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L’astronomie pour soigner les enfants
et les ados ?
Nous rappelons en premier lieu le contexte de notre
réflexion :
AstroVersTous, opération de l’association nationale et
en particulier du secteur astronomie, se développe
dans les réseaux des acteurs régionaux.
Nous avons rencontré en mai dernier les équipes
soignantes qui portent le projet éducatif au sein de
l’hôpital des Enfants du Centre Hospitalier
Universitaire (CHU) Pellegrin de Bordeaux (33).
L’idée a vite germé de proposer une semaine entière
dédiée aux sciences en parallèle de la Fête de la
Science 2011. De plus il était intéressant de chercher
un lien avec le thème de cette année qui s’inscrit dans
l’Année Mondiale de la Chimie. Le rendez-vous est
pris, les partenariats locaux se tissent ou s’enrichissent
et la manifestation se coordonne rapidement. L’équipe
d’astro est intervenue du 10 au 14 octobre.
Activités à l’hôpital Pellegrin, Bordeaux (33)
© Planète Sciences
Trois animateurs interviennent les matins et les après-
midis sous différents formats afin de sensibiliser le
maximum d’enfants.
Le matin est dédié à des animations et séances de
planétarium. Les après midis, nous avons innové en
créant un outil d’animation itinérant pour rendre visite
aux enfants dans les services. Des modules d’animation
sur les couleurs et les températures des étoiles, la
lumière et sa propagation, la fusion au sein des étoiles,
les exoplanètes, etc.
Quelles adaptations dans nos pratiques d’animation ?
Objectifs :
« AstroVersTous » a comme objectif général depuis
2006 de rendre accessibles les sciences et l’astronomie
en particulier aux enfants et aux jeunes dans des
cadres d’interventions spécifiques ou porteurs
d’handicap. 1 100 enfants et jeunes ont pu profiter de
ces animations depuis lors.
Dans les hôpitaux, nous devons adapter nos
interventions en nous pliant aux contraintes de temps,
sanitaires et environnementales. Nous privilégions des
séquences courtes (les enfants et les jeunes
hospitalisés ont un emploi du temps ponctué de soins,
de traitements et de séances de kinésithérapie), nous
tenons compte autant que possible des différences
d’âges en faisant de petits groupes, nous utilisons des
outils d’animation adaptés techniquement (accès à des
enfants en fauteuils électriques ou en chariot plat) ou
pédagogiquement (ne pas se fier à l’âge pour les
aspects de compréhension).
Parmi les objectifs opérationnels, nous souhaitons
aussi divertir les participants, leur offrir une occasion
d’apprentissage actif lié aux sciences et à initier les
éducateurs spécialisés et cadres soignants à la
pertinence d’intégrer les sciences dans les pratiques
d’animation.
Dans ce contexte, il est encore plus nécessaire de
savoir prendre du recul, d’écouter les remarques des
partenaires, pour être pertinent dans nos
interventions.
Matériel :
Donner à observer : les enfants ne peuvent pas sortir
et voir le ciel, alors c’est le ciel qui viendra à eux…
Nous nous sommes basés sur le prototype d’Yves
LHOUMEAU, astronome amateur et inventeur de ce
modèle, pour concevoir un planétarium vidéo projeté
sous dôme gonflable. La structure permet d’accueillir
des participants en fauteuil ou en chariot plat. Le
logiciel Stellarium, projeté au plafond à 180° grâce à
un astucieux montage optique, offre une souplesse et
une variété de sujets de présentation infinie : les
enfants adorent et les plus grands aussi.
Se déplacer pour aller à la rencontre : de nombreux
enfants hospitalisés ne peuvent sortir de leurs
chambres ou du service. Les équipes soignantes nous
incitent à nous rendre au chevet des enfants et des
adolescents. Ce chariot, accompagné de grilles
roulantes offre l’opportunité de venir directement à la
rencontre : on note la pertinence du chariot des
sciences, il a un volume raisonnable, il est maniable,
et c’est un outil adaptable et modulable.
10
Les grands couloirs déserts de l’hôpital ont pu être
égayer par l’Allée des planètes, ballons gonflables
légendés afin de donner une idée des échelles dans
notre système solaire.
« Allée des planètes » dans un couloir du CHU
© Planète Sciences
Donner à comprendre : L’Observatoire de Paris a eu la
gentillesse de nous prêter une exposition sur le
système solaire qui a été mise en scène par Jimmy
dans le hall des consultations : ces panneaux très
colorés ont attiré l’attention des jeunes patients et de
leurs parents, facilitant la prise de contact et la mise
en contexte.
Format
S’ils restent dans leur chambre, c’est bien que les
enfants sont très fatigués. Le travail d’attractivité de
l’animation doit être complétée par un travail sur les
vecteurs de communication scientifique.
Nous privilégions les jeux astronomie, les petits
ateliers de fabrication. L’expérimentation est mise en
avant pour favoriser le questionnement lors de phase
de sensibilisation.
Animation et Humain
Intervenir dans la chambre d’un enfant ou d’un
adolescent hospitalisé n’est pas chose facile. Ce cadre
d'intervention requiert souplesse et réactivité de la
part de l'animateur.
Même si la démarche pédagogique, les outils, le
rythme ont été réfléchis et anticipés, il reste le
facteur humain. Comment recevoir la souffrance, la
douleur, l’épuisement d’un enfant qui vient d’être
opéré ou qui est porteur de handicap lourd ? Comment
être dans la justesse de venir proposer une activité
ludique et culturelle quand les préoccupations de la
famille et de l’enfant sont la santé et le
rétablissement rapide ?
Nous sommes en première ligne, au contact des
familles, dans les chambres, proche des jeunes. Il y a
des fois où on se sent pas à notre place. Il y a des fois
où on se sent mal à l’aise. Il y a des fois où ça touche
et où on se sent impuissant.
En tant qu’intervenant extérieur, il est nécessaire de
relativiser mais aussi d’accepter d’être humain,
d’accepter de ressentir des émotions et d’accepter
d’en parler. Extérioriser ses ressentis est important
pour continuer et entrer dans la chambre suivante.
Nous devons faire preuve d’acuité psychologique car,
en réalité nous ne buttons jamais sur une question de
motivation à entretenir : l'enfant qui ne nous veut pas,
nous repousse ; mais il s'agit de ne jamais outrepasser
la résistance physique de l'enfant au risque d'avoir une
présence inadéquate.
Sommes-nous dans le cadre de respect de notre
projet éducatif ?
Intervenir en hôpital ne mobilise pas les mêmes
modalités qu'une intervention classique Planète
Sciences. Il ne se présente pas les questions de gestion
de groupe, de discipline, celle de l'organisation de
l'espace. La plupart des malades sont d’origine sociale
variée, nous ne ciblons donc pas de public dit "éloigné
de la pratique d'activités scientifiques et techniques ».
D’autre part, l'affaiblissement physique des enfants est
tel que nos animations doivent davantage être
soutenues par des supports visuels et un échange oral
de sorte que expérimentation et manipulation sont,
pour la circonstance, tenues à l'écart.
Ceci étant posé, restons-nous malgré tout en phase
avec le projet éducatif de Planète Sciences ?
En fait, si l'on prend un peu de distance, notre
intervention s'intègre dans le dispositif de soins des
enfants que l'équipe soignante accueille comme un
apport nécessaire à l'enfant malade. Nous apportons
bien plus que de la distraction. A ce titre, nous nous
mêlons aux professeurs des écoles, aux bénévoles de
l’association des Blouses Roses, aux clowns, aux
professeurs de sport. Ainsi, nos interventions, même
remodelées par les prescriptions du contexte,
contribuent évidemment à déconditionner
psychologiquement l'enfant et l'adolescent de son état
de personne malade. Ce qui en somme est de même
nature que certains des objectifs quand nous
intervenons auprès des enfants dits "des cités" ou des
personnes incarcérées.
Organisée essentiellement autour de supports visuels
et de l'interactivité orale, intégrant autant que
possible la participation de la famille quand elle est
présente, notre manière de faire reste ludique et la
transmission à l'enfant se fait avec de nombreuses
notions fondamentales.
11
1) En toute sécurité, …
Lorsque nous entrons dans une chambre ou allons dans
un hôpital, il est primordial d’être renseigné par les
équipes soignantes des contraintes sanitaires à
respecter : c’est une question de sécurité pour
l’enfant mais aussi pour l’animateur.
Parfois une désinfection totale du matériel est
nécessaire…
2) …Le jeune ou l’adulte en tant que médiateur …
Les interventions rencontrent un public de 4 à 18 ans…
Nous intervenons dans les chambres qui accueillent 2 à
3 enfants.
3) …pratique…
« Planète Sciences met systématiquement le jeune en
situation de pratiquer ». Comment faire maniper un
jeune tétraplégique ? Comment faire expérimenter un
enfant qui revient de la réanimation et qui n’est pas
en possession de tous ses moyens à cause des
médicaments ?
4) …de manière autonome …
Certaines situations demandent un accompagnement
de la part de l’animateur, même dans la manipulation.
5) …et en équipe…
Les chambres sont composées de 2 enfants maximum
et qui sont regroupés en fonction de leur pathologie.
6) …une activité scientifique ou technique...
Nous abordons de nombreux domaines scientifiques ou
techniques qui placent le jeune en situation de
recherche : l’astronomie est la porte d’entrée, après
nous ouvrons sur la conquête spatiale, les fusées, etc.
7) ... expérimentale …
Nous proposons des activités qui permettent aux
enfants et aux jeunes de répondre à leurs propres
questions. La manipulation est toujours priorisée
même si, parfois, elle ne peut être réalisée par le
jeune directement.
8) …motivante…
L’activité doit aiguiser la curiosité du jeune et lui
donner l’envie de répondre à ses interrogations.
Nous avons un système solaire gonflable, à échelle, qui
est une très bonne accroche pour commencer à
susciter le questionnement.
9) …s’appuyant sur des méthodes …
En phase de sensibilisation, il est très difficile sur des
créneaux courts (on reste en moyenne 35 min dans une
chambre) de permettre la mise en œuvre de
méthodes. Le but ultime est d’arriver à trouver des
services ou des structures d’accueil, dans lesquelles les
enfants et les jeunes passent un peu plus de temps,
pour mettre en place une méthodologie de projet
complète. C’est ce que nous arrivons à faire en cadre
scolaire à l’hôpital National de St Maurice (94) ou en
temps de loisirs au service de rééducation pédiatrique
de l’hôpital Raymond Poincaré à Garches (92).
10) … et dont les résultats sont formalisés,
communiqués et valorisés à l’extérieur.
« L’activité doit toujours déboucher sur un ou des
résultats formalisés, quel qu’en soit l’aboutissement
final. » Quand la situation de mise en place de
partenariat le permet, nous organisons un temps de
valorisation des projets. Il est parfois frustrant de
valoriser des réalisations faites par des participants qui
sont sortis de l’hôpital. Tant mieux pour eux, me direz
vous…
Nous pouvons citer l’exemple du concours Aquamax,
fait à l’hôpital de Garches (92) avec les enfants de
différents services en juin dernier. Malheureusement,
lors de la « Semaine de la Science » à l’hôpital
Pellegrin à Bordeaux (33), nous n’avons pu ni
formaliser les résultats, ni valoriser en direction d’un
plus large public.
En somme, nos interventions auprès d'enfants
hospitalisés ne nous éloignent certainement pas de
notre projet éducatif ; plus justement elles offrent
l'opportunité, sinon la chance, d'en analyser les
potentialités dont celles et non des moindres, d'être
intégrées à un dispositif de soins.
Evaluation et perspectives
Les animations mises en place sur la semaine ont
informé et sensibilisé plus de 145 enfants et
adolescents, hospitalisés ou handicapés dans des
services très variés. L’intervention en chambre est un
travail de longue haleine car nous travaillons avec un
enfant à la fois. Nous recevons parfois des refus dus à
la fatigue, ou au manque d’intérêt de l’enfant pour la
thématique proposée.
Ce temps d’animation a été une grande avancée en
termes d’outils d’animation adaptés de par la mise en
place du planétarium et du chariot.
Nous avons travaillé de façon coordonnée avec les
bénévoles de l’association les Blouses Roses, ce qui
nous a garanti un succès dans la fréquentation.
Nous prévoyons d’inscrire dans la durée ces
interventions en partenariat avec l’association des
Blouses Roses pour intégrer la médiation scientifique
dans les pratiques culturelles de l’hôpital.
Sabria & Gabriel
12

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  • 1. L’astronomie pour soigner les enfants et les ados ? Nous rappelons en premier lieu le contexte de notre réflexion : AstroVersTous, opération de l’association nationale et en particulier du secteur astronomie, se développe dans les réseaux des acteurs régionaux. Nous avons rencontré en mai dernier les équipes soignantes qui portent le projet éducatif au sein de l’hôpital des Enfants du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Pellegrin de Bordeaux (33). L’idée a vite germé de proposer une semaine entière dédiée aux sciences en parallèle de la Fête de la Science 2011. De plus il était intéressant de chercher un lien avec le thème de cette année qui s’inscrit dans l’Année Mondiale de la Chimie. Le rendez-vous est pris, les partenariats locaux se tissent ou s’enrichissent et la manifestation se coordonne rapidement. L’équipe d’astro est intervenue du 10 au 14 octobre. Activités à l’hôpital Pellegrin, Bordeaux (33) © Planète Sciences Trois animateurs interviennent les matins et les après- midis sous différents formats afin de sensibiliser le maximum d’enfants. Le matin est dédié à des animations et séances de planétarium. Les après midis, nous avons innové en créant un outil d’animation itinérant pour rendre visite aux enfants dans les services. Des modules d’animation sur les couleurs et les températures des étoiles, la lumière et sa propagation, la fusion au sein des étoiles, les exoplanètes, etc. Quelles adaptations dans nos pratiques d’animation ? Objectifs : « AstroVersTous » a comme objectif général depuis 2006 de rendre accessibles les sciences et l’astronomie en particulier aux enfants et aux jeunes dans des cadres d’interventions spécifiques ou porteurs d’handicap. 1 100 enfants et jeunes ont pu profiter de ces animations depuis lors. Dans les hôpitaux, nous devons adapter nos interventions en nous pliant aux contraintes de temps, sanitaires et environnementales. Nous privilégions des séquences courtes (les enfants et les jeunes hospitalisés ont un emploi du temps ponctué de soins, de traitements et de séances de kinésithérapie), nous tenons compte autant que possible des différences d’âges en faisant de petits groupes, nous utilisons des outils d’animation adaptés techniquement (accès à des enfants en fauteuils électriques ou en chariot plat) ou pédagogiquement (ne pas se fier à l’âge pour les aspects de compréhension). Parmi les objectifs opérationnels, nous souhaitons aussi divertir les participants, leur offrir une occasion d’apprentissage actif lié aux sciences et à initier les éducateurs spécialisés et cadres soignants à la pertinence d’intégrer les sciences dans les pratiques d’animation. Dans ce contexte, il est encore plus nécessaire de savoir prendre du recul, d’écouter les remarques des partenaires, pour être pertinent dans nos interventions. Matériel : Donner à observer : les enfants ne peuvent pas sortir et voir le ciel, alors c’est le ciel qui viendra à eux… Nous nous sommes basés sur le prototype d’Yves LHOUMEAU, astronome amateur et inventeur de ce modèle, pour concevoir un planétarium vidéo projeté sous dôme gonflable. La structure permet d’accueillir des participants en fauteuil ou en chariot plat. Le logiciel Stellarium, projeté au plafond à 180° grâce à un astucieux montage optique, offre une souplesse et une variété de sujets de présentation infinie : les enfants adorent et les plus grands aussi. Se déplacer pour aller à la rencontre : de nombreux enfants hospitalisés ne peuvent sortir de leurs chambres ou du service. Les équipes soignantes nous incitent à nous rendre au chevet des enfants et des adolescents. Ce chariot, accompagné de grilles roulantes offre l’opportunité de venir directement à la rencontre : on note la pertinence du chariot des sciences, il a un volume raisonnable, il est maniable, et c’est un outil adaptable et modulable. 10
  • 2. Les grands couloirs déserts de l’hôpital ont pu être égayer par l’Allée des planètes, ballons gonflables légendés afin de donner une idée des échelles dans notre système solaire. « Allée des planètes » dans un couloir du CHU © Planète Sciences Donner à comprendre : L’Observatoire de Paris a eu la gentillesse de nous prêter une exposition sur le système solaire qui a été mise en scène par Jimmy dans le hall des consultations : ces panneaux très colorés ont attiré l’attention des jeunes patients et de leurs parents, facilitant la prise de contact et la mise en contexte. Format S’ils restent dans leur chambre, c’est bien que les enfants sont très fatigués. Le travail d’attractivité de l’animation doit être complétée par un travail sur les vecteurs de communication scientifique. Nous privilégions les jeux astronomie, les petits ateliers de fabrication. L’expérimentation est mise en avant pour favoriser le questionnement lors de phase de sensibilisation. Animation et Humain Intervenir dans la chambre d’un enfant ou d’un adolescent hospitalisé n’est pas chose facile. Ce cadre d'intervention requiert souplesse et réactivité de la part de l'animateur. Même si la démarche pédagogique, les outils, le rythme ont été réfléchis et anticipés, il reste le facteur humain. Comment recevoir la souffrance, la douleur, l’épuisement d’un enfant qui vient d’être opéré ou qui est porteur de handicap lourd ? Comment être dans la justesse de venir proposer une activité ludique et culturelle quand les préoccupations de la famille et de l’enfant sont la santé et le rétablissement rapide ? Nous sommes en première ligne, au contact des familles, dans les chambres, proche des jeunes. Il y a des fois où on se sent pas à notre place. Il y a des fois où on se sent mal à l’aise. Il y a des fois où ça touche et où on se sent impuissant. En tant qu’intervenant extérieur, il est nécessaire de relativiser mais aussi d’accepter d’être humain, d’accepter de ressentir des émotions et d’accepter d’en parler. Extérioriser ses ressentis est important pour continuer et entrer dans la chambre suivante. Nous devons faire preuve d’acuité psychologique car, en réalité nous ne buttons jamais sur une question de motivation à entretenir : l'enfant qui ne nous veut pas, nous repousse ; mais il s'agit de ne jamais outrepasser la résistance physique de l'enfant au risque d'avoir une présence inadéquate. Sommes-nous dans le cadre de respect de notre projet éducatif ? Intervenir en hôpital ne mobilise pas les mêmes modalités qu'une intervention classique Planète Sciences. Il ne se présente pas les questions de gestion de groupe, de discipline, celle de l'organisation de l'espace. La plupart des malades sont d’origine sociale variée, nous ne ciblons donc pas de public dit "éloigné de la pratique d'activités scientifiques et techniques ». D’autre part, l'affaiblissement physique des enfants est tel que nos animations doivent davantage être soutenues par des supports visuels et un échange oral de sorte que expérimentation et manipulation sont, pour la circonstance, tenues à l'écart. Ceci étant posé, restons-nous malgré tout en phase avec le projet éducatif de Planète Sciences ? En fait, si l'on prend un peu de distance, notre intervention s'intègre dans le dispositif de soins des enfants que l'équipe soignante accueille comme un apport nécessaire à l'enfant malade. Nous apportons bien plus que de la distraction. A ce titre, nous nous mêlons aux professeurs des écoles, aux bénévoles de l’association des Blouses Roses, aux clowns, aux professeurs de sport. Ainsi, nos interventions, même remodelées par les prescriptions du contexte, contribuent évidemment à déconditionner psychologiquement l'enfant et l'adolescent de son état de personne malade. Ce qui en somme est de même nature que certains des objectifs quand nous intervenons auprès des enfants dits "des cités" ou des personnes incarcérées. Organisée essentiellement autour de supports visuels et de l'interactivité orale, intégrant autant que possible la participation de la famille quand elle est présente, notre manière de faire reste ludique et la transmission à l'enfant se fait avec de nombreuses notions fondamentales. 11
  • 3. 1) En toute sécurité, … Lorsque nous entrons dans une chambre ou allons dans un hôpital, il est primordial d’être renseigné par les équipes soignantes des contraintes sanitaires à respecter : c’est une question de sécurité pour l’enfant mais aussi pour l’animateur. Parfois une désinfection totale du matériel est nécessaire… 2) …Le jeune ou l’adulte en tant que médiateur … Les interventions rencontrent un public de 4 à 18 ans… Nous intervenons dans les chambres qui accueillent 2 à 3 enfants. 3) …pratique… « Planète Sciences met systématiquement le jeune en situation de pratiquer ». Comment faire maniper un jeune tétraplégique ? Comment faire expérimenter un enfant qui revient de la réanimation et qui n’est pas en possession de tous ses moyens à cause des médicaments ? 4) …de manière autonome … Certaines situations demandent un accompagnement de la part de l’animateur, même dans la manipulation. 5) …et en équipe… Les chambres sont composées de 2 enfants maximum et qui sont regroupés en fonction de leur pathologie. 6) …une activité scientifique ou technique... Nous abordons de nombreux domaines scientifiques ou techniques qui placent le jeune en situation de recherche : l’astronomie est la porte d’entrée, après nous ouvrons sur la conquête spatiale, les fusées, etc. 7) ... expérimentale … Nous proposons des activités qui permettent aux enfants et aux jeunes de répondre à leurs propres questions. La manipulation est toujours priorisée même si, parfois, elle ne peut être réalisée par le jeune directement. 8) …motivante… L’activité doit aiguiser la curiosité du jeune et lui donner l’envie de répondre à ses interrogations. Nous avons un système solaire gonflable, à échelle, qui est une très bonne accroche pour commencer à susciter le questionnement. 9) …s’appuyant sur des méthodes … En phase de sensibilisation, il est très difficile sur des créneaux courts (on reste en moyenne 35 min dans une chambre) de permettre la mise en œuvre de méthodes. Le but ultime est d’arriver à trouver des services ou des structures d’accueil, dans lesquelles les enfants et les jeunes passent un peu plus de temps, pour mettre en place une méthodologie de projet complète. C’est ce que nous arrivons à faire en cadre scolaire à l’hôpital National de St Maurice (94) ou en temps de loisirs au service de rééducation pédiatrique de l’hôpital Raymond Poincaré à Garches (92). 10) … et dont les résultats sont formalisés, communiqués et valorisés à l’extérieur. « L’activité doit toujours déboucher sur un ou des résultats formalisés, quel qu’en soit l’aboutissement final. » Quand la situation de mise en place de partenariat le permet, nous organisons un temps de valorisation des projets. Il est parfois frustrant de valoriser des réalisations faites par des participants qui sont sortis de l’hôpital. Tant mieux pour eux, me direz vous… Nous pouvons citer l’exemple du concours Aquamax, fait à l’hôpital de Garches (92) avec les enfants de différents services en juin dernier. Malheureusement, lors de la « Semaine de la Science » à l’hôpital Pellegrin à Bordeaux (33), nous n’avons pu ni formaliser les résultats, ni valoriser en direction d’un plus large public. En somme, nos interventions auprès d'enfants hospitalisés ne nous éloignent certainement pas de notre projet éducatif ; plus justement elles offrent l'opportunité, sinon la chance, d'en analyser les potentialités dont celles et non des moindres, d'être intégrées à un dispositif de soins. Evaluation et perspectives Les animations mises en place sur la semaine ont informé et sensibilisé plus de 145 enfants et adolescents, hospitalisés ou handicapés dans des services très variés. L’intervention en chambre est un travail de longue haleine car nous travaillons avec un enfant à la fois. Nous recevons parfois des refus dus à la fatigue, ou au manque d’intérêt de l’enfant pour la thématique proposée. Ce temps d’animation a été une grande avancée en termes d’outils d’animation adaptés de par la mise en place du planétarium et du chariot. Nous avons travaillé de façon coordonnée avec les bénévoles de l’association les Blouses Roses, ce qui nous a garanti un succès dans la fréquentation. Nous prévoyons d’inscrire dans la durée ces interventions en partenariat avec l’association des Blouses Roses pour intégrer la médiation scientifique dans les pratiques culturelles de l’hôpital. Sabria & Gabriel 12