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                                       Jean Calvin et l’Ancien Testament


                                              Christian Adjémian

                                    Faculté de théologie réformée FAREL



                        Le travail de Jean Calvin sur l’Ancient Testament est énorme.

          Je n’aurai pas le temps d’étudier le travail de Calvin dans tout l’Ancien Testament. Je vais surtout

vous présenter ce que Calvin écrit sur le Pentateuche, la Torah de Moïse, et particulièrement sur la

Genèse.



 Pour Jean Calvin la chose la plus importante dans son approche de l’Ancien Testament c’est l’humilité:

          Dans sa préface pour son Commentaire sur la Genèse il écrit:



          J’ai voulu user de cette préface non seulement pour m’excuser mais pour avertir les

          lecteurs, s’ils veulent bien profiter avec moi à méditer les   uvres de Dieu, qu’ils y

          apportent un esprit sobre, docile, débonnaire et humble (Calvin, J. 1978, 17).



          Débonnaire veut dire « doux, bienfaisant » dans la langue de Calvin, selon le Dictionnaire de

l’Académie française de 1694. La personne qui connaît Dieu est la seule qui pourra lire l’Ancien

Testament avec compréhension. Donc, et l’expositeur et le lecteur doivent avoir certaines caractéristiques
pour comprendre l’Ancien Testament. Calvin note que cette personne:



        Bien plus, cette personne n’évite pas seulement de mal faire par crainte d’une punition,

        elle honore Dieu avec humilité comme maître et supérieur parce qu’elle l’aime et le

        révère comme un père; bien qu’elle ne craigne pas l’enfer, elle a horreur de l’offenser.

                 Telle est la vraie et pure religion: une foi conjointe à une vive crainte de Dieu,

        crainte pleine de révérence spontanée, accompagnée d’une service volontaire et conforme

        à la Loi de Dieu (Calvin, J. 2009, I.2.2, 8) .



        Moïse «est organe du Saint-Esprit pour publier les choses qu’il était besoin à tous de connaître.»

(Calvin, J. 1978, 18). Möise a commencé son livre par la création du monde, afin de nous mettre Dieu

devant les yeux comme visible par la vue de ses créatures (Calvin, J. 1978, 17). Calvin se méfie des

hommes:

        …

        Mais parce qu’il n’y a rien d’aussi facile chez les hommes que de corrompre la vérité de

        Dieu, au point qu’elle s’abâtardisse quasi d’elle-même par succession de temps, afin

        qu’on retînt une histoire pure, le Seigneur a voulu qu’elle fût mise par écrit (Calvin, J.

        1978, 18).



        Dans l’Institution chrétienne, au tout début, il écrit comment l’homme face à Dieu est «la cause de

la crainte et du tremblement qui ont accablé les saints toutes les fois qu’ils ont senti la présence de Dieu.»

(Calvin, J. 2009, I.1.3, 5) Il cite aussi les paroles d’Abraham quand il «s’approche pour contempler la

majesté de Dieu», Genèse 18:27, Abraham reprit, et dit: Voici, j'ai osé parler au Seigneur, moi qui ne

suis que poudre et cendre.



                                           La tâche de l’expositeur

        Parker note (Parker 1986, 81)que Calvin dans sa dédicace pour le Commentaire sur l’Épître aux
3

Romains , décrit la tâche de l’expositeur:



        «…la principale vertu d’un expositeur consiste en une brièveté facile et qui ne comporte

        point d’obscurité. Et de fait, comme quasi tout son office est compris en ce seul point, à

        savoir de bien déclarer et découvrir l’intention de l’auteur qu’il a entrepris d’exposer,

        dans la mesure où il mène les lecteurs hors de celle-ci, dans cette mesure il s’éloigne de

        son but ou du moins extravague (sort) quelque peu hors de ses limites.» (Calvin, J.

        1978, p.7)



        Richard Gamble a fait une analyse de la méthodologie de Calvin (Gamble 1985, 16):



         Rhétorique frivole and brevitas et facilitas stand in stark contrast to each other.

        Rhétorique frivole is condemned by Calvin as being contrary to Paul’s admonitions.

        Brevitas et facilitas, although in part a Renaissance ideal, rightly summarizes the

        rhetorical method of the Bible as Calvin understood it. It is then on the basis of

        attempting to conform his own methodology to that of the Bible that Calvin follows the

        method of brevitas et facilitas.



        David Puckett a aussi fait une analyse de la méthodologie de Calvin pour l’interprétation de

l’Ancien Testament (Puckett 1995). Calvin dans la préface de son Commentaire sur la Genèse explique à

quoi servents les Écritures:



        Nous ne connaissons Dieu, qui est invisible, que par ses      uvres. … C’est la raison pour

        laquelle le Seigneur, pour nous convier à sa connaissance, nous propose devant les yeux

        l’ouvrage des cieux et de la terre, et se manifeste en eux. Car aussi sa puissance éternelle

        et sa divinité, comme dit S.Paul (Rom 1:20), y reluisent (Calvin, J. 1978, p. 18).
Selon Calvin la Bible nous est donnée pour que nous arrivions à connaître Dieu.



       [Dieu] il a ajouté un nouveau remède (comme il en était besoin), du moins il a étayé la

       rudesse de notre entendement par une autre aide. Car il nous a baillé (donné) l’Écriture

       pour guide et maîtresse, et par elle non seulement il démontre mais contraint presque à

       voir ce qui passerait par-devant nos yeux sans nous laisser aucune intelligence, tout

       comme is on baillait (donnait) des lunettes ou des miroirs à ceux qui ont la vue débile. A

       cela travaille Moïse, comme il a été dit. Car si l’enseignement du ciel et de la terre, qui

       sont muets, suffisait, la doctrine de Moïse serait superflue. Ce héraut est donc ajouté pour

       nous réveiller et nous rendre plus attentifs, afin que nous sachions que nous sommes en

       ce théâtre pour y contempler la gloire de Dieu, non seulement comme témoins mais aussi

       afin que nous jouissions de toutes les richesses qui y sont déployées, comme le Seigneur

       les a destinées et assujetties à notre usage (Calvin, J. 1978, 20).



       Le ministère de Moïse est bien important selon Calvin:



       Davantage, parce que la Parole éternelle de Dieu est la vive et expresse image de Celui-

       ci, il nous y ramène. D’où s’ensuit ce que dit l’Apôtre, qu’on ne peut entendre que par la

       foi que les cieux ont été ordonnés par la Parole de Dieu (Héb 11:3). Car la foi vient

       proprement de ce qu’étant enseignés par le ministère de Moïse, nous ne vaguons point en

       des spéculations vaines et frivoles mais contemplons le seul et vrai Dieu en sa vraie et

       naïve image (Calvin, J. 1978, 20).



       L’argument principal de la Genèse, selon Calvin est ceci. Nous verrons qu’il va développer «les

principaux articles» dans son Commentaire.



       Car voici l’argument du livre. Après que le monde a été créé, l’homme y a été mis
5

        comme en un théâtre, afin que regardant en haut et en bas les merveilleux ouvrages de

        Dieu, il adorât en révérence leur auteur. Secondement, toutes choses sont destinées à

        l’usage de l’homme, afin qu’étant plus obligé à Dieu il s’adonnât et dédiât entièrement à

        son service. Troisièmement, il a reçu intelligence et raison, afin qu’étant séparé des bêtes

        brutes il pensât à une meilleure vie, ou plutôt tendît droit à Dieu, dont il portait l’image

        gravée en lui. Après s’ensuit la chute, par laquelle Adam s’est aliéné de Dieu, d’où il est

        advenu qu’il a été privé de toute droiture. Ainsi Moïse constitue l’homme vide de tout

        bien, aveugle d’entendement, pervers de ce ur, corrompu de toutes parts, coupable de

        mort éternelle, mais il ajoute aussitôt l’histoire de sa restauration, en laquelle Christ

        apparaît et reluit avec la grâce de sa rédemption. De là il poursuit, par un ordre

        continuel, la singulière providence de Dieu à gouverner et entretenir son Eglise, et puis il

        nous recommande le vrai service de Dieu, déclare en quoi consiste le salut des hommes et

        nous exhorte par les exemples des Pères à porter constamment la croix. Quiconque donc

        veut bien profiter en ce livre, qu’il rapporte sa pensée à ces principaux articles (Calvin, J.

        1978, 21).



        Voici l’argument du livre selon Calvin « avec ses principaux articles. » 1) l’homme est dans le

monde comme dans un théâtre de la gloire de Dieu. 2) Dieu nous a tout donné pour notre usage. 3) Nous

portons l’image de Dieu et avons reçu intelligence et raison. 4) La chute va aliéner Adam de Dieu, Adam

n’a maintenant pas de droiture. 5) Moïse nous explique comment l’homme est déchu: aveugle, pervers de

c’ ur, entièrement corrompu, coupable de mort éternelle. 6) Moïse explique ensuite l’histoire de la

restauration de l’homme. 7) Dieu va gouverner son Église, et va préparer l’histoire d’Israël pour recevoir

le Messie et la rédemption. Nous allons surtout étudier les 6eet 7e principes.



        Principalement, qu’il [Moïse] observe que depuis qu’Adam par sa mortelle chute s’est

        perdu avec toute sa postérité, le fondement de notre salut, l’origine de l’Eglise, est

        qu’étant retirés du profond des ténèbres par la pure grâce de Dieu, nous avons obtenu une
vie nouvelle, que les Pères ont joui de cette vie par la foi, puisque Dieu la leur a offerte

         par la Parole, que cette Parole a été fondée en Christ et que tous les fidèles qui ont depuis

         vécu ont été soutenus par la même promesse de salut par laquelle Adam fut redressé dès

         le commencement. Ainsi la succession perpétuelle de l’Eglise est coulée de cette

         fontaine, que les saints Pères, les uns après les autres, ont embrassé par la foi la promesse

         qui leur était offerte et ont été assemblées en la famille de Dieu pour avoir une vie

         commune en Christ (Calvin, J. 1978, 22).



         On voit comment l’histoire de l’Église d’Israël est central pour Calvin. Il me semble que Calvin

s’est inspiré du 24e chapitre de Luc pour faire son analyse de l’Ancien Testament. C’est là où Jésus,

ressuscité, apparaît aux onze disciples et leur explique: Luc 24:44-48 Puis il leur dit: C'est là ce que je

vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu 'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans

la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. 45 Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils

comprissent les Écritures. 46 Et il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait

des morts le troisième jour, 47 et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à

toutes les nations, à commencer par Jérusalem. 48 Vous êtes témoins de ces choses. Calvin dans ses

commentaires, explique ce qui est écrit dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes à

propos de Christ. Nous allons surtout suivre l’histoire de l’Église selon Calvin dans la Genèse.




                   L’histoire de l’Église pour Calvin commence avec la vocation d’Abram

         «C’est merveille que cet homme misérable et perdu soit préféré à tant de saints serviteurs de Dieu,

en sorte que l’alliance de vie réside en lui, que l’Église soit suscitée de lui et qu’il soit ordonné père de

tous les fidèles. Mais Dieu l’a fait exprès, afin de magnifier d’autant plus sa grâce en sa personne. En cela

nous connaissons comment la seule miséricorde de Dieu suscite de rien ce qui n’est point, pour

commencer à être quelque chose. » (Calvin, J. 1978, 192). Calvin voit la vocation d’Abram comme un

acte gratuit de Dieu. Ce avec quoi l’apôtre Paul commence le quatrième chapitre des son Épître aux
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Romains 4:1-2 Que dirons-nous donc qu'Abraham, notre père, a obtenu selon la chair ? 2 Si Abraham a

été justifié par les oeuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu. Calvin ajoute ceci, au sujet de

la vocation d’Abram:



        « Cette vocation d’Abram est un exemple bien excellent de la miséricorde gratuite de

        Dieu. Abram avait-il prévenu Dieu par quelque mérite de ses         uvres? Etait-il venu vers

        lui? Avait-il acquis sa faveur? Au contraire, il l’avait grièvement offensé. Il nous faut

        toujours rappeler ce que j’ai amené du sermon de Josué (Josué 24), qu’il était plongé en

        la fange d’idolâtrie. Maintenant Dieu lui tend la main de son bon gré pour le ramener de

        son erreur. » (Calvin, J. 1978, 192)



        Gen 12:1 L'Éternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père,

dans le pays que je te montrerai.



        « Voici un autre examen pour éprouver la foi d’Abram. Car pourquoi Dieu ne lui désigne-

        t-il immédiatement la terre, sinon pour tenir son serviteur en suspens et mieux

        expérimenter comment il est adonné à sa Parole? … C’est bien aussi la vraie épreuve de

        notre obéissance, quand nous ne sommes point sages en nous-mêmes mais nous

        remettons entièrement au Seigneur.» (Calvin, J. 1978, 192)



        L’histoire de l’Église chez Calvin est étroitement liée à la Parole de Dieu. Quand l’Église est

infidèle à la Parole de Dieu, ce n’est plus l’Église. Au deuxième verset, Dieu ajoute: Gen 12:2 Je ferai de

toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction.

Calvin écrit ceci:



        Jusqu’à présent, Moïse a dit ce qui était commandé à Abram. Maintenant, il conjoint la

        promesse avec le commandment, et non sans cause: car, comme nous sommes paresseux
à obéir, le Seigneur commanderait en vain s’il n’ajoutait la confiance de sa grâce et de sa

        bénédiction pour nous donner courage. J’ai déjà touché cela en l’histoire de Noé, mais je

        le redis pas maintenant sans cause; car ce passage mérite bien qu’on en dise quelque

        chose et la répétition d’une docttrine de si grande importance ne doit point sembler

        superflue, car il est certain que la foi ne peut consister [être, exister] si elle n’est fondée

        dans les promesses de Dieu, et c’est la foi seule qui engendre l’obéissance. Aussi, afin

        que les cp urs soient formés à suivre Dieu, il ne suffit point qu’il commande simplement,

        s’il n’ajoute en même temps sa bénédiction (Calvin, J. 1978, 194).



        Bien sûr, Abram devra par la foi, saisir les promesses de Dieu. Calvin commente ici ce qui se

passe chez Abram. Parker écrit: « Character-study plays a large part in Calvin’s expositions of narrative.

What the characters were like within themselves, why they acted this way or that way, what their aims

and hopes were, how experience affected them, how the inter-action of characters produced such a

result.» (Parker 1986, 104).



        «… aussi, voyant que sa femme était stérile, il saisit néanmoins par l’espérance, en la

        parole de Dieu, une grande nation qui lui est promise. Ésaïe aussi (És 51:2) exalte

        magnifiquement cette grâce: Isaïe 51:2 Portez les regards sur Abraham votre père, Et sur

        Sara qui vous a enfantés; Car lui seul je l'ai appelé, Je l'ai béni et multiplié. …que Dieu

        a fait croître en une si grande nation son serviteur Abraham, qu’il a trouvé seul. Le mot

        goï c’est-à-dire nation est en détestation aux Juifs, et toutefois il est pris par honneur en

        ce passage comme en beacoup d’autres. Cela aussi importe que non seulement il doive

        avoir un bien grand lignage de sa postérité, mais un peuple à part et séparé des autres qui

        ait son nom spécial et particulier.» (Calvin, J. 1978, 194)



        Calvin continue avec une analyse du troisième verset: Gen 12:3 Je bénirai ceux qui te béniront,

et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Il écrit que ce
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texte ne veut pas dire que le nom d’Abram sera pris comme un proverbe quand on bénit ses enfants ou

amis…:



         «…car je pense qu’est promis, en ce chapitre, ce qu’il répétera plus clairement au vingt-

         deuxième (22:18); ce à quoi me mène aussi l’autorité de S. Paul (Gal 3:17), qui dit que la

         Promesse, quatre cent trente ans avant la Loi, a été faite à la postérité d’Abraham, c’est-à-

         dire Christ.… A mon jugement, Dieu prononce donc que toutes les nations seront bénies

         en son serviteur Abraham, parce que Christ était enclos en ses reins » (Calvin, J.

         1978, 195).



         Il continue son commentaire sur l’Église, en allant au Deutéronome et chez Ésaïe.



         « Quand il est dit au Deutéronome (Deut 10:8), en Esaïe (Es 65:16) et en d’autres

         passages semblables, qu’Israël se bénira au Dieu vivant, c’est chose bien évidente que

         Dieu est dit la fontaine de tous les biens, afin qu’Israël ne demande ailleurs aucun bien.

         Vu donc que la locution est ambiguë, il faut nécessairement qu’ils m’accordent qu’on doit

         choisir l’un ou l’autre sens, selon qu’il convient mieux au fait et à la cause. Or S. Paul a

         pris cette maxime, qui est reçue de tous les fidèles et doit être tenue pour confessée, que

         tout le genre humain est sujet à la malédiction et qu’en conséquence le saint peuple est

         béni par la seule grâce de Dieu. De là il conclut que l’alliance du salut, que Dieu a faite

         avec Abram, n’est point ferme ni stable sinon en Christ. J’expose donc ce passage en

         cette manière, que Dieu promet la bénédiction à son serviteur Abram, laquelle après

         découle et s’étand sur tous les peuples. Mais pas ce qu’il faudra expliquer cette matière

         plus au long en un autre endroit, je ne fais à présent que la toucher en bref. » (Calvin, J.

         1978, 195–196).



         Au chapitre 17, Dieu vient parler avec Abram pour lui répéter l’alliance. Gen 17:1 Lorsque
Abram fut âgé de quatre-vingt-dix -neuf ans, l'Éternel apparut à Abram, et lui dit: Je suis le Dieu tout-

puissant. Marche devant ma face, et sois intègre. 2 J'établirai mon alliance entre moi et toi, et je te

multiplierai à l'infini. 3 Abram tomba sur sa face; et Dieu lui parla, en disant… Dans l’Institution, Calvin

écrit:



         «…l’alliance conclue avec les patriarches présente un contenu et une vérité si semblables

         à ceux de la nôtre que l’on peut dire que c’est la même; elle en diffère dans sa

         dispensation…» Il ajoute: «Premièrement, le Seigneur n’a pas proposé aux Juifs un

         bonjeur ou une richesse terrestre comme un but à atteindre; il les a adoptés avec

         l’espérance de la vie et il leur a révélé et attesté cette addoption par des visions ainsi que

         par la Loi et le Prophètes. Deuxièmement, l’alliance qui les a liés à Dieu n’a pas été

         fondée sur leurs mérites, mais sur la seule miséricorde du Seigneur. Troisièmement, les

         Juifs ont eu et connu Christ comme Médiateur, qui les a liés à Dieu et les a faits

         bénéficiaires de ses promesses.» (Calvin, J. 2009, II.x.2, 367)



         Ici, le commentaire de Calvin sur la Genèse, retourne à la grâce de Dieu, et l’adoption d’Abram:



         «Dieu, en offrant sa grâce à Abram, requiert de lui une affection pure de vivre justement

         et saintement; Abram se prosternant déclare qu’il reçoit avec obéissance l’une et l’autre.

         Ayons donc souvenance que par une même liaison de foi il faut conjoindre l’adoption

         gratuite, en laquelle gît notre salut, avec la nouveauté de vie. Bien qu’Abram ne dise

         mot, en se taisant il parle plus clairement que s’il criait à haute voix qu’il rend une pleine

         et entière obéissance à la Parole de Dieu (Calvin, J. 1978, 258).



         Dieu dit à Abram: Gen 17:4 Tu deviendras père d'une multitude de nations. Calvin commente

sur l’Église:
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        « Mais Moïse a regardé plus loin: c’est que les païens devaient être insérés par la foi en la

        race d’Abram, encore qu’ils ne fussent point engendrés de lui selon la chair, ce dont S.

        Paul nous est un fidèle interprète et témoin, car il n’assemble pas les Arabes, Iduméens et

        autres, pour faire d’Abram le père commun de plusieurs nations, mais il étend le nom de

        père au monde entier, afin que les nations qui étaient autrement étrangères et bien

        éloignées l’une de l’autre viennent de toutes parts pour être unis et conjointes en une

        seule famille, celle d’Abram (Gal 3:7 reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi

        qui sont fils d'Abraham.)» (Calvin, J. 1978, 259).



        Toujours sur l’Église et la grâce de Dieu, Calvin ajoute:



        « Abram n’a donc pas été appelé père de plusieurs nations parce que sa postérité dut être

        répartie en diverses nations, mais plutôt parce qu’une grande variété de nations devait

        être rassemblée en lui. Aussi le changement de nom lui est-il ajouté comme un signe: car

        il commence à être appelé Abraham afin de l’avertir, par ce nom, qu’il ne sera point père

        d’une seule famille mais qu’outre l’ordre commun de nature, il aurait une race qui

        procéderait de cette multitude infinie. C’est pourquoi le Seigneur répète tant de fois cette

        promesse, car la répétition avertit qu’il n’est point ici question de quelque chose de

        vulgaire ou de commun.» (Calvin, J. 1978, p. 259)



        Plus loin Calvin note ceci sur le texte du chapitre 22, dans le contexte du sacrifice d’Isaac. Gen

22:17 et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. 18 Toutes les nations de la terre seront bénies en

ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix.:



        « Il signifie que la race d’Abraham sera victorieuse contre ses ennemis… Il nous faut

        avoir mémoire de ce que j’ai auparavant traité de S. Paul touchant l’unité de la postérité.

        Car nous recueillons de cela que la victoire n’est pas promise à tous les enfants
d’Abraham mais à Christ et à ses membres en tant qu’ils sont conjoints ensemble sous un

        même Chef.… Toutefois l’unité dépend du chef; c’est pourquoi, toutes les fois que les

        Prophètes veulent confirmer cette promesse de Dieu, ils prennent ce principe que sous

        David ils seront unis en un même corps et que sans lui ils sont divisés (Calvin, J.

        1978, 344).



        Avant l’alliance avec Abraham, Calvin décrit comment était la terre:



        « Au commencement, avant que cette alliance fût faite, la condition du monde entier était

        une et égale. Mais dès qu’il a été dit: «Je serai ton Dieu et celui de ta descendance après

        toi», l’Église a été séparée des autres nations, ni plus ni moins que la lumière est sortie

        des ténèbres au commencement de la création du monde. Alors le peuple d’Israël a été

        reçu comme le troupeau de Dieu en sa propre bergerie. Les autres nations ont erré comme

        des bêtes sauvages par les bois et les montagnes ou par les déserts.» (Calvin, J.

        1978, 260)



        Dieu ajoute dans la rencontre avec Abraham au chapitre 17 de la Genèse: Gen 17:8 Je te

donnerai, et à tes descendants après toi, le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan,

en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu. Calvin commente:



        «Ce seul mot nous enseigne clairement que cette alliance a été spirituelle non seulement

        au regard de la vie présente, mais afin qu’Abraham conçût par elle un espoir du salut

        éternel, et qu’étant élevé jusqu’au ciel il appréhendât une ferme et parfaite béatitude. Car

        ceux que Dieu adopte pour être son peuple, il les institue aussi héritiers de la vie céleste,

        en les faisant participants de sa justice et de tous les biens. Notons donc que c’est le

        principal article de l’alliance, que celui qui est le Dieu des vivants et non pas des morts

        sera le Dieu des enfants d’Abraham. Il s’ensuit, comme d’une addition ou d’un surcroît,
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qu’il leur donnera la terre. Je confesse bien que sous ce nom de la terre de Canaan une

chose plus excellente a été figurée. » (Calvin, J. 1978, 261)



Calvin, avec la circoncision, a développé ce que ce sont les sacrements. Il écrit:



«Premièrement, quand Moïse appelle la circoncision alliance de Dieu, nous recueillons de

là que la promesse de la grâce a été enclose en celle-ci. Car si c’eût été une marque ou un

signe de profession extérieure envers les hommes, le nom d’alliance ne conviendrait

nullement, puisqu’elle ne peut être autrement ratifiée que quand la foi lui répond. Et cela

est aussi commun à tous les sacrements d’avoir la Parole annexée, par laquelle Dieu

témoigne qu’il nous est propice et nous convie à l’espérance du salut. Qui plus est, le

sacrement n’est autre chose que la Parole visible ou la gravure et effigie de la grâce de

Dieu, pour donner un meilleur lustre à la Parole.» (Calvin, J. 1978, 262)



«Nous savons maintenant comment l’alliance se garde bien: c’est que la Parole précède et

qu’en la suivant nous embrassions le signe, comme un gage et un témoignage de la grâce

que nous avons reçue, car ainsi que Dieu nous assure plus étroitement la foi qu’il nous a

donnée par le signe qu’il nous a baillé (donné) comme écrit de sa main, aussi il requiert et

stipule de nous un consentement de foi et d’obéissance.» (Calvin, J. 1978, 262–263)



Calvin va ensuite faire le lien entre la circoncision et le baptême.



« Quiconque fait semblant de se contenter de la promesse nue et méprise le baptême,

celui-là foule aux pieds le sang du Christ pour autant qu’il est en lui; ou, pour le moins, il

ne permet point qu’il coule sur ses enfants pour les laver. Ainsi, un tel mépris est

accompagné d’une juste peine: c’est d’être privé de la grâce, parce qu’il a violé l’alliance

de Dieu, en établissant un divorce entre la Parole et le signe, ou plutôt en déchirant
l’alliance de Dieu.» (Calvin, J. 1978, 266)



        Mais Calvin nie qu’il y ait une nécessité entre le signe et la promesse de grâce. «Y aurait-il rien de

plus absurde, si le signe anéantissait la vertu (puissance) de la chose pour la confirmation de laquelle on

dit que le baptême est nécessaire au salut, de telle sorte qu’elle ne lie point la grâce et la vertu de l’Esprit

de Dieu aux signes extérieurs et n’accuse finalement Dieu de mensonge et de tromperie.» (Calvin, J.

1978, 266).




                                           Les épreuves d’Abraham.

        Jésus dit à ses disciples, en Luc 22:28… Luc 22:28-30 Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré

avec moi dans mes épreuves;29 c'est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en

a disposé en ma faveur,30 afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous

soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d'Israël. Et l’Église aura ses propres épreuves, car:

Mat 10:24-25 Le disciple n'est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur. 25 Il suffit au

disciple d 'être traité comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. Cette leçon nous est

enseignée par le père des croyants, Abraham. Calvin commente:



         «Il n’avait eu aucun repos ni lieu arrêté jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, mais avait

        toujours toujours vécu comme en exil continuel, tourmenté par beaucoup d’injures et

        d’outrages et avait été mis en misère, souci et tremblement continuels, ayant bien à faire à

        passer sa vie. La famine le jeta hors de cette terre en laquelle il s’en était allé par le

        commandement de Dieu et il fut contraint de se retirer en Egypte. Sa femme lui avait été

        ravie d’entre ses bras par deux fois. Il avait été séparé de son neveu. Il l’avait délivré des

        mains des ennemis, au grand danger de sa vie, quand il fut pris en guerre. Il avait vécu

        dans la stérilité avec sa femme, alors que son espérance dépendait de son lignage.

        Finalement, après avoir obtenu un fils, il fut contraint de le déshériter et de le chasser loin
15

        de sa maison. Il ne restait qu’Isaac qui était son unique et singulière consolation. Il avait

        paix en sa maison. Maintenant, Dieu foudroie soudainement du ciel contre lui, en lui

        annonçant la mort de son fils. Le sens est donc que la foi d’Abraham a été beaucoup plus

        rigoureusement éprouvée par cette tentation, comme par le dernier acte, qu’elle n’avait

        été auparavant.» (Calvin, J. 1978, 336–337).



        «Quelques tentations qui nous soient mises en avant, nous savons que la victoire est en nos mains

tant que enous serons munis d’une ferme foi: autrement nous ne pourrions jamais résister. » (Calvin, J.

1978, 337). Abram avait cette ferme foi, et les promesses de Dieu qui lui sont répétées. La dernière

épreuve d’Abraham et la plus sérieuse est advenue quand Dieu lui a dit d’immoler son fils Isaac. Le

commentaire de Calvin:



        «Il est commandé à Abraham d’immoler son fils. Si Dieu eût seulement dit qu’il mourrait,

        ce message lui eût plus que cruellement blessé le ci ur, car toute la grâce qu’Abraham a

        pu espérer de Dieu était enclose en cette seule promesse: «En Isaac te sera suscitée une

        postérité.» D’où il recueillait nécessairement que le salut et de lui et de tout le genre

        humain périssait si Isaac ne demeurait sauf. Car il était enseigné par cette parole, à savoir

        que Dieu n’est point propice aux hommes sans médiateur. Bien que cette sentence de S.

        Paul ne fût point encore écrite, que toutes les promesses de Dieu sont en Christ oui et

        amen (2Cor 1:20), toutefois elle était gravée dans le cm

        1978, 338)



        Pour Calvin, Abraham voyait déjà que les promesses de Dieu seraient accomplies par le Messie,

le Fils. Calvin tire de cet événement une leçon bien importante pour l’Église:



        « Mais il faut noter comment il se dégage de ce ni ud qui était insoluble: c’est qu’il se

        retire au refuge de la providence de Dieu: Dieu se pourvoira. Cet exemple nous est
proposé afin que nous l’imitions. Toutes les fois que le Seigneur commande quelque

           chose, il survient beaucoup d’encombres qui nous affaiblissent; les moyens nous

           défaillent; nous sommes destitués de conseil; il semble que tous les passages soient clos.

           En de telles angoisses il n’y a qu’un seul remède, c’est que nous ne perdions point

           courage. Si nous laissons l’événement à Dieu, il nous fera le chemin où il n’y en a point.

           Car ainsi que nous faisons injure à Dieu en n’espérant pas de lui autre chose que ce que

           nous pouvons comprendre, aussi nous lui faisons un bien grand honneur quand nous nous

           reposons sur sa providence lorsque nous voyons tout en confusion.» (Calvin, J.

           1978, 341)



           On sait que Calvin dans l’Institution de la religion chrétienne a toute une section sur le

renoncement de soi-même, Livre III chapitre VIII. L’entête de ce chapitre est «Le principe fondamental de

la vie chrétienne le renoncement à soi-même.» (Calvin, J. 2009, 623). Abraham a démontré le

renoncement à soi-même par le sacrifice d’Isaac. Voici le commentaire de Calvin:



           « Tout comme Abraham montre qu’il craint Dieu en n’épargnant point son propre fils,

           aussi, quant à tous les fidèles, il est requis d’eux un témoignage commun de la même

           crainte en ce qu’ils doivent renoncer à eux-mêmes. Et parce que Dieu nous enjoint une

           continuelle bataille, il faut bien que chacun de nous se donne garde de demander congé

           avant le temps.» (Calvin, J. 1978, 343).



           Gen 22:15-18 L'ange de l'Éternel appela une seconde fois Abraham des cieux, 16 et dit: Je le jure

par moi-même, parole de l'Éternel ! parce que tu as fait cela, et que tu n'as pas refusé ton fils, ton unique,
17
     je te bénirai et je multiplierai ta postérité, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le

bord de la mer; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. 18 Toutes les nations de la terre seront

bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix. On voit ici le rappel des promesses de l’alliance.
17

        «Ce que Dieu avait promis à Abraham avant qu’Isaac fût né, il le confirme et le ratifie

        encore à présent, après qu’il est ressuscité et s’est levé de dessus l’autel, comme s’il fût

        sorti hors du sépulcre pour avoir un triomphe plus accompli. L’ange parle en la personne

        de Dieu, comme nous avons dit auparavant qu’ils sont vêtus de sa majesté afin que leur

        ambassade ait une autorité plus grande. Mais il semble que ces deux choses ne

        s’accordent pas bien, que ce qui avait auparavant été gratuitement promis soit maintenant

        réputé comme une récompense. Nous savons que la grâce et le loyer (la récompense) ne

        s’accordent pas bien ensemble. Or, comme la bénédiction qui est promise en la postérité

        contient l’espérance du salut, il s’ensuit que la vie éternelle est rétribuée par les é uvres.»

        (Calvin, J. 1978, 343)



        Ici Calvin refute la doctrine Catholique Romaine du mérite des       uvres.



        «Et de fait, avant qu’Isaac fût né, cette promesse était ratifiée et n’a maintenant qu’une

        confirmation. Si Abraham a mérité une telle récompense par sa vertu, la grâce de Dieu

        qui l’a prévenu n’a eu nul effet! Afin que la vérité de Dieu, qui est fondée en sa bonté

        gratuite, soit ferme et arrêtée, il faut donc tenir que ce qu’il donne gratuitement est appelé

        le loyer (la récompense) des é uvres; non pas pour obscurcir la louange de sa bonté ou la

        diminuer en quelque partie, mais seulement pour donner courage aux siens de s’adonner à

        bien vivre, quand ils comprennent que le devoir qu’ils rendent lui est tellement agréable

        qu’il les daigne bien rémunérer, sans toutefois payer cela comme une chose due mais en

        donnant le titre de récompense à ses bienfaits, et en cela il n’y a nulle opposition. »



        Nous quittons Abraham maintenant pour aller chez son petit-fils Jacob, qui est la continuation de

l’Église.



                                         Jacob et le songe à Bethel.
Jacob est obligé de fuir son frère Ésaü. Il s’en va à travers le désert de Béer-Shéba et se couche

sur la terre. Et quand Jacob «est réduit à une extrême nécessité, le Seigneur lui tend aussitôt la main et le

soulage merveilleusement de ses fâcheries par un oracle excellent. » (Calvin, J. 1978, 418). Jacob a eu

une vision d’une échelle qui touchait la terre et le ciel. Au-desssus de l’échelle Dieu s’est manifesté et lui

a parlé. Ici, Calvin développe la doctrine du Médiateur, Jésus-Christ. Voir l’Institution de la religion

chrétienne, II.VI pour son chapitre sur le Médiateur (Calvin, J. 2009, 281). Voir aussi mon article dans

L’Actualité de Jean Calvin (Collectif 2009, 155–176). Alors l’échelle, selon Calvin, c’est Jésus-Christ et

les anges montent et descendent sur lui.



        «Il est le seul Médiateur qui touche depuis le ciel jusqu’à la terre. C’est lui-même par qui

        la plénitude de tous les biens célestes découle ici-bas sur nous et par qui nous aussi, de

        notre côté, montons à Dieu. Et comme lui-même est aussi le chef des anges, il fait qu’ils

        servent ses membres qui sont sur la terre» (Calvin, J. 1978, 419).



        Calvin explique la vision, en commentant:



        «Cette explication n’a donc rien de contraint si nous disons que l’échelle est l’effigie du

        Christ. Car la similitude de l’échelle convient bien au Médiateur par lequel le ministère

        des anges, la justice et la vie, et toutes les grâces du Saint-Esprit descendent comme par

        des degrés jusqu’à nous. Et nous aussi, qui non seulement étions fichés en terre mais dans

        l’abîme de la malédiction, et plongés dans les enfers, nous montons jusqu’à Dieu. Or, le

        Dieu des armées est assis sur l’échelle, car en Christ habite toute la plénitude de la

        divinité, et de là advient qu’il touche jusqu’au ciel. Car bien que toute puissance soit

        donnée par le Père à sa nature humaine, toutefois il ne serait pas le vrai appui de notre foi

        s’il n’était Dieu manifesté en chair.» (Calvin, J. 1978, 419).



        Dieu rapelle à Jacob les promesses de l’alliance. Il lui rapelle qui il est: Gen 28:13-15 Et voici,
19

l'Éternel se tenait au-dessus d'elle; et il dit: Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu

d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. 14 Ta postérité sera

comme la poussière de la terre; tu t'étendras à l'occident et à l'orient, au septentrion et au midi; et toutes

les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. 15 Voici, je suis avec toi, je te garderai

partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays; car je ne t'abandonnerai point, que je n'aie exécuté ce

que je te dis. Le commentaire de Calvin:



        «Notons que la postérité de Jacob a été ici opposée aux autres fils d’Abraham qui

        descendaient de lui pêle-mêle selon la chair, et étaient retranchés de la nation sainte. Mais

        depuis que les enfants de Jacob sont entrés dans la terre de Cannan, la succession leur a

        été perpétuelle jusqu’à Christ par la venue duquel le monde a été renouvelé.» (Calvin, J.

        1978, 420)

         «Ainsi maintenant Dieu déclare que toutes les nations se béniront en Jacob et en sa

        postérité parce que nulle félicité ne se trouvera nulle part sinon qu’elle parte de cette

        fontaine. Au reste, il n’y a point d’inconvénient que ce qui est propre à Christ soit ici

        transféré à Jacob dans les reins duquel Christ était encore. » (Calvin, J. 1978, 421).



        Voici une des distinctions que Calvin ressort de l’Ancien Testament comparé au Nouveau.



         «Car il a fallu que les Pères aient au commencement cheminé en une petite lumière,

        comme de l’aube du jour. Le Seigneur s’est petit à petit manifesté à eux jusqu’à ce que

        Christ, le Soleil de justice, se soit levé, où la clarté parfaite nous apparaît. C’est la raison

        pour laquelle il s’est plus clairement manifesté à Moïse, auquel toutefois il n’a été permis

        de le voir que par derrière (Ex 33:23). Mais parce qu’il était comme à mi-chemin des

        patriarches et des Apôtres, il est dit qu’il a vu Dieu face à face (Ex 33:12) en

        comparaison des pères auxquels il avait été caché. Or vu que Dieu s’est de plus près

        approché de nous, c’est un saint désir de Jacob de connaître Dieu plus pleinement,
toutefois il lui est refusé parce qu’il s’avance outre les limites de son époque. Car le

        Seigneur, coupant court à sa convoitise, lui commande de se reposer sur sa bénédiction

        (Calvin, J. 1978, 475).



        Quand Jacob est revenu dans la terre promise avec ses femmes et ses enfants. Il craignait Ésaü,

son frère. Dieu l’a rencontré à un lieu que Jacob appellerait Peniel (face de Dieu). Gen 32:30 Jacob

appela ce lieu du nom de Peniel: car, dit-il, j'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.



        «La reconnaissance de notre père Jacob est ici derechef louée de ce qu’il a eu si grand

        soin que la mémoire de la grâce de Dieu ne pérît jamais. Il laisse donc un mémorial pour

        ses successeurs, par lequel ils connaissent que Dieu est apparu là, car aussi ce n’est point

        une vision particulière mais appartenant à toute l’Église. Jacob ne dit point seulement

        qu’il a vu la face de Dieu mais il rend aussi grâces de ce que son âme est délivrée de la

        mort.» (Calvin, J. 1978, 476)



        C’est ici que le nom de Jacob est changé à Israël. Il a aussi été sauvé d’Ésaü, et quand Israël est

arrivé à Sichem, au Pays de Canaan, Gen 33:20 Et là, il éleva un autel, qu'il appela El-Élohé-Israël.



        «Car, puisque l’autel était un mémorial et un gage de toutes les visions et promesses de

        Dieu, il l’orne de ce titre afin que toutes les fois qu’il regardera l’autel, il se souvienne de

        Dieu. L’inscription de Moïse a ce même sens: Le Seigneur est mon aide (Ex 17:15);

        pareillement celle dont Ézéchiel intitule la nouvelle Jésrusalem: Le Seigneur est là.

        (Ézéch 48:35) (Calvin, J. 1978, 483).



        Jacob, quand il est prêt à mourir en Égypte a parlé comme prophète pour ses fils. Calvin

commente le texte: Gen 49:10 Le sceptre ne s'éloignera point de Juda, Ni le bâton souverain d'entre ses

pieds, Jusqu'à ce que vienne le Schilo, Et que les peuples lui obéissent.
21



        Quant à la rophésie de Moïse en Genèse 49:10, Le sceptre ne s'éloignera point de Juda,

        Ni le bâton souverain d'entre ses pieds, Jusqu'à ce que vienne le Schilo, Et que les

        peuples lui obéissent. Calvin discute le sens du mot Schilo et adopte pour le sens du mot

        son fils. (Ce qui n’a pas de sens en hébreu, car Schil ne veut pas dire fils.)



        Il ajoute



        «Mais derechef les Juifs discordent d’avec le sens du patriarche, et mal, en repportant ceci

        à David. Car, comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas l’origine du royaume qui est promise en

        David mais une perfection accomplie dans le Messie.» (Calvin, J. 1978, 635)



        Un peu plus loin Calvin met cette prophésie en accord avec Eze 21:31 (Héb) Ezekiel 21:26 Ainsi

parle le Seigneur, l'Éternel: La tiare sera ôtée, le diadème sera enlevé. Les choses vont changer. Ce qui

est abaissé sera élevé, et ce qui est élevé sera abaissé.



        «Quand Ézéchiel prédit la ruine du royaume, il démontre assez comment le sceptre devait

        être tenu par le Seigneur avant qu’il vînt dans les mains du Christ.» (Calvin, J.

        1978, 636).



         Un peu plus loin, Calvin écrit que les prophètes ont communément prédit la chute du royaume.



         «La couronne donc n’a pas été renversée en un jour seulment, ni en un chef, mais par un

        long espace de temps et en diverses sortes, jusqu’à ce que Dieu l’appropriât à son Christ,

        le roi légitime (Calvin, J. 1978, p. 637).
Les autres livres de Moïse.

          Calvin continue son commentaire du Pentateuche, la Torah. Mais quand il se tourne vers le reste

des livres de Moïse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, et le Deutéronome, il prend une toute autre

approche qu’il a suivi pour la Genèse. Il essaie d’abord de suivre un ordre chronologique. Cet ordre n’est

pas toujours suivi dans les autres livres de Moïse. Et Calvin réorganise les livres de Moïse en groupant les

textes doctrinaux sous les rubriques des Dix Commandements. Dans l’Institution, il explique la place de

la Loi:



          La Loi expose une longue liste de bénédictions ett de malédictions pour le temps présent

          (Lévitique 26.4-45; Deutéronome 28). Les punitions que Dieu énonce montrent combien

          il est d’une grande pureté, puisqu’il ne peut souffrir l’iniquité. Quant aux promesses, elles

          manifestent combien Dieu aime la justice, puisqu’il ne veut pas la laisser sans

          rémunération; elles expriment aussi son immense bienveillance. Nous-mêmes et toute ce

          que nous possédons, nous le devons à sa majesté, c’est donc à bon droit que tout ce qu’il

          requiert de nous, nous le lui devons. Or, le règlement d’une telle dette déborde toute

          comptabilité. C’est pourquoi Dieu se démet de son droit, lorsqu’il nous propose une

          récompense pour notre obéissance qui n’est ni volontaire, ni due (Calvin, J.

          2009, II.viii.4, 309).



          Voici comment la sainteté de l’Église d’Israël doit être définie: par la Loi de Moïse. Calvin dans

l’Institution a un chapitre bien développé sur la Loi. Sous la rubrique «Le but de la Loi» il écrit:



          Il n’est pas difficile, maintenant, de comprendre quel est le but de la Loi: une justice

          parfaite pour que la vie de l’homme soit rendue conforme à la pureté de Dieu comme à

          un archétype. Notre Seigneur a si bien dépeint sa nature dans la Loi que si quelqu’un

          accomplissait ce qu’elle commande, il reproduirait dans sa vie l’image de Dieu.…

          L’expression de cette sainteté se trouve dans deux articles: «Tu aimeras, l’Éternel, ton
23

        Dieu, de toute ton cR ur, de toute ton âme et de toute ta force» et «Tu aimeras ton

        prochian comme toi-même» (6.5; 11.13; Lévitique 19:18; Matthieu 22:37-39). Le

        premier recommande que notre âme soit entièrement remplie de l’amour de Dieu; de là

        découlera l’amour du prochain. » (Calvin, J. 2009, II.viii.50, 351).



        Mais dans son commentaire sur la Torah, les autres livres de Moïse, il commence avec l’histoire

de l’Exode (Ex 1-20). Quand les Israëlites sont devant la montagne au Sinaï où les Dix Commandements

sont donnés, Calvin commence à organiser toute la matière sous les commandements. C’est à ce point,

qu’il commence à mettre les commentaires d’Exode à côté de ceux de Deutéronome et de Lévitique et

Nombres. Souvent les études des évangiles nous sont présentées sous forme d’une harmonie synoptique.

Calvin a fait la même chose pour la Loi de Moïse. Ce qui consiste en un projet énorme, mais qui a un réel

success. Pour une introduction plus accessible à ce que Calvin pense de la Loi, il vaut mieux lire dans

l’Institution, au livre II, chapitre VIII, où Calvin enseigne «La Loi morale: les Dix Commandements»

(Calvin, J. 2009, 306–357). Calvin commence ce long chapitre avec le titre «Raisons pour lesquelles Dieu

nous a donné sa loi écrite.»



        « Il me semble à propos d’intercaler, ici, un bref exposé des Dix Commandements, ce qui

        éclairera ce que j’ai déjà dit, à savoir que le service que Dieu a établis est toujours valide.

        Le second point, dont il a également été fait mention, se trovera confirmé: les Juifs n’ont

        pas seulement été instruits de la vraie façon de servir Dieu, mais aussi, se voyant

        incapables d’observer ce qui leur était commandé, ils ont été effrayés. Sachant à quel juge

        ils avaient affaire, ils ont été ainsi comme obligés de s’en remettre au Médiateur. »

        (Calvin, J. 2009, II.viii.1, 306).



        Calvin continue à développer la doctrine de l’Église dans ses commentaires sur les quatre

derniers livres de Moïse. Par exemple, dans ce texte Exo 23:20 Voici, j'envoie un ange devant toi, pour te

protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé où Dieu donne des instructions à
Moïse et un encouragement, Calvin commente (ma traduction de l’anglais):



        Mais, il n’y a pas besoin d’un longue discussion, car l’ange de leur liberation a déjà était

        mentionné plusieurs fois. Ce point devrait maintenant être établie, qu’il n’y a pas ici

        référence faite à un homme mortel. Et ce que nous avons dit doit être retenu, que

        l’allusion n’est pas vers un ange commun, mais le Chef de tous les anges, qui est aussi le

        Chef de l’Église. L’autorité de Paul doit nous suffir, quand il admoneste les Corinthies de

        ne pas tenter Christ comme leurs pères l’ont fait dans le désert (1Cor 10:9). Nous devons

        comprendre ceci par ce que Moïse en dit juste après: Exo 23:21 car mon nom est en lui

        (Calvin, J. n.d., Exo 23:20).



        Un peu plus loin dans son commentaire sur le Deutéronome 5:25 Et maintenant pourquoi

mourrions -nous? car ce grand feu nous dévorera; si nous continuons à entendre la voix de l'Éternel,

notre Dieu, nous mourrons. Calvin écrit que l’homme ne peut pas tolérer la grandeur et la gloire de Dieu,

s’il déscendait du ciel. « Cette histoire est une preuve que Dieu gouverne son Église par la parole prêchée,

car c’est ce qui est le mieux pour nous. » [ma traduction] (Calvin, J. n.d., Deut 5:25).




                                               En conclusion.

        Jean Calvin fait ressortir de l’Ancien Testament comment la Parole, le Christ, et l’Église sont les

trois doctrines principales enseignées. Son exégèse est basée sur la langue originale du texte, l’hébreu, on

le voit souvent discuter ce qu’un mot veut dire. Mais il place toujours le mot dans son contexte, faisant

une analyse linguistique, et historique, pour arriver à une explication du texte et une application pour

l’Église.

        «Maintenant, on peut voir combien Paul a raison lorsqu’il dit que les Juifs ont été placé sous la

Loi (Galates 3:24) comme sous la surveillance d’un précepteur jusqu’à la venue de la descendance pour

qui la promesse a été faite. Comme Jésus-Christ ne leur était pas encore montré personnellement, les Juifs
25

ont été, à cette époque-là, comme des enfants, leur ignorance et leur faiblesse ne pouvant supporter une

pleine connaissance des choses célestes » (Calvin, J. 2009, II.vii.2, 290).

        Je vais terminer ma communcation en citant le texte de l’apôtre auquel Calvin fait référence:

        Gal 3:24-29 Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous

fussions justifiés par la foi. 25 La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue. 26 Car vous êtes

tous fils de Dieu par la foi en Jésus -Christ; 27 vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu

Christ. 28 Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car

tous vous êtes un en Jésus -Christ. 29 Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham,

héritiers selon la promesse.

        Nous voici, l’Église qui a reçu le Christ et la révélation du Nouveau Testament. Les Juifs étaient

dans les ombres, et nous sommes en plein soleil sous notre Roi et Saveur Jésus-Christ.




                                                      Bibliographie

Calvin, Jean. Commentaire: épître aux Romains. Aix-en-Provence et Fontenay-Sous-Bois: Kerygma

     et Farel, 1978.

Calvin, Jean. Commentaire: le livre de la Genèse. Aix-en-Provence et Fontenay-Sous-Bois:

     Kerygma et Farel, 1978.

------. Commentaries On the four last books of Moses
arranged in the form of A harmony. Translated by Rev. Charles William Bingham. www.ccel.org,

    n.d. Http://www.ccel.org/ccel/calvin/calcom03.html.

Calvin, Jean. Institution de la religion chrétienne. Marie de Védrines et Paul Wells. Aix-en-Provence

    et Charols, France: Kerygme et Excelsis, 2009.

Collectif. L’Actualité de Jean Calvin. Lausanne: L’Age d’Homme, 2009.

Gamble, Richard C. “Brevitas et Facilitas: Toward an Understanding of Calvin’s Hermeneutic.”

    Westminster Theological Journal 47, no. 1 (Spring 1985): 1–17.

Parker, T.H.L. Calvin’s Old Testament Commentaries. Edinburgh: T. & T. Clark, 1986.

Puckett, David L. John Calvin’s Exegesis of the Old Testament. Columbia Series in Reformed

    Theology. Louisville, Ky.: Westminster John Knox Press, 1995.

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Calvin Ancien Testament

  • 1. 1 Jean Calvin et l’Ancien Testament Christian Adjémian Faculté de théologie réformée FAREL Le travail de Jean Calvin sur l’Ancient Testament est énorme. Je n’aurai pas le temps d’étudier le travail de Calvin dans tout l’Ancien Testament. Je vais surtout vous présenter ce que Calvin écrit sur le Pentateuche, la Torah de Moïse, et particulièrement sur la Genèse. Pour Jean Calvin la chose la plus importante dans son approche de l’Ancien Testament c’est l’humilité: Dans sa préface pour son Commentaire sur la Genèse il écrit: J’ai voulu user de cette préface non seulement pour m’excuser mais pour avertir les lecteurs, s’ils veulent bien profiter avec moi à méditer les uvres de Dieu, qu’ils y apportent un esprit sobre, docile, débonnaire et humble (Calvin, J. 1978, 17). Débonnaire veut dire « doux, bienfaisant » dans la langue de Calvin, selon le Dictionnaire de l’Académie française de 1694. La personne qui connaît Dieu est la seule qui pourra lire l’Ancien Testament avec compréhension. Donc, et l’expositeur et le lecteur doivent avoir certaines caractéristiques
  • 2. pour comprendre l’Ancien Testament. Calvin note que cette personne: Bien plus, cette personne n’évite pas seulement de mal faire par crainte d’une punition, elle honore Dieu avec humilité comme maître et supérieur parce qu’elle l’aime et le révère comme un père; bien qu’elle ne craigne pas l’enfer, elle a horreur de l’offenser. Telle est la vraie et pure religion: une foi conjointe à une vive crainte de Dieu, crainte pleine de révérence spontanée, accompagnée d’une service volontaire et conforme à la Loi de Dieu (Calvin, J. 2009, I.2.2, 8) . Moïse «est organe du Saint-Esprit pour publier les choses qu’il était besoin à tous de connaître.» (Calvin, J. 1978, 18). Möise a commencé son livre par la création du monde, afin de nous mettre Dieu devant les yeux comme visible par la vue de ses créatures (Calvin, J. 1978, 17). Calvin se méfie des hommes: … Mais parce qu’il n’y a rien d’aussi facile chez les hommes que de corrompre la vérité de Dieu, au point qu’elle s’abâtardisse quasi d’elle-même par succession de temps, afin qu’on retînt une histoire pure, le Seigneur a voulu qu’elle fût mise par écrit (Calvin, J. 1978, 18). Dans l’Institution chrétienne, au tout début, il écrit comment l’homme face à Dieu est «la cause de la crainte et du tremblement qui ont accablé les saints toutes les fois qu’ils ont senti la présence de Dieu.» (Calvin, J. 2009, I.1.3, 5) Il cite aussi les paroles d’Abraham quand il «s’approche pour contempler la majesté de Dieu», Genèse 18:27, Abraham reprit, et dit: Voici, j'ai osé parler au Seigneur, moi qui ne suis que poudre et cendre. La tâche de l’expositeur Parker note (Parker 1986, 81)que Calvin dans sa dédicace pour le Commentaire sur l’Épître aux
  • 3. 3 Romains , décrit la tâche de l’expositeur: «…la principale vertu d’un expositeur consiste en une brièveté facile et qui ne comporte point d’obscurité. Et de fait, comme quasi tout son office est compris en ce seul point, à savoir de bien déclarer et découvrir l’intention de l’auteur qu’il a entrepris d’exposer, dans la mesure où il mène les lecteurs hors de celle-ci, dans cette mesure il s’éloigne de son but ou du moins extravague (sort) quelque peu hors de ses limites.» (Calvin, J. 1978, p.7) Richard Gamble a fait une analyse de la méthodologie de Calvin (Gamble 1985, 16): Rhétorique frivole and brevitas et facilitas stand in stark contrast to each other. Rhétorique frivole is condemned by Calvin as being contrary to Paul’s admonitions. Brevitas et facilitas, although in part a Renaissance ideal, rightly summarizes the rhetorical method of the Bible as Calvin understood it. It is then on the basis of attempting to conform his own methodology to that of the Bible that Calvin follows the method of brevitas et facilitas. David Puckett a aussi fait une analyse de la méthodologie de Calvin pour l’interprétation de l’Ancien Testament (Puckett 1995). Calvin dans la préface de son Commentaire sur la Genèse explique à quoi servents les Écritures: Nous ne connaissons Dieu, qui est invisible, que par ses uvres. … C’est la raison pour laquelle le Seigneur, pour nous convier à sa connaissance, nous propose devant les yeux l’ouvrage des cieux et de la terre, et se manifeste en eux. Car aussi sa puissance éternelle et sa divinité, comme dit S.Paul (Rom 1:20), y reluisent (Calvin, J. 1978, p. 18).
  • 4. Selon Calvin la Bible nous est donnée pour que nous arrivions à connaître Dieu. [Dieu] il a ajouté un nouveau remède (comme il en était besoin), du moins il a étayé la rudesse de notre entendement par une autre aide. Car il nous a baillé (donné) l’Écriture pour guide et maîtresse, et par elle non seulement il démontre mais contraint presque à voir ce qui passerait par-devant nos yeux sans nous laisser aucune intelligence, tout comme is on baillait (donnait) des lunettes ou des miroirs à ceux qui ont la vue débile. A cela travaille Moïse, comme il a été dit. Car si l’enseignement du ciel et de la terre, qui sont muets, suffisait, la doctrine de Moïse serait superflue. Ce héraut est donc ajouté pour nous réveiller et nous rendre plus attentifs, afin que nous sachions que nous sommes en ce théâtre pour y contempler la gloire de Dieu, non seulement comme témoins mais aussi afin que nous jouissions de toutes les richesses qui y sont déployées, comme le Seigneur les a destinées et assujetties à notre usage (Calvin, J. 1978, 20). Le ministère de Moïse est bien important selon Calvin: Davantage, parce que la Parole éternelle de Dieu est la vive et expresse image de Celui- ci, il nous y ramène. D’où s’ensuit ce que dit l’Apôtre, qu’on ne peut entendre que par la foi que les cieux ont été ordonnés par la Parole de Dieu (Héb 11:3). Car la foi vient proprement de ce qu’étant enseignés par le ministère de Moïse, nous ne vaguons point en des spéculations vaines et frivoles mais contemplons le seul et vrai Dieu en sa vraie et naïve image (Calvin, J. 1978, 20). L’argument principal de la Genèse, selon Calvin est ceci. Nous verrons qu’il va développer «les principaux articles» dans son Commentaire. Car voici l’argument du livre. Après que le monde a été créé, l’homme y a été mis
  • 5. 5 comme en un théâtre, afin que regardant en haut et en bas les merveilleux ouvrages de Dieu, il adorât en révérence leur auteur. Secondement, toutes choses sont destinées à l’usage de l’homme, afin qu’étant plus obligé à Dieu il s’adonnât et dédiât entièrement à son service. Troisièmement, il a reçu intelligence et raison, afin qu’étant séparé des bêtes brutes il pensât à une meilleure vie, ou plutôt tendît droit à Dieu, dont il portait l’image gravée en lui. Après s’ensuit la chute, par laquelle Adam s’est aliéné de Dieu, d’où il est advenu qu’il a été privé de toute droiture. Ainsi Moïse constitue l’homme vide de tout bien, aveugle d’entendement, pervers de ce ur, corrompu de toutes parts, coupable de mort éternelle, mais il ajoute aussitôt l’histoire de sa restauration, en laquelle Christ apparaît et reluit avec la grâce de sa rédemption. De là il poursuit, par un ordre continuel, la singulière providence de Dieu à gouverner et entretenir son Eglise, et puis il nous recommande le vrai service de Dieu, déclare en quoi consiste le salut des hommes et nous exhorte par les exemples des Pères à porter constamment la croix. Quiconque donc veut bien profiter en ce livre, qu’il rapporte sa pensée à ces principaux articles (Calvin, J. 1978, 21). Voici l’argument du livre selon Calvin « avec ses principaux articles. » 1) l’homme est dans le monde comme dans un théâtre de la gloire de Dieu. 2) Dieu nous a tout donné pour notre usage. 3) Nous portons l’image de Dieu et avons reçu intelligence et raison. 4) La chute va aliéner Adam de Dieu, Adam n’a maintenant pas de droiture. 5) Moïse nous explique comment l’homme est déchu: aveugle, pervers de c’ ur, entièrement corrompu, coupable de mort éternelle. 6) Moïse explique ensuite l’histoire de la restauration de l’homme. 7) Dieu va gouverner son Église, et va préparer l’histoire d’Israël pour recevoir le Messie et la rédemption. Nous allons surtout étudier les 6eet 7e principes. Principalement, qu’il [Moïse] observe que depuis qu’Adam par sa mortelle chute s’est perdu avec toute sa postérité, le fondement de notre salut, l’origine de l’Eglise, est qu’étant retirés du profond des ténèbres par la pure grâce de Dieu, nous avons obtenu une
  • 6. vie nouvelle, que les Pères ont joui de cette vie par la foi, puisque Dieu la leur a offerte par la Parole, que cette Parole a été fondée en Christ et que tous les fidèles qui ont depuis vécu ont été soutenus par la même promesse de salut par laquelle Adam fut redressé dès le commencement. Ainsi la succession perpétuelle de l’Eglise est coulée de cette fontaine, que les saints Pères, les uns après les autres, ont embrassé par la foi la promesse qui leur était offerte et ont été assemblées en la famille de Dieu pour avoir une vie commune en Christ (Calvin, J. 1978, 22). On voit comment l’histoire de l’Église d’Israël est central pour Calvin. Il me semble que Calvin s’est inspiré du 24e chapitre de Luc pour faire son analyse de l’Ancien Testament. C’est là où Jésus, ressuscité, apparaît aux onze disciples et leur explique: Luc 24:44-48 Puis il leur dit: C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu 'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. 45 Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures. 46 Et il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait des morts le troisième jour, 47 et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. 48 Vous êtes témoins de ces choses. Calvin dans ses commentaires, explique ce qui est écrit dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes à propos de Christ. Nous allons surtout suivre l’histoire de l’Église selon Calvin dans la Genèse. L’histoire de l’Église pour Calvin commence avec la vocation d’Abram «C’est merveille que cet homme misérable et perdu soit préféré à tant de saints serviteurs de Dieu, en sorte que l’alliance de vie réside en lui, que l’Église soit suscitée de lui et qu’il soit ordonné père de tous les fidèles. Mais Dieu l’a fait exprès, afin de magnifier d’autant plus sa grâce en sa personne. En cela nous connaissons comment la seule miséricorde de Dieu suscite de rien ce qui n’est point, pour commencer à être quelque chose. » (Calvin, J. 1978, 192). Calvin voit la vocation d’Abram comme un acte gratuit de Dieu. Ce avec quoi l’apôtre Paul commence le quatrième chapitre des son Épître aux
  • 7. 7 Romains 4:1-2 Que dirons-nous donc qu'Abraham, notre père, a obtenu selon la chair ? 2 Si Abraham a été justifié par les oeuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu. Calvin ajoute ceci, au sujet de la vocation d’Abram: « Cette vocation d’Abram est un exemple bien excellent de la miséricorde gratuite de Dieu. Abram avait-il prévenu Dieu par quelque mérite de ses uvres? Etait-il venu vers lui? Avait-il acquis sa faveur? Au contraire, il l’avait grièvement offensé. Il nous faut toujours rappeler ce que j’ai amené du sermon de Josué (Josué 24), qu’il était plongé en la fange d’idolâtrie. Maintenant Dieu lui tend la main de son bon gré pour le ramener de son erreur. » (Calvin, J. 1978, 192) Gen 12:1 L'Éternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. « Voici un autre examen pour éprouver la foi d’Abram. Car pourquoi Dieu ne lui désigne- t-il immédiatement la terre, sinon pour tenir son serviteur en suspens et mieux expérimenter comment il est adonné à sa Parole? … C’est bien aussi la vraie épreuve de notre obéissance, quand nous ne sommes point sages en nous-mêmes mais nous remettons entièrement au Seigneur.» (Calvin, J. 1978, 192) L’histoire de l’Église chez Calvin est étroitement liée à la Parole de Dieu. Quand l’Église est infidèle à la Parole de Dieu, ce n’est plus l’Église. Au deuxième verset, Dieu ajoute: Gen 12:2 Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Calvin écrit ceci: Jusqu’à présent, Moïse a dit ce qui était commandé à Abram. Maintenant, il conjoint la promesse avec le commandment, et non sans cause: car, comme nous sommes paresseux
  • 8. à obéir, le Seigneur commanderait en vain s’il n’ajoutait la confiance de sa grâce et de sa bénédiction pour nous donner courage. J’ai déjà touché cela en l’histoire de Noé, mais je le redis pas maintenant sans cause; car ce passage mérite bien qu’on en dise quelque chose et la répétition d’une docttrine de si grande importance ne doit point sembler superflue, car il est certain que la foi ne peut consister [être, exister] si elle n’est fondée dans les promesses de Dieu, et c’est la foi seule qui engendre l’obéissance. Aussi, afin que les cp urs soient formés à suivre Dieu, il ne suffit point qu’il commande simplement, s’il n’ajoute en même temps sa bénédiction (Calvin, J. 1978, 194). Bien sûr, Abram devra par la foi, saisir les promesses de Dieu. Calvin commente ici ce qui se passe chez Abram. Parker écrit: « Character-study plays a large part in Calvin’s expositions of narrative. What the characters were like within themselves, why they acted this way or that way, what their aims and hopes were, how experience affected them, how the inter-action of characters produced such a result.» (Parker 1986, 104). «… aussi, voyant que sa femme était stérile, il saisit néanmoins par l’espérance, en la parole de Dieu, une grande nation qui lui est promise. Ésaïe aussi (És 51:2) exalte magnifiquement cette grâce: Isaïe 51:2 Portez les regards sur Abraham votre père, Et sur Sara qui vous a enfantés; Car lui seul je l'ai appelé, Je l'ai béni et multiplié. …que Dieu a fait croître en une si grande nation son serviteur Abraham, qu’il a trouvé seul. Le mot goï c’est-à-dire nation est en détestation aux Juifs, et toutefois il est pris par honneur en ce passage comme en beacoup d’autres. Cela aussi importe que non seulement il doive avoir un bien grand lignage de sa postérité, mais un peuple à part et séparé des autres qui ait son nom spécial et particulier.» (Calvin, J. 1978, 194) Calvin continue avec une analyse du troisième verset: Gen 12:3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Il écrit que ce
  • 9. 9 texte ne veut pas dire que le nom d’Abram sera pris comme un proverbe quand on bénit ses enfants ou amis…: «…car je pense qu’est promis, en ce chapitre, ce qu’il répétera plus clairement au vingt- deuxième (22:18); ce à quoi me mène aussi l’autorité de S. Paul (Gal 3:17), qui dit que la Promesse, quatre cent trente ans avant la Loi, a été faite à la postérité d’Abraham, c’est-à- dire Christ.… A mon jugement, Dieu prononce donc que toutes les nations seront bénies en son serviteur Abraham, parce que Christ était enclos en ses reins » (Calvin, J. 1978, 195). Il continue son commentaire sur l’Église, en allant au Deutéronome et chez Ésaïe. « Quand il est dit au Deutéronome (Deut 10:8), en Esaïe (Es 65:16) et en d’autres passages semblables, qu’Israël se bénira au Dieu vivant, c’est chose bien évidente que Dieu est dit la fontaine de tous les biens, afin qu’Israël ne demande ailleurs aucun bien. Vu donc que la locution est ambiguë, il faut nécessairement qu’ils m’accordent qu’on doit choisir l’un ou l’autre sens, selon qu’il convient mieux au fait et à la cause. Or S. Paul a pris cette maxime, qui est reçue de tous les fidèles et doit être tenue pour confessée, que tout le genre humain est sujet à la malédiction et qu’en conséquence le saint peuple est béni par la seule grâce de Dieu. De là il conclut que l’alliance du salut, que Dieu a faite avec Abram, n’est point ferme ni stable sinon en Christ. J’expose donc ce passage en cette manière, que Dieu promet la bénédiction à son serviteur Abram, laquelle après découle et s’étand sur tous les peuples. Mais pas ce qu’il faudra expliquer cette matière plus au long en un autre endroit, je ne fais à présent que la toucher en bref. » (Calvin, J. 1978, 195–196). Au chapitre 17, Dieu vient parler avec Abram pour lui répéter l’alliance. Gen 17:1 Lorsque
  • 10. Abram fut âgé de quatre-vingt-dix -neuf ans, l'Éternel apparut à Abram, et lui dit: Je suis le Dieu tout- puissant. Marche devant ma face, et sois intègre. 2 J'établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l'infini. 3 Abram tomba sur sa face; et Dieu lui parla, en disant… Dans l’Institution, Calvin écrit: «…l’alliance conclue avec les patriarches présente un contenu et une vérité si semblables à ceux de la nôtre que l’on peut dire que c’est la même; elle en diffère dans sa dispensation…» Il ajoute: «Premièrement, le Seigneur n’a pas proposé aux Juifs un bonjeur ou une richesse terrestre comme un but à atteindre; il les a adoptés avec l’espérance de la vie et il leur a révélé et attesté cette addoption par des visions ainsi que par la Loi et le Prophètes. Deuxièmement, l’alliance qui les a liés à Dieu n’a pas été fondée sur leurs mérites, mais sur la seule miséricorde du Seigneur. Troisièmement, les Juifs ont eu et connu Christ comme Médiateur, qui les a liés à Dieu et les a faits bénéficiaires de ses promesses.» (Calvin, J. 2009, II.x.2, 367) Ici, le commentaire de Calvin sur la Genèse, retourne à la grâce de Dieu, et l’adoption d’Abram: «Dieu, en offrant sa grâce à Abram, requiert de lui une affection pure de vivre justement et saintement; Abram se prosternant déclare qu’il reçoit avec obéissance l’une et l’autre. Ayons donc souvenance que par une même liaison de foi il faut conjoindre l’adoption gratuite, en laquelle gît notre salut, avec la nouveauté de vie. Bien qu’Abram ne dise mot, en se taisant il parle plus clairement que s’il criait à haute voix qu’il rend une pleine et entière obéissance à la Parole de Dieu (Calvin, J. 1978, 258). Dieu dit à Abram: Gen 17:4 Tu deviendras père d'une multitude de nations. Calvin commente sur l’Église:
  • 11. 11 « Mais Moïse a regardé plus loin: c’est que les païens devaient être insérés par la foi en la race d’Abram, encore qu’ils ne fussent point engendrés de lui selon la chair, ce dont S. Paul nous est un fidèle interprète et témoin, car il n’assemble pas les Arabes, Iduméens et autres, pour faire d’Abram le père commun de plusieurs nations, mais il étend le nom de père au monde entier, afin que les nations qui étaient autrement étrangères et bien éloignées l’une de l’autre viennent de toutes parts pour être unis et conjointes en une seule famille, celle d’Abram (Gal 3:7 reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d'Abraham.)» (Calvin, J. 1978, 259). Toujours sur l’Église et la grâce de Dieu, Calvin ajoute: « Abram n’a donc pas été appelé père de plusieurs nations parce que sa postérité dut être répartie en diverses nations, mais plutôt parce qu’une grande variété de nations devait être rassemblée en lui. Aussi le changement de nom lui est-il ajouté comme un signe: car il commence à être appelé Abraham afin de l’avertir, par ce nom, qu’il ne sera point père d’une seule famille mais qu’outre l’ordre commun de nature, il aurait une race qui procéderait de cette multitude infinie. C’est pourquoi le Seigneur répète tant de fois cette promesse, car la répétition avertit qu’il n’est point ici question de quelque chose de vulgaire ou de commun.» (Calvin, J. 1978, p. 259) Plus loin Calvin note ceci sur le texte du chapitre 22, dans le contexte du sacrifice d’Isaac. Gen 22:17 et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. 18 Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix.: « Il signifie que la race d’Abraham sera victorieuse contre ses ennemis… Il nous faut avoir mémoire de ce que j’ai auparavant traité de S. Paul touchant l’unité de la postérité. Car nous recueillons de cela que la victoire n’est pas promise à tous les enfants
  • 12. d’Abraham mais à Christ et à ses membres en tant qu’ils sont conjoints ensemble sous un même Chef.… Toutefois l’unité dépend du chef; c’est pourquoi, toutes les fois que les Prophètes veulent confirmer cette promesse de Dieu, ils prennent ce principe que sous David ils seront unis en un même corps et que sans lui ils sont divisés (Calvin, J. 1978, 344). Avant l’alliance avec Abraham, Calvin décrit comment était la terre: « Au commencement, avant que cette alliance fût faite, la condition du monde entier était une et égale. Mais dès qu’il a été dit: «Je serai ton Dieu et celui de ta descendance après toi», l’Église a été séparée des autres nations, ni plus ni moins que la lumière est sortie des ténèbres au commencement de la création du monde. Alors le peuple d’Israël a été reçu comme le troupeau de Dieu en sa propre bergerie. Les autres nations ont erré comme des bêtes sauvages par les bois et les montagnes ou par les déserts.» (Calvin, J. 1978, 260) Dieu ajoute dans la rencontre avec Abraham au chapitre 17 de la Genèse: Gen 17:8 Je te donnerai, et à tes descendants après toi, le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu. Calvin commente: «Ce seul mot nous enseigne clairement que cette alliance a été spirituelle non seulement au regard de la vie présente, mais afin qu’Abraham conçût par elle un espoir du salut éternel, et qu’étant élevé jusqu’au ciel il appréhendât une ferme et parfaite béatitude. Car ceux que Dieu adopte pour être son peuple, il les institue aussi héritiers de la vie céleste, en les faisant participants de sa justice et de tous les biens. Notons donc que c’est le principal article de l’alliance, que celui qui est le Dieu des vivants et non pas des morts sera le Dieu des enfants d’Abraham. Il s’ensuit, comme d’une addition ou d’un surcroît,
  • 13. 13 qu’il leur donnera la terre. Je confesse bien que sous ce nom de la terre de Canaan une chose plus excellente a été figurée. » (Calvin, J. 1978, 261) Calvin, avec la circoncision, a développé ce que ce sont les sacrements. Il écrit: «Premièrement, quand Moïse appelle la circoncision alliance de Dieu, nous recueillons de là que la promesse de la grâce a été enclose en celle-ci. Car si c’eût été une marque ou un signe de profession extérieure envers les hommes, le nom d’alliance ne conviendrait nullement, puisqu’elle ne peut être autrement ratifiée que quand la foi lui répond. Et cela est aussi commun à tous les sacrements d’avoir la Parole annexée, par laquelle Dieu témoigne qu’il nous est propice et nous convie à l’espérance du salut. Qui plus est, le sacrement n’est autre chose que la Parole visible ou la gravure et effigie de la grâce de Dieu, pour donner un meilleur lustre à la Parole.» (Calvin, J. 1978, 262) «Nous savons maintenant comment l’alliance se garde bien: c’est que la Parole précède et qu’en la suivant nous embrassions le signe, comme un gage et un témoignage de la grâce que nous avons reçue, car ainsi que Dieu nous assure plus étroitement la foi qu’il nous a donnée par le signe qu’il nous a baillé (donné) comme écrit de sa main, aussi il requiert et stipule de nous un consentement de foi et d’obéissance.» (Calvin, J. 1978, 262–263) Calvin va ensuite faire le lien entre la circoncision et le baptême. « Quiconque fait semblant de se contenter de la promesse nue et méprise le baptême, celui-là foule aux pieds le sang du Christ pour autant qu’il est en lui; ou, pour le moins, il ne permet point qu’il coule sur ses enfants pour les laver. Ainsi, un tel mépris est accompagné d’une juste peine: c’est d’être privé de la grâce, parce qu’il a violé l’alliance de Dieu, en établissant un divorce entre la Parole et le signe, ou plutôt en déchirant
  • 14. l’alliance de Dieu.» (Calvin, J. 1978, 266) Mais Calvin nie qu’il y ait une nécessité entre le signe et la promesse de grâce. «Y aurait-il rien de plus absurde, si le signe anéantissait la vertu (puissance) de la chose pour la confirmation de laquelle on dit que le baptême est nécessaire au salut, de telle sorte qu’elle ne lie point la grâce et la vertu de l’Esprit de Dieu aux signes extérieurs et n’accuse finalement Dieu de mensonge et de tromperie.» (Calvin, J. 1978, 266). Les épreuves d’Abraham. Jésus dit à ses disciples, en Luc 22:28… Luc 22:28-30 Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves;29 c'est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur,30 afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d'Israël. Et l’Église aura ses propres épreuves, car: Mat 10:24-25 Le disciple n'est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur. 25 Il suffit au disciple d 'être traité comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. Cette leçon nous est enseignée par le père des croyants, Abraham. Calvin commente: «Il n’avait eu aucun repos ni lieu arrêté jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, mais avait toujours toujours vécu comme en exil continuel, tourmenté par beaucoup d’injures et d’outrages et avait été mis en misère, souci et tremblement continuels, ayant bien à faire à passer sa vie. La famine le jeta hors de cette terre en laquelle il s’en était allé par le commandement de Dieu et il fut contraint de se retirer en Egypte. Sa femme lui avait été ravie d’entre ses bras par deux fois. Il avait été séparé de son neveu. Il l’avait délivré des mains des ennemis, au grand danger de sa vie, quand il fut pris en guerre. Il avait vécu dans la stérilité avec sa femme, alors que son espérance dépendait de son lignage. Finalement, après avoir obtenu un fils, il fut contraint de le déshériter et de le chasser loin
  • 15. 15 de sa maison. Il ne restait qu’Isaac qui était son unique et singulière consolation. Il avait paix en sa maison. Maintenant, Dieu foudroie soudainement du ciel contre lui, en lui annonçant la mort de son fils. Le sens est donc que la foi d’Abraham a été beaucoup plus rigoureusement éprouvée par cette tentation, comme par le dernier acte, qu’elle n’avait été auparavant.» (Calvin, J. 1978, 336–337). «Quelques tentations qui nous soient mises en avant, nous savons que la victoire est en nos mains tant que enous serons munis d’une ferme foi: autrement nous ne pourrions jamais résister. » (Calvin, J. 1978, 337). Abram avait cette ferme foi, et les promesses de Dieu qui lui sont répétées. La dernière épreuve d’Abraham et la plus sérieuse est advenue quand Dieu lui a dit d’immoler son fils Isaac. Le commentaire de Calvin: «Il est commandé à Abraham d’immoler son fils. Si Dieu eût seulement dit qu’il mourrait, ce message lui eût plus que cruellement blessé le ci ur, car toute la grâce qu’Abraham a pu espérer de Dieu était enclose en cette seule promesse: «En Isaac te sera suscitée une postérité.» D’où il recueillait nécessairement que le salut et de lui et de tout le genre humain périssait si Isaac ne demeurait sauf. Car il était enseigné par cette parole, à savoir que Dieu n’est point propice aux hommes sans médiateur. Bien que cette sentence de S. Paul ne fût point encore écrite, que toutes les promesses de Dieu sont en Christ oui et amen (2Cor 1:20), toutefois elle était gravée dans le cm 1978, 338) Pour Calvin, Abraham voyait déjà que les promesses de Dieu seraient accomplies par le Messie, le Fils. Calvin tire de cet événement une leçon bien importante pour l’Église: « Mais il faut noter comment il se dégage de ce ni ud qui était insoluble: c’est qu’il se retire au refuge de la providence de Dieu: Dieu se pourvoira. Cet exemple nous est
  • 16. proposé afin que nous l’imitions. Toutes les fois que le Seigneur commande quelque chose, il survient beaucoup d’encombres qui nous affaiblissent; les moyens nous défaillent; nous sommes destitués de conseil; il semble que tous les passages soient clos. En de telles angoisses il n’y a qu’un seul remède, c’est que nous ne perdions point courage. Si nous laissons l’événement à Dieu, il nous fera le chemin où il n’y en a point. Car ainsi que nous faisons injure à Dieu en n’espérant pas de lui autre chose que ce que nous pouvons comprendre, aussi nous lui faisons un bien grand honneur quand nous nous reposons sur sa providence lorsque nous voyons tout en confusion.» (Calvin, J. 1978, 341) On sait que Calvin dans l’Institution de la religion chrétienne a toute une section sur le renoncement de soi-même, Livre III chapitre VIII. L’entête de ce chapitre est «Le principe fondamental de la vie chrétienne le renoncement à soi-même.» (Calvin, J. 2009, 623). Abraham a démontré le renoncement à soi-même par le sacrifice d’Isaac. Voici le commentaire de Calvin: « Tout comme Abraham montre qu’il craint Dieu en n’épargnant point son propre fils, aussi, quant à tous les fidèles, il est requis d’eux un témoignage commun de la même crainte en ce qu’ils doivent renoncer à eux-mêmes. Et parce que Dieu nous enjoint une continuelle bataille, il faut bien que chacun de nous se donne garde de demander congé avant le temps.» (Calvin, J. 1978, 343). Gen 22:15-18 L'ange de l'Éternel appela une seconde fois Abraham des cieux, 16 et dit: Je le jure par moi-même, parole de l'Éternel ! parce que tu as fait cela, et que tu n'as pas refusé ton fils, ton unique, 17 je te bénirai et je multiplierai ta postérité, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le bord de la mer; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. 18 Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix. On voit ici le rappel des promesses de l’alliance.
  • 17. 17 «Ce que Dieu avait promis à Abraham avant qu’Isaac fût né, il le confirme et le ratifie encore à présent, après qu’il est ressuscité et s’est levé de dessus l’autel, comme s’il fût sorti hors du sépulcre pour avoir un triomphe plus accompli. L’ange parle en la personne de Dieu, comme nous avons dit auparavant qu’ils sont vêtus de sa majesté afin que leur ambassade ait une autorité plus grande. Mais il semble que ces deux choses ne s’accordent pas bien, que ce qui avait auparavant été gratuitement promis soit maintenant réputé comme une récompense. Nous savons que la grâce et le loyer (la récompense) ne s’accordent pas bien ensemble. Or, comme la bénédiction qui est promise en la postérité contient l’espérance du salut, il s’ensuit que la vie éternelle est rétribuée par les é uvres.» (Calvin, J. 1978, 343) Ici Calvin refute la doctrine Catholique Romaine du mérite des uvres. «Et de fait, avant qu’Isaac fût né, cette promesse était ratifiée et n’a maintenant qu’une confirmation. Si Abraham a mérité une telle récompense par sa vertu, la grâce de Dieu qui l’a prévenu n’a eu nul effet! Afin que la vérité de Dieu, qui est fondée en sa bonté gratuite, soit ferme et arrêtée, il faut donc tenir que ce qu’il donne gratuitement est appelé le loyer (la récompense) des é uvres; non pas pour obscurcir la louange de sa bonté ou la diminuer en quelque partie, mais seulement pour donner courage aux siens de s’adonner à bien vivre, quand ils comprennent que le devoir qu’ils rendent lui est tellement agréable qu’il les daigne bien rémunérer, sans toutefois payer cela comme une chose due mais en donnant le titre de récompense à ses bienfaits, et en cela il n’y a nulle opposition. » Nous quittons Abraham maintenant pour aller chez son petit-fils Jacob, qui est la continuation de l’Église. Jacob et le songe à Bethel.
  • 18. Jacob est obligé de fuir son frère Ésaü. Il s’en va à travers le désert de Béer-Shéba et se couche sur la terre. Et quand Jacob «est réduit à une extrême nécessité, le Seigneur lui tend aussitôt la main et le soulage merveilleusement de ses fâcheries par un oracle excellent. » (Calvin, J. 1978, 418). Jacob a eu une vision d’une échelle qui touchait la terre et le ciel. Au-desssus de l’échelle Dieu s’est manifesté et lui a parlé. Ici, Calvin développe la doctrine du Médiateur, Jésus-Christ. Voir l’Institution de la religion chrétienne, II.VI pour son chapitre sur le Médiateur (Calvin, J. 2009, 281). Voir aussi mon article dans L’Actualité de Jean Calvin (Collectif 2009, 155–176). Alors l’échelle, selon Calvin, c’est Jésus-Christ et les anges montent et descendent sur lui. «Il est le seul Médiateur qui touche depuis le ciel jusqu’à la terre. C’est lui-même par qui la plénitude de tous les biens célestes découle ici-bas sur nous et par qui nous aussi, de notre côté, montons à Dieu. Et comme lui-même est aussi le chef des anges, il fait qu’ils servent ses membres qui sont sur la terre» (Calvin, J. 1978, 419). Calvin explique la vision, en commentant: «Cette explication n’a donc rien de contraint si nous disons que l’échelle est l’effigie du Christ. Car la similitude de l’échelle convient bien au Médiateur par lequel le ministère des anges, la justice et la vie, et toutes les grâces du Saint-Esprit descendent comme par des degrés jusqu’à nous. Et nous aussi, qui non seulement étions fichés en terre mais dans l’abîme de la malédiction, et plongés dans les enfers, nous montons jusqu’à Dieu. Or, le Dieu des armées est assis sur l’échelle, car en Christ habite toute la plénitude de la divinité, et de là advient qu’il touche jusqu’au ciel. Car bien que toute puissance soit donnée par le Père à sa nature humaine, toutefois il ne serait pas le vrai appui de notre foi s’il n’était Dieu manifesté en chair.» (Calvin, J. 1978, 419). Dieu rapelle à Jacob les promesses de l’alliance. Il lui rapelle qui il est: Gen 28:13-15 Et voici,
  • 19. 19 l'Éternel se tenait au-dessus d'elle; et il dit: Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. 14 Ta postérité sera comme la poussière de la terre; tu t'étendras à l'occident et à l'orient, au septentrion et au midi; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. 15 Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays; car je ne t'abandonnerai point, que je n'aie exécuté ce que je te dis. Le commentaire de Calvin: «Notons que la postérité de Jacob a été ici opposée aux autres fils d’Abraham qui descendaient de lui pêle-mêle selon la chair, et étaient retranchés de la nation sainte. Mais depuis que les enfants de Jacob sont entrés dans la terre de Cannan, la succession leur a été perpétuelle jusqu’à Christ par la venue duquel le monde a été renouvelé.» (Calvin, J. 1978, 420) «Ainsi maintenant Dieu déclare que toutes les nations se béniront en Jacob et en sa postérité parce que nulle félicité ne se trouvera nulle part sinon qu’elle parte de cette fontaine. Au reste, il n’y a point d’inconvénient que ce qui est propre à Christ soit ici transféré à Jacob dans les reins duquel Christ était encore. » (Calvin, J. 1978, 421). Voici une des distinctions que Calvin ressort de l’Ancien Testament comparé au Nouveau. «Car il a fallu que les Pères aient au commencement cheminé en une petite lumière, comme de l’aube du jour. Le Seigneur s’est petit à petit manifesté à eux jusqu’à ce que Christ, le Soleil de justice, se soit levé, où la clarté parfaite nous apparaît. C’est la raison pour laquelle il s’est plus clairement manifesté à Moïse, auquel toutefois il n’a été permis de le voir que par derrière (Ex 33:23). Mais parce qu’il était comme à mi-chemin des patriarches et des Apôtres, il est dit qu’il a vu Dieu face à face (Ex 33:12) en comparaison des pères auxquels il avait été caché. Or vu que Dieu s’est de plus près approché de nous, c’est un saint désir de Jacob de connaître Dieu plus pleinement,
  • 20. toutefois il lui est refusé parce qu’il s’avance outre les limites de son époque. Car le Seigneur, coupant court à sa convoitise, lui commande de se reposer sur sa bénédiction (Calvin, J. 1978, 475). Quand Jacob est revenu dans la terre promise avec ses femmes et ses enfants. Il craignait Ésaü, son frère. Dieu l’a rencontré à un lieu que Jacob appellerait Peniel (face de Dieu). Gen 32:30 Jacob appela ce lieu du nom de Peniel: car, dit-il, j'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée. «La reconnaissance de notre père Jacob est ici derechef louée de ce qu’il a eu si grand soin que la mémoire de la grâce de Dieu ne pérît jamais. Il laisse donc un mémorial pour ses successeurs, par lequel ils connaissent que Dieu est apparu là, car aussi ce n’est point une vision particulière mais appartenant à toute l’Église. Jacob ne dit point seulement qu’il a vu la face de Dieu mais il rend aussi grâces de ce que son âme est délivrée de la mort.» (Calvin, J. 1978, 476) C’est ici que le nom de Jacob est changé à Israël. Il a aussi été sauvé d’Ésaü, et quand Israël est arrivé à Sichem, au Pays de Canaan, Gen 33:20 Et là, il éleva un autel, qu'il appela El-Élohé-Israël. «Car, puisque l’autel était un mémorial et un gage de toutes les visions et promesses de Dieu, il l’orne de ce titre afin que toutes les fois qu’il regardera l’autel, il se souvienne de Dieu. L’inscription de Moïse a ce même sens: Le Seigneur est mon aide (Ex 17:15); pareillement celle dont Ézéchiel intitule la nouvelle Jésrusalem: Le Seigneur est là. (Ézéch 48:35) (Calvin, J. 1978, 483). Jacob, quand il est prêt à mourir en Égypte a parlé comme prophète pour ses fils. Calvin commente le texte: Gen 49:10 Le sceptre ne s'éloignera point de Juda, Ni le bâton souverain d'entre ses pieds, Jusqu'à ce que vienne le Schilo, Et que les peuples lui obéissent.
  • 21. 21 Quant à la rophésie de Moïse en Genèse 49:10, Le sceptre ne s'éloignera point de Juda, Ni le bâton souverain d'entre ses pieds, Jusqu'à ce que vienne le Schilo, Et que les peuples lui obéissent. Calvin discute le sens du mot Schilo et adopte pour le sens du mot son fils. (Ce qui n’a pas de sens en hébreu, car Schil ne veut pas dire fils.) Il ajoute «Mais derechef les Juifs discordent d’avec le sens du patriarche, et mal, en repportant ceci à David. Car, comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas l’origine du royaume qui est promise en David mais une perfection accomplie dans le Messie.» (Calvin, J. 1978, 635) Un peu plus loin Calvin met cette prophésie en accord avec Eze 21:31 (Héb) Ezekiel 21:26 Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: La tiare sera ôtée, le diadème sera enlevé. Les choses vont changer. Ce qui est abaissé sera élevé, et ce qui est élevé sera abaissé. «Quand Ézéchiel prédit la ruine du royaume, il démontre assez comment le sceptre devait être tenu par le Seigneur avant qu’il vînt dans les mains du Christ.» (Calvin, J. 1978, 636). Un peu plus loin, Calvin écrit que les prophètes ont communément prédit la chute du royaume. «La couronne donc n’a pas été renversée en un jour seulment, ni en un chef, mais par un long espace de temps et en diverses sortes, jusqu’à ce que Dieu l’appropriât à son Christ, le roi légitime (Calvin, J. 1978, p. 637).
  • 22. Les autres livres de Moïse. Calvin continue son commentaire du Pentateuche, la Torah. Mais quand il se tourne vers le reste des livres de Moïse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, et le Deutéronome, il prend une toute autre approche qu’il a suivi pour la Genèse. Il essaie d’abord de suivre un ordre chronologique. Cet ordre n’est pas toujours suivi dans les autres livres de Moïse. Et Calvin réorganise les livres de Moïse en groupant les textes doctrinaux sous les rubriques des Dix Commandements. Dans l’Institution, il explique la place de la Loi: La Loi expose une longue liste de bénédictions ett de malédictions pour le temps présent (Lévitique 26.4-45; Deutéronome 28). Les punitions que Dieu énonce montrent combien il est d’une grande pureté, puisqu’il ne peut souffrir l’iniquité. Quant aux promesses, elles manifestent combien Dieu aime la justice, puisqu’il ne veut pas la laisser sans rémunération; elles expriment aussi son immense bienveillance. Nous-mêmes et toute ce que nous possédons, nous le devons à sa majesté, c’est donc à bon droit que tout ce qu’il requiert de nous, nous le lui devons. Or, le règlement d’une telle dette déborde toute comptabilité. C’est pourquoi Dieu se démet de son droit, lorsqu’il nous propose une récompense pour notre obéissance qui n’est ni volontaire, ni due (Calvin, J. 2009, II.viii.4, 309). Voici comment la sainteté de l’Église d’Israël doit être définie: par la Loi de Moïse. Calvin dans l’Institution a un chapitre bien développé sur la Loi. Sous la rubrique «Le but de la Loi» il écrit: Il n’est pas difficile, maintenant, de comprendre quel est le but de la Loi: une justice parfaite pour que la vie de l’homme soit rendue conforme à la pureté de Dieu comme à un archétype. Notre Seigneur a si bien dépeint sa nature dans la Loi que si quelqu’un accomplissait ce qu’elle commande, il reproduirait dans sa vie l’image de Dieu.… L’expression de cette sainteté se trouve dans deux articles: «Tu aimeras, l’Éternel, ton
  • 23. 23 Dieu, de toute ton cR ur, de toute ton âme et de toute ta force» et «Tu aimeras ton prochian comme toi-même» (6.5; 11.13; Lévitique 19:18; Matthieu 22:37-39). Le premier recommande que notre âme soit entièrement remplie de l’amour de Dieu; de là découlera l’amour du prochain. » (Calvin, J. 2009, II.viii.50, 351). Mais dans son commentaire sur la Torah, les autres livres de Moïse, il commence avec l’histoire de l’Exode (Ex 1-20). Quand les Israëlites sont devant la montagne au Sinaï où les Dix Commandements sont donnés, Calvin commence à organiser toute la matière sous les commandements. C’est à ce point, qu’il commence à mettre les commentaires d’Exode à côté de ceux de Deutéronome et de Lévitique et Nombres. Souvent les études des évangiles nous sont présentées sous forme d’une harmonie synoptique. Calvin a fait la même chose pour la Loi de Moïse. Ce qui consiste en un projet énorme, mais qui a un réel success. Pour une introduction plus accessible à ce que Calvin pense de la Loi, il vaut mieux lire dans l’Institution, au livre II, chapitre VIII, où Calvin enseigne «La Loi morale: les Dix Commandements» (Calvin, J. 2009, 306–357). Calvin commence ce long chapitre avec le titre «Raisons pour lesquelles Dieu nous a donné sa loi écrite.» « Il me semble à propos d’intercaler, ici, un bref exposé des Dix Commandements, ce qui éclairera ce que j’ai déjà dit, à savoir que le service que Dieu a établis est toujours valide. Le second point, dont il a également été fait mention, se trovera confirmé: les Juifs n’ont pas seulement été instruits de la vraie façon de servir Dieu, mais aussi, se voyant incapables d’observer ce qui leur était commandé, ils ont été effrayés. Sachant à quel juge ils avaient affaire, ils ont été ainsi comme obligés de s’en remettre au Médiateur. » (Calvin, J. 2009, II.viii.1, 306). Calvin continue à développer la doctrine de l’Église dans ses commentaires sur les quatre derniers livres de Moïse. Par exemple, dans ce texte Exo 23:20 Voici, j'envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé où Dieu donne des instructions à
  • 24. Moïse et un encouragement, Calvin commente (ma traduction de l’anglais): Mais, il n’y a pas besoin d’un longue discussion, car l’ange de leur liberation a déjà était mentionné plusieurs fois. Ce point devrait maintenant être établie, qu’il n’y a pas ici référence faite à un homme mortel. Et ce que nous avons dit doit être retenu, que l’allusion n’est pas vers un ange commun, mais le Chef de tous les anges, qui est aussi le Chef de l’Église. L’autorité de Paul doit nous suffir, quand il admoneste les Corinthies de ne pas tenter Christ comme leurs pères l’ont fait dans le désert (1Cor 10:9). Nous devons comprendre ceci par ce que Moïse en dit juste après: Exo 23:21 car mon nom est en lui (Calvin, J. n.d., Exo 23:20). Un peu plus loin dans son commentaire sur le Deutéronome 5:25 Et maintenant pourquoi mourrions -nous? car ce grand feu nous dévorera; si nous continuons à entendre la voix de l'Éternel, notre Dieu, nous mourrons. Calvin écrit que l’homme ne peut pas tolérer la grandeur et la gloire de Dieu, s’il déscendait du ciel. « Cette histoire est une preuve que Dieu gouverne son Église par la parole prêchée, car c’est ce qui est le mieux pour nous. » [ma traduction] (Calvin, J. n.d., Deut 5:25). En conclusion. Jean Calvin fait ressortir de l’Ancien Testament comment la Parole, le Christ, et l’Église sont les trois doctrines principales enseignées. Son exégèse est basée sur la langue originale du texte, l’hébreu, on le voit souvent discuter ce qu’un mot veut dire. Mais il place toujours le mot dans son contexte, faisant une analyse linguistique, et historique, pour arriver à une explication du texte et une application pour l’Église. «Maintenant, on peut voir combien Paul a raison lorsqu’il dit que les Juifs ont été placé sous la Loi (Galates 3:24) comme sous la surveillance d’un précepteur jusqu’à la venue de la descendance pour qui la promesse a été faite. Comme Jésus-Christ ne leur était pas encore montré personnellement, les Juifs
  • 25. 25 ont été, à cette époque-là, comme des enfants, leur ignorance et leur faiblesse ne pouvant supporter une pleine connaissance des choses célestes » (Calvin, J. 2009, II.vii.2, 290). Je vais terminer ma communcation en citant le texte de l’apôtre auquel Calvin fait référence: Gal 3:24-29 Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. 25 La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue. 26 Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus -Christ; 27 vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. 28 Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus -Christ. 29 Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse. Nous voici, l’Église qui a reçu le Christ et la révélation du Nouveau Testament. Les Juifs étaient dans les ombres, et nous sommes en plein soleil sous notre Roi et Saveur Jésus-Christ. Bibliographie Calvin, Jean. Commentaire: épître aux Romains. Aix-en-Provence et Fontenay-Sous-Bois: Kerygma et Farel, 1978. Calvin, Jean. Commentaire: le livre de la Genèse. Aix-en-Provence et Fontenay-Sous-Bois: Kerygma et Farel, 1978. ------. Commentaries On the four last books of Moses
  • 26. arranged in the form of A harmony. Translated by Rev. Charles William Bingham. www.ccel.org, n.d. Http://www.ccel.org/ccel/calvin/calcom03.html. Calvin, Jean. Institution de la religion chrétienne. Marie de Védrines et Paul Wells. Aix-en-Provence et Charols, France: Kerygme et Excelsis, 2009. Collectif. L’Actualité de Jean Calvin. Lausanne: L’Age d’Homme, 2009. Gamble, Richard C. “Brevitas et Facilitas: Toward an Understanding of Calvin’s Hermeneutic.” Westminster Theological Journal 47, no. 1 (Spring 1985): 1–17. Parker, T.H.L. Calvin’s Old Testament Commentaries. Edinburgh: T. & T. Clark, 1986. Puckett, David L. John Calvin’s Exegesis of the Old Testament. Columbia Series in Reformed Theology. Louisville, Ky.: Westminster John Knox Press, 1995.