[VIEILLESSE SANTE] Rester en forme et indépendant le plus longtemps possible est un défi.
Bien vieillir est avant tout un état d'esprit.
La fameuse "positive attitude", basée sur un alimentation adaptée, se faire plaisir, pratiquer une activité physique et culturelle avec récurrence et envie, conserver voire générer des liens sociaux y compris avec les jeunes générations, penser au bénévolat, avoir des projets.
Vieillir n'est pas une maladie. Certains y voient même une chance lors du passage à la vie de retraité.e : redécouvrir le temps libre et chasser le stress.
1. SANTéUNE PUBLICATION DE L’UNION FÉDÉRALE DES CONSOMMATEURS–QUE CHOISIR
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JUIN 2020
Juin 2020 - N°150 - QUE CHOISIR SANTé 1
Nous vivons plus longtemps, mais cette évolution de l’espérance
de vie ne s’accompagne pas forcément d’une meilleure santé.
À l’heure où un Français sur quatre est âgé de plus de 60 ans,
rester en forme et indépendant le plus longtemps possible est un défi. Il n’est pas toujours
aisé de le relever lorsque les revenus diminuent et que la santé s’étiole. Il existe des
méthodes éprouvées pour bien vieillir, que nous détaillons dans ce dossier : activité
physique régulière, alimentation équilibrée, vie sociale épanouie, etc. Et vous, quelles
sont les vôtres ? Comment les mettez-vous en œuvre ? Vous avez été près de 11000
à répondre à notre questionnaire en ligne, un record !
DOSSIER
Audrey Vaugrente
et Isabelle Bourcier
suite page 4
Vieillir en forme
C’est possible et vous le faites!
2. 4 QUE CHOISIR SANTé - N°150 - Juin 2020
Vieillir en forme
C’est possible et vous le faites !
suite de la page 1
DOSSIER
E
nFrance,2,5millionsdeseniorsnesontpluscapablesd’effec-
tuer certains gestes de la vie quotidienne comme s’habiller,
cuisiner ou sortir de chez soi. C’est peu, si l’on compare
aux 17 millions de plus de 60 ans qui conservent leur
autonomie. Certes, nous vivons plus longtemps, mais
l’espérancedevieenbonnesantén’évoluepasaumême
rythme. L’enjeu, c’est de rester en forme avec l’âge.
Nous étions curieux de savoir ce que vous, lecteurs
despublicationsdeQueChoisir,faitespouryparvenir
et nous vous avons interrogés par le biais d’un ques-
tionnaire Internet. Vos réponses à cette enquête ont
été très nombreuses (10 985), parfois vives, preuve
quelesujetpassionne.Pourgardersonindépendance
le plus longtemps possible, il faut s’y prendre tôt. Le but ? Éviter
les maladies chroniques qui favorisent la perte d’autonomie et
développer de bonnes habitudes. Il n’est jamais trop tard pour
les adopter, en les aménageant selon son âge et son état de santé.
SOIGNER
SON ALIMENTATION
Si une alimentation équilibrée est nécessaire à tout âge, cela est
encoreplusvraiaprès65ans.Quelqueschangementsonttendance
à se produire dans les habitudes alimentaires des seniors, condui-
santparfoisàunemalnutrition.Lemanquedeprotéinesdoitattirer
l’attention, car la viande est souvent délaissée sans être remplacée
par d’autres sources de protéines comme les légumineuses (voir
Q.C. Santé n°135, février 2019). Les recommandations officielles
fournissent de bons repères. Des programmes combinant alimen-
tation et exercice ont également fait leurs preuves. La prise de
compléments alimentaires est réservée à des cas spécifiques.
Quand consulter un spécialiste ?
Selon vos réponses à notre
enquête, il faut commen-
cer à se préoccuper de son
vieillissement vers 56 ans.
L’estimation est plutôt juste.
«La période clé du bien-vieillir
est 50 ans, confirme le spé-
cialiste Grégory Ninot. Il est
encore temps d’agir sur les
facteurs de risque et d’obtenir
des bénéfices importants.»
Mais alors, quand le gériatre
doit-il intervenir ? En réalité, la
consultation dépend surtout
de l’état de santé de chacun.
Elle est utile lorsque des pre-
miers troubles liés à l’âge se
présentent (troubles cognitifs,
de la marche, maladies
neurodégénératives) ou pour
repérer des maladies dont les
symptômes ou le traitement
changent avec l’âge. Le
gériatre joue aussi un rôle de
prévention pour le dépistage
ou le suivi des maladies.
C’est pour cela qu’il coor-
donne le suivi pluridisci-
plinaire parfois nécessaire
pour freiner l’évolution des
pathologies et prolonger les
années de vie agréables.
QUELQUES SOLUTIONS
> Garder un poids de forme. Les besoins alimentaires ne se
réduisent pas avec l’âge, mais l’appétit, lui, peut diminuer. Rester
attentifàsonpoidsestdoncimportant.Vousêtesnombreuxàvous
préoccuperd’unesurchargepondérale.Pourtant,lamaigreurestle
principaldanger,carellefaitlelitdecertainescomplications(chutes,
dépendance, maladies nosocomiales, etc.). L’État de Victoria en
Australie, auteur d’une documentation complète sur la question,
conclutqu’après65ans,ilvautmieuxs’inquiéterd’une
éventuelle dénutrition que d’un surpoids.
> Éviter la malnutrition et les carences. Manger
varié et équilibré permet de se prémunir de troubles
liésàl’âge.Ilfautavoirdesapportssuffisantsenfruits,
légumes, protéines (végétales ou animales) et fécu-
lents. Les répartir sur l’entrée, le plat et le dessert
peut faciliter la tâche. D’après vos réponses à notre
enquête, vous atteignez plutôt bien l’objectif et vous
voussouciezdemangersain.Solange,72ans,n’ajoute
plusdesucredanssesyaourtsetn’achèteplusd’alimentstransfor-
més : « Flexitarienne, je mange de la volaille et du poisson une
ou deux fois par semaine, des œufs, du soja, des légumineuses et
surtout des fruits et légumes que j’achète à un producteur bio. »
> Continuer de se faire plaisir. Pour parvenir à manger sain,
rien n’égale le plaisir que procure l’assiette. Dans ce domaine, les
astuces ne manquent pas : épicer ses plats, jouer sur les textures,
varier les modes de cuisson, etc. Cueillir soi-même ses fruits et
ses légumes rend également la cuisine plus ludique. Vous êtes
d’ailleurs nombreux à cultiver votre jardin depuis votre départ
en retraite, ce qui renforce le plaisir des repas et aide à manger
de saison. «J’achètedésormaismesproduitssurlemarchélocal»,
raconte un sexagénaire.
> Se faire porter ses repas. Plusieurs interventions ont été
réalisées pour évaluer l’intérêt d’une aide aux repas pour des
personnes de plus de 60 ans isolées, en mauvais état de santé ou
cuisinant peu. Cette assistance était parfois gratuite. Elle a permis
de réduire l’isolement des personnes tout en améliorant la qualité
nutritionnelle de leurs apports alimentaires et leur qualité de vie.
enquête lecteurs
72%
pensent qu’une
alimentation
équilibrée et adaptée
à ses besoins
est importante
pour bien vieillir
3. Juin 2020 - N°150 - QUE CHOISIR SANTé 5
CONTINUER DE BOUGER
RÉGULIÈREMENT
L’activitéphysiqueestrégulièrementdécritecommeunformidable
médicament. Il y a du vrai dans cette affirmation. Elle participe à
maintenir la densité osseuse et musculaire, la souplesse et l’endu-
rance,àpréserverl’équilibreainsiquelaconfianceensoi.Unautre
bénéfice, souvent ignoré, est celui sur la santé mentale. L’exercice
aide à lutter contre la dépression et l’anxiété. « Le yoga ou le taï-chi
ont des vertus sur l’introspection et le plaisir à vivre au quotidien,
illustre Grégory Ninot, professeur à l’université de Montpellier et
spécialisé dans l’évaluation des interventions non médi-
camenteuses. L’activité physique présente des bénéfices
prouvésparlascience,àconditiondenepaslapratiquer
n’importecomment,n’importeoùetàn’importequelâge.»
QUELQUES SOLUTIONS
> Atteindre l’objectif quotidien. Après 65 ans, il est
recommandé de pratiquer au moins 30 minutes par jour
d’exercice d’intensité modérée, 5 jours par semaine.
Danielle, 61 ans, relate : « Parisienne sans voiture, je marche
trois quarts d’heure à un rythme qui me fasse transpirer environ
5 jours par semaine. » Idéalement, cette activité d’endurance est
àcompléterpardesexercicesderenforcementmusculaire,desou-
plesse et d’équilibre, aux bénéfices complémentaires. Leur nature
est variée : la danse, par exemple, se montre assez prometteuse
pour favoriser l’endurance et diminuer la peur de chuter.
> Adapter l’activité à son état. L’exercice physique recouvre
une réalité parfois très simple si on l’adapte à son âge ou à son
état de santé. Saviez-vous que jardiner, faire le ménage ou monter
les escaliers comptent comme une activité ? Dans vos réponses,
les options peuvent être originales. « J’ai adopté un chien pour
sortir tous les jours avec lui, faire de longues marches en forêt
ou dans la campagne », nous confie ainsi une lectrice retraitée.
S’adonner à la pétanque ou se balancer d’un pied sur l’autre dans
unefiled’attentetravaillentl’équilibre. Envousbrossantles dents,
pourquoi ne pas effectuer quelques montées de genou ?
> Rester régulier. L’activité physique est bénéfique si elle est pra-
tiquée régulièrement, ce qui peut s’avérer difficile. « Changer un
comportementdemandequ’ilsoitlemoinscoûteuxpossible,carla
personne mettra en balance ce coût avec les bénéfices », explique
Nadine Cotton, psychologue de la prévention. Il faut donc garder
en tête, avant de choisir une activité, que plus elle exigera un effort
mental, financier ou physique, plus le risque d’abandon est grand.
« Beaucoup de gens commencent une activité physique mais ne
vont pas jusqu’au bout. Si un centre propose une activité près de
chezsoi,àuncoûtaccessible,ilyadeschancesquecelafacilitela
démarche, souligne-t-elle. Pratiquer en groupe a aussi tendance
à faciliter la poursuite des activités. »
> Garder sa motivation. L’autre clé de la régularité, c’est de
rester motivé. Pour cela, il faut savoir être modeste : les objectifs
trop ambitieux augmentent le risque d’échec, donc d’abandon. La
reprise doit être progressive, et le seuil d’exigence s’élévera peu à
peu.Etsiuneactivitévousdéplaîtvraiment,essayez-en
une autre ! Les activités sont assez nombreuses pour
que vous trouviez chaussure à votre pied. « J’ai testé
le sport en salle, le yoga, le pilates, et ces activités ne
m’ontrienapporté.Ellesnefaisaientqu’augmentermes
douleursmusculairesetmeculpabilisaient,sesouvient
l’un de nos lecteurs. J’aienfindécouvertl’aquagymet
j’éprouve un réel bien-être à m’y rendre. »
> Bougeons-nous assez ? Selon une enquête de
Santé publique France, 72 % des hommes et 58 % des femmes de
55-74 ans bougent suffisamment. Bonne nouvelle, c’est davantage
que les autres classes d’âge. Mais il est possible de faire mieux. Ce
goût pour l’activité se reflète bien dans vos déclarations. En tête
de vos loisirs : la randonnée (56 %) et le jardinage (42 %). Les
autres activités sportives ne sont pas en reste puisque vous êtes
28 % à citer des disciplines psychocorporelles (yoga, taï-chi, etc.),
et 25 % d’autres activités sportives.
LUTTER CONTRE
L’ISOLEMENT
La solitude, et son versant aggravé qu’est l’isolement, représente
un vrai problème pour les personnes âgées. 300 000 seniors ne
voient pas régulièrement leur famille, leurs voisins, leurs amis
selon l’association Les Petits Frères des pauvres. Cette « mort
sociale » touche, en nombre de personnes, l’équivalent de la
ville de Nantes… Dans notre questionnaire, 7 % des répondants
ne connaissent presque personne autour de chez eux et 4 % ne
peuvent compter sur personne en cas de problème. Voilà qui
Être vieux, ça commence quand ?
À quel âge devient-on
vieux ? À en croire nos
lecteurs, une grande partie
de la réponse réside dans
la façon dont on vit son âge.
La moitié d’entre vous esti-
ment qu’on est vieux après
80 ans. Mais cette question
a soulevé un débat. « Bien
vieillir est avant tout un
état d’esprit », avance un
lecteur sexagénaire. Cela
« dépend beaucoup de la
façon dont on se représente
le vieillissement », complète
une quinquagénaire, qui
estime qu’« il est nécessaire
de déconstruire les idées
reçues péjoratives sur le
vieillissement ».
Selon un sondage réalisé
pour Harmonie Mutuelle,
on devient vraiment âgé
lorsqu’on a besoin d’aide
dans sa vie quotidienne,
quand on perd une partie
de ses facultés intellec-
tuelles ou physiques ou
encore lorsqu’on entre en
maison de retraite. Devenir
vieux est donc étroitement
lié au fait de bien vieillir. Ce
que vous nous confirmez.
Deux critères ressortent
nettement de notre enquête
lecteurs : rester en bonne
santé le plus longtemps
possible (61 %) et être
autonome et indépendant
(58 %). Ils figurent loin
devant les autres réponses
(continuer à avoir une vie
sociale, ne pas avoir de
soucis financiers, etc.).
enquête lecteurs
55%
estiment que
l’activité physique
aide à vieillir
en bonne santé
4. 6 QUE CHOISIR SANTé - N°150 - Juin 2020
explique le sentiment de solitude quotidien (2 %) ou récurrent
(13 %) que ressentent certains lecteurs. « À état de santé équi-
valent,unepersonnequisesentisoléevieilliramoinsbienqu’une
personne qui ne se sent pas isolée », indique Nadine Cotton. Être
bien entouré, et se sentir bien entouré, c’est donc essentiel. À la
fois pour l’estime de soi et le sentiment d’être utile, mais aussi
afin de préserver sa santé physique.
QUELQUES SOLUTIONS
> Maintenir du lien après la retraite. « Les sentiments d’uti-
lité, d’autonomie, de pouvoir sur sa vie sont des déterminants
essentiels, explique Nadine Cotton. Silaretraiteestmalpréparée,
cela peut poser problème. » Ne plus voir ses collègues, perdre
un rythme de vie quotidien sont autant de change-
mentsmajeurs.C’estunepériodecharnière.Pourune
lectrice, la retraite est « la fin de nombreux projets.
Nous sommes définitivement sortis d’un cercle dans
lequel on n’ira plus ». Mais un retraité ne devient pas
invisible pour autant. Cultiver des relations en dehors
du cercle professionnel est un premier pas afin de
maintenir une vie sociale au moment de la retraite.
Fairelepointenamontestégalementconseillé:quels
sontvosprojetsetcommentlesmettreenœuvre?Ces
questions permettront de s’assurer que les moyens (physiques,
mentaux, financiers) sont présents pour pouvoir les mener à bien.
> Et si on déménage ? Que ce soit pour aller au soleil ou renouer
avecsesracines,changerdelogementaprèslaretraiteestunprojet
courant. Avec le risque de se couper de ses attaches précédentes :
activités régulières, connaissances proches ou de voisinage, etc.
Pour créer du lien, il suffit de regarder autour de soi: «Lequartier
est un bassin de vie, rappelle Nadine Cotton. Il ne faut pas hésiter
àcherchercequiyexiste,voiravecl’assistantesocialeoulecentre
social ce qui est proposé. » De plus en plus d’activités, physiques
ou de loisir, sont mises en place pour les publics âgés. « Le plus
difficile,c’estdepoussercetteporteetdeseconvaincrequ’onatout
à y gagner », souligne la psychologue de la prévention.
> Privilégier les activités de groupe. Choisir des loisirs qui se
pratiquent à plusieurs est un bon moyen pour ne pas rester isolé.
« Je pense que je vais entrer dans un club de marche ou faire du
longe-côte [marche dans la mer] », nous écrit une lectrice qui
craint la solitude au moment de la retraite. Les activités sportives
sont, en effet, une solution, sans négliger pour autant
les activités créatives ou ludiques en groupe. Ainsi
par exemple, 15 % des personnes ayant répondu à
notre questionnaire font des sorties culturelles ou
gastronomiques avec des amis.
> Penser au bénévolat. Serendreutileenrejoignant
une association militante est une autre façon de sortir
de l’isolement. « Les retraités peuvent perdre le senti-
mentdecontribueràquelquechose,expliqueNadine
Cotton. L’idéal est de continuer à se sentir utile. C’est
pourquoitantderetraitéssetournentverslebénévolat.»Çan’est,
biensûr,paslaseuleoption.Différentesactionssontpossibles.«Je
suissecrétaireetconseillerdelaparoisseprotestantequiregroupe
plus de 500 personnes. Je visite également les personnes isolées
dansdeuxEhpad»,rapporteainsiChristian,80ans.Adhéreràune
association pour soutenir une cause, s’engager dans une épicerie
sociale et solidaire, tenir une permanence en médiathèque ou
rejoindre une association locale de l’UFC-Que Choisir sont autant
de moyens de rencontrer de nouvelles personnes.
STIMULER SON CERVEAU
TOUS LES JOURS
Dernièreactionpossiblepourfavoriserunvieillissementenforme:
ne pas cesser d’exercer son cerveau. Pour la moitié d’entre vous,
se cultiver aide à bien vieillir. Il est vrai que les activités culturelles
encadréesontmontrédesrésultatsprometteurspourprévenirles
chutes, la dépression ou l’anxiété en stimulant la confiance en soi
et la qualité de vie. Des contacts fréquents avec les générations
plus jeunes ont aussi des effets bénéfiques.
QUELQUES SOLUTIONS
> Continuer d’apprendre. Faire des sorties culturelles ou artis-
tiques, jouer avec les mots tous les jours, vous êtes nombreux à
exercervotremémoireetvotrecuriositédemillefaçonsdifférentes.
Ressources utiles
> Le site La fabrique à menus fournit des idées de plats
pour la semaine.
> Pour bien vieillir est un site géré par Santé publique
France et les caisses de retraite. Il dispense divers conseils
aux seniors dès la retraite : trouver une activité physique
adaptée, stimuler son cerveau, maintenir ses relations
sociales… ainsi que des adresses proches de son domicile.
> L’association Générations Mouvement fédère de
nombreuses associations de retraités. Celles-ci proposent
différentes activités à leurs adhérents, notamment des
voyages et des sorties, ainsi que des actions vers les plus
fragiles et les jeunes.
> Le site Observatoire des seniors, créé par un groupe
privé, recense l’actualité concernant les seniors ainsi que
certaines initiatives originales.
> L’association des Petits Frères des pauvres lutte
contre l’isolement et la solitude des personnes âgées. Elle
intervient également en Ehpad.
enquête lecteurs
66%
jugent que la vie
sociale, affective
ou amoureuse
est essentielle
pour bien vieillir
Vieillir en forme
C’est possible et vous le faites !
5. Juin 2020 - N°150 - QUE CHOISIR SANTé 7
À en croire l’adage, la
vieillesse est un naufrage.
En répondant à notre
questionnaire, vous avez
exprimé un avis radica-
lement opposé. Vous êtes
93 % à bien vivre votre âge.
Un bon point quand on sait
que ce paramètre est asso-
cié à des années de vie en
plus dans plusieurs études.
Être vieux et heureux, ça
n’a rien d’un scoop. De
nombreuses enquêtes ont
montré que la satisfaction à
l’égard de la vie connaît une
courbe en U, avec un creux
vers 45 ans (voir courbe ci-
contre). Cette même courbe
s’observe vis-à-vis du bien-
être général.
Une vie nouvelle
Comment expliquer ce
regain de bonheur vers la
soixantaine ? « Beaucoup
de seniors sont heureux
car c’est une nouvelle vie
qui démarre, avec des
états de forme parfois
spectaculaires », analyse
Grégory Ninot, spécialisé
dans les interventions non
médicamenteuses. Certes,
le corps grince un peu plus
et n’est plus aussi vif. Mais
la retraite offre davantage
de temps pour les loisirs,
pour s’ouvrir à de nouveaux
centres d’intérêt, pour
être en compagnie de ses
proches. Vous êtes d’ailleurs
nombreux à nous décrire un
quotidien animé : activités
sportives, bénévolat, garde
des petits-enfants, etc.
« J’ai une femme aimante,
je suis impliqué dans
plusieurs associations,
j’écris pour ma troupe de
théâtre, pour le bulletin
municipal », nous confie
ainsi un lecteur sexagénaire.
Aller à l’essentiel
Des études montrent
qu’avec l’âge, le stress cède
bien souvent la place à
l’optimisme. « On se moque
plus des conventions et du
paraître, on va à l’essentiel.
Le cercle d’amis se restreint,
mais on se rapproche de
personnes qui nous font du
bien. C’est une étape de la
vie qui est beaucoup plus
agréable », confirme Nadine
Cotton, psychologue de la
prévention. Lors de tests de
mémoire, les seniors ont été
moins performants, mais
aussi moins distraits par les
images négatives. D’autres
travaux ont confirmé que
les plus âgés sont plus
optimistes et prêtent moins
d’attention aux émotions
négatives. Et cela parfois
malgré la maladie. « Si l’on
s’investit dans sa santé,
on peut avoir un vrai
épanouissement, confirme
Grégory Ninot. Cela revient
à être maître de son véhi-
cule, se sentir acteur. La
maladie n’est d’ailleurs pas
un frein à la longévité. »
BONHEUR Ce que l’on gagne avec les ans
Prendre de l’âge est souvent perçu de manière négative, mais cela n’a pas que des mauvais aspects.
À bien des égards, vieillir est une chance et présente des avantages.
LES SENIORS SONT LES PLUS HEUREUX
Satisfaction en fonction de l‘âge (Indice sur 100)
75 74
65 63
73
82
86
79
84
15-24
ans
25-34
ans
35-44
ans
45-54
ans
55-64
ans
65-69
ans
70-74
ans
75-79
ans
≥80
ans
Source : « Les seniors aujourd’hui en Europe », enquête réalisée
en 2018 par Ipsos pour la Fondation Korian pour le bien-vieillir.
«Lecorpssansespritn’estqu’unecoquillevide,estime France, une
lectrice de 72 ans. Il me paraît donc important de me nourrir
d’activitésculturelles(cinéma,théâtre,musée ouautres)etsociales,
en rencontrant des gens, en jouant au Scrabble. » C’est un bon
réflexe,quis’avèreplutôtprotecteur.Continueràacquérirdenou-
velles compétences est également recommandé pour
maintenir les fonctions cognitives. « Je fais partie d’un
atelier cuisine au centre social et j’ai réalisé des livres
de cuisine sur un logiciel que nous imprimons. J’en ai
aussifaitdeslivresaccessiblesenligne.Bref,jem’efforce
d’êtrelepluspossiblesurordinateurpourfairetravailler
mes méninges », nous écrit une lectrice sexagénaire.
> Avoir des projets. Loin d’être une fin, la retraite
est plutôt une transition vers un autre mode de vie.
Hors de question, donc, d’abandonner tout projet. Certains sont
ambitieux, comme celui de ce lecteur qui nous écrit avoir engagé
des travaux de restauration dans une « vieille et noble demeure »
afin d’en faire une maison d’hôtes. Marie, elle, s’est attelée à
rassembler les mémoires de sa famille. «J’aitoujoursaiméécrire
etj’aigardémesécritspersonnels.Jesuisalléevoirmesfrèresaînés
pourqu’ilsmeracontentcommentétaitlavie.Puisj’airessortiles
vieux courriers, les cahiers d’école. À partir de ces mots, je vais
rédiger un texte pour mes enfants et mes petits-enfants. » Tous les
projets,qu’ilssoientgrandsoumodestes,permettentdemaintenir
un certain dynamisme et de cultiver l’estime de soi.
> Fréquenter les jeunes générations. Que ce soit par
l’habitat intergénérationnel (en hébergeant des étu-
diants, par exemple), par des cours de soutien ou des
interventions dans des écoles, rester en contact avec
les plus jeunes est bénéfique. «Jerecrutedeslocataires
dansmeschambres.Ilsm’apportentdelajeunesseetdes
informations sur la vie active », nous confie ainsi un
lecteur septuagénaire. Pour Chantal, fréquenter les
jeunes générations, c’est aussi se stimuler soi-même
: «Entraîneusesportive,jedissouventquesimamieChantalpeut
le faire, tout le monde peut le faire ! Ce qui m’oblige à être un
bon exemple et à me secouer quand je n’ai pas la pêche. » De
fait, plusieurs études ont montré que de tels échanges favorisent
chez les plus âgés la confiance en soi, l’habileté sociale, mais aussi
l’apprentissage de nouvelles compétences ! n
enquête lecteurs
50%
considèrent
qu’il faut se
cultiver pour vieillir
en forme