1. Lundi 19 juin 2017
nice-matin
Lundi 19 juin 2017
nice-matin
l’économie
Q
uelles sont les gran-
des tendances dans
la publicité au-
jourd’hui? Comment le mar-
ché évolue-t-il? Le Cannes
Lions est le lieu où l’on
débat de la question à
l’échelle mondiale. C’est au
Palais des festivals et c’est
cette semaine que ça se
passe. Chaque jour et
jusqu’à vendredi, Dentsu
Aegis Network, groupe d’ori-
gine japonaise dans le Top 5
mondial, et la régie publici-
taire 366 profitent de la pré-
sence de grands décideurs
et de spécialistes mondiaux
pour les inviter à leur table
sur la plage Dan, en face du
Grand Hôtel. Bienvenus aux
Nice Morning, des brunchs
où débattre de l’évolution
de la publicité, en partena-
riat avec notre quotidien.
Premier regard en mode pa-
noramique sur le marché
avec Thierry Jadot, prési-
dent de Dentsu Aegis
Network France, Benelux,
Israël, MENA et Turquie.
Un marché drivé
par le digital
«Le marché publicitaire
français est historiquement
petit comparé aux pays
anglo-saxons. Il représente
entre 0,5 et 0,6 % du PIB.
Les petites annonces pèsent
13 Mds€. Cette année, le
marché est en croissance
de 1,5 %. Le rythme est un
peu meilleur, drivé par le
numérique. Le digital (+5 %
de croissance) pèsera dé-
sormais plus que la télévi-
sion qui, comme la publi-
cité extérieure, est plutôt
stable. La presse, la radio
et le cinéma sont en baisse
significative.»
Du média au contenu
«Les grandes tendances au-
jourd’hui sont liées à la con-
vergence entre les médias,
la data et les contenus. A
Cannes, on parlera beau-
coup data, technologie, et
adressabilité, c’est-à-dire, la
capacité à atteindre indivi-
duellement un prospect, un
client, un usager, pour lui
délivrer le message qui lui
correspond le mieux au mo-
ment où on lui adresse.
C’est le vrai sujet qui était
jusqu’à présent lié à la di-
mension média mais qui au-
jourd’hui est de plus en plus
lié au contenu.»
Une personnalisation
grandissante
«La data permet d’indivi-
dualiser de mieux en mieux
le contenu, de faire vivre
une expérience spécifique.
La personnalisation est de
plus en plus forte.
La data nous permet de sor-
tir d’un monde ou l’on
s’adressait à des personnes
que l’on ne connaissait pas
à des personnes que l’on
connaît. Dans le respect, et
c’est un des grands enjeux
de la réglementation euro-
péenne des années
qui viennent, de la
protection des
données.»
Une donnée
toujours plus
présente
«La donnée nous
sera de plus en plus trans-
mise en temps réel par les
machines apprenantes au-
tour et parfois en nous.
C’est parce qu’on est capa-
ble de mieux connaître son
client que l’on est capable
de lui transmettre les bons
messages et qu’on est plus
efficace.»
Ne pas oublier
la créativité
«Il y a une dimension de per-
formance avec du retour sur
l’investissement très pré-
sent, mais qui ne doit pas
masquer l’importance de la
créativité. Oui la data de-
vient une nouvelle monnaie
pour mieux travailler. Oui le
marché est de plus en plus
guidé par la demande, c’est
nous consommateurs, ci-
toyens, qui avons le pou-
voir entre nos mains. Mais
cette demande ne peut être
engagée que si nous réus-
sissons à lui faire vivre des
expériences uniques et à
créer de l’émotion. Cette
émotion vient de la créati-
vité. La data est au service
de la créativité.»
Les outils marketing
«L’internet des objets et la
réalité augmentée nous per-
mettent de vivre des expé-
riences uniques. Ils pren-
dront une importance gran-
dissante. Les machines
apprenantes, l’intelligence
artificielle vont venir nourrir
la connaissance toujours
plus fine de l’individu et de
ses attentes.»
Confiance et valeurs
«On est dans une période
paradoxale. On sent que le
digital a capacité à nous
faire vivre mieux, à augmen-
ter notre espérance de vie
mais il y a aussi un souhait
de déglobaliser, de démon-
dialiser pour retrouver du
sens. Il y a un enjeu de con-
fiance et de valeurs qui
émerge très fortement à
l’égard des marques et des
entreprises, de ce qu’elles
font et surtout de ce pour-
quoi elles existent. Ce que
vous vendez doit être l’in-
carnation de ce que vous
êtes. Les valeurs d’une mar-
que sont aussi importantes
que le lieu et la manière
dont elle fait les choses. On
est à l’heure de la transpa-
rence et des entreprises res-
ponsables. Avec des politi-
ques RSE observées par les
clients mais aussi les sala-
riés. La RSE d’une entreprise
permet d’attirer ou de gar-
der ses talents. Et l’enjeu
pour la publicité est de s’ap-
puyer sur ces valeurs.»
PROPOS RECUEILLIS PAR
CHRISTELLE LEFEBVRE
BtoB Qui de la data, de l’adressabilité ou la créativité font la force du marché publicitaire ?
Les plus grandes signatures mondiales en débattent cette semaine au Cannes Lions
Thierry Jadot, Dentsu : « La grande tendance va vers
du marketing pour des gens qu’on connaît, avec une
data qui optimise l’adressabilité, et une créativité
grandissante pour créer les expériences uniques que
demande le client cible. » (D.R.)
La pub se décrypte à Cannes
Un étalon-escargot. Un lion-mouton ou
encoreunT-Rex-poule. Etrangebestiaire
accompagné d’une phrase sibylline:
« Annonceurs, avant de choisir un parte-
naire, regardez ce qui se cache derrière.»
Derrière ce teasing, se trouve l’Union
desconseilsencommunicationMéditer-
ranée (UCC-Med) qui présente dans sa
nouvelle campagne publicitaire.
Ubérisés
Pourquoi ce ton alarmiste ? «Parce nous
avons besoin de reconnaissance et que
nous buvons le calice jusqu’à la lie», s’ex-
clame Jean-Marie Gallo, vice-président
de l’UCC Méditerranée, syndicat profes-
sionnel représentant 100 agences-con-
seils en communication entre l’Espagne
et l’Italie (22 sur la Côte d’Azur), 1300
emplois et un chiffre d’affaires cumulés
de 150 M€. Nous sommes, nous aussi,
pris par le phénomène d’ubérisation. Les
professionnels que nous sommes se re-
trouvent face à des gens qui font plein de
choses en matière de com’ mais qui n’ont
pas les mêmes charges ni les mêmes sa-
laires… Nous mettons un point d’hon-
neur à adhérer aux unions patronales
comme l’UPE06 pour montrer que nous
sommes des entreprises normales, que
nous payons des charges. En France, les
patrons de boîtes de communication sont
perçus comme des saltimbanques, des
mecs rigolos qui ont des idées en fumant
des pétards», regrette Jean-Marie Gallo,
parailleursdirigeantdeGazelleCommu-
nication.
Label de qualité
Surunmodehumoristique,lacampagne
de communication réalisée par l’agence
decommunicationmontpelliéraineWon-
derful met en scènedescréatureshybri-
des issues du croisement entre des ani-
maux puissants et d’autres…, eh bien,
qui le sont beaucoup moins.
Quefaut-ilendéduire?Outredévelopper
la notoriété de l’UCC-Med, il s’agit de
faire reconnaître le professionnalisme
et l’expertise de ses agences membres
et de valoriser les métiers de la commu-
nication auprès des annonceurs. «Nous
sommes dans un monde de surpromesse
où les gens pensent qu’en investissant
très peu, ils auront un retour sur investis-
sement comme une grande campagne
télé. Nous voulons inciter les annonceurs
à se tourner vers des agences adhérentes
au syndicat pour que ces derniers soient
accompagnés par des professionnels la-
bellisés, respectueux des règles de la pro-
fession.» «Toutes les agences membres de
l’UCC ont été co-optées, sélectionnées sur
dossier, précise Bruno Valentin, mem-
bre de l’UCC et dirigeant de Pôle Com-
pany, et s’engagent sur une charte éthique.
La publicité est un levier économique
puissant, reprend le communicant, qui
encourage l’innovation, soutient l’emploi
et finance des services essentiels à la so-
ciété. En France, 1 € investi en publicité
a un impact positif de 7,85 € dans le PIB.»
Et Jean-Marie Gallo d’enfoncer le clou:
«Pour une entreprise, il n’y a pas un seul
investissement en personnel, machine,
emplacement qui fait du 1/7. Il n’y a que
la communication qui le propose.» Une
petite mise au point pour ne pas pren-
dre un escargot pour un cheval.
KARINE WENGER
kwenger@nicematin.fr
Pourquoi l’UCC fait campagne
L’un des trois visuels de la campagne. (D.R.)
S’adresser à une agence membre de l’UCC-Med,
c’est la garantie pour les annonceurs d’être guidés
et conseillés par un prestataire expert répondant
à des critères stricts de transparence et d’éthique.
L’UCC-Med regroupe plus d’une centaine de professionnels reconnus
sur tout le bassin méditerranéen. Retrouvez-les sur www.ucc-med.com
ANNONCEURS,
AVANT DE CHOISIR UN PARTENAIRE
REGARDEZ CE QUI SE CACHE
DERRIÈRE.
-Créditsphotos:Shutterstock-03/2017.
« La data doit être
au service
de la créativité. »
A chaque brunch sa thé-
matique sur la place
Dentsu Aegis Network. Ce
lundi juin, il sera ques-
tion de réinvention des
contenus avec Julien Le-
febvre (CEO de TheStory-
Lab). Mardi juin : Les
nouvelles frontières de la
communication. Mercredi
juin : Les médias à
l’heure de l’infobésité
avec Thierry Jadot et Lau-
rent Solly (CEO Face-
book). Jeudi juin :
Emotion & Création, avec
Marie-Laure Sauty de
Chalon (CEO Aufemi-
nin.com) et Olivier Sebag
(CEO Isobar). Vendredi
juin : Le New Deal avec
Stéphane Delaporte et Sa-
bina Gros (CEO Carat).
Des débats à retrouver
chaque jour en vidéo et
en textes, sur notre site
nicematin.com.
Cinq brunchs
à thème