Les voyages que j’ai réalisé entre la France et le Brésil depuis 2006, dans le cadre de mes études à l’Université Fédérale de Rio Grande do Sul (Porto Alegre) sont le point de départ de mon projet de thèse sur le voyage vécu dans les pratiques artistiques contemporaines. Ce parcours de recherche se traduira par une expérimentation plastique en plusieurs volets de réflexions sur la forme du « récit de voyage », et d’autre part interrogera les enjeux artistiques et esthétiques des œuvres actuelles (de 1989 à nos jours) qui se nourrissent de voyages ou sont liées au voyage. Ce travail de thèse est lié à la problématique du déplacement aujourd’hui à l’heure de la mondialisation. Depuis novembre 2011, j’expérimente une pratique exploratoire qui travaille à la construction d’une œuvre sur le Net, introduisant une réflexion sur les particularités et les spécificités de ce support, ses outils (logiciel, interface, Smartphone, scanner, production d’images numériques), ses critiques. Afin de pouvoir collecter des documents et fragments lors des nombreux déplacements, espaces traversés, chemins parcours, j’ai décidé de toujours me munir d’un outil principal, le Smartphone, véritable enregistreur du “temps réel” dont parle Virilio. Ayant comme posture celle de l’artiste voyageur, je me trouve confrontée directement à la vitesse des transports dans un premier temps, à la vitesse présente dans les fragments sonores, vidéos et photographiques produits sur le terrain, et enfin à la puissance et la rapidité de la transmission des données d’un outil à un autre, utilisant le réseau Internet dans un objectif de diffusion immédiate, globale, simultanée. A l’instar de la figure du flâneur, longuement développée par Baudelaire et Benjamin, l’homme moderne déambule et vagabonde dans la ville, en quête d’inspiration, lentement, d’une manière désintéressée. Mon objectif est donc de créer une dualité entre ces deux états, celui du promeneur, qui marche, est en recherche de découverte, d’exploration, et la tension palpable et l’allure précipitée inhérentes aux transports dans les grandes villes, les moments de stress et de nervosité intenses en transit. Pour cela, mes expérimentations et travaux artistiques cherchent toujours à rendent compte de la fixité/mobilité, de cette mise en tension, ainsi que des « accidents » provoqués par la vitesse, le mouvement (utilisation d’images brutes, floues, tremblements, chuintements), le hasard, provoqués par le quotidien, les événements, ou informations qui surgissent sur l’instant. Cet instant si éphémère, ce moment d’espace-temps si précieux, et que je souhaite à tout prix enfermer dans la « boîte noire » et contrôler en l’encadrant, n’est-il pas déjà obsolète ? Que veulent dire vitesse et lenteur dans ce réel si flexible et malléable ? Faire de la recherche, travailler, expérimenter, et