2. Synopsis
0 Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un
service d’Urgences proche de l'asphyxie le soir d'une manifestation
parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant
blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés
de chacun. À l'extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit
fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…
3. Entre documentaire
et fiction
Pour le couple de Raf et Julie, Catherine
Corsini s’est inspirée de ce que son
couple avec la productrice Elisabeth
Perez avait traversé lors de cette nuit du
1er décembre 2018 aux urgences.
« Je me suis rendue compte au final que
le film se situait toujours entre
documentaire et fiction. Ce n’est pas par
narcissisme que j’expose ma cellule
familiale. Cela me permet de raconter
des choses politiques, comme le fait que
mon beau-fils a une seconde maman qui
n’a pas de droits. »
Le film est aussi une manière pour elle
de se mettre dans une position
inconfortable : « Je ne pouvais pas
m’identifier à un Gilet jaune, ni à une
infirmière mais je pouvais parler d’eux à
partir de la place que je me donnais dans
le film. »
4. Les Gilets jaunes
Pour le personne de Yann, Catherine
Corsini s’est beaucoup inspirée du
documentaire Classes moyennes, des
vies sur le fil de Frédéric Brunnquell,
réalisé bien avant le mouvement des
Gilets jaunes, qui raconte « comment
des gens peuvent être aspirés après la
perte d’un emploi. Leurs vies étaient à
peu près tenables financièrement et
tout d’un coup, ils se sont vu basculer. »
Elle s’est aussi nourrie du podcast de
France Culture, Les Pieds sur terre : «
Des témoignages bouleversants de gens
venus manifester avec beaucoup de
candeur et qui ont été abîmés par des
tirs de grenades et de LBD… J’ai
éprouvé un grand sentiment
d’empathie. On sentait qu’ils n’étaient
ni des casseurs, ni des fous hystériques
voulant faire la peau de Macron. »
5. L’hôpital Lariboisière
0 C’est après avoir passé la nuit du 1er décembre 2018 aux Urgences de
l’hôpital Lariboisière suite à une chute que Catherine Corsini a eu l’idée
de faire d’un hôpital la clé d’entrée du film, permettant de le faire
résonner avec le climat social ambiant.
0 « Après avoir vécue cette expérience, je me suis dit que cette arène des
Urgences était le lieu idéal pour raconter ce qui me préoccupait. Plonger
un couple de femmes d’un milieu social aisé dans cet endroit pouvait
donner lieu à des échanges, des confrontations, et rendre compte des
contrastes et des fractures de la société. »
6.
7. De véritables soignants
0 Catherine Corsini désirait
travailler avec de vrais
soignants. Malgré la période
de confinement, la directrice
de casting Julie Allione a reçu
300 réponses.
0 Les candidats ont été vus par
groupes pour évoquer
l’actualité et leurs conditions
de travail, encore plus
dégradées par le contexte
sanitaire.
0 « On a ensuite procédé par
éliminations progressives et
gardé ceux qui étaient le plus
authentique dans le jeu.
Travailler avec de vrais
soignants m’a permis d’être
toujours juste », selon la
réalisatrice.
8. La réalisatrice: Catherine Corsini
Après une enfance passée en Seine-et-Marne, Catherine Corsini monte à Paris à 18 ans
pour devenir comédienne. Elève d'Antoine Vitez et Michel Bouquet au Conservatoire, elle
se découvre peu à peu un goût pour l'écriture et devient scénariste tout en réalisant
quelques courts métrages en en travaillant pour le théâtre. En 1987, Catherine Corsini
signe son premier long métrage, Poker, un film noir avec Caroline Cellier. Elle travaille
ensuite pour le petit écran, réalisant notamment le très remarqué Interdit d'amour, avec
Nathalie Richard en mère violente. L'actrice est l'héroïne de son deuxième long Les
Amoureux, subtile étude d'une relation frère/soeur dans une ville de province étouffante.
La critique salue la justesse de ton de cette chronique présentée à Cannes dans la section
Cinémas en France en 1994.
14. Cannes 2021 -
Catherine Corsini
reçoit la Queer Palm
pour La Fracture
0 Emue, Catherine Corsini a
déclaré, en recevant ce prix :
"Dans le film, l’homosexualité est
un sujet et en même temps n’en
est pas un car il est intégré, en
déjouant les préjugés. C’est
merveilleux d’être récompensée
pour cela." La réalisatrice
succède à une autre, Céline
Sciamma, qui avait reçu la Queer
Palm lors du précédent festival
de Cannes, en 2019, pour
Portrait de la jeune fille en feu.
15.
16. « La fracture est un grand film, il bénéficie d'un script indiscutable,
d'un rythme d'enfer, d'un humour toujours présent malgré le stress
des situations
c'est un film indispensable sur l'hôpital, sur notre société divisée
c'est une ode à l'humanité, au dialogue, à l'amour »
Jean L. Allociné
17.
18. « Avec son onzième long métrage, La Fracture, sur la rencontre tragi-comique, lors
d’une nuit électrique aux urgences, entre un couple de femmes proche de la rupture et
un Gilet jaune blessé par la police, Catherine Corsini consolide son statut de réalisatrice
qui compte. Et surprend à chacun de ses films. Depuis Poker, en 1988, jusqu’au
splendide Un amour impossible (2018) adapté de Christine Angot, en passant par la
comédie acide (La Nouvelle Ève, 1999), le drame fugueur (Partir, 2009) ou la chronique
féministe d’un amour lesbien dans les années 1970 (La Belle Saison, 2015), la cinéaste
a toujours filmé des héroïnes admirables d’insolence ou de combativité. »
Télérama