2. Portrait of Wilhelm Troszel as Don Juan, by Józef Simmler, 1846
Les libertins érudits
L'équivoque anti-dogmatique
3. Repérage
Il faut tout d'abord bien distinguer entre :
Les libertins de l'ère baroque, dans la première moitié du
XVllème siècle, dont nous parlons ici, et libertins de la
deuxième moitié du XVIIIème siècle.
Les écrivains libertins du XVIIIème siècle sont ceux qui
typiquement thématisent le libertinage érotique dans des
romans : Crébillon, Restif de la Bretonne, Choderlos de
Laclos, Sade…
Watteau, L'escarpolette, 1710
Boucher, l’Odalisque blonde dite La rêveuse, 1752
Fragonard, Le verrou, 1777
7. Mais au XVIIe siècle, sous le nom de libertins on parle de libres penseurs
qui font preuve d'indépendance par rapport à la religion et à la morale
chrétiennes.
Le mot latin libertinus désigne, à l'origine, le statut juridique des
esclaves affranchis.
Un libertin c'est alors quelqu'un qui, en ce qui concerne la
pensée, ne se soumet qu'à la règle qu'il se donne
lui-même.
libertinus
8. Les libertins mondains
Il s'agit surtout d'un libertinage de mœurs dans la classe
aristocratique de la société au début du siècle.
Ils affichent une forme d'incroyance orgueilleuse, cavalière,
comme un défi à un Dieu auquel on ne croit pas.
Mais cette impiété frontale trouve ses limites dans les années
1620, avec le procès de Théophile de Viau, le plus célèbre
des libertins de la cour.
S'il échappe de peu au bûcher, il meurt des mauvais
traitements reçus en prison et son procès a un important
retentissement.
C'est ce type de libertinage, orgueilleux... et puni, que
représente le personnage de Dom Juan chez Molière.
9. Les libertins érudits
Eux sont des gens de lettres qui fréquentent les salons savants et
travaillent dans les cercles du pouvoir.
Ces libertins érudits exercent des fonctions comme celles de
bibliothécaires, de médecins, de magistrats ou de précepteurs.
Leur libertinage est strictement philosophique et presque toujours
dissimulé :
Leurs écrits circulent le plus souvent sous forme manuscrite,
confidentielle et parfois anonyme.
L'esprit critique de ces connaisseurs de l'histoire et de la philosophie
s'exerce contre les dogmes chrétiens; ils dénoncent dans la religion
une invention des politiques pour soumettre le peuple.
10. D'où vient ce nouvel esprit de contestation ?
Un nouveau contexte culturel et artistique
Un renouveau philosophique
I. Le renversement baroque
À l'âge baroque on passe de l'idée mélancolique d'illusion
Quelque chose qui semble exister, n'existe pas, à l'idée ludique de fiction :
Faire que quelque chose qui n'existe pas existe : un poème, un roman, un tableau.
11. Les illusions se
perdent mais les
fictions, comme art
et comme
constructions,
augmentent
et ouvrent
le monde.
12. C'est par exemple ce
qu'accomplit
le trompe-l'œil, le
tableau baroque par
excellence.
Le trompe-l'œil
construit, ouvre un
espace fictif ludique.
Iconographie : Borromini,
Palais Spada, 1632 Peruzzi,
Villa Farnesina, 1515
13. C'est par exemple
ce qu'accomplit le
trompe-l'œil, le
tableau baroque
par excellence.
14. Car tout le plaisir du trompe-l'oeil c'est de
le voir se faire et se défaire : comme
devant la sculpture baroque du
mouvement, le point de vue univoque,
frontal n'a plus d'intérêt.
Il incite le spectateur à se déplacer
continuellement pour voir l'œuvre sous
ses différents aspects.
Et sortir d'une forme de naïveté face à
l'image : Ouvrir l'œil !
Houckgeest, L'intérieur de Ste Gertrude, 1655
Gijsbrechts, Mur du studio et vanité, 1668
Gijsbrechts, L'envers d'un tableau, 1668
17. Ces tableaux nous disent " je suis une image". Ils
montrent une image qui se montre.
Et poussent le spectateur à prendre conscience
de son regard sur l'œuvre : son désir de voir
d'une part, et son rôle, et donc sa responsabilité,
dans l'interprétation qu'il donne à l'image, d'autre
part.
On le voit, la sensibilité baroque ouvre sur un
nouvel esprit analytique, une émancipation
nouvelle. De là à l'esprit critique il n'y a qu'un
pas...celui que franchissent les libertins.
L'œuvre d'art n'est plus un
objet dont on contemple la
beauté mais un mystère à
découvrir, à questionner, un
stimulant pour l'imagination.
18. II. Le renouveau
philosophique
La progressive redécouverte, depuis
la Renaissance, des deux grandes
philosophies antiques, l'épicurisme
et le stoïcisme, renouvellent
également la pensée en profondeur.
Quelle va être l'influence de
chacune dans la naissance et
l'épanouissement de l'esprit
libertin ?
Marc Aurèle, empereur romain et un des plus
célèbres stoïciens
19. A. Épicurisme et importance du monde sensible.
C'est Pierre Gassendi, considéré comme le premier libertin érudit, qui réintroduit l'épicurisme en
France.
Pour ce philosophe, à la fois mathématicien, théologien et astronome, l'érudition est la voie de
la liberté ; elle permet l'autonomie nécessaire pour lutter contre les autorités et faire preuve
d'audace, réitérant la devise antique d'Horace :
Aude sapere ! Osez savoir !
Et ainsi ose-t-il, lui homme de dieu, en revenir à la philosophie d'Épicure : un matérialisme
pour lequel le monde est fait de matière, les atomes, et de vide.
Dans l'épicurisme tout le savoir vient de l'expérience sensible du monde.
Première conséquence :
20.
21. Première conséquence :
1. L'importance de l'individualité
Ainsi par exemple, Théophile de Viau :
« Imite qui voudra les merveilles d'autrui, Malherbe a très bien fait,
mais il a fait pour lui. [...] J'approuve que chacun écrive à sa façon. »
Ou Gassendi:
« Il n'y a d'existence que singulière »
Prendre conscience de l'individualité
c'est prendre conscience de la
différence : c'est donc aussi
développer le sens et le respect de
l'autre.
22. Deuxième conséquence :
2. L'importance de l'imagination
Pour Gassendi, qui s'oppose en cela à René Descartes, cela signifie qu'on doit donner à
l'imagination une place aussi importante qu'à la raison.
a. L'imagination comme moyen de description du monde
Certains phénomènes du monde échappent à la logique rationnelle, comme les rêves ou les
jeux de reflets dans l'eau, qui fascinent l'époque baroque :
C'est là, par un chaos agréable et nouveau,
Que la terre et le ciel se rencontrent dans l'eau;
C'est là que l'oeil sur un arbre croit voir les poissons,
Qu'il trouve les oiseaux près des hameçons
Et doute si l'oiseau nage, ou si le poisson vole.
Habert de Cerisy, Dans sa glace inconstante,1639
23.
24. Ces jeux de reflets superposés dans l'eau formalisent un nouvel espace de liberté :
l'espace de l'imagination qui se libère des catégories rationnelles ordinaires, les
inverse et opère de libres associations.
Comme cette description fantastique, et comme hallucinée, de Théophile de Viau :.
Ce ruisseau remonte vers sa source,
Un boeuf monte sur le clocher,
Le sang coule de ce rocher,
Un serpent s'accouple avec un ours,
Le feu brûle dedans la glace,
Le Soleil est devenu noir,
Je vois la Lune qui va choir1,
Cet arbre est sorti de sa place.
Théophile de Viau, Oeuvres, 1621
1. tomber
...surréaliste avant l'heure.
25. b. L'imagination comme moyen de
transformation du monde
Savinien Cyrano de Bergerac
Cyrano de Bergerac s'inscrit dans le mouvement libertin, matérialiste mais aussi
de contestation politique de l'époque.
Car questionner la religion c'est questionner aussi la monarchie absolue
(de droit divin).
Pour déjouer la censure Cyrano choisit d'utiliser l'utopie de manière
particulièrement imaginative
.
Dans ses deux romans, Les États et Empires de la Lune et du Soleil (1657),
il raconte les aventures extraterrestres d'un narrateur-héros, Dyrcona, qui
voyage dans d'«autres mondes » grâce à des machines qu'il invente.
26. Son roman burlesque et fantaisiste est ainsi précurseur de la
science-fiction.
Ce récit décrit une utopie : une société idéale, la République des
Oiseaux est démocratique, pacifique et se pose aussi implicitement
en satire sociale et politique de la société du XVllème.
Le roman de Cyrano aborde des sujets très sérieux et osés. Les
notions fondamentales du XVIIIème siècle : la liberté, l'égalité et
la fraternité ; les luttes contre l'obscurantisme sont déjà évoquées.
Par sa stratégie, son humour et sa fantaisie, il ouvre la voie au conte
philosophique du XVIIIème siècle, comme le célèbre Candide de
Voltaire.
27.
28. 3. La valorisation de l'état de nature
Theophrastus redivivus
anonyme, 1659
La nature ne connaît pas le mal.
Ce sont les lois et les coutumes humaines qui donnent une
définition au mal, alors que « par nature toute chose est bonne. »
--> Le mal n'est que « l'opinion » que nous en avons.
« La civilisation comme
corruption de la nature »
« Une discipline constante
sur les esprits et les corps
» pour « les contraindre,
par la crainte et
l'espérance, à brider leurs
désirs naturels.»
« il n'y a par nature pas de
mal, rien qui soit illicite,
inconvenant ».
À la même époque circule un autre ouvrage, anonyme,
de grande audace libertine et qui préfigure un autre
grand nom des Lumières : Jean-Jacques Rousseau.
Car troisième conséquence du retour de l'épicurisme au
XVlle :
La civilisation est :
29. De plus, l'homme est un animal inférieur aux autres, il a
des comportements irrationnels par rapport à l'ordre de
la nature :
« Errance et erreurs qu'on ne rencontre pas chez les animaux.
»
Les choses humaines sont pleines de désordre et de
crainte.
--> il ne peut y avoir rien de fiable, de sûr, de solide.
Méditer sur la vanité de l'homme est le « seul bon usage
de la raison».
30. --> Memento Mori (Vanités en peinture) --> Carpe diem
Car l'esprit libertin au contraire va voir dans cette vanité du
monde l'avènement d'une liberté radicale :
« Nous devons continuellement nous réjouir, comme si nous
étions continuellement à la veille de notre mort. »
« Mortels, ... Se montrer un moment, pour jamais disparaître.
Et pendant que l'on est, voir des maux à foison,
Étudions-nous plus à jouir qu'à connaître,
Et nous servons des sens plus que de la raison.
Je renonce au bon sens, je hais l'intelligence ... »
Jacques Vallée Des Barreaux, Oeuvres complètes
Frans Hals, Jeune homme au crâne, 1626
31. Si tout est illusion et vain, alors assumons ce monde d'illusions et à notre tour créons
des images et jouons :
« Tout à l'entour je peindrai mainte image
D'erreur, d'oubli et d'infidélité,
De fol désir, d'espoir, de vanité,
De fiction et de penser volage ».
Jacques-Davy du Perron, Le temple de l'inconstance
Watteau
L'enchanteur,
1712
32. --> Les poètes libertins se mettent en scène comme des peintres et affirment leur
vocation de faiseurs d'images et de représentations émotionnelles.
Pour Cyrano, le langage aussi est un trompe-l'oeil : c'est un "caméléon" entre nous
et le monde qu'il décrit, écrit-il dans sa célèbre Lettre VII. C'est une fausse
transparence, il se cache en se montrant.
C'est le cœur de toute l'esthétique baroque : théâtre,
masques et déguisements exhibent avec jubilation un jeu
de représentations libératrices.
Pourtant, hier comme aujourd'hui, déconstruire l'idée de Vérité pose rapidement un
nouveau problème :
Si toutes les opinions se valent, comment évaluer, comment juger? Comment dire
qu'il n'y pas de vérité absolue sans encourager le repli sur soi ? Quelle boussole
?
C'est là qu'intervient pour les libertins l'autre grande influence philosophique.
Magritte
La trahison des images,
1929
33. B. Stoïcisme et formation de soi
1. L'idée de morale chez les Stoïciens
Chez les Stoïciens, la morale personnelle doit être le résultat
d'un affranchissement, d'une libération.
Il ne faut pas suivre un code moral absolu et extérieur mais
faire un retour à soi : se connaître, apprendre à se gouverner,
dans son corps et son esprit.
La morale n'est donc pas dans les principes extérieurs, au-dessus
des hommes, mais sur terre, dans la connaissance du monde :
la clé c'est donc de s'éduquer.
De plus, cette morale personnelle est également une morale
politique, car chez les Grecs :
« Assurer la direction de soi-même et participer à la vie politique de la
cité sont des pratiques du même type ».
34. --> C'est l'exemplum stoïcien : devenir un exemple
de ce qu'on juge bien et bon.
Au XVIIème siècle, les libertins et l'un d'entre eux en
particulier, François de La Mothe Le Vayer,
reprennent cette idée de l'éducation émancipatrice
et la développent.
La Mothe Le Vayer était un pédagogue réputé et le
précepteur de Louis XIV. Dans ses traités sur
l'éducation, Le Vayer reprend cette tradition antique
de la formation de soi :
L'émancipation éducative est celle qu'on obtient
de soi-même, par soi-même, et non celle de
l'institution qui impose La Vérité et l'obéissance
comme un écrasement du Sujet.
35. 2. Constitution de l'espace privé
Cette émancipation pour se faire ne doit pas être frontale mais opérer un double mouvement :
D'un côté, un mouvement d'« obéissance prudente » aux lois du pouvoir royal. De l'autre, une
désidentification, une subjectivation, pour apprendre à se constituer soi-même comme un être
pensant.
« Nous n'obéissons pas à la loy ny au Prince parce qu'ils sont bons et justes, mais simplement parce qu'elle est
loy, et qu'il est Prince. »
« Nous ne nous rendons tous esclaves de la Loi, que pour devenir libres. »
La Mothe Le Vayer, Dialogues
Cette idée libertine de la vie libre dans la sphère du privé est
essentielle au XVIIe siècle.
Elle rend possible une éthique individuelle qui va faire émerger un contre-pouvoir d'État.
C'est dans ce contexte de dissociation entre l'obéissance à la loi du souverain et la réappropriation
d'une sphère privée émancipée, que la lutte des libertins va s'opérer.
36. 3. Le processus de subjectivation
La pédagogie de la répétition est remplacée par la lecture herméneutique : c'est-à-dire
l'interprétation des textes.
C'est l'idée d'un dialogue entre soi et les textes.
Ce type d'approche des textes valorise la créativité des lecteurs et leur aptitude à utiliser les
textes pour répondre à leurs propres interrogations.
De plus, la connaissance doit être pensée comme expérience vécue et pas comme
connaissance vraie : c'est la meditatio.
Le plus important quand nous lisons un texte c'est l'impression ressentie et les solutions que
nous pouvons en tirer pour notre présent :
« L'abeille montre la voie qui doit être suivie, quand elle choisit sa matière au dehors, qu'elle transforme
ensuite, rendant son travail utile et à elle et à tout le genre humain. »
Sénèque, Lettre LXXXIV
37. Également : la connaissance n'est pas figée une fois pour toute, elle se
fait par modelages successifs toute sa vie.
« En un mot, il faut agir comme si on avait entrepris de travailler toute sa vie à
faire son portrait ; c'est-à-dire qu'il faut y donner tous les jours quelque coup de
pinceau, sans effacer ce qui en est déjà tracé. »
La Mothe Le Vayer, De la connoissance de soy-mesme
Enfin et surtout, ce dialogue avec les textes établit le cadre d'une
recherche de la vérité sans croire que sa raison seule suffit pour se forger
une opinion. C'est une pédagogie de l'inclusion d'une pensée
étrangère :
« Cessez donc, je vous supplie, de juger si mal des étrangers et vous souvenez
de cette pensée d'un sophiste, que la plupart des fleuves sont étrangers dans
les terres qu'ils rendent fertiles. »
La Mothe Le Vayer, De la patrie et des étrangers
38. --> En incluant cette pensée de l'autre, ce n'est plus la
convergence qui est mise en avant mais une société tournée
vers la différence, la tolérance et l'accueil des autres voix, des
autres opinions, des autres temps.
Accepter qu'il y ait différentes interprétations possibles, c'est
accepter l'incertitude du sens.
Et c'est là, nous disent les libertins, la clé pour combattre le dogme
et fuir la parole totalitaire : le jeu continuel de l'équivoque qui
provoque la pensée. Et dont Molière nous donne un exemple
magistral avec son Dom Juan.
39. Molière libertin
« Dom Juan ou le festin de pierre » :
l'équivoque, écriture anti-dogmatique
Créé en 1665, juste après l'interdiction de Tartuffe, Dom Juan
est, malgré les apparences, l'histoire d'un libertin puni,
beaucoup plus subversif.
Car Molière n'y présente pas simplement un personnage scandaleux,
mais un véritable modèle d'écriture anti dogmatique :
Dom Juan ne déconstruit pas seulement le discours
religieux, mais le fonctionnement du dogme en général.
Alors, comment ?
La scène initiale au théâtre donne traditionnellement
le code de l'œuvre qui commence.
40. Or, Dom Juan commence par une digression : c'est à dire parle
d'autre chose que de son “sujet”. Voilà le lecteur/spectateur prévenu
: ça parle d'autre chose…
Sganarelle, le valet de Dom Juan commence ainsi la pièce en faisant
un éloge du tabac. Il n'hésite pas à opposer son opinion à la pensée
d'« Aristote et toute la philosophie » dont il ne sait rien, et à propos
d'un produit dont le grand philosophe n'a jamais parlé…
Ce discours parodique, exagéré, commence donc par disqualifier
la parole de Sganarelle qui sera aussi le principal critique de
Dom Juan tout au long de la pièce.
Mise en scène - Marcel Bluwal
1965
41. De plus, le lecteur peut également entendre le mot "théâtre" derrière le
mot "tabac" et comprendre que Molière répond à ses censeurs : sa pièce
sera un éloge du théâtre.
Cet éloge paradoxal inaugural place toute la pièce sous le signe de
l'ironie, de la double entente et l'annonce comme fondamentalement
équivoque.
De nombreux éloges paradoxaux suivront encore dans la pièce et toutes
les scènes, même les plus apparemment sérieuses ou scandaleuses,
comme la fameuse scène du Mendiant, s'ouvrent à plusieurs lectures,
toutes subversives.
En empêchant toute interprétation univoque, Dom Juan est une machine
textuelle anti-dogmatique qui oblige le spectateur/lecteur à faire usage
de sa liberté et de sa raison et le transforme en « libertin » : il fait de
lui un... Dom Juan !
Mise en scène
Comédie française
Clément Bresson
2019
Mise en scène - Marcel Bluwal
1965 Extrait - Acte III