Mr Jean-Paul Yamcheu presented a paper entitled: Transformation Digitale et Performances Economiques des Banques en Zone CEMAC during the Charisma/ISTG-AC Maaron Business School colloquium on digital communication.
The colloquium was chaired by Professor Alain Ndedi who wanted to provide a platform to PhD students to showcase their research interests.
La digitalisation de l’entreprise et le risque comportemental: cas de la CNPS
Transformation Digitale et Performances Economiques des Banques en Zone CEMAC
1. 1ER COLLOQUE INTERNATIONAL ET EXPOSITION SUR L’UNIVERSITE ET L’ENTREPRISE
ENTREUPREUNARIALE
‘COMMENT VALORISER LA RECHERCHE DANS UN MONDE VIRTUEL’
(ISTG-MAARON-CHARISMA 2018)
Du 09 au 10 novembre 2018
Douala Campus de l’université ISTG Maaron
Transformation Digitale et Performances Economiques
des Banques en Zone CEMAC
Par : Mr Jean-Paul Yamcheu
Email : yamcheujp@yahoo.fr
2. AGENDA :
1 – Introduction
2 - Problématique de la digitalisation
3 - Secteur bancaire CEMAC en rapport avec le Digitalisation
4 - Impacts possibles de la digitalisation sur les banques de la CEMAC
5 - Solutions et feuille de route
6 - Conclusion
3. 1 - Introduction
Deux phénomènes majeurs ont marqué le monde des entreprises ces dernières années : la mondialisation et la
digitalisation.
La révolution numérique se présente à la fois comme un accélérateur de la mondialisation, et surtout comme une
réponse de l’entreprise face à un environnement de plus en plus concurrentiel, dans lequel la technologie semble être
la clé de l’efficacité.
Dans la cadre de notre recherche, nous travaillons sur ce phénomène de la digitalisation et son impacts sur les
performances économiques des entreprises, en prenant pour champ d’application les banques de la sous-région
CEMAC.
Dans notre article en finition, nous abordons le sujet sous quatre angles:
Qu’est-ce que la digitalisation et quels sont ses enjeux?
Comment le phénomène est vécu dans le secteur bancaire en zone CEMAC?
Quels sont les impacts possibles dudit phénomène sur les performances économiques des banques de la CEMAC?
Enfin quelles sont les solutions possibles aux difficultés en présence, et quelle feuille de route pour réussir la digitalisation de
nos banques?
4. 2 – Problématique de la digitalisation
L’informatique est née autour des années 1950, avec la création de l’ordinateur. Depuis lors, cette science du traitement
automatique de l’information, a connu diverses évolutions, notamment : la création de l’ordinateur personnel (PC), l’arrivée de
l’internet (réseaux mondial interconnecté), la multiplication des périphériques (Desktop, laptop, tablette, smartphone, etc.) et des
logiciels de plus en plus spécialisés.
Ces évolutions technologiques ont été poussées par les usages métiers, qui nous ont conduits dans les années 2000, à une véritable
révolution technologique. La révolution technologique a été elle-même portée par deux grands facteurs: une technologie
(ordinateurs, serveurs, périphériques, réseaux, logiciels, bases de données) de plus en plus puissante et miniaturisée, et le
développement des valeurs métiers des données.
Un nouveau vocabulaire va ainsi envahir le monde des affaires, des administrations, et finalement des individus. Le cloud
computing (informatique sur nuage), le big data (données massives), l’analytics (analyses prédictives de données), l’intelligence
artificielle (simulation de l’intelligence humaine), Le machine Learning (apprentissage statistique), le data mining (prospection de
données), le numérique (digital/immatériel/virtuel).
Nous sommes ainsi passés de l’usage de l’informatique gros systèmes (Mainframes) pour des traitements lourds et complexes, à
l’informatique personnelle, l’informatique communautaire et partagée, pour aujourd’hui vivre depuis les année 2010, la
consumering informatique. L’informatique se consomme désormais comme tout autre bien et services, ouvrant ainsi la voie à la
DIGITALISATION.
Encore appelé numérisation, dématérialisation ou transformation digitale, la digitalisation se définit comme « le procédé qui vise à
transformer un objet, un outil, un processus ou un métier en un code informatique afin de le remplacer et le rendre plus
performant »
5. 2 – Problématique de la digitalisation
Les illustrations de digitalisation pullulent :
courrier / email,
Réunion / visioconférence,
Magasin / site e-commerce,
Comité / workflow décisionnel,
Visite clientèle / échanges sur applications mobiles, etc.
Pour une entreprise, la digitalisation consiste grosso modo en deux volets : numériser les processus internes, et numériser les produits
et services. Les enjeux sont tels que toutes les entreprise sont déjà ou seront touchées dans les toutes prochaines années par la
transformation numérique, d’après Gilles Auberger, Salah-Eddine Benzamour, Jérémy Grégoire, Thierry Meynlé, (2017 :20), dans leur
ouvrage « 21 clés pour activer la transformation numérique de votre entreprise ».
Quels sont ces enjeux de compétitivité : Quelles sont les attentes légitimes :
* La réduction des coûts
* La maîtrise des risques * Amélioration de la productivité
* La réduction des délais * Renforcement de la satisfaction clientèle
* L’innovation * création de nouveaux produits et services
* La qualité de services
Malgré ces belles promesses, l’engagement dans la digitalisation n’est pas un long fleuve tranquille. Il requiert un investissement
conséquent, des RH de qualité, et de la méthode; afin d’éviter que le rêve ne tourne en cauchemar; surtout si l’on opère dans un
secteur sensible comme la banque, dans une sous-région fragile à plusieurs égards comme la CEMAC.
6. 3 – Secteur bancaire CEMAC & Digitalisation
La CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale), est une sous-région de six Etats (Cameroun,
Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad), ayant en partage la zone géographique, une même monnaie, et
des institutions économiques, politiques et financières communes. Cette sous-région totalise 50 millions d’habitants, avec
un PIB de 45 922 Milliards de F CFA en fin 2016 (BEAC, 2017).
La sous-région compte 52 banques, pour un total d’environ 6 millions clients. Le taux de bancarisation est encore en deçà
de 15% de la population (BEAC, 2017), ce qui pose un sérieux problème d’inclusion financière, heureusement atténué par
les 800 Etablissements de MicroFinance qui sont en activité.
Les banques de la CEMAC ont traversé une décennie 2008– 2017 difficile, du fait de la fragilité des économies,
principalement liée à la crise des matières premières et aux effets de l’insécurité endémique dans trois des six Etats
concernés. La transformation digitale des banques de la sous-région, résolument lancée durant cette période, s’est
présentée comme une bouée de sauvetage pour le secteur bancaire, avec d’énormes promesses annoncées en matière de
numérisation des processus internes, et de numérisation des produits et services. Ceci a donné lieu à un boom de solutions
de digital banking, dont : la monétique, l’internet Banking, le Mobile Banking, le Mobile Money, les outils CRM, open
banking, GED, workflow, … avec des investissements conséquents.
Quasiment toutes les banques de la CEMAC sont engagées dans des programmes de transformation digitale, avec une forte
propension pour les filiales étrangères (qui suivent les stratégies groupes), et un faible engagement du côté des banques en
restructuration, car ayant une faible marge de manœuvre sur le budget.
7. 3 – Secteur bancaire CEMAC & Digitalisation
Les produits digitaux les plus partagés sont:
* Internet Banking (consultation, virements, simulations de prêts, Etc.)
* Mobile Banking (applications mobiles offrant les services basics )
* SMS Banking (solutions basées sur le sms ou l’application USSD)
* La monétique (ATM, TPE, QR Code, pour paiements et services basics)
* Le Agent Banking (solutions de délégation des services aux
intermédiaires)
* Le kiosk Banking (Selft service bancaire au guichet)
* Le Mobile Wallet (Portemonnaie électronique multi-usages)
* Le Mobile Money (Portemonnaie en collaboration avec les Telcos)
* L’open Banking avec les Telcos, les facturiers et certaines entreprises
Les solutions digitales internes présentes sont:
* Messageries / Plateformes collaboratives
* Les workflow documentaires
* La Gestion Electronique de Document avec archivage
numériques
* Le Business Intelligent pour reporting et Tableaux de
bord temps réel
* La visio et l ’audio conférence
* Le CRM ouvert à la clientèle
* Le E-Procurement
8. 4 – Impact de la Digitalisation sur la
performance des banques CEMAC
Selon une analyse faite sur le terrain, les budgets d’investissement sur les technologies du digitale, ont considérablement
évolué durant la décennie considérée (2008 – 2007). Nous avons observé les chiffres de l’une des premières banque de la
zone. Durant cette période, les investissements annuel sur le digital ont été multipliés par 10. Passant de XAF 200
Millions à XAF 2 Milliards. Il y a des chances, en étendant notre analyse, que cette proportion soit similaire pour les autres
banques.
Sur les retombées des investissement, l’on s’attendrait à ce que le PNB (Produit Net Bancaire) des banque considérées
puisse progresser de manière importante, au moins proportionnellement au niveau d’investissement. En restant sur la
banque considérée, nous avons observé au cours de la même période, un augmentation du PNB de l’ordre de 2,5;
passant de XAF 20 Milliards à XAF 50 Milliards.
En nous limitant à ces deux agrégats (Investissement Digital et PNB), on constate une corrélation sur les variations; mais
plusieurs questions se posent:
- L’augmentation du PNB est-il le simple fait du succès de l’engagement dans le digital?
- La théorie prévoit une augmentation exponentielles des revenus comme résultat du succès du digital; pourquoi ici
est-elle est mitigée?
- Les décideurs de ladite banque ont-ils la maîtrise de leur stratégie digitale?
- Que faut-il mettre en œuvre pour pouvoir inverser la tendance et tirer tous les bénéfices de ce phénomène?
9. 4 – Impact de la Digitalisation sur les
performances des banques CEMAC
Une petite enquête interne nous a permis de relever un certain nombre de lacunes dans la
stratégie de digitalisation. Nous énumérons ci-dessous les plus importantes:
Un stratégie Digitale existe, mais elle
n’est pas ajustée annuellement
On ne dispose pas d’outils fiables pour
mesurer l’impact des projets digitaux
La digitalisation des process internes ne
s’accompagne pas systématiquement de
la récupération des gains des RH
Il n’y a pas une priorisation des chantiers,
en fonction des gains en création de
valeur
La dimension organisationnelle est
négligée dans la stratégie de digitalisation
La formation et la sensibilisation est le
maillon faible
La dimension risques technologiques n’est
pas suffisamment prise en compte
Une expertise digitale n’a ni été constituée
en interne, ni mobilisée en externe sur la
durée
10. 5– Solutions & feuille de route
Le solution sur aux limites évoquées ci-dessus se résume en 02 points: Appliquer les fondamentaux de la digitalisation,
adapter la mise en œuvre des programmes digitaux aux spécificités de notre environnement.
Appliquer les fondamentaux (Selon David Fayon et Michaêl Tartar dans « Transformation Digitale: les 5 leviers pour
l’entreprise »)
• Définir une stratégie digitale appropriée et la mettre à jour annuellement, en se fondant sur les leviers:
• Organisation
• Technologie et Innovation
• Personnel
• Produits et services
• Environnement
* Mettre en place une bonne gouvernance de la mise en œuvre de la stratégie digitale:
• Avoir un comité de gouvernance du programme
• Donner la priorité aux priorités
• Gérer tous les projets du programme suivant les standards
Intégrer la dimension environnement CEMAC
• La nécessité de la bancarisation
• La nécessité d’un choix cohérent et économique des projets
• Le risque crédit qui est dans les top priorités
• Le recouvrement comme activité à digitaliser
11. 5– Solutions & feuille de route
Quelle feuille de route pouvons nous proposer au secteur bancaire sur la question, quelque soit le degré de maturité
numérique de chacune des banques?
1 – Mobiliser une expertise digitale externe pour un état des lieux
2 – Procéder à une évaluation du niveau de maturité numérique de la banque
3 – S’assurer qu’il y a en interne un minimum d’expertise nécessaire pour porter une telle stratégie
4 – Construire ou mettre à jour sa stratégie digital, avec les compétences internes et externes, et la
réviser annuellement
5 – Mettre en œuvre une gouvernance pérenne de la stratégie
6 – Inclure dans la mise en œuvre des projets, les facteurs environnementaux
12. 6 – Conclusion
Comme nous avons pu le présenter, la transformation digitale, qui se matérialise par la conception et la mise en œuvre d’une stratégie digitale,
vise à positivement et progressivement changer l’entreprise et ses produits, au moyen du numérique. Elle implique donc la mise en œuvre
efficace d’un portefeuille de projets couvrant aussi bien des domaines technologique, organisationnel, commercial, que RH.
Appliquée dans le domaine bancaire qui compte parmi les plus réceptifs à la technologie, la transformation digitale est incontestablement un
accélérateur des performances, dont les performances économiques. Dans la sous-région CEMAC comme nous avons eu à le constater, les
banques ont traversé une décennie 2008– 2017 difficile. La transformation digitale des banques de la sous-région, résolument lancée durant
cette période, s’est présentée comme une bouée de sauvetage pour le secteur bancaire, avec d’énormes promesses annoncées en termes de
gains de productivité, fidélisation et renforcement de la clientèle, lancement de nouveaux produits innovants.
A l’épreuve de l’analyse, les effets escomptés des importants investissements sur le digital sont certes positifs (Réduction des risques, réduction
des charges, augmentation des revenus), mais sont restés limités. Ce qui est en cause n’est ni la faible volonté des décideurs, ni l’inadaptation
du concept à l’environnement CEMAC. Si nous voulons approcher les attentes légitimes fondées sur l’engagement digital des banques de la
CEMAC, il nous faut améliorer la stratégie digitale, en termes de définition des stratégies appropriées à notre environnement (culturel,
économique et technologique), et améliorer la mise en œuvre des projets digitaux (management de projets et changements).
Les banques auraient ainsi des feuilles de route digitales avec des projets cohérents et bien dimensionnés, qu’elles mettraient en œuvre
dans une démarche de maturité numérique progressive, tout en sécurisant les avantages engrangés.
Enfin, du fait de la rigidité de la réglementation du secteur bancaire en CEMAC, une étude sur l’impact de la réglementation du secteur
bancaire sur la transformation digitale serait d’un apport certain.