste, photographe et
collectionneur niçois Jean Ferrero notamment paraît
conserver plusieurs œuvres de notre héroïne.
Martine Doytier, Hommage au Facteur Cheval, 1977, huile, 146x97 cm, coll. Jean
Ferrero, Nice

Voici une notice biographique sur Martine Doytier
qu'on trouve sur internet en se connectant au site du
Dictionnaire
Delarge
des
arts
plastiques
et
contemporains: "DOYTIER, Martine: née en 1947 à
Clichy, Hauts-de-Seine, France ; 1969, s'installe dans le
Var comme céramiste ; 1971, commence à peindre
après avoir visité l'exposition du peintre naïf Ozenda¹ ;
1973, vit à Carros, où le peintre populaire yougoslave
Paleicewik lui enseine des techniques ; 1974-1984, peint
un ou deux tableaux par an ; 1984, meurt le 16 février.
Techniques : Peintre - Sculptrice. Présentation :
En 1974, elle cesse d'être peintre naïf et elle opte pour
une peinture très construite dont les accumulations à la
Dado mènent au fantastique. Dans des amas de
constructions, de rochers ou d'objets se détachent des
personnages aux yeux écarquillés sous des paupières en
visière. Elle est aussi l'auteur d'une sculpture animée,
un automate, Le Briseur de montres (1975-1977).
Expositions : 1971, Art'O, Flayosc ; 1977, Biennale de
Menton. Rétrospective : 1994, Musée d'Art moderne et
d'art contemporain, Nice". Ajoutons cette précision
quant à cette "rétrospective", organisée pour
commémorer les dix ans de la disparition de l'artiste, et
ne paraissant pas avoir donné lieu à la publication d'un
catalogue, elle se déroula du 19 janvier au 6 mars.

Martine Doytier, tableau reproduit à très faible résolution sur le site de "l'Espace à
Débattre" de Ben Vautier ; on dirait une scène fantastique un peu utopique où des
militants de la cause des arbres s'ingénieraient à métamorphoser des arbres morts en
arbres refleurissant pour les replanter à l'arrière-plan du paysage... Très beau tableau
apparemment en tout cas.

_____
¹. J'ai signalé dans mon compte-rendu de l'expo autour du Facteur
Cheval que le cartel apposé à côté du tableau de Doytier d'hommage
au Facteur signalait que "le peintre naïf" qui avait stimulé notre
artiste de Nice était le Polonais Ociepka. La notice du catalogue de
l'expo reprenait par ailleurs la mention que c'était Ozenda le peintre
naïf en question. Ociepka, peintre visionnaire classé dans l'art naïf,
était plus plausible comme influence qu'Ozenda, plus hétéroclite dans
son expression et plus "singulier" que "naïf". Cela dit, est-il possible
qu'une expo Ociepka ait pu avoir lieu à Nice au début des années
70? Il serait évidemment plus réaliste de penser que cela ait été
Ozenda, le peintre stimulateur, puisqu'il fut souvent exposé dans cette
région à ces époques, notamment à la galerie d'Alphonse Chave à
Vence (ce pourrait même être là, en y réfléchissant, que Martine
Doytier aurait pu voir des créations d'Ozenda. Personne n'est venu
apporter d'éclaircissement sur la question depuis que j'ai fait cette
remarque, personne ne s'intéresse-t-il donc à cette artiste?
16:29 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (6) |
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visionnaire, art immédiat, facteur cheval, musée d'art naïf de flayosc, ozenda, ociepka |
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dimanche, 13 octobre 2013

Tromperie sur la marchandise (l'Hôtel de Ville de Paris et ses
impostures)

"Absolument excentrique", "Art brut", nous
matraquent les affiches de la nouvelle exposition de
l'Hôtel de Ville de Paris en ce moment rue de Rivoli.

Photo Bruno Montpied, 2013

Ah bon? Eh bien, cela fait à mon avis, réunis sur une
seule affiche, deux mensonges avec un parfum
d'imposture qui ne sont pas sûrs de rendre service à ceux
qu'on expose et veut défendre, à savoir toutes sortes de
personnes, plus de 160 "artistes", nous assure-t-on, "en
situation de handicap mental et/ou psychique issues de
de vingt-cinq ateliers de création médico-sociaux et
associatifs parisiens".
Cette exposition, dont on a par ailleurs soigné la
scénographie, présente des travaux d'ateliers collectifs où
règne en fait assez peu d'excentricité. A se promener
dans l'expo, on se dit que l'on y rencontre plutôt un bon
échantillon de références à l'art plastique moderne ou
contemporain, de l'expressionnisme Kokoschka édulcoré
à la peinture proche du graffiti à la Basquiat, du lettrisme
à l'art enfantin (l'art des handicapés mentaux s'en
rapprochant souvent), etc., le tout ne présentant aucune
originalité véritable (à part une ou deux exceptions
notables, voir dernier paragraphe de cette note). L'art
brut, revendiqué en titre, voire l'art naïf, on sent bien que
l'on (les animateurs des ateliers?) cherche parfois à en
rapprocher les créations de ces ateliers. En effet,
certaines manières, certaines caractéristiques de
composition que l'on rencontre souvent dans les œuvres
des collections d'art brut, comme le morcellement des
formes colorées cernées en noir par exemple, se
retrouvent ici et là, comme réemployées incidemment et
malignement, ce qui en fait des marqueurs de style et des
tics par voie de conséquence, alors que chez les bruts, il
n'y avait pas de volonté d'employer sciemment ces tours
de main.

Catalogue d'art moderne recraché? Expo "Absolument excentrique", 2013

Le public était nombreux lorsque je visitai cet espace
(un samedi). L'hôtel de ville est situé en plein centre de
Paris, et les mots magiques, si à la mode depuis quelque
temps, de "l'Art Brut", qui traînent partout, attiraient bien
évidemment le passant pas au courant. Mais les
connaisseurs, et je suis sûr qu'il y en a de plus en plus
depuis que d'autres expositions dans des lieux très en vue
(comme le "Museum of Everything" récemment à StGermain-des-Prés, les expos de la Halle Saint-Pierre, la
Maison Rouge, boulevard de la Bastille, le LaM à
Villeneuve-d'Ascq, etc.), ne peuvent que constater après
un rapide examen des œuvres présentées à l'intérieur
qu'on les a trompés sur la marchandise.
Il n'y a pas d'art brut rue de Rivoli... Les
organisateurs (un "Collectif Evénementiel Art et
Handicap") se sont parés de plumes qui ne leur
appartiennent pas. On a simplement affaire à une
présentation des travaux d'ateliers pour handicapés divers
comme il y en a déjà eu de nombreuses par le passé,
sans qu'il y eût besoin alors de se livrer à ce tour de
passe-passe.
Ce genre d'usurpation de terme en dit long sur
l'importance en réalité accordée par les organisateurs à
ce qu'est vraiment l'art brut. Comme s'ils se moquaient
en fait de savoir ce que c'est ou non. Leur seul but étant
de harponner le chaland à tout prix avec un titre
accrocheur. On se dit qu'il doit y avoir une entreprise de
communication spécialisée dans le marketing derrière
eux. Mais pas très finaude et plutôt mauvaise
communicante...
Ensemble de pièces en terre émaillée de Philippe Lefresne à l'exposition "Absolument
excentrique", 2013

Cela fait quelque temps déjà que la Mairie de Paris
pousse les associations et les centres d'aide par le travail
spécialisés dans les handicapés à exposer ici et là. Ce qui
paraît inquiétant, c'est son aveuglement concernant les
lieux parisiens qui s'occupent depuis bien longtemps, sans
l'avoir attendue, et parfois même gênés par elle -ce qui
est un comble!- de faire connaître l'art brut et ses formes
apparentées, comme la Halle Saint-Pierre dont la mairie
réduit sans cesse les subventions et augmente le loyer...
Sans doute faut-il deviner derrière une telle attitude ce
côté dogmatique des dirigeants parisiens cherchant à
imposer des choix sociaux guindés et artificiels qui ne
tiennent aucun compte des choix des individus, des
paroles venues d'en bas... Trop anarchiques pour eux,
sans doute.
Bouteille de Contrex aux ornements phalliques, selon Philippe Lefresne, exposée à la
Galerie Beckel-Odille-Boïcos en 2012 et pas à "Absolument excentrique", ph. BM

Ceci dit, pour ne pas finir sur une note trop
négative –aujourd'hui, on po-si-ti-ve, n'est-ce pas?–, il est
à remarquer qu'une fois de plus, comme dans l'exposition
"Exil" du Couvent des Cordeliers, se trouvent mélangés à
ces créateurs handicapés venus de tous horizons (leurs
ateliers ne sont pas spécifiés au cours de l'expo) certains
créateurs déjà repérés en provenance de l'ESAT de
Ménilmontant dont j'ai déjà eu l'occasion de dire tout le
bien que j'en pense (et qui, comme dans le cas de
l'exemple ci-après pourrait peut-être être cette fois
vraiment rangé dans une catégorie à part de l'art brut).
Comme l'excellent Philippe Lefresne (voir les deux
illustrations ci-dessus), créateur d'un style personnel et à
l'imaginaire débridé, bosseur invétéré (un camarade m'a
raconté que récemment il serait allé se plaindre dans un
commissariat qu'il voulait continuer à travailler le
dimanche dans l'atelier où il est salarié comme tous les
autres artisans handicapés -à signaler que tous touchent
un salaire identique quelque soient les prix atteints par
les œuvres des uns et des autres), métamorphoseur
d'images médiatiques qu'il passe à sa réjouissante
moulinette. Ou Fathi Oulad Ben Abid et ses sculptures
en raku que l'on avait remarquées au Carré de Baudouin,
pour les 40 ans de l'ESAT, et dans la galerie BeckelOdille-Boïcos près de la Bastille. Mais ils sont durs à
repérer. Mieux vaut encore aller les rencontrer là où ils
produisent dans les ateliers (peinture et poterie) de la rue
des Panoyaux dans le XXe ardt.
15:52 Publié dans Art contemporain, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier |
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hôtel de ville de paris, art des handicapés mentaux, philippe lefresne, fathi oulad ben abid,
esat de ménilmontant |

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samedi, 12 octobre 2013

Le visage d'Ali, le créateur oublié d'Essaouira
Ali, photo (détail) Patricia Allio, 2001, extrait du catalogue de l'exposition à Dol-deBretagne, "L'art brut à l'ABRI"

Donc nous voyons ci-dessus à quoi ressemblait le Ali
que le texte de Darnish, et le commentaire de Marianne
Boussuge-Brault, récemment mis en ligne sur ce blog
(voir ci-dessous), évoquaient. Cette photo fut publiée par
Patricia Allio dans le catalogue de l'exposition "L'art brut
à l'ABRI" qu'elle avait montée au Cathédraloscope de
Dol-de-Bretagne (étaient exposés: des sculptures de Jean
Grard, de Pierre Jaïn et de René Raoult, des peintures
d'Ali, d'Asman Saïd et d'un autre peintre inconnu
d'Essaouira, des photos d'Olivier Thiébaut, des cartes
postales de l'Abbé Fouré (venues de ma collection), des
peintures de Bruno Montpied, de Patricia Allio, des
assemblages d'os sculptés de Gaston Floquet, des
sculptures de Dominique Ronsin, et des "mécaniques
apprivoisées" de Dino Pozzo).

Ces deux peintures d'Ali (photo Bruno Montpied) étaient accrochées dans l'expo de Dolde-Bretagne en 2001 de même que la jarre peinte ci-dessous dont on voit les deux
personnages peints au pourtour (elle corrobore l'indication de Marianne Boussuge-Brault
qu'Ali affectionnait de peindre sur des supports variés, notamment en trois dimensions)
Pour faire bonne mesure, je remets ici, annobli en
texte de note, le témoignage de Marianne BoussugeBrault à propos de cette "Maison des Artistes" qui est à
Essaouira décorée avec des peintures d'Ali. Dommage
que l'hôte dont elle parle ait été si rétif que cela à ce
qu'elle puisse prendre des photos.
"A Essaouira au mois de septembre, nous avons logé
dans une maison d'hôte nommée la maison des artistes.
S'y trouve exposée l'œuvre géniale d'Ali (brèves
biographiques glanées auprès de notre hôte qui lui voue
un culte: plus ou moins SDF durant toute sa vie
(aujourd'hui terminée), ancien soldat de la guerre
d'Algérie dont il a gardé un profond traumatisme, a vécu
à la maison des artistes pendant un moment: le
propriétaire lui a laissé "carte blanche" dans la maison en
échange d'un toit, à manger et de leur amitié). Ali peint
sur tout et utilise tous les supports: fenêtre, tables,
chaises, toile etc. Des œuvres variées, parfois brutales
rappelant les horreurs de la guerre, parfois très colorées
et souvent oniriques. L'âne est une figure qui revient
dans la plupart de ses toiles. Nous n'avons pas pris de
photographies, notre hôte étant rétif à cette idée mais je
pense qu'il suffit de frapper à la porte ...et de découvrir
Ali." (Marianne Boussuge-Brault)

La salle de l'exposition "L'art brut à l'ABRI" où se trouvaient les œuvres de quelques
créateurs d'Essaouira, dont Ali, découverts par Patricia Allio (l'ABRI était le nom de –la
paradoxalement éphémère!– association qu'elle avait fondée avec Frédéric Nef dans le but
de protéger des créations d'art brut... ; autour étaient disposées des pièces sculptées de
Jean Grard, des photos, au fond, d'Olivier Thiébaut..., ph. BM, 2001

10:13 Publié dans Archives du peuple singulier, Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien
permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note | Tags : ali, essaouira, l'art brut à l'abri,
patricia allio, art brut marocain, olivier thiébaut, jean grard, bruno montpied, pierre jaïn, art
brut en bretagne, darnish |

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lundi, 07 octobre 2013

L'autre Biennale à Lyon, hors-les-normes paraît-il

C'était le dernier jour hier, choisi en mon honneur
puisque c'était la Saint-Bruno. Non, je plaisante. Pas sur
le fait que c'était le dernier jour cependant (enfin pas
pour toutes les expos qui se sont affiliées à ce
programme... Vous n'avez pas tout compris? Pas grave).
Je n'ai pas eu la
possibilité de la visiter de
fond en comble cette
biennale, prévue pour se
tenir en parallèle et peutêtre
(sûrement)
en
opposition à la Biennale
d'art contemporain qui a
lieu aussi à Lyon au
même moment, et qui
paraît véhiculer beaucoup
d'importance nulle. Si bien
qu'il ne dut pas être
difficile pour les organisateurs de l'Hors-les-Normes, la
"VeBHN", comme ils disent, de faire mieux. Prévue pour
s'exposer en 27 lieux (tout de même), cette Biennale qui
fête ses dix ans donc a réussi cette année à monter
quelques intéressantes exhibitions qui nécessitent que je
m'en fasse l'écho (l'expo de la galerie Dettinger sur
quatre créateurs marocains découverts à Tanger que j'ai
chroniquée il y a quelques jours se tient parallèlement à
cette BHN, sans faire partie pour autant de son
programme). J'ai relevé notamment dans ce programmedépliant, par exemple, au 5 rue Bonald dans le 7e ardt,
la galerie Korova Art Cubby Hall qui montrait des Jaber
(voir ci-contre ; en allant dans l'arrière boutique de ce
petit local au nom grandiloquent on pouvait aussi
découvrir des affiches peintes du Ghana, et des
Tokoudagba (une mami wata, ai-je rêvé? Je suis passé en
effet très vite, comme au pas de charge en compagnie
d'amis pressés)).
Juste à côté, dans une boutique de
tatoueur,
intitulée
-manie
de
l'invasion de notre pays par les mots
anglo-saxons- "In my brain" (18 rue
Bonald), se tenait une autre
exposition où une artiste répondant
au doux nom d'"Aup'titbazar", en
réalité de son autre nom Alice Calm,
montrait des sous-verres remplis de
cheveux
dessinant
de
folles
arabesques, parfois empesées d'on ne savait trop quelle
poisse blanche...

Alice Calm, sous-verre où dansent des cheveux (pas eu le temps de
demander si l'œuvre avait un titre, une date...), galerie "In my brain", Lyon
7e ardt, photo Bruno Montpied

Je n'ai pas vu la "sélection BHN" où exposait entre
autres l'ami Jean Branciard à l'Université Lyon 2 Campus
du Rhône (quai Claude Bernard Lyon 7e), mais je fais
confiance à Branciard pour avoir amené de ses esquifs et
autres assemblages brinqueballants toujours aussi
captivants. Pas vu non plus au Musée des Moulages,
cours Gambetta dans le 3e ardt, l'expo "Trouble pictural"
consacrée aux protégés français et belges de la
Pommeraie (Maurice Brunswick, Michel Dave, Paul
Duhem, Alexis Lippstreu, Jacques Trovic, Jean-Michel
Wuilbeaux, entre autres), mais je fais confiance là aussi
à cet atelier le plus connu d'Europe pour ses créateurs
inventifs malgré leurs différents handicaps.
Parmi les autres lieux, devaient
certainement être intéressants "le
singulier boudoir" installé à la mairie
de Lyon 3e ardt avec des œuvres de
Marilena Pelosi, Evelyne Postic, Joël
Lorand, Jo Guichou, Paul Amar, etc.
qui
avaient
été
prêtées
par
l'association Bab'Art venue du Gard,
ainsi qu'à la MAPRA, dans le 1er ardt,
l'expo "American folk art" montée par la revue
Gazogène et Jean-Michel Chesné qui ont tiré un numéro
spécial à ce sujet (le n°35 de la revue), les œuvres
présentées paraissant avoir été prêtées par Chesné.
Par contre, j'ai perdu beaucoup de temps à dénicher
une autre petite exposition perdue dans le hall de l'Ecole
Normale Supérieure située au métro Debourg (dans le 7e
ardt encore). Alain Dettinger m'en avait dit le plus grand
bien, à cause de la présence parmi les trois
exposants d'un certain Christopher Simmons, créateur
qu'il avait cotoyé en Australie dans les années 80, et qui
dessinait de façon primesautière sur des serviettes en
papier à l'exclusion de tout autre support. Cette ENS
laissait voir plusieurs de ses dessins effectivement
attachants et remarquables, dessins qui avaient été prêtés
par Alain Dettinger. Je me suis laissé dire que ce
Simmons a peut-être des dessins conservés à Lausanne,
est-ce vrai ? (A vérifier). La quête fut longue, mais la
découverte payante. A signaler que cette expo-là,
intitulée "Encrés dans l'invisible", se termine le 19
octobre. Enfin, saluons le fait que toutes les expos de
cette Biennale étaient, et sont, libres d'accès. En ces
temps où certains musées et autres Outsider Art Fair font
payer leurs entrées à des prix astronomiques anti
démocratiques (révélateurs du public auquel on destine
désormais l'art brut par une odieuse captation d'héritage),
c'est à marquer d'une pierre blanche...

Christopher Simmons, autoportrait à la coupe en brosse, env. 18x18 cm,
1980, coll. Galerie Alain Dettinger

10:17 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien
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tatoueurs, gazogène 35, jean-michel chesné, art brut américain, christopher simmons, alice
calm, jaber, la pommeraie, jean branciard, galerie alain dettinger, bab'art |

dimanche, 06 octobre 2013

Yves-Jules Fleuri refait l'histoire de l'art

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Il faut tout de même que je dise où et pourquoi j'ai
choisi cette peinture du Caravage modifiée par YvesJules Fleuri de l'Atelier Campagn'Art que j'ai proposée à
en énigme voici quelques jours. En commençant par la
restituer telle qu'elle est mise en ligne sur le site de la
Galerie du Marché à Lausanne (je l'avais en effet un peu
maquillée dans ma première note de façon à ne pas
laisser traîner trop d'indices, j'espère que le directeur de
la galerie, Jean-David Mermod ne m'en tiendra pas
rigueur...).
Le Caravage, Judith décapitant Holopherne et sa version Fleuri au-dessus.

C'est en effet dans cette galerie que, suite à une
demande de son directeur, Fleuri présente actuellement
une série de peintures toutes démarquées de chefsd'œuvres de l'histoire de l'art. "L’atelier dans lequel il
travaille possède des photographies de tableaux de
peintres célèbres qu’il copie depuis quelques temps avec
son style inimitable. Fort de cette information je lui fis
parvenir, fin 2011, un choix d’une centaine de
reproductions de tableaux célèbres du XIVème au
XXème siècle. Il en a choisi trente cinq pour en réaliser
une interprétation" (Jean-David Mermod).
Anonyme (Ecole de Fontainebleau, vers 1594), Gabrielle d'Estrées et sa soeur ; audessus le même, recuisiné par Yves-Jules

Plusieurs maîtres sont ainsi passés à la moulinette,
un peu, doit-on dire, à la façon dont un autre créateur
handicapé, Alexis Lippstreu, travaillant dans le foyer de
la Pommeraie, toujours en Belgique, modifie, depuis plus
longtemps que Fleuri je pense, tel ou tel chef d'œuvre de
Gauguin ou Girodet.
Un tableau "métaphysique" revu par Yves-Jules...

Yves-Jules Fleuri, "Mon musée à moi", Galerie du Marché, 1,
escaliers du Marché, Lausanne, du 3 octobre au 9 novembre.
00:19 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Confrontations | Lien permanent | Commentaires
(1) | Envoyer cette note | Tags : yves-jules fleuri, galerie du marché, jean-david mermod, art
des handicapés mentaux, campagn'art, la pommeraie, alexis lippstreu, le caravage, école de
fontainebleau, chirico, modifications dans l'art |

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samedi, 05 octobre 2013

Sur Ali Maimoun

Je suis resté un peu circonspect je dois dire, dans le
récit du citoyen Darnish –et c'est le seul bémol que j'ai à
y apporter, tant cette relation, comme dit l'Aigre, m'a
paru à moi aussi excellente, et salutaire quant aux
créateurs oubliés d'Essaouira dont j'attendais des
nouvelles depuis des années– je suis resté circonspect
devant les peintures-découpures d'Ali Maimoun que l'on
voit autour de lui sur la photo de Samantha Richard. Son
art a bien changé, et pas forcément en mieux, selon mon
goût bien sûr, depuis la peinture qui fut exposée au
Musée de la Création Franche en 1997 et que je mets en
ligne ici pour permettre à mes lecteurs de juger sur
pièces.
Ali Maimoun, vers 1997, collection permanente du Musée de la Création Franche, ph.
Bruno Montpied

Et pour donner un autre exemple de ce que peint
Maimoun aujourd'hui, voici une autre photo de Samantha
Richard faite à Essaouira cet été. Le tableau me paraît
nettement plus "décoratif", qu'en pensez-vous?
Ali Maimoun, 2013, photo Samantha Richard

14:52 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Confrontations | Lien
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création franche, samantha richard, darnish, essaouira, art singulier du maroc, art marocain
contemporain |

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jeudi, 03 octobre 2013

Essaouira, les "malfaisants" résistent encore! Un récit de Darnish
et Samantha Richard
Rencontre avec des artistes Souiris
(juillet 2013)
« Une écurie de canassons analphabètes » écrivait dans une
sorte de manifeste le 22 Février 1999 Houssein Miloudi, le peintre établi
d’Essaouira, à propos des artistes autodidactes réunis dès la fin des
années 80 autour de la figure de Fréderic Damgaard et de sa galerie.
« L’histoire les a broyés »,

«ces malfaisants n’ont laissé
aucune trace » acquiesçait Abdelwahab Meddeb, ces derniers propos
ayant été tenus dans l’émission « Culture d’Islam » consacrée à
Houssein Miloudi sur l’antenne de France Culture cette année.
Qu’en est-il vraiment ? Avec Samantha, nous nous sommes
rendus à Essaouira cet été, en plein ramadan. Après un voyage en bus
depuis Marrakech, nous voici arrivés dans cette cité au bord de l’océan
où la température, bien plus fraîche qu’au nord nous a tout de suite
permis de prendre un salutaire bol d’air.
En rejoignant notre premier point de chute, nous sommes
passés devant «l’atelier Damgaard» où sur les murs extérieurs étaient
présentées des œuvres de Mustapha Asmah (voir ci-contre photo de
Samantha Richard). Ces visages aux grands yeux, aperçus furtivement,
nos sacs pesant sur l’épaule, paraissaient nous saluer, le pied à peine
posé dans la ville… Bon présage.
Ce n’est que le
lendemain que, reposés,
nous sommes revenus sur
nos pas et avons pu
admirer
les
œuvres
exposées dans l’atelier
Damgaard
(atelier
d’encadrement et annexe
de la galerie) et la galerie
située à une cinquantaine
de mètres. Dans ces lieux,
de nombreuses œuvres se
côtoient, ne laissant que
peu d’espace vide sur les
murs. Ainsi Maimoun
voisine avec El Hadar,
Sanana, Tazarine, Ouarzaz,
Babahoum, Asmah et
d’autres
encore.
L’accrochage est un peu
confus mais les œuvres
s’imposent à notre regard,
on découvre…
Azedine Sanana, Galerie Damgaard, ph. Samantha Richard, 2013

Le type qui tient la galerie nous explique que Frédéric
Damgaard s’est retiré de l’affaire et que la galerie, même si elle porte
toujours le même nom, appartient désormais à un couple de nationalité
belge. Ce couple nous a-t-on dit par ailleurs l’a achetée comme on
achète une paire de chaussures. Entendons par là qu’il n’a ni l’envie ni
l’énergie de faire connaitre ces artistes et que du coup la galerie vivote,
quelques touristes s’y aventurent, pas grand monde.
Nous avons essayé d’entrer en contact avec les artistes par le
biais du type qui tient la galerie mais ces essais se sont avérés
infructueux. En arpentant la ville nous avons bien trouvé quelques
espaces d’expositions tenus par les artistes eux-mêmes mais les œuvres
proposées nous semblaient un plagiat, une sorte de copie de ce qui se
trouvait chez Damgaard. Pas de quoi fouetter un chat.
C’est donc l’âme en peine que les jours passant, nous nous
faisions à l’idée de retourner en France, n’ayant pas rencontré un seul de
ces créateurs extraordinaires.
La providence a voulu que les choses se déroulent autrement.
En effet, depuis le balcon de notre second point de chute, l’hôtel
Beaurivage (hôtel au charme suranné), nous avions remarqué l’ouverture
d’un "complexe commercial", en fait un local où se trouvaient des
vendeurs d’huile d’argan et autres produits locaux. C’est en jetant un
rapide coup d’œil à l’intérieur que nous avons aperçu, au fond du local,
une peinture majestueuse qui, malgré la distance, était manifestement de la
main d’Ali Maimoun. En effet un petit espace bien discret, derrière des
tapis, était dédié à la peinture et pas n’importe quelle peinture puisqu’au
mur il y avait Ali Maimoun père et fils, Mustapha Asmah et Abid El
Gaouzy, lui-même présent sur les lieux.
Atelier de Mustapha Asmah, ph. SR, 2013

On peut dire qu’avec Abid El Gaouzy le contact est tout de
suite passé malgré la barrière de la langue. Il nous a expliqué l’aventure
Damgaard et le besoin pour les artistes de se prendre dorénavant en
mains. Pour ce faire, il a créé une association, « Jamaia Alouan Naouras
Fitria », que l’on peut difficilement traduire (cela donnerait à peu près
« l’Association des Couleurs des Mouettes Naïves »). Pourtant ni les
mouettes ni les couleurs ne sont naïves, cela aurait plutôt à voir avec les
déjections de ces volatiles omniprésents à Essaouira et leur faculté de
vous repeindre un vêtement en volant au-dessus de vos têtes… Abid El
Gaouzy est le président et le moteur de l’association. Autour d’un café à
la terrasse du Café de France, rythmé par la rude fumée des cigarettes
Marquise, nous avons discuté peinture, matériel utilisé, précarité des
artistes et acharnement à peindre encore et toujours. Le lendemain, un
rendez-vous fut fixé à 11h du matin pour visiter quelques ateliers dans un
quartier périphérique.
C’est donc à 11h que nous avons retrouvé Abid El Gaouzy
pour prendre un taxi et nous rendre au « Quartier Industriel ». On y
retrouva Abdulah El Moumni le secrétaire de l’association qui parle très
bien français et qui se proposait de faire l’interprète. Il est le seul
membre non artiste de l’association. Ce quartier au nom si peu poétique
est en fait un ensemble de masures faites de bric et de broc où des
biffins étalent leurs pauvres marchandises qui vont de la chaussure unique
à la bouteille de soda vide en passant par la chaise à 3 pieds… Le bois,
principal matériau de construction de ce quartier, est devenu gris sous
l’assaut des embruns et du vent chargé de sable de cette région.
Impressionnés, nous pénétrâmes dans ce bidonville totalement anarchique
pour arriver devant l’atelier de Mustapha Asmah.
Il était là avec sa Femme Najia, sachant que nous venions.
Devant l’atelier une pancarte indiquait sa présence. Quiconque
connaissant ce lieu peut lui rendre visite, le dimanche plutôt, pour y
acquérir une peinture. Et quelle peinture!
Mustapha Asmah peint
beaucoup et son atelier est rempli d’œuvres qui font de cet endroit un
quasi « environnement ».
Il y a des toiles, des peintures sur bois, des assemblages, des
sculptures en pierre récupérées sur la plage et taillées avec des outils de
sa confection, des instruments de musique à cordes entièrement réalisés
par ses soins et agrémentés de ses petits personnages aux grands yeux
expressifs. Nous n’en croyions pas nos mirettes. A un moment nous
devinons un âne représenté sur une peinture et Mustapha Asmah, en
mimant des zigzags avec sa main nous dit : « l’âne, le plus grand
ingénieur des autoroutes ». Nous comprenons que selon lui, il suffirait
pour décider du tracé d’une route de suivre le chemin que prend l’âne…
Nous étions très loin de « l’écurie de canassons analphabètes » évoqué
plus haut par ce peintre officiel…

Atelier d'Abdelaziz Baki, ph. SR, 2013

Puis Abid El Gaouzy nous a amené voir Abdelaziz Baki, un
autre membre de l’association, le plus âgé d’entre eux. Ici aussi un
écriteau signale qu’il s’agit d’un atelier d’artiste. A l’entrée une fusée-vélo
d’enfant bricolée et peinte évoque une pièce de manège sans manège, à
moins que le manège soit partout en fin de compte.
Abdelaziz Baki, ph. SR, 2013

Abdelaziz Baki, ancien électricien, nous montre sa peinture aux
couleurs vives à mi-chemin entre abstraction et figuration. Il peint aussi
des bois flottés assemblés qu’il transforme en créatures imaginaires,
souvent des dinosaures. Il les appelle ses totems. Comme Mustapha
Asmah, une grande sérénité émanait d’Abdelaziz Baki. Une fois de plus,
nous ne pouvions en croire nos yeux.

Abdelghani Ben Ali, ph.SR, 2013

Puis à quelques mètres de là, nous allons voir Abdelghani Ben
Ali. Moins serein que ses confrères, plus tourmenté par une vie difficile
où décès traumatisants ont côtoyé de graves difficultés financières
(ancien pêcheur, son bateau a fait naufrage), Abdelghani Ben Ali
s’exprime par une peinture fort différente des autres. Chez lui la nudité
s’expose, des ânes copulent, les couleurs sont moins vives, tandis
qu’une grande force se dégage de ses créations, une force inouïe même.
De petits formats très sombres nous plongent dans « quelque chose »
que nous n’avons plus l’habitude de voir en France. Il y a quelque
chose de Goya, je trouve, chez
Abdelghani Ben Ali qui nous dit peindre
seulement quand l’inspiration lui vient.
« Si je veux dire quelque chose, je le
dis dans mon tableau », nous confie-t-il
avec une certaine gravité.

Abdelghani Ben Ali dans son atelier à côté de certaines de ses oeuvres, et
insérée dans la note une autre de ses peintures, ph. SR, 2013 ; je
(l'animateur du blog) me demande si ce Ben Ali ne serait pas par hasard le
même peintre dont Patricia Allio dans son exposition 'L'art brut à l'ABRI" à
Dol-de-Bretagne en 2001 montra au moins deux oeuvres (voir tout de suite
ci-dessous)?
"Ali", deux peintures, provenant d'Essaouira, exposées par Patricia Allio à
Dol-de-Bretagne en 2001, le même Ali que rencontrèrent Samantha et
Darnish à Essaouira cet été? Photo Bruno Montpied, 2001

Enfin nous terminâmes notre visite par l’atelier de Mustapha El
Hadar, seul à ne pas faire partie de l’association. Franc-tireur envers et
contre tout, il continue cependant de travailler avec la galerie Damgaard.
Il est surtout connu pour ses dessins à l’encre de Chine ou au « smah »
(sorte d’encre à base de crottes de chèvre) sur des peaux marouflées sur
bois. Il rehausse ensuite parcimonieusement ses dessins de gouache aux
couleurs vives. Dans ses grands formats fourmille un bestiaire halluciné,
fascinant. Dans son atelier, une grande œuvre interrompue faute d’encre
trône au milieu d’expériences en tout genre. Ici un assemblage d’objets
en plastique, ailleurs un collage en trois dimensions. Ce sont des
expérimentations réalisées quand une peinture est en train de sécher car
Mustapha El Hadar, perpétuellement excité, ne veut pas perdre de temps.
Il a aussi fait des installations de land art « brut » à base de morceaux
de carrelage disposés sur la plage du quartier industriel sur lesquels il
pose des objets mis au rebut comme un vieux téléviseur, une chaise,
etc…
Mustapha El Hadar, ph. SR, 2013

Nous quittâmes cet endroit bouleversés par ce que nous y
avions vu, par les rencontres faites. Tout cela nous ramenait à notre
situation en France, à notre idée de ce qu’est l’art, idée bien souvent
mise à mal par ce que nous voyons en général, par cette mainmise d’un
art contemporain si éloigné de la vie, combien même il prétend la
signifier, la représenter, la sublimer, y dénoncer ses travers.
Le soir nous retrouvâmes Abid El Gaouzy qui surveillait
l’arrivée d’éventuels clients dans le fameux complexe commercial en
sirotant son café à la terrasse du Café de France. L’air était frais et le
café moins cher depuis que nous y allions avec Abid. A ce moment il
nous annonça qu’Ali Maimoun, au courant de notre présence, allait venir
à notre rencontre. Nous ne nous étions pourtant présentés ni comme des
acheteurs, ni comme des galeristes, seulement comme deux artistes
français désireux de rencontrer des artistes d’Essaouira pour quand
même, peut-être, et excusez du peu, rédiger une note sur le Poignard
Subtil et ainsi rétablir un pont entre eux et nous, rompre leur isolement.
Ali Maimoun, monsieur Maimoun comme le dit non sans
humour Abid El Gaouzy, arriva donc, venu depuis sa campagne dans les
terres sur la route de Marrakech ou il possède une maison et un atelier.
Portant une djellaba, un chapeau vissé sur la tête et un paquet de
Marlboro à la main, Ali Maimoun a l’allure d’un bluesman. Il nous
évoqua lui aussi la période bénie de Frédéric Damgaard. « Un grand
monsieur, Fréderic » nous confia-il. Frédéric Damgaard rémunérait
généreusement les artistes, ce qui n’est plus le cas avec ses successeurs
qui ont petit à petit réduit les billets jusqu’à ce que quelqu’un comme Ali
Maimoun ne s’y retrouve plus vu le temps qu’il lui faut pour faire une
peinture (parfois deux mois). Quand je dis une peinture, c’est façon de
parler, car c’est autant un volume, un bas-relief qu’une peinture. Dans un
premier temps il découpe dans du bois des entrelacs de formes
abstraites, puis il colle ce découpage sur une planche. Ensuite il passe un
enduit de son invention à base de colle et de sciure de bois. Ce n’est
qu’à la fin qu’il y dépose ses couleurs si particulières, si harmonieuses.
En y regardant de plus près on y voit de petits yeux par ci par là qui
nous rappelle que ces formes abstraites au premier coup d’œil,
représentent en fait des corps, des créatures enchevêtrées les unes dans
les autres comme autant de diables dansants. Depuis quelque temps il
initie son fils qui, après avoir en quelque sorte imité son père, semble
prendre dorénavant son propre envol.

Ali Maimoun au milieu de ses oeuvres, ph. SR, 2013

Nous nous sommes pris en photo bras dessus bras dessous
avec Ali Maimoun avant de nous quitter chaleureusement.
Abid El Gaouzy étalant une de ses dernières oeuvres, ph SR, 2013

Le lendemain, Abid El Gaouzy nous convia, pour un repas
d’adieu, dans un appartement qu’on lui prête. Il nous avait préparé un
excellent tagine de poisson. Après le repas nous nous rendîmes dans son
atelier, un garage prêté lui aussi. Dans ce petit lieu quelques œuvres en
cours nous ont interpellés. Abid El Gaouzy cherche encore son style ou
plutôt il ne se contente pas d’un style, même si le mot naïf n’est pas
exagéré pour définir l’ensemble de ses pratiques. Nous retournâmes
ensuite une dernière fois à la terrasse du café où même en ce mois de
juillet, un pull en laine n’était pas de trop. Mustapha Asmah nous y
rejoignit et c’est avec beaucoup d’émotion que nous les quittâmes sur
cette terrasse animée en ce soir de ramadan.
Ce texte, cette tribune permettront, je l’espère, de contredire
l’odieuse affirmation meddebienne que « l’histoire les [aurait] broyés ».
Darnish et Samantha Richard
Ps : Bien que ne l’ayant pas rencontré je voudrais aussi parler
d’un autre artiste qui habite non loin d’Ali Maimoun, portant le doux
nom de Babahoum. Babahoum, très âgé, est sans doute celui qui peut
davantage être qualifié de naïf. Sa peinture, souvent constituée de motifs
répétés (dromadaires, ânes, personnages, cigognes entre autres) ne
souffre d’aucune ambition d’illusion perspectiviste. Les motifs répétés
rythment de manière très douce ses formats tous quasiment identiques,
tracés sur des cartons de récupération. Il utilise le Bic pour cerner les
contours de ses aquarelles aux teintes souvent sableuses. Une grande
harmonie naît de son œuvre, et surtout une vie intense. D’après ce que
l’on a pu apprendre du personnage, il semble que Babahoum ait
fréquenté les hippies dans les années 70 et que sous l’impulsion de ces
derniers, il se soit mis à peindre sur les murs des cafés de son village.
Puis il s’est occupé d’un pressoir à olive activé par la force d’un
dromadaire ce qui peut-être lui a permis de transcrire dans sa peinture
cette subtile impression de lenteur, de temps qui défile tranquillement.

Babahoum, ph SR, 2013
Autre œuvre de Babahoum, ph SR, 2013

03:59 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent |
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fitria, abid el gaouzy, azedinne sanana, abdelaziz baki, créateurs autodidactes d'essaouira,
essaouira, ali maimoun, mustapha asmah, darnish, abdelwahab meddeb, hossein miloudi,
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mercredi, 02 octobre 2013

Modification mystère, un jeu

Ce peintre belge dont j'ai déjà parlé ici s'amuse depuis
quelque temps à peindre des tableaux d'après les grands
maîtres de l'art (c'est à la mode en Belgique). Faisons un
petit jeu (non ouvert à ceux qui l'exposent ou qui le
connaissent bien, essayons de rester honnêtes...). Un
DVD des films de Del Curto et Genoux sur Henriette
Zéphyr et Yvonne Robert à gagner à celle ou à celui qui
reconnaîtra le grand maître de la peinture qui a été
réinterprété dans le tableau ci-dessous...

C'est d'après qui, hein?

C'est le DVD à gagner...

23:41 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier,
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modifications d'oeuvres d'art, arrt singulier, art immédiat, jeux de devinette, mario del curto,
bastien genoux |

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vendredi, 27 septembre 2013

Le retour de l'art brut marocain
Il y a quelques années, certains s'en souviendront, la
mode fut un moment à la découverte des artistes dits
naïfs d'Essaouira, l'ancienne Mogador au Maroc où fut
tourné l'Othello d'Orson Welles et où résidèrent à une
époque beaucoup d'artistes et d'écrivains occidentaux
(dans les années 70, la ville vit passer Jimmy Hendrix,
Cat Stevens et le Living Theater, entre autres). Les
autodidactes singuliers paraissaient littéralement y
pulluler, certains d'entre eux firent connaître leur nom au
delà des frontières du pays, comme Ali Maimoun,
Mohamed Tabal, Abdallah Elattrach, Rachid Amarhouch
ou Mostapha Assadeddine. Une grande exposition tourna
en France en 1999, à Strasbourg, Barbizon, Bourges, La
Rochelle, Lyon (galerie des Terreaux), Pézenas, SaintEtienne et Paris (dans un espace Paul Ricard qui d'après
moi maintenant n'existe plus, rue Royale près de la
Concorde, au-dessus du café chez Maxim's). Elle
présentait Boujemâa Lakhdar (1941-1989), ancien
conservateur du musée des Arts Populaires d'Essaouira et
en même temps peintre, comme le pionnier et le doyen
des peintres de la ville. Sa peinture était naturellement
inspirée des arts et traditions populaires de cette région,
il s'intéressait à la magie, aux chants traditionnels, à la
sculpture, à l'artisanat et à l'histoire de la ville. Certaines
de ses œuvres figurèrent dans la fameuse exposition Les
Magiciens de la Terre qui se tint en 1989 au Centre
Beaubourg et à la Grande Halle de la Villette, expo où il
fut le seul représentant du Maghreb. Il semble qu'il ait
été un des grands initiateurs de la peinture autodidacte
populaire moderne dans cette ville d'Essaouira, véritable
pépinière de peintres singuliers, ressemblant un peu à
Haïti et ses nombreux artistes autodidactes.
Ces créateurs se firent connaître à l'étranger grâce à
l'activité dynamique de la galerie Frédéric Damgaard qui
les exposa dès le début des années 90. Hélas aujourd'hui,
cette galerie semble avoir cessé sa médiation et son
entreprise de communication énergique en leur faveur
(son propriétaire n'étant apparemment plus en état de la
continuer). On n'entend du coup plus parler des "Naïfs"
d'Essaouira, qui sont en réalité plus proches de l'art brut.
Pourtant récemment, Darnish, de passage au Maroc, a
retrouvé certains d'entre eux. Ali Maimoun est toujours
actif, et avec d'autres, a fondé une "Association des
Couleurs des Mouettes Naïves d'Essaouira" dont le nom
plaide assez peu pour leur travail il est vrai (il paraît que
le terme marche mieux en arabe) mais qui leur permet de
retrouver un peu plus de visibilité, en dépit des
lamentables critiques venues de certains intellectuels
arabes arcboutés sur leurs privilèges élitistes comme ce
peintre académique d'Essaouira nommé Houssein
Miloudi qui, selon Darnish, les traita en 1999 dans un de
ses textes de "canassons analphabètes", ce que confirma
Abdelwahab Meddeb (comme c'est souligné par Darnish
dans un récit que je publierai bientôt) en déclarant dans
une émission à la gloire de ce Miloudi diffusée il y a peu
sur France Culture: "ces malfaisants n’ont laissé aucune
trace"...

Ahmed Fellah, œuvre reproduite sur le carton d'invitation de la Galerie Dettinger-Mayer

En attendant que Darnish veuille bien nous faire un
reportage sur son voyage, nous pourrons ronger notre
frein de façon féconde en allant voir ce que nous ont
dénichés deux chercheurs de talent de première, le
galeriste Alain Dettinger et sa collaboratrice FatimaAzzahra Khoubba, qui ont ramené de Tanger quatre
créateurs nouveaux, tout aussi autodidactes que ceux
d'Essaouira, Ahmed Fellah, Zohra Saïdi, Mohamed Larbi
Amarnis et Abdelaziz Hakmoun, vivant dans la médina.
Ils vont être exposés dans la Galerie Dettinger-Mayer (4,
place Gailleton, dans le 2e ardt de Lyon, tél: 04 72 41
07 80) du samedi 28 septembre au samedi 19 octobre.

Zohra Saïdi, titre non identifié (il semble qu'il s'agisse d'une scène de rue dans la vieille
ville de Tanger, avec des collines montagneuses en arrière-plan, un liseré de ciel longeant
le bord supérieur du tableau ; les deux têtes à gauche correspondraient aux visages
d'enfants curieux de la scène se passant dans la ruelle), ph. Bruno Montpied, expo chez
Dettinger 2013

Je n'ai pas pu voir l'ensemble de l'expo en avantpremière, mais j'ai tout de même entraperçu quelques
beaux morceaux prometteurs que je vous livre en guise
d'avant-goût. Les deux plus étonnants dans cette bande
des quatre, à mon humble avis, c'est surtout Zohra Saïdi
(qui paraît signer quelquefois Saïda) qu'une rumeur
présente comme une nouvelle Chaïbia, et Abdelaziz
Hakmoun.
Zohra Saïdi, œuvre (sur papier?), ph.BM, expo chez Dettinger 2013

Abdelaziz Hakmoun, pas de titre identifié, pas de date non plus, ph. BM, expo chez
Dettinger 2013

Etonnantes et fortes images, ne trouvez-vous pas?
Zohra Saïdi a une façon toute particulière et très
libre, en véritable affranchie de la représentation
picturale et graphique, de restituer ses observations, sans
souci de la ressemblance autre que propre à son ressenti,
à sa vision des choses. Ce visage est coulant? Ses pieds
ressemblent à des pattes de chameau? Peu importe si
cela marche dans la composition, si cela tient et doit être
conservé par le peintre. Ce n'est pas une traduction
immédiate de la vision, c'est plutôt un jeu avec les
couleurs et les formes qui prenant prétexte d'une
restitution de paysage extérieur s'affranchit des règles de
ressemblance et se déploie dans un accord étroit avec le
ressenti immédiat de la créatrice, analogue avec sa façon
de vivre le monde au jour le jour. C'est cela que
j'entrevois quand je parle d'art de l'immédiat, M.
Gayraud.

Abdelaziz Hakmoun, sans titre identifié, ph.BM, expo chez Dettinger 2013

Abdelaziz Hakmoun est plus sombre, comme plus
tourmenté, aimant plonger ses faces de carême (ou de
ramadan en l'occurrence) dans un maelström de cercles
embrumés ou bouillasseux.

Mohamed Larbi Amarnis, une pierre, ph BM, expo chez Dettinger 2013

Mohamed Larbi Amarnis procède autrement encore,
en grand obsédé des formes naturelles des pierres qui le
sollicitent fortement. Comme le Français Serge Paillard
qui fait de la divination d'après pommes de terre,
Amarnis est visionnaire dans le minéral. Il peint une
pierre en tentant d'en révéler le mystère. La roche
apparaît inexorablement, peinte sur verre, tel un bloc
quelque peu abstrait, comme un aérolithe tombé du ciel.
Les pierres magiques "lui chuchotent des histoires. La
forme de ses pierres le guide dans l'interprétation de
rêves prémonitoires. Il voit dans ces formes des
messages qu'il dessine avec des plumes de pigeon, en
gris métallisé sur des fonds noirs. Plus loin des fleurs
fragiles se dressent dans des vases aux formes
asymétriques et des chandeliers sans bougies éclairent
un pigeon..." (Fatima-Azzahra Khoubba).
01:15 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art singulier |
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singulier, serge paillard |

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mardi, 17 septembre 2013

De la lenteur avant toute chose

L'association ABCD invite l'association Portraits pour
une exposition où seront confrontées des œuvres d'art
contemporain et des créations faisant partie des
collections d'art brut d'ABCD. Il y a pas moins de cinq
commissaires d'exposition pour cette association Portraits,
tandis que Barbara Saforova reste bravement seule
commissaire pour ABCD. "De la lenteur avant toute
chose", titre et thème de l'expo qui commence à
Montreuil-sous-Bois dans les locaux de la galerie ABCD
le 29 septembre et se terminera le 16 novembre, invite à
réfléchir si la lenteur des processus créatifs (terme
qu'affectionne et creuse une des commissaires de l'expo,
doctorante à Paris I et conservatrice au musée Picasso,
Emilie Bouvard) ne pourrait être interprétée comme un
comportement subversif dans un monde dominé par une
consommation effrénée et étourdissante des images:
"La vitesse est révolutionnaire. Mais la vitesse peut
devenir celle, mécanique et aliénante, de la machine,
celle de la ville Babylone, industrieuse, faisant et
défaisant les modes à un rythme rapide, effréné et
superficiel. Dans un monde où l’artiste se voit imposer
une productivité toujours plus soutenue, serait-il
possible de penser, comme le sociologue Hartmut Rosa
dans Accélération : Une critique sociale du temps (2010),
que la modernité, à force d’accélérer, pourrait bien
faire du surplace ? Il convient ici de s’intéresser à des
processus créatifs qui, dans leur lenteur, impliquent une
durée subversive par rapport aux injonctions
contemporaines de consommation de l’art et des images,
sans toutefois s’inscrire dans un anti-modernisme
moralisateur" (extrait du dossier de presse de
l'exposition).
Intéressante question qui paraît faire écho à des
préoccupations plus anciennes d'un Paul Virilio, si je
peux me permettre de citer ici un philosophe que je n'ai
jamais lu mais seulement très effleuré, qui plus est en
diagonale, aux étalages des librairies... La lenteur du
processus créatif, le temps pris à confectionner
minutieusement divers travaux sans se préoccuper des
contingences extérieures, n'est-ce pas la même chose qui
est pointée ici en creux que l'inactualité radicale d'une
certaine création, le temps vécu en décalage absolu visà-vis du temps du travail, de la consommation, de
l'obéissance aux clichés et aux modes? Un éloge de la
désobéissance et du grand écart vis-à-vis de la société du
spectacle?
Les commissaires de l'expo en
question croient voir un éloge de la
lenteur chez des artistes et
créateurs qui travaillent avec
minutie sans compter leur temps,
mais
apparemment
assez
hétéroclites si j'en juge par rapport
aux quelques images semées dans
le dossier de presse. On y retrouve
la dessinatrice Sophie Gaucher dont
j'avais proposé à la sagacité de mes lecteurs les dessins
en leur demandant si cela pouvait être de l'art brut. Il
paraît que c'est ma note qui aurait donné l'idée à Emilie
Bouvard et ses amies de la confronter à des œuvres dites
d'art brut, c'est décidément trop d'honneur. Mais je
rappellerai ici que mes lecteurs dans leurs commentaires
l'identifièrent sans hésiter comme une dessinatrice
contemporaine...
Voici la liste des exposants: ACM, Arnaud Aimé,
Anaïs Albar, Clément Bagot, Koumei Bekki, Jérémie
Bennequin, Arnaud Bergeret, Gaëlle Chotard, Mamadou
Cissé, Florian Cochet, Samuel Coisne, Isabelle Ferreira,
Sophie Gaucher, Hodinos, Rieko Koga, Kunizo
Matsumoto, Dan Miller, Mari Minato, Edmund Monsiel,
Hélène Moreau, Benoît Pype, Daniel Rodriguez
Caballero, Chiyuki Sakagami, Ikuyo Sakamoto, Judith
Scott, Claire Tabouret, Jeanne Tripier, Najah Zarbout.
Je n'en connais
pas beaucoup làdedans, si ce n'est les
créateurs d'art brut
bien connus, ACM et
ses maquettes de
ruines rongées faites
en
agrégat
de
composants
électroniques, Emile
Josome Hodinos (qui personnellement me barbe avec ses
litanies d'inscriptions et de médailles), Dan Miller (un as
du gribouillage, une sorte de Cy Twombly spontané et
plus brouillon), Judith Scott (qui avec ses cocons de fils,
c'est sûr, était complètement barrée loin de nos
préoccupations de grands aliénés de la survie), Edmund
Monsiel (prolifération vaporeuse de visages) ou Jeanne
Tripier (et ses broderies de bénédictine). Les autres noms
ne me disent rien. Tout juste puis-je dire, à regarder les
images du dossier de presse que je serais curieux de voir
les œuvres de Benoît Pype, avec ses fonds de poche
dont il fait des petites sculptures ce qui me rappelle une
démarche plutôt dalinienne (de sa grande époque
surréaliste, pas celle d'Avida Dollars). Ah si, Mamadou
Cissé, je vois ce que c'est, on en a déjà vu à la
Fondation Cartier, des villes ultra décoratives vues de
haut comme des circuits imprimés filtrés par des lunettes
psychédéliques, j'avais assez peu apprécié, je trouvais
que cela démarquait en moins bien les maquettes de
villes futuristes du congolais Bodys Isek Kingelez
précédemment exposées dans la même Fondation
Cartier...

00:13 Publié dans Art Brut, Art contemporain, Art immédiat, Art singulier, Confrontations,
Galeries ou musées bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (5) | Envoyer cette note |
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sculptures de fonds de poche, mamadou cissé, fondation cartier |

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jeudi, 12 septembre 2013

Dirk Geffers au Madmusée de Liège

Et ça y est, c'est reparti pour une nouvelle brassée
d'expositions de "rentrée". Tout le monde a fourbi ses
armes, on sort les trouvailles et c'est un festival de
découvertes sans doute, des petits nouveaux et des
grands anciens, tandis qu'à côté de cela se préparent les
expositions qui aident le marché de l'art à se fournir en
viande fraîche (il y aura bientôt l'Outsider art fair
décentralisé à Paris à l'Hôtel le A près des ChampsElysées, quartier modeste comme on sait, et
parallèlement à l'expo des 25 ans de Gros Vison, pardon
Raw Vision, à la Halle Saint-Pierre).
Le Poignard Subtil, fidèle à ses tropismes, cherche
plutôt du côté de ce que l'on ne voit pas forcément tout
de suite, ce qui est la vraie façon d'avoir "une longueur
d'avance". Et donc, je ne sais si l'on parlera beaucoup ici
des Anglo-saxons qui viennent sur notre vieux continent
faire augmenter la cote des marchandises esthétiques
brutes d'Outre-Manche (même si les Américains ont le
chic pour être réactifs avec une remarquable efficacité,
le marché a toujours une longueur de retard). Je préfère
de loin mettre le projecteur sur des créations discrètes,
qui ont de fortes chances de passer inaperçues, parce
qu'elles n'ont pas forcément les media de leur côté (ces
derniers préférant toujours s'adresser au plus
spectaculaire, au sens debordien du terme, au plus couru,
au plus ressassé, au plus visible, sans jamais prendre le
temps de rechercher la valeur intrinsèque). Par exemple,
dans cette note, je pointerai Dirk Geffers, créateur de
l'atelier Geyso20 à Braunschweig (c'est entre Hanovre et
Berlin au nord de l'Allemagne), qui me paraît produire de
magnifiques œuvres où l'écrit se mêle harmonieusement
et très librement à l'image comme on s'en convaincra cidessous. C'est dans un atelier allemand que cette œuvre
est produite, ce qui me confirme dans l'intuition qu'il y a
beaucoup de créateurs intéressants en Allemagne (comme
me l'avait appris Jean-Louis Faravel qui prospecte
souvent par là-bas et a déjà fait pas mal de belles
découvertes ; qui saura nous monter une bonne
exposition des créateurs handicapés mentaux produisant
en Allemagne? Une idée que je lance en l'air...).

Dirk Geffers, Le canard Dräyhta voon Saydte se baigne dans un bassin orange et se
fait chasser par le jardinier Schorse Spittel, Madmusée, Liège

Il est exposé à partir du 14 septembre, jusqu'au 23
novembre, au Madmusée (Parc d'Avroy, 4000 Liège,
chez nos voisins belges), en compagnie d'un autre
créateur, Fred Bervoets que personnellement j'apprécie
moins (je ne me base que sur l'image du carton
d'invitation, je m'empresse de le préciser). Sur
l'exposition, intitulée "Chronique", voir le dossier de
presse.
09:06 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (9) |
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pour handicapés mentaux en allemagne, atelier geyso20, jean-louis faravel |

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vendredi, 06 septembre 2013

Un souvenir du musée d'art naïf de Flayosc (Var)

Nous sommes quelques-uns (assez peu tout de même
il me semble) à recueillir les cartes postales relatives aux
arts populaires, surtout relatives aux environnements
spontanés. Dans le flot de ce que le hasard me propose,
il arrive que certaine image me tire l’œil de façon
imprévue.

Musée d'art naïf de Flayosc, le Musée et ses animateurs, photo Paul Teulade, 1973

Ces trois personnes revenues de l'année 1973, il y
a exactement quarante années donc, posent avec
chacune un tableau d'artiste naïf entre les mains. Ce sont
des œuvres intéressantes qui plus est. Je n'en reconnais
qu'une, facile à identifier, un Van Der Steen, l'homme qui
peignait des chats tout à fait exubérants et colorés. A
droite, le tableau avec ses nonnes au bain (semble-t-il)
est tout à fait insolite aussi. Et le plus petit n'a pas l'air
mal non plus. Je n'ai pas connu ce musée d'art naïf de
Flayosc qui ne semble pas avoir duré bien longtemps. Il
était probablement abrité dans la demeure blanche que
l'on voit à l'arrière-plan de la carte postale, du moins on
l'imagine. Du coup, ce musée fait figure de petit musée
idéal dans sa vocation de défendre un art naïf non
mièvre. Dommage que cela n'ait pas duré...
L'homme aux
imposantes côtelettes et
bacchantes qui tient le
Van Der Steen, je le
reconnais. Ce doit être à
l'évidence
Frédéric
Altmann qui animait ce
musée à l'époque, et qui
se fit connaître par la
suite dans le milieu des
amateurs d'art brut et
d'habitants-paysagistes
populaires en publiant le
livre La vérité sur
l'abbé Fouéré, "l'Ermite
de
Rothéneuf"
aux
éditions AM en 1985 à
Nice, où il rétablissait
que ce dernier ermite
n'avait pas représenté une légende de corsaires dans ses
rochers sculptés mais toute une tripotée de personnages
divers, des types de son pays, des célébrités historiques,
des héros de légende, etc. Frédéric Altmann à ces
époques se passionnait en effet pour l'art naïf, avec la
complicité parallèle d'Anatole Jakovsky, le célèbre
critique et collectionneur d'art naïf. Hélas, cette
complicité vola en éclats lorsque Jakovsky légua sa
collection à la ville de Nice qui lui consacra un musée
international sur les hauteurs des collines niçoises.
Altmann qui avait rêvé d'en devenir le conservateur en
fut pour ses frais et prit en grippe Anatole, ce qui le
poussa à écrire son livre sur Fouré qui remettait en cause
un certain nombre d'approximations de Jakovsky sur
Fouré (publiées dans son livre paru chez Encre en 1979,
Les mystérieux rochers de Rothéneuf). Par la suite, cette
déception conduisit Altmann vers d'autres rivages
intellectuels, puisqu'aux dernières nouvelles il s'est tourné
vers l'art contemporain, toujours dans la région niçoise.
Le verso de la carte
précise qu'en cette année
1973 le musée présentait
une "exposition vente
des œuvres de", entre
autres,
"Doytier
(Martine),
Ozenda,
Bojnev, Van der Steen",
etc., pour ne citer que
les noms connus de moi.
Mais on serait curieux de
savoir ce que sont
devenues les œuvres des
autres créateurs en vente,
comme du reste les
œuvres qui faisaient partie de la collection permanente
du musée. Boris Bojnev, j'en ai parlé à plusieurs reprises,
surtout sur papier¹. Depuis l'expo de 1978 à Paris, "Les
Singuliers de l'Art", son nom et ses tableaux, qu'il
appelait des "auras", tableautins naïfs récupérés en
brocante et illuminés par lui avec des matériaux divers
placés en encadrement des tableautins, ont circulé plus
d'une fois chez les amateurs d'art populaire, naïf ou brut,
la galerie Chave notamment à Vence lui ayant consacré
plus d'une expo et plus d'un catalogue.
Ce musée d'art naïf de Flayosc édita-t-il beaucoup de catalogues? A part celui-ci sur "le
monde étrange de Boris Bojnev" dont je n'ai qu'une pauvre photocopie, je n'en ai jamais
vu d'autres... Mais je suis sûr que l'on venir me compléter cette information déficiente

On retrouve dans les trois noms que j'ai relevés au
verso de cette carte, "Doytier" également. il s'agit à
l'évidence de Martine Doytier. J'ai déjà eu l'occasion de
mentionner cette artiste dans une note sur l'expo
consacrée au Facteur Cheval au Musée de la Poste en
juin 2007. C'était une peintre remarquable apparemment,
totalement oubliée, hormis de quelques personnes dans la
région niçoise semble-t-il. Elle disparut en 1983, et ce
départ précipité est sans doute cause de son anonymat.
_____
¹

Voir Bruno Montpied "Boris Bojnev. L’Art pour l’Art", Artension n°4,
Rouen, juin 1988 (Ce texte voisinait avec un autre, également sur Boris
Bojnev, qui était dû à la plume de Régis Gayraud, qui éclairait le parcours
russe de Bojnev ; les deux articles constituaient un mini dossier initié par
mes soins sur Boris Bojnev, poète à l'origine, qui, retiré en Provence, avait
auparavant côtoyé les avant-gardes à Paris).
10:16 Publié dans Archives du peuple singulier, Art contemporain, Art immédiat, Art naïf,
Environnements spontanés, Galeries ou musées bien inspirés | Lien permanent | Commentaires
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frédéric altmann, ermite de rothéneuf, abbé fouré, habitants-paysagistes naïfs, van der steen,
boris bojnev, martine doytier, ozenda |

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mardi, 27 août 2013

Une découverte stupéfiante de Remy Ricordeau à Taïwan

Je viens de faire une stupéfiante découverte, qui fera
efficacement écho au complément que je vous avais
adressé et que vous aviez inséré dans votre note du 16
mars 2010 consacrée au peintre taïwanais Hung Tung.

Photo Steve Barringer

Au centre de Taïwan, dans la périphérie de la ville de
T. et plus précisément dans un ancien quartier militaire
réservé aux soldats qui avaient accompagné Chang Kai
Shek lors de sa fuite sur l’île en 1949 (à l’issue de la
guerre civile chinoise), on peut voir d’étranges fresques
murales pour le moins bariolées représentant dans un
joyeux désordre, personnages, animaux et ornements
floraux du plus bel effet. Les formes représentées et plus
encore les couleurs de cette production baroque font
d’abord bien sûr penser à l’œuvre de Hung Tung et
comme pour celui-ci, tout au moins en ce qui me
concerne, à l’influence de l’art traditionnel aborigène.
Pourtant à l’instar de Hung Tung, son créateur n’a
aucune origine aborigène. D’autant moins peut être que
H. Y-F., ainsi le nommerai-je, est un Chinois originaire
du continent, contrairement à Hung Tung qui lui, était
natif de l’île.

Ph. SB

Né dans un milieu fort modeste de Koolong, un des
quartiers de Hong Kong à la fin des années 20, il se
retrouve pris dans la tourmente de la guerre civile enrôlé
dans l’armée nationaliste du Kuomingtang. Il échoue
donc très jeune à Taïwan où il passera la plus grande
partie de sa vie dans divers quartiers militaires réservés.
Peut être faut-il préciser que de nombreux quartiers de
ce type avaient été construits à la hâte pour héberger dès
45 (année de la restitution de Taïwan à la Chine) les
nombreux soldats de l’armée nationaliste. Avec le temps
la plupart de ces quartiers ont été détruits et ses résidents
relogés. Seuls quelques-uns subsistent, dont celui de T.
dans lequel réside H. Y-F.
A la fin de la première décade du siècle, ayant
dépassé allègrement ses 80 ans, pour remédier à la
grisaille de son environnement autant que pour passer le
temps, celui-ci se mit à décorer l’extérieur de sa maison
de quelques fresques représentant des personnages de la
télévision (acteurs ou présentateurs), des animaux ou des
végétaux stylisés. Il se mit également à agrémenter ses
dessins de sentences naïves exaltant la paix, le bonheur
et le remerciement aux dieux (il semble qu’il soit autant
bouddhiste que taoïste, comme la plupart des Taïwanais).
Encouragé par ses voisins, ceux-ci l’invitèrent à
poursuivre sa création sur les murs de leurs propres
maisons pour donner une cohérence à l’ensemble. Il se
mit alors à peindre également le sol comme pour occuper
totalement l’espace.

Ph SB

La cité était condamnée à la destruction prochaine
lorsque des jeunes étudiants de l’université voisine
découvrirent ce décor surprenant. L’information circulant
et la superstition chinoise faisant le reste, le quartier
devint rapidement une destination de prédilection, entre
autres pour les jeunes mariés et autres aspirants au
bonheur. Une pétition fut lancée pour sauver le lieu des
appétits des promoteurs qui semble avoir été entendue
puisque le maire de la ville s’est engagé à en assurer la
préservation¹. Selon mes informations, à ce jour H. Y-F
serait toujours vivant et, encouragé par son succès,
continuerait son œuvre. Il semble qu’il se soit également
mis à peindre des tableaux. Pourtant cette
reconnaissance ne lui a pas apporté la fortune : à côté de
sa boîte aux lettres il a pris soin d’installer une tirelire
pour solliciter les dons afin de pouvoir continuer à
s’acheter la peinture nécessaire.

Ph. Todd Alperovitz

Taïwan et plus généralement l’Asie sont encore en
grande partie terra incognita pour ce qui concerne l’art
brut. Je suis persuadé que tout reste encore à découvrir.
Inutile de dire que suite à cette découverte, je compte
bien m’y rendre prochainement...
Remy Ricordeau
____
¹ Selon

des informations datant de 2010.

00:05 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Environnements
spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note | Tags : environnements
spontanés taïwanais, habitants-paysagistes taïwanais, art brut taïwanais, taïwan et art
populaire, art des aborigènes de taïwan, muralisme brut |

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jeudi, 22 août 2013

Art brut inconnu ou dessin automatique: qui était Philippe Bat?

C'est Alain Dettinger, l'excellent galeriste de la Place
Gailleton de la Presqu'Île à Lyon qui m'a mis sous les
yeux le dessin minutieux suivant:
Philippe Bat, dessin sans titre, 1976, coll. privée, Paris

Signé "Philippe Bat" et daté du "23-3-76", ce
dessin porte une autre inscription au verso de son cadre:
"CH Le Vinatier. Exposition du 16-5-76, 95, bd Pinel,
Lyon". Avec le cadre, l'ensemble mesure 36,5 x 30 cm.
Le dessin seul, 22,5 x 17 cm.
Apparemment, ce dessin fut donc exposé, et
vendu puisqu'il s'est retrouvé récemment sur une
brocante. Philippe Bat, est-ce que cela dirait quelque
chose à un de mes lecteurs? A moi, et à Alain Dettinger,
cela ne dit rien. Il semblerait seulement que des
productions de pensionnaires du Centre Hospitalier du
Vinatier soient rares dans ces années-là. Ce qui est plutôt
curieux, quand on sait que les œuvres d'aliénés ont été
souvent conservées soit dans les archives des hôpitaux
dans les dossiers médicaux, soit dans les collections de
psychiatres divers. Le Centre d'Etude de l'Expression à
l'Hôpital Saint-Anne à Paris conserve ainsi une riche
collection de productions d'art plastique venues d'un peu
partout dans le monde suite à la grande exposition de
1950 dans cet hôpital sur ce qu'on appelait alors "l'art
psychopathologique".
Ce dessin est très finement exécuté, aux limites de
la visibilité par endroits, avec beaucoup de soin et de
sensibilité. Je ne sais rien du pigment utilisé, peut-être de
l'encre de couleur. Il me semble que sa composition s'est
réalisée de façon automatique, au hasard, en fonction des
impulsions de la main et des orientations évolutives du
cerveau. On peut y deviner comme une tête de profil, la
partie circulaire en haut, tracée telle une ébauche de
tourbillon, figurant peut-être un œil, la partie un peu
étranglée du bas ressemblant à un cou. C'est comme un
nez en trompette qui s'esquisse à droite, avec de fines
lèvres esquissées juste en dessous. De même, il semble
que l'on puisse deviner à gauche une oreille. Mais si l'on
peut imaginer que l'on voit là une tête de profil, on peut
aussi noter à quel point elle paraît se dégager d'une valse
de points, de stries et de hachures apparentant la
composition à une sorte d'efflorescence végétale ou
arboricole.
A regretter que ce Philippe Bat ne nous ait pas laissé
d'autres témoignages de cette inspiration hautement
raffinée. Définitivement?
07:00 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) |
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automatique, art psychopathologique, art des fous |

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lundi, 19 août 2013

Elixirs et poudres de perlimpinpin bizarroïdes...

En cheminant buissonnièrement à travers le maquis
d'internet, je suis tombé sur ces fioles alignées sur le
Art immédiat   le poignard subtil
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Art immédiat le poignard subtil

  • 1. Me contacter lundi, 18 novembre 2013 Photo Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Musée de la Création Franche C'est dans six jours. Une journée entièrement consacrée à la recherche autour des fanzines (petite presse en auto-édition) spécialisés dans l'art brut. L'initiative en revient à Déborah Couette du CrAB (Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au Musée de la Création Franche à Bègles où se tiendra la journée d'études. Plusieurs intervenants, dont mézigue, sont attendus là-bas. Voici du reste le programme et les intentions des concepteurs de cette journée: À propos (A propos = projet du blog + adresse pour contact) . "A contrecoeur, Will se tourna vers le couteau et le prit. Il s'agissait d'un poignard d'aspect banal, avec une lame à double tranchant (…) « Ce côtéci, déclara Giacomo Paradi, en frôlant la lame avec le manche d'une cuillère, peut couper n'importe quel matériau existant. » (...) « L'autre côté de la lame, reprit le vieil homme, possède des pouvoirs plus subtils. Grâce à lui, tu peux même découper une ouverture dans ce monde. » (...) « Tu cherches une
  • 2. ouverture, si minuscule que tu ne peux pas la voir à l'oeil nu, mais la pointe du couteau saura la trouver, si tu l'accompagnes avec ton esprit. Sonde le vide, tâtonne dans l'air, jusqu'à ce que tu sentes cette infime déchirure dans le monde... »" "A la Croisée des Mondes, La Tour des Anges" (tome II), Philip Pullman, 1997 Notes récentes Une étrange roche sculptée en forêt de... Apparition de FatimaAzzahra Khoubba Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23... André Stas bouffe du curé Encore un jeu, pour porter chance cette fois A Carquefou, Ruzena et Jean Branciard... Monsieur X quelque part à la fin des terres Salon d'art alternatif, Hôtel le A Une lecture de textes bruts à Bordeaux Martine Doytier, d'un tableau revenant et de... Des fanzines et des revues autour de l'art brut, il y en a eu, il y en a encore. Mais entièrement consacrés à l'art brut au sens strict du mot, à part les premières plaquettes éditées par la Galerie René Drouin en 194748, les publications en jargon de Dubuffet, puis les fascicules édités depuis le début des années 1960 sous Rechercher Ok Novembre 2013 D L M M J V S
  • 3. l'égide de la Compagnie et de la Collection d'Art Brut, on ne peut pas dire qu'il y en ait eu véritablement. Toutes celles qui parurent, jusqu'à aujourd'hui, du Bulletin des Amis d'Ozenda, en passant par la Chambre Rouge, l'Art immédiat, Les Friches de l'Art, Gazogène, jusqu'à Zon'art et Création Franche, toutes ne parlèrent pas exclusivement d'art brut, mais aussi et surtout des alentours aussi bien, des formes d'art apparentées (art naïfs, habitants-paysagistes, graffiti, art modeste, inclassables etc.) en se référant également à des artistes singuliers rangés ailleurs dans la Neuve Invention (à Lausanne) ou dans la création franche (à Bègles). Comme si le concept d'art brut leur paraissait trop restrictif, trop ghettoïsant... 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Archives 2013-11 2013-10 2013-09 2013-08 2013-07 2013-06 2013-05 2013-04 2013-03 2013-02 Toutes les archives Tags populaires Bruno Montpied Art singulier aptonymes Bulletin de l'Association Les Amis de François Ozenda Environnements spontanés art brut Art populaire insolite Noms prédestinants Art Immédiat éloge des jardins anarchiques Art naïf abbé Fouré HabitantsPaysagistes Poésie naturelle Emmanuel Boussuge Création Franche
  • 4. Commentaires récents Le sciapode sur Une étrange roche sculptée en forêt de... Le sciapode sur Une étrange roche sculptée en forêt de... Le sciapode sur Une étrange roche sculptée en forêt de... Félicie Corvisart sur Une étrange roche sculptée en forêt de... L'aigre de mots sur Une étrange roche sculptée en forêt de... La Chambre Rouge fut mon premier fanzine un peu sérieux, qui s'intéressait à la fois au surréalisme dans ses aspects les plus vivants, aux fous lttéraiires, aux divertissements littéraires, à la sculpture populaire, à l'art rustique moderne (Gaston Mouly et ses "dessins" ci-dessus évoqués sur la couverture du n°4/5 de 1985, bien avant que Gérard Sendrey ne rencontre, sur mon instigation, le même Mouly et ne s'attribue par la suite la responsabilité d'avoir poussé Mouly vers le dessin...) Le n°2 et le n°1 de L'Art Immédiat, ma deuxième revue, de 94 et 95, cette fois plux axée sur les arts populaires spontanés Siger du Haryag sur Une étrange roche sculptée en forêt de... Dan sur Une étrange roche sculptée en forêt de... Isabelle Molitor sur Une étrange roche sculptée en forêt de... max sur Y, le pays du choix impossible Régis Gayraud sur Une étrange roche sculptée en forêt de... Bruno Montpied, oeuvres (photoblog) Création Franche Veuillez cliquer ici pour une petite visite sur ce photoblog créé le 11 juillet 2013. Catégories Archives du peuple singulier Art Brut
  • 5. Art collectif Art contemporain Art de l'enfance Art des croûtes, art des dépôts-ventes Art forain Art immédiat Art inclassable Art involontaire Art moderne méconnu Art naïf Gazogène, le numéro plus récent, n°35 De plus, les publications de la Collection de l'Art Brut, si elles sont bien de l'auto-édition du fait de la Collection elle-même (dans la majeure partie des fascicules, car les derniers en effet sont édités conjointement avec In Folio éditions), ne sont pas à proprement parler analogues aux "fanzines", éditions qui se caractérisent généralement par une certaine pauvreté de moyens, étant le fait de chercheurs et de passionnés le plus souvent désargentés, indépendants des cercles professionnels du journalisme et de l'édition. Il était cependant tentant d'aller porter un peu l'éclairage de ce côté, pour voir pourquoi il fut important pour quelques passionnés en France –dont le signataire de ces lignes, et animateur de ce blog, fait partie– de faire de l'information sur les phénomènes non seulement de l'art brut mais aussi de l'art naïf, de l'art populaire rural, de l'art forain, de l'art populaire contemporain aussi appelé art modeste, d'un certain surréalisme spontané, de la littérature ouvrière, des fous littéraires, des environnements spontanés, des cultures urbaines, de l'art de la rue, des graffiti, etc. Il est tentant d'essayer de comprendre aussi pourquoi il n'a pas été possible en France, et ce jusqu'à présent, de monter une grande publication périodique qui se consacrerait à l'étude et à l'information sur tous ces aspects de la créativité autodidacte spontanée, publication qui aurait Art populaire contemporain Art populaire insolite Art populaire religieux Art singulier Boîtes aux lettres insolites Cinéma et arts (notamment populaires) Confrontations Correspondance Curiosités et divertissements langagiers Danse macabre, art funéraire DICTIONNAIRE DE CITATIONS DU POIGNARD SUBTIL Enseignes fautives mais suggestives Environnements spontanés Fantastique social Fous littéraires ou écrits bruts Galeries ou musées bien inspirés Graffiti Guide du sciapode
  • 6. fait appel à toutes sortes de plumes. Ne seront pas non plus évoquées, très probablement, et ce sera dommage, toutes les publications encore moins spécialisées sur les arts populaires, pas nécessairement des fanzines aux pauvres atours, mais qui ont cependant régulièrement publié des informations sur tel ou tel sujet qui appartenait au corpus, comme les revues Plein Chant, SURR, Jardins, voire les magazines L'Œil, Artension, L'Oeuf Sauvage (par exemple). Des fanzines d'aujourd'hui comme Recoins et Venus d'Ailleurs (très soigneusement édité ce dernier), sans se braquer sur l'art populaire ou brut, savent de temps à autre accueillir des articles sur le sujet. Il faudrait donc ouvrir plus largement le compas et s'interroger sur l'ensemble des articles ou études publiés ici et là sur le thème des arts d'autodidactes inventifs. Hommages Images cachées, images délirantes? Inscriptions mémorables ou drôlatiques Jeux L'oeil du Sciapode Le conte en rapport avec d'autres expressions Lexique et définitions des arts populaires Littérature Littérature jeunesse Marine populaire et singulière Musiques d'outre-normes Napoléon et l'art populaire Noms prédestinants Papillons de l'immédiat Paris populaire ou insolite Photographie Poèmes choisis du sciapode Poésie naturelle ou de hasard Questionnements Annonce de la publication de la revue Recoins n°5 (avec plusieurs articles concernant les arts populaires et les environnements spontanés), parution 2013 Sciapodes Sur la Toile Surréalisme Sans compter que d'ici très peu de temps, il faudra aussi que nos amis universitaires et archivistes se penchent avec suffisamment de documentation numérisée sur les blogs qui ont pris le relais avec vigueur des publications sur papier (comme l'auteur de ce blog qui put grâce à ce médium donner toute l'ampleur qu'il souhaitait à la masse d'informations dont il disposait, une fois passée l'époque "héroïque" des premiers fanzines des Véhicules créatifs Textes en vert: Textes dûs à des collaborateurs extérieurs Principes Nous acceptons le droit
  • 7. années 80 et 90). de réponse chez tous Pour suivre cette journée, il semble prudent de réserver auprès du Musée de la Création Franche. redire aux notes les 00:27 Publié dans Archives du peuple singulier, Art Brut, Art forain, Art immédiat, Art inclassable, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art singulier, Environnements spontanés, Fous littéraires ou écrits bruts, Graffiti, Surréalisme | Lien ceux qui trouveraient à mettant en cause dans la limite des dimensions du texte les concernant. Nous donnerons l'origine permanent | Commentaires (12) | Envoyer cette note | Tags : fanzines, art brut, art singulier, de nos images dans la surréalisme spontané, la chambre rouge, l'art immédiat, collection de l'art brut, création mesure du possible. Si franche, crab, déborah couette, zon'art, ozenda, recoins, gazogène | certains ayant droits se Imprimer trouvaient en désaccord, il samedi, 02 novembre 2013 Monsieur X quelque part à la fin des terres A Benoît et Darnish qui m'accompagnèrent joyeusement en ce bout des terres suffit de nous le signaler et les images seront retirées. En sens inverse, si certaines des images dont nous possédons les droits ou certains de nos textes étaient repris sur Ce créateur, se définissant volontiers comme « asocial », et non pas « anarchiste », ne veut pas qu’on le nomme ni qu’on le situe sur la carte, même si certains, ayant voulu parler de lui, n’ont pas respecté cette demande (et que donc son nom traîne ici et là). d'autres sites ou blogs, nous demandons simplement à être cités. Il va de soi qu'en cas de reproduction de nos écrits, nous demandons à ce que ces derniers ne soient pas tronqués de façon inconsidérée, voire pire, ne soient pas remontés dans un autre ordre. En cas de reproduction de nos textes ou images sur papier, prière de demander notre autorisation au préalable. De doux liens ABCD: Art Brut Connaissance et Diffusion Monsieur X., ce qui dépasse de la haie côté route... ph. Bruno Montpied, 2013 Ancien marin ayant passablement bourlingué sur Anonymous works (blog américain, curiosités et art populaire... Arcane 17, blog sur le surréalisme de Fabrice
  • 8. les mers (il habite à quelques encablures de falaises surplombant vertigineusement l’océan), ayant également tâté des Beaux-Arts, et parcouru la France dans sa jeunesse pour parfaire son éducation d’artisan tel un compagnon, possédant quelques connaissances en architecture et dans la construction des voiliers, « monsieur X » a créé depuis trente-cinq ans autour de sa petite maison traditionnelle bretonne un ensemble harmonieux et mystérieux de sculptures aux formes recherchées et oniriques, tenant tantôt de l'os, tantôt de l'épine ou bien encore de l'algue. Pascaud Archi libre Art et marges musée, Bruxelles Art populaire et objets de curiosité, le site de l'experte Martine... Art-singulier.fr (de tout sans trier) Association des amis de l'oeuvre de l'abbé Fouré (Joëlle Jouneau) Association Hors-Champ, les documentaires autour des arts singuliers Atelier Mas-les Genêts, "art différencié" Atlas obscura, blogcompilation des merveilles et curiosités... Belvert BibliOdyssey, une odyssée dans l'iconographie des bibliothèques... Blog sur l'art singulier et Jerzy Ruszczynski par Frédéric Lux Original belvédère comme gluant, adhérant à la maison d'habitation, et faisant une transition de l'architecture traditionnelle bretonne à l'inventivité offerte dans le jardin dont il garde un passage, ph. BM, 2013 Bohdan Litnianski, un site sur un environnement populaire en péril CAPUT, la collection de l'art populaire et de l'underground tacite Cococephalophily, la noix de coco sculptée Collection de l'art Brut Lausanne Costruttori di babele, le site en italien de Gabriele Mina El Hombre Jazmin (L'homme-jasmin), blog
  • 9. espagnol sur l'art brut et... Envers, Chemins divers de la poésie et de l'imaginaire - La revue... Fatrazie, Oulipo, Pataphysique et APTONYMES (les noms prédestinants) Gabriel Albert,blog de Bernard Maingot (actualités de... Gabriel Albert: l'Inventaire du patrimoine de PoitouCharentes Monsieur X., vue de la maison en arrière-plan, flanquée d'un belvédère en angle, d'un monument avec une femme nue étendue de tout son long sur une arche, ph. BM, 2013 "Onirique" n’est pas une épithète trop éculée en ce qui le concerne, puisqu’il se revendique d’un certain surréalisme, même si comme il le confie, après être allé rencontrer certains surréalistes historiques à Paris dans les années 50-60, il trouva ce milieu passablement « embourgeoisé ». Il paraît avoir assisté, quelque peu intimidé semble-t-il, à la cérémonie, organisée par Jean Benoît entre autres et immortalisée par les photographies de Gilles Ehrmann, visant à exécuter le testament du Marquis de Sade. S’y sentit-il déplacé ? Il ne le précise pas. Cependant, il se sent proche de ce mouvement. Ses peintures, louchant du côté d’un certain fantastique aux codes surréalistes peut-être un peu trop voyants, en attestent, de même que, peut-être aussi, des écrits qu’il évoqua à mots couverts durant notre bref entretien (on trouve de temps à autre sur les sculptures diverses inscriptions manifestant son goût pour la poésie ; voir cidessous la légende "Parfaite en beauté hautaine"). Gabrielle Decarpigny, dessinatrice inspirée, le site Groupe de Paris du Mouvement Surréaliste, revue SURR... Hervé Perdriolle et l'art contemporain indien Hors-Champ, l'association, rencontres autour du cinéma et des arts... Jean Branciard, et son site Véhicules rouillés Jean-Michel Chesné, le blog L'IIREFL, le blog La cellule d'écoute, curiosités musicales d'Eubée Recoins... La Collection De Stadshof, art naïf et outsider La Main de Singe, littérature, curiosités... La Passerelle, sur les oeuvres produites dans leur atelier à Cherbourg La vie palpitante
  • 10. d'Antoine P. Le Bathyscaphe (A.Peuchmaurd et autres) Le Blog de Thierry Bucquoy, avec une belle envolée anti-Banne Le blog et les albums de Coco Fronsac, artiste modificatrice Le Blog-Notes de Laurent Lolmède Le copain de Doisneau Ph. BM, 2013 Mais ce sont surtout ses sculptures, arachnéennes, effilochées, étonnantes dans leur apparent déséquilibre, comme influencées par un nouvel Art Nouveau n’osant pas dire son nom, qui retiennent l’attention par leur évidente originalité. Les bras de ses statues s’effilent et se transforment en racines comme bouturés directement dans la terre. Un avorton grimpe sur une sphère éclairée la nuit comme un étrange quinquet, enseigne de poète de la fin du monde. Un étrange petit belvédère juché sur une tourelle à l’angle de sa maison comme perpétuellement sur le point de vaciller donne au site un caractère de décor de rêve improbable au milieu de la lande. Une arche supportant une immense femme renversée porte en son extrémité des soufflets qui peuvent jouer des notes de musique si on tire correctement leurs ficelles (voir ci-contre avec Darnish chef d'orchestre), composant une sorte de nouvel orgue d’un autre Capitaine Nemo réfugié dans les terres, survivant, toujours résolument à l’écart d’une société qu’il vomit avec ses valeurs indexées sur le profit, la vanité et la gloire. Le FIDAN, un fonds de documentation italien sur l'art naïf... Le site web de Philip Pullman (en anglais of course) Le tampographe Sardon Les beaux dimanches, vagabonder en compagnie de Laurent Jacquy Les idioties d'Anne Marbrun Les inspirés du bord des routes L'Alamblog, le blog d'Eric Dussert Maîtres de l'art populaire (au Québec) Marc Grodwohl Modillons indécents, le site de Joël Jalladeau sur l'art roman Monch, photographe de la poésie naturelle retouchée Musée Rural des arts populaires de Laduz Collection Humbert News of the Wens, un blog de graphiste Nouvelles-Hybrides, une
  • 11. Le style Art Nouveau de ses œuvres en plein vent faisant penser au décor du Nautilus dont des fragments se seraient perdus dans la lande. revue à suivre Osservatorio Outsider Art, site en italien, et revue en ligne Outsider environments Europe, site sur les sites d'autodidactes en... Paisibles chasseurs de portails-papillon Paris secret et insolite, le blog de Rodolphe Trouilleux Playboy Communiste, le blog consacré au Griffonneur de Rouen Serge Paillard, l'art de voir dans les pommes de terre La "sainte" vue par monsieur X., accueillant le mort, ph. BM, 2013 Certes, monsieur X par le style cultivé de ses sculptures tranche avec les environnements populaires que je préfère usuellement. C’est sans compter avec la naïveté de certains de ses personnages, et l’aspect débridé profondément original de l’ensemble, le goût très fort de l'analogie appliquée à la conception de ses sculptures, la grande poésie de l'ensemble. Autodidacte surréalisant, cet ancien marin breton, réfractaire à l’ordre établi, est à la croisée des créateurs purement naïfs ou bruts¹ et des créateurs de décors excentriques primitivistes (comme celui de Robert Tatin par exemple dans la Mayenne, dont on pourrait facilement rapprocher sociologiquement monsieur X). Site de l'Association l'Aracine The Robber Bridegroom, blog du SLAG (surré londoniens) Tour de table, l'animationlecture à Paris Venus d'ailleurs Albums photos A l'écart, des Singuliers, une exposition virtuelle Photographies ready-made trouvées par Jean-Pierre Willems
  • 12. Marcello Cammi à Bordighera (Italie) Croix de chemin Newsletter email M'inscrire Monogramme de Monsieur X. sur le mur de sa maison, ph. BM, 2013 _____ Envoyer ¹ A noter que monsieur X, durant notre entretien avec lui, tint à se distinguer nettement de l'art brut auquel il ne pense pas devoir être rattaché. Merci à Benoît Jaïn, à Alain Nempont et enfin à Thérèse Barbier qui tous successivement, à différentes époques, m'ont envoyé des photos pour me signaler ce site qui se veut pourtant discret... 12:05 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Environnements spontanés, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : finistère, art nouveau, capitaine nemo, nautilus, autodidacte surréaliste, poésie, bretagne insolite, benoît jaïn, darnish | Se désinscrire Imprimer dimanche, 27 octobre 2013 Salon d'art alternatif, Hôtel le A Enigmatique appellation, isn't it? Ce serait pourtant l'exacte traduction d'"Outsider Art Fair", ce salon organisé par Andrew Edlin, par ailleurs directeur de la galerie du même nom à New York, galerie qui se consacre à diverses découvertes classables ou non dans l'art brut.
  • 13. On sait qu'aux USA, le terme d'art brut est difficilement traduisible, et pas seulement le terme, mais la notion elle-même. On lui préfère "outsider art" qui sert à regrouper dans un vaste pot-pourri l'art des pionniers (limners naïfs américains des XVIIIe et XIXe siècles), art populaire, art des environnements, et art d'individus autodidactes marginaux (pensionnaires d'asiles, médiumniques, et une sacrée tripotée de zinzins mysticovisionnaires, qui paraissent florissants aux States). Derrière cette étiquette, mêlés sans aucun distingo aux créateurs autodidactes non artistes professionnels, se cachent cependant aussi toutes sortes d'artistes en voie de professionnalisation, visionnaires étranges, marginaux à l'intérieur de l'art contemporain, que l'on aurait pu aussi bien voir revendiqués par le surréalisme en un autre temps. Les Américains ont donc décidé de venir à Paris pour quatre jours (ça se termine ce dimanche) rassembler dans un petit hôtel quatre étoiles de six étages, rue d'Artois, à deux pas des Champs-Elysées et de la FIAC, 24 galeries plus ou moins spécialisées dans les divers champs de ce qu'ils appellent l'art outsider, galeries venues d'Amérique ou d'Europe. Le prix d'entrée est du même genre qu'à la FIAC, 15€, pour venir voir si l'on
  • 14. peut dépenser plus dans les galeries présentées (!), et encore plus cher pour avoir le droit de venir au vernissage (re-!). Tout ça n'étant pas, comme s'en convaincront les lecteurs du Poignard Subtil, very, very democratic. Il fallait certes rembourser les frais de location de l'hôtel 4 étoiles. Mais qui obligeait ces messieurs à investir un hôtel si chic (autour de 500 € la nuit d'hôtel)? Hormis la nécessité à leurs yeux d'offrir l'art des miséreux, des aliénés et des souffrants de l'âme aux privilégiés et aux favorisés de la vie (à la recherche d'un peu de réalité et de bonne conscience probablement?), fréquentant les Champs et accessoirement croisant du côté de la FIAC proche? Mais oublions ces propos un peu amers, et reconnaissons aussi, comme Philippe Dagen dans une chronique qu'il a donnée au Monde ces jours-ci, que l'on pouvait vite oublier ce paradoxe lamentable au fur et à mesure que l'on découvrait, grâce à nos coupe-files (Dagen oublie de le dire), d'étage en étage, des créateurs passionnants présentés de façon succincte mais fort soigneusement. L'idée d'un hôtel, dans l'absolu, du reste, était amusante et déroutante. Chaque galerie possédait une chambre, le lit n'en avait pas été déménagé, les œuvres se distribuaient tout autour, la situation, lorsque la charmante hôtesse qui s'y trouvait vous ouvrait la porte -comme me le fit remarquer RR que j'avais invité à me suivre dans cette étrange foire- pouvant relever d'une certaine confusion des sentiments. On entrait après tout dans des chambres décorées d'art brut, invitées par une charmante jeune fille, le lit trônant comme une invite au centre de la pièce, certains pouvaient hésiter entre elle et lui (l'art brut)...
  • 15. Janet Sobel en action, 1948, Raw Vision n°44, ph. Ben Schnall Janet Sobel, galerie Gary Snyder, New-York Vingt-quatre heures se sont écoulées depuis que j'ai fait une visite à ce salon. Qu'en surnage-t-il? Pas les gribouillages de Dan Miller en tout cas, contrairement à M.Dagen, que je trouve toujours bien trop proches d’œuvres de la modernité plastique pour être honnêtes (façon de parler...). Non, c'est avant tout la découverte
  • 16. de Janet Sobel dont je n'avais jamais vu de peintures et qui a fait l'objet d'un article apparemment fourni dans un vieux numéro (le n°44) de Raw Vision vers 2003. Si j'ai bien compris, je ne suis pas fortiche en anglais, cette dame, Juive d'origine ukrainienne et émigrée aux USA, disparue en 1968, fut à la fois perçue comme appartenant à l'expressionnisme abstrait, ayant influencé peut-être Pollock, et redécouverte comme une "outsider" plusieurs années plus tard (une situation qu'elle partage avec quelques autres grands aérolithes inclassables, tel Jan Krisek par exemple). Ses œuvres sont tout à fait remarquables. J'en montre ci-dessus et ci-dessous quelques exemples que je dois à l'obligeance de la galerie Gary Snyder qui la représentait dans ce salon. Janet Sobel, sans titre, technique mixte sur papier
  • 17. Janet Sobel, galerie Gary Snyder Par contre, j'ai été fortement déçu par les photos d'Eugen Von Bruenchenhein (par ailleurs aussi exposées actuellement à la galerie Christian Berst à Paris, galerie représentée à l'Outsider Art Fair), que finalement je trouve assez banales, n'ayant pas d'intérêt, ni d'un point de vue érotique, ni d'un point de vue photographique. Ses meubles en os assemblés sont pour le coup bien plus intrigants. Mais il n'y en avait pas à l'Hôtel le A. La galerie d'Hervé Perdriolle montrait pour sa part de l'art populaire indien contemporain, notamment toute une série de petits papiers dessinés genre "patua", à fonction magique, destinés par des peintres anonymes ambulants à permettre aux défunts de se libérer des démons qui auraient voulu traîner leurs âmes en enfer (je récite, approximativement sans doute, la leçon que me fit la charmante hôtesse de la galerie). Les patua sont aussi des rouleaux narrant des histoires terrifiantes appuyant
  • 18. visuellement les récits de conteurs-peintres ambulants (voir ci-contre ce rouleau extrait du site web de la galerie). La galerie d'Hervé Perdriolle donne là-dessus ses éclaircissements. Dessin de Radmila Peyovic, extrait du catalogue de l'exposition "Ai Marginali dello Sguardo" de 2007 en Italie Philippe Eternod et David Mermod formaient un couple de galeristes extrêmement passionnés à un autre étage, gambadant mentalement d'un créateur à l'autre d'une manière tourbillonnante qui donnait l'impression d'une valse aux murs tapissés de dessins d'Aloïse, de Gaston Teuscher, de Jules Fleuri, de Raphaël Lonné, d'Abrignani, de Radmila Peyovic, etc. Au milieu de cette valse, apparut brusquement le visage du créateur ACM qui me serra la pogne dans un flash ultra fugitif qui me donna le regret de ne pas en savoir plus. Ces initiales
  • 19. mystérieuses avaient tout à coup un visage. Un dessin de Susan King, extrait d'un catalogue chez Marquand Books à Seattle
  • 20. Richard Kurtz, extrait du site web du créateur D'autres révélations me furent prodiguées, l'exboxeur Richard Kurtz au dernier étage chez Laura Steward, les cahiers de croquis étonnants de la Néozélandaise Susan Te Kahurangi King qui métamorphose constamment un petit personnage publicitaire de la marque de soda Fanta, le vagabond David Burton (18831945) qui dessinait sur les trottoirs (il fit l'objet d'un sujet dans les archives d'actualités de la firme Pathé, un beau motif de quête pour l'ami Pierre-Jean Wurtz, ça, n'est-il pas?), représenté par la galerie anglaise de Rob Tufnell, le naïf grec Giorgos Rigas, représenté par la galerie C.Grimaldis de Baltimore, et cet étonnant créateur brut, Davide Raggio (voir ci-dessous l'œuvre sans titre de 59 x 47 cm de 1998), travaillant avec trois fois rien, des matériaux fragiles à portée de main, friables, aux limites de l'évanescence et de l'inconsistance, créateur qui s'est fait connaître par ses figurations faites de peaux de carton décollées et déroulées de manière à produire des
  • 21. marquées par le sceau de la précarité mais enfin fort variées ce qui est rare chez nos grands obsessionnels. Enfin, chez Cavin Morris, galerie newyorkaise, on pouvait admirer du coin de l’œil sur le mur et étalés sur la courtepointe quelques magnifiques dessins de Solange Knopf, œuvres que j'aime décidément beaucoup. silhouettes plus claires par contraste avec la teinte kraft plus sombre des cartons. Sur le salon, on en trouvait à la fois chez Rizomi, la galerie turinoise, et à la Galerie lausannoise du Marché chez Eternod et Mermod. Ce créateur a ceci de remarquable qu'il a pratiqué en dépit de sa situation d'enfermé (en asile) diverses techniques d'expression toujours
  • 23. Solange Knopf, Spirit Codex, 180x100 cm, 2013 15:23 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Confrontations, Galeries ou musées bien inspirés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (5) | Envoyer cette note | Tags : outsider art fair, hôtel le a, andrew edlin, janet sobel, davide raggio, art brut, outsiders, art singulier, hervé perdriolle, patua, art populaire indien, collection eternodmermod, radmila peyovic, susan king, richard kurtz, david burton, galerie rizomi, solange knopf, galerie cavin morris | Imprimer dimanche, 20 octobre 2013 Martine Doytier, d'un tableau revenant et de quelques autres images... Un correspondant a eu l'heureuse et aimable initiative de me faire parvenir la reproduction d'un tableau de Martine Doytier (née à Clichy en 1949 - disparue à Nice en 1984), artiste à la fois naïve, visionnaire et aussi
  • 24. crépusculaire, décédée bien trop tôt, dont l’œuvre excite hautement ma curiosité. Martine Doytier, coll. privée ; il semble que ce soit une scène de pique-nique, sujet que Martine Doytier a par ailleurs traité au moins une autre fois, voir ci-dessous la carte postale éditée par l'ancien Musée d'Art Naïf de Flayosc ; le tableau ci-dessus montre des personnages qui je ne sais pourquoi me rappellent des scènes de la vie quotidienne dans les Balkans... ; le paysage fascinant qui entoure les convives est traité de façon totalement onirique
  • 25. Martine Doytier, un pique-nique de nonnes... J'ai déjà mis en ligne un autre tableau remarquable de cette créatrice lorsque j'ai chroniqué l'exposition montée autour du Facteur Cheval au Musée de la Poste à Paris (en 2007). Je le replace ici, histoire de constituer un petit socle qui ne demanderait qu'à être agrandi, avec d'autres reproductions. Il semble qu'il n'y ait qu'à Nice et dans sa région qu'on puisse en apprendre davantage sur cette artiste, curieusement rattachée à l'Ecole de Nice (Ben et autres) en dépit de son style très différent des productions de cette Ecole. Le galeriste, photographe et collectionneur niçois Jean Ferrero notamment paraît conserver plusieurs œuvres de notre héroïne.
  • 26. Martine Doytier, Hommage au Facteur Cheval, 1977, huile, 146x97 cm, coll. Jean Ferrero, Nice Voici une notice biographique sur Martine Doytier qu'on trouve sur internet en se connectant au site du Dictionnaire Delarge des arts plastiques et contemporains: "DOYTIER, Martine: née en 1947 à Clichy, Hauts-de-Seine, France ; 1969, s'installe dans le Var comme céramiste ; 1971, commence à peindre après avoir visité l'exposition du peintre naïf Ozenda¹ ; 1973, vit à Carros, où le peintre populaire yougoslave Paleicewik lui enseine des techniques ; 1974-1984, peint un ou deux tableaux par an ; 1984, meurt le 16 février. Techniques : Peintre - Sculptrice. Présentation : En 1974, elle cesse d'être peintre naïf et elle opte pour une peinture très construite dont les accumulations à la Dado mènent au fantastique. Dans des amas de constructions, de rochers ou d'objets se détachent des personnages aux yeux écarquillés sous des paupières en visière. Elle est aussi l'auteur d'une sculpture animée,
  • 27. un automate, Le Briseur de montres (1975-1977). Expositions : 1971, Art'O, Flayosc ; 1977, Biennale de Menton. Rétrospective : 1994, Musée d'Art moderne et d'art contemporain, Nice". Ajoutons cette précision quant à cette "rétrospective", organisée pour commémorer les dix ans de la disparition de l'artiste, et ne paraissant pas avoir donné lieu à la publication d'un catalogue, elle se déroula du 19 janvier au 6 mars. Martine Doytier, tableau reproduit à très faible résolution sur le site de "l'Espace à Débattre" de Ben Vautier ; on dirait une scène fantastique un peu utopique où des militants de la cause des arbres s'ingénieraient à métamorphoser des arbres morts en arbres refleurissant pour les replanter à l'arrière-plan du paysage... Très beau tableau apparemment en tout cas. _____ ¹. J'ai signalé dans mon compte-rendu de l'expo autour du Facteur Cheval que le cartel apposé à côté du tableau de Doytier d'hommage au Facteur signalait que "le peintre naïf" qui avait stimulé notre artiste de Nice était le Polonais Ociepka. La notice du catalogue de l'expo reprenait par ailleurs la mention que c'était Ozenda le peintre naïf en question. Ociepka, peintre visionnaire classé dans l'art naïf, était plus plausible comme influence qu'Ozenda, plus hétéroclite dans son expression et plus "singulier" que "naïf". Cela dit, est-il possible qu'une expo Ociepka ait pu avoir lieu à Nice au début des années 70? Il serait évidemment plus réaliste de penser que cela ait été Ozenda, le peintre stimulateur, puisqu'il fut souvent exposé dans cette région à ces époques, notamment à la galerie d'Alphonse Chave à Vence (ce pourrait même être là, en y réfléchissant, que Martine Doytier aurait pu voir des créations d'Ozenda. Personne n'est venu apporter d'éclaircissement sur la question depuis que j'ai fait cette
  • 28. remarque, personne ne s'intéresse-t-il donc à cette artiste? 16:29 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (6) | Envoyer cette note | Tags : martine doytier, école de nice, ben, jean ferrero, art naïf visionnaire, art immédiat, facteur cheval, musée d'art naïf de flayosc, ozenda, ociepka | Imprimer dimanche, 13 octobre 2013 Tromperie sur la marchandise (l'Hôtel de Ville de Paris et ses impostures) "Absolument excentrique", "Art brut", nous matraquent les affiches de la nouvelle exposition de l'Hôtel de Ville de Paris en ce moment rue de Rivoli. Photo Bruno Montpied, 2013 Ah bon? Eh bien, cela fait à mon avis, réunis sur une seule affiche, deux mensonges avec un parfum d'imposture qui ne sont pas sûrs de rendre service à ceux qu'on expose et veut défendre, à savoir toutes sortes de personnes, plus de 160 "artistes", nous assure-t-on, "en situation de handicap mental et/ou psychique issues de de vingt-cinq ateliers de création médico-sociaux et associatifs parisiens".
  • 29. Cette exposition, dont on a par ailleurs soigné la scénographie, présente des travaux d'ateliers collectifs où règne en fait assez peu d'excentricité. A se promener dans l'expo, on se dit que l'on y rencontre plutôt un bon échantillon de références à l'art plastique moderne ou contemporain, de l'expressionnisme Kokoschka édulcoré à la peinture proche du graffiti à la Basquiat, du lettrisme à l'art enfantin (l'art des handicapés mentaux s'en rapprochant souvent), etc., le tout ne présentant aucune originalité véritable (à part une ou deux exceptions notables, voir dernier paragraphe de cette note). L'art brut, revendiqué en titre, voire l'art naïf, on sent bien que l'on (les animateurs des ateliers?) cherche parfois à en rapprocher les créations de ces ateliers. En effet, certaines manières, certaines caractéristiques de composition que l'on rencontre souvent dans les œuvres des collections d'art brut, comme le morcellement des formes colorées cernées en noir par exemple, se retrouvent ici et là, comme réemployées incidemment et malignement, ce qui en fait des marqueurs de style et des tics par voie de conséquence, alors que chez les bruts, il n'y avait pas de volonté d'employer sciemment ces tours de main. Catalogue d'art moderne recraché? Expo "Absolument excentrique", 2013 Le public était nombreux lorsque je visitai cet espace (un samedi). L'hôtel de ville est situé en plein centre de Paris, et les mots magiques, si à la mode depuis quelque temps, de "l'Art Brut", qui traînent partout, attiraient bien
  • 30. évidemment le passant pas au courant. Mais les connaisseurs, et je suis sûr qu'il y en a de plus en plus depuis que d'autres expositions dans des lieux très en vue (comme le "Museum of Everything" récemment à StGermain-des-Prés, les expos de la Halle Saint-Pierre, la Maison Rouge, boulevard de la Bastille, le LaM à Villeneuve-d'Ascq, etc.), ne peuvent que constater après un rapide examen des œuvres présentées à l'intérieur qu'on les a trompés sur la marchandise. Il n'y a pas d'art brut rue de Rivoli... Les organisateurs (un "Collectif Evénementiel Art et Handicap") se sont parés de plumes qui ne leur appartiennent pas. On a simplement affaire à une présentation des travaux d'ateliers pour handicapés divers comme il y en a déjà eu de nombreuses par le passé, sans qu'il y eût besoin alors de se livrer à ce tour de passe-passe. Ce genre d'usurpation de terme en dit long sur l'importance en réalité accordée par les organisateurs à ce qu'est vraiment l'art brut. Comme s'ils se moquaient en fait de savoir ce que c'est ou non. Leur seul but étant de harponner le chaland à tout prix avec un titre accrocheur. On se dit qu'il doit y avoir une entreprise de communication spécialisée dans le marketing derrière eux. Mais pas très finaude et plutôt mauvaise communicante...
  • 31. Ensemble de pièces en terre émaillée de Philippe Lefresne à l'exposition "Absolument excentrique", 2013 Cela fait quelque temps déjà que la Mairie de Paris pousse les associations et les centres d'aide par le travail spécialisés dans les handicapés à exposer ici et là. Ce qui paraît inquiétant, c'est son aveuglement concernant les lieux parisiens qui s'occupent depuis bien longtemps, sans l'avoir attendue, et parfois même gênés par elle -ce qui est un comble!- de faire connaître l'art brut et ses formes apparentées, comme la Halle Saint-Pierre dont la mairie réduit sans cesse les subventions et augmente le loyer... Sans doute faut-il deviner derrière une telle attitude ce côté dogmatique des dirigeants parisiens cherchant à imposer des choix sociaux guindés et artificiels qui ne tiennent aucun compte des choix des individus, des paroles venues d'en bas... Trop anarchiques pour eux, sans doute.
  • 32. Bouteille de Contrex aux ornements phalliques, selon Philippe Lefresne, exposée à la Galerie Beckel-Odille-Boïcos en 2012 et pas à "Absolument excentrique", ph. BM Ceci dit, pour ne pas finir sur une note trop négative –aujourd'hui, on po-si-ti-ve, n'est-ce pas?–, il est à remarquer qu'une fois de plus, comme dans l'exposition "Exil" du Couvent des Cordeliers, se trouvent mélangés à ces créateurs handicapés venus de tous horizons (leurs ateliers ne sont pas spécifiés au cours de l'expo) certains créateurs déjà repérés en provenance de l'ESAT de Ménilmontant dont j'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que j'en pense (et qui, comme dans le cas de l'exemple ci-après pourrait peut-être être cette fois vraiment rangé dans une catégorie à part de l'art brut). Comme l'excellent Philippe Lefresne (voir les deux illustrations ci-dessus), créateur d'un style personnel et à l'imaginaire débridé, bosseur invétéré (un camarade m'a raconté que récemment il serait allé se plaindre dans un commissariat qu'il voulait continuer à travailler le dimanche dans l'atelier où il est salarié comme tous les
  • 33. autres artisans handicapés -à signaler que tous touchent un salaire identique quelque soient les prix atteints par les œuvres des uns et des autres), métamorphoseur d'images médiatiques qu'il passe à sa réjouissante moulinette. Ou Fathi Oulad Ben Abid et ses sculptures en raku que l'on avait remarquées au Carré de Baudouin, pour les 40 ans de l'ESAT, et dans la galerie BeckelOdille-Boïcos près de la Bastille. Mais ils sont durs à repérer. Mieux vaut encore aller les rencontrer là où ils produisent dans les ateliers (peinture et poterie) de la rue des Panoyaux dans le XXe ardt. 15:52 Publié dans Art contemporain, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (15) | Envoyer cette note | Tags : absolument excentrique, hôtel de ville de paris, art des handicapés mentaux, philippe lefresne, fathi oulad ben abid, esat de ménilmontant | Imprimer samedi, 12 octobre 2013 Le visage d'Ali, le créateur oublié d'Essaouira
  • 34. Ali, photo (détail) Patricia Allio, 2001, extrait du catalogue de l'exposition à Dol-deBretagne, "L'art brut à l'ABRI" Donc nous voyons ci-dessus à quoi ressemblait le Ali que le texte de Darnish, et le commentaire de Marianne Boussuge-Brault, récemment mis en ligne sur ce blog (voir ci-dessous), évoquaient. Cette photo fut publiée par Patricia Allio dans le catalogue de l'exposition "L'art brut à l'ABRI" qu'elle avait montée au Cathédraloscope de Dol-de-Bretagne (étaient exposés: des sculptures de Jean Grard, de Pierre Jaïn et de René Raoult, des peintures d'Ali, d'Asman Saïd et d'un autre peintre inconnu d'Essaouira, des photos d'Olivier Thiébaut, des cartes postales de l'Abbé Fouré (venues de ma collection), des peintures de Bruno Montpied, de Patricia Allio, des assemblages d'os sculptés de Gaston Floquet, des sculptures de Dominique Ronsin, et des "mécaniques apprivoisées" de Dino Pozzo). Ces deux peintures d'Ali (photo Bruno Montpied) étaient accrochées dans l'expo de Dolde-Bretagne en 2001 de même que la jarre peinte ci-dessous dont on voit les deux personnages peints au pourtour (elle corrobore l'indication de Marianne Boussuge-Brault qu'Ali affectionnait de peindre sur des supports variés, notamment en trois dimensions)
  • 35. Pour faire bonne mesure, je remets ici, annobli en texte de note, le témoignage de Marianne BoussugeBrault à propos de cette "Maison des Artistes" qui est à Essaouira décorée avec des peintures d'Ali. Dommage que l'hôte dont elle parle ait été si rétif que cela à ce qu'elle puisse prendre des photos. "A Essaouira au mois de septembre, nous avons logé dans une maison d'hôte nommée la maison des artistes. S'y trouve exposée l'œuvre géniale d'Ali (brèves biographiques glanées auprès de notre hôte qui lui voue un culte: plus ou moins SDF durant toute sa vie (aujourd'hui terminée), ancien soldat de la guerre d'Algérie dont il a gardé un profond traumatisme, a vécu à la maison des artistes pendant un moment: le propriétaire lui a laissé "carte blanche" dans la maison en échange d'un toit, à manger et de leur amitié). Ali peint sur tout et utilise tous les supports: fenêtre, tables, chaises, toile etc. Des œuvres variées, parfois brutales rappelant les horreurs de la guerre, parfois très colorées et souvent oniriques. L'âne est une figure qui revient
  • 36. dans la plupart de ses toiles. Nous n'avons pas pris de photographies, notre hôte étant rétif à cette idée mais je pense qu'il suffit de frapper à la porte ...et de découvrir Ali." (Marianne Boussuge-Brault) La salle de l'exposition "L'art brut à l'ABRI" où se trouvaient les œuvres de quelques créateurs d'Essaouira, dont Ali, découverts par Patricia Allio (l'ABRI était le nom de –la paradoxalement éphémère!– association qu'elle avait fondée avec Frédéric Nef dans le but de protéger des créations d'art brut... ; autour étaient disposées des pièces sculptées de Jean Grard, des photos, au fond, d'Olivier Thiébaut..., ph. BM, 2001 10:13 Publié dans Archives du peuple singulier, Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note | Tags : ali, essaouira, l'art brut à l'abri, patricia allio, art brut marocain, olivier thiébaut, jean grard, bruno montpied, pierre jaïn, art brut en bretagne, darnish | Imprimer lundi, 07 octobre 2013 L'autre Biennale à Lyon, hors-les-normes paraît-il C'était le dernier jour hier, choisi en mon honneur puisque c'était la Saint-Bruno. Non, je plaisante. Pas sur le fait que c'était le dernier jour cependant (enfin pas pour toutes les expos qui se sont affiliées à ce programme... Vous n'avez pas tout compris? Pas grave).
  • 37. Je n'ai pas eu la possibilité de la visiter de fond en comble cette biennale, prévue pour se tenir en parallèle et peutêtre (sûrement) en opposition à la Biennale d'art contemporain qui a lieu aussi à Lyon au même moment, et qui paraît véhiculer beaucoup d'importance nulle. Si bien qu'il ne dut pas être difficile pour les organisateurs de l'Hors-les-Normes, la "VeBHN", comme ils disent, de faire mieux. Prévue pour s'exposer en 27 lieux (tout de même), cette Biennale qui fête ses dix ans donc a réussi cette année à monter quelques intéressantes exhibitions qui nécessitent que je m'en fasse l'écho (l'expo de la galerie Dettinger sur quatre créateurs marocains découverts à Tanger que j'ai chroniquée il y a quelques jours se tient parallèlement à cette BHN, sans faire partie pour autant de son programme). J'ai relevé notamment dans ce programmedépliant, par exemple, au 5 rue Bonald dans le 7e ardt, la galerie Korova Art Cubby Hall qui montrait des Jaber (voir ci-contre ; en allant dans l'arrière boutique de ce petit local au nom grandiloquent on pouvait aussi découvrir des affiches peintes du Ghana, et des Tokoudagba (une mami wata, ai-je rêvé? Je suis passé en effet très vite, comme au pas de charge en compagnie d'amis pressés)).
  • 38. Juste à côté, dans une boutique de tatoueur, intitulée -manie de l'invasion de notre pays par les mots anglo-saxons- "In my brain" (18 rue Bonald), se tenait une autre exposition où une artiste répondant au doux nom d'"Aup'titbazar", en réalité de son autre nom Alice Calm, montrait des sous-verres remplis de cheveux dessinant de folles arabesques, parfois empesées d'on ne savait trop quelle poisse blanche... Alice Calm, sous-verre où dansent des cheveux (pas eu le temps de demander si l'œuvre avait un titre, une date...), galerie "In my brain", Lyon 7e ardt, photo Bruno Montpied Je n'ai pas vu la "sélection BHN" où exposait entre autres l'ami Jean Branciard à l'Université Lyon 2 Campus du Rhône (quai Claude Bernard Lyon 7e), mais je fais confiance à Branciard pour avoir amené de ses esquifs et
  • 39. autres assemblages brinqueballants toujours aussi captivants. Pas vu non plus au Musée des Moulages, cours Gambetta dans le 3e ardt, l'expo "Trouble pictural" consacrée aux protégés français et belges de la Pommeraie (Maurice Brunswick, Michel Dave, Paul Duhem, Alexis Lippstreu, Jacques Trovic, Jean-Michel Wuilbeaux, entre autres), mais je fais confiance là aussi à cet atelier le plus connu d'Europe pour ses créateurs inventifs malgré leurs différents handicaps. Parmi les autres lieux, devaient certainement être intéressants "le singulier boudoir" installé à la mairie de Lyon 3e ardt avec des œuvres de Marilena Pelosi, Evelyne Postic, Joël Lorand, Jo Guichou, Paul Amar, etc. qui avaient été prêtées par l'association Bab'Art venue du Gard, ainsi qu'à la MAPRA, dans le 1er ardt, l'expo "American folk art" montée par la revue Gazogène et Jean-Michel Chesné qui ont tiré un numéro spécial à ce sujet (le n°35 de la revue), les œuvres présentées paraissant avoir été prêtées par Chesné. Par contre, j'ai perdu beaucoup de temps à dénicher une autre petite exposition perdue dans le hall de l'Ecole Normale Supérieure située au métro Debourg (dans le 7e ardt encore). Alain Dettinger m'en avait dit le plus grand bien, à cause de la présence parmi les trois exposants d'un certain Christopher Simmons, créateur qu'il avait cotoyé en Australie dans les années 80, et qui dessinait de façon primesautière sur des serviettes en papier à l'exclusion de tout autre support. Cette ENS laissait voir plusieurs de ses dessins effectivement attachants et remarquables, dessins qui avaient été prêtés par Alain Dettinger. Je me suis laissé dire que ce Simmons a peut-être des dessins conservés à Lausanne, est-ce vrai ? (A vérifier). La quête fut longue, mais la découverte payante. A signaler que cette expo-là, intitulée "Encrés dans l'invisible", se termine le 19
  • 40. octobre. Enfin, saluons le fait que toutes les expos de cette Biennale étaient, et sont, libres d'accès. En ces temps où certains musées et autres Outsider Art Fair font payer leurs entrées à des prix astronomiques anti démocratiques (révélateurs du public auquel on destine désormais l'art brut par une odieuse captation d'héritage), c'est à marquer d'une pierre blanche... Christopher Simmons, autoportrait à la coupe en brosse, env. 18x18 cm, 1980, coll. Galerie Alain Dettinger 10:17 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note | Tags : 5e bhn, korova art cubby hall, tatoueurs, gazogène 35, jean-michel chesné, art brut américain, christopher simmons, alice calm, jaber, la pommeraie, jean branciard, galerie alain dettinger, bab'art | dimanche, 06 octobre 2013 Yves-Jules Fleuri refait l'histoire de l'art Imprimer
  • 41. Il faut tout de même que je dise où et pourquoi j'ai choisi cette peinture du Caravage modifiée par YvesJules Fleuri de l'Atelier Campagn'Art que j'ai proposée à en énigme voici quelques jours. En commençant par la restituer telle qu'elle est mise en ligne sur le site de la Galerie du Marché à Lausanne (je l'avais en effet un peu maquillée dans ma première note de façon à ne pas laisser traîner trop d'indices, j'espère que le directeur de la galerie, Jean-David Mermod ne m'en tiendra pas rigueur...).
  • 42. Le Caravage, Judith décapitant Holopherne et sa version Fleuri au-dessus. C'est en effet dans cette galerie que, suite à une demande de son directeur, Fleuri présente actuellement une série de peintures toutes démarquées de chefsd'œuvres de l'histoire de l'art. "L’atelier dans lequel il travaille possède des photographies de tableaux de peintres célèbres qu’il copie depuis quelques temps avec son style inimitable. Fort de cette information je lui fis parvenir, fin 2011, un choix d’une centaine de reproductions de tableaux célèbres du XIVème au XXème siècle. Il en a choisi trente cinq pour en réaliser une interprétation" (Jean-David Mermod).
  • 43. Anonyme (Ecole de Fontainebleau, vers 1594), Gabrielle d'Estrées et sa soeur ; audessus le même, recuisiné par Yves-Jules Plusieurs maîtres sont ainsi passés à la moulinette, un peu, doit-on dire, à la façon dont un autre créateur handicapé, Alexis Lippstreu, travaillant dans le foyer de la Pommeraie, toujours en Belgique, modifie, depuis plus longtemps que Fleuri je pense, tel ou tel chef d'œuvre de Gauguin ou Girodet.
  • 44. Un tableau "métaphysique" revu par Yves-Jules... Yves-Jules Fleuri, "Mon musée à moi", Galerie du Marché, 1, escaliers du Marché, Lausanne, du 3 octobre au 9 novembre. 00:19 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : yves-jules fleuri, galerie du marché, jean-david mermod, art des handicapés mentaux, campagn'art, la pommeraie, alexis lippstreu, le caravage, école de fontainebleau, chirico, modifications dans l'art | Imprimer samedi, 05 octobre 2013 Sur Ali Maimoun Je suis resté un peu circonspect je dois dire, dans le récit du citoyen Darnish –et c'est le seul bémol que j'ai à y apporter, tant cette relation, comme dit l'Aigre, m'a paru à moi aussi excellente, et salutaire quant aux créateurs oubliés d'Essaouira dont j'attendais des nouvelles depuis des années– je suis resté circonspect devant les peintures-découpures d'Ali Maimoun que l'on voit autour de lui sur la photo de Samantha Richard. Son art a bien changé, et pas forcément en mieux, selon mon goût bien sûr, depuis la peinture qui fut exposée au Musée de la Création Franche en 1997 et que je mets en ligne ici pour permettre à mes lecteurs de juger sur pièces.
  • 45. Ali Maimoun, vers 1997, collection permanente du Musée de la Création Franche, ph. Bruno Montpied Et pour donner un autre exemple de ce que peint Maimoun aujourd'hui, voici une autre photo de Samantha Richard faite à Essaouira cet été. Le tableau me paraît nettement plus "décoratif", qu'en pensez-vous?
  • 46. Ali Maimoun, 2013, photo Samantha Richard 14:52 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (8) | Envoyer cette note | Tags : ali maimoun, musée de la création franche, samantha richard, darnish, essaouira, art singulier du maroc, art marocain contemporain | Imprimer jeudi, 03 octobre 2013 Essaouira, les "malfaisants" résistent encore! Un récit de Darnish et Samantha Richard Rencontre avec des artistes Souiris (juillet 2013) « Une écurie de canassons analphabètes » écrivait dans une sorte de manifeste le 22 Février 1999 Houssein Miloudi, le peintre établi d’Essaouira, à propos des artistes autodidactes réunis dès la fin des années 80 autour de la figure de Fréderic Damgaard et de sa galerie. « L’histoire les a broyés », «ces malfaisants n’ont laissé
  • 47. aucune trace » acquiesçait Abdelwahab Meddeb, ces derniers propos ayant été tenus dans l’émission « Culture d’Islam » consacrée à Houssein Miloudi sur l’antenne de France Culture cette année. Qu’en est-il vraiment ? Avec Samantha, nous nous sommes rendus à Essaouira cet été, en plein ramadan. Après un voyage en bus depuis Marrakech, nous voici arrivés dans cette cité au bord de l’océan où la température, bien plus fraîche qu’au nord nous a tout de suite permis de prendre un salutaire bol d’air. En rejoignant notre premier point de chute, nous sommes passés devant «l’atelier Damgaard» où sur les murs extérieurs étaient présentées des œuvres de Mustapha Asmah (voir ci-contre photo de Samantha Richard). Ces visages aux grands yeux, aperçus furtivement, nos sacs pesant sur l’épaule, paraissaient nous saluer, le pied à peine posé dans la ville… Bon présage. Ce n’est que le lendemain que, reposés, nous sommes revenus sur nos pas et avons pu admirer les œuvres exposées dans l’atelier Damgaard (atelier d’encadrement et annexe de la galerie) et la galerie située à une cinquantaine de mètres. Dans ces lieux, de nombreuses œuvres se côtoient, ne laissant que peu d’espace vide sur les murs. Ainsi Maimoun voisine avec El Hadar, Sanana, Tazarine, Ouarzaz, Babahoum, Asmah et d’autres encore. L’accrochage est un peu confus mais les œuvres s’imposent à notre regard, on découvre…
  • 48. Azedine Sanana, Galerie Damgaard, ph. Samantha Richard, 2013 Le type qui tient la galerie nous explique que Frédéric Damgaard s’est retiré de l’affaire et que la galerie, même si elle porte toujours le même nom, appartient désormais à un couple de nationalité belge. Ce couple nous a-t-on dit par ailleurs l’a achetée comme on achète une paire de chaussures. Entendons par là qu’il n’a ni l’envie ni l’énergie de faire connaitre ces artistes et que du coup la galerie vivote, quelques touristes s’y aventurent, pas grand monde. Nous avons essayé d’entrer en contact avec les artistes par le biais du type qui tient la galerie mais ces essais se sont avérés infructueux. En arpentant la ville nous avons bien trouvé quelques espaces d’expositions tenus par les artistes eux-mêmes mais les œuvres proposées nous semblaient un plagiat, une sorte de copie de ce qui se trouvait chez Damgaard. Pas de quoi fouetter un chat. C’est donc l’âme en peine que les jours passant, nous nous faisions à l’idée de retourner en France, n’ayant pas rencontré un seul de ces créateurs extraordinaires. La providence a voulu que les choses se déroulent autrement. En effet, depuis le balcon de notre second point de chute, l’hôtel Beaurivage (hôtel au charme suranné), nous avions remarqué l’ouverture d’un "complexe commercial", en fait un local où se trouvaient des vendeurs d’huile d’argan et autres produits locaux. C’est en jetant un rapide coup d’œil à l’intérieur que nous avons aperçu, au fond du local, une peinture majestueuse qui, malgré la distance, était manifestement de la main d’Ali Maimoun. En effet un petit espace bien discret, derrière des tapis, était dédié à la peinture et pas n’importe quelle peinture puisqu’au mur il y avait Ali Maimoun père et fils, Mustapha Asmah et Abid El Gaouzy, lui-même présent sur les lieux.
  • 49. Atelier de Mustapha Asmah, ph. SR, 2013 On peut dire qu’avec Abid El Gaouzy le contact est tout de suite passé malgré la barrière de la langue. Il nous a expliqué l’aventure Damgaard et le besoin pour les artistes de se prendre dorénavant en mains. Pour ce faire, il a créé une association, « Jamaia Alouan Naouras Fitria », que l’on peut difficilement traduire (cela donnerait à peu près « l’Association des Couleurs des Mouettes Naïves »). Pourtant ni les mouettes ni les couleurs ne sont naïves, cela aurait plutôt à voir avec les déjections de ces volatiles omniprésents à Essaouira et leur faculté de vous repeindre un vêtement en volant au-dessus de vos têtes… Abid El Gaouzy est le président et le moteur de l’association. Autour d’un café à la terrasse du Café de France, rythmé par la rude fumée des cigarettes Marquise, nous avons discuté peinture, matériel utilisé, précarité des artistes et acharnement à peindre encore et toujours. Le lendemain, un rendez-vous fut fixé à 11h du matin pour visiter quelques ateliers dans un quartier périphérique. C’est donc à 11h que nous avons retrouvé Abid El Gaouzy pour prendre un taxi et nous rendre au « Quartier Industriel ». On y retrouva Abdulah El Moumni le secrétaire de l’association qui parle très bien français et qui se proposait de faire l’interprète. Il est le seul membre non artiste de l’association. Ce quartier au nom si peu poétique est en fait un ensemble de masures faites de bric et de broc où des biffins étalent leurs pauvres marchandises qui vont de la chaussure unique à la bouteille de soda vide en passant par la chaise à 3 pieds… Le bois, principal matériau de construction de ce quartier, est devenu gris sous l’assaut des embruns et du vent chargé de sable de cette région. Impressionnés, nous pénétrâmes dans ce bidonville totalement anarchique pour arriver devant l’atelier de Mustapha Asmah. Il était là avec sa Femme Najia, sachant que nous venions.
  • 50. Devant l’atelier une pancarte indiquait sa présence. Quiconque connaissant ce lieu peut lui rendre visite, le dimanche plutôt, pour y acquérir une peinture. Et quelle peinture! Mustapha Asmah peint beaucoup et son atelier est rempli d’œuvres qui font de cet endroit un quasi « environnement ». Il y a des toiles, des peintures sur bois, des assemblages, des sculptures en pierre récupérées sur la plage et taillées avec des outils de sa confection, des instruments de musique à cordes entièrement réalisés par ses soins et agrémentés de ses petits personnages aux grands yeux expressifs. Nous n’en croyions pas nos mirettes. A un moment nous devinons un âne représenté sur une peinture et Mustapha Asmah, en mimant des zigzags avec sa main nous dit : « l’âne, le plus grand ingénieur des autoroutes ». Nous comprenons que selon lui, il suffirait pour décider du tracé d’une route de suivre le chemin que prend l’âne… Nous étions très loin de « l’écurie de canassons analphabètes » évoqué plus haut par ce peintre officiel… Atelier d'Abdelaziz Baki, ph. SR, 2013 Puis Abid El Gaouzy nous a amené voir Abdelaziz Baki, un autre membre de l’association, le plus âgé d’entre eux. Ici aussi un écriteau signale qu’il s’agit d’un atelier d’artiste. A l’entrée une fusée-vélo d’enfant bricolée et peinte évoque une pièce de manège sans manège, à moins que le manège soit partout en fin de compte.
  • 51. Abdelaziz Baki, ph. SR, 2013 Abdelaziz Baki, ancien électricien, nous montre sa peinture aux couleurs vives à mi-chemin entre abstraction et figuration. Il peint aussi des bois flottés assemblés qu’il transforme en créatures imaginaires, souvent des dinosaures. Il les appelle ses totems. Comme Mustapha Asmah, une grande sérénité émanait d’Abdelaziz Baki. Une fois de plus, nous ne pouvions en croire nos yeux. Abdelghani Ben Ali, ph.SR, 2013 Puis à quelques mètres de là, nous allons voir Abdelghani Ben Ali. Moins serein que ses confrères, plus tourmenté par une vie difficile où décès traumatisants ont côtoyé de graves difficultés financières
  • 52. (ancien pêcheur, son bateau a fait naufrage), Abdelghani Ben Ali s’exprime par une peinture fort différente des autres. Chez lui la nudité s’expose, des ânes copulent, les couleurs sont moins vives, tandis qu’une grande force se dégage de ses créations, une force inouïe même. De petits formats très sombres nous plongent dans « quelque chose » que nous n’avons plus l’habitude de voir en France. Il y a quelque chose de Goya, je trouve, chez Abdelghani Ben Ali qui nous dit peindre seulement quand l’inspiration lui vient. « Si je veux dire quelque chose, je le dis dans mon tableau », nous confie-t-il avec une certaine gravité. Abdelghani Ben Ali dans son atelier à côté de certaines de ses oeuvres, et insérée dans la note une autre de ses peintures, ph. SR, 2013 ; je (l'animateur du blog) me demande si ce Ben Ali ne serait pas par hasard le même peintre dont Patricia Allio dans son exposition 'L'art brut à l'ABRI" à Dol-de-Bretagne en 2001 montra au moins deux oeuvres (voir tout de suite ci-dessous)?
  • 53. "Ali", deux peintures, provenant d'Essaouira, exposées par Patricia Allio à Dol-de-Bretagne en 2001, le même Ali que rencontrèrent Samantha et Darnish à Essaouira cet été? Photo Bruno Montpied, 2001 Enfin nous terminâmes notre visite par l’atelier de Mustapha El Hadar, seul à ne pas faire partie de l’association. Franc-tireur envers et contre tout, il continue cependant de travailler avec la galerie Damgaard. Il est surtout connu pour ses dessins à l’encre de Chine ou au « smah » (sorte d’encre à base de crottes de chèvre) sur des peaux marouflées sur bois. Il rehausse ensuite parcimonieusement ses dessins de gouache aux couleurs vives. Dans ses grands formats fourmille un bestiaire halluciné, fascinant. Dans son atelier, une grande œuvre interrompue faute d’encre trône au milieu d’expériences en tout genre. Ici un assemblage d’objets en plastique, ailleurs un collage en trois dimensions. Ce sont des expérimentations réalisées quand une peinture est en train de sécher car Mustapha El Hadar, perpétuellement excité, ne veut pas perdre de temps. Il a aussi fait des installations de land art « brut » à base de morceaux de carrelage disposés sur la plage du quartier industriel sur lesquels il pose des objets mis au rebut comme un vieux téléviseur, une chaise, etc…
  • 54. Mustapha El Hadar, ph. SR, 2013 Nous quittâmes cet endroit bouleversés par ce que nous y avions vu, par les rencontres faites. Tout cela nous ramenait à notre situation en France, à notre idée de ce qu’est l’art, idée bien souvent mise à mal par ce que nous voyons en général, par cette mainmise d’un art contemporain si éloigné de la vie, combien même il prétend la signifier, la représenter, la sublimer, y dénoncer ses travers. Le soir nous retrouvâmes Abid El Gaouzy qui surveillait l’arrivée d’éventuels clients dans le fameux complexe commercial en sirotant son café à la terrasse du Café de France. L’air était frais et le café moins cher depuis que nous y allions avec Abid. A ce moment il nous annonça qu’Ali Maimoun, au courant de notre présence, allait venir à notre rencontre. Nous ne nous étions pourtant présentés ni comme des acheteurs, ni comme des galeristes, seulement comme deux artistes français désireux de rencontrer des artistes d’Essaouira pour quand même, peut-être, et excusez du peu, rédiger une note sur le Poignard Subtil et ainsi rétablir un pont entre eux et nous, rompre leur isolement. Ali Maimoun, monsieur Maimoun comme le dit non sans humour Abid El Gaouzy, arriva donc, venu depuis sa campagne dans les terres sur la route de Marrakech ou il possède une maison et un atelier. Portant une djellaba, un chapeau vissé sur la tête et un paquet de Marlboro à la main, Ali Maimoun a l’allure d’un bluesman. Il nous évoqua lui aussi la période bénie de Frédéric Damgaard. « Un grand monsieur, Fréderic » nous confia-il. Frédéric Damgaard rémunérait généreusement les artistes, ce qui n’est plus le cas avec ses successeurs qui ont petit à petit réduit les billets jusqu’à ce que quelqu’un comme Ali Maimoun ne s’y retrouve plus vu le temps qu’il lui faut pour faire une
  • 55. peinture (parfois deux mois). Quand je dis une peinture, c’est façon de parler, car c’est autant un volume, un bas-relief qu’une peinture. Dans un premier temps il découpe dans du bois des entrelacs de formes abstraites, puis il colle ce découpage sur une planche. Ensuite il passe un enduit de son invention à base de colle et de sciure de bois. Ce n’est qu’à la fin qu’il y dépose ses couleurs si particulières, si harmonieuses. En y regardant de plus près on y voit de petits yeux par ci par là qui nous rappelle que ces formes abstraites au premier coup d’œil, représentent en fait des corps, des créatures enchevêtrées les unes dans les autres comme autant de diables dansants. Depuis quelque temps il initie son fils qui, après avoir en quelque sorte imité son père, semble prendre dorénavant son propre envol. Ali Maimoun au milieu de ses oeuvres, ph. SR, 2013 Nous nous sommes pris en photo bras dessus bras dessous avec Ali Maimoun avant de nous quitter chaleureusement.
  • 56. Abid El Gaouzy étalant une de ses dernières oeuvres, ph SR, 2013 Le lendemain, Abid El Gaouzy nous convia, pour un repas d’adieu, dans un appartement qu’on lui prête. Il nous avait préparé un excellent tagine de poisson. Après le repas nous nous rendîmes dans son atelier, un garage prêté lui aussi. Dans ce petit lieu quelques œuvres en cours nous ont interpellés. Abid El Gaouzy cherche encore son style ou plutôt il ne se contente pas d’un style, même si le mot naïf n’est pas exagéré pour définir l’ensemble de ses pratiques. Nous retournâmes ensuite une dernière fois à la terrasse du café où même en ce mois de juillet, un pull en laine n’était pas de trop. Mustapha Asmah nous y rejoignit et c’est avec beaucoup d’émotion que nous les quittâmes sur cette terrasse animée en ce soir de ramadan. Ce texte, cette tribune permettront, je l’espère, de contredire l’odieuse affirmation meddebienne que « l’histoire les [aurait] broyés ». Darnish et Samantha Richard Ps : Bien que ne l’ayant pas rencontré je voudrais aussi parler d’un autre artiste qui habite non loin d’Ali Maimoun, portant le doux nom de Babahoum. Babahoum, très âgé, est sans doute celui qui peut davantage être qualifié de naïf. Sa peinture, souvent constituée de motifs répétés (dromadaires, ânes, personnages, cigognes entre autres) ne souffre d’aucune ambition d’illusion perspectiviste. Les motifs répétés rythment de manière très douce ses formats tous quasiment identiques, tracés sur des cartons de récupération. Il utilise le Bic pour cerner les contours de ses aquarelles aux teintes souvent sableuses. Une grande
  • 57. harmonie naît de son œuvre, et surtout une vie intense. D’après ce que l’on a pu apprendre du personnage, il semble que Babahoum ait fréquenté les hippies dans les années 70 et que sous l’impulsion de ces derniers, il se soit mis à peindre sur les murs des cafés de son village. Puis il s’est occupé d’un pressoir à olive activé par la force d’un dromadaire ce qui peut-être lui a permis de transcrire dans sa peinture cette subtile impression de lenteur, de temps qui défile tranquillement. Babahoum, ph SR, 2013
  • 58. Autre œuvre de Babahoum, ph SR, 2013 03:59 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (10) | Envoyer cette note | Tags : art brut, babahoum, jamaia alouan naouras fitria, abid el gaouzy, azedinne sanana, abdelaziz baki, créateurs autodidactes d'essaouira, essaouira, ali maimoun, mustapha asmah, darnish, abdelwahab meddeb, hossein miloudi, abdelghani ben ali, mustapha el hadar | Imprimer mercredi, 02 octobre 2013 Modification mystère, un jeu Ce peintre belge dont j'ai déjà parlé ici s'amuse depuis quelque temps à peindre des tableaux d'après les grands maîtres de l'art (c'est à la mode en Belgique). Faisons un petit jeu (non ouvert à ceux qui l'exposent ou qui le connaissent bien, essayons de rester honnêtes...). Un DVD des films de Del Curto et Genoux sur Henriette Zéphyr et Yvonne Robert à gagner à celle ou à celui qui
  • 59. reconnaîtra le grand maître de la peinture qui a été réinterprété dans le tableau ci-dessous... C'est d'après qui, hein? C'est le DVD à gagner... 23:41 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note | Tags : modifications d'oeuvres d'art, arrt singulier, art immédiat, jeux de devinette, mario del curto, bastien genoux | Imprimer vendredi, 27 septembre 2013 Le retour de l'art brut marocain
  • 60. Il y a quelques années, certains s'en souviendront, la mode fut un moment à la découverte des artistes dits naïfs d'Essaouira, l'ancienne Mogador au Maroc où fut tourné l'Othello d'Orson Welles et où résidèrent à une époque beaucoup d'artistes et d'écrivains occidentaux (dans les années 70, la ville vit passer Jimmy Hendrix, Cat Stevens et le Living Theater, entre autres). Les autodidactes singuliers paraissaient littéralement y pulluler, certains d'entre eux firent connaître leur nom au delà des frontières du pays, comme Ali Maimoun, Mohamed Tabal, Abdallah Elattrach, Rachid Amarhouch ou Mostapha Assadeddine. Une grande exposition tourna en France en 1999, à Strasbourg, Barbizon, Bourges, La Rochelle, Lyon (galerie des Terreaux), Pézenas, SaintEtienne et Paris (dans un espace Paul Ricard qui d'après moi maintenant n'existe plus, rue Royale près de la Concorde, au-dessus du café chez Maxim's). Elle présentait Boujemâa Lakhdar (1941-1989), ancien conservateur du musée des Arts Populaires d'Essaouira et en même temps peintre, comme le pionnier et le doyen des peintres de la ville. Sa peinture était naturellement inspirée des arts et traditions populaires de cette région, il s'intéressait à la magie, aux chants traditionnels, à la sculpture, à l'artisanat et à l'histoire de la ville. Certaines de ses œuvres figurèrent dans la fameuse exposition Les Magiciens de la Terre qui se tint en 1989 au Centre Beaubourg et à la Grande Halle de la Villette, expo où il fut le seul représentant du Maghreb. Il semble qu'il ait été un des grands initiateurs de la peinture autodidacte populaire moderne dans cette ville d'Essaouira, véritable pépinière de peintres singuliers, ressemblant un peu à Haïti et ses nombreux artistes autodidactes. Ces créateurs se firent connaître à l'étranger grâce à l'activité dynamique de la galerie Frédéric Damgaard qui les exposa dès le début des années 90. Hélas aujourd'hui, cette galerie semble avoir cessé sa médiation et son entreprise de communication énergique en leur faveur (son propriétaire n'étant apparemment plus en état de la continuer). On n'entend du coup plus parler des "Naïfs"
  • 61. d'Essaouira, qui sont en réalité plus proches de l'art brut. Pourtant récemment, Darnish, de passage au Maroc, a retrouvé certains d'entre eux. Ali Maimoun est toujours actif, et avec d'autres, a fondé une "Association des Couleurs des Mouettes Naïves d'Essaouira" dont le nom plaide assez peu pour leur travail il est vrai (il paraît que le terme marche mieux en arabe) mais qui leur permet de retrouver un peu plus de visibilité, en dépit des lamentables critiques venues de certains intellectuels arabes arcboutés sur leurs privilèges élitistes comme ce peintre académique d'Essaouira nommé Houssein Miloudi qui, selon Darnish, les traita en 1999 dans un de ses textes de "canassons analphabètes", ce que confirma Abdelwahab Meddeb (comme c'est souligné par Darnish dans un récit que je publierai bientôt) en déclarant dans une émission à la gloire de ce Miloudi diffusée il y a peu sur France Culture: "ces malfaisants n’ont laissé aucune trace"... Ahmed Fellah, œuvre reproduite sur le carton d'invitation de la Galerie Dettinger-Mayer En attendant que Darnish veuille bien nous faire un reportage sur son voyage, nous pourrons ronger notre frein de façon féconde en allant voir ce que nous ont
  • 62. dénichés deux chercheurs de talent de première, le galeriste Alain Dettinger et sa collaboratrice FatimaAzzahra Khoubba, qui ont ramené de Tanger quatre créateurs nouveaux, tout aussi autodidactes que ceux d'Essaouira, Ahmed Fellah, Zohra Saïdi, Mohamed Larbi Amarnis et Abdelaziz Hakmoun, vivant dans la médina. Ils vont être exposés dans la Galerie Dettinger-Mayer (4, place Gailleton, dans le 2e ardt de Lyon, tél: 04 72 41 07 80) du samedi 28 septembre au samedi 19 octobre. Zohra Saïdi, titre non identifié (il semble qu'il s'agisse d'une scène de rue dans la vieille ville de Tanger, avec des collines montagneuses en arrière-plan, un liseré de ciel longeant le bord supérieur du tableau ; les deux têtes à gauche correspondraient aux visages d'enfants curieux de la scène se passant dans la ruelle), ph. Bruno Montpied, expo chez Dettinger 2013 Je n'ai pas pu voir l'ensemble de l'expo en avantpremière, mais j'ai tout de même entraperçu quelques beaux morceaux prometteurs que je vous livre en guise d'avant-goût. Les deux plus étonnants dans cette bande des quatre, à mon humble avis, c'est surtout Zohra Saïdi (qui paraît signer quelquefois Saïda) qu'une rumeur présente comme une nouvelle Chaïbia, et Abdelaziz Hakmoun.
  • 63. Zohra Saïdi, œuvre (sur papier?), ph.BM, expo chez Dettinger 2013 Abdelaziz Hakmoun, pas de titre identifié, pas de date non plus, ph. BM, expo chez Dettinger 2013 Etonnantes et fortes images, ne trouvez-vous pas? Zohra Saïdi a une façon toute particulière et très libre, en véritable affranchie de la représentation picturale et graphique, de restituer ses observations, sans souci de la ressemblance autre que propre à son ressenti, à sa vision des choses. Ce visage est coulant? Ses pieds ressemblent à des pattes de chameau? Peu importe si cela marche dans la composition, si cela tient et doit être conservé par le peintre. Ce n'est pas une traduction immédiate de la vision, c'est plutôt un jeu avec les couleurs et les formes qui prenant prétexte d'une restitution de paysage extérieur s'affranchit des règles de ressemblance et se déploie dans un accord étroit avec le
  • 64. ressenti immédiat de la créatrice, analogue avec sa façon de vivre le monde au jour le jour. C'est cela que j'entrevois quand je parle d'art de l'immédiat, M. Gayraud. Abdelaziz Hakmoun, sans titre identifié, ph.BM, expo chez Dettinger 2013 Abdelaziz Hakmoun est plus sombre, comme plus tourmenté, aimant plonger ses faces de carême (ou de ramadan en l'occurrence) dans un maelström de cercles
  • 65. embrumés ou bouillasseux. Mohamed Larbi Amarnis, une pierre, ph BM, expo chez Dettinger 2013 Mohamed Larbi Amarnis procède autrement encore, en grand obsédé des formes naturelles des pierres qui le sollicitent fortement. Comme le Français Serge Paillard qui fait de la divination d'après pommes de terre, Amarnis est visionnaire dans le minéral. Il peint une pierre en tentant d'en révéler le mystère. La roche apparaît inexorablement, peinte sur verre, tel un bloc quelque peu abstrait, comme un aérolithe tombé du ciel. Les pierres magiques "lui chuchotent des histoires. La forme de ses pierres le guide dans l'interprétation de rêves prémonitoires. Il voit dans ces formes des messages qu'il dessine avec des plumes de pigeon, en gris métallisé sur des fonds noirs. Plus loin des fleurs fragiles se dressent dans des vases aux formes
  • 66. asymétriques et des chandeliers sans bougies éclairent un pigeon..." (Fatima-Azzahra Khoubba). 01:15 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Envoyer cette note | Tags : naïfs d'essaouira, ali maimoune, abdelwahhab meddeb, art brut marocain, galerie dettinger-mayer, fatima-azzahra khoubba, alain dettinger, abdelaziz hakmoun, darnish, frédéric damgaard, art immédiat, art singulier, serge paillard | Imprimer mardi, 17 septembre 2013 De la lenteur avant toute chose L'association ABCD invite l'association Portraits pour une exposition où seront confrontées des œuvres d'art contemporain et des créations faisant partie des collections d'art brut d'ABCD. Il y a pas moins de cinq commissaires d'exposition pour cette association Portraits, tandis que Barbara Saforova reste bravement seule commissaire pour ABCD. "De la lenteur avant toute chose", titre et thème de l'expo qui commence à Montreuil-sous-Bois dans les locaux de la galerie ABCD le 29 septembre et se terminera le 16 novembre, invite à réfléchir si la lenteur des processus créatifs (terme
  • 67. qu'affectionne et creuse une des commissaires de l'expo, doctorante à Paris I et conservatrice au musée Picasso, Emilie Bouvard) ne pourrait être interprétée comme un comportement subversif dans un monde dominé par une consommation effrénée et étourdissante des images: "La vitesse est révolutionnaire. Mais la vitesse peut devenir celle, mécanique et aliénante, de la machine, celle de la ville Babylone, industrieuse, faisant et défaisant les modes à un rythme rapide, effréné et superficiel. Dans un monde où l’artiste se voit imposer une productivité toujours plus soutenue, serait-il possible de penser, comme le sociologue Hartmut Rosa dans Accélération : Une critique sociale du temps (2010), que la modernité, à force d’accélérer, pourrait bien faire du surplace ? Il convient ici de s’intéresser à des processus créatifs qui, dans leur lenteur, impliquent une durée subversive par rapport aux injonctions contemporaines de consommation de l’art et des images, sans toutefois s’inscrire dans un anti-modernisme moralisateur" (extrait du dossier de presse de l'exposition). Intéressante question qui paraît faire écho à des préoccupations plus anciennes d'un Paul Virilio, si je peux me permettre de citer ici un philosophe que je n'ai jamais lu mais seulement très effleuré, qui plus est en diagonale, aux étalages des librairies... La lenteur du processus créatif, le temps pris à confectionner minutieusement divers travaux sans se préoccuper des contingences extérieures, n'est-ce pas la même chose qui est pointée ici en creux que l'inactualité radicale d'une certaine création, le temps vécu en décalage absolu visà-vis du temps du travail, de la consommation, de l'obéissance aux clichés et aux modes? Un éloge de la désobéissance et du grand écart vis-à-vis de la société du spectacle?
  • 68. Les commissaires de l'expo en question croient voir un éloge de la lenteur chez des artistes et créateurs qui travaillent avec minutie sans compter leur temps, mais apparemment assez hétéroclites si j'en juge par rapport aux quelques images semées dans le dossier de presse. On y retrouve la dessinatrice Sophie Gaucher dont j'avais proposé à la sagacité de mes lecteurs les dessins en leur demandant si cela pouvait être de l'art brut. Il paraît que c'est ma note qui aurait donné l'idée à Emilie Bouvard et ses amies de la confronter à des œuvres dites d'art brut, c'est décidément trop d'honneur. Mais je rappellerai ici que mes lecteurs dans leurs commentaires l'identifièrent sans hésiter comme une dessinatrice contemporaine... Voici la liste des exposants: ACM, Arnaud Aimé, Anaïs Albar, Clément Bagot, Koumei Bekki, Jérémie Bennequin, Arnaud Bergeret, Gaëlle Chotard, Mamadou Cissé, Florian Cochet, Samuel Coisne, Isabelle Ferreira, Sophie Gaucher, Hodinos, Rieko Koga, Kunizo Matsumoto, Dan Miller, Mari Minato, Edmund Monsiel, Hélène Moreau, Benoît Pype, Daniel Rodriguez Caballero, Chiyuki Sakagami, Ikuyo Sakamoto, Judith Scott, Claire Tabouret, Jeanne Tripier, Najah Zarbout. Je n'en connais pas beaucoup làdedans, si ce n'est les créateurs d'art brut bien connus, ACM et ses maquettes de ruines rongées faites en agrégat de composants électroniques, Emile Josome Hodinos (qui personnellement me barbe avec ses litanies d'inscriptions et de médailles), Dan Miller (un as
  • 69. du gribouillage, une sorte de Cy Twombly spontané et plus brouillon), Judith Scott (qui avec ses cocons de fils, c'est sûr, était complètement barrée loin de nos préoccupations de grands aliénés de la survie), Edmund Monsiel (prolifération vaporeuse de visages) ou Jeanne Tripier (et ses broderies de bénédictine). Les autres noms ne me disent rien. Tout juste puis-je dire, à regarder les images du dossier de presse que je serais curieux de voir les œuvres de Benoît Pype, avec ses fonds de poche dont il fait des petites sculptures ce qui me rappelle une démarche plutôt dalinienne (de sa grande époque surréaliste, pas celle d'Avida Dollars). Ah si, Mamadou Cissé, je vois ce que c'est, on en a déjà vu à la Fondation Cartier, des villes ultra décoratives vues de haut comme des circuits imprimés filtrés par des lunettes psychédéliques, j'avais assez peu apprécié, je trouvais que cela démarquait en moins bien les maquettes de villes futuristes du congolais Bodys Isek Kingelez précédemment exposées dans la même Fondation Cartier... 00:13 Publié dans Art Brut, Art contemporain, Art immédiat, Art singulier, Confrontations, Galeries ou musées bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (5) | Envoyer cette note | Tags : abcd art brut, association portraits, émilie bouvard, art brut, dessin contemporain, sophie gaucher, acm, edmund monsiel, de la lenteur avant toute chose, benoît pype,
  • 70. sculptures de fonds de poche, mamadou cissé, fondation cartier | Imprimer jeudi, 12 septembre 2013 Dirk Geffers au Madmusée de Liège Et ça y est, c'est reparti pour une nouvelle brassée d'expositions de "rentrée". Tout le monde a fourbi ses armes, on sort les trouvailles et c'est un festival de découvertes sans doute, des petits nouveaux et des grands anciens, tandis qu'à côté de cela se préparent les expositions qui aident le marché de l'art à se fournir en viande fraîche (il y aura bientôt l'Outsider art fair décentralisé à Paris à l'Hôtel le A près des ChampsElysées, quartier modeste comme on sait, et parallèlement à l'expo des 25 ans de Gros Vison, pardon Raw Vision, à la Halle Saint-Pierre). Le Poignard Subtil, fidèle à ses tropismes, cherche plutôt du côté de ce que l'on ne voit pas forcément tout de suite, ce qui est la vraie façon d'avoir "une longueur d'avance". Et donc, je ne sais si l'on parlera beaucoup ici des Anglo-saxons qui viennent sur notre vieux continent faire augmenter la cote des marchandises esthétiques brutes d'Outre-Manche (même si les Américains ont le chic pour être réactifs avec une remarquable efficacité, le marché a toujours une longueur de retard). Je préfère de loin mettre le projecteur sur des créations discrètes, qui ont de fortes chances de passer inaperçues, parce qu'elles n'ont pas forcément les media de leur côté (ces derniers préférant toujours s'adresser au plus spectaculaire, au sens debordien du terme, au plus couru, au plus ressassé, au plus visible, sans jamais prendre le temps de rechercher la valeur intrinsèque). Par exemple, dans cette note, je pointerai Dirk Geffers, créateur de l'atelier Geyso20 à Braunschweig (c'est entre Hanovre et Berlin au nord de l'Allemagne), qui me paraît produire de magnifiques œuvres où l'écrit se mêle harmonieusement et très librement à l'image comme on s'en convaincra cidessous. C'est dans un atelier allemand que cette œuvre
  • 71. est produite, ce qui me confirme dans l'intuition qu'il y a beaucoup de créateurs intéressants en Allemagne (comme me l'avait appris Jean-Louis Faravel qui prospecte souvent par là-bas et a déjà fait pas mal de belles découvertes ; qui saura nous monter une bonne exposition des créateurs handicapés mentaux produisant en Allemagne? Une idée que je lance en l'air...). Dirk Geffers, Le canard Dräyhta voon Saydte se baigne dans un bassin orange et se fait chasser par le jardinier Schorse Spittel, Madmusée, Liège Il est exposé à partir du 14 septembre, jusqu'au 23 novembre, au Madmusée (Parc d'Avroy, 4000 Liège, chez nos voisins belges), en compagnie d'un autre créateur, Fred Bervoets que personnellement j'apprécie moins (je ne me base que sur l'image du carton d'invitation, je m'empresse de le préciser). Sur l'exposition, intitulée "Chronique", voir le dossier de presse. 09:06 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note | Tags : dirk geffers, madmusée, art des handicapés mentaux, ateliers pour handicapés mentaux en allemagne, atelier geyso20, jean-louis faravel | Imprimer
  • 72. vendredi, 06 septembre 2013 Un souvenir du musée d'art naïf de Flayosc (Var) Nous sommes quelques-uns (assez peu tout de même il me semble) à recueillir les cartes postales relatives aux arts populaires, surtout relatives aux environnements spontanés. Dans le flot de ce que le hasard me propose, il arrive que certaine image me tire l’œil de façon imprévue. Musée d'art naïf de Flayosc, le Musée et ses animateurs, photo Paul Teulade, 1973 Ces trois personnes revenues de l'année 1973, il y a exactement quarante années donc, posent avec chacune un tableau d'artiste naïf entre les mains. Ce sont des œuvres intéressantes qui plus est. Je n'en reconnais qu'une, facile à identifier, un Van Der Steen, l'homme qui peignait des chats tout à fait exubérants et colorés. A droite, le tableau avec ses nonnes au bain (semble-t-il) est tout à fait insolite aussi. Et le plus petit n'a pas l'air mal non plus. Je n'ai pas connu ce musée d'art naïf de Flayosc qui ne semble pas avoir duré bien longtemps. Il
  • 73. était probablement abrité dans la demeure blanche que l'on voit à l'arrière-plan de la carte postale, du moins on l'imagine. Du coup, ce musée fait figure de petit musée idéal dans sa vocation de défendre un art naïf non mièvre. Dommage que cela n'ait pas duré... L'homme aux imposantes côtelettes et bacchantes qui tient le Van Der Steen, je le reconnais. Ce doit être à l'évidence Frédéric Altmann qui animait ce musée à l'époque, et qui se fit connaître par la suite dans le milieu des amateurs d'art brut et d'habitants-paysagistes populaires en publiant le livre La vérité sur l'abbé Fouéré, "l'Ermite de Rothéneuf" aux éditions AM en 1985 à Nice, où il rétablissait que ce dernier ermite n'avait pas représenté une légende de corsaires dans ses rochers sculptés mais toute une tripotée de personnages divers, des types de son pays, des célébrités historiques, des héros de légende, etc. Frédéric Altmann à ces époques se passionnait en effet pour l'art naïf, avec la complicité parallèle d'Anatole Jakovsky, le célèbre critique et collectionneur d'art naïf. Hélas, cette complicité vola en éclats lorsque Jakovsky légua sa collection à la ville de Nice qui lui consacra un musée international sur les hauteurs des collines niçoises. Altmann qui avait rêvé d'en devenir le conservateur en fut pour ses frais et prit en grippe Anatole, ce qui le poussa à écrire son livre sur Fouré qui remettait en cause un certain nombre d'approximations de Jakovsky sur Fouré (publiées dans son livre paru chez Encre en 1979,
  • 74. Les mystérieux rochers de Rothéneuf). Par la suite, cette déception conduisit Altmann vers d'autres rivages intellectuels, puisqu'aux dernières nouvelles il s'est tourné vers l'art contemporain, toujours dans la région niçoise. Le verso de la carte précise qu'en cette année 1973 le musée présentait une "exposition vente des œuvres de", entre autres, "Doytier (Martine), Ozenda, Bojnev, Van der Steen", etc., pour ne citer que les noms connus de moi. Mais on serait curieux de savoir ce que sont devenues les œuvres des autres créateurs en vente, comme du reste les œuvres qui faisaient partie de la collection permanente du musée. Boris Bojnev, j'en ai parlé à plusieurs reprises, surtout sur papier¹. Depuis l'expo de 1978 à Paris, "Les Singuliers de l'Art", son nom et ses tableaux, qu'il appelait des "auras", tableautins naïfs récupérés en brocante et illuminés par lui avec des matériaux divers placés en encadrement des tableautins, ont circulé plus d'une fois chez les amateurs d'art populaire, naïf ou brut, la galerie Chave notamment à Vence lui ayant consacré plus d'une expo et plus d'un catalogue.
  • 75. Ce musée d'art naïf de Flayosc édita-t-il beaucoup de catalogues? A part celui-ci sur "le monde étrange de Boris Bojnev" dont je n'ai qu'une pauvre photocopie, je n'en ai jamais vu d'autres... Mais je suis sûr que l'on venir me compléter cette information déficiente On retrouve dans les trois noms que j'ai relevés au verso de cette carte, "Doytier" également. il s'agit à l'évidence de Martine Doytier. J'ai déjà eu l'occasion de mentionner cette artiste dans une note sur l'expo consacrée au Facteur Cheval au Musée de la Poste en juin 2007. C'était une peintre remarquable apparemment, totalement oubliée, hormis de quelques personnes dans la région niçoise semble-t-il. Elle disparut en 1983, et ce départ précipité est sans doute cause de son anonymat. _____ ¹ Voir Bruno Montpied "Boris Bojnev. L’Art pour l’Art", Artension n°4, Rouen, juin 1988 (Ce texte voisinait avec un autre, également sur Boris Bojnev, qui était dû à la plume de Régis Gayraud, qui éclairait le parcours russe de Bojnev ; les deux articles constituaient un mini dossier initié par mes soins sur Boris Bojnev, poète à l'origine, qui, retiré en Provence, avait auparavant côtoyé les avant-gardes à Paris).
  • 76. 10:16 Publié dans Archives du peuple singulier, Art contemporain, Art immédiat, Art naïf, Environnements spontanés, Galeries ou musées bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (3) | Envoyer cette note | Tags : flayosc, musée d'art naïf de flayosc, musées d'art naïf, frédéric altmann, ermite de rothéneuf, abbé fouré, habitants-paysagistes naïfs, van der steen, boris bojnev, martine doytier, ozenda | Imprimer mardi, 27 août 2013 Une découverte stupéfiante de Remy Ricordeau à Taïwan Je viens de faire une stupéfiante découverte, qui fera efficacement écho au complément que je vous avais adressé et que vous aviez inséré dans votre note du 16 mars 2010 consacrée au peintre taïwanais Hung Tung. Photo Steve Barringer Au centre de Taïwan, dans la périphérie de la ville de T. et plus précisément dans un ancien quartier militaire réservé aux soldats qui avaient accompagné Chang Kai Shek lors de sa fuite sur l’île en 1949 (à l’issue de la guerre civile chinoise), on peut voir d’étranges fresques murales pour le moins bariolées représentant dans un joyeux désordre, personnages, animaux et ornements floraux du plus bel effet. Les formes représentées et plus
  • 77. encore les couleurs de cette production baroque font d’abord bien sûr penser à l’œuvre de Hung Tung et comme pour celui-ci, tout au moins en ce qui me concerne, à l’influence de l’art traditionnel aborigène. Pourtant à l’instar de Hung Tung, son créateur n’a aucune origine aborigène. D’autant moins peut être que H. Y-F., ainsi le nommerai-je, est un Chinois originaire du continent, contrairement à Hung Tung qui lui, était natif de l’île. Ph. SB Né dans un milieu fort modeste de Koolong, un des quartiers de Hong Kong à la fin des années 20, il se retrouve pris dans la tourmente de la guerre civile enrôlé dans l’armée nationaliste du Kuomingtang. Il échoue donc très jeune à Taïwan où il passera la plus grande partie de sa vie dans divers quartiers militaires réservés. Peut être faut-il préciser que de nombreux quartiers de ce type avaient été construits à la hâte pour héberger dès 45 (année de la restitution de Taïwan à la Chine) les nombreux soldats de l’armée nationaliste. Avec le temps la plupart de ces quartiers ont été détruits et ses résidents relogés. Seuls quelques-uns subsistent, dont celui de T.
  • 78. dans lequel réside H. Y-F. A la fin de la première décade du siècle, ayant dépassé allègrement ses 80 ans, pour remédier à la grisaille de son environnement autant que pour passer le temps, celui-ci se mit à décorer l’extérieur de sa maison de quelques fresques représentant des personnages de la télévision (acteurs ou présentateurs), des animaux ou des végétaux stylisés. Il se mit également à agrémenter ses dessins de sentences naïves exaltant la paix, le bonheur et le remerciement aux dieux (il semble qu’il soit autant bouddhiste que taoïste, comme la plupart des Taïwanais). Encouragé par ses voisins, ceux-ci l’invitèrent à poursuivre sa création sur les murs de leurs propres maisons pour donner une cohérence à l’ensemble. Il se mit alors à peindre également le sol comme pour occuper totalement l’espace. Ph SB La cité était condamnée à la destruction prochaine lorsque des jeunes étudiants de l’université voisine découvrirent ce décor surprenant. L’information circulant et la superstition chinoise faisant le reste, le quartier
  • 79. devint rapidement une destination de prédilection, entre autres pour les jeunes mariés et autres aspirants au bonheur. Une pétition fut lancée pour sauver le lieu des appétits des promoteurs qui semble avoir été entendue puisque le maire de la ville s’est engagé à en assurer la préservation¹. Selon mes informations, à ce jour H. Y-F serait toujours vivant et, encouragé par son succès, continuerait son œuvre. Il semble qu’il se soit également mis à peindre des tableaux. Pourtant cette reconnaissance ne lui a pas apporté la fortune : à côté de sa boîte aux lettres il a pris soin d’installer une tirelire pour solliciter les dons afin de pouvoir continuer à s’acheter la peinture nécessaire. Ph. Todd Alperovitz Taïwan et plus généralement l’Asie sont encore en grande partie terra incognita pour ce qui concerne l’art brut. Je suis persuadé que tout reste encore à découvrir. Inutile de dire que suite à cette découverte, je compte bien m’y rendre prochainement...
  • 80. Remy Ricordeau ____ ¹ Selon des informations datant de 2010. 00:05 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Environnements spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note | Tags : environnements spontanés taïwanais, habitants-paysagistes taïwanais, art brut taïwanais, taïwan et art populaire, art des aborigènes de taïwan, muralisme brut | Imprimer jeudi, 22 août 2013 Art brut inconnu ou dessin automatique: qui était Philippe Bat? C'est Alain Dettinger, l'excellent galeriste de la Place Gailleton de la Presqu'Île à Lyon qui m'a mis sous les yeux le dessin minutieux suivant:
  • 81. Philippe Bat, dessin sans titre, 1976, coll. privée, Paris Signé "Philippe Bat" et daté du "23-3-76", ce dessin porte une autre inscription au verso de son cadre: "CH Le Vinatier. Exposition du 16-5-76, 95, bd Pinel, Lyon". Avec le cadre, l'ensemble mesure 36,5 x 30 cm. Le dessin seul, 22,5 x 17 cm. Apparemment, ce dessin fut donc exposé, et vendu puisqu'il s'est retrouvé récemment sur une brocante. Philippe Bat, est-ce que cela dirait quelque chose à un de mes lecteurs? A moi, et à Alain Dettinger, cela ne dit rien. Il semblerait seulement que des productions de pensionnaires du Centre Hospitalier du Vinatier soient rares dans ces années-là. Ce qui est plutôt curieux, quand on sait que les œuvres d'aliénés ont été souvent conservées soit dans les archives des hôpitaux
  • 82. dans les dossiers médicaux, soit dans les collections de psychiatres divers. Le Centre d'Etude de l'Expression à l'Hôpital Saint-Anne à Paris conserve ainsi une riche collection de productions d'art plastique venues d'un peu partout dans le monde suite à la grande exposition de 1950 dans cet hôpital sur ce qu'on appelait alors "l'art psychopathologique". Ce dessin est très finement exécuté, aux limites de la visibilité par endroits, avec beaucoup de soin et de sensibilité. Je ne sais rien du pigment utilisé, peut-être de l'encre de couleur. Il me semble que sa composition s'est réalisée de façon automatique, au hasard, en fonction des impulsions de la main et des orientations évolutives du cerveau. On peut y deviner comme une tête de profil, la partie circulaire en haut, tracée telle une ébauche de tourbillon, figurant peut-être un œil, la partie un peu étranglée du bas ressemblant à un cou. C'est comme un nez en trompette qui s'esquisse à droite, avec de fines lèvres esquissées juste en dessous. De même, il semble que l'on puisse deviner à gauche une oreille. Mais si l'on peut imaginer que l'on voit là une tête de profil, on peut aussi noter à quel point elle paraît se dégager d'une valse de points, de stries et de hachures apparentant la composition à une sorte d'efflorescence végétale ou arboricole. A regretter que ce Philippe Bat ne nous ait pas laissé d'autres témoignages de cette inspiration hautement raffinée. Définitivement? 07:00 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note | Tags : galerie dettinger-mayer, alain dettinger, philippe bat, dessin automatique, art psychopathologique, art des fous | Imprimer lundi, 19 août 2013 Elixirs et poudres de perlimpinpin bizarroïdes... En cheminant buissonnièrement à travers le maquis d'internet, je suis tombé sur ces fioles alignées sur le