L’économie collaborative promeut une vision distribuée de l’économie où le consommateur devient partie prenante de la production en mettant son bien à disposition de tiers. La mutualisation des biens rendue aisée par la médiation de plates-formes numériques vise à économiser, à peser moins sur les ressources, à réduire la consommation et la pollution, à redéfinir ses besoins (pour aller vers plus de liens et moins de biens). Les échanges de pair à pair permettent de s’organiser en commun, en se départant du poids des institutions, des organisations, pour produire et échanger ce dont nous avons besoin : c’est une économie qui repose sur la demande où le consommateur agit dans le champ de la production. Cette approche, reposant sur le pair à pair, propose une autre vision de la place de l’économie dans la société, une vision envisagée au milieu du XXe siècle par le socio-économiste d’origine hongroise Karl Polanyi (1). Cette vision repose également sur la volonté de changer les rapports économiques et de les organiser sur la base d’une administration en commun (2). La volonté d’administrer l’économie en commun, sur une base réciprocitaire débouche sur de nouvelles formes organisationnelles (3) facilitant la production de la connaissance (un autre commun).
L’économie collaborative : « le retour des communs » ?
1. L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE :
« LE RETOUR DES COMMUNS ? »
David VALLAT
(Université Lyon 1 – TRIANGLE UMR CNRS 5206)
@DavidVALLAT
david.vallat@univ-lyon1.fr
XVIe Rencontres du RIUESS
Montpellier - 25 au 27 mai 2016
Les « communs » et l’économie sociale et solidaire. Quelles identités et quelles
dynamiques communes ?
2. PLAN DE LA PRÉSENTATION
1) L’économie collaborative
2) L’économie collaborative, une économie
réencastrée dans la société ?
3) Une économie administrée en commun ?
4) La pratique des commun comme processus
organisationnel
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4. Projet de l’économie collaborative
« L’économie collaborative est une activité humaine qui
vise à produire de la valeur en commun ; et qui repose sur
de nouvelles formes d'organisation du travail :
• plus horizontales que verticales,
• la mutualisation des biens, des espaces et des outils
(l'usage plutôt que la possession),
• l'organisation des citoyens en "réseau" ou en
communautés et généralement l'intermédiation par des
plateformes internet » (Wikipedia).
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5. Projet de l’économie collaborative (2)
• Transparency
• Openness
• MPRL (Meet People In Real Life)
• Permanent Beta
• Inclusion
• Play
• Feedback
• Independence
• Action
• Impact
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7. Une lecture polanyienne de l’EC
• Un projet « économique »…
• Karl Polanyi (The Livelihood of Man, 1977, p. 19 sq.)
identifie deux sens à « l’économie » :
• Dans son sens formel, l’économie met en relation les moyens aux
fins.
• Prise dans son sens substantif l’économie est le processus qui
permet de réaliser l’existence matérielle (livelihood) de l’homme.
• Pour (l’ESS et) l’EC, l’économique est immergé dans,
encastré dans, au service de, la société.
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8. Principes polanyiens de
comportement économique (1)
Karl Polanyi identifie quatre principes de comportement
économique (accompagnés de modèles institutionnels),
trois au sens substantif et le dernier au sens formel :
• réciprocité (symétrie),
• redistribution (centralité),
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13. Internet : une culture du libre ouvrant à
la créativité…
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14. … à l’autonomie, à l’innovation…
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15. … au retour des communs…
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16. La connaissance, un bien commun ?
• La connaissance croît en étant partagée. Plus cette
ressource est sollicitée plus elle se développe. Cela est
rendu d’autant plus facile que les technologies de
l’information et de la communication rendent le coût de ce
partage quasi nul (Rifkin, 2014).
• Internet rend accessible toute production (de
connaissance en particulier) et ainsi démocratise la
créativité (Anderson, 2011, 2012) et l’innovation (Von
Hippel, 2005).
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17. Le modèle « bien commun »
• « Commons is a general term that refers to a ressource shared by a
group of people. In a commons, the ressource can be small and serve
a tiny group (the family refrigerator), it can be a community-level
(sidewalks, playgrounds, libraries, and so on), or it can extend to
international and global levels (deep seas, the atmosphere, the
internet, and scientific knowledge). The commons can be well
bounded (a community park or library); transboundary (the Danube
River, migrating wildlife, the Internet); or without clear boundaries
(knowledge, the ozone layer). » (Hess, Ostrom, 2011, pp. 4-5).
• Traits constitutifs des communs (Coriat, 2015) :
• Selon les attributs « exclusion » (bien privé vs bien public) et « privation »
(rivalité) ;
• Selon des faisceaux de droits (droits d’accès et de prélèvement, droit de
gérer, droit d’exclure, droit de céder ou de vendre)
• Selon le mode de gouvernance organisant les faisceaux de droits (pour
éviter free riding et organiser durabilité du commun).
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18. Des règles pour gouverner les
communs
• Des recherches empiriques sur la gouvernance de ressources communes ont
permis d’établir des principes de fonctionnement facilitant la pérennisation de
cette gouvernance commune (et donc permettant la protection de la ressource
commune).
• Ces principes ne signifient pas automatiquement le succès de la gouvernance en
commun mais ils ont été repérés dans toutes les situations de succès. Ces
principes sont (Ostrom, 1990, pp. 90-102) :
• 1) les limites du bien commun sont nettement définies (y compris les limites des utilisateurs) ;
• 2) les règles d’utilisation du bien commun sont adaptées aux besoins et conditions locales (par
exemple en fonction de la disponibilité du bien) ;
• 3) un système permettant aux individus de participer régulièrement à la définition et à la
modification de ces règles ;
• 4) un système d’auto-contrôle du comportement des membres de la communauté a été mis en
place ;
• 5) un système gradué de sanctions pour ceux violent les règles de la communauté est prévu ;
• 6) un système peu coûteux de résolution des conflits est accessible aux membres de la
communauté ;
• 7) le droit pour les membres de la communauté de définir ses propres règles de
fonctionnement est reconnu par les autorités extérieures à la communauté ;
• 8) s'il y a lieu (un bien commun entre plusieurs frontières ou un bien commun décliné à plusieurs
échelles territoriales), une organisation de la prise de décision peut se faire à plusieurs niveaux
en respectant les règles ci-dessus.
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20. FAIRE en commun dans l’économie
collaborative
Faire ensemble, co-créer supposent autonomie,
responsabilité, liberté…
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21. S’organiser en commun dans l’ESS…
• L’alliance internationale des coopératives (International Co-
operative Alliance) établit les valeurs du mouvement ainsi : « A co-
operative is an autonomous association of persons united
voluntarily to meet their common economic, social, and cultural
needs and aspirations through a jointly-owned and democratically-
controlled enterprise. » .
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22. L’organisation apprenante : un
commun ?
• Les coopératives de production construisent de l’innovation organisationnelle
qui est aussi sociale au sens où elle organise de manière démocratique un
vivre-ensemble auquel la dimension économique est subordonnée.
• Des entreprises qui ne sont pas des coopératives fonctionnent selon des
principes proches (gouverner l’organisation comme un bien commun). Ce
fonctionnement collaboratif permet à ces entreprises de fonctionner comme
des organisations apprenantes (Argyris, 2003).
• L’organisation apprenante, en mettant le personnel au cœur de la stratégie,
contribue à favoriser la mise en œuvre d’un environnement professionnel
porteur de sens, basé sur la confiance et l’autonomie. Cela a pour effet
d’accroître la satisfaction au travail donc la productivité, la créativité du
personnel et la profitabilité des organisations.
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Hinweis der Redaktion
Militantisme…
Recherche engagé, transformative
Pas terrain mais modèle
Point d’arrivée = passage par ESS
Atelier 1.2. L'extension des frontières de l'ESS passe par les commons
Uber
Amazon
Le bon coin
Rbnb = capitalisation boursière supérieure à celle de la chaîne Hyatt
Vente privée
Ebay
L’économie collaborative est entendue dans un sens large :
qui inclut la consommation collaborative (AMAP, couchsurfing, covoiturage etc.)=> P2P
mais également les modes de vie collaboratifs (coworking, colocation, habitat collectif),
la finance collaborative (crowdfunding, prêt d'argent de pair à pair, monnaies alternatives),
la production contributive (fabrication numérique, DIY, Fablabs, imprimantes 3D, maker spaces)
et la culture libre.
Il prend différents types de formes (économie du partage, économie de fonctionnalité, économie des solutions, économie en peer-to-peer) selon les types de biens et services concernés ou de la finalité (empowerment du consommateur, éco-efficacité).
In Fall 2011, a small group of collaborative economy enthusiasts started meeting every month in Paris for potluck dinners. Most of these people had met through Antonin, who had launched the first French blog about collaborative consumption the year before, and was curating a Facebook group we were using to share ideas and knowledge about the collaborative economy. Conversations were passionate, and there was a shared feeling they could lead to something more.
Botsman rachel : TED
Transparency
As an open organization, it is our priority for everyone to understand what we do, how we work and how we are funded. As we grow, our aim is to disclose all information in a reader-friendly fashion.
Openness
We strongly believe that a culture of openness has many benefits. OuiShare is a non-hierarchical organization, which anyone can join and contribute to.
Decision-making is based on peer governance and meritocracy. What we produce is open source, making it easy to reuse, remix and share alike
MPRL (Meet People In Real Life)
Amazing things happen in real-life. The internet cannot replace real-life interactions; it is only a tool that supports them.
Permanent Beta
OuiShare is an ongoing experiment with a lean startup approach. With curiosity and an open mindset, we strive to continuously try new things and challenge our assumptions. Release early, fail often, learn by doing and iterate.
Inclusion
Innovation happens in diverse environments. OuiShare benefits from having members across the globe and from very different backgrounds: entrepreneurs, designers, makers, hackers, social innovators, environmentalists, researchers, journalists, public officials, activists, and many more.
Play
Work doesn’t have to be boring. We want collaborative lifestyles to go viral, and believe that this can only be achieved if work is as fun and creative as play.
Feedback
Regular and personal feedback is critical to sustaining the participative dynamic of OuiShare and enabling everyone to learn and progress. This is why we praise valuable contributions, celebrate achievements and encourage constructive criticism.
Independence
We are happy to work with companies on individual projects, but do not enter exclusive partnerships of any kind that could compromise our independence. You may not like this at first, but in the long term you’ll see the benefits.
Action
We don’t like talk without action. When you have a great idea, don’t wait for others to execute. Build something yourself from day one and let people join you!
Impact
Our mission is stated as “build and nurture a collaborative society”. Maximum impact in doing this is what ultimately guides our actions.
=> EST-CE UTOPIQUE ?
L’innovation au secours car moteur du capitalisme…
Karl Polanyi ou Károly Polányi, né Károly Pollacsek ([ˈkaːɾoj], [ˈpolaːɲi]) le 25 octobre 1886 à Vienne, mort le 23 avril 1964 à Pickering, est un historien de l'économie et économiste hongrois, appartenant aux courants institutionnalistes et hétérodoxes.
La grande transformation
Économie dominante correspond au principe de l’échange marchand, sens formel de l’économie: mise en relation moyens et fin
ESS, EC => réciprocité ; l’économie un moyen au service de la société
On n’est pas que sur du bilatéral : il y a toujours un tiers inclus… (y compris dans le P2P avec notations)
DONC CONVERGENCE ESS ET EC SUR LE PROJET ET SUR LA MANIÈRE DE CONSIDERER ÉCO ET SUR VALEURS
On n’est pas que sur du bilatéral : il y a toujours un tiers inclus… (y compris dans le P2P avec notations)
DONC CONVERGENCE ESS ET EC SUR LE PROJET ET SUR LA MANIÈRE DE CONSIDERER ÉCO ET SUR VALEURS
L’innovation au secours car moteur du capitalisme…
CASTELLS :
The so called “net neutrality” rule, put in place by the FCC in 2010, was intended to ensure equal access to all types of content. Regulators and politicians feared a tiered access to premium content or that ISPs might unfairly fast-track access to their own content over competitors.
Federal Communications Commission (FCC)
OPEN ACCESS = SCIENCE
Scholarly journals haven’t paid authors for their articles since the first scholarly jour- nals, the Philosophical Transactions of the Royal Society of London and the Journal des sçavans, launched in London and Paris in 1665.4
Creative people who live by royalties, such as novelists, musicians, and moviemakers, may consider this scholarly tradition a burden and sacrifice for scholars. We might even agree, provided we don’t overlook a few facts. First, it’s a sacrifice that scholars have been making for nearly 350 years.
My colleague Stevan Harnad frequently compares re- search articles to advertisements. They advertise the au- thor’s research.
collaboration
CONNAISSANCE BIEN COMMUN (BENKLER) et plus précisément un bien public
FAB LAB
Comprendre cette notion de bien commun passe par un classement des biens économiques selon deux critères :
le critère d’exclusion (exclusion) rend compte du caractère privé ou public du bien à travers cette question : peut-on facilement ou non exclure certains individus de l’utilisation de ce bien ? (régime de propriété)
le critère de rivalité (rivalry) ou privation (subtractability) indiquent le degré de privation d’un bien en fonction de son usage selon la question : est-ce que l’utilisation personnelle d’un bien prive les autres de son usage ?
Exclusion (facile ou non)
Privation (forte ou faible)
La connaissance est un commons par extension = au début les commons n’était que là où l’exclusion était difficile et la privation forte (poissons)
2e mvt des commons
Benkler
Ostrom : Understanding Knowledge as a Commons MIT Press
CONNAISSANCE = bien public (exclusion pas facile et privation faible)
ATTENTION À LA PRIVATISATION D INTERNET (agence qui gère circulation dans tuyau et donne site)
ATTENTION À LA NSA
ATTENTION À TRANSPARENCE
« […] we will describe it as a message, usually in the form of a document or an audible or visible communication. As with any message, it has a sender and a receiver. Information is meant to change the way the receiver perceives something, to have an impact on his judgment and behavior. It must inform; it’s data that makes a difference. The word 'inform' originally meant 'to give shape to’ and information is meant to shape the person who gets it, to make some difference in his outlook or insight ». (Davenport et Prusak, 2000, p. 3).
TOUS DES EGAUX CREATIFS = REVALORISATION DES PERSONNES
Jeune en foyer d’accueil RADIO JEUX VIDEO
Cours de maquillage video
Étudiants : dossier histoire de la pensée économique en video…
Getz et Carney (2013) donnent plusieurs exemples d’entreprises fonctionnant selon ce principe (pour ne citer que les plus connues : Harley Davidson et Gore). En France, ce modèle de gestion (gouverner l’organisation comme un bien commun) n’est pas l’apanage des entreprises du numériques qui pratiquent le management agile (Hébert, 2009 ; Barrand, 2009). Il concerne aussi des entreprises industrielles : Favi (Zobrist, 2013), Chrono Flex, Beauvais international (Avenier, 2008), Poult. La connaissance est un bien commun, mis en partage de manière à pouvoir réagir vite, anticiper, innover, etc.