2. À l’occasion de Diaconia (service de la fraternité)
et du Carême,
le CCFD propose de réfléchir sur le service
Sources : « Vivre le carême 2013 » édité
par le CCFD (pages 20 et suivantes)
3. Le service
Tout le monde rend en permanence des services ….
ou en bénéficie.
Les formes sont multiples : Citer quelques
exemples
Service ….
public social restauration
client militaire personnel
civique funèbre à domicile
liturgique du pouvoir
médical
Etc. ….
4. Service : évolution
du latin servire, être esclave
servus = esclave (serf au Moyen âge)
Le service était assimilé, dans la société gréco-romaine, à
une activité servile, c'est‑ à-dire réservée aux esclaves.
La conception judéo-chrétienne a modifié profondément la
notion de service, elle l’a valorisé et l’a élevé à la plus haute
dignité dès la société de l'Ancien Testament.
Celui-ci appelle « serviteurs de Yahvé » des personnages
appelés à accomplir des missions en son nom.
Isaïe, dans ses Chants du serviteur, annonce, sous ce nom, le
Messie.
5. Service : évolution
Et le Christ dit précisément à ses disciples qu'il n'est pas
venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour
la multitude (Mt 20,28 ; Mc 10,45).
Pour ces raisons, la notion de service a revêtu dans les
Églises chrétiennes une haute signification, toute fonction y
étant considérée comme un service à la fois de Dieu et des
hommes.
On parle du « service de la Parole », du « service de la
Mission », du « plus haut service», etc.
Le mot service est également utilisé au sein des Églises dans
son sens courant d'organisation chargée d'une fonction
déterminée.
6. Servir ne signifie pas que l'on s'engage à faire les
quatre volontés des autres, à tout moment et quelles
qu'elles soient.
Pour alimenter notre réflexion sur le service le CCFD
nous invite à méditer sur le « lavement des pieds »
(Jn13)
Lecture du passage sur le lavement des pieds
7. 01 Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour
lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les
siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout.
02 Au cours du repas, alors que le démon a déjà inspiré à Judas
Iscariote, fils de Simon, l'intention de le livrer,
03 Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il
est venu de Dieu et qu'il retourne à Dieu,
04 se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu'il se
noue à la ceinture ;
05 puis il verse de l'eau dans un bassin, il se met à laver les pieds
des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait à la ceinture.
06 Il arrive ainsi devant Simon-Pierre. Et Pierre lui dit : « Toi,
Seigneur, tu veux me laver les pieds ! »
07 Jésus lui déclara : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas
maintenant ; plus tard tu comprendras. »
08 Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais !
» Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n'auras point de
part avec moi. »
8. 09 Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les
pieds, mais aussi les mains et la tête ! »
10 Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n'a
pas besoin de se laver : on est pur tout entier. Vous-mêmes,
vous êtes purs, ... mais non pas tous. »
11 Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est pourquoi il disait :
« Vous n'êtes pas tous purs. »
12 Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se
remit à table. Il leur dit alors : « Comprenez-vous ce que je
viens de faire ?
13 Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur', et vous avez
raison, car vraiment je le suis.
14 Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les
pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns
aux autres.
15 C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous
fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous.
9.
10. Lavement des pieds
Le lavement des pieds est-il un service ?
Oui, mais au sens biblique de ce terme.
Contexte culturel :
La tradition juive voulait que les pieds de l'hôte soient lavés,
lorsque celui-ci entrait chez quelqu'un. C'était au serviteur le
plus humble de la maison qu'incombait cette tâche
particulièrement ingrate, car si seuls les plus pauvres
marchaient pieds nus, les sandales les plus courantes étaient
très aérées et laissaient aussi passer largement la poussière.
Imaginer l'état des pieds de votre visiteur après plusieurs
heures de marche...
11. Que signifie le lavement des pieds ?
C’est un geste d’esclave.
C'est une opération que des serviteurs réalisent,
mais seul le maître peut la décider.
Le maître de maison qui fait laver les pieds de ses
invités leur signifie que sa résidence est la leur, que
tout ce qui est à lui est à eux.
On a les pieds lavés
quand on est soi-même le maître de la demeure
ou bien quand on est un invité de marque que le
maître par ce geste rend son égal.
12.
13. l'invitation à un repas signifie que l'invité est
accepté, digne d'être reçu par son hôte. Les
disciples se considèrent ainsi comme des amis du
Seigneur et le Seigneur les reçoit comme ses égaux.
Dieu accueille l'homme comme son égal ! Telle est la
loi de l'amitié.
14. Le lavement des pieds est un geste
difficile à comprendre,
difficile à accepter et
difficile à imiter.
Et pourtant, si nous ne le comprenons pas, nous ne
l’accepterons pas et si nous ne l’acceptons pas,
nous ne l’imiterons pas, malgré la demande de
Jésus.
Jean souligne d’abord tout ce qu’il y a
d’extraordinaire dans cette scène en la faisant
précéder du rappel de la préscience du Christ, Jésus
est pleinement conscient de sa destinée, il sait
pourquoi il pose ce geste et pour qui il le fait.
15.
16. Le quatrième Évangile (Jean) plutôt que de décrire le
signe du pain et du vin, raconte le signe du lavement des
pieds ! Il semble que ce choix ait été motivé par une
urgence ressentie dans l'Église à la fin du 1 er siècle : la
célébration eucharistique ne peut pas être un rite
détaché d'une pratique cohérente de l'amour et le
service pour les frères !
L'évangéliste veut ainsi réactualiser le message de
l'Eucharistie en rappelant que si elle n’est pas
• service,
• don de la vie pour l'autre,
• amour jusqu'à la fin,
……… elle n'est qu'un rite.
17.
18. Pour Jean, le sacrement de l'autel doit toujours être
interprété et vécu comme le sacrement du frère : la
célébration eucharistique et le service concret,
quotidien envers le frère, sont comme les deux faces
d’une même réalité.
Par son comportement envers les malades, les
pécheurs, les exclus, par ses actes en faveur des
plus défavorisés et de tous ceux qui imploraient son
secours, par ses discours aux foules et à travers ses
paraboles, Jésus n'a cessé de dire cette priorité de
l'amour et du service.
19.
20. D'ailleurs, c'est cet amour pour tous, et surtout pour les
plus petits, qui le conduira à la Croix : les chefs religieux
de son temps n'ont pu tolérer que le salut d'un exclu
passe avant le respect du sabbat... L'exemple, c'est celui
du « jusqu'au bout » de l'amour : Jésus-Dieu se met à
genoux, par amour. Et Jésus nous demande cette même
douceur envers tout homme : pas de service sans
respect, pas de service sans tendresse.
21.
22. Le « signe » du lavement des pieds signifie l’amour
de Jésus pour les disciples, il dit le sens de toute la
vie de Jésus, y compris le « jusqu'au bout » de la
croix.
Ce « signe » a donc un sens « sacramentel », non
pas comme désignant un sacrement parmi d’autres,
mais en tant que le sacrement est rencontre de
Jésus qui sauve.
23.
24. La présence de Judas introduit dans le signe du
lavement des pieds une dimension d’abnégation
totale, dimension du « jusqu'au bout » qui ne s’y
trouverait pas si tous les bénéficiaires étaient
bienveillants.
L’amour de Jésus se révèle totalement désintéressé
face à la haine, un amour proprement divin.
Le signe du lavement des pieds n’est pas seulement
un exemple éthique ou un mode d’emploi de la vie
en Eglise ; il a une valeur théologique. Il est
révélation du mode de vie de Dieu, de la manière
d’être de Dieu, de l’Être de Dieu.
Jésus révèle Dieu dans ce geste.
25. Étape 1 -- 5mn
Servir nos frères
les humains à
l’image du
Christ.
Lecture
Jean13,1-15
Contemplation
pour soi,
en silence,
de l’image
26. Trois attitudes de Jésus La figure de Jésus.
1 - Ouverture
2 - Accueil
Étape 2
3 - Service 30 mn
27. Trois attitudes de Jésus La figure de Jésus.
1 - Ouverture
« Dès lors, je vous ai lavé
les pieds, moi, le Seigneur
et le Maître … »
Tête inclinée
Genou à terre
Soumis, serviteur
Le Christ à genoux devant Pierre n’est-il pas aussi devant
moi ?
Le Christ ne nous interroge-t-il pas sur notre propre posture
pour aider au relèvement ?
28. Service du pouvoir
Avec ces deux titres de Maître et Seigneur, Jésus
reconnaît et affirme sa légitime autorité.
En même temps, il en propose le sens .… en se
mettant à genoux.
Comme les biens matériels, nos pouvoirs sont en
définitive des dons dont nous sommes appelés à
user pour le bien commun, au service de nos frères
dans la communauté chrétienne comme dans la
communauté humaine.
29. Service du pouvoir
Pour que ce don reste vraiment un don, il doit être
donné, mis au service des autres, là où nous
pouvons agir et ainsi permettre que « les hommes
voient nos bonnes œuvres et rendent gloire à Dieu
notre Père.»
Chacun de nous est appelé à vivre cet effacement
qui permet aux autres de grandir
Jésus nous montre que c'est dans la nature même
de Dieu de servir et de renoncer à ses droits
(n’est-ce pas un des points qui nous tient éloigné de Dieu ?) .
Pour Dieu ce désir de servir est le reflet le plus fidèle
de l'amour....selon Dieu
30. Le geste du lavement de pieds n'est pas un rite de
purification, c'est un geste d'amour. Ici, Jésus se donne à
ses disciples comme dans l'eucharistie; il n'a d'ailleurs
pas fait autrement tout au long de sa vie.
Par ce geste, Jésus, comme toujours, redonne énergie,
force, courage et espérance pour vivre.
31. Trois attitudes de Jésus La figure de Jésus.
2 - Accueil
« Jésus lui répondit :
"Si je ne te lave pas,
tu ne peux pas avoir
part avec moi" »
Position du corps pour
mieux recevoir
À travers sa posture, quel type de relation Jésus cherche-t-il
à construite avec moi ? avec mes frères ?
Cette attitude résonne-t-elle en moi, dans ma vie, mon
expérience ?
32. Pour vaincre la résistance de Pierre, Jésus fait
appel à la liberté humaine.
Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi.
Quelle est cette part ?
Essentiellement l'amitié de Jésus.
L'amitié réclame qu'on accepte le service. Pierre doit
comprendre que c'est à travers le service du
lavement des pieds qu'il faut laisser passer le
témoignage de l'amitié que les disciples se doivent
les uns aux autres.
Le geste d'amour est autant recevoir que donner.
33. Se laisser laver par Jésus signifie se laisser sauver
par Lui, accepter ce salut, c’est passer de
l’autosuffisance à l’humilité, reconnaître son besoin
d’être purifié constamment, ce qui n’est pas un aveu
facile, ni agréable.
Le refus de Pierre est aussi le nôtre. On dit
volontiers à Jésus : « Je ne suis pas sale », ou bien
« Je puis me laver tout seul ». Il n’est certes pas plus
facile pour nous que pour Pierre de nous laisser
laver par Jésus. Et pourtant, il nous fait la même
réponse qu’à Pierre, réponse insistante, menaçante
même : « Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part
avec moi. »
34. Trois attitudes de Jésus La figure de Jésus.
3 - Service
« Jésus se lève de
table, pose son
vêtement et prend un
linge dont il se ceint. »
Porter un tablier
blanc, laver purifier
les pieds de Pierre,
En quoi laver les pieds est-il un service ?
De quelles blessures l’eau peut-elle nous guérir ?
35. Le lavement des pieds, c'est une coutume que l'on
faisait pour l'hôte qu'on accueille dans sa maison et
que l’on considère comme son égal.
Mais c'était quelque chose d'humiliant pour celui qui
lavait les pieds.
• Ce n'était pas le maître de maison qui le faisait,
• même pas son esclave juif qui le faisait,
• seulement un esclave étranger.
Celui qu'ils appellent maître deviendrait-il l'esclave,
l'esclave le plus bas de l'échelle sociale ?
Jésus est-il un Messie juif ou un esclave païen ?
36. Geste difficile à comprendre
Autant le lavement des pieds peut avoir un sens avant le
repas, autant il est choquant au milieu d’un repas de
fête.
Jésus accomplit le geste de l’esclave : il est venu pour
servir et non pour être servi (Mc 10, 45)..
Il se dépouille lui-même de ses vêtements.
Sur la croix, il sera dépouillé par d’autres.
Comme un esclave, il :
se met aux pieds de ses disciples,
se fait petit et vulnérable.
37. Quand Dieu sert, quand il nous sert, quand il lave les
pieds de sa créature, il révèle le fond de son cœur.
C’est le Fils de Dieu qui lave les pieds souillés des
humains.
Le Seigneur accepte le service de l’esclave et
l’accomplit …
Dieu est à nos pieds pour que nous soyons avec lui,
en lui, comme lui.
38. L’eau
Pensons au soulagement des marcheurs quand
leurs pieds sont dans l'eau, surtout s'il fait chaud.
Cette eau c'est celle du baptême, dont l'aspersion
signifie :
le lavement des péchés,
l'amour de Dieu
et la vie donnée en abondance, une vie nouvelle,
une nouvelle naissance.
39. Trois attitudes de Pierre La figure de Pierre.
1 - Surprise
2 - Blocage
3 – Consentement
40. Trois attitudes de Pierre La figure de Pierre.
1 - Surprise
« Toi, Seigneur,
me laver les
pieds ! »
Étonnement de
Pierre de voir le
Christ se pencher sur
lui, se soucier de lui
Pourquoi c’est étonnement chez Pierre d’où vient-il ?
Suis-je aussi surpris(e), dérangé(e) par la charité exprimée
par d’autres à mon égard ?
41. Jésus se lève, il quitte le cercle de ses amis. Il quitte
même son vêtement et se dépouille ainsi de sa
tunique de maître. En se baissant pour laver les
pieds de ses disciples, il s'abaisse pour faire une
tâche réservée aux esclaves. Pierre ne peut pas
imaginer que Dieu aille aussi loin ! Dieu, plus bas
que l'homme ! Tel est l'amour qui va jusqu'au bout
de l'amour.
Imaginer la scène, la personne que vous respectez
le plus dans votre entourage (un ami, un prof, un
pasteur, votre père,...) qui lors d'une rencontre avec
vous se met à vous laver les pieds ????
42. Dieu qui se met à genoux devant un humain : ce
n’est pas possible !!
Comment ne pas protester comme Pierre devant un
geste dont on ne perçoit pas le sens ?
Peut-on accepter un geste, même si c'est un geste
d'amour s'il est empreint d'ambiguïté ?
Nous-mêmes combien de fois reculons-nous ou
sommes-nous mal à l'aise dans ce genre de
situation.
On se dit : qu'y-a-t-il derrière ? Que va-t-il nous
demander ? Je vais avoir une dette envers lui ….
On a du mal à croire à un geste d'amour gratuit.
43. Trois attitudes de Pierre La figure de Pierre.
2 - Blocage
« me laver les
pieds à moi !
Jamais ! »
Le corps, les
mains de Pierre
disent la blessure,
la fragilité
À quoi me font penser les mains vides de Pierre ?
Qu’est-ce que l’attitude corporelle de Pierre peut nous dire ?
44. Geste difficile à accepter
Pierre juge selon les normes humaines et refuse
d’accueillir ce geste d’abaissement qui va à
l’encontre de l’image qu’il se fait de son Maître.
Mais, il y a plus encore dans ce refus : il ne
comprend pas le geste de Jésus, parce qu’il ne
comprend pas la Passion, qui reste pour lui un
scandale. Pierre ne voulait pas accepter que Jésus
le sauve ; il prétendait même sauver lui-même Jésus
: « Je donnerais ma vie pour toi » (Jn 13, 37).
Cette incompréhension le conduira au reniement
prédit par Jésus (v. 38).
45. Ce passage révolutionne l'image que nous nous
faisons de Dieu (les miracles, tels que la
résurrection de Lazare, sont des signes qui attestent
que Jésus est Fils de Dieu, mais " nous nous
attendons " à de tels prodiges de la part de Dieu, par
contre laver les pieds de ses disciples est
incroyablement plus surprenant).
Nous croyons en un Dieu glorieux, majestueux et
saint...et nous faisons bien, mais l'idée que nous
avons de ces attributs est déformée. Nous ne
voyons pas Dieu tel qu'il est.....
46. On se construit facilement des dieux à notre mesure
qui empêchent d’être frère en vérité et de
comprendre ce que le Seigneur souhaite vraiment de
nous : servir concrètement nos frères
Les disciples discutaient entre eux pour savoir qui
était le plus grand. C’est un réflexe qui empoisonne
nos relations humaines.
Jésus les reprend alors ainsi : « Celui qui veut être
le premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de
tous. »
47. Quelle place laissons-nous à l’autre dans notre
vie?
Sommes-nous assez attentifs aux besoins matériels
et spirituels de ceux qui nous entourent ?
Demandons-nous au Seigneur de nous remplir de
son amour pour qu’il puisse agir concrètement à
travers nous ?
48. Trois attitudes de Pierre La figure de Pierre.
3 – Consentement
« Alors, Seigneur,
non pas seulement
les pieds, mais aussi
les mains et la tête. »
Pierre choisi de
se laisser faire
À quoi Pierre renonce-t-il en se laissant faire ?
Est-ce qu’il m’arrive de me laisser faire ?
49. Me laisser aimer et laver par un Dieu qui s’agenouille
devant moi; faire l’expérience de me laisser aimer,
d’être l’objet premier de cette miséricorde divine.
L’homme refuse de se laisser « délivrer », de se faire
libérer de lui-même par l’amour qui pousse Jésus à
la mort. Il entend ne devoir qu’à lui-même son être et
sa vie ! Il éprouve comme profondément vexant d’en
être redevable à l’amour d’un autre.
Voilà la suprême dignité : être suffisamment
détaché du souci de soi, de son ego, pour pouvoir
prendre le risque de l’agenouillement.
50. Un geste anormal, un geste paradoxal qui renverse
les rôles, un geste scandaleux, comme en témoigne
la réaction de Pierre ! Pourtant, précisément de cette
manière, Jésus raconte Dieu, il l'« évangélise », au
sens où il rend Dieu « bonne nouvelle » pour nous.
Deux actions différentes, deux gestes sacramentels,
deux scènes qui disent la même réalité : Jésus offre
sa vie et, librement et par amour, il va vers sa mort
en se faisant esclave (le supplice de la Croix était réservé aux
esclaves).
Si l'Église veut être l'Église du Seigneur, c'est ainsi
qu'elle doit faire : rompre le pain, offrir le vin, laver
les pieds dans l'assemblée des croyants et dans
l'histoire des hommes
51. Je suis appelé Et MOI ?
« Vous devez vous aussi vous
laver les pieds les uns des
autres, car c’est un exemple
que je vous ai donné : ce que
j’ai fait pour vous, faites-le
vous aussi. »
Seigneur, tu nous invite à
suivre ton exemple et à faire
à autrui ce que tu fais pour
nous.
Prendre un instant pour me sentir concerné, me laisser
toucher par ce que je vois et ce que j’entends.
52. Comment allons-nous « rembourser » un tel geste
d’amour ?
Jésus ne nous demande pas de lui laver les pieds en
retour jusqu'à la fin des temps.
Il ne nous demande pas de laver les pieds de ses
statues pour la fin des temps.
Mais il nous demande de nous laver les pieds les
uns des autres
On nous rend un service, on le « remboursera » en
rendant service, pas forcément à celui qui nous a
rendu service, mais en rendant service à d'autres.
53. Si le Christ ne nous lave pas, nous n’aurons ni le
désir, ni la force de nous laver les pieds les uns aux
autres. Nous pourrons nous laver les pieds les uns
aux autres seulement si nous partageons le pain
eucharistique qui nous unit tous en seul corps,
puisque nous participons à un même pain.
C’est seulement lavés et purifiés de notre égoïsme
par Jésus eucharistique que nous trouverons la
force de suivre l’exemple de Jésus.
54. « Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les
uns aux autres ».
Combien peu nous savons le faire !
Pourquoi cela ?
En tout premier lieu, parce que nous manquons
d’amour pour nos frères, d’un amour vrai qui
s’oublie soi-même pour ne penser qu’au bien des
autres. Nous sommes souvent indifférents aux
manquements de nos frères et sœurs ; cette
indifférence est un manque d’amour selon Dieu
55. Une seconde raison pour laquelle nous répondons si
peu à ce que le Seigneur nous demande : nous ne
sommes pas toujours dans un état convenable pour
le faire. Si nous n’avons pas laissé le Seigneur laver
nos pieds, nos cœurs demeurent plus ou moins
sous l’influence des choses qui nous enchaînent ; il
nous est alors impossible d’aller laver les pieds de
notre frère.
56. L’obligation porte ici non pas simplement sur l’acte
précis de laver les pieds, mais sur le comportement
beaucoup plus étendu dont cet acte n’est que le
symbole
Geste à ne pas prendre à la lettre, mais au sérieux.
57. Nous n’aimons pas « être en dette »
Et au bout du compte, est-ce encore une dette ?
N'est-ce pas plutôt un dépôt d'amour qu'il a fait en
nous, un stock d'amour qu'il a déposé dans nos
cœurs, pour nourrir, fournir, offrir aux autres de
l'amour, en n'ayant jamais peur d'en manquer ni
pour nous, ni pour les autres.
Un dépôt qui ne peut de toutes façon jamais
s'épuiser puisque d'autres me feront des gestes
d'amour,
Un dépôt qui ne peut de toutes façons jamais
s'épuiser puisque qui accepte mon amour fait aussi
un geste d'amour en le recevant, et donc me donne
aussi de l'amour,
58. Je désire que vous fassiez tous de même et que vous serviez
vos frères et vos sœurs. Que vous soyez évêque, prêtre ou
laïc, vous devez servir tous ceux qui sont dans le besoin.
Rappelez-vous : je me suis identifié à toute personne qui
souffre. Donc en servant le plus petit de vos frères ou la plus
petite de vos sœurs, c’est moi que vous servez. Je vous veux
tous humbles et disposés à secourir tous ceux qui sont dans
la besoin.
59. 3ème étape
20 mn
Se mettre en petit groupe de 3 ou 4 personnes
Chacun est juste invité à dire (5 sens)
Ce qu’il a VU
Ce qu’il a ENTENDU
Ce qu’il a SENTI
La parole de Dieu qu’il a GOUTÉE
Ce qu’il a TOUCHÉ
60. Étape 4
10 à 40 mn Service et partenariat
Le ccfd qui nous a proposé de réfléchir sur le
service en nous donnant comme modèle le
« lavement des pieds », nous indique que ses
relations avec les pauvres s’inspirent de ce passage
de l’Évangile en pratiquant le « partenariat »
Ce mode opératoire est commun aux organismes
humanitaires et caritatifs de l’Eglise
61. Pratique de la solidarité et de la charité en Eglise
Si l’on s’en réfère à l’Enseignement
social de l’Eglise, l’aide doit permettre, à
terme, aux bénéficiaires (personnes ou
peuples) non d’être assistés mais d’être
aidés à se prendre en charge et à avoir
prise sur leur avenir « lève toi et
marche » (deviens autonome …même
s’il te faut une béquille)
62. "Je vous invite à accomplir un travail
d'éducation à tous les niveaux : Jeunes
et adultes ont à découvrir que la
solidarité à l'égard des plus démunis ne
doit pas faire de ceux-ci des assistés,
mais qu'elle doit permettre (aux personnes
comme) "à tous les peuples de devenir
eux-mêmes les artisans de leur destin"
(Paul VI _ Populorum progressio, n. 65).
« à trop se pencher sur les pauvres on tombe
dessus et on les écrase. » Joseph Wresinski La bonté
peut alors devenir pire que la malveillance.
63. Une solidarité sans assistanat
Les groupes de personnes aidées (sans être assistées), le
CCFD (service d’Eglise) les appelle des « Partenaires »
Dans le contexte de la solidarité internationale sa
signification est proche de celle qu’on emploie pour un
couple : constitué de deux partenaires, tout à la fois
autonomes et solidaires. C’est la rupture radicale avec la
mentalité coloniale et avec le paternalisme. IL s’agit, tout en
étant étroitement solidaires les uns des autres, d’agir en
aidant l’autre à devenir responsable de son propre devenir,
dans le respect mutuel le plus absolu.
65. Les partenaires sont des acteurs de développement, des
groupes organisés d'hommes et de femmes au sein des
sociétés civiles qui prennent des initiatives, qui souhaitent
prendre en charge leur destin, transformer leurs réalités.
Le partenariat se définit comme une association active de
différents intervenants qui, tout en maintenant leur
autonomie, acceptent de mettre en commun leurs efforts en
vue de réaliser un objectif commun.
Le partenariat consiste à se solidariser au destin des plus
pauvres en soutenant leurs actions
66. Être partenaire
C’est traiter d’égal à égal, c’est accepter de recevoir, ne pas
imposer, respecter , faire alliance …
Ces affirmations à considérer son hôte comme du égal.
Laver les pieds c’est quels passages du texte son
lavement des pieds, à quelles situations que nous
Jésus pour ne pas « dominer » se met à genoux
venons de découvrir ensemble me font-elles penser ?
Il veut nous sauver, Il mendie notre amour
C’est offrir une aide pour faire grandir, rendre heureux, se
sentir responsable de l’autre
« Si je ne te lave pas, tu n'auras point de part avec moi. »
C’est laisser du temps
Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard
tu comprendras
67. Bon carême
À compléter avec une vidéo sur les difficultés d’accès aux semences par les petits
paysans dans le cadre de la sécurité alimentaire (12mn)