4. Qu’est-ce qu’un système?
Du grec sustema signifie « organisation, ensemble ». Ce mot
provient du verbe sunistēmi (sun histēmi : « établir avec »), qui
signifie « mettre en rapport, instituer, établir ».
Un système est un ensemble d’éléments interagissant entre
eux selon certains principes ou règles. Exemple les neurones
du cerveau, tout groupe social et une famille.
Un système est déterminé par :
la nature de ses éléments constitutifs ;
les interactions entre ces derniers ;
sa frontière, c'est-à-dire le critère d'appartenance au système et sa
limite avec son environnement.
Il existe des système fermés (peuples premiers, pendant de longs
siècles), système ouverts : interaction avec l’environnement.
5. Typologies des systèmes :
Selon Jean-Louis Le Moigne les systèmes pourraient être
regroupés en trois catégories :
Les systèmes-machines, qui relèvent de la mécanique et de
l’ingénierie.
Les systèmes vivants (et systèmes artificiels complexes), dans
lesquels apparaissent les processus de mémorisation, des
centres de décision (ou de commande) et de coordination (ou
de pilotage).
Les systèmes humains et sociaux, avec l’apparition de
l’intelligence (ou capacité à traiter des informations
symboliques), permettant une auto-organisation par des
mécanismes abstraits d’apprentissage et d’invention, mais
aussi avec la finalisation (l’intentionnalité), réorganisant tout
le système en fonction de fins sélectionnées de manière
autonome.
6. Quatre composantes (1)
Les éléments constitutifs : les membres d’un groupe,
d’une association, d’une famille (cela pose la question
du périmètre, ceux qui s’en vont, ceux qui arrivent).
Exemple des familles recomposées, des divorces..
La limite / la frontière : elle est toujours plus ou moins
perméable et constitue une interface avec le milieu
extérieur. C’est par exemple, la membrane d’une
cellule, la peau du corps. La limite d’un système peut
être plus ou moins floue, ou particulièrement
mouvante, comme dans le cas d’un groupe social ;
7. Quatre composantes (2)
Un réseau de relations : les éléments inter-reliés. Plus
les interrelations sont nombreuses, plus le degré
d’organisation est élevé et plus grande est alors la
complexité (ce qui est le cas dans les entreprises).
La complexité peut aussi résider dans les enjeux de la
relation comme au sein d’une famille dans laquelle la
nature des liens, les enjeux émotionnels et affectifs tissent
des relations parfois inextricables.
Les stocks : où sont entreposés l’énergie, les matériaux
ou les informations.
8. Composantes fonctionnelles
(comment ça marche)
Flux d’information, de données, d’énergie qui empruntent les
réseaux relationnels et transitent par des lieux de stockage
(une personne ou un groupe peut capter des informations). Ils
fonctionnent par entrées/sorties (ou inputs/outputs) avec
l’environnement ;
Des centres de décision qui organisent les réseaux de
relations, c’est-à-dire coordonnent les flux et gèrent les
stocks ;
Des boucles de rétroaction qui servent à informer, à l’entrée
des flux, sur leur sortie, de façon à permettre aux centres de
décision de connaître plus rapidement l’état général du
système ;
9. Composantes fonctionnelles
(comment ça marche) (2)
Des ajustements réalisés par les centres de décisions en
fonction des boucles de rétroaction et de délais de réponse
(correspondant au temps que mettent les informations
« montantes » pour être traitées et au temps supplémentaire
que mettent les informations « descendantes » pour se
transformer en actions).
La variété des membres d’un groupe, chacun agissant de son
côté (parfois de manière coordonnée ou non), a des
répercussions permanentes sur l’ensemble du système. Les
retours d’information (boucles de rétroaction) ont des effets
sur l’ensemble des membres du système, notamment par les
interventions directes des acteurs entre eux et / ou par les
actions des centres de décision.
10. Caractéristique d’un système
La fonction première d’un système est sa propre
conservation. Pour y parvenir tout système va
rechercher l’homéostasie (d’homios, le même, et stasis,
l’arrêt, la mise au repos) ce qui désigne la capacité à se
maintenir dans un état constant, dans sa forme et ses
conditions internes, en dépit des perturbations
externes. Notre corps en est un exemple. En
permanence il y a des ajustements internes aux
modifications internes ET externes (température,
absorption et digestion des aliments, réaction du
système immunitaire aux corps étrangers) afin de nous
maintenir en bonne santé.
11. Homéostasie et évolution
Tout système ne revient jamais à un état identique,
mais évolue vers un état légèrement différent, que
chaque organisme s’efforce de rendre aussi proche que
possible de son état initial. C’est la raison pour laquelle
le système vivant maintient sa forme malgré des
échanges avec l’environnement ; ainsi sa stabilité
n’exclut pas une certaine évolution.
L’homéostasie, malgré son nom, est un processus
complexe et autonome d’autorégulation, impliquant un
renouvellement des éléments et une réorganisation
structurelle autonomes.
13. Qu’est-ce que la systémie
familiale ?
La thérapie familiale considère les troubles psychologiques et
comportementaux du membre d'un groupe comme un
symptôme du dysfonctionnement dudit groupe (généralement
la famille).
La pathologie mentale d'un individu est une résultante d'une
anomalie systémique du système lui-même. On a pu ainsi
parler de familles pathologiques au sujet de la schizophrénie,
entité psychopathologique la plus fouillée par les systémistes,
notamment au travers de la notion de double contrainte /
double bind.
La thérapie systémiste s'appuie sur le traitement du système
tout entier, famille ou couple, mettant au jour les processus
nocifs /morbides afin de rétablir une situation d'équilibre et
de communication non pathologiques.
14. Rapide historique (1)
La thérapie familiale naît aux USA à la fin des années 1940 sous
l’effet de diverses influences :
le Child Guidance Mouvement : ce mouvement traite de façon
isolée la mère et son enfant, considérant le milieu familial
comme pathogène (à cette occasion apparaissent des termes
comme « surprotection maternelle » ou « mères
schizophrénigènes »).
Les travaux de certains anthropologues fonctionnalistes
(Malinowski, Bateson) expliquent le fait que les pratiques
culturelles remplissent une fonction précise par rapport au
corps social.
15. Rapide historique (2)
La théorie générale des systèmes qui relie la fonction au
contexte. Ludwig von Bertalanffy décrit les rétroactions
négatives comme des processus qui visent à ramener à la
norme un élément d’un système donné. Par analogie, la
famille est considérée comme un système en état d’équilibre
et les symptômes comme des rétroactions négatives.
Les travaux de Norbert Wiener sur la cybernétique : il
explique que nous passons d’une vision linéaire à une vision
circulaire des problèmes. Les systèmes « stables » ne
maintiennent leur stabilité que par l’exercice interne de
certaines rétroactions spécifiques.
16. Rapide historique (3)
Ainsi, influencées par la théorie des systèmes et par la
théorie de la communication, plusieurs écoles de
thérapie familiale voient le jour aux USA (l’école
structuraliste (Minuchin, Ackerman), stratégique
(Haley), contextuelle (Don Jackson), les thérapies
brèves (Bateson), Palo Alto…) puis en Europe (École de
Milan (Selvini), de Rome (Andolfi)…).
En 1960 Gregory Bateson identifie les troubles de la
communication, théorise notamment le double bind qui
fondera l'école systémique, ses travaux seront été repris
par Virginia Satir.
17. Rapide historique (3) Virginia Satir
Virginia Satir a mis l’accent sur l’importance de
l’écoute et sur la distinction à opérer entre le rôle et la
personne.
Souvent la relation humaine se décrit en termes de
"rôles" hiérarchiques : parent/enfants,
patron/employés, professeur/étudiants, qui sous
entendent un modèle de relation dominant/dominé que
nous avons tendance à reproduire dans tous nos cadres
(professionnel, familial, amical, affectif...). Cette
conception hiérarchique de la relation engendre peur,
angoisses et sentiment d'impuissance. Virginia Satir
insiste sur la distinction préalable que l'on doit faire
entre le rôle de la personne dans la relation et la
définition de cette personne.
18. Rapide historique (4) Virginia Satir 2
Lorsque nous nous présentons, nous avons tendance à
répondre à la question "qui êtes-vous?" en évoquant notre
rôle professionnel. Virginia Satir insiste sur le fait que dans la
relation humaine, nous sachions faire la distinction entre le
rôle et l'identité.
En thérapie familiale, cette distinction est fondamentale
pour ne pas enfermer l'autre dans le rôle qu'il occupe ou qu'il
a occupé... V. Satir utilise l'image d'un mobile que nous
plaçons au dessus du lit des bébés pour décrire le rôle que
chacun occupe dans la famille ou dans un groupe humain. Ce
mobile tente de rester en équilibre en restant statique et en
conservant le rôle de chacun. C'est une vision hiérarchique de
l'homme, à laquelle elle oppose une vision de croissance et
de développement, basée sur le développement sain de
l'estime de soi de chaque être humain.
19. Fondement théorique
L’approche systémique est fondée sur l’observation de la communication
manifeste sur le plan digital (verbal) et analogique (non-verbal). Elle
privilégie l’étude des conduites interactives (Gestalt). Son but est de
déceler et dénoncer les modes de communication pathogènes et rétablir
une communication claire entre les partenaires familiaux (Analyse
Transactionnelle). Elle est centrée sur la réalité communicationnelle et
comportementale de la famille.
À la suite des travaux de Bateson sur la communication, notamment sur
le phénomène du double contrainte, on prendra en considération le
groupe familial dans son ensemble, en étudiant le “jeu pathologique”
d’interactions au cœur de la famille, en appréhendant le système
familial selon la “Théorie générale des systèmes” de L.von Bertalanffy.
Appliquée à la thérapie familiale, la conception systémique peut se
formuler de la façon suivante: tout individu humain fait partie d’un
système, un ensemble organisé, c’est-à-dire d’un ensemble d’éléments
en interaction. Le premier système humain est la famille.
20. Fondement théorique (2)
“La théorie des systèmes considère la famille comme une
unité vivante. Cette unité, cette ensemble, comme tout
individu, a un passé, un présent et un futur. Elle a aussi des
règles particulières et relativement stables de
fonctionnement. Ces caractéristiques ne sont pas décidées
par une personne du système, mais par la dynamique de
l’interaction de tous les membres du système”.
Dans cette optique, la maladie mentale ou psychosomatique
est considérée comme “une conséquence naturelle du
dysfonctionnement interactionnel de la famille” (P.Caille).
21. Notions fondamentales (1)
La famille est un système vivant.
Celui-ci implique un principe de totalité (non décomposable en
parties) et de non-sommativité (le tout n’est pas égal à la somme
des parties).
Les familles, considérées comme des systèmes, ont des limites et
contrôlent l’information qui passe à travers celles-ci.
Elles sont organisées hiérarchiquement, à la fois en tant que parties
d’un système plus vaste et au regard des sous-systèmes (fratrie,
génération…).
Les systèmes sont capables d’auto-régulation et cherchent à
maintenir leur équilibre.
Le symptôme (membre qui pose problème) a la fonction d’un
régulateur homéostasique.
22. Notions fondamentales (2)
Membre symptôme et bouc émissaire :
Les difficultés relationnelles inhérentes à la vie de famille créée des
tensions qui conduisent à des alliances et des oppositions. Parfois,
les tiraillements sont tels et les jeux psychologiques si forts entre les
personnes que le « groupe/système » a besoin de créer un exutoire
qui va devenir le membre de la famille/symptôme.
Tout groupe humain utilise le mécanisme du bouc émissaire pour
extérioriser la violence endémique, il choisit le membre (ou
groupuscule) le plus faible auquel il attribue les caractéristiques
victimaires. A intervalle régulier la pression sur le bouc émissaire est
accentuée lorsque le groupe se décharge du trop plein, ensuite
apaisé, le quotidien reprend son cours et un certain répit est
apporté au bouc émissaire jusqu’à la prochaine étape.
23. Notions fondamentales (3)
Membre symptôme et bouc émissaire (2):
Dans toute famille existent des dysfonctionnements qui peuvent être
vécus comme pathologiques et qui se traduisent par des
communications et interactions nocives pour tous. Un membre du
groupe manifeste souvent de manière exacerbée les difficultés de la
famille. Il est alors pointé comme le symptôme et fait office de bouc
émissaire.
D’où l’importance d’apprendre pour tout groupe humain, et la
famille en particulier, à savoir dire ce qui l’oppresse, à identifier les
malaises, la nature des interactions et trouver des modalités
d’expression saine des tensions.
24. Notions fondamentales (4)
La théorie du double bid / double lien/ double contrainte :
Une double contrainte désigne l’ensemble de deux
injonctions qui s’opposent mutuellement, augmentées d’une
troisième contrainte qui empêche l’individu de sortir de cette
situation. En termes de logique, elle exprime l’impossibilité
que peut engendrer une situation où le paradoxe est imposé
et maintenu.
Il peut être composé de deux ordres, implicites ou explicites,
intimé à quelqu’un qui ne peut en satisfaire un sans violer
l’autre. Le troisième ordre interdit la désobéissance et tout
commentaire sur l’absurdité de cette situation d’ordre et
de contre-ordre dans l’unité de temps et de lieu. Sans cette
troisième contrainte, ce ne serait qu’un simple dilemme,
avec une indécidabilité plus ou moins grande suivant
l’intensité des attracteurs.
25. Notions fondamentales (5)
La théorie de la double contrainte (2) :
La double contrainte existe seulement dans une relation
d’autorité qui ordonne un choix impossible et qui interdit
tout commentaire sur l’absurdité de la situation.
Dans une situation d’indécidabilité, le dilemme est une
nécessité de choisir (Comme dans le Cid de Corneille où les
aléa de la vie place le héros face à un choix difficile), tandis
que l’injonction paradoxale est une obligation (un ordre) de
choisir.
L’injonction paradoxale est bien illustrée par l’ordre "sois
spontané(e)", souvent utilisé par Paul Watzlawick comme
exemple, où devenant spontané en obéissant à un ordre,
l’individu ne peut pas être spontané.
26. Notions fondamentales (6)
Différence entre la double contrainte et injonction
paradoxale (3) :
Dans les injonctions paradoxales, il y a toujours une possibilité de
commenter sur l’absurdité, comme appuyer en même temps sur
deux touches d’ordinateur, un pour commander la marche et l’autre
l’arrêt. L’ordinateur peut afficher "erreur de syntaxe". Alors que
dans la double contrainte, il y a une troisième injonction qui interdit
le non-choix et tout commentaire sur l’absurdité de la situation.
Dans un milieu familial où règne une communication pathologique,
ces injonctions paradoxales visent une « une victime émissaire », le
membre "schizophrénique" du système et le forcent à s’enfermer
dans une double contrainte typiquement "schizophrénique" : tenter
de ne pas communiquer. Ce qui est impossible, puisque le "charabia"
du "schizophrène", le retrait, le silence verbal ou postural même est
une forme de communication (non verbale).
27. Notions fondamentales (7)
Différence entre la double contrainte et injonction
paradoxale (3) : exemple
Une mère manifeste par des mots d’amour un rapprochement vers
son enfant tout en adoptant en même temps une conduite
d’éloignement ou d’évitement par les langages corporels
proxémique (distance et durée) et kinésique (geste, mimique,
mouvement et posture).
L’enfant ne sait pas et ne peut savoir ce que sa mère exige de lui.
Il est condamné à osciller entre ces deux exigences contraires
(approche et évitement) auxquelles il ne peut répondre en même
temps et ne peut commenter ou discuter. Quelle que soit la réponse
qu’il adopte, il est puni et reçoit l’ordre de changer de réponse et
d’adopter l’autre.
28. La notion de famille
La famille est un élément fondamental de la société. Elle a
pour tâche de transmettre les valeurs et les modes de
pensée.
C'est aussi une totalité, un "tout" dynamique. Les rétroactions
négatives y sont importantes. Dans une famille pathologique
(où la souffrance est devenue handicapante) n'existent
principalement que des rétroactions négatives (dans une
rétroaction positive, les phénomènes sont perçus et
amplifiés, alors que dans une rétroaction négative, les
phénomènes sont annulés, ignorés).
29. La notion de famille (2)
Toute famille fonctionne selon des règles, un consensus tacitement
respecté par tous les membres. Elle instaure des normes qui sont
intériorisées pour éviter les conflits, les discussions. Ces normes
tiennent lieu de plan d'action. Si un seul élément change, l'équilibre
familial s'écroule. Tout manquement à l'accord tacite provoque une
crise, pouvant amener à la faillite du système.
Le symptôme est alors un régulateur de la relation, un contrat
d'échange reposant sur une complémentarité pathologique familiale.
La disparition du symptôme provoque souvent la rupture de la
relation.
D’où l’importance de remplacer le symptôme par « quelque chose »,
un mode relationnel positif qui doit se construire progressivement
avec la famille. Il lui faut remplacer son système/ scénario
dysfonctionnant par une alternative positive et saine.
30. La notion de famille (3)
La famille en tant que système se trouve face à deux exigences :
rester ensemble (soit un souci de cohésion), mais en même temps
permettre la différenciation des individus. Pour maintenir son
équilibre, elle utilise des rituels (agirs répétés, règles familiales…)
et se fonde sur un mythe familial (normes systématisées, croyances
idéologiques), une histoire unificatrice qui explique et justifie les
rituels.
La famille construit ainsi un ensemble de croyances organisées et
partagées par tous les membres, qui colore les relations et l’image
que chacun a du groupe familial. Le mythe est fondateur et il
prescrit une manière d’être et d’agir dans la famille, il vient
renforcer le système et ses règles. Généralement, l'enfant est au
centre du réseau d'interactions. La nature des interactions reste la
même quelque soit l'âge de l'enfant ; ainsi l'enfant de 5 ans a un rôle
qu'il garde tout au long de son évolution.
31. La notion de famille (4)
Pour Robert Neuburger, « le mythe familial est une représentation,
partagée par les membres du groupe, du groupe lui-même comme
ensemble et de ses relations avec le monde. Le mythe engendre des
règles de fonctionnement, c’est-à-dire des convictions sur les rôles
que chacun doit prendre dans la famille, qui donnent des indications
sur le mythe, lui-même n’étant qu’involontairement ou
indirectement dévoilé. »
Le mythe est du domaine du « non-dit », du langage, dont on ne
peut rien en dire, le rituel est un acte dont on peut parler pour
approcher le mythe familial.
32. La notion de famille (5)
Le système familial est à mettre en écho avec le scénario individuel
de chacun des membres.
« Le scénario est un plan de vie inconscient, basé sur des décisions
prises dans l’enfance, renforcée par les parents, justifié par les
événements successifs, et qui se termine par une alternative choisie
par la personne » (Eric Berne) pour s’adapter à son milieu.
Elaboré durant les premiers années de la vie, le sujet répètera toute
sa vie durant son scénario même s’il lui cause désagréments et
souffrances.
La famille a également un scénario qui peut être identifié et mis en
perspective avec son mythe. Ce matériel symbolique et
psychologique sera utile pour permettre la compréhension des
mécanismes dysfonctionnements et identifier de nouvelles
ressources pour en sortir.
33. La notion de famille (6)
Programme officiel et carte du monde :
Mony Elakaïm parle de programme officiel qu’il met en
lumière notamment dans le couple entre un homme et une
femme. “Le programme officiel est la demande explicite de
chaque membre du coupe. » Par exemple, Anna “voulait que
son mari soit plus proche d’elle, Benedetto souhaiterait que
sa femme le reconnaisse. Or, pour chacun d’eux, le
programme officiel s’oppose à une croyance qu’ils avaient
élaborée dans le passé : dans le cas d’Anna, sa conviction que
l’abandon est inévitable ; dans celui de Benedetto, sa
certitude d’être rejeté, quoi qu’il fasse. »
34. Interactions et communications
Les interactions et les communications sont vitales :
Il est impossible à tout individu placé dans une interaction de ne pas
communiquer ;
Toute communication présente 2 aspects : le contenu et le type de
relation (l'explicite et l'implicite). Le discours implicite est appelé
"méta-communication";
Il existe 2 modes de communication : la communication digitale
(verbale) et la communication analogique (mimiques, postures,
gestes, intonations...);
La nature de la relation dépend de la ponctuation des séquences de
la communication. Les silences, les temps séparant 2 entretiens sont
importants et dynamiques;
Les interactions sont symétriques (même ton) ou complémentaires
(valorisation de la différence).
35. Organisation des interactions
Deux modes opératoires :
L'alliance, qui est une relation d'affinité entre deux personnes,
basée sur l'attirance, l'intérêt commun, la sympathie;
La coalition, solidarité de plusieurs membres contre un membre de
la famille. Dans ce groupe hiérarchisé qu'est la famille, la coalition
est généralement déniée mais explicite au niveau comportemental.
Quand la coalition s'instaure entre deux individus de générations
différentes, il y a un écrasement des générations. Le caractère
pathologique réside dans la répétition de ces coalitions, même
lorsque l’objet de cette coalition varie.
Dans la famille il y a deux aspects paradoxaux de la communication :
une lutte agressive entre les membres pour la hiérarchie et une
solidarité qui les unit malgré tout.
36. Les paradoxes de la famille
Du fait des exigences contradictoires du groupe familial, la demande
est toujours double : il y a une demande de changement tout en
voulant rester identique (non-changement). Ainsi, le but de la
thérapie sera de rassurer la famille sur son unité (renforcer le
processus de non-changement) tout en amorçant le processus de
changement.
La thérapie familiale met en évidence le fait qu'il n'y a pas de fou
dans une famille, mais que c'est la relation qui est folle. Tous les
membres sont actifs, même quand ils freinent le changement. La
thérapie familiale est directive puisque le thérapeute donne la
solution du changement. C'est aussi un soutien très fort, un étayage
voulu par la famille.
Les thérapeutes ont un "rôle contenant" extrêmement puissant.
Il est important de « parler » cette relation à la fin du processus afin
de se dégager de la dépendance de la famille vis-à-vis du
thérapeute.
38. Le diagnostic : état des lieux
L’exploration de la situation :
recueil des information sur l’enfant, parcours scolaire, éléments de la
scolarité (absences, problèmes de discipline, autres), loisirs, amis..
sur la famille, éléments administratifs, juridiques (décisions, mesures,
prises en charge et par quelles instances et autorités), différents
intervenants impliqués dans la famille…
vie sociale (isolement, liens..), lieux de résidence (notamment dans les
cas de placement et / ou de famille recomposée)…
Questionnement pour obtenir les informations manquantes
(questions d’exploration : questions ouvertes), auprès de quelles
instances est-il possible d’obtenir ce qui est nécessaire? Comment
faire s’exprimer les différents acteurs/membres de la famille?
Ecoute et observation : identifier les dysfonctionnements, les
paradoxes dans les récits, les situations ;
39. Le diagnostic : exploration
Génogramme : réaliser la généalogie de la famille. Le faire établir
par les membres de la famille avec lesquels on parvient à travailler.
Faire discuter les membres de la famille sur celui-ci. Mettre des
mots sur les absents, les exclus…;
Historiogramme : récit des évènements clé de la famille (moments
importants : décès, incidents, ruptures…), même protocole que
précédemment. Tout l’intérêt réside dans la confrontation des
différences de discours. Faire émerger du sens ;
Sociogramme familial : Interactions entre les membres (nature des
liens, fréquence, qualité des liens : les qualifier : soutien, apport de
ressources, violences, nocivité, indifférence, absence,
maltraitance…) ;
Établir une cartographie des pouvoirs visibles et invisibles.
40. Ecoute des interactions et
communications
o Observer les échanges entre les membres de la famille :
comment chacun se place lorsque la famille est réunie ?,
attribution de la parole (qui a le droit de parler? Qui cherche
à prendre la parole? Confrontations? Qui reste dans le
silence?) ;
o Qualifier la nature des communications (retrait, fuite,
agressivité); double-contraintes, paradoxes
communicationnnels,… ;
Identifier les jeux psychologiques (victime, persécuteur,
sauveteur) et les rôles de prédilection des membres de la
famille.
41. Alliance et confiance
Il est plus facile d’observer les rites dans une famille et de
les amener à en parler que de rendre explicite et donc visible
le mythe. En revanche, à partir des rites et des croyances de
la famille, il sera possible de mettre le mythe en évidence,
de le rendre explicite afin de s’en servir comme matériau de
croissance (potentialité de changement) pour la famille.
Alliance avec le membre symptôme et avec la famille.
Etablir la confiance et faire alliance sans se faire absorber
par le système familial.
42. Posture et écoute
Se préparer avant l’entretien afin d’être disponible et prêt à TOUT
entendre ;
Pour l’écoute : être vigilant à ses propres jugements, ses a priori,
être conscient de son histoire et de ses échos potentiels avec les
situations rencontrées ;
Etre dans l’instant présent et faire le vide du passé = réaliser une
véritable rencontre avec autrui, personne ou famille ;
Utiliser le recadrage : reformuler la situation à la personne
concernée (ou aux différents membres de la famille) afin de faire
envisager la situation à partir d’un autre point de vue.
43. Les outils thérapeutiques
Sculpting : faire expérimenter la scène familiale actuelle et la scène
rêvée et faire travailler sur le chemin intermédiaire. Tout l’intérêt
réside dans le chemin entre les deux situations : le changement est
possible dans ce trajet entre les deux représentations ;
Conte : faire relater un conte allégorique et systémique (matériel
symbolique). Croiser l’information allégorique avec les éléments du
génogramme et de l’historiogramme afin de faire ressortir le
matériel préconscient ;
Constellation familiale : faire expérimenter le « champ qui sait ».
Expérimenter la situation systémique sous l’angle des interactions
entre les membres de la situation.
44. Indication de la pratique
thérapeutique (1)
La résonance :
Le thérapeute reste à l’écoute de son vécu personnel, de ses
sentiments et de ses relations dans le contexte de la thérapie.
Exemple : s’il se sent irrité, la question à se poser est : « quelle
est l’utilité de cette irritation pour mon patient? Quelle est la
fonction pour lui? Pourquoi veut-il provoquer de l’irritation chez
moi? »
Le patient va chercher à répéter avec le thérapeute quelque
chose et toute la lucidité de ce dernier est de lui rendre visible.
Ce que la famille reproduit dans la thérapie a souvent fonction de
protéger les différents membres dans le système thérapeutique.
45. Indication de la pratique
thérapeutique (2)
La résonance :
C’est parce que le thérapeute accepte cette relation sans
forcément y rentrer (et donc la répéter pour le patient) que le
patient / ou la famille fait l’expérience d’une relation affective
nouvelle. Il élargit le champ des possibles. La personne et la
famille doivent trouver d’autres manières de communiquer et de
fonctionner.
Le thérapeute répète les règles du système et les membres de la
famille n’ont pas besoin d’enlever leurs armures, ils se sentent en
sécurité alors des changements sont possibles.
La résonance est très utile surtout lorsque le système est bloqué.
A ce moment là il faut demander quelle histoire entre la famille
et le thérapeute est venue parasiter le processus. Quelle
résonance vient renseigner le blocage?
46. Indication de la pratique
thérapeutique (3)
La différence entre transfert et résonance :
Le contre-transfert est la réaction du thérapeute vis-à-vis de son
client et en quoi elle le renvoie à son histoire propre.
La résonance est la réaction du thérapeute liée au contexte,
même si les réactions peuvent être liées à son histoire. Il y a
quelque chose dans le contexte qui les fait émerger à ce moment
précis. Cet isomorphisme (répétition ou reproduction des règles
et des comportements propres au système, mais dans un contexte
différent) a une fonction pour le système et c’est à ce
phénomène que le thérapeute régit/ entre en interaction.