20140328 nouvelle inédite : à la quête de la fleur de grasse,
1. INVITATION AU VOYAGE :
NOUVELLE INÉDITE :
À la quête de la fleur de Grasse,
Quand nous nous rencontrâmes à la villa Gillet, à la Croix Rousse, à Lyon pour le
Colloque des Échanges Interculturels Méditerranéens, en 1999 (Colloque organisé par la
M.A.F.P.N.), c'était sous le signe des rapprochements des peuples et des civilisations tout
autour du bassin méditerranéen.
Nos travaux des ateliers nous permirent de faire amplement connaissance, durant quinze
jours, des collègues tunisiens, algériens, marocains et français de tous bords.
Une des thématiques ayant retenu notre attention, et fit sujet à débat, fut l'aspect floral
des cités, des villes, des villages,( comme le village médiéval : Pérouges ), des quartier, des
ruelles, ( les Traboules, dans le Vieux Lyon ) et des parcs (comme le Parc de la Tête d'Or ) !
La diversité de culture, la formation pédagogique et la connaissance livresque firent que
des affinités s'établirent, des amitiés se nouèrent et des contacts ultérieurs au colloque allaient
se faire entre les membres des différents groupes. Une des finalités visées par les
organisateurs !
Madame I.J., grassoise, m'invita chez elle, dans sa commune de Grasse, la capitale mondiale
des parfums et des fleurs, dans les Alpes Maritimes.
Ainsi, nous nous donnâmes rendez-vous, deux ans plus tard.
Elle se proposa de me faire visiter et découvrir les trésors floraux et olfactifs de sa ville afin de
m'en imprégner - ayant su que j'avais ce penchant de poète vers les parfums, les fleurs et
l'odeur des petits bois.
En effet, dans mon enfance et ma jeunesse, mes moments de bonheur étaient ces
longues promenades dans les pinèdes, les cédrées, tout autour de ma ville natale : Azrou. Ce
qui m'avait beaucoup marqué. J'eus très tôt la vocation d'aimer cet élixir de la Nature et, depuis,
je ne pouvais m'en passer.
Arrivé à Grasse, je devais suivre le plan qui me fut envoyé par ma correspondante, sans
faute, pour ne pas m'égarer, ni dans les sentiers si étroits, ni dans les quartiers si espacés et si
loin les uns des autres.
Nous devrions nous rencontrer au coin de la rue de l'Oratoire, Grasse, Centre historique.
Il fallait aussi marcher jusqu'au Cours Notre Dame des Fleurs/Montelly, afin de récupérer son
véhicule et nous diriger tout d'abord à l'hôtel Bonnamour où j'avais pu me réserver une chambre
quelques temps à l'avance via le site Inernet, pour une petite semaine.
Le programme que I.J. me réservait était des plus chargés pour cette petite semaine.
2. C'est dire qu'elle voulait réellement me faire connaître le maximum de choses de sa ville
Grasse.
La visite de la maison du patrimoine Grasse : ville d'art et d'histoire de la préhistoire au
XXIe siècle où j'allais me rendre compte du savoir-faire des grassois, de génération en
génération.
Une chambre d'hôtel au boulevard Pasteur était un bon choix, ce fut presque au centre
de la ville. Cela me permettait de commencer mon périple de découverte du trésor floral de
cette cité par la visite de la parfumerie Fragonard, puis suivre l'avenue Pierre Zillet,
Magagnosse pour nous rendre au Château neuf - Grasse. Sur les bords de la route , on pourrait
voir défiler les bougainvilliers et les iris de toutes les couleurs, de toutes les formes, répandant
une sorte de lumière, de transparence dans la brèche entre le ciel bleu serein, l'intellect et les
sentiments qui nous animaient.
Ma compagne et mon amie I.J. était, on ne pouvait plus, heureuse, fière et plus bavarde
que d'habitude. Je la comprenais !
Elle parlait, elle parlait, afin de faire apprécier les parcours, les lieux de visite ou de
promenade.
Ce ne fut qu'en traversant la Banquière ou "Les fleurs de Grasse, de "Blachia" : terre
parsemée de chênes, que je m'aperçus de la beauté, du secret des splendeurs florales de cette
commune.
De l'autre côté, il nous fallait prendre la route de Plascassier jusqu'au lieu dit : Château neuf -
Grasse, lieu quasi mythique, puisqu'il représentait la dernière demeure avant de s'éteindre, de
la célébrissime chanteuse des années cinquante et soixante du siècle dernier : Édith Piaf. Elle y
a vécu ses derniers jours, paraît-il !
Oui, cette chanteuse que je découvris, très tôt, en mon enfance, sur une pochette d'un
33 tours et dont j'entendais la voix interpréter ses succès à la maison de Georges Dubouneau,
patron de mon père dans l'entreprise coloniale française qui exploitait les ressources minières
du Moyen Atlas.
Que des souvenirs !
Le présent me paraissait venir compléter le passé, sans hiatus.
J'étais dans la continuité.
Je ne savais pourtant pas pourquoi je gardais encore ces jours - là, durant mon court
séjour chez mon amie I.J. les mêmes interférences livresques qui m'obsédaient l'esprit en
flânant à travers les bois de la banlieue de Grasse.
Je me rappelais les"Rêveries du promeneur Solitaire" de Jean Jacques Rousseau dans
le vallon des Charmettes que j'avais visité tout au début des échanges interculturels à Annecy.
Je me souvins de cette phrase, entre autres :"(...) j'ai peu vu d'hommes heureux, peut-être
3. point, mais j'ai souvent vu des cœurs contents..."
Ah ! La beauté du site, du bois, du sous-bois, de cette propriété hantée par l'esprit du
grand philosophe et les fleurs comme ici à Grasse, en compagnie de la plus gracieuse des
fleurs entre les fleurs : I.J. Elle ne pouvait être que l'unique et rarissime rose/fleur des champs
dans l'absolu !
Moi, qui faisais ce périple pour découvrir La Fleur ! Il me semblait l'avoir trouvée. Son
nom : tous les noms des fleurs et roses de Grasse. Elle, la gracieuse parmi les grassoises !
Dans mes rêveries solitaires, je pensais aussi à Julien Sorel et son idylle avec Madame
De Rénal, avant d'aller à la conquête de Paris et s'éprendre de la fille du Pair de France,
Mathilde : une autre fleur parmi les fleurs du champs de Mars près de la Tour Eiffel !
Dans mon esprit foisonnaient des images où s'alternaient des phrases de méditation et
de torpeur. Je semblais être transcendé par un chaos nietzschéen qui finissait par m'animer
intensément mais qu'il me fallait désespérément ordonner, sans me laisser perdre dans la
confusion et l'embarras.
J'étais toujours un enfant et j'avais besoin d'un guide pour pouvoir raconter plus tard
une histoire romancée.
J'optai alors pour la simplicité, au contact direct, au rôle de récepteur. Je me préparais
à tout et à rien. Je décidai de laisser "le hasard" faire son travail providentiel.
Il était visible que je me perdais en différentes idées improductives qui me menaient
toujours au questionnement sur l'absurdité et l'absurde de la vie, sur la Candeur de mon esprit,
sur la naïveté de mes décisions.
Mon voyage allait finir trop vite à mon goût !
Je suis venu. Je l'ai vue, ma fleur. Je vainquis ma peur et ma timidité.
Je devais prendre mon envol vers mes terres, mon Bled et mes histoires à ne pas en
finir ! Riche de connaissance, de découvertes, guéri de mon Mal, l'esprit ressourcé, rajeuni de
cœur et de raison, avec surtout une joie de vivre et même très longtemps !
ABDELMALEK AGHZAF,
Ksar Le -Kébir, le 28/03/2014.