L’opération les Chênes, trophées de l’entreprise familiale 2014 qui débutent ces jours-ci est l’occasion d’aborder une question qui est souvent source de trouble dans l’entreprise et particulièrement s’agissant des entreprises familiales : l’amour au travail, la place de la femme dans le triangle amoureux entreprise-homme-femme.
Colloque sur le cumul de responsabilité personne physique et personne morale
Quid de l'amour au travail quand entreprise rime avec famille ?
1. L
’opération les Chênes, tro-
phées de l’entreprise fami-
liale 2014 qui débutent ces
jours-ci est l’occasion d’aborder
une question qui est souvent
source de trouble dans l’entre-
prise et particulièrement s’agis-
sant des entreprises familiales :
l’amour au travail, la place de la
femme dans le triangle amou-
reux entreprise-homme-femme.
Si le droit du travail envisage
essentiellement la notion de
couple selon la frontière vie
privée-vie professionnelle, qu’advient-il du
couple lorsque cette frontière est absente,
parce que les cercles de la famille et de
l’entreprise s’entremêlent dans l’entreprise
familiale ?
La question du couple
soulève alors le sujet
de l’association, ou
non, du conjoint au projet
familial qu’incarne l’en-
treprise. Dans ce contex-
te, la question du conjoint
suscite beaucoup de cris-
pations, pouvant être à l’origine de conflits si
graves qu’ils conduisent l’entreprise à sa perte.
Le sujet des familles recomposées, toujours
difficile à appréhender dans sa dimension émo-
tionnelle et affective, se double ici d’une di-
mension actionnariale et patrimoniale qui peut
conduire à des conflits d’une grande violence,
dont la presse se fait régulièrement l’écho.
Traditionnellement pourtant, c’est souvent
au sein d’un ou plusieurs couples que se
jouait le destin de ces entreprises, la gestion
étant presque toujours confiée au(x) gendre(s)
du fondateur en l’absence d’héritier masculin.
Aujourd’hui, les filles accèdent plus facilement
à la direction des entreprises familiales, et la
question du conjoint se transforme. Doit-on le
considérer comme une « pièce
rapportée » ou une « valeur
ajoutée » ?
Les avis divergent. Certaines
familles érigent en principe de
ne pas associer les conjoints
au projet familial, allant jusqu’à
prévoir la séparation des biens
dans les contrats de mariage
de leurs enfants. D’autres
jugent au contraire qu’amour
rime avec partage, et asso-
cient ainsi les conjoints à
l’entreprise. Lorsque la famille
a atteint le stade de la « confédération de cou-
sins », certaines n’admettent comme action-
naires que les héritiers directs des fondateurs,
d’autres sont plus tolérantes…
À l’instar des grands
groupes, les entreprises
familiales sont confrontées
à la gestion des couples à
double carrière. Mais elles
sont mieux à même de
tourner le phénomène à
leur avantage. J’ai ainsi
rencontré récemment une
entreprise en région, qui me disait avoir
systématisé le recrutement de couples pour
renforcer l’implantation locale. Une initiative à
méditer ?
Finalement, il faut souligner qu’au-delà de
l’espace de liberté offert par le principe de
protection de la vie privée, les entreprises
familiales offrent un cadre en principe propice
à l’épanouissement du couple, puisqu’elles se
caractérisent par le chevauchement du cercle
de l’entreprise avec celui de la famille. Mais ce
cadre apparemment séduisant peut aussi se
révéler aliénant, précisément parce qu’il
peut parfois aboutir à l’abolition de toute vie
privée… Les entreprises familiales ne sont
pas à un paradoxe près !
Cette semaine
g Jacques Salès ajoute
son nom à Testu, Hill,
Henry-Gaboriau (p2)
g Trois cabinets sur
l’OPAS de Société Générale
sur le capital de Bourso-
rama (p3)
g EDF et Veolia trou-
vent un accord au sujet
de Dalkia : deux cabinets
sur le dossier (p4)
g Dominique Piau : « La
sollicitation personnalisée
vise à protéger les usagers
d’un démarchage agressif »
(p5)
Quid de l’amour au travail, quand entreprise rime
avec famille ?
Point de vue
« L’ignorance coûte plus cher que l’information »
John F. Kennedy
“La question du conjoint sus-
cite beaucoup de crispations
pouvant être à l’origine
de conflits si graves qu’ils condui-
sent l’entreprise à sa perte
”
101
C’est le nombre d’intro-
ductions en bourse qui
ont eu lieu dans le monde
en janvier 2014, soit le
mois le plus actif depuis
10 ans.
Source : EY Global IPO
Trends: Q1 2014
La Lettredes juristes d’affaires
31 mars 2014 - N°1155 - Chaque lundi depuis 1990 - ISSN 1143-2594
g Par Valérie Tandeau de Marsac, Avocat spécialiste des entreprises familiales
et Fondatrice et Présidente de Voxfemina, Paroles d’experts au féminin