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IBEA
Institut de Biologie et d’Écologie AppliquĂ©e
U.C.O.
Établissement d’enseignement supĂ©rieur privĂ©
3, place André Leroy
49008 Angers
Chambre d’Agriculture du
Maine et Loire
POLE ENVIRONNEMENT
14, avenue Jean Joxé
49100 Angers
Etude de la biodiversité fonctionnelle dans des
agroécosystÚmes du Maine-et-Loire
Soutenu par
THEBAULT David
Rapport de stage
Master 2
Ecologie des Ressources Naturelles et DĂ©veloppement Durable (ERNDD)
Mars/Août 2014
Nom du maĂźtre de stage : Ambroise BĂ©cot
Nom du tuteur : Didier Georges
Ce rapport a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© en Century Gothic, taille 10, qui Ă©conomise 30% d’encre Ă 
l’impression par rapport à une police classique
CHARTE DE NON PLAGIAT
Protection de la propriété intellectuelle
Tout travail universitaire doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© dans le respect intĂ©gral de la propriĂ©tĂ© intellectuelle
d’autrui. Pour tout travail personnel, ou collectif, pour lequel le candidat est autorisĂ© Ă  utiliser
des documents (textes, images, musiques, films etc.), celui-ci devra trÚs précisément signaler
le crĂ©dit (rĂ©fĂ©rence complĂšte du texte citĂ©, de l’image ou de la bande-son utilisĂ©s, sources
internet incluses) à la fois dans le corps du texte et dans la bibliographie. Il est précisé que
l’UCO dispose d’un logiciel anti-plagiat dans dokeos.uco.fr, aussi est-il demandĂ© Ă  tout
Ă©tudiant de remettre Ă  ses enseignants un double de ses travaux lourds sur support
informatique.
Cf. « PrĂ©vention des fraudes Ă  l’attention des Ă©tudiants »
Je soussigné(e), 



















., étudiant(e) en




















m’engage à respecter cette charte.
Fait à 













..




, le













..
Signature :
Remerciements
Tous mes remerciements à Monsieur Ambroise Bécot, chargé de mission biodiversité
au pĂŽle territoire et dĂ©veloppement durable de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire
et Ă  Madame Virginie Guichard, responsable de ce pĂŽle pour l’intĂ©rĂȘt et la confiance portĂ©s
Ă  mon Ă©gard durant ces six mois de formation.
Je remercie tout particuliĂšrement Monsieur Julien PĂ©tillon, enseignant-chercheur Ă 
Rennes 1, pour ses prĂ©cieux conseils et m’avoir accueilli dans ses locaux lors de
l’identification et l’analyse statistique des araignĂ©es.
Je remercie Ă©galement, tous les agriculteurs du rĂ©seau ARBRE qui m’ont accueilli,
accompagné et donné de leurs temps pour me transmettre leurs conseils, expériences et
connaissances, mais aussi l’ensemble du personnel de la chambre d’agriculture pour leur
accueil chaleureux et sympathique.
Je remercie mon tuteur, Monsieur Didier Georges, pour ses conseils quant Ă 
l’organisation de ce rapport.
Merci enfin aux Ă©tudiants en Master 2 de Rennes, pour leur bonne humeur sans faille,
leur soutien et leur sympathie.
À Ambroise BĂ©cot, Marion et AngĂ©lique, merci pour vos multiples relectures et conseils
pour la rédaction de ce rapport.
Table des matiĂšres
Introduction ................................................................................................ 1
Présentation de la structure..................................................................... 4
1. Organisation......................................................................................... 4
2. Une répartition territoriale des missions ........................................... 4
Chapitre 1 : Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB) ............ 5
1. Matériel et méthode .......................................................................... 5
2. RĂ©sultats ................................................................................................ 6
3. Discussion et Conclusion.................................................................... 7
Chapitre 2 : Etude des communautĂ©s d’araignĂ©es dans des
agroécosystÚmes ...................................................................................... 9
1. Matériel et méthode .......................................................................... 9
1.1 Sites d’études et choix des parcelles............................................................. 9
1.2 Dispositif expérimental.................................................................................... 10
1.2.1 PĂ©riode...........................................................................................................................................10
1.2.2 PiĂšges barbers ..............................................................................................................................11
1.3 Données locales et paysagÚres ................................................................... 12
1.4 MĂ©thode d’identification .............................................................................. 13
1.5 Base de données ............................................................................................ 13
1.6 Analyses des données.................................................................................... 13
1.6.1 Présentation générale des prélÚvements...............................................................................13
1.6.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique
agricole (conventionnelle / biologique) ..............................................................................................14
1.6.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es..........................16
2
THEBAULT David
2. RĂ©sultats : ............................................................................................ 16
2.1 Présentation générale des prélÚvements................................................... 16
2.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de
pratique agricole ....................................................................................................... 17
2.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es ......................................17
2.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s
d’araignĂ©es ................................................................................................................................................21
2.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es25
3. Discussion............................................................................................ 28
3.1 Présentation générale des prélÚvements................................................... 28
3.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de
pratique agricole (conventionnelle / biologique)................................................ 29
3.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es ......................................29
3.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s
d’araignĂ©es ................................................................................................................................................29
3.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es31
4. Conclusion.......................................................................................... 33
Bibliographie............................................................................................. 34
Sites web consultés .................................................................................................... 35
Annexes.......................................................................................................A
Annexe 1 : Descriptions des quatre protocoles de l’OAB .................................... A
Annexe 2 : Liste des 86 espĂšces identifiĂ©es dans l’étude...................................... E
1
THEBAULT David
Introduction
Il existe de nombreuses définitions de la diversité biologique ou biodiversité. La
définition la plus communément admise, est : « la variabilité des organismes vivants de toute
origine y compris, entre autres, les Ă©cosystĂšmes terrestres, marins et autres Ă©cosystĂšmes
aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie : cela comprend la diversité au
sein des espĂšces et entre espĂšces ainsi que celle des Ă©cosystĂšmes ». Elle s’exprime par la
diversité génétique, la diversité des espÚces et la diversité des écosystÚmes. C'est aussi la
position choisie Ă  l’issue de la Convention sur la diversitĂ© biologique (CDB), Ă©tablie dans le
cadre du sommet planĂ©taire sur l’environnement et le dĂ©veloppement, Ă  Rio de Janeiro en
1992. La Convention sur la diversité biologique (CDB) est le premier texte de droit
international définissant la diversité biologique et la reconnaissant comme une valeur que les
États doivent protĂ©ger. La France a ratifiĂ© cette derniĂšre le 7 juillet 1994. Depuis le sommet
planétaire de Rio de Janeiro (1992), la biodiversité est devenue un objectif politique majeur.
De nombreux autres engagements internationaux ont suivi ce sommet. En Europe, on peut
citer la directive Oiseaux, la directive Habitats, le réseau Natura 2000, et la Directive cadre sur
l’eau.
De fait, si la "biodiversitĂ©" a d’abord paru privilĂ©gier les grands Ă©cosystĂšmes naturels et
la nature "cathĂ©drale", sous l’effet d’une mĂ©diatisation, mais aussi d’une mobilisation rĂ©ussie
notamment de grandes ONG telles que l’UICN, le World Wide Fund (WWF) ou « Conservation
International », l’intĂ©rĂȘt des Ă©cosystĂšmes semi-naturels et de leurs biodiversitĂ©s ordinaires, n’en
est pas moins primordial. La biodiversité dite ordinaire, domestique et sauvage, joue un rÎle
essentiel dans les Ă©cosystĂšmes. Nous la cĂŽtoyons constamment en milieu urbain dans les
jardins, les bosquets, dans les espaces laissĂ©s en friche, ainsi qu’en milieu agricole.
En milieu agricole, trois grandes catĂ©gories de biodiversitĂ© ordinaire peuvent ĂȘtre
dĂ©finies en fonction de leurs rĂŽles au sein de l’agroĂ©cosystĂšme (Peeters A., 2004). Il y a la
biodiversitĂ© domestique choisie par l’agriculteur, la biodiversitĂ© para-agricole (ou biodiversitĂ©
sauvage fonctionnelle) ayant un grand rĂŽle dans le fonctionnement de l’agroĂ©cosystĂšme, et
la biodiversitĂ© extra-agricole (ou biodiversitĂ© sauvage spontanĂ©e) ayant un faible rĂŽle – ou
supposĂ© comme tel - dans le fonctionnement de l’agroĂ©cosystĂšme. La biodiversitĂ© sauvage
fonctionnelle joue un rĂŽle particuliĂšrement important dans le fonctionnement de
l’agroĂ©cosystĂšme. Cette biodiversitĂ© peut-ĂȘtre parfois problĂ©matique avec notamment les
espÚces ravageuses de cultures et « les mauvaises herbes », mais est aussi et surtout source
d’un grand nombre de services Ă©cosystĂ©miques (auxiliaire de culture, pollinisation, fertilisation
du sol, etc.).
Les rapports entre agriculture et biodiversitĂ© sont complexes. En effet, l’agriculture
participe à la fois à favoriser la biodiversité (sélection de races et de variétés, création de
structures paysagĂšres constituant des habitats particuliers, etc.), mais participe aussi Ă  sa
réduction.
L'influence de l'homme sur les écosystÚmes est omniprésente (Foley et al., 2005 in
Prieto-Benitez & Méndez, 2010). Les humains ont transformé ou dégradé 39 à 50 % de la
surface de la Terre (Vitousek et al., 1997 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). La destruction des
forĂȘts, la gestion et le remplacement par des plantations ont Ă©tĂ© particuliĂšrement intenses
ces 300 derniÚres années (Foley et al., 2005 in Prieto-Benitez & Méndez, 2010), d'abord dans
les zones tempérées et plus récemment dans les tropiques (Lewis, 2006 in Prieto-Benitez &
Méndez, 2010). Les terres cultivées et les pùturages occupent maintenant 40 % de la surface
de la Terre (Foley et al., 2005 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). La transformation des terres
en agroécosystÚmes a souvent eu pour conséquence une simplification du paysage et la
difficultĂ© d’y maintenir un grand nombre d'espĂšces (Tscharntke et al., 2005).
2
THEBAULT David
Initialement en France le nombre et la diversité des petites régions agricoles ont
contribué à renforcer la biodiversité du territoire national. Mais aprÚs la seconde guerre
mondiale, l’agriculture française s’est rĂ©organisĂ©e et le paysage agricole a Ă©tĂ© fortement
modifiĂ© (Agriculture et BiodiversitĂ© – ESCo, 2008). Les consĂ©quences de ces amĂ©nagements
dans les pratiques agricoles et dans le paysage agricole, tels que : la concentration des
productions Ă  l’échelle des exploitations et des rĂ©gions, l’agrandissement de la taille des
parcelles, la suppression de nombreuses structures paysagĂšres, la forte augmentation de
l’utilisation d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires ; ont eu des consĂ©quences
environnementales et paysagÚres négatives majeures ayant pour résultat la simplification du
paysage et une faible proportion d’habitats non agricoles (Schmidt et al., 2005). Tout cela a
abouti Ă  une baisse importante de la rĂ©partition et de l’abondance de nombreuses espĂšces,
faunistique et floristique, associées aux terres agricoles (Hole et al., 2005). Les araignées font
partie de ces espÚces ayant été particuliÚrement affectées par ces modifications récentes
des pratiques et du paysage agricole (Prieto-Benitez & Méndez, 2010). Depuis les années
2000, les prĂ©occupations gĂ©nĂ©rales quant Ă  l’impact nĂ©gatif de l’agriculture sur les espĂšces
a conduit certains pays et exploitants agricoles Ă  chercher Ă  remettre en avant des pratiques
agricoles moins intensifs et plus respectueuses de l’environnement. L’Agriculture Biologique
(AB) est une de ces pratiques et se caractĂ©rise notamment par l’absence d’utilisation de
produits phytosanitaires. De nos jours, il est reconnu que les facteurs locaux, comme le type
de pratique agricole, et le contexte paysager influence les communautĂ©s d’araignĂ©es
(Schmidt et al., 2005).
Les tendances rĂ©centes de l’utilisation d’un mode d’agriculture alternatif sans
utilisation de produits phytosanitaire ont conduits Ă  un intĂ©rĂȘt accru des araignĂ©es comme
agents potentiels de lutte biologique. Actuellement, les araignées sont considérées comme
des agents de lutte biologique efficaces contre les ravageurs dans les agroécosystÚmes
(Lang et al., 1999). De plus, des recherches récentes ont mis en évidence le rÎle important
des prédateurs et en particulier des araignées dans la structure des communautés et
indirectement sur la production primaire (Bruno & Cardinale, 2008).
Les araignées sont des prédateurs présents dans tous les écosystÚmes terrestres
(Sunderland, 1999) et font partie des groupes les plus diversifiés de la planÚte (Wise, 1993 in
Prieto-Benitez & Méndez, 2010). Elles se trouvent au niveau trophique le plus élevé parmi les
invertébrés (Main, 1987 in Prieto-Benitez & Méndez, 2010). La plupart des araignées sont des
prédateurs généralistes (Riechert et Luczak, 1982). Ils chassent principalement des insectes
(Turnbull, 1973 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010) Ă  tous leurs stades de dĂ©veloppement (Ɠufs,
larves, adultes) (Riechert et Lockley, 1984 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Selon les familles,
les araignées chassent à l'affût, chassent en courant (dans la végétation ou au sol), ou tissent
des toiles (Cardoso et al., 2011, Uetz et al., 1999). Les araignées dans les agroécosystÚmes ont
Ă©tĂ© jusqu’à maintenant relativement nĂ©gligĂ©es malgrĂ© leur importance (Bruno et Cardinale,
2008). Les agroĂ©cosystĂšmes semblent ĂȘtre dominĂ©s par quelques espĂšces d'araignĂ©es ou «
agrobiontes » qui se développent dans des conditions perturbées (Luczak, 1979).
Suite au sommet planétaire de Rio (2002) et à cette dynamique autour de la
biodiversité de ces derniÚres années, de nombreux pays se sont dotés de stratégies
nationales sur la biodiversitĂ© et le dĂ©veloppement durable. La France s’est dotĂ©e d’une
stratégie nationale pour la biodiversité en février 2004. La stratégie française reprend les
grands objectifs de la convention, à savoir la conservation et l’utilisation durable de la
diversité biologique et le partage équitable des bénéfices issus de cette utilisation. La
stratĂ©gie nationale propose Ă©galement la mise en Ɠuvre de plans d’action sectoriels en
faveur de la biodiversité.
Le MinistĂšre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la PĂȘche (MAAP) pilote un de ces plans
d’action, le plan d’action « agriculture et biodiversitĂ© ». Ce dernier a commencĂ© Ă  ĂȘtre mis
en Ɠuvre en 2004. L’une des actions phares est « de promouvoir les dĂ©marches coordonnĂ©es
3
THEBAULT David
des agriculteurs et de leurs partenaires visant Ă  stopper, Ă  l’échelle de leur territoire, la perte
de biodiversitĂ© (Agriculture et BiodiversitĂ© – ESCo, 2008)». Les prioritĂ©s du plan d’action
« agriculture et biodiversitĂ© » ont reçu l’appui du plan de DĂ©veloppement Rural National
2007-2013, dont la prĂ©servation de la biodiversitĂ© constitue Ă©galement l’un des enjeux
majeurs.
Ce stage est issu d’une commande de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire
dans le cadre du Projet Agricole Départemental (PAD), débuté en 2008. Le projet agricole
dĂ©partemental vise Ă  maintenir et valoriser l’agriculture de Maine-et-Loire, en conservant un
grand nombre d’actifs et des productions animales et vĂ©gĂ©tales compĂ©titives, et en prenant
en compte les différentes composantes du développement durable, particuliÚrement en
matiĂšre d’environnement et de biodiversitĂ©. Pour la biodiversitĂ©, les objectifs et les pistes
d’actions proposĂ©s par le PAD sont : 1) l’amĂ©lioration de la connaissance et l’acquisition de
références sur les interactions entre agriculture et biodiversité ; 2) définir des priorités par
milieu et/ou par espÚces de maniÚre concertée entre les acteurs ; 3) encourager le partage
d’expĂ©rience et la sensibilisation des agriculteurs; et 4) renforcer les actions de promotion des
pratiques déjà identifiées comme favorables à la biodiversité.
Pour l’encadrement de ce stage, nous avons une cellule technique et scientifique :
- La chambre d’agriculture est la structure d’accueil.
- Le CPIE joue le rĂŽle de relai scientifique et naturaliste local.
- L’universitĂ© de Rennes 1, avec Mr. PETILLON Julien, est le rĂ©fĂ©rent scientifique.
Cette Ă©tude s'inscrit dans le contexte de l’observation de la biodiversitĂ© fonctionnelle
dans des agroécosystÚmes du Maine-et-Loire, à différentes échelles taxonomiques. Plus
prĂ©cisĂ©ment, nous dĂ©sirons participer Ă  l’amĂ©lioration des connaissances sur l’état de la
biodiversité en milieu agricole, car actuellement nous manquons encore de données. En
cela, nous voulons mettre en Ă©vidence les interactions entre agriculture et biodiversitĂ© d’une
maniÚre générale.
Mon travail a portĂ© sur deux grands volets de l’observation de la biodiversitĂ© en milieu
agricole.
Le premier volet a Ă©tĂ© le dĂ©ploiement de l’Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB).
L’OAB est un projet scientifique national, avec des protocoles simple, basĂ©e sur le principe
des sciences participatives. L’objectif principal de ce projet est pĂ©dagogique. En effet, il a
pour but de fournir des outils de sensibilisation et d’éducation Ă  la biodiversitĂ© aux acteurs du
monde agricole. Dans une moindre mesure, un autre des objectifs de l’OAB est la mise en
place d’indicateurs de biodiversitĂ© en milieu agricole via des observations ex-situ sur le terrain
en prĂ©sence des agriculteurs. Cela afin d’avoir une meilleure comprĂ©hension de la
biodiversité ordinaire sauvage en milieu agricole, de son évolution et des liens de ces derniers
avec les pratiques agricoles.
Le second grand volet, de l’observation de la biodiversitĂ© en milieu agricole, a Ă©tĂ© l’étude de
l’impact des pratiques agricoles, et de la structuration du paysage sur les communautĂ©s
d’araignĂ©es dans des agroĂ©cosystĂšmes. Nos hypothĂšses sont d’une part que la richesse
spĂ©cifique et l’abondance des communautĂ©s d’araignĂ©es sont plus importantes en
agriculture biologique. D’autre part, que les variables paysagĂšres non cultivĂ©es auront un
effet bĂ©nĂ©fique sur les communautĂ©s d’araignĂ©es et ceci d’autant plus sur les individus
présents en bord de parcelle.
4
THEBAULT David
Pour des raisons de compréhension, ce rapport a été décomposé en deux chapitres:
Chapitre 1 : Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB)
Chapitre 2 : Etude des communautĂ©s d’araignĂ©es dans des agroĂ©cosystĂšmes
Présentation de la structure
1. Organisation
Le rĂ©seau des Chambres d'agriculture a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans les annĂ©es 1920 pour ĂȘtre un
interlocuteur privilĂ©giĂ© des instances publiques et pour reprĂ©senter les intĂ©rĂȘts du monde
agricole. Il contribue activement depuis les années 60 au développement agricole en
reprenant la mission publique assumée jusque là par l'Etat. Aujourd'hui, cette double mission
se déploie dans le champ économique, social et environnemental ainsi qu'à l'échelle locale,
nationale et européenne.
Présentes dans chaque département et chaque région, les Chambres d'agriculture sont des
établissements publics dirigés par 4 200 élus professionnels, tous représentants des diverses
activités du secteur agricole. Animées, en lien avec les élus, par 7 800 collaborateurs, les
activités des Chambres contribuent au dynamisme de chaque département et région dans
une logique de développement durable.
L’AssemblĂ©e permanente des Chambres d’agriculture (ou APCA) coordonne Ă  l’échelle
nationale les Chambres d’agriculture. Dans son rĂŽle de tĂȘte de rĂ©seau, l’APCA assure la
formation des collaborateurs et des Ă©lus, anime le dialogue social, met Ă  disposition des
dirigeants des références techniques et financiÚres issues des données des Chambres et un
centre de ressources et d’expertises national.
2. Une répartition territoriale des missions
Les principales missions menées par les Chambres d'agriculture concernent : l'appui aux
entreprises, les ressources et la gestion des bases de données, l'économie et la politique
agricole, les territoires et le développement local, les démarches qualité des produits et
l'appui aux filiÚres territorialisées, les analyses et les comptabilités, la promotion de l'agriculture
et de ses mĂ©tiers, ainsi que l'agronomie et l'environnement. Sur le plan de l’environnement, Ă 
l’échelle locale, ces missions sont inscrites dans le Projet Agricole DĂ©partemental (PAD).
5
THEBAULT David
Chapitre 1 : Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB)
1. Matériel et méthode
L’Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB) est un dispositif mis en place depuis 4 ans
(2010). L’OAB est une initiative du Ministùre en charge de l’Agriculture. La coordination
scientifique est gĂ©rĂ©e par le musĂ©um national d’histoire naturelle en partenariat avec
l’universitĂ© de Rennes 1 pour le protocole « vers de terre » et un laboratoire du CNRS (LADYSS)
pour l’approche sociologique. L’AssemblĂ©e national permanente des Chambres
d’agricultures (APCA) s’occupe de l’animation nationale du projet.
Le rĂ©seau de l’OAB regroupe de nombreuses personnes.
- Les coordinateurs nationaux sont les structures décrites précédemment et forment les
animateurs locaux.
- Les animateurs locaux participent à l’OAB au sein de leurs structures. Ils animent un groupe
sur leur territoire en mobilisant et en formant les agriculteurs intéressés. La chambre
d’agriculture est l’animateur locale en Maine-et-Loire en charge de dĂ©ployer l’OAB. Il existe
une grande diversitĂ© de structures locales, telles que : les chambres d’agricultures, les lycĂ©es
d’enseignement agricole, les FĂ©dĂ©rations des chasseurs, coopĂ©ratives, associations
naturaliste, etc.
- Les observateurs réalisent les observations de terrain, transmettent leurs données sur le site
internet de l’OAB et Ă©changent autour de leur rĂ©sultats. Durant ce stage, j’ai rempli le rĂŽle
d’animateur et d’observateur de l’OAB en Maine-et-Loire.
Les protocoles de l’OAB ont Ă©tĂ© adaptĂ©s aux besoins et contraintes des agriculteurs grĂące Ă  :
une étude de faisabilité menée en 2010, une phase de test sur le terrain et une étude
sociologique. L’OAB comprend quatre protocoles d’étude : abeilles sauvages solitaires,
invertébrés à la surface du sol, vers de terre, et papillons. Le détail des protocoles sont visibles
en annexe 1. Ces protocoles sont volontairement ciblés sur les taxons les plus « représentatifs »
et pouvant ĂȘtre facilement observĂ© par les professionnels du monde agricole. Tous les
agriculteurs intĂ©ressĂ©s peuvent participer. Le choix d’un ou plusieurs protocoles est libre. En
2013, 417 exploitations sont inscrites à l’OAB et 672 parcelles participent aux protocoles.
Nous avons commencé par prendre contact avec les agriculteurs du réseau A.R.B.R.E
susceptibles d’ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par la dĂ©marche de l’OAB. Le rĂ©seau A.R.B.R.E ou « Agriculteurs
Respectueux de la BiodiversitĂ© et des Richesses de l’Environnement » est un rĂ©seau
d'agriculteurs volontaires pour intégrer la question de la biodiversité dans leur outil de
production, et pour répondre à des enjeux agricoles ainsi que de territoires1. Le premier suivi
mensuel de l’OAB a eu lieu fin avril. Les autres suivis ont eu lieu fin mai, mi-juillet et mi-aoĂ»t.
Une partie des suivis a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par les agriculteurs eux-mĂȘmes. Cependant, j’ai Ă©tĂ©
prĂ©sent auprĂšs de l’ensemble des exploitants au moins lors du premier suivi. Le suivi du mois
de juin n’a pas eu lieu, car nous avons prĂ©fĂ©rĂ© focalisĂ© notre temps sur la collecte des
araignées (chapitre 2 de ce rapport). Les relevés mensuels, réalisés sur le terrain, sont ensuite
saisis en ligne sur le site de l’OAB. Le traitement et l’exploitation de nos donnĂ©es sont rĂ©alisĂ©s
Ă  l’échelle nationale par les coordinateurs nationaux. De courtes vidĂ©os pĂ©dagogiques ont
Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, sur le but ainsi que sur les protocoles de l’OAB, afin d’aider les agriculteurs
dĂ©sirant intĂ©grer l’OAB Ă  mieux apprĂ©hender la dĂ©marche de cette derniĂšre.
1 Source : CA 49 (Chambre d’Agriculture du Maine-et-Loire)
6
THEBAULT David
Les participants Ă  l’OAB 2014 en Maine-et-Loire, sont : 24 exploitants agricoles du rĂ©seau
A.R.B.R.E, suivi par moi-mĂȘme, ainsi que des viticulteurs non affiliĂ©s au rĂ©seau A.R.B.R.E et suivis
par le syndicat du Saumur-Champigny. La mise en place des protocoles a eu lieu en
prĂ©sence des agriculteurs. Les protocoles que j’ai rĂ©alisĂ©s ont fini d’ĂȘtre mis en place dĂ©but
avril. Au total, cela représente 72 protocoles, qui ont été répartis et mis en place sur la
période du mois de mars. Plus précisément, on a : 34 protocoles abeilles solitaires ; 19
protocoles planches à invertébrés ; 9 protocoles vers de terre et 10 protocoles papillons.
Parmi ces 72 protocoles, 10 protocoles abeilles solitaires et 10 protocoles papillon sont Ă  la
charge du syndicat du Saumur-Champigny.
2. RĂ©sultats
Nous avons choisi pour la suite de ce chapitre de nous focaliser uniquement sur les résultats
des protocoles vers de terre. En effet, les données des autres protocoles ne sont pas encore
complĂ©tĂ©es Ă  cette Ă©poque de l’annĂ©e. Bien que le nombre de rĂ©plicats spatiaux des
protocoles vers de terre soit ici limitĂ©s, ils ne nĂ©cessitent pas de rĂ©plicats temporels pour ĂȘtre
valide scientifiquement, à l’inverse des 3 autres protocoles de l’OAB (suivis chaque mois
jusqu’en octobre). Il est donc ainsi possible d’extrapoler ces rĂ©sultats et de conserver une
validitĂ© scientifique tout en gardant un certain recul sur l’exploitation de ces rĂ©sultats.
Les protocoles vers de terre Ă©tudiĂ©s ici sont issus Ă  la fois de l’Observatoire Agricole de la
Biodiversité (OAB) et des Effets Non Intentionnelles (ENI) de 2014. Les protocoles ENI ont été
rĂ©alisĂ©s par le pĂŽle agronomique de la chambre d’agriculture. Les protocoles OAB et ENI
Ă©tant identiques, il nous a paru plus pertinent de regrouper les protocoles. Au total, cela
représente 14 exploitations agricoles du Maine-et-Loire, échantillonnées entre mi-mars et mi-
avril.
On remarque une tendance des vers de terre Ă  ĂȘtre plus nombreux dans des sols limoneux
(24,8 ind/m2), argilo-sableux (24,3 ind/m2) et moins nombreux dans des sols argileux lourd
(19,6 ind/m2) ainsi que sableux (10,4 ind/m2) (Figure 1).
On retrouve en moyenne plus de vers de terre dans les prairies étudiées (48 ind/m2), puis
dans les grandes cultures (39 ind/m2), les cultures pérennes (18 ind/m2) et enfin en
maraichage (9 ind/m2). Nos résultats montrent que dans les prairies on rencontre en majorité
Figure 1: RĂ©partition global des vers de terre en fonction du type de sol.
7
THEBAULT David
des anĂ©ciques, des endogĂ©s et peu d’épigĂ©s. Dans les grandes cultures, on retrouve lĂ  aussi
en majoritĂ© des anĂ©ciques, des endogĂ©s et peu d’épigĂ©s bien qu’ils semblent mieux
reprĂ©sentĂ©s qu’en milieu prairial. Les cultures pĂ©rennes ont trĂšs majoritairement des Ă©pigĂ©s,
puis en faible proportion des anéciques et des endogés. En cultures maraßchÚres la famille
des endogés domine et est pratiquement la seule famille de vers de terre représenté (Figure
2).
On remarque en moyenne plus de vers de terre dans les cultures en semi-direct (41 ind/m2),
dans les cultures en travail superficiel (27 ind/m2), puis dans les cultures en labour classiques
(11 ind/m2). Nos résultats montre que dans les cultures en semi-direct on rencontre en
majorité des anéciques, puis des endogés et des épigés. Dans les cultures en travail
superficiel on retrouve cette fois-ci en majorité des endogés, puis des épigés et en dernier
des anéciques. Les cultures en labour classique ont quant à elles trÚs majoritairement des
endogés, puis en trÚs faible proportion des anéciques et des endogés (Figure 3).
3. Discussion et Conclusion
Les vers de terre sont moins nombreux dans les sols argileux trop lourds et sableux. En
effet, les sols argileux trop lourds peuvent devenir asphyxiants pour les vers de terre et les sols
sableux peuvent ĂȘtre abrasifs et dessĂ©chants. Ces conditions sont donc plus dĂ©favorables
aux vers de terre.
Les résultats observés sur la répartition des grandes familles de vers de terre en fonction du
type de culture sont en accord avec la tendance nationale.
Figure 1: RĂ©partition des grandes familles
de vers de terre en fonction du type de
culture.
Figure 3: RĂ©partition des grandes
familles de vers de terre en fonction
du type de travail du sol.
8
THEBAULT David
Les prairies sont plus favorables aux lombriciens, car le milieu est globalement peu perturbé
(travail du sol et traitements chimiques) et offre une alimentation en quantité importante. Les
quantités moyennes observées sur les prairies de notre échantillon (48 ind/m2) sont
supĂ©rieures Ă  la moyenne nationale (environ 32 ind/mÂČ). Cette tendance peut-ĂȘtre due Ă  un
facteur local et doit ĂȘtre confirmĂ©e par un plus grand Ă©chantillonnage. Dans le cas prĂ©sent,
les quantités observées en grande culture (39 ind/m2) sont particuliÚrement abondantes
(moyenne nationale de l’OAB 2013 autour de 21 ind/mÂČ). Cela peut s’expliquer en partie par
une plus grande proportion de grande culture en semi-directs ou en travail du sol simplifié,
dans nos parcelles étudiées, et donc une plus grande proportion de sols favorable au
dĂ©veloppement des populations de vers de terre. La quantitĂ© importante d’épigĂ©s
particuliĂšrement sensibles au travail du sol, semble confirmer cette hypothĂšse.
Les données concernant le maraßchage ne portent que sur une parcelle et ne doivent donc
pas ĂȘtre extrapolĂ©es. On peut toutefois prĂ©ciser qu’il s’agit d’une parcelle au sol sableux ce
qui peut en partie expliquer la faible quantité globale de vers de terre et la présence trÚs
majoritaire des endogés.
Les données concernant la culture pérenne (ici vigne) ne portent que sur une parcelle et ne
doivent donc pas ĂȘtre extrapolĂ©es. L’abondance globale est Ă  peu prĂšs Ă©quivalente Ă  la
moyenne nationale 2013 de l’OAB. En revanche, les proportions des endogĂ©s et des Ă©pigĂ©s
sont inversement proportionnelles Ă  la moyenne.
L’OAB a globalement bien fonctionnĂ© chez les agriculteurs. Seuls 4 protocoles
planches Ă  invertĂ©brĂ©s et 1 protocole abeille ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour cause de dĂ©gradation. De
nombreux agriculteurs (35% des agriculteurs) se sont approprié les protocoles en participant
par eux-mĂȘmes aux suivis, et plus largement intĂ©ressĂ©s Ă  la biodiversitĂ© observĂ©e au sein de
leurs parcelles. D’autres agriculteurs (35%) n’ont pas participĂ© aux suivis faute de temps, mais
se sont tout de mĂȘme vivement intĂ©ressĂ©s aux rĂ©sultats obtenus chez eux. Ceci est en partie
dĂ» au fait que les protocoles sont rĂ©alisĂ©s au sein d’un rĂ©seau d’agriculteurs particuliĂšrement
sensibles Ă  la biodiversitĂ©. Cependant, une proportion non nĂ©gligeable d’exploitants
agricoles (30%) ne s’est que trĂšs peu voir pas intĂ©ressĂ©s aux protocoles expĂ©rimentaux mis en
place chez eux.
Le choix des parcelles s’est en partie portĂ© sur celles venant ou allant ĂȘtre exploitĂ©es avec
des techniques culturales simplifiĂ©es. L’objectif Ă©tait ici de rĂ©aliser un constat prĂ©sent (Ă  t0) de
l’état de la biodiversitĂ© sur ces parcelles et de voir l’évolution de cette derniĂšre au cours du
temps. Dans d’autres cas, les parcelles Ă©taient en pratiques culturales simplifiĂ©es depuis un
certain temps, et les rĂ©sultats de l’OAB venaient ou pas les conforter dans leur choix de
pratique.
Il est important de prĂ©ciser qu’un mauvais rĂ©sultat aux protocoles de l’OAB, ne signifie pas
forcĂ©ment qu’il y ait une mauvaise biodiversitĂ© globale sur les parcelles Ă©tudiĂ©es, mais que la
biodiversitĂ© n’a pas Ă©tĂ© mise en Ă©vidence via les protocoles de l’OAB.
Fort de cette expérience le réseau A.R.B.R.E pourrait concentrer ses efforts de déploiement
de l’OAB sur les agriculteurs particuliĂšrement sensibles aux questions de biodiversitĂ© et de
chercher à compléter leurs attentes par des protocoles faunistiques et floristiques
complémentaires au sein de leur exploitation, quitte à réduire le nombre des protocoles.
Suite à cela, il serait approprié de faire participer éventuellement ces agriculteurs à des
rĂ©unions thĂ©matiques sur la biodiversitĂ© et l’OAB en prĂ©sence d’autres agriculteurs. De cette
façon, il serait possible d’arriver progressivement Ă  la mise en place d’un rĂ©seau
d’agriculteurs particuliĂšrement impliquĂ©s sur cette thĂ©matique et demandeur de
connaissances, plutît que de chercher à faire participer un grand nombre d’agriculteurs à
l’OAB pas toujours prĂȘt Ă  s’investir sur cette thĂ©matique.
9
THEBAULT David
Chapitre 2 : Etude des communautĂ©s d’araignĂ©es dans
des agroécosystÚmes
1. Matériel et méthode
1.1 Sites d’études et choix des parcelles
Le Maine-et-Loire (49) est un territoire propice à l’agriculture notamment du fait d’un relief
trĂšs peu marquĂ©. C’est le troisiĂšme dĂ©partement français (derriĂšre la Marne et la SaĂŽne-et-
Loire) en surface agricole utilisĂ©e. L’activitĂ© agricole s’exerce sur 64 % de la superficie, soit 457
000 hectares. L’agriculture biologique reprĂ©sente 3,3 % des 64 %, soit 15 700 ha.2
Le choix des sites d’études a commencĂ© par une sĂ©lection d’une zone homogĂšne sur le
plan gĂ©ologique (Figure 4) et climatique (Figure 5), afin de limiter l’effet de ces variables sur
notre étude (Lafage & Petillon, « en préparation »). Pour notre étude, les parcelles choisies
sont donc exclusivement sur des sols schisteux et dans des secteurs oĂč l’amplitude des
prĂ©cipitations se situe entre 600 et 700mm. Cela correspond Ă  l’Ouest du dĂ©partement.
On a fait ce choix de parcelle compte tenu du caractÚre hétérogÚne des caractéristiques
pĂ©doclimatique du Maine-et-Loire. En effet, L’ouest du dĂ©partement (Figure 4) est dominĂ©
par le Massif armoricain avec des sols, plus anciens, essentiellement constitués de schiste, de
gneiss et de granite. À l’est, il y a le bassin Parisien, plus jeune, avec des sols calcaires,
constituĂ©s de grĂšs, de tuffeau et de falun coquillier. Enfin la vallĂ©e de la Loire elle-mĂȘme
constitue d’un territoire gĂ©ologique Ă  part entiĂšre, traversant d’est en ouest l’Anjou, et
constituĂ© de sables et de graviers.3 L’ouest du dĂ©partement est Ă©galement une zone ayant
des écarts de températures et de précipitations faibles (Figure 5).
Le choix des parcelles a été affiné en fonction de trois autres critÚres : 1) occupation
du sol par des cultures de blĂ© d’hiver ou de triticale (culture trĂšs proche dans la nature dont
on considÚre la différence avec le blé comme négligeable), 2) cohérence avec les
2 Source : CA 49 (Chambre d’Agriculture du Maine-et-Loire)
3 Source : http://www.meteobell.com/__anjou_geomorphologie.php
Figure 4: Carte géologique du Maine-et-Loire Figure 5: Carte climatique du Maine-et-Loire
Ü Ü
10
THEBAULT David
modalitĂ©s de l’étude (culture biologique, cultures conventionnelles en travail du sol
traditionnel (ou « labour normal ») ou en semi-direct) et 3) de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des variables
paysagÚres (milieu ouvert ou fermé).
Les 24 parcelles échantillonnées sont représentées, par des points bleus, sur la carte
ci-dessous (Figure 6). Parmi ces 24 parcelles, il y a : huit cultures conventionnelles en travail
classique du sol, huit cultures conventionnelles en semi-direct, et huit cultures biologiques en
travail classique du sol. Toutes Ă©taient semĂ©es avec du blĂ© d’hiver, Ă  l’exception de trois
parcelles semées avec du triticale. La modalité « culture biologique en semi-direct » aurait
Ă©tĂ© pertinente pour cette Ă©tude cependant il n’a pas Ă©tĂ© possible de trouver un nombre de
réplicats spatiales suffisants.
Les points en rouge reprĂ©sentent les 12 parcelles ayant pu ĂȘtre analysĂ©es lors de cette Ă©tude
(six en cultures conventionnelles et six en biologiques) sur les 24 parcelles échantillonnées à
l’origine.
1.2 Dispositif expérimental
1.2.1 PĂ©riode
L’étude a eu lieu entre mi-mai et fin juin. Cette pĂ©riode correspond au pic dĂ©mographique
ainsi que de maturitĂ© sexuelle des populations d’araignĂ©es et est donc la plus pertinente
pour notre étude. Le protocole expérimental a été mis en place du 17 mai au 31 mai. Deux
campagnes de relevĂ©s (ou rĂ©plicats temporels) ont eu lieu, Ă  15 jours d’intervalle aprĂšs la
mise en place des protocoles. La premiĂšre campagne a eu lieu du 1er juin au 15 juin et la
deuxiĂšme campagne a eu lieu du 16 juin au 30 juin.
Par souci de temps, les données traitées dans ce rapport correspondent uniquement aux
données de la campagne 2. En effet, il a été observé durant la récolte de cette campagne
Figure 6: RĂ©partition des parcelles de l’étude. A= Colineau P2, B= Coutard P, C= Cloarec P, D= Bidault P1, E=
Poupin P3, F= Poupin P1, G= Poupin P4, H= Pauvert P1, I= Aligon P2, J= Aligon P3, K= Perdrieau P, L= Cogné P1
11
THEBAULT David
un nombre d’individus plus abondant que dans la campagne 1. Cela s’explique
notamment par une pluviométrie moins importante, en phase avec la moyenne saisonniÚre.
Il nous a paru plus judicieux de traiter en priorité ce jeu de données.
1.2.2 PiĂšges barbers
L’échantillonnage des araignĂ©es a Ă©tĂ© effectuĂ© Ă  l’aide de piĂšges barbers (H=12 cm, Ø=8,5
cm) (Knapp & Ruzicka, 2012). Ces derniers étaient protégés des intempéries par des assiettes
en plastique (Ø=20 cm) positionnées à 15 cm au-dessus du sol. Le liquide collecteur était
constituĂ© d’un mĂ©lange de propylĂšne glycol (40 %), d’eau (59 %) et de liquide vaisselle (1 %).
Les piÚges barbers étaient remplis au 2/3. Le bord de ces derniers était disposé précisément
au niveau du sol (<1mm) afin d’éviter tout obstacle pouvant biaiser l’échantillonnage.
Pour chacune des 24 parcelles, neuf piÚges barbers ont été disposés sur trois stations, elles-
mĂȘmes disposĂ©es selon un pseudo-gradient de distance Ă  la lisiĂšre de la parcelle : bord de
parcelle (Station 1), mi-distance entre le bord et le milieu de la parcelle (Station 2), et milieu
de parcelle (Station3).
Sur chaque station a Ă©tĂ© positionnĂ© un piquet rigide surplombĂ© d’un fanion rouge, afin de
faciliter la visibilité de ces derniÚres lors des relevés de piÚges.
Au total, 436 piĂšges barbers ont Ă©tĂ© relevĂ©s. Chaque piĂšge d’une station Ă©tait distant de 10m
les uns des autres, cette distance permettant de considĂ©rer les trois pots d’une mĂȘme station
comme des réplicats spatiaux indépendants. Les barbers situés sur la station 1 en bord de
parcelle Ă©taient distants de moins de 10m des bordures des parcelles afin de prendre en
compte un effet de lisiĂšre.
Photographies 1 et 2: Photos illustrant la mise en place d’un piùge barber sur une des parcelles
12
THEBAULT David
Figure 7: SchĂ©ma d’une parcelle Ă©chantillonnĂ©e
Sur ces 436 piĂšges Barber, 72 ont pu ĂȘtre Ă©tudiĂ©s. Pour notre Ă©tude, seules les stations en
bord et en milieu de parcelle ont été conservées (Figure 7 - Stations colorées en rouge épais),
c’est-Ă -dire les stations les plus opposĂ©es sur le pseudo-gradient de distance Ă  la lisiĂšre de la
parcelle. Le manque de temps ayant contraint à une sélection des stations et une limitation
du nombre de piĂšges Ă  Ă©tudier.
1.3 Données locales et paysagÚres
En parallÚle, des piÚges barbers, des variables environnementales ont été relevées, à
l’échelle locale et Ă  l’échelle paysagĂšre. Ainsi pour l’échelle locale, des relevĂ©s de
pluviométrie, de type de pratique agricole (conventionnelle, biologique), et de type de
travail du sol (conventionnelle avec labour normal ou en semi-direct) ont été notés sur les 24
parcelles. La pluviométrie a été relevée quotidiennement par les agriculteurs sur la parcelle
concernĂ©e. Pour notre Ă©tude, seule l’incidence du travail du sol n’a pas Ă©tĂ© prise en compte.
Le manque de temps ayant contraint à une sélection des parcelles.
À l’échelle paysagĂšre, un certain nombre de variables ont Ă©tĂ© relevĂ©es pour chacune des 24
parcelles. Afin de dĂ©terminer l’échelle la plus pertinente pour la prise en compte du paysage
en rapport avec le taxon étudié, nous avons testé différents rayons (100, 200 et 500 mÚtres) et
ceci pour chaque station (S1, S2, S3). La structure du paysage a été caractérisée en
considérant comme unité élémentaire (patch) la parcelle agricole.
Dans ces rayons ont Ă©tĂ© calculĂ©es, Ă  l’aide du logiciel ArcGIS (version 10.2) :
- les longueurs de haie, et de cours d’eau (en mĂštres linĂ©aires)
- les cultures, les prairies, le boisement, le bùtiment, les mares, et les bandes enherbées
(en pourcentages (%) de surface)
Centre de la parcelle
10 m
Gradient de distance Ă  la lisiĂšre de parcelle
PiĂšge
barber
LisiĂšre (bord)
de la parcelle
Station 1 : en bord de
parcelle (bp)
Station 2 : mi-distance
entre Station 1 et 3
Station 3 : milieu
de parcelle (mp)
13
THEBAULT David
Ces informations ont pu ĂȘtre acquises par l’utilisation de photos aĂ©riennes, de couches SIG et
complĂ©tĂ©es par des enquĂȘtes de terrain. Étant donnĂ© que seules les deux stations en bord et
milieu de parcelle ont été conservées pour notre étude, alors seuls les rayons (100, 200 et 500
mĂštres) de ces stations ont Ă©tĂ© conservĂ©s pour l’analyse.
1.4 MĂ©thode d’identification
Les araignĂ©es (Araneae) collectĂ©es ont Ă©tĂ© stockĂ©es (dans de l’alcool Ă  70 degrĂ©s), triĂ©es,
dĂ©nombrĂ©es, puis identifiĂ©es jusqu’à l’espĂšce sous loupe binoculaire par l’observation des
piĂšces gĂ©nitales des individus adultes et matures et Ă  l’aide de l’utilisation d’ouvrages de
référence (« Spiders of Great Britain and Ireland », Michael J. Roberts Vol. 1, 2 et 3).
1.5 Base de données
Le jeu de données final, réalisé sur les 12 parcelles (72 pots), se compose de : 86 espÚces
(3750 individus au total) réparties au sein de 42 genres et 12 familles. La liste complÚte des
espùces est fournie dans l’annexe 2.
Les données étudiées - issues de la 2éme campagne - sont séparées par piÚges, et regroupent
les stations bord et milieu de chaque parcelle. À chaque piĂšge est calculĂ© l’abondance
totale, l’abondance par type de chasse, la richesse spĂ©cifique totale et la richesse
spécifique par type de chasse.
Les catĂ©gories de type de chasse dĂ©terminĂ©es pour cette Ă©tude sont : Chasseuses Ă  l’AffĂ»t
(CA), Chasseuses Coureuses (CC) (dans la végétation et au sol), ainsi que les Tisseuses de
Toiles (TT) (en nappe, géométrique et en réseau) (Cardoso et al., 2011, Uetz et al., 1999).
1.6 Analyses des données
Toutes les donnĂ©es ont Ă©tĂ© analysĂ©es Ă  l’aide des logiciels R (version 3.1.1, 2014), et PAST
(version 3.02a, 2014).
1.6.1 Présentation générale des prélÚvements
Le nombre d’individus (Nbr ind), la richesse spĂ©cifique totale observĂ©e (Sobs), la richesse
spĂ©cifique totale estimĂ©e (Sest), la complĂ©tude (Sobs/Sest), l’indice de diversitĂ© de Simpson
(1-D), et l’équitabilitĂ© (J) pour chaque parcelle ont Ă©tĂ© calculĂ©s avec le logiciel PAST.
La richesse spécifique estimée a été calculée en faisant la moyenne des estimateurs de
biodiversité : Chao2, Bootstrap, ainsi que Jackknife 1 et 2. La richesse spécifique estimée nous
as permis de calculer la complétude de chaque parcelle.
La complĂ©tude permet d’estimer si l’effort d’échantillonnage rĂ©alisĂ© sur une parcelle est
suffisant et que la richesse spécifique observée est suffisamment proche de la richesse
spécifique estimée. Elle se calcule en divisant la richesse spécifique observée par la richesse
spĂ©cifique estimĂ©e. Elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme satisfaisante lorsque l’indice est
supérieur à 0,75.
14
THEBAULT David
L’indice de diversitĂ© de Simpson (1-D) est issu de l’indice de Simpson (D). Le maximum de
diversitĂ© d’une population Ă©tant reprĂ©sentĂ© par la valeur 1, et le minimum de diversitĂ© par la
valeur 0 (Krebs, 1989). Cet indice de diversité donne plus de poids aux espÚces abondantes
qu’aux espĂšces rares. C’est pour cela que nous avons Ă©galement Ă©tudiĂ© l’indice
d’équitabilitĂ© J de PiĂ©lou (1966). Il permet d’exprimer la dominance d’une espĂšce. Il peut
varier de 0 Ă  1, il est maximal quand les espĂšces ont des abondances identiques dans le
peuplement et il est minimal quand une seule espĂšce domine tout le peuplement.
1.6.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique
agricole (conventionnelle / biologique)
Au-delà de la simple présentation des données, notre objectif premier a été de comparer les
communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole.
1.6.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es
Ainsi, nous avons commencé par étudier la répartition spatiale du peuplement
d’araignĂ©es de notre Ă©tude. Cela a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en trois temps.
Tout d’abord nous avons analysĂ© le peuplement d’araignĂ©es selon une mĂ©thode
statistique d’analyse de similaritĂ© des espĂšces, entre les parcelles, dans le but d’identifier des
assemblages de peuplement. Cette technique de classification produit des schémas
d’arborescence (aussi appelĂ©s dendrogrammes) qui relie les donnĂ©es selon leur niveau de
ressemblance (ou similaritĂ©). Le dendrogramme rĂ©alisĂ© a Ă©tĂ© calculĂ© Ă  partir de l’occurrence
des espĂšces d’araignĂ©es.
Puis nous avons affiné notre étude, par une analyse multivariée, afin de connaitre plus
précisément les espÚces présentes dans les assemblages. Pour cette seconde analyse, les
données étant en effectifs et organisées dans un tableau de contingence, une analyse
factorielle des correspondances a été réalisée.
Cependant les analyses de type AFC accordent un poids important aux espĂšces atypiques,
c’est-Ă -dire rares ou particuliĂšres. Nous avons donc choisi de restreindre le jeu de donnĂ©es,
en retirant les espĂšces rares, et en ne conservant que les 20 espĂšces les plus communes.
Cela contribue également à une meilleure lisibilité du graphique.
Ces 20 espĂšces dominantes reprĂ©sentent 90 % de l’occurrence totale (figure 8). Ces espĂšces
sont :
 Pardosa hortensis, Pardosa proxima, Oedothorax apicatus, Pardosa agrestis, Ozyptila
simplex, Ozyptila fuscus, Xysticus kochi, Walckenaeria vigilax, Pardosa nigriceps, Trochosa
ruricola, Erigone dentipalpis, Tenuiphantes tenuis, Pardosa agricola, Zelotes civicus, Erigone
atra, Oedothorax agrestis, Zelotes tenuis, Zelotes pusillus, Drassylus lutetianus, et Pardosa
palustris.
15
THEBAULT David
En complĂ©ment des analyses sur l’assemblage des communautĂ©s d’araignĂ©es, les
espÚces indicatrices de chaque type de pratique agricole ont été déterminées grùce à
l’indice d’INDVALD (fonction multipatt() du logiciel R).
1.6.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s
d’araignĂ©es
Suite Ă  la comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es, nous avons Ă©tudiĂ©
la comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es.
L’approche spĂ©cifique et par guilde de chasse sera testĂ©e.
Concernant les guildes de chasse, des tests de χÂČ ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s afin de mettre en Ă©vidence
un lien entre le mode d’agriculture et l’abondance et/ou la richesse spĂ©cifique. Confirmer
ce lien permettra d’utiliser ces donnĂ©es pour effectuer des Generalized linear mixed model
(GLMMs) suivant la loi de poisson. On a intĂ©grĂ© comme facteur alĂ©atoire l’identitĂ© de la
parcelle. Ceci permet de tenir compte dans le modÚle des contraintes de dépendance
spatiale des données.
Seules les données de la station 3 en milieu de parcelle ont été étudiées pour cette sous-
partie. En effet, nous ne voulions pas fausser les analyses en y intĂ©grant volontairement l’effet
lisiĂšre inhĂ©rent aux donnĂ©es de la station 1 en bord de parcelle. De plus, l’effet des co-
variables « taille de parcelle » et « pluviométrie » ont été testés dans nos modÚles.
Occurrence(%)
EspĂšces
Figure 8: Occurrence des espĂšces.
16
THEBAULT David
1.6.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es
Notre second objectif a Ă©tĂ© d’étudier l’influence des variables paysagĂšres sur les
communautĂ©s d’araignĂ©es.
L’influence des variables paysagùres avec ou sans interaction avec la position dans la
parcelle a été testée en réalisant des Generalised Linear Models (GLMs), et en utilisant les
richesses spécifiques et abondances totales ou les richesses spécifiques et abondances par
guilde de chasse comme facteur Ă  expliquer. Sur chacune des 12 parcelles, deux stations
ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es. La station en bord de parcelle a pour objectif de reprĂ©senter l’effet lisiĂšre
facilement colonisable par les communautĂ©s d’araignĂ©es, car le plus proche du contexte
paysager environnant. La station en milieu de culture, représente la zone de la parcelle la
moins facilement colonisable, car la plus éloignée du contexte paysager entourant la
parcelle.
Pour tous les tests rĂ©alisĂ©s, le taux d’erreur acceptĂ© est de 5 %. Tous les rĂ©sultats prĂ©sentent
une probabilité P-value (ou P) inférieure à ce pourcentage seront jugés significativement
différents.
8 C1 0
8 C2 6 C2
8 C1 0
8 C2 6 C2
8 C1 0
8 C2 0
Pour résumer :
Nbr de
parcelles
Pratiques Agricole
Stations
par
436 piĂšges barbers ; Estimation : 22 710 individus 72 piĂšges barbers ; 3750 individus
travail classique du sol
semi-direct
Nbr de
parcelles
Pratiques Agricole
bio
conv
Camp. Camp.
Données mobilisées pour l'analyse
S1, S2, S3
Données échantillonnées sur le terrain
Stations
par
S1, S3
bio travail classique du sol
conv travail classique du sol
conv semi-directconv
travail classique du sol
2. RĂ©sultats :
2.1 Présentation générale des prélÚvements
Les 12 parcelles étudiées ont une abondance variant de 97 à 549 individus (Tableau 1).
La richesse spĂ©cifique des parcelles varie de 18 Ă  35. L’abondance et la richesse spĂ©cifique
observĂ©es sont lĂ©gĂšrement supĂ©rieures en agriculture biologique qu’en conventionnelle.
La complĂ©tude peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme satisfaisante lorsque l’indice de
complĂ©tude est supĂ©rieur Ă  0,75. C’est le cas ici pour 10 des 12 parcelles. Seules les parcelles
de Colineau P2 et de Bidault P1 semblent avoir eu un effort d’échantillonnage (ou
complétude) insuffisant. Avec des indices de complétude moyens de 0,77 pour les parcelles
conventionnelles et de 0,82 pour les parcelles biologiques, les complétudes moyennes sont
suffisantes.
L’indice de diversitĂ© de Simpson est minimal dans les parcelles de Poupin P1 et Pauvert
P1 (0,68), et maximale chez Colineau P2 (0,92). L’ensemble des parcelles tend globalement à
avoir une grande diversitĂ©. L’équitabilitĂ© est minimale dans les parcelles Poupin P1 et P3 (0,58
et 0,59). La rĂ©partition du nombre d’individus par espĂšce est donc moins bonne sur ces
17
THEBAULT David
parcelles. Quelques espĂšces semblent dominĂ©es au niveau de l’abondance. À l’inverse,
l’équitabilitĂ© est maximale chez Colineau P2 (0,84).
Tableau 1: Nombre d’individus (Nbr ind), richesse spĂ©cifique totale observĂ©e (Sobs), richesse spĂ©cifique
totale estimée (Sest), complétude (Sobs/Sest), indice de diversité de Simpson (1-D), et équitabilité (J)
pour chaque parcelle.
La seconde partie des analyses va consister Ă  comparer les communautĂ©s d’araignĂ©es en
fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique).
2.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en
fonction du type de pratique agricole
2.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es
En observant ce dendrogramme (Figure 9), regroupant les parcelles, on distingue deux
grands assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es. Les espĂšces sont affiliĂ©es soit aux
parcelles agricoles conventionnelles soit aux parcelles agricoles biologiques.
La 1Úre et 2Úme division du dendrogramme séparent deux parcelles des 10 autres parcelles.
Ces deux parcelles dissimilaires sont Cogné P1, en agriculture conventionnelle, et Bidault P1
en agriculture biologique. La 3ùme division du dendrogramme regroupe exclusivement d’un
cÎté les parcelles en agriculture conventionnelle : Colineau P1, Pauvert P1, Perdrieau P1,
Aligon P2, Aligon P3 ; et de l’autre les parcelles en agriculture biologique: Coutard P1, Poupin
P1/P2/P3, et Cloarec P.
Parcelles
ali_p2_c_2
ali_p3_c_2
cog_p1_c_2
col_p2_c_2
pau_p1_c_2
per_p_c_2
Moyenne
bid_p1_b_2
clo_p_b_2
cou_p_b_2
pou_p1_b_2
pou_p3_b_2
pou_p4_b_2
Moyenne
Nbr ind 456 406 391 97 139 228 286,17 364 549 280 294 261 285 338,83
Sobs 28 28 30 30 18 25 26,5 28 32 35 32 25 30 30,333
Sest 36,323 34,411 34,597 50,704 34,93 29 34,65 44,614 40 46,125 33 31,409 31,846 37,836
Complétude 0,77 0,81 0,86 0,57 0,76 0,85 0,77 0,63 0,79 0,75 0,99 0,81 0,98 0,82
Simpson 0,83 0,86 0,87 0,92 0,68 0,89 0,84 0,84 0,87 0,87 0,68 0,69 0,86 0,8
Equitabilité 0,66 0,71 0,73 0,84 0,61 0,78 0,72 0,66 0,71 0,71 0,58 0,59 0,74 0,66
A. BiologiqueA. Conventionnelle
18
THEBAULT David
Figure 9: Dendrogramme regroupant les parcelles de blĂ© d’hiver selon leurs similaritĂ©s, entre espĂšces d’araignĂ©es, en
termes de leur abondance (MĂ©thode de Ward, distance euclidienne). Les parcelles en agriculture conventionnelle sont
soulignées en rouge et les parcelles en agriculture biologique en vert.
Figure 10: pourcentage d’inertie expliquĂ© par les axes
de l’AFC.
Inerties(%)
La suite des analyses consiste à comparer les assemblages d’espùces entre les cultures à
partir d’une AFC portant sur le jeu de donnĂ©es des vingt espĂšces de plus forte occurrence.
Les axes 1 et 2 portent ensemble 66 % de l’information (ou d’inertie) du modùle (Figure 10).
Les résultats du plan factoriel des sites (Figure 11) montrent une opposition sur le premier axe
entre les parcelles en agriculture dite « conventionnelle » (Pauvert, Aligon, Perdrieau, et
Colineau) avec les parcelles en agriculture dite « biologique » (Cloarec, Bidault, Poupin, et
Coutard). Ceci est confirmé par la qualité de la représentation de ces différentes parcelles
sur l’axe 1, qui reprĂ©sentent presque totalement la formation de l’axe (93.54 %).
Les parcelles incluses dans ces deux groupes contiennent donc des assemblages d’espùces
communes. Seule la parcelle CognĂ© P1 semble mieux s’expliquer sur l’axe 2. Ces premiers
rĂ©sultats de l’AFC sont en adĂ©quation avec les rĂ©sultats issus du dendrogramme de la Figure
1.
19
THEBAULT David
En ce qui concerne le plan factoriel des 20 espùces dominantes (Figure 12), l’opposition
s’observe entre les espĂšces affiliĂ©es aux parcelles dites conventionnelles d’un cĂŽtĂ©: « O.
apicatus, O. fuscus, T. tenuis, W. vigilax, et D. lutetianus », et les espÚces affiliées aux parcelles
dites biologique: « Z. pusillus, O. simplex, X. kochi, T. ruricola, P. proxima, Z. civicus, P. nigriceps,
P. palustris, P. hortensis, et Z. tenuis » de l’autre cĂŽtĂ©. Elles reprĂ©sentent 85 % de la formation
du premier axe. À l’inverse les espĂšces : « O. agrestis, E. atra, E. dentipalpis, P. agrestis et P.
agricola » sont quant Ă  elles mieux reprĂ©sentĂ©es sur l’axe 2.
La famille des Linyphiidae et la guilde de chasse des « tisseuses de toiles (TT) » sont majoritaires
en parcelles conventionnelles. La famille des Lycosidae et la guilde de chasse des
« chasseuses coureuses (CC) » sont majoritaires en parcelles biologiques.
Deux groupes d’espĂšces, caractĂ©ristiques des deux types de pratique agricole, ressortent du
dendrogramme et de l’AFC. La prochaine Ă©tape de l’analyse des assemblages d’araignĂ©es,
vise Ă  mesurer si les espĂšces caractĂ©ristiques d’un type de pratique agricole sont prĂ©sentes
dans l’ensemble des modalitĂ©s (biologique ou conventionnelle) des parcelles. Pour cela,
l’indice d’Indvald est utilisĂ© sur l’ensemble des espĂšces de l’étude.
-- axe 1 (40%) -->
--axe2(24%)-->
d = 1
Figure 11: RĂ©partition des 12 parcelles de blĂ© d’hiver le long des axes 1 et 2 de
L’AFC.
20
THEBAULT David
L’indice d’Indvald (Tableau 2) met en Ă©vidence, sept espĂšces indicatrices en agriculture
conventionnelle : « B. gracilis (P-value = 0,005 ; Indval value = 0,35), D. lutetianus (P-value =
0,047 ; Indval value = 0,25), O. agrestis (P-value = 0,048 ; Indval value = 0,33), O. apicatus (P-
value = 0,001 ; Indval value = 0,7), O. fuscus (P-value = 0,001 ; Indval value = 0,46), T. tenuis (P-
value = 0,004 ; Indval value = 0,64),et W. tenuis (P-value = 0,007 ; Indval value = 0,52) » ; et 5
espÚces indicatrices en agriculture biologique : « X. kochi (P-value = 0,016 ; Indval value :
0,42), Z. civicus (P-value = 0,003 ; Indval value = 0,38), P. hortensis (P-value = 0,001 ; Indval
value = 0,40), P. nigriceps (P-value = 0,001 ; Indval value = 0,40), et P. palustris (P-value =
0,001 ; Indval value = 0,34) ».
Les espÚces indicatrices en agriculture conventionnelle sont majoritairement dominées par la
famille des Linyphiidae et par la guilde de chasse « tisseuses de toiles (TT) ». À l’inverse, les
espÚces indicatrices en agriculture biologique sont essentiellement dominées par la famille
des Lycosidae et par la guilde de chasse « chasseuses coureuses (CC) ». Ces résultats sont en
accord avec ceux de l’AFC.
10 des espÚces présentes dans les 20 espÚces dominantes sont retrouvées ici : « P. hortensis,
O. apicatus, O. fuscus, X. kochi, P. nigriceps, T. tenuis, Z. civicus, O. agrestis, D. lutetianus, P.
palustris», mais également des espÚces moins abondantes comme : « B. gracilis, W. tenuis ».
Figure 2:
--axe2(24%)-->
-- axe 1 (40%) -->
d = 1
Figure 12: RĂ©partition des 20 espĂšces dominantes le long des axes 1 et 2 de L’AFC.
21
THEBAULT David
Tableau 2: Espùces indicatrices pour un type de pratique agricole. L’ensemble des espùces sont
significativement indicatrices avec une P-value < 0,05 et un Indval value≄ 0,25. L’analyse a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e
en abondance totale.
Famille EspĂšce Pratique A P-value Indval value Type de chasse
Linyphiidae Bathyphantes gracilis conv 0,005 0,35 Tisseuses de toiles
Gnaphosidae Drassyllus lutetianus conv 0,047 0,25 Chasseuses coureuses
Linyphiidae Oedothorax agrestis conv 0,048 0,33 Tisseuses de toiles
Linyphiidae Oedothorax apicatus conv 0,001 0,7 Tisseuses de toiles
Linyphiidae Oedothorax fuscus conv 0,001 0,46 Tisseuses de toiles
Linyphiidae Tenuiphantes tenuis conv 0,004 0,64 Tisseuses de toiles
Linyphiidae Walckenaeria tenuis conv 0,007 0,52 Tisseuses de toiles
Thomisidae Xysticus kochi bio 0,016 0,42 Chasseuses Ă  l’affĂ»t
Gnaphosidae Zelotes civicus bio 0,003 0,38 Chasseuses coureuses
Lycosidae Pardosa hortensis bio 0,001 0,4 Chasseuses coureuses
Lycosidae Pardosa nigriceps bio 0,001 0,4 Chasseuses coureuses
Lycosidae Pardosa palustris bio 0,001 0,34 Chasseuses coureuses
2.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s
d’araignĂ©es
Pour cette sous-partie, seules les données issues de la station en milieu de parcelle ont été
conservĂ©es, cela afin de ne pas avoir d’effet lisiĂšre.
Nous avons commencé par étudier la différence de proportion des communautés
d’araignĂ©es entre agriculture conventionnelle et biologique. Dans un premier temps, nous
avons regardĂ© la diffĂ©rence (de proportion) d’individus totaux en agriculture biologique (49,7
%) et en conventionnel (50,3 %). Les proportions Ă©tant quasiment identiques, entre les deux
types d’agriculture, nous avons choisi dans un second temps de catĂ©goriser les individus par
guilde de chasse (Figures 13 et 14) : Chasseuses Ă  l’affĂ»t (CA) ; Chasseuses Coureuses (CC) ;
et Tisseuses de Toiles (TT).
La guilde des chasseuses coureuses (CC) est celle avec la plus grande abondance (2209
individus), puis vient la guilde des tisseuses de toiles (TT) (1072 individus) et celle des
chasseuses Ă  l’affĂ»t (CA) (469 individus) (Figure 13).
Les chasseuses coureuses sont dominées par la famille des Lycosidae avec 87,2 % des
individus puis dans une moindre mesure par les Gnaphosidae avec 11,5 %. Les tisseuses de
toiles sont quant à elles dominées par la famille des Linyphiidae avec 93,9 %. Les chasseuses
Ă  l’affĂ»t sont quasiment exclusivement par la famille des Thomisidae avec 99,8 % des
individus (Figure 14).
22
THEBAULT David
Proportiond’individusparfamille
(%)
Type de chasse
Le test de chi-deux (Figure 15) de comparaison des proportions d’individus, en culture
biologique et conventionnelle, a mis en évidence des différences significatives pour les
chasseuses Ă  l’affĂ»t (P-value = 0.003), pour les chasseuses coureuses (P-value < 0,001), et pour
les tisseuses de toiles (P-value < 0,001).
Figure 13: Nombre d’individus en
fonction du type de chasse.
Nombred’individus
Type de chasse
Figure 14: Proportion d’individus par
famille en fonction du type de
chasse.
Proportiond’individus
Figure 15: RĂ©sultats des tests χ2 de comparaison, des proportions d’individus, des diffĂ©rentes
guildes de chasse (CA, CC, TT) en fonction du type de pratique agricole. Des lettres différentes
ont été attribuées lorsque le test est significatif (P-value < 0,05).
Type de chasse
23
THEBAULT David
Suite Ă  ces rĂ©sultats, des GLMMs (Figure 16) ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur l’abondance et la richesse
spĂ©cifique afin d’étudier l’influence du type d’agriculture sur la composition du peuplement
d’araignĂ©es. Seules les donnĂ©es issues de la station en milieu de parcelle ont Ă©tĂ© conservĂ©es
pour les GLMMs. Les rĂ©sultats issus des χ2 ci-dessus nous ont encouragĂ©s Ă  continuer de
travailler pour cette sous-partie, et pour la partie III, par type de guilde de chasse et non pas
seulement sur l’ensemble de la population d’araignĂ©es.
Pour l’ensemble des GLMMs, les variables « taille de parcelle » et « pluviomĂ©trie » ont Ă©tĂ©
testées en co-variables explicatives, mais se sont révélées non significatives (P-value > 0,05).
Ainsi, seuls les modÚles simples avec la variable explicative « type de pratique agricole » ont
été retenus.
Les GLMMs rĂ©alisĂ©s sur l’abondance et la richesse spĂ©cifique de l’ensemble de la population
d’araignĂ©es se sont rĂ©vĂ©lĂ©s non significatifs (P-value > 0,05). Cependant, les GLMMs rĂ©alisĂ©es
sur les abondances et les richesses spécifiques des différentes guildes de chasse se sont
toutes révélées significatives (P-value < 0,05) excepté pour la richesse spécifique des
chasseuses Ă  l’affĂ»t (P-value > 0,05).
L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t est significativement supĂ©rieure en culture biologique
(P-value = 0.04264) qu’en culture conventionnelle. Il n’y a cependant pas de diffĂ©rence
significative au niveau de la richesse spĂ©cifique des chasseuses Ă  l’affĂ»t (P-value > 0,05).
L’abondance des chasseuses coureuses est elle aussi significativement supĂ©rieure en culture
biologique (P-value = 2.2e-16), mais aussi leur richesse spécifique (P-value = 4.777e-05).
À l’inverse, l’abondance (P-value = 5.11e-10) et la richesse spĂ©cifique (P-value = 0.001323)
des tisseuses de toiles sont significativement inférieures en culture biologique.
24
THEBAULT David
Figure 16: RĂ©sultats des GLM mixtes rĂ©alisĂ©s sur l’abondance et la richesse spĂ©cifique des diffĂ©rentes guildes de chasse (CA,
CC, TT), en fonction du type de pratique agricole. *** P-value < 0.001, ** P-value < 0.01, * P-value < 0.05, NS P-value >0.05.
* NS
**
***
***
***
G
G
G
GF
H
G
H
G
H”
***
**
25
THEBAULT David
2.3 Influence des variables paysagĂšres sur les
communautĂ©s d’araignĂ©es
Pour finir, nous avons Ă©tudiĂ© l’effet du contexte paysager et de la position dans la parcelle sur
les communautĂ©s d’araignĂ©es. Nous avons testĂ© individuellement l’effet de ces variables
paysagùres sur : l’abondance totale, l’abondance par type de guilde de chasse (CA, CC,
TT), par richesse spécifique total, par richesse spécifique des différentes guildes de chasse, et
ceci dans un rayon de 500, 200, et 100m. L’ensemble des parcelles agricoles
(conventionnelles et biologiques) a été utilisé pour cette sous-partie.
On observe que la prise en compte des composantes du paysage permet d’expliquer une
partie de la dĂ©viance de la composition des communautĂ©s d’araignĂ©es (Tableau 3). L’effet
direct du paysage, sans interaction avec la position dans la parcelle, est plus souvent
significatif sur la population d’araignĂ©es dans le buffer le plus proche de la zone
d’échantillonnage, ici de 100m et avec 23 effets du paysage significatifs (Tableau3). À
l’inverse, l’effet direct du paysage, sans interaction avec la position dans la parcelle, tend à
ĂȘtre moins souvent significatif lorsqu’on augmente le rayon de l’étude : 200m (20) et 500m
(16) (Tableau 3).
Cependant, plus on tend Ă  augmenter le rayon d’étude du contexte paysager autour des
zones d’échantillonnage et plus l’effet du contexte paysager, en interaction avec la position
dans la parcelle, est souvent significatif : 100m (21), 200m (29), et 500m (34) (Tableau 3).
Les effets du contexte paysager au sens global (avec ou sans interactions) ressortent plus
souvent significatifs pour un rayon de 500m, autour de la station échantillonnée, avec 50
effets significatifs (Tableau 3). Nous avons donc choisi de faire apparaitre prioritairement les
résultats de ce rayon (Tableau 4).
Tableau 3: RĂ©capitulatif du nombre de variables paysagĂšres significatives par buffer (500, 200,100m),
avec ou sans interactions, sur les variables Richesse spécifique et Abondances totales ou par guilde de
chasse.
Tout d’abord, on remarque que les variables paysagùres ont nettement plus d’effets
significatifs sur les abondances (46) de la communautĂ© d’araignĂ©es que sur leurs richesses
spĂ©cifiques (4), que ce soit pour l’ensemble des individus ou par guilde de chasse (Tableau
4).
Si l’on regarde l’abondance totale, on observe un effet nĂ©gatif direct des variables
paysagùres : bñtiment, mare, cours d’eau, haie, sur celle-ci et ceci quelle que soit la position
dans la parcelle. Les variables paysagÚres : culture et bande enherbée ont un effet positif
sur l’abondance totale en interaction avec la position dans la parcelle. En effet, ces effets
Buffer
Effets variables paysagĂšres 500m 200m 100m
Paysage 16 20 23
Paysage : Position parcelle 34 29 21
Total 50 49 44
26
THEBAULT David
positifs sont plus Ă©levĂ©s en bord de parcelle qu’en milieu de parcelle. Les variables
paysagĂšres : prairie et boisement, ont elles un effet nĂ©gatif sur l’abondance totale des
araignées en interaction avec la position dans la parcelle. En effet, ces effets négatifs sont
plus Ă©levĂ©s en milieu de parcelle qu’en bord de parcelle.
L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t, subit un effet direct du contexte paysager, et ce
quelle que soit la position dans la parcelle. Les variables paysagĂšres boisement et haie
impactent positivement l’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t alors que les variables
bĂątiment et cours d’eau l’impactent nĂ©gativement. L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t
subit Ă©galement un effet des variables paysagĂšres en interaction avec la position dans la
parcelle. Les variables paysagÚres : culture, mare et bande enherbée ont un effet positif en
bord de parcelle. Le milieu de parcelle de bande enherbée a également un effet positif. Les
effets de ces variables en bord de parcelles sont là aussi plus élevés. De plus, la variable
paysagĂšre prairie impacte nĂ©gativement l’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t et cela de
façon plus importante en milieu de parcelle.
L’abondance des chasseuses coureuses subit elle aussi un effet direct du contexte paysager,
que ce soit la position en bord ou milieu de parcelle. Les variables paysagĂšres boisement et
haie impactent positivement l’abondance des chasseuses coureuses alors que les variables
bĂątiment et cours d’eau l’impactent nĂ©gativement. L’abondance des chasseuses coureuses
subit Ă©galement un effet des variables paysagĂšres en interaction avec la position dans la
parcelle. Les variables paysagÚres : culture, prairie et bande enherbée ont un effet positif en
bord de parcelle, et en milieu de parcelle, sauf le milieu de parcelle de prairie qui n’est pas
significatif. Les effets de ces variables en bord de parcelles sont là aussi plus élevés. De plus,
la variable paysagĂšre mare impacte nĂ©gativement l’abondance des chasseuses coureuses
et cela de façon plus importante en milieu de parcelle.
Pour finir avec les abondances d’araignĂ©es, nous nous attardons ici sur l’abondance des
tisseuses de toiles. On remarque que seule la variable paysagÚre bande enherbée a un effet
nĂ©gatif direct, quelle que soit la position dans la parcelle, sur l’abondance des tisseuses de
toiles. L’abondance des tisseuses de toiles subit Ă©galement un effet des variables paysagĂšres
en interaction avec la position dans la parcelle. La variable paysagĂšre culture a un effet
positif en bord de parcelle et en milieu de parcelle. L’effet de la culture est supĂ©rieur en bord
de parcelle. De plus, les variables paysagùres : prairie, boisement, cours d’eau, haie, et
bĂątiment impactent nĂ©gativement l’abondance des tisseuses de toile et cela de façon plus
importante en milieu de parcelle, excepté pour la variable bùtiment qui est corrélée
positivement aux communautĂ©s d’araignĂ©es tisseuses de toiles en milieu de parcelle. De plus,
on remarque que la variable mare a bien un effet nĂ©gatif sur les communautĂ©s d’araignĂ©es
tisseuses de toiles en milieu de parcelle, mais cet effet n’est pas significatif en bord de
parcelle.
Si l’on s’intĂ©resse maintenant Ă  la richesse spĂ©cifique totale des araignĂ©es, on remarque que
seule la variable paysagùre cours d’eau en interaction avec la position milieu de la parcelle
a un effet significatif sur celle-ci. Cet effet de la variable paysagĂšre cours d’eau est nĂ©gatif.
La richesse spĂ©cifique des chasseuses Ă  l’affĂ»t est impactĂ©e quant Ă  elle nĂ©gativement par
la variable mare et ceci quelle que soit la position dans la parcelle. La richesse spécifique des
chasseuses coureuses est impactĂ©e quant Ă  elle nĂ©gativement par la variable cours d’eau et
ceci quelle que soit la position dans la parcelle. Pour la richesse spécifique des tisseuses de
toiles, on remarque que seule la variable paysagùre cours d’eau en interaction avec la
position milieu de la parcelle a un effet significatif sur celle-ci. Cet effet de la variable
paysagĂšre cours d’eau est lĂ  aussi nĂ©gatif.
27
THEBAULT David
Afin d’illustrer plus concrùtement les relations des variables issues des GLMs (Tableau 4), deux
courbes ont été choisies (Figure 17 et 18).
La Figure 17 montre l’effet positif de la prairie, en bord de parcelle, sur l’abondance des
chasseuses coureuses.
Figure 17 : ReprĂ©sentation graphique des prĂ©dictions du modĂšle GLM issue de l’abondance des
chasseuses coureuses, en bord de parcelle, en fonction du pourcentage de surface de prairie.
Tableau 4: RĂ©sultats des GLMs rĂ©alisĂ©es sur l’abondance et la richesse spĂ©cifique totales ainsi que sur les
différentes guildes de chasse (CA, CC, TT) en fonction du contexte paysager de 500m autour des parcelles. ***
P-value < 0.001, ** P-value < 0.01, * P-value < 0.05, NS P-value >0.05.
Culture (%) Prairie (%) Boisement (% ) Batiment (% ) BA (%) Mare (%) CE (ml) haie (ml)
P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef
** 0,003 (-)1,11 *** 0,04 (-)5,30 *** 0,09 (-)0,02 * 0,004 (-)0,001
bp *** 0,21 (+)0,94 *** 0,16 (-)0,6 * 0,01 (-)0,68 *** 0,03 (+)8,6
mp *** 0,07 (+)0,59 *** 0,05 (-)0,98 *** 0,05 (-)1,87 *** 0,06 (+)5,31
*** 0,03 (+)0,33 *** 0,04 (-)0,96 *** 0,06 (-)0,004 *** 0,05 (+)0,001
bp * 0,02 (+)0,06 *** 0,06 (-)0,14 *** 0,18 (+)3,40 *** 0,17 (+)3,27
mp NS *** 0,08 (-)0,24 ** 0,04 (+)1,8 NS
*** 0,04 (+)1,23 ** 0,004 (-)0,94 ** 0,04 (-)0,01 ** 0,007 (+)0,001
bp *** 0,10 (+) 0,58 *** 0,1 (+)0,68 *** 0,06 (+)6,78 *** 0,08 (-)6,26
mp *** 0,01 (+)0,10 NS *** 0,03 (+)4,5 *** 0,10 (-)7,45
*** 0,07 (-)5,46
bp *** 0,08 (+) 0,71 ** 0,01 (-)0,16 *** 0,32 (-)1,96 * 0,01 (-)0,77 NS * 0,012 (-)0,01 *** 0,10 (-)0,01
mp *** 0,22 (+)0,28 *** 0,08 (-)0,52 *** 0,43 (-)3,87 *** 0,04 (+)3,47 *** 0,10 (-)6,65 *** 0,04 (-)0,01 *** 0,11 (-)0,003
NS NS NS NS NS NS NS
bp NS
mp *** 0,44 (-)0,01
NS NS NS NS NS * 0,04 (-)0,08 NS NS
bp
mp
NS NS NS NS NS NS ** 0,09 (-)0,002 NS
bp
mp
NS NS NS NS NS NS NS
bp NS
mp *** 0,54 (-)0,002
S_CA
S_CC
S
Ab_TT
Ab_CC
S_TT
Station
Ab_CA
Ab
28
THEBAULT David
La Figure 18 illustre l’effet nĂ©gatif de la prairie, en bord de parcelle, sur l’abondance des
tisseuses de toiles.
Figure 18 : ReprĂ©sentation graphique des prĂ©dictions du modĂšle GLM issue de l’abondance des
tisseuses de toiles, en bord de parcelle, en fonction du pourcentage de surface de prairie.
3. Discussion
Les objectifs de notre Ă©tude Ă©taient : 1) la comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en
fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique) ; et 2) l’influence des
facteurs paysagers sur les communautĂ©s d’araignĂ©es. Nos hypothĂšses Ă©taient d’une part que
la richesse spĂ©cifique et l’abondance des communautĂ©s d’araignĂ©es sont plus importantes
en agriculture biologique. D’autre part, que les variables paysagĂšres non cultivĂ©es ont un
effet bĂ©nĂ©fique sur les communautĂ©s d’araignĂ©es, d’autant plus sur les individus prĂ©sents en
bord de parcelle.
3.1 Présentation générale des prélÚvements
Sur les 12 parcelles Ă©tudiĂ©es, il est possible de constater une diffĂ©rence d’abondance Ă©levĂ©e
pouvant ĂȘtre multipliĂ©e jusqu’à cinq entre les cas de Mr. Cloarec (549 individus) et Mr.
Colineau (97 individus). Cette diffĂ©rence d’abondance se constate Ă©galement pour la
richesse spĂ©cifique observĂ©e, pouvant ĂȘtre multipliĂ©e par deux entre les cas de Mr. Coutard
(35 espÚces) et Mr. Pauvert (18 espÚces). Ces différences observées entre les communautés
d’araignĂ©es suggĂšrent l’influence de variables environnementales autour des parcelles. Nous
savons que les communautĂ©s d’araignĂ©es dĂ©pendent Ă  la fois de variables locales et de
variables paysagĂšres plus larges (Schmidt et al., 2005). Cela nous a conduits Ă  Ă©tudier par la
suite l’influence du type de pratiques agricoles et des variables paysagùres sur les
communautĂ©s d’araignĂ©es. L’équitabilitĂ© mesurĂ©e sur nos parcelles met en Ă©vidence que
l’effort d’échantillonnage, sur celles-ci, semble suffisant pour caractĂ©riser l’arachnofaune en
déplacement au sol pendant la période donnée.
29
THEBAULT David
3.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en
fonction du type de pratique agricole
(conventionnelle / biologique)
3.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es
PremiÚrement, cette étude montre une grande cohérence des assemblages de
communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole. En effet, on constate
sur nos parcelles du Maine-et-Loire deux grands assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es
avec des espÚces affiliées aux parcelles agricoles conventionnelles ou aux parcelles
agricoles biologiques. Cela suggĂšre que les parcelles biologiques et conventionnelles sont
clairement différenciées les unes des autres sur le plan écologique et que ces différences
sont favorables Ă  certaines espĂšces d’araignĂ©es et dĂ©favorables Ă  d’autres. Nos premiĂšres
analyses (dendrogramme et AFC) ont tendu à montrer qu’en culture conventionnelle, on
retrouve essentiellement la famille des Linyphiidae et la guilde de chasse des tisseuses de
toiles ; et qu’en culture biologique, on retrouve en majoritĂ© la famille des Lycosidae et la
guilde de chasse des chasseuses coureuses.
Nous savons que la quasi-totalité des espÚces indicatrices de la pratique agricole
conventionnelle sont des Linyphiidae tisseuses de toiles (6 sur 7). De plus, la majorité des
espĂšces indicatrices de la pratique agricole biologique sont des Lycosidae chasseuses
coureuses (3 sur 5). Ces espĂšces indicatrices viennent donc corroborer les premiĂšres
observations évoquées précédemment.
Seules les parcelles de Mr. Cogné et Mr. Bidault semblent avoir des assemblages de
communautés différentes aux autres parcelles.
Cette dissimilaritĂ© de la parcelle de Bidault P1 peut notamment s’expliquer par un
effort d’échantillonnage qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© insuffisant sur cette derniĂšre : l’assemblage
représenté sur cette parcelle étant ainsi considéré non représentatif de la réalité, car
incomplet.
En ce qui concerne la parcelle de Mr. CognĂ©, cela peut s’expliquer par le fait qu’il ait
rĂ©pandu de l’insecticide sur la pĂ©riode de l’étude et donc l’assemblage d’araignĂ©es observĂ©
ne correspond pas Ă  ce que l’on aurait pu mettre en Ă©vidence (Prieto-Benitez & MĂ©ndez,
2010).
3.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s
d’araignĂ©es
Nous avons Ă©tabli dans notre Ă©tude qu’il n’y a pas de diffĂ©rence significative, au
niveau des proportions d’effectifs totaux des araignĂ©es, entre la culture conventionnelle et
biologique. Cependant, aprĂšs avoir choisi de regrouper les individus par type de chasse,
nous avons mis en évidence des différences significatives, au niveau de leurs proportions
d’effectifs respectifs. Ceci pour les trois guildes de chasse : chasseuses Ă  l’affĂ»t, chasseuses
coureuses et tisseuses de toiles. Ces résultats nous ont confortés dans notre idée de comparer
l’abondance et la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es par guilde de chasse
et non pas seulement sur la totalité des données. Contrairement à ce qui est observé dans la
littérature, la famille des Lycosidae domine nos échantillons suivis des Linyphiidae. En effet,
traditionnellement on observe dans les cultures d’Europe centrale une majoritĂ© de
Linyphiidae puis des Lycosidae (Sunderland, 1999). Cette sous-représentation des Linyphiidae
30
THEBAULT David
peut ĂȘtre liĂ©e Ă  un sous-Ă©chantillonnage dĂ» Ă  un biais humain ou au fait que lors des
Ă©chantillonnages cette famille n’ait pas encore atteint son maximum dĂ©mographique.
Aucune diffĂ©rence significative d’abondance et de richesse spĂ©cifique, sur
l’ensemble de la population d’araignĂ©es, en fonction du type d’agriculture n’a Ă©tĂ© mise en
évidence. Cela ne correspond pas avec ce qui est vu dans la littérature et qui tend à
montrer qu’il y ait plus d’abondance et de richesse spĂ©cifique dans les parcelles biologiques
(Schmidt et al., 2005 ; Clough et al., 2005). Cependant, actuellement de nombreuses Ă©tudes
semblent montrer qu’il n’y ait pas toujours de diffĂ©rences au niveau de l’abondance et de la
richesse spécifique totale entre les parcelles biologiques et conventionnelles (Prieto-Benitez &
MĂ©ndez, 2010). Cela peut s’expliquer par le fait d’une rĂ©plication insuffisante des unitĂ©s
d’échantillonnage ou d’un manque de compatibilitĂ© entre les parcelles biologique et
conventionnelle. En effet, dans certains cas les parcelles biologiques étaient bordées pour la
plupart de terres gérées de maniÚre conventionnelle (Schmidt et al., 2005a). De plus,
l’absence de diffĂ©rence significative de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique totale,
entre les cultures biologiques et conventionnelles, peut s’expliquer par le fait que l’efficacitĂ©
d’un type d’agriculture dĂ©pend en grande partie de la complexitĂ© du paysage ou plus
précisément du pourcentage élevé de surface non cultivées et non urbanisées (Concepción
et al., 2008). Nos hypothÚses sont donc : soit les parcelles biologiques étudiées ont un
paysage environnant avec une surface non cultivée insuffisante, soit les parcelles
conventionnelles étudiées ont un paysage environnant avec une surface non cultivée
suffisante pour attĂ©nuer la diffĂ©rence de richesse spĂ©cifique et d’abondance de l’ensemble
de la communautĂ© d’araignĂ©es entre cultures biologiques et conventionnelles. C’est la
deuxiÚme hypothÚse qui est validée ici.
Des différences significatives, entre les cultures biologiques et conventionnelles, ont
Ă©tĂ© mises en Ă©vidence pour la richesse spĂ©cifique et l’abondance des guildes de chasse.
L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t, ainsi que l’abondance et la richesse spĂ©cifique des
chasseuses coureuses sont significativement plus importantes en culture biologique. Ces
rĂ©sultats sont en adĂ©quation avec ceux trouvĂ©s dans l’étude de Feber et al. (1998). L’effectif
des chasseuses Ă  l’affĂ»t Ă©tant plus limitĂ© dans notre Ă©tude par rapport aux autres guildes, ces
résultats sont à prendre avec précautions. Cette plus grande abondance et richesse
spĂ©cifique des chasseuses Ă  l’affĂ»t et des coureuses s’explique par : premiĂšrement le fait que
les insecticides sont absents en culture biologique, les populations d’araignĂ©es ne subissent
donc pas de mortalité liée à ce facteur (Pekar & Kocourek, 2004 in Prieto-Benitez & Méndez,
2010). Cependant, Laster et Brazzel (1968) ont montré que les araignées avaient une
tolĂ©rance aux pesticides et qu’elles Ă©taient moins sensibles aux insecticides que certains
autres insectes prédateurs comme les coccinelles.
DeuxiÚmement, les cultures biologiques ont une plus grande couverture et diversité
d’adventices (« mauvaises herbes »). Cela a pour effet de fournir aux populations
d’araignĂ©es une plus grande complexitĂ© structurelle et de lieux oĂč se cacher Ă  la surface du
sol (Sunderland & Samu, 2000).
TroisiÚmement, les champs biologiques reçoivent de plus importants apports de fumier
et ont une rotation des cultures plus complexe permettant d’amĂ©liorer la qualitĂ© du sol. Cela
peut bénéficier aux araignées en augmentant la disponibilité des insectes tels que les
collemboles, ou les moucherons. Ces proies supplĂ©mentaires sont d’autant plus importantes
que dans les cultures de blĂ© d’hiver, surtout au printemps, la quantitĂ© de proies est un facteur
limitant (Harwood et al., 2001).
Il a Ă©galement Ă©tĂ© montrĂ© que l’abondance et la richesse spĂ©cifique des tisseuses de
toiles ne sont pas significativement plus importantes en culture biologique. C’est cohĂ©rent
avec les résultats trouvés par Feber et al. (1998). Cependant, il a également été montré dans
notre étude une abondance et une richesse spécifique significativement plus importante en
culture conventionnelle pour les tisseuses de toiles. Ce serait dĂ» au fait que bien que le milieu
en culture biologique soit globalement plus favorable aux araignées tisseuses de toile, ces
31
THEBAULT David
derniÚres, par leur mode de déplacement aérien aléatoire (ou « ballooning ») sont
incapables de s’orienter en direction des cultures biologiques. De plus en Maine-et-Loire, il
n’y a que 8 % de cultures biologiques contre 92 % de cultures conventionnelles. Cette
tendance est également observée en France. Cette faible proportion de cultures
biologiques rend la tĂąche d’autant plus compliquĂ©e pour les araignĂ©es tisseuses de toiles, car
il y aura proportionnellement moins de chance pour ces araignĂ©es d’arriver jusqu’aux
cultures biologiques. Une autre raison pouvant expliquer la plus faible abondance et richesse
spécifique des araignées tisseuses de toiles est que les cultures biologiques se trouvent
majoritairement dans des contextes bocagers, et les haies sont un obstacle important au
mode de déplacement aérien passif des araignées tisseuses de toiles. Une derniÚre raison qui
expliquerait cette plus faible abondance et richesse spécifique des tisseuses de toiles en
culture biologique serait liée au travail du sol plus fréquent en culture biologique (Everts et al.,
1989 in Clough et al., 2007). En effet, en culture biologique, du fait de l’absence de
pesticides, les agriculteurs doivent réaliser un travail du sol plus fréquent afin du lutter contre
le « salissement » des parcelles les adventices. Les araignées tisseuses de toiles auront
beaucoup de difficultés à éviter ces perturbations répétées, car leur mode de déplacement
alĂ©atoire n’est par dĂ©finition pas prĂ©visible. Elles sont donc soumises aux conditions
climatiques du moment.
3.3 Influence des variables paysagĂšres sur les
communautĂ©s d’araignĂ©es
Nos résultats révÚlent que les effets du paysage (ou des variables paysagÚres) sont
visibles sur les abondances mais pas sur les richesses spécifiques des araignées, que ce soit sur
l’ensemble des araignĂ©es ou par guildes de chasse. C’est cohĂ©rent avec ce que nous
pensions et cela s’explique par la nature mĂȘme de la variable « richesse spĂ©cifique ». En
effet, il suffit d’avoir un individu pour ĂȘtre comptabilisĂ© comme une espĂšce, ce qui tend Ă 
rĂ©duire l’information et Ă  limiter la variation dans le jeu de donnĂ©es. La consĂ©quence est
d’avoir moins de probabilitĂ© d’avoir une corrĂ©lation significative de celle-ci avec les variables
paysagĂšres, d’autant plus que le nombre d’espĂšces d’araignĂ©es en milieu agricole reste
modeste et en général ne dépasse que rarement les 120 espÚces (Prieto-Benitez & Méndez,
2010).
La rĂ©ponse des araignĂ©es face au paysage est comprise jusqu’à 500m autour de la
zone d’étude. Clough et al. (2007) ont montrĂ© que l’effet du contexte paysager sur les
communautĂ©s d’araignĂ©es pouvait aller jusqu’à 3 km selon les espĂšces. Notre Ă©tude a
Ă©galement mis en Ă©vidence que l’effet du paysage est surtout marquĂ© quand les guildes de
chasse sont considĂ©rĂ©es, d’oĂč l’importance d’utiliser cette approche pour cette Ă©tude. De
plus, il a Ă©tĂ© prouvĂ© qu’il y a de meilleures rĂ©ponses des araignĂ©es au contexte paysager
dans un buffer de 500m. Dans ce buffer, la plupart des réponses des araignées au contexte
paysager diffĂšrent selon la position dans la parcelle. En effet, on remarque qu’une rĂ©ponse
positive des communautĂ©s d’araignĂ©es, ici une augmentation de leur abondance, face Ă 
l’augmentation d’une variable paysagĂšre sera plus marquĂ©e en bord de parcelle et tendra
Ă  s’attĂ©nuer en milieu de parcelle. Ce phĂ©nomĂšne peut s’expliquer par le fait que toutes les
espĂšces ne peuvent se dĂ©placer jusqu’au centre de la parcelle. Par opposition, une rĂ©ponse
nĂ©gative des communautĂ©s d’araignĂ©es, ici une baisse de leur abondance, face Ă 
l’augmentation de la variable paysagĂšre sera encore plus marquĂ©e en milieu de parcelle
qu’en bord de parcelle, car l’effet limitant de la capacitĂ© de dispersion peut accroitre cet
effet nĂ©gatif dĂ©jĂ  marquĂ© en bord de parcelle. Cependant, il est important de signaler qu’il y
a peu de différences significatives observées entre les bords et milieux de parcelles. Au final,
contrairement aux hypothÚses précédentes cela illustre donc une grande capacité de
dispersion des araignées et pour les trois types de chasses. Dans le buffer de 100m la réponse
32
THEBAULT David
des communautĂ©s d’araignĂ©es au contexte paysager est la mĂȘme quelle que soit la position
dans la parcelle.
On a Ă©galement remarquĂ© un effet positif des cultures sur l’abondance des
chasseuses coureuses et des tisseuses de toiles. C’est inattendu et cela tĂ©moigne de
l’importance d’habitats similaires, bien que non pĂ©rennes (ex : prairies), Ă  proximitĂ© de nos
cultures.
Nos rĂ©sultats montrent que l’abondance des chasseuses coureuses, en grande
majorité représentées par les Lycosidae, est corrélée positivement à une majorité des
surfaces paysagÚres non cultivées (prairies, bois, bandes enherbées, et haies) et donc
corrélées positivement au pourcentage de surfaces non cultivées dans le paysage
environnant la zone d’étude. Ces rĂ©sultats sont en accord avec d’autres publications
(Clough et al., 2007). De fait, les paysages moins dominés par les terres arables ont des
habitats plus pérennes. Ces habitats pérennes non cultivés semblent donc particuliÚrement
importants pour les espĂšces d’araignĂ©es de type chasseuses coureuses. Ceux-ci peuvent
non seulement servir de lieux pour passer l’hiver (abri contre les prĂ©dateurs, reproduction, ou
lieux de repos) en raison d’une perturbation rĂ©duite, mais sont Ă©galement plus diversifiĂ©s en
espÚces et ont des ressources alimentaires plus prévisibles (Sunderland, 1999). Il semble que
les Lycosidae utilisent donc les cultures de maniĂšre facultative pour chasser et chassent
prioritairement dans les habitats non cultivés et les écotones comme les bandes enherbées
ou les bords de parcelles (Sunderland & Samu, 2000).
À l’inverse, nous avons mis en Ă©vidence que l’abondance des tisseuses de toiles, en
grande majoritĂ© reprĂ©sentĂ©es par les Linyphiidae, est corrĂ©lĂ©e nĂ©gativement Ă  l’ensemble
des surfaces paysagÚres non cultivées (prairie, bois, bandes enherbées, et haies). Ces
résultats sont également en accord avec ce qui est vu dans la littérature (Clough et al.,
2007). Cela tend à montrer que pour les Linyphiidae les habitats plus pérennes sont non
seulement pas importants, mais dĂ©favorables. Ces rĂ©sultats peuvent s’expliquer : d’une part,
par le fait que les habitats non cultivés sont, de par la nature passive du mode de dispersion
des Linyphiidae, un frein à leur circulation. Cela est d’autant plus impactant dans le cas de
bois et de haies. Il semble que cette famille utilise prioritairement les cultures pour chasser,
contrairement aux Lycosidae. D’autre part, l’effet nĂ©gatif des prairies sur la population de
Linyphiidae peut s’expliquer par la compĂ©tition inter-guilde de chasse et mĂȘme inter-
spécifique. En effet, nous savons que les prairies ont un effet positif sur la population de
Lycosidae et que ces derniÚres tendent à évoluer dans ce type de milieu. Une compétition
entre les Linyphiidae et les Lycosidae est donc envisageable, d’autant qu’il est Ă©tabli que les
principaux ennemis naturels des araignĂ©es sont d’autres araignĂ©es (Wise, 1993 in Schmidt et
al., 2005b).
Il a également été montré que les variables paysagÚres semblent avoir globalement
un effet nĂ©gatif sur l’abondance total des communautĂ©s d’araignĂ©es.
Maintenant qu’il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le contexte paysager impacte les
communautĂ©s d’araignĂ©es nous pouvons supposer qu’il explique en partie la rĂ©partition des
Lycosidae chasseuses coureuses et/ou des Linyphiidae tisseuses de toiles en fonction des
cultures biologiques et conventionnelles. En effet, la présence importante des éléments
paysagers corrélés positivement pour les Lycosidae (ici les boisements, bandes enherbées,
haies) et/ou les éléments paysagers corrélés négativement pour les Linyphiidae (ici les
prairies, haies) autour des parcelles biologiques peuvent expliquer la répartition observée.
AprÚs vérification sur les données cartographiques SIG, cette hypothÚse est en partie validée.
En effet, il semble y avoir plus de prairies et de haies en culture biologique, favorisant ainsi les
Lycosidae et Ă  l’inverse dĂ©favorisant les Linyphiidae.
33
THEBAULT David
4. Conclusion
Nous avons mis en Ă©vidence que la richesse spĂ©cifique et l’abondance des communautĂ©s
d’araignĂ©es sont plus importantes en agriculture biologique lorsque l’on compare par guilde
de chasse, exceptĂ© pour les tisseuses de toiles. L’hypothĂšse de notre premier objectif est
donc en partie validée. Concernant le second objectif, nous avons à la fois démontré un
effet bénéfique des variables paysagÚres non cultivées sur les araignées chasseuses
coureuses et ceci d’autant plus sur les individus prĂ©sents en bord de parcelle, mais nous
avons également mis en évidence un effet négatif des variables paysagÚres non cultivées et
ceci est d’autant plus accentuĂ© en milieu de parcelle. La seconde hypothĂšse est donc lĂ 
aussi en partie validée. Cette étude a mis en évidence la grande disparité existant au sein
des araignĂ©es et l’importance de ne pas se contenter d’une approche uniquement
spĂ©cifique mais aussi de travailler Ă  l’échelle des groupes fonctionnels, tels que les guildes de
chasse, qui permettent d’avoir des rĂ©sultats plus probants.
Favoriser le maintien de l’abondance et la richesse en espĂšce des araignĂ©es dans les
agroĂ©cosystĂšmes a pour consĂ©quence de favoriser le maintien de leur rĂŽle d’auxiliaire de
cultures, donc de favoriser la régulation des ravageurs de cultures et ainsi indirectement de
contribuer Ă  la productivitĂ© agricole. La gestion des communautĂ©s d’araignĂ©es doit se faire
Ă  l’échelle locale, mais Ă©galement Ă  l’échelle paysagĂšre. Cela implique que les mesures de
gestion devraient inclure la connaissance de leurs exigences spatiales.
Suite Ă  ce travail, il serait intĂ©ressant de poursuivre l’étude et de traiter le reste des donnĂ©es
recueillies sur le terrain afin de valider ou non ces conclusions. L’étude de la variable travail
du sol sera particuliĂšrement intĂ©ressante du fait que trĂšs peu d’études ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur ce
sujet. De plus, il serait intĂ©ressant d’intĂ©grer Ă  ces analyses des variables complĂ©mentaires,
pouvant Ă©galement impacter les communautĂ©s d’araignĂ©es (Clough et al., 2007) :
l’historique cultural des parcelles, les taux de pesticides dans les cultures conventionnelles et
leur fréquence, ainsi que le pourcentage de connectivité entre les habitats.
Ce stage a Ă©tĂ© complet et formateur. J’ai eu Ă  la fois Ă©normĂ©ment de terrain, de rencontres
et de discussions avec des acteurs du monde agricole, ainsi qu’un travail rĂ©dactionnel et
analytique important. Pour cette derniĂšre partie, j’ai Ă©tĂ© amenĂ© Ă  utiliser des outils statistiques
et cartographiques. Les acteurs du monde agricole que j’ai rencontrĂ©s Ă©taient d’une grande
diversité : élus, directeurs de pÎle et autres personnels de la chambre, exploitants agricoles :
et m’ont permis d’avoir une vision globale et cohĂ©rente de ce milieu. De plus, ce stage m’a
permis de compléter mes connaissances naturalistes, via mon travail réalisé sur le terrain
(OAB et étude sur les araignées) et mes échanges avec les associations naturalistes et
l’universitĂ© de Rennes 1.
34
THEBAULT David
Bibliographie
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Rapport de stage Master 2_2014/2015

  • 1. IBEA Institut de Biologie et d’Écologie AppliquĂ©e U.C.O. Établissement d’enseignement supĂ©rieur privĂ© 3, place AndrĂ© Leroy 49008 Angers Chambre d’Agriculture du Maine et Loire POLE ENVIRONNEMENT 14, avenue Jean JoxĂ© 49100 Angers Etude de la biodiversitĂ© fonctionnelle dans des agroĂ©cosystĂšmes du Maine-et-Loire Soutenu par THEBAULT David Rapport de stage Master 2 Ecologie des Ressources Naturelles et DĂ©veloppement Durable (ERNDD) Mars/AoĂ»t 2014 Nom du maĂźtre de stage : Ambroise BĂ©cot Nom du tuteur : Didier Georges
  • 2. Ce rapport a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© en Century Gothic, taille 10, qui Ă©conomise 30% d’encre Ă  l’impression par rapport Ă  une police classique
  • 3.
  • 4. CHARTE DE NON PLAGIAT Protection de la propriĂ©tĂ© intellectuelle Tout travail universitaire doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© dans le respect intĂ©gral de la propriĂ©tĂ© intellectuelle d’autrui. Pour tout travail personnel, ou collectif, pour lequel le candidat est autorisĂ© Ă  utiliser des documents (textes, images, musiques, films etc.), celui-ci devra trĂšs prĂ©cisĂ©ment signaler le crĂ©dit (rĂ©fĂ©rence complĂšte du texte citĂ©, de l’image ou de la bande-son utilisĂ©s, sources internet incluses) Ă  la fois dans le corps du texte et dans la bibliographie. Il est prĂ©cisĂ© que l’UCO dispose d’un logiciel anti-plagiat dans dokeos.uco.fr, aussi est-il demandĂ© Ă  tout Ă©tudiant de remettre Ă  ses enseignants un double de ses travaux lourds sur support informatique. Cf. « PrĂ©vention des fraudes Ă  l’attention des Ă©tudiants » Je soussignĂ©(e), 



















., Ă©tudiant(e) en 


















 m’engage Ă  respecter cette charte. Fait Ă  













..




, le













.. Signature :
  • 5. Remerciements Tous mes remerciements Ă  Monsieur Ambroise BĂ©cot, chargĂ© de mission biodiversitĂ© au pĂŽle territoire et dĂ©veloppement durable de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire et Ă  Madame Virginie Guichard, responsable de ce pĂŽle pour l’intĂ©rĂȘt et la confiance portĂ©s Ă  mon Ă©gard durant ces six mois de formation. Je remercie tout particuliĂšrement Monsieur Julien PĂ©tillon, enseignant-chercheur Ă  Rennes 1, pour ses prĂ©cieux conseils et m’avoir accueilli dans ses locaux lors de l’identification et l’analyse statistique des araignĂ©es. Je remercie Ă©galement, tous les agriculteurs du rĂ©seau ARBRE qui m’ont accueilli, accompagnĂ© et donnĂ© de leurs temps pour me transmettre leurs conseils, expĂ©riences et connaissances, mais aussi l’ensemble du personnel de la chambre d’agriculture pour leur accueil chaleureux et sympathique. Je remercie mon tuteur, Monsieur Didier Georges, pour ses conseils quant Ă  l’organisation de ce rapport. Merci enfin aux Ă©tudiants en Master 2 de Rennes, pour leur bonne humeur sans faille, leur soutien et leur sympathie. À Ambroise BĂ©cot, Marion et AngĂ©lique, merci pour vos multiples relectures et conseils pour la rĂ©daction de ce rapport.
  • 6. Table des matiĂšres Introduction ................................................................................................ 1 PrĂ©sentation de la structure..................................................................... 4 1. Organisation......................................................................................... 4 2. Une rĂ©partition territoriale des missions ........................................... 4 Chapitre 1 : Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB) ............ 5 1. MatĂ©riel et mĂ©thode .......................................................................... 5 2. RĂ©sultats ................................................................................................ 6 3. Discussion et Conclusion.................................................................... 7 Chapitre 2 : Etude des communautĂ©s d’araignĂ©es dans des agroĂ©cosystĂšmes ...................................................................................... 9 1. MatĂ©riel et mĂ©thode .......................................................................... 9 1.1 Sites d’études et choix des parcelles............................................................. 9 1.2 Dispositif expĂ©rimental.................................................................................... 10 1.2.1 PĂ©riode...........................................................................................................................................10 1.2.2 PiĂšges barbers ..............................................................................................................................11 1.3 DonnĂ©es locales et paysagĂšres ................................................................... 12 1.4 MĂ©thode d’identification .............................................................................. 13 1.5 Base de donnĂ©es ............................................................................................ 13 1.6 Analyses des donnĂ©es.................................................................................... 13 1.6.1 PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale des prĂ©lĂšvements...............................................................................13 1.6.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique) ..............................................................................................14 1.6.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es..........................16
  • 7. 2 THEBAULT David 2. RĂ©sultats : ............................................................................................ 16 2.1 PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale des prĂ©lĂšvements................................................... 16 2.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole ....................................................................................................... 17 2.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es ......................................17 2.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es ................................................................................................................................................21 2.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es25 3. Discussion............................................................................................ 28 3.1 PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale des prĂ©lĂšvements................................................... 28 3.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique)................................................ 29 3.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es ......................................29 3.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es ................................................................................................................................................29 3.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es31 4. Conclusion.......................................................................................... 33 Bibliographie............................................................................................. 34 Sites web consultĂ©s .................................................................................................... 35 Annexes.......................................................................................................A Annexe 1 : Descriptions des quatre protocoles de l’OAB .................................... A Annexe 2 : Liste des 86 espĂšces identifiĂ©es dans l’étude...................................... E
  • 8. 1 THEBAULT David Introduction Il existe de nombreuses dĂ©finitions de la diversitĂ© biologique ou biodiversitĂ©. La dĂ©finition la plus communĂ©ment admise, est : « la variabilitĂ© des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les Ă©cosystĂšmes terrestres, marins et autres Ă©cosystĂšmes aquatiques et les complexes Ă©cologiques dont ils font partie : cela comprend la diversitĂ© au sein des espĂšces et entre espĂšces ainsi que celle des Ă©cosystĂšmes ». Elle s’exprime par la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique, la diversitĂ© des espĂšces et la diversitĂ© des Ă©cosystĂšmes. C'est aussi la position choisie Ă  l’issue de la Convention sur la diversitĂ© biologique (CDB), Ă©tablie dans le cadre du sommet planĂ©taire sur l’environnement et le dĂ©veloppement, Ă  Rio de Janeiro en 1992. La Convention sur la diversitĂ© biologique (CDB) est le premier texte de droit international dĂ©finissant la diversitĂ© biologique et la reconnaissant comme une valeur que les États doivent protĂ©ger. La France a ratifiĂ© cette derniĂšre le 7 juillet 1994. Depuis le sommet planĂ©taire de Rio de Janeiro (1992), la biodiversitĂ© est devenue un objectif politique majeur. De nombreux autres engagements internationaux ont suivi ce sommet. En Europe, on peut citer la directive Oiseaux, la directive Habitats, le rĂ©seau Natura 2000, et la Directive cadre sur l’eau. De fait, si la "biodiversitĂ©" a d’abord paru privilĂ©gier les grands Ă©cosystĂšmes naturels et la nature "cathĂ©drale", sous l’effet d’une mĂ©diatisation, mais aussi d’une mobilisation rĂ©ussie notamment de grandes ONG telles que l’UICN, le World Wide Fund (WWF) ou « Conservation International », l’intĂ©rĂȘt des Ă©cosystĂšmes semi-naturels et de leurs biodiversitĂ©s ordinaires, n’en est pas moins primordial. La biodiversitĂ© dite ordinaire, domestique et sauvage, joue un rĂŽle essentiel dans les Ă©cosystĂšmes. Nous la cĂŽtoyons constamment en milieu urbain dans les jardins, les bosquets, dans les espaces laissĂ©s en friche, ainsi qu’en milieu agricole. En milieu agricole, trois grandes catĂ©gories de biodiversitĂ© ordinaire peuvent ĂȘtre dĂ©finies en fonction de leurs rĂŽles au sein de l’agroĂ©cosystĂšme (Peeters A., 2004). Il y a la biodiversitĂ© domestique choisie par l’agriculteur, la biodiversitĂ© para-agricole (ou biodiversitĂ© sauvage fonctionnelle) ayant un grand rĂŽle dans le fonctionnement de l’agroĂ©cosystĂšme, et la biodiversitĂ© extra-agricole (ou biodiversitĂ© sauvage spontanĂ©e) ayant un faible rĂŽle – ou supposĂ© comme tel - dans le fonctionnement de l’agroĂ©cosystĂšme. La biodiversitĂ© sauvage fonctionnelle joue un rĂŽle particuliĂšrement important dans le fonctionnement de l’agroĂ©cosystĂšme. Cette biodiversitĂ© peut-ĂȘtre parfois problĂ©matique avec notamment les espĂšces ravageuses de cultures et « les mauvaises herbes », mais est aussi et surtout source d’un grand nombre de services Ă©cosystĂ©miques (auxiliaire de culture, pollinisation, fertilisation du sol, etc.). Les rapports entre agriculture et biodiversitĂ© sont complexes. En effet, l’agriculture participe Ă  la fois Ă  favoriser la biodiversitĂ© (sĂ©lection de races et de variĂ©tĂ©s, crĂ©ation de structures paysagĂšres constituant des habitats particuliers, etc.), mais participe aussi Ă  sa rĂ©duction. L'influence de l'homme sur les Ă©cosystĂšmes est omniprĂ©sente (Foley et al., 2005 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Les humains ont transformĂ© ou dĂ©gradĂ© 39 Ă  50 % de la surface de la Terre (Vitousek et al., 1997 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). La destruction des forĂȘts, la gestion et le remplacement par des plantations ont Ă©tĂ© particuliĂšrement intenses ces 300 derniĂšres annĂ©es (Foley et al., 2005 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010), d'abord dans les zones tempĂ©rĂ©es et plus rĂ©cemment dans les tropiques (Lewis, 2006 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Les terres cultivĂ©es et les pĂąturages occupent maintenant 40 % de la surface de la Terre (Foley et al., 2005 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). La transformation des terres en agroĂ©cosystĂšmes a souvent eu pour consĂ©quence une simplification du paysage et la difficultĂ© d’y maintenir un grand nombre d'espĂšces (Tscharntke et al., 2005).
  • 9. 2 THEBAULT David Initialement en France le nombre et la diversitĂ© des petites rĂ©gions agricoles ont contribuĂ© Ă  renforcer la biodiversitĂ© du territoire national. Mais aprĂšs la seconde guerre mondiale, l’agriculture française s’est rĂ©organisĂ©e et le paysage agricole a Ă©tĂ© fortement modifiĂ© (Agriculture et BiodiversitĂ© – ESCo, 2008). Les consĂ©quences de ces amĂ©nagements dans les pratiques agricoles et dans le paysage agricole, tels que : la concentration des productions Ă  l’échelle des exploitations et des rĂ©gions, l’agrandissement de la taille des parcelles, la suppression de nombreuses structures paysagĂšres, la forte augmentation de l’utilisation d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires ; ont eu des consĂ©quences environnementales et paysagĂšres nĂ©gatives majeures ayant pour rĂ©sultat la simplification du paysage et une faible proportion d’habitats non agricoles (Schmidt et al., 2005). Tout cela a abouti Ă  une baisse importante de la rĂ©partition et de l’abondance de nombreuses espĂšces, faunistique et floristique, associĂ©es aux terres agricoles (Hole et al., 2005). Les araignĂ©es font partie de ces espĂšces ayant Ă©tĂ© particuliĂšrement affectĂ©es par ces modifications rĂ©centes des pratiques et du paysage agricole (Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Depuis les annĂ©es 2000, les prĂ©occupations gĂ©nĂ©rales quant Ă  l’impact nĂ©gatif de l’agriculture sur les espĂšces a conduit certains pays et exploitants agricoles Ă  chercher Ă  remettre en avant des pratiques agricoles moins intensifs et plus respectueuses de l’environnement. L’Agriculture Biologique (AB) est une de ces pratiques et se caractĂ©rise notamment par l’absence d’utilisation de produits phytosanitaires. De nos jours, il est reconnu que les facteurs locaux, comme le type de pratique agricole, et le contexte paysager influence les communautĂ©s d’araignĂ©es (Schmidt et al., 2005). Les tendances rĂ©centes de l’utilisation d’un mode d’agriculture alternatif sans utilisation de produits phytosanitaire ont conduits Ă  un intĂ©rĂȘt accru des araignĂ©es comme agents potentiels de lutte biologique. Actuellement, les araignĂ©es sont considĂ©rĂ©es comme des agents de lutte biologique efficaces contre les ravageurs dans les agroĂ©cosystĂšmes (Lang et al., 1999). De plus, des recherches rĂ©centes ont mis en Ă©vidence le rĂŽle important des prĂ©dateurs et en particulier des araignĂ©es dans la structure des communautĂ©s et indirectement sur la production primaire (Bruno & Cardinale, 2008). Les araignĂ©es sont des prĂ©dateurs prĂ©sents dans tous les Ă©cosystĂšmes terrestres (Sunderland, 1999) et font partie des groupes les plus diversifiĂ©s de la planĂšte (Wise, 1993 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Elles se trouvent au niveau trophique le plus Ă©levĂ© parmi les invertĂ©brĂ©s (Main, 1987 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). La plupart des araignĂ©es sont des prĂ©dateurs gĂ©nĂ©ralistes (Riechert et Luczak, 1982). Ils chassent principalement des insectes (Turnbull, 1973 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010) Ă  tous leurs stades de dĂ©veloppement (Ɠufs, larves, adultes) (Riechert et Lockley, 1984 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Selon les familles, les araignĂ©es chassent Ă  l'affĂ»t, chassent en courant (dans la vĂ©gĂ©tation ou au sol), ou tissent des toiles (Cardoso et al., 2011, Uetz et al., 1999). Les araignĂ©es dans les agroĂ©cosystĂšmes ont Ă©tĂ© jusqu’à maintenant relativement nĂ©gligĂ©es malgrĂ© leur importance (Bruno et Cardinale, 2008). Les agroĂ©cosystĂšmes semblent ĂȘtre dominĂ©s par quelques espĂšces d'araignĂ©es ou « agrobiontes » qui se dĂ©veloppent dans des conditions perturbĂ©es (Luczak, 1979). Suite au sommet planĂ©taire de Rio (2002) et Ă  cette dynamique autour de la biodiversitĂ© de ces derniĂšres annĂ©es, de nombreux pays se sont dotĂ©s de stratĂ©gies nationales sur la biodiversitĂ© et le dĂ©veloppement durable. La France s’est dotĂ©e d’une stratĂ©gie nationale pour la biodiversitĂ© en fĂ©vrier 2004. La stratĂ©gie française reprend les grands objectifs de la convention, Ă  savoir la conservation et l’utilisation durable de la diversitĂ© biologique et le partage Ă©quitable des bĂ©nĂ©fices issus de cette utilisation. La stratĂ©gie nationale propose Ă©galement la mise en Ɠuvre de plans d’action sectoriels en faveur de la biodiversitĂ©. Le MinistĂšre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la PĂȘche (MAAP) pilote un de ces plans d’action, le plan d’action « agriculture et biodiversitĂ© ». Ce dernier a commencĂ© Ă  ĂȘtre mis en Ɠuvre en 2004. L’une des actions phares est « de promouvoir les dĂ©marches coordonnĂ©es
  • 10. 3 THEBAULT David des agriculteurs et de leurs partenaires visant Ă  stopper, Ă  l’échelle de leur territoire, la perte de biodiversitĂ© (Agriculture et BiodiversitĂ© – ESCo, 2008)». Les prioritĂ©s du plan d’action « agriculture et biodiversitĂ© » ont reçu l’appui du plan de DĂ©veloppement Rural National 2007-2013, dont la prĂ©servation de la biodiversitĂ© constitue Ă©galement l’un des enjeux majeurs. Ce stage est issu d’une commande de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire dans le cadre du Projet Agricole DĂ©partemental (PAD), dĂ©butĂ© en 2008. Le projet agricole dĂ©partemental vise Ă  maintenir et valoriser l’agriculture de Maine-et-Loire, en conservant un grand nombre d’actifs et des productions animales et vĂ©gĂ©tales compĂ©titives, et en prenant en compte les diffĂ©rentes composantes du dĂ©veloppement durable, particuliĂšrement en matiĂšre d’environnement et de biodiversitĂ©. Pour la biodiversitĂ©, les objectifs et les pistes d’actions proposĂ©s par le PAD sont : 1) l’amĂ©lioration de la connaissance et l’acquisition de rĂ©fĂ©rences sur les interactions entre agriculture et biodiversitĂ© ; 2) dĂ©finir des prioritĂ©s par milieu et/ou par espĂšces de maniĂšre concertĂ©e entre les acteurs ; 3) encourager le partage d’expĂ©rience et la sensibilisation des agriculteurs; et 4) renforcer les actions de promotion des pratiques dĂ©jĂ  identifiĂ©es comme favorables Ă  la biodiversitĂ©. Pour l’encadrement de ce stage, nous avons une cellule technique et scientifique : - La chambre d’agriculture est la structure d’accueil. - Le CPIE joue le rĂŽle de relai scientifique et naturaliste local. - L’universitĂ© de Rennes 1, avec Mr. PETILLON Julien, est le rĂ©fĂ©rent scientifique. Cette Ă©tude s'inscrit dans le contexte de l’observation de la biodiversitĂ© fonctionnelle dans des agroĂ©cosystĂšmes du Maine-et-Loire, Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles taxonomiques. Plus prĂ©cisĂ©ment, nous dĂ©sirons participer Ă  l’amĂ©lioration des connaissances sur l’état de la biodiversitĂ© en milieu agricole, car actuellement nous manquons encore de donnĂ©es. En cela, nous voulons mettre en Ă©vidence les interactions entre agriculture et biodiversitĂ© d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Mon travail a portĂ© sur deux grands volets de l’observation de la biodiversitĂ© en milieu agricole. Le premier volet a Ă©tĂ© le dĂ©ploiement de l’Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB). L’OAB est un projet scientifique national, avec des protocoles simple, basĂ©e sur le principe des sciences participatives. L’objectif principal de ce projet est pĂ©dagogique. En effet, il a pour but de fournir des outils de sensibilisation et d’éducation Ă  la biodiversitĂ© aux acteurs du monde agricole. Dans une moindre mesure, un autre des objectifs de l’OAB est la mise en place d’indicateurs de biodiversitĂ© en milieu agricole via des observations ex-situ sur le terrain en prĂ©sence des agriculteurs. Cela afin d’avoir une meilleure comprĂ©hension de la biodiversitĂ© ordinaire sauvage en milieu agricole, de son Ă©volution et des liens de ces derniers avec les pratiques agricoles. Le second grand volet, de l’observation de la biodiversitĂ© en milieu agricole, a Ă©tĂ© l’étude de l’impact des pratiques agricoles, et de la structuration du paysage sur les communautĂ©s d’araignĂ©es dans des agroĂ©cosystĂšmes. Nos hypothĂšses sont d’une part que la richesse spĂ©cifique et l’abondance des communautĂ©s d’araignĂ©es sont plus importantes en agriculture biologique. D’autre part, que les variables paysagĂšres non cultivĂ©es auront un effet bĂ©nĂ©fique sur les communautĂ©s d’araignĂ©es et ceci d’autant plus sur les individus prĂ©sents en bord de parcelle.
  • 11. 4 THEBAULT David Pour des raisons de comprĂ©hension, ce rapport a Ă©tĂ© dĂ©composĂ© en deux chapitres: Chapitre 1 : Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB) Chapitre 2 : Etude des communautĂ©s d’araignĂ©es dans des agroĂ©cosystĂšmes PrĂ©sentation de la structure 1. Organisation Le rĂ©seau des Chambres d'agriculture a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans les annĂ©es 1920 pour ĂȘtre un interlocuteur privilĂ©giĂ© des instances publiques et pour reprĂ©senter les intĂ©rĂȘts du monde agricole. Il contribue activement depuis les annĂ©es 60 au dĂ©veloppement agricole en reprenant la mission publique assumĂ©e jusque lĂ  par l'Etat. Aujourd'hui, cette double mission se dĂ©ploie dans le champ Ă©conomique, social et environnemental ainsi qu'Ă  l'Ă©chelle locale, nationale et europĂ©enne. PrĂ©sentes dans chaque dĂ©partement et chaque rĂ©gion, les Chambres d'agriculture sont des Ă©tablissements publics dirigĂ©s par 4 200 Ă©lus professionnels, tous reprĂ©sentants des diverses activitĂ©s du secteur agricole. AnimĂ©es, en lien avec les Ă©lus, par 7 800 collaborateurs, les activitĂ©s des Chambres contribuent au dynamisme de chaque dĂ©partement et rĂ©gion dans une logique de dĂ©veloppement durable. L’AssemblĂ©e permanente des Chambres d’agriculture (ou APCA) coordonne Ă  l’échelle nationale les Chambres d’agriculture. Dans son rĂŽle de tĂȘte de rĂ©seau, l’APCA assure la formation des collaborateurs et des Ă©lus, anime le dialogue social, met Ă  disposition des dirigeants des rĂ©fĂ©rences techniques et financiĂšres issues des donnĂ©es des Chambres et un centre de ressources et d’expertises national. 2. Une rĂ©partition territoriale des missions Les principales missions menĂ©es par les Chambres d'agriculture concernent : l'appui aux entreprises, les ressources et la gestion des bases de donnĂ©es, l'Ă©conomie et la politique agricole, les territoires et le dĂ©veloppement local, les dĂ©marches qualitĂ© des produits et l'appui aux filiĂšres territorialisĂ©es, les analyses et les comptabilitĂ©s, la promotion de l'agriculture et de ses mĂ©tiers, ainsi que l'agronomie et l'environnement. Sur le plan de l’environnement, Ă  l’échelle locale, ces missions sont inscrites dans le Projet Agricole DĂ©partemental (PAD).
  • 12. 5 THEBAULT David Chapitre 1 : Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB) 1. MatĂ©riel et mĂ©thode L’Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB) est un dispositif mis en place depuis 4 ans (2010). L’OAB est une initiative du MinistĂšre en charge de l’Agriculture. La coordination scientifique est gĂ©rĂ©e par le musĂ©um national d’histoire naturelle en partenariat avec l’universitĂ© de Rennes 1 pour le protocole « vers de terre » et un laboratoire du CNRS (LADYSS) pour l’approche sociologique. L’AssemblĂ©e national permanente des Chambres d’agricultures (APCA) s’occupe de l’animation nationale du projet. Le rĂ©seau de l’OAB regroupe de nombreuses personnes. - Les coordinateurs nationaux sont les structures dĂ©crites prĂ©cĂ©demment et forment les animateurs locaux. - Les animateurs locaux participent Ă  l’OAB au sein de leurs structures. Ils animent un groupe sur leur territoire en mobilisant et en formant les agriculteurs intĂ©ressĂ©s. La chambre d’agriculture est l’animateur locale en Maine-et-Loire en charge de dĂ©ployer l’OAB. Il existe une grande diversitĂ© de structures locales, telles que : les chambres d’agricultures, les lycĂ©es d’enseignement agricole, les FĂ©dĂ©rations des chasseurs, coopĂ©ratives, associations naturaliste, etc. - Les observateurs rĂ©alisent les observations de terrain, transmettent leurs donnĂ©es sur le site internet de l’OAB et Ă©changent autour de leur rĂ©sultats. Durant ce stage, j’ai rempli le rĂŽle d’animateur et d’observateur de l’OAB en Maine-et-Loire. Les protocoles de l’OAB ont Ă©tĂ© adaptĂ©s aux besoins et contraintes des agriculteurs grĂące Ă  : une Ă©tude de faisabilitĂ© menĂ©e en 2010, une phase de test sur le terrain et une Ă©tude sociologique. L’OAB comprend quatre protocoles d’étude : abeilles sauvages solitaires, invertĂ©brĂ©s Ă  la surface du sol, vers de terre, et papillons. Le dĂ©tail des protocoles sont visibles en annexe 1. Ces protocoles sont volontairement ciblĂ©s sur les taxons les plus « reprĂ©sentatifs » et pouvant ĂȘtre facilement observĂ© par les professionnels du monde agricole. Tous les agriculteurs intĂ©ressĂ©s peuvent participer. Le choix d’un ou plusieurs protocoles est libre. En 2013, 417 exploitations sont inscrites Ă  l’OAB et 672 parcelles participent aux protocoles. Nous avons commencĂ© par prendre contact avec les agriculteurs du rĂ©seau A.R.B.R.E susceptibles d’ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par la dĂ©marche de l’OAB. Le rĂ©seau A.R.B.R.E ou « Agriculteurs Respectueux de la BiodiversitĂ© et des Richesses de l’Environnement » est un rĂ©seau d'agriculteurs volontaires pour intĂ©grer la question de la biodiversitĂ© dans leur outil de production, et pour rĂ©pondre Ă  des enjeux agricoles ainsi que de territoires1. Le premier suivi mensuel de l’OAB a eu lieu fin avril. Les autres suivis ont eu lieu fin mai, mi-juillet et mi-aoĂ»t. Une partie des suivis a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par les agriculteurs eux-mĂȘmes. Cependant, j’ai Ă©tĂ© prĂ©sent auprĂšs de l’ensemble des exploitants au moins lors du premier suivi. Le suivi du mois de juin n’a pas eu lieu, car nous avons prĂ©fĂ©rĂ© focalisĂ© notre temps sur la collecte des araignĂ©es (chapitre 2 de ce rapport). Les relevĂ©s mensuels, rĂ©alisĂ©s sur le terrain, sont ensuite saisis en ligne sur le site de l’OAB. Le traitement et l’exploitation de nos donnĂ©es sont rĂ©alisĂ©s Ă  l’échelle nationale par les coordinateurs nationaux. De courtes vidĂ©os pĂ©dagogiques ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, sur le but ainsi que sur les protocoles de l’OAB, afin d’aider les agriculteurs dĂ©sirant intĂ©grer l’OAB Ă  mieux apprĂ©hender la dĂ©marche de cette derniĂšre. 1 Source : CA 49 (Chambre d’Agriculture du Maine-et-Loire)
  • 13. 6 THEBAULT David Les participants Ă  l’OAB 2014 en Maine-et-Loire, sont : 24 exploitants agricoles du rĂ©seau A.R.B.R.E, suivi par moi-mĂȘme, ainsi que des viticulteurs non affiliĂ©s au rĂ©seau A.R.B.R.E et suivis par le syndicat du Saumur-Champigny. La mise en place des protocoles a eu lieu en prĂ©sence des agriculteurs. Les protocoles que j’ai rĂ©alisĂ©s ont fini d’ĂȘtre mis en place dĂ©but avril. Au total, cela reprĂ©sente 72 protocoles, qui ont Ă©tĂ© rĂ©partis et mis en place sur la pĂ©riode du mois de mars. Plus prĂ©cisĂ©ment, on a : 34 protocoles abeilles solitaires ; 19 protocoles planches Ă  invertĂ©brĂ©s ; 9 protocoles vers de terre et 10 protocoles papillons. Parmi ces 72 protocoles, 10 protocoles abeilles solitaires et 10 protocoles papillon sont Ă  la charge du syndicat du Saumur-Champigny. 2. RĂ©sultats Nous avons choisi pour la suite de ce chapitre de nous focaliser uniquement sur les rĂ©sultats des protocoles vers de terre. En effet, les donnĂ©es des autres protocoles ne sont pas encore complĂ©tĂ©es Ă  cette Ă©poque de l’annĂ©e. Bien que le nombre de rĂ©plicats spatiaux des protocoles vers de terre soit ici limitĂ©s, ils ne nĂ©cessitent pas de rĂ©plicats temporels pour ĂȘtre valide scientifiquement, Ă  l’inverse des 3 autres protocoles de l’OAB (suivis chaque mois jusqu’en octobre). Il est donc ainsi possible d’extrapoler ces rĂ©sultats et de conserver une validitĂ© scientifique tout en gardant un certain recul sur l’exploitation de ces rĂ©sultats. Les protocoles vers de terre Ă©tudiĂ©s ici sont issus Ă  la fois de l’Observatoire Agricole de la BiodiversitĂ© (OAB) et des Effets Non Intentionnelles (ENI) de 2014. Les protocoles ENI ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par le pĂŽle agronomique de la chambre d’agriculture. Les protocoles OAB et ENI Ă©tant identiques, il nous a paru plus pertinent de regrouper les protocoles. Au total, cela reprĂ©sente 14 exploitations agricoles du Maine-et-Loire, Ă©chantillonnĂ©es entre mi-mars et mi- avril. On remarque une tendance des vers de terre Ă  ĂȘtre plus nombreux dans des sols limoneux (24,8 ind/m2), argilo-sableux (24,3 ind/m2) et moins nombreux dans des sols argileux lourd (19,6 ind/m2) ainsi que sableux (10,4 ind/m2) (Figure 1). On retrouve en moyenne plus de vers de terre dans les prairies Ă©tudiĂ©es (48 ind/m2), puis dans les grandes cultures (39 ind/m2), les cultures pĂ©rennes (18 ind/m2) et enfin en maraichage (9 ind/m2). Nos rĂ©sultats montrent que dans les prairies on rencontre en majoritĂ© Figure 1: RĂ©partition global des vers de terre en fonction du type de sol.
  • 14. 7 THEBAULT David des anĂ©ciques, des endogĂ©s et peu d’épigĂ©s. Dans les grandes cultures, on retrouve lĂ  aussi en majoritĂ© des anĂ©ciques, des endogĂ©s et peu d’épigĂ©s bien qu’ils semblent mieux reprĂ©sentĂ©s qu’en milieu prairial. Les cultures pĂ©rennes ont trĂšs majoritairement des Ă©pigĂ©s, puis en faible proportion des anĂ©ciques et des endogĂ©s. En cultures maraĂźchĂšres la famille des endogĂ©s domine et est pratiquement la seule famille de vers de terre reprĂ©sentĂ© (Figure 2). On remarque en moyenne plus de vers de terre dans les cultures en semi-direct (41 ind/m2), dans les cultures en travail superficiel (27 ind/m2), puis dans les cultures en labour classiques (11 ind/m2). Nos rĂ©sultats montre que dans les cultures en semi-direct on rencontre en majoritĂ© des anĂ©ciques, puis des endogĂ©s et des Ă©pigĂ©s. Dans les cultures en travail superficiel on retrouve cette fois-ci en majoritĂ© des endogĂ©s, puis des Ă©pigĂ©s et en dernier des anĂ©ciques. Les cultures en labour classique ont quant Ă  elles trĂšs majoritairement des endogĂ©s, puis en trĂšs faible proportion des anĂ©ciques et des endogĂ©s (Figure 3). 3. Discussion et Conclusion Les vers de terre sont moins nombreux dans les sols argileux trop lourds et sableux. En effet, les sols argileux trop lourds peuvent devenir asphyxiants pour les vers de terre et les sols sableux peuvent ĂȘtre abrasifs et dessĂ©chants. Ces conditions sont donc plus dĂ©favorables aux vers de terre. Les rĂ©sultats observĂ©s sur la rĂ©partition des grandes familles de vers de terre en fonction du type de culture sont en accord avec la tendance nationale. Figure 1: RĂ©partition des grandes familles de vers de terre en fonction du type de culture. Figure 3: RĂ©partition des grandes familles de vers de terre en fonction du type de travail du sol.
  • 15. 8 THEBAULT David Les prairies sont plus favorables aux lombriciens, car le milieu est globalement peu perturbĂ© (travail du sol et traitements chimiques) et offre une alimentation en quantitĂ© importante. Les quantitĂ©s moyennes observĂ©es sur les prairies de notre Ă©chantillon (48 ind/m2) sont supĂ©rieures Ă  la moyenne nationale (environ 32 ind/mÂČ). Cette tendance peut-ĂȘtre due Ă  un facteur local et doit ĂȘtre confirmĂ©e par un plus grand Ă©chantillonnage. Dans le cas prĂ©sent, les quantitĂ©s observĂ©es en grande culture (39 ind/m2) sont particuliĂšrement abondantes (moyenne nationale de l’OAB 2013 autour de 21 ind/mÂČ). Cela peut s’expliquer en partie par une plus grande proportion de grande culture en semi-directs ou en travail du sol simplifiĂ©, dans nos parcelles Ă©tudiĂ©es, et donc une plus grande proportion de sols favorable au dĂ©veloppement des populations de vers de terre. La quantitĂ© importante d’épigĂ©s particuliĂšrement sensibles au travail du sol, semble confirmer cette hypothĂšse. Les donnĂ©es concernant le maraĂźchage ne portent que sur une parcelle et ne doivent donc pas ĂȘtre extrapolĂ©es. On peut toutefois prĂ©ciser qu’il s’agit d’une parcelle au sol sableux ce qui peut en partie expliquer la faible quantitĂ© globale de vers de terre et la prĂ©sence trĂšs majoritaire des endogĂ©s. Les donnĂ©es concernant la culture pĂ©renne (ici vigne) ne portent que sur une parcelle et ne doivent donc pas ĂȘtre extrapolĂ©es. L’abondance globale est Ă  peu prĂšs Ă©quivalente Ă  la moyenne nationale 2013 de l’OAB. En revanche, les proportions des endogĂ©s et des Ă©pigĂ©s sont inversement proportionnelles Ă  la moyenne. L’OAB a globalement bien fonctionnĂ© chez les agriculteurs. Seuls 4 protocoles planches Ă  invertĂ©brĂ©s et 1 protocole abeille ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour cause de dĂ©gradation. De nombreux agriculteurs (35% des agriculteurs) se sont appropriĂ© les protocoles en participant par eux-mĂȘmes aux suivis, et plus largement intĂ©ressĂ©s Ă  la biodiversitĂ© observĂ©e au sein de leurs parcelles. D’autres agriculteurs (35%) n’ont pas participĂ© aux suivis faute de temps, mais se sont tout de mĂȘme vivement intĂ©ressĂ©s aux rĂ©sultats obtenus chez eux. Ceci est en partie dĂ» au fait que les protocoles sont rĂ©alisĂ©s au sein d’un rĂ©seau d’agriculteurs particuliĂšrement sensibles Ă  la biodiversitĂ©. Cependant, une proportion non nĂ©gligeable d’exploitants agricoles (30%) ne s’est que trĂšs peu voir pas intĂ©ressĂ©s aux protocoles expĂ©rimentaux mis en place chez eux. Le choix des parcelles s’est en partie portĂ© sur celles venant ou allant ĂȘtre exploitĂ©es avec des techniques culturales simplifiĂ©es. L’objectif Ă©tait ici de rĂ©aliser un constat prĂ©sent (Ă  t0) de l’état de la biodiversitĂ© sur ces parcelles et de voir l’évolution de cette derniĂšre au cours du temps. Dans d’autres cas, les parcelles Ă©taient en pratiques culturales simplifiĂ©es depuis un certain temps, et les rĂ©sultats de l’OAB venaient ou pas les conforter dans leur choix de pratique. Il est important de prĂ©ciser qu’un mauvais rĂ©sultat aux protocoles de l’OAB, ne signifie pas forcĂ©ment qu’il y ait une mauvaise biodiversitĂ© globale sur les parcelles Ă©tudiĂ©es, mais que la biodiversitĂ© n’a pas Ă©tĂ© mise en Ă©vidence via les protocoles de l’OAB. Fort de cette expĂ©rience le rĂ©seau A.R.B.R.E pourrait concentrer ses efforts de dĂ©ploiement de l’OAB sur les agriculteurs particuliĂšrement sensibles aux questions de biodiversitĂ© et de chercher Ă  complĂ©ter leurs attentes par des protocoles faunistiques et floristiques complĂ©mentaires au sein de leur exploitation, quitte Ă  rĂ©duire le nombre des protocoles. Suite Ă  cela, il serait appropriĂ© de faire participer Ă©ventuellement ces agriculteurs Ă  des rĂ©unions thĂ©matiques sur la biodiversitĂ© et l’OAB en prĂ©sence d’autres agriculteurs. De cette façon, il serait possible d’arriver progressivement Ă  la mise en place d’un rĂ©seau d’agriculteurs particuliĂšrement impliquĂ©s sur cette thĂ©matique et demandeur de connaissances, plutĂŽt que de chercher Ă  faire participer un grand nombre d’agriculteurs Ă  l’OAB pas toujours prĂȘt Ă  s’investir sur cette thĂ©matique.
  • 16. 9 THEBAULT David Chapitre 2 : Etude des communautĂ©s d’araignĂ©es dans des agroĂ©cosystĂšmes 1. MatĂ©riel et mĂ©thode 1.1 Sites d’études et choix des parcelles Le Maine-et-Loire (49) est un territoire propice Ă  l’agriculture notamment du fait d’un relief trĂšs peu marquĂ©. C’est le troisiĂšme dĂ©partement français (derriĂšre la Marne et la SaĂŽne-et- Loire) en surface agricole utilisĂ©e. L’activitĂ© agricole s’exerce sur 64 % de la superficie, soit 457 000 hectares. L’agriculture biologique reprĂ©sente 3,3 % des 64 %, soit 15 700 ha.2 Le choix des sites d’études a commencĂ© par une sĂ©lection d’une zone homogĂšne sur le plan gĂ©ologique (Figure 4) et climatique (Figure 5), afin de limiter l’effet de ces variables sur notre Ă©tude (Lafage & Petillon, « en prĂ©paration »). Pour notre Ă©tude, les parcelles choisies sont donc exclusivement sur des sols schisteux et dans des secteurs oĂč l’amplitude des prĂ©cipitations se situe entre 600 et 700mm. Cela correspond Ă  l’Ouest du dĂ©partement. On a fait ce choix de parcelle compte tenu du caractĂšre hĂ©tĂ©rogĂšne des caractĂ©ristiques pĂ©doclimatique du Maine-et-Loire. En effet, L’ouest du dĂ©partement (Figure 4) est dominĂ© par le Massif armoricain avec des sols, plus anciens, essentiellement constituĂ©s de schiste, de gneiss et de granite. À l’est, il y a le bassin Parisien, plus jeune, avec des sols calcaires, constituĂ©s de grĂšs, de tuffeau et de falun coquillier. Enfin la vallĂ©e de la Loire elle-mĂȘme constitue d’un territoire gĂ©ologique Ă  part entiĂšre, traversant d’est en ouest l’Anjou, et constituĂ© de sables et de graviers.3 L’ouest du dĂ©partement est Ă©galement une zone ayant des Ă©carts de tempĂ©ratures et de prĂ©cipitations faibles (Figure 5). Le choix des parcelles a Ă©tĂ© affinĂ© en fonction de trois autres critĂšres : 1) occupation du sol par des cultures de blĂ© d’hiver ou de triticale (culture trĂšs proche dans la nature dont on considĂšre la diffĂ©rence avec le blĂ© comme nĂ©gligeable), 2) cohĂ©rence avec les 2 Source : CA 49 (Chambre d’Agriculture du Maine-et-Loire) 3 Source : http://www.meteobell.com/__anjou_geomorphologie.php Figure 4: Carte gĂ©ologique du Maine-et-Loire Figure 5: Carte climatique du Maine-et-Loire Ü Ü
  • 17. 10 THEBAULT David modalitĂ©s de l’étude (culture biologique, cultures conventionnelles en travail du sol traditionnel (ou « labour normal ») ou en semi-direct) et 3) de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des variables paysagĂšres (milieu ouvert ou fermĂ©). Les 24 parcelles Ă©chantillonnĂ©es sont reprĂ©sentĂ©es, par des points bleus, sur la carte ci-dessous (Figure 6). Parmi ces 24 parcelles, il y a : huit cultures conventionnelles en travail classique du sol, huit cultures conventionnelles en semi-direct, et huit cultures biologiques en travail classique du sol. Toutes Ă©taient semĂ©es avec du blĂ© d’hiver, Ă  l’exception de trois parcelles semĂ©es avec du triticale. La modalitĂ© « culture biologique en semi-direct » aurait Ă©tĂ© pertinente pour cette Ă©tude cependant il n’a pas Ă©tĂ© possible de trouver un nombre de rĂ©plicats spatiales suffisants. Les points en rouge reprĂ©sentent les 12 parcelles ayant pu ĂȘtre analysĂ©es lors de cette Ă©tude (six en cultures conventionnelles et six en biologiques) sur les 24 parcelles Ă©chantillonnĂ©es Ă  l’origine. 1.2 Dispositif expĂ©rimental 1.2.1 PĂ©riode L’étude a eu lieu entre mi-mai et fin juin. Cette pĂ©riode correspond au pic dĂ©mographique ainsi que de maturitĂ© sexuelle des populations d’araignĂ©es et est donc la plus pertinente pour notre Ă©tude. Le protocole expĂ©rimental a Ă©tĂ© mis en place du 17 mai au 31 mai. Deux campagnes de relevĂ©s (ou rĂ©plicats temporels) ont eu lieu, Ă  15 jours d’intervalle aprĂšs la mise en place des protocoles. La premiĂšre campagne a eu lieu du 1er juin au 15 juin et la deuxiĂšme campagne a eu lieu du 16 juin au 30 juin. Par souci de temps, les donnĂ©es traitĂ©es dans ce rapport correspondent uniquement aux donnĂ©es de la campagne 2. En effet, il a Ă©tĂ© observĂ© durant la rĂ©colte de cette campagne Figure 6: RĂ©partition des parcelles de l’étude. A= Colineau P2, B= Coutard P, C= Cloarec P, D= Bidault P1, E= Poupin P3, F= Poupin P1, G= Poupin P4, H= Pauvert P1, I= Aligon P2, J= Aligon P3, K= Perdrieau P, L= CognĂ© P1
  • 18. 11 THEBAULT David un nombre d’individus plus abondant que dans la campagne 1. Cela s’explique notamment par une pluviomĂ©trie moins importante, en phase avec la moyenne saisonniĂšre. Il nous a paru plus judicieux de traiter en prioritĂ© ce jeu de donnĂ©es. 1.2.2 PiĂšges barbers L’échantillonnage des araignĂ©es a Ă©tĂ© effectuĂ© Ă  l’aide de piĂšges barbers (H=12 cm, Ø=8,5 cm) (Knapp & Ruzicka, 2012). Ces derniers Ă©taient protĂ©gĂ©s des intempĂ©ries par des assiettes en plastique (Ø=20 cm) positionnĂ©es Ă  15 cm au-dessus du sol. Le liquide collecteur Ă©tait constituĂ© d’un mĂ©lange de propylĂšne glycol (40 %), d’eau (59 %) et de liquide vaisselle (1 %). Les piĂšges barbers Ă©taient remplis au 2/3. Le bord de ces derniers Ă©tait disposĂ© prĂ©cisĂ©ment au niveau du sol (<1mm) afin d’éviter tout obstacle pouvant biaiser l’échantillonnage. Pour chacune des 24 parcelles, neuf piĂšges barbers ont Ă©tĂ© disposĂ©s sur trois stations, elles- mĂȘmes disposĂ©es selon un pseudo-gradient de distance Ă  la lisiĂšre de la parcelle : bord de parcelle (Station 1), mi-distance entre le bord et le milieu de la parcelle (Station 2), et milieu de parcelle (Station3). Sur chaque station a Ă©tĂ© positionnĂ© un piquet rigide surplombĂ© d’un fanion rouge, afin de faciliter la visibilitĂ© de ces derniĂšres lors des relevĂ©s de piĂšges. Au total, 436 piĂšges barbers ont Ă©tĂ© relevĂ©s. Chaque piĂšge d’une station Ă©tait distant de 10m les uns des autres, cette distance permettant de considĂ©rer les trois pots d’une mĂȘme station comme des rĂ©plicats spatiaux indĂ©pendants. Les barbers situĂ©s sur la station 1 en bord de parcelle Ă©taient distants de moins de 10m des bordures des parcelles afin de prendre en compte un effet de lisiĂšre. Photographies 1 et 2: Photos illustrant la mise en place d’un piĂšge barber sur une des parcelles
  • 19. 12 THEBAULT David Figure 7: SchĂ©ma d’une parcelle Ă©chantillonnĂ©e Sur ces 436 piĂšges Barber, 72 ont pu ĂȘtre Ă©tudiĂ©s. Pour notre Ă©tude, seules les stations en bord et en milieu de parcelle ont Ă©tĂ© conservĂ©es (Figure 7 - Stations colorĂ©es en rouge Ă©pais), c’est-Ă -dire les stations les plus opposĂ©es sur le pseudo-gradient de distance Ă  la lisiĂšre de la parcelle. Le manque de temps ayant contraint Ă  une sĂ©lection des stations et une limitation du nombre de piĂšges Ă  Ă©tudier. 1.3 DonnĂ©es locales et paysagĂšres En parallĂšle, des piĂšges barbers, des variables environnementales ont Ă©tĂ© relevĂ©es, Ă  l’échelle locale et Ă  l’échelle paysagĂšre. Ainsi pour l’échelle locale, des relevĂ©s de pluviomĂ©trie, de type de pratique agricole (conventionnelle, biologique), et de type de travail du sol (conventionnelle avec labour normal ou en semi-direct) ont Ă©tĂ© notĂ©s sur les 24 parcelles. La pluviomĂ©trie a Ă©tĂ© relevĂ©e quotidiennement par les agriculteurs sur la parcelle concernĂ©e. Pour notre Ă©tude, seule l’incidence du travail du sol n’a pas Ă©tĂ© prise en compte. Le manque de temps ayant contraint Ă  une sĂ©lection des parcelles. À l’échelle paysagĂšre, un certain nombre de variables ont Ă©tĂ© relevĂ©es pour chacune des 24 parcelles. Afin de dĂ©terminer l’échelle la plus pertinente pour la prise en compte du paysage en rapport avec le taxon Ă©tudiĂ©, nous avons testĂ© diffĂ©rents rayons (100, 200 et 500 mĂštres) et ceci pour chaque station (S1, S2, S3). La structure du paysage a Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e en considĂ©rant comme unitĂ© Ă©lĂ©mentaire (patch) la parcelle agricole. Dans ces rayons ont Ă©tĂ© calculĂ©es, Ă  l’aide du logiciel ArcGIS (version 10.2) : - les longueurs de haie, et de cours d’eau (en mĂštres linĂ©aires) - les cultures, les prairies, le boisement, le bĂątiment, les mares, et les bandes enherbĂ©es (en pourcentages (%) de surface) Centre de la parcelle 10 m Gradient de distance Ă  la lisiĂšre de parcelle PiĂšge barber LisiĂšre (bord) de la parcelle Station 1 : en bord de parcelle (bp) Station 2 : mi-distance entre Station 1 et 3 Station 3 : milieu de parcelle (mp)
  • 20. 13 THEBAULT David Ces informations ont pu ĂȘtre acquises par l’utilisation de photos aĂ©riennes, de couches SIG et complĂ©tĂ©es par des enquĂȘtes de terrain. Étant donnĂ© que seules les deux stations en bord et milieu de parcelle ont Ă©tĂ© conservĂ©es pour notre Ă©tude, alors seuls les rayons (100, 200 et 500 mĂštres) de ces stations ont Ă©tĂ© conservĂ©s pour l’analyse. 1.4 MĂ©thode d’identification Les araignĂ©es (Araneae) collectĂ©es ont Ă©tĂ© stockĂ©es (dans de l’alcool Ă  70 degrĂ©s), triĂ©es, dĂ©nombrĂ©es, puis identifiĂ©es jusqu’à l’espĂšce sous loupe binoculaire par l’observation des piĂšces gĂ©nitales des individus adultes et matures et Ă  l’aide de l’utilisation d’ouvrages de rĂ©fĂ©rence (« Spiders of Great Britain and Ireland », Michael J. Roberts Vol. 1, 2 et 3). 1.5 Base de donnĂ©es Le jeu de donnĂ©es final, rĂ©alisĂ© sur les 12 parcelles (72 pots), se compose de : 86 espĂšces (3750 individus au total) rĂ©parties au sein de 42 genres et 12 familles. La liste complĂšte des espĂšces est fournie dans l’annexe 2. Les donnĂ©es Ă©tudiĂ©es - issues de la 2Ă©me campagne - sont sĂ©parĂ©es par piĂšges, et regroupent les stations bord et milieu de chaque parcelle. À chaque piĂšge est calculĂ© l’abondance totale, l’abondance par type de chasse, la richesse spĂ©cifique totale et la richesse spĂ©cifique par type de chasse. Les catĂ©gories de type de chasse dĂ©terminĂ©es pour cette Ă©tude sont : Chasseuses Ă  l’AffĂ»t (CA), Chasseuses Coureuses (CC) (dans la vĂ©gĂ©tation et au sol), ainsi que les Tisseuses de Toiles (TT) (en nappe, gĂ©omĂ©trique et en rĂ©seau) (Cardoso et al., 2011, Uetz et al., 1999). 1.6 Analyses des donnĂ©es Toutes les donnĂ©es ont Ă©tĂ© analysĂ©es Ă  l’aide des logiciels R (version 3.1.1, 2014), et PAST (version 3.02a, 2014). 1.6.1 PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale des prĂ©lĂšvements Le nombre d’individus (Nbr ind), la richesse spĂ©cifique totale observĂ©e (Sobs), la richesse spĂ©cifique totale estimĂ©e (Sest), la complĂ©tude (Sobs/Sest), l’indice de diversitĂ© de Simpson (1-D), et l’équitabilitĂ© (J) pour chaque parcelle ont Ă©tĂ© calculĂ©s avec le logiciel PAST. La richesse spĂ©cifique estimĂ©e a Ă©tĂ© calculĂ©e en faisant la moyenne des estimateurs de biodiversitĂ© : Chao2, Bootstrap, ainsi que Jackknife 1 et 2. La richesse spĂ©cifique estimĂ©e nous as permis de calculer la complĂ©tude de chaque parcelle. La complĂ©tude permet d’estimer si l’effort d’échantillonnage rĂ©alisĂ© sur une parcelle est suffisant et que la richesse spĂ©cifique observĂ©e est suffisamment proche de la richesse spĂ©cifique estimĂ©e. Elle se calcule en divisant la richesse spĂ©cifique observĂ©e par la richesse spĂ©cifique estimĂ©e. Elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme satisfaisante lorsque l’indice est supĂ©rieur Ă  0,75.
  • 21. 14 THEBAULT David L’indice de diversitĂ© de Simpson (1-D) est issu de l’indice de Simpson (D). Le maximum de diversitĂ© d’une population Ă©tant reprĂ©sentĂ© par la valeur 1, et le minimum de diversitĂ© par la valeur 0 (Krebs, 1989). Cet indice de diversitĂ© donne plus de poids aux espĂšces abondantes qu’aux espĂšces rares. C’est pour cela que nous avons Ă©galement Ă©tudiĂ© l’indice d’équitabilitĂ© J de PiĂ©lou (1966). Il permet d’exprimer la dominance d’une espĂšce. Il peut varier de 0 Ă  1, il est maximal quand les espĂšces ont des abondances identiques dans le peuplement et il est minimal quand une seule espĂšce domine tout le peuplement. 1.6.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique) Au-delĂ  de la simple prĂ©sentation des donnĂ©es, notre objectif premier a Ă©tĂ© de comparer les communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole. 1.6.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es Ainsi, nous avons commencĂ© par Ă©tudier la rĂ©partition spatiale du peuplement d’araignĂ©es de notre Ă©tude. Cela a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en trois temps. Tout d’abord nous avons analysĂ© le peuplement d’araignĂ©es selon une mĂ©thode statistique d’analyse de similaritĂ© des espĂšces, entre les parcelles, dans le but d’identifier des assemblages de peuplement. Cette technique de classification produit des schĂ©mas d’arborescence (aussi appelĂ©s dendrogrammes) qui relie les donnĂ©es selon leur niveau de ressemblance (ou similaritĂ©). Le dendrogramme rĂ©alisĂ© a Ă©tĂ© calculĂ© Ă  partir de l’occurrence des espĂšces d’araignĂ©es. Puis nous avons affinĂ© notre Ă©tude, par une analyse multivariĂ©e, afin de connaitre plus prĂ©cisĂ©ment les espĂšces prĂ©sentes dans les assemblages. Pour cette seconde analyse, les donnĂ©es Ă©tant en effectifs et organisĂ©es dans un tableau de contingence, une analyse factorielle des correspondances a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. Cependant les analyses de type AFC accordent un poids important aux espĂšces atypiques, c’est-Ă -dire rares ou particuliĂšres. Nous avons donc choisi de restreindre le jeu de donnĂ©es, en retirant les espĂšces rares, et en ne conservant que les 20 espĂšces les plus communes. Cela contribue Ă©galement Ă  une meilleure lisibilitĂ© du graphique. Ces 20 espĂšces dominantes reprĂ©sentent 90 % de l’occurrence totale (figure 8). Ces espĂšces sont :  Pardosa hortensis, Pardosa proxima, Oedothorax apicatus, Pardosa agrestis, Ozyptila simplex, Ozyptila fuscus, Xysticus kochi, Walckenaeria vigilax, Pardosa nigriceps, Trochosa ruricola, Erigone dentipalpis, Tenuiphantes tenuis, Pardosa agricola, Zelotes civicus, Erigone atra, Oedothorax agrestis, Zelotes tenuis, Zelotes pusillus, Drassylus lutetianus, et Pardosa palustris.
  • 22. 15 THEBAULT David En complĂ©ment des analyses sur l’assemblage des communautĂ©s d’araignĂ©es, les espĂšces indicatrices de chaque type de pratique agricole ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©es grĂące Ă  l’indice d’INDVALD (fonction multipatt() du logiciel R). 1.6.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es Suite Ă  la comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es, nous avons Ă©tudiĂ© la comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es. L’approche spĂ©cifique et par guilde de chasse sera testĂ©e. Concernant les guildes de chasse, des tests de χÂČ ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s afin de mettre en Ă©vidence un lien entre le mode d’agriculture et l’abondance et/ou la richesse spĂ©cifique. Confirmer ce lien permettra d’utiliser ces donnĂ©es pour effectuer des Generalized linear mixed model (GLMMs) suivant la loi de poisson. On a intĂ©grĂ© comme facteur alĂ©atoire l’identitĂ© de la parcelle. Ceci permet de tenir compte dans le modĂšle des contraintes de dĂ©pendance spatiale des donnĂ©es. Seules les donnĂ©es de la station 3 en milieu de parcelle ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es pour cette sous- partie. En effet, nous ne voulions pas fausser les analyses en y intĂ©grant volontairement l’effet lisiĂšre inhĂ©rent aux donnĂ©es de la station 1 en bord de parcelle. De plus, l’effet des co- variables « taille de parcelle » et « pluviomĂ©trie » ont Ă©tĂ© testĂ©s dans nos modĂšles. Occurrence(%) EspĂšces Figure 8: Occurrence des espĂšces.
  • 23. 16 THEBAULT David 1.6.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es Notre second objectif a Ă©tĂ© d’étudier l’influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es. L’influence des variables paysagĂšres avec ou sans interaction avec la position dans la parcelle a Ă©tĂ© testĂ©e en rĂ©alisant des Generalised Linear Models (GLMs), et en utilisant les richesses spĂ©cifiques et abondances totales ou les richesses spĂ©cifiques et abondances par guilde de chasse comme facteur Ă  expliquer. Sur chacune des 12 parcelles, deux stations ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es. La station en bord de parcelle a pour objectif de reprĂ©senter l’effet lisiĂšre facilement colonisable par les communautĂ©s d’araignĂ©es, car le plus proche du contexte paysager environnant. La station en milieu de culture, reprĂ©sente la zone de la parcelle la moins facilement colonisable, car la plus Ă©loignĂ©e du contexte paysager entourant la parcelle. Pour tous les tests rĂ©alisĂ©s, le taux d’erreur acceptĂ© est de 5 %. Tous les rĂ©sultats prĂ©sentent une probabilitĂ© P-value (ou P) infĂ©rieure Ă  ce pourcentage seront jugĂ©s significativement diffĂ©rents. 8 C1 0 8 C2 6 C2 8 C1 0 8 C2 6 C2 8 C1 0 8 C2 0 Pour rĂ©sumer : Nbr de parcelles Pratiques Agricole Stations par 436 piĂšges barbers ; Estimation : 22 710 individus 72 piĂšges barbers ; 3750 individus travail classique du sol semi-direct Nbr de parcelles Pratiques Agricole bio conv Camp. Camp. DonnĂ©es mobilisĂ©es pour l'analyse S1, S2, S3 DonnĂ©es Ă©chantillonnĂ©es sur le terrain Stations par S1, S3 bio travail classique du sol conv travail classique du sol conv semi-directconv travail classique du sol 2. RĂ©sultats : 2.1 PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale des prĂ©lĂšvements Les 12 parcelles Ă©tudiĂ©es ont une abondance variant de 97 Ă  549 individus (Tableau 1). La richesse spĂ©cifique des parcelles varie de 18 Ă  35. L’abondance et la richesse spĂ©cifique observĂ©es sont lĂ©gĂšrement supĂ©rieures en agriculture biologique qu’en conventionnelle. La complĂ©tude peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme satisfaisante lorsque l’indice de complĂ©tude est supĂ©rieur Ă  0,75. C’est le cas ici pour 10 des 12 parcelles. Seules les parcelles de Colineau P2 et de Bidault P1 semblent avoir eu un effort d’échantillonnage (ou complĂ©tude) insuffisant. Avec des indices de complĂ©tude moyens de 0,77 pour les parcelles conventionnelles et de 0,82 pour les parcelles biologiques, les complĂ©tudes moyennes sont suffisantes. L’indice de diversitĂ© de Simpson est minimal dans les parcelles de Poupin P1 et Pauvert P1 (0,68), et maximale chez Colineau P2 (0,92). L’ensemble des parcelles tend globalement Ă  avoir une grande diversitĂ©. L’équitabilitĂ© est minimale dans les parcelles Poupin P1 et P3 (0,58 et 0,59). La rĂ©partition du nombre d’individus par espĂšce est donc moins bonne sur ces
  • 24. 17 THEBAULT David parcelles. Quelques espĂšces semblent dominĂ©es au niveau de l’abondance. À l’inverse, l’équitabilitĂ© est maximale chez Colineau P2 (0,84). Tableau 1: Nombre d’individus (Nbr ind), richesse spĂ©cifique totale observĂ©e (Sobs), richesse spĂ©cifique totale estimĂ©e (Sest), complĂ©tude (Sobs/Sest), indice de diversitĂ© de Simpson (1-D), et Ă©quitabilitĂ© (J) pour chaque parcelle. La seconde partie des analyses va consister Ă  comparer les communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique). 2.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole 2.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es En observant ce dendrogramme (Figure 9), regroupant les parcelles, on distingue deux grands assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es. Les espĂšces sont affiliĂ©es soit aux parcelles agricoles conventionnelles soit aux parcelles agricoles biologiques. La 1Ăšre et 2Ăšme division du dendrogramme sĂ©parent deux parcelles des 10 autres parcelles. Ces deux parcelles dissimilaires sont CognĂ© P1, en agriculture conventionnelle, et Bidault P1 en agriculture biologique. La 3Ăšme division du dendrogramme regroupe exclusivement d’un cĂŽtĂ© les parcelles en agriculture conventionnelle : Colineau P1, Pauvert P1, Perdrieau P1, Aligon P2, Aligon P3 ; et de l’autre les parcelles en agriculture biologique: Coutard P1, Poupin P1/P2/P3, et Cloarec P. Parcelles ali_p2_c_2 ali_p3_c_2 cog_p1_c_2 col_p2_c_2 pau_p1_c_2 per_p_c_2 Moyenne bid_p1_b_2 clo_p_b_2 cou_p_b_2 pou_p1_b_2 pou_p3_b_2 pou_p4_b_2 Moyenne Nbr ind 456 406 391 97 139 228 286,17 364 549 280 294 261 285 338,83 Sobs 28 28 30 30 18 25 26,5 28 32 35 32 25 30 30,333 Sest 36,323 34,411 34,597 50,704 34,93 29 34,65 44,614 40 46,125 33 31,409 31,846 37,836 ComplĂ©tude 0,77 0,81 0,86 0,57 0,76 0,85 0,77 0,63 0,79 0,75 0,99 0,81 0,98 0,82 Simpson 0,83 0,86 0,87 0,92 0,68 0,89 0,84 0,84 0,87 0,87 0,68 0,69 0,86 0,8 EquitabilitĂ© 0,66 0,71 0,73 0,84 0,61 0,78 0,72 0,66 0,71 0,71 0,58 0,59 0,74 0,66 A. BiologiqueA. Conventionnelle
  • 25. 18 THEBAULT David Figure 9: Dendrogramme regroupant les parcelles de blĂ© d’hiver selon leurs similaritĂ©s, entre espĂšces d’araignĂ©es, en termes de leur abondance (MĂ©thode de Ward, distance euclidienne). Les parcelles en agriculture conventionnelle sont soulignĂ©es en rouge et les parcelles en agriculture biologique en vert. Figure 10: pourcentage d’inertie expliquĂ© par les axes de l’AFC. Inerties(%) La suite des analyses consiste Ă  comparer les assemblages d’espĂšces entre les cultures Ă  partir d’une AFC portant sur le jeu de donnĂ©es des vingt espĂšces de plus forte occurrence. Les axes 1 et 2 portent ensemble 66 % de l’information (ou d’inertie) du modĂšle (Figure 10). Les rĂ©sultats du plan factoriel des sites (Figure 11) montrent une opposition sur le premier axe entre les parcelles en agriculture dite « conventionnelle » (Pauvert, Aligon, Perdrieau, et Colineau) avec les parcelles en agriculture dite « biologique » (Cloarec, Bidault, Poupin, et Coutard). Ceci est confirmĂ© par la qualitĂ© de la reprĂ©sentation de ces diffĂ©rentes parcelles sur l’axe 1, qui reprĂ©sentent presque totalement la formation de l’axe (93.54 %). Les parcelles incluses dans ces deux groupes contiennent donc des assemblages d’espĂšces communes. Seule la parcelle CognĂ© P1 semble mieux s’expliquer sur l’axe 2. Ces premiers rĂ©sultats de l’AFC sont en adĂ©quation avec les rĂ©sultats issus du dendrogramme de la Figure 1.
  • 26. 19 THEBAULT David En ce qui concerne le plan factoriel des 20 espĂšces dominantes (Figure 12), l’opposition s’observe entre les espĂšces affiliĂ©es aux parcelles dites conventionnelles d’un cĂŽtĂ©: « O. apicatus, O. fuscus, T. tenuis, W. vigilax, et D. lutetianus », et les espĂšces affiliĂ©es aux parcelles dites biologique: « Z. pusillus, O. simplex, X. kochi, T. ruricola, P. proxima, Z. civicus, P. nigriceps, P. palustris, P. hortensis, et Z. tenuis » de l’autre cĂŽtĂ©. Elles reprĂ©sentent 85 % de la formation du premier axe. À l’inverse les espĂšces : « O. agrestis, E. atra, E. dentipalpis, P. agrestis et P. agricola » sont quant Ă  elles mieux reprĂ©sentĂ©es sur l’axe 2. La famille des Linyphiidae et la guilde de chasse des « tisseuses de toiles (TT) » sont majoritaires en parcelles conventionnelles. La famille des Lycosidae et la guilde de chasse des « chasseuses coureuses (CC) » sont majoritaires en parcelles biologiques. Deux groupes d’espĂšces, caractĂ©ristiques des deux types de pratique agricole, ressortent du dendrogramme et de l’AFC. La prochaine Ă©tape de l’analyse des assemblages d’araignĂ©es, vise Ă  mesurer si les espĂšces caractĂ©ristiques d’un type de pratique agricole sont prĂ©sentes dans l’ensemble des modalitĂ©s (biologique ou conventionnelle) des parcelles. Pour cela, l’indice d’Indvald est utilisĂ© sur l’ensemble des espĂšces de l’étude. -- axe 1 (40%) --> --axe2(24%)--> d = 1 Figure 11: RĂ©partition des 12 parcelles de blĂ© d’hiver le long des axes 1 et 2 de L’AFC.
  • 27. 20 THEBAULT David L’indice d’Indvald (Tableau 2) met en Ă©vidence, sept espĂšces indicatrices en agriculture conventionnelle : « B. gracilis (P-value = 0,005 ; Indval value = 0,35), D. lutetianus (P-value = 0,047 ; Indval value = 0,25), O. agrestis (P-value = 0,048 ; Indval value = 0,33), O. apicatus (P- value = 0,001 ; Indval value = 0,7), O. fuscus (P-value = 0,001 ; Indval value = 0,46), T. tenuis (P- value = 0,004 ; Indval value = 0,64),et W. tenuis (P-value = 0,007 ; Indval value = 0,52) » ; et 5 espĂšces indicatrices en agriculture biologique : « X. kochi (P-value = 0,016 ; Indval value : 0,42), Z. civicus (P-value = 0,003 ; Indval value = 0,38), P. hortensis (P-value = 0,001 ; Indval value = 0,40), P. nigriceps (P-value = 0,001 ; Indval value = 0,40), et P. palustris (P-value = 0,001 ; Indval value = 0,34) ». Les espĂšces indicatrices en agriculture conventionnelle sont majoritairement dominĂ©es par la famille des Linyphiidae et par la guilde de chasse « tisseuses de toiles (TT) ». À l’inverse, les espĂšces indicatrices en agriculture biologique sont essentiellement dominĂ©es par la famille des Lycosidae et par la guilde de chasse « chasseuses coureuses (CC) ». Ces rĂ©sultats sont en accord avec ceux de l’AFC. 10 des espĂšces prĂ©sentes dans les 20 espĂšces dominantes sont retrouvĂ©es ici : « P. hortensis, O. apicatus, O. fuscus, X. kochi, P. nigriceps, T. tenuis, Z. civicus, O. agrestis, D. lutetianus, P. palustris», mais Ă©galement des espĂšces moins abondantes comme : « B. gracilis, W. tenuis ». Figure 2: --axe2(24%)--> -- axe 1 (40%) --> d = 1 Figure 12: RĂ©partition des 20 espĂšces dominantes le long des axes 1 et 2 de L’AFC.
  • 28. 21 THEBAULT David Tableau 2: EspĂšces indicatrices pour un type de pratique agricole. L’ensemble des espĂšces sont significativement indicatrices avec une P-value < 0,05 et un Indval value≄ 0,25. L’analyse a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en abondance totale. Famille EspĂšce Pratique A P-value Indval value Type de chasse Linyphiidae Bathyphantes gracilis conv 0,005 0,35 Tisseuses de toiles Gnaphosidae Drassyllus lutetianus conv 0,047 0,25 Chasseuses coureuses Linyphiidae Oedothorax agrestis conv 0,048 0,33 Tisseuses de toiles Linyphiidae Oedothorax apicatus conv 0,001 0,7 Tisseuses de toiles Linyphiidae Oedothorax fuscus conv 0,001 0,46 Tisseuses de toiles Linyphiidae Tenuiphantes tenuis conv 0,004 0,64 Tisseuses de toiles Linyphiidae Walckenaeria tenuis conv 0,007 0,52 Tisseuses de toiles Thomisidae Xysticus kochi bio 0,016 0,42 Chasseuses Ă  l’affĂ»t Gnaphosidae Zelotes civicus bio 0,003 0,38 Chasseuses coureuses Lycosidae Pardosa hortensis bio 0,001 0,4 Chasseuses coureuses Lycosidae Pardosa nigriceps bio 0,001 0,4 Chasseuses coureuses Lycosidae Pardosa palustris bio 0,001 0,34 Chasseuses coureuses 2.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es Pour cette sous-partie, seules les donnĂ©es issues de la station en milieu de parcelle ont Ă©tĂ© conservĂ©es, cela afin de ne pas avoir d’effet lisiĂšre. Nous avons commencĂ© par Ă©tudier la diffĂ©rence de proportion des communautĂ©s d’araignĂ©es entre agriculture conventionnelle et biologique. Dans un premier temps, nous avons regardĂ© la diffĂ©rence (de proportion) d’individus totaux en agriculture biologique (49,7 %) et en conventionnel (50,3 %). Les proportions Ă©tant quasiment identiques, entre les deux types d’agriculture, nous avons choisi dans un second temps de catĂ©goriser les individus par guilde de chasse (Figures 13 et 14) : Chasseuses Ă  l’affĂ»t (CA) ; Chasseuses Coureuses (CC) ; et Tisseuses de Toiles (TT). La guilde des chasseuses coureuses (CC) est celle avec la plus grande abondance (2209 individus), puis vient la guilde des tisseuses de toiles (TT) (1072 individus) et celle des chasseuses Ă  l’affĂ»t (CA) (469 individus) (Figure 13). Les chasseuses coureuses sont dominĂ©es par la famille des Lycosidae avec 87,2 % des individus puis dans une moindre mesure par les Gnaphosidae avec 11,5 %. Les tisseuses de toiles sont quant Ă  elles dominĂ©es par la famille des Linyphiidae avec 93,9 %. Les chasseuses Ă  l’affĂ»t sont quasiment exclusivement par la famille des Thomisidae avec 99,8 % des individus (Figure 14).
  • 29. 22 THEBAULT David Proportiond’individusparfamille (%) Type de chasse Le test de chi-deux (Figure 15) de comparaison des proportions d’individus, en culture biologique et conventionnelle, a mis en Ă©vidence des diffĂ©rences significatives pour les chasseuses Ă  l’affĂ»t (P-value = 0.003), pour les chasseuses coureuses (P-value < 0,001), et pour les tisseuses de toiles (P-value < 0,001). Figure 13: Nombre d’individus en fonction du type de chasse. Nombred’individus Type de chasse Figure 14: Proportion d’individus par famille en fonction du type de chasse. Proportiond’individus Figure 15: RĂ©sultats des tests χ2 de comparaison, des proportions d’individus, des diffĂ©rentes guildes de chasse (CA, CC, TT) en fonction du type de pratique agricole. Des lettres diffĂ©rentes ont Ă©tĂ© attribuĂ©es lorsque le test est significatif (P-value < 0,05). Type de chasse
  • 30. 23 THEBAULT David Suite Ă  ces rĂ©sultats, des GLMMs (Figure 16) ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur l’abondance et la richesse spĂ©cifique afin d’étudier l’influence du type d’agriculture sur la composition du peuplement d’araignĂ©es. Seules les donnĂ©es issues de la station en milieu de parcelle ont Ă©tĂ© conservĂ©es pour les GLMMs. Les rĂ©sultats issus des χ2 ci-dessus nous ont encouragĂ©s Ă  continuer de travailler pour cette sous-partie, et pour la partie III, par type de guilde de chasse et non pas seulement sur l’ensemble de la population d’araignĂ©es. Pour l’ensemble des GLMMs, les variables « taille de parcelle » et « pluviomĂ©trie » ont Ă©tĂ© testĂ©es en co-variables explicatives, mais se sont rĂ©vĂ©lĂ©es non significatives (P-value > 0,05). Ainsi, seuls les modĂšles simples avec la variable explicative « type de pratique agricole » ont Ă©tĂ© retenus. Les GLMMs rĂ©alisĂ©s sur l’abondance et la richesse spĂ©cifique de l’ensemble de la population d’araignĂ©es se sont rĂ©vĂ©lĂ©s non significatifs (P-value > 0,05). Cependant, les GLMMs rĂ©alisĂ©es sur les abondances et les richesses spĂ©cifiques des diffĂ©rentes guildes de chasse se sont toutes rĂ©vĂ©lĂ©es significatives (P-value < 0,05) exceptĂ© pour la richesse spĂ©cifique des chasseuses Ă  l’affĂ»t (P-value > 0,05). L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t est significativement supĂ©rieure en culture biologique (P-value = 0.04264) qu’en culture conventionnelle. Il n’y a cependant pas de diffĂ©rence significative au niveau de la richesse spĂ©cifique des chasseuses Ă  l’affĂ»t (P-value > 0,05). L’abondance des chasseuses coureuses est elle aussi significativement supĂ©rieure en culture biologique (P-value = 2.2e-16), mais aussi leur richesse spĂ©cifique (P-value = 4.777e-05). À l’inverse, l’abondance (P-value = 5.11e-10) et la richesse spĂ©cifique (P-value = 0.001323) des tisseuses de toiles sont significativement infĂ©rieures en culture biologique.
  • 31. 24 THEBAULT David Figure 16: RĂ©sultats des GLM mixtes rĂ©alisĂ©s sur l’abondance et la richesse spĂ©cifique des diffĂ©rentes guildes de chasse (CA, CC, TT), en fonction du type de pratique agricole. *** P-value < 0.001, ** P-value < 0.01, * P-value < 0.05, NS P-value >0.05. * NS ** *** *** *** G G G GF H G H G H” *** **
  • 32. 25 THEBAULT David 2.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es Pour finir, nous avons Ă©tudiĂ© l’effet du contexte paysager et de la position dans la parcelle sur les communautĂ©s d’araignĂ©es. Nous avons testĂ© individuellement l’effet de ces variables paysagĂšres sur : l’abondance totale, l’abondance par type de guilde de chasse (CA, CC, TT), par richesse spĂ©cifique total, par richesse spĂ©cifique des diffĂ©rentes guildes de chasse, et ceci dans un rayon de 500, 200, et 100m. L’ensemble des parcelles agricoles (conventionnelles et biologiques) a Ă©tĂ© utilisĂ© pour cette sous-partie. On observe que la prise en compte des composantes du paysage permet d’expliquer une partie de la dĂ©viance de la composition des communautĂ©s d’araignĂ©es (Tableau 3). L’effet direct du paysage, sans interaction avec la position dans la parcelle, est plus souvent significatif sur la population d’araignĂ©es dans le buffer le plus proche de la zone d’échantillonnage, ici de 100m et avec 23 effets du paysage significatifs (Tableau3). À l’inverse, l’effet direct du paysage, sans interaction avec la position dans la parcelle, tend Ă  ĂȘtre moins souvent significatif lorsqu’on augmente le rayon de l’étude : 200m (20) et 500m (16) (Tableau 3). Cependant, plus on tend Ă  augmenter le rayon d’étude du contexte paysager autour des zones d’échantillonnage et plus l’effet du contexte paysager, en interaction avec la position dans la parcelle, est souvent significatif : 100m (21), 200m (29), et 500m (34) (Tableau 3). Les effets du contexte paysager au sens global (avec ou sans interactions) ressortent plus souvent significatifs pour un rayon de 500m, autour de la station Ă©chantillonnĂ©e, avec 50 effets significatifs (Tableau 3). Nous avons donc choisi de faire apparaitre prioritairement les rĂ©sultats de ce rayon (Tableau 4). Tableau 3: RĂ©capitulatif du nombre de variables paysagĂšres significatives par buffer (500, 200,100m), avec ou sans interactions, sur les variables Richesse spĂ©cifique et Abondances totales ou par guilde de chasse. Tout d’abord, on remarque que les variables paysagĂšres ont nettement plus d’effets significatifs sur les abondances (46) de la communautĂ© d’araignĂ©es que sur leurs richesses spĂ©cifiques (4), que ce soit pour l’ensemble des individus ou par guilde de chasse (Tableau 4). Si l’on regarde l’abondance totale, on observe un effet nĂ©gatif direct des variables paysagĂšres : bĂątiment, mare, cours d’eau, haie, sur celle-ci et ceci quelle que soit la position dans la parcelle. Les variables paysagĂšres : culture et bande enherbĂ©e ont un effet positif sur l’abondance totale en interaction avec la position dans la parcelle. En effet, ces effets Buffer Effets variables paysagĂšres 500m 200m 100m Paysage 16 20 23 Paysage : Position parcelle 34 29 21 Total 50 49 44
  • 33. 26 THEBAULT David positifs sont plus Ă©levĂ©s en bord de parcelle qu’en milieu de parcelle. Les variables paysagĂšres : prairie et boisement, ont elles un effet nĂ©gatif sur l’abondance totale des araignĂ©es en interaction avec la position dans la parcelle. En effet, ces effets nĂ©gatifs sont plus Ă©levĂ©s en milieu de parcelle qu’en bord de parcelle. L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t, subit un effet direct du contexte paysager, et ce quelle que soit la position dans la parcelle. Les variables paysagĂšres boisement et haie impactent positivement l’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t alors que les variables bĂątiment et cours d’eau l’impactent nĂ©gativement. L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t subit Ă©galement un effet des variables paysagĂšres en interaction avec la position dans la parcelle. Les variables paysagĂšres : culture, mare et bande enherbĂ©e ont un effet positif en bord de parcelle. Le milieu de parcelle de bande enherbĂ©e a Ă©galement un effet positif. Les effets de ces variables en bord de parcelles sont lĂ  aussi plus Ă©levĂ©s. De plus, la variable paysagĂšre prairie impacte nĂ©gativement l’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t et cela de façon plus importante en milieu de parcelle. L’abondance des chasseuses coureuses subit elle aussi un effet direct du contexte paysager, que ce soit la position en bord ou milieu de parcelle. Les variables paysagĂšres boisement et haie impactent positivement l’abondance des chasseuses coureuses alors que les variables bĂątiment et cours d’eau l’impactent nĂ©gativement. L’abondance des chasseuses coureuses subit Ă©galement un effet des variables paysagĂšres en interaction avec la position dans la parcelle. Les variables paysagĂšres : culture, prairie et bande enherbĂ©e ont un effet positif en bord de parcelle, et en milieu de parcelle, sauf le milieu de parcelle de prairie qui n’est pas significatif. Les effets de ces variables en bord de parcelles sont lĂ  aussi plus Ă©levĂ©s. De plus, la variable paysagĂšre mare impacte nĂ©gativement l’abondance des chasseuses coureuses et cela de façon plus importante en milieu de parcelle. Pour finir avec les abondances d’araignĂ©es, nous nous attardons ici sur l’abondance des tisseuses de toiles. On remarque que seule la variable paysagĂšre bande enherbĂ©e a un effet nĂ©gatif direct, quelle que soit la position dans la parcelle, sur l’abondance des tisseuses de toiles. L’abondance des tisseuses de toiles subit Ă©galement un effet des variables paysagĂšres en interaction avec la position dans la parcelle. La variable paysagĂšre culture a un effet positif en bord de parcelle et en milieu de parcelle. L’effet de la culture est supĂ©rieur en bord de parcelle. De plus, les variables paysagĂšres : prairie, boisement, cours d’eau, haie, et bĂątiment impactent nĂ©gativement l’abondance des tisseuses de toile et cela de façon plus importante en milieu de parcelle, exceptĂ© pour la variable bĂątiment qui est corrĂ©lĂ©e positivement aux communautĂ©s d’araignĂ©es tisseuses de toiles en milieu de parcelle. De plus, on remarque que la variable mare a bien un effet nĂ©gatif sur les communautĂ©s d’araignĂ©es tisseuses de toiles en milieu de parcelle, mais cet effet n’est pas significatif en bord de parcelle. Si l’on s’intĂ©resse maintenant Ă  la richesse spĂ©cifique totale des araignĂ©es, on remarque que seule la variable paysagĂšre cours d’eau en interaction avec la position milieu de la parcelle a un effet significatif sur celle-ci. Cet effet de la variable paysagĂšre cours d’eau est nĂ©gatif. La richesse spĂ©cifique des chasseuses Ă  l’affĂ»t est impactĂ©e quant Ă  elle nĂ©gativement par la variable mare et ceci quelle que soit la position dans la parcelle. La richesse spĂ©cifique des chasseuses coureuses est impactĂ©e quant Ă  elle nĂ©gativement par la variable cours d’eau et ceci quelle que soit la position dans la parcelle. Pour la richesse spĂ©cifique des tisseuses de toiles, on remarque que seule la variable paysagĂšre cours d’eau en interaction avec la position milieu de la parcelle a un effet significatif sur celle-ci. Cet effet de la variable paysagĂšre cours d’eau est lĂ  aussi nĂ©gatif.
  • 34. 27 THEBAULT David Afin d’illustrer plus concrĂštement les relations des variables issues des GLMs (Tableau 4), deux courbes ont Ă©tĂ© choisies (Figure 17 et 18). La Figure 17 montre l’effet positif de la prairie, en bord de parcelle, sur l’abondance des chasseuses coureuses. Figure 17 : ReprĂ©sentation graphique des prĂ©dictions du modĂšle GLM issue de l’abondance des chasseuses coureuses, en bord de parcelle, en fonction du pourcentage de surface de prairie. Tableau 4: RĂ©sultats des GLMs rĂ©alisĂ©es sur l’abondance et la richesse spĂ©cifique totales ainsi que sur les diffĂ©rentes guildes de chasse (CA, CC, TT) en fonction du contexte paysager de 500m autour des parcelles. *** P-value < 0.001, ** P-value < 0.01, * P-value < 0.05, NS P-value >0.05. Culture (%) Prairie (%) Boisement (% ) Batiment (% ) BA (%) Mare (%) CE (ml) haie (ml) P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef P R2 (+/-)Coef ** 0,003 (-)1,11 *** 0,04 (-)5,30 *** 0,09 (-)0,02 * 0,004 (-)0,001 bp *** 0,21 (+)0,94 *** 0,16 (-)0,6 * 0,01 (-)0,68 *** 0,03 (+)8,6 mp *** 0,07 (+)0,59 *** 0,05 (-)0,98 *** 0,05 (-)1,87 *** 0,06 (+)5,31 *** 0,03 (+)0,33 *** 0,04 (-)0,96 *** 0,06 (-)0,004 *** 0,05 (+)0,001 bp * 0,02 (+)0,06 *** 0,06 (-)0,14 *** 0,18 (+)3,40 *** 0,17 (+)3,27 mp NS *** 0,08 (-)0,24 ** 0,04 (+)1,8 NS *** 0,04 (+)1,23 ** 0,004 (-)0,94 ** 0,04 (-)0,01 ** 0,007 (+)0,001 bp *** 0,10 (+) 0,58 *** 0,1 (+)0,68 *** 0,06 (+)6,78 *** 0,08 (-)6,26 mp *** 0,01 (+)0,10 NS *** 0,03 (+)4,5 *** 0,10 (-)7,45 *** 0,07 (-)5,46 bp *** 0,08 (+) 0,71 ** 0,01 (-)0,16 *** 0,32 (-)1,96 * 0,01 (-)0,77 NS * 0,012 (-)0,01 *** 0,10 (-)0,01 mp *** 0,22 (+)0,28 *** 0,08 (-)0,52 *** 0,43 (-)3,87 *** 0,04 (+)3,47 *** 0,10 (-)6,65 *** 0,04 (-)0,01 *** 0,11 (-)0,003 NS NS NS NS NS NS NS bp NS mp *** 0,44 (-)0,01 NS NS NS NS NS * 0,04 (-)0,08 NS NS bp mp NS NS NS NS NS NS ** 0,09 (-)0,002 NS bp mp NS NS NS NS NS NS NS bp NS mp *** 0,54 (-)0,002 S_CA S_CC S Ab_TT Ab_CC S_TT Station Ab_CA Ab
  • 35. 28 THEBAULT David La Figure 18 illustre l’effet nĂ©gatif de la prairie, en bord de parcelle, sur l’abondance des tisseuses de toiles. Figure 18 : ReprĂ©sentation graphique des prĂ©dictions du modĂšle GLM issue de l’abondance des tisseuses de toiles, en bord de parcelle, en fonction du pourcentage de surface de prairie. 3. Discussion Les objectifs de notre Ă©tude Ă©taient : 1) la comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique) ; et 2) l’influence des facteurs paysagers sur les communautĂ©s d’araignĂ©es. Nos hypothĂšses Ă©taient d’une part que la richesse spĂ©cifique et l’abondance des communautĂ©s d’araignĂ©es sont plus importantes en agriculture biologique. D’autre part, que les variables paysagĂšres non cultivĂ©es ont un effet bĂ©nĂ©fique sur les communautĂ©s d’araignĂ©es, d’autant plus sur les individus prĂ©sents en bord de parcelle. 3.1 PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale des prĂ©lĂšvements Sur les 12 parcelles Ă©tudiĂ©es, il est possible de constater une diffĂ©rence d’abondance Ă©levĂ©e pouvant ĂȘtre multipliĂ©e jusqu’à cinq entre les cas de Mr. Cloarec (549 individus) et Mr. Colineau (97 individus). Cette diffĂ©rence d’abondance se constate Ă©galement pour la richesse spĂ©cifique observĂ©e, pouvant ĂȘtre multipliĂ©e par deux entre les cas de Mr. Coutard (35 espĂšces) et Mr. Pauvert (18 espĂšces). Ces diffĂ©rences observĂ©es entre les communautĂ©s d’araignĂ©es suggĂšrent l’influence de variables environnementales autour des parcelles. Nous savons que les communautĂ©s d’araignĂ©es dĂ©pendent Ă  la fois de variables locales et de variables paysagĂšres plus larges (Schmidt et al., 2005). Cela nous a conduits Ă  Ă©tudier par la suite l’influence du type de pratiques agricoles et des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es. L’équitabilitĂ© mesurĂ©e sur nos parcelles met en Ă©vidence que l’effort d’échantillonnage, sur celles-ci, semble suffisant pour caractĂ©riser l’arachnofaune en dĂ©placement au sol pendant la pĂ©riode donnĂ©e.
  • 36. 29 THEBAULT David 3.2 Comparaison des communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole (conventionnelle / biologique) 3.2.1 Comparaison des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es PremiĂšrement, cette Ă©tude montre une grande cohĂ©rence des assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es en fonction du type de pratique agricole. En effet, on constate sur nos parcelles du Maine-et-Loire deux grands assemblages de communautĂ©s d’araignĂ©es avec des espĂšces affiliĂ©es aux parcelles agricoles conventionnelles ou aux parcelles agricoles biologiques. Cela suggĂšre que les parcelles biologiques et conventionnelles sont clairement diffĂ©renciĂ©es les unes des autres sur le plan Ă©cologique et que ces diffĂ©rences sont favorables Ă  certaines espĂšces d’araignĂ©es et dĂ©favorables Ă  d’autres. Nos premiĂšres analyses (dendrogramme et AFC) ont tendu Ă  montrer qu’en culture conventionnelle, on retrouve essentiellement la famille des Linyphiidae et la guilde de chasse des tisseuses de toiles ; et qu’en culture biologique, on retrouve en majoritĂ© la famille des Lycosidae et la guilde de chasse des chasseuses coureuses. Nous savons que la quasi-totalitĂ© des espĂšces indicatrices de la pratique agricole conventionnelle sont des Linyphiidae tisseuses de toiles (6 sur 7). De plus, la majoritĂ© des espĂšces indicatrices de la pratique agricole biologique sont des Lycosidae chasseuses coureuses (3 sur 5). Ces espĂšces indicatrices viennent donc corroborer les premiĂšres observations Ă©voquĂ©es prĂ©cĂ©demment. Seules les parcelles de Mr. CognĂ© et Mr. Bidault semblent avoir des assemblages de communautĂ©s diffĂ©rentes aux autres parcelles. Cette dissimilaritĂ© de la parcelle de Bidault P1 peut notamment s’expliquer par un effort d’échantillonnage qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© insuffisant sur cette derniĂšre : l’assemblage reprĂ©sentĂ© sur cette parcelle Ă©tant ainsi considĂ©rĂ© non reprĂ©sentatif de la rĂ©alitĂ©, car incomplet. En ce qui concerne la parcelle de Mr. CognĂ©, cela peut s’expliquer par le fait qu’il ait rĂ©pandu de l’insecticide sur la pĂ©riode de l’étude et donc l’assemblage d’araignĂ©es observĂ© ne correspond pas Ă  ce que l’on aurait pu mettre en Ă©vidence (Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). 3.2.2 Comparaison de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es Nous avons Ă©tabli dans notre Ă©tude qu’il n’y a pas de diffĂ©rence significative, au niveau des proportions d’effectifs totaux des araignĂ©es, entre la culture conventionnelle et biologique. Cependant, aprĂšs avoir choisi de regrouper les individus par type de chasse, nous avons mis en Ă©vidence des diffĂ©rences significatives, au niveau de leurs proportions d’effectifs respectifs. Ceci pour les trois guildes de chasse : chasseuses Ă  l’affĂ»t, chasseuses coureuses et tisseuses de toiles. Ces rĂ©sultats nous ont confortĂ©s dans notre idĂ©e de comparer l’abondance et la richesse spĂ©cifique des communautĂ©s d’araignĂ©es par guilde de chasse et non pas seulement sur la totalitĂ© des donnĂ©es. Contrairement Ă  ce qui est observĂ© dans la littĂ©rature, la famille des Lycosidae domine nos Ă©chantillons suivis des Linyphiidae. En effet, traditionnellement on observe dans les cultures d’Europe centrale une majoritĂ© de Linyphiidae puis des Lycosidae (Sunderland, 1999). Cette sous-reprĂ©sentation des Linyphiidae
  • 37. 30 THEBAULT David peut ĂȘtre liĂ©e Ă  un sous-Ă©chantillonnage dĂ» Ă  un biais humain ou au fait que lors des Ă©chantillonnages cette famille n’ait pas encore atteint son maximum dĂ©mographique. Aucune diffĂ©rence significative d’abondance et de richesse spĂ©cifique, sur l’ensemble de la population d’araignĂ©es, en fonction du type d’agriculture n’a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence. Cela ne correspond pas avec ce qui est vu dans la littĂ©rature et qui tend Ă  montrer qu’il y ait plus d’abondance et de richesse spĂ©cifique dans les parcelles biologiques (Schmidt et al., 2005 ; Clough et al., 2005). Cependant, actuellement de nombreuses Ă©tudes semblent montrer qu’il n’y ait pas toujours de diffĂ©rences au niveau de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique totale entre les parcelles biologiques et conventionnelles (Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Cela peut s’expliquer par le fait d’une rĂ©plication insuffisante des unitĂ©s d’échantillonnage ou d’un manque de compatibilitĂ© entre les parcelles biologique et conventionnelle. En effet, dans certains cas les parcelles biologiques Ă©taient bordĂ©es pour la plupart de terres gĂ©rĂ©es de maniĂšre conventionnelle (Schmidt et al., 2005a). De plus, l’absence de diffĂ©rence significative de l’abondance et de la richesse spĂ©cifique totale, entre les cultures biologiques et conventionnelles, peut s’expliquer par le fait que l’efficacitĂ© d’un type d’agriculture dĂ©pend en grande partie de la complexitĂ© du paysage ou plus prĂ©cisĂ©ment du pourcentage Ă©levĂ© de surface non cultivĂ©es et non urbanisĂ©es (ConcepciĂłn et al., 2008). Nos hypothĂšses sont donc : soit les parcelles biologiques Ă©tudiĂ©es ont un paysage environnant avec une surface non cultivĂ©e insuffisante, soit les parcelles conventionnelles Ă©tudiĂ©es ont un paysage environnant avec une surface non cultivĂ©e suffisante pour attĂ©nuer la diffĂ©rence de richesse spĂ©cifique et d’abondance de l’ensemble de la communautĂ© d’araignĂ©es entre cultures biologiques et conventionnelles. C’est la deuxiĂšme hypothĂšse qui est validĂ©e ici. Des diffĂ©rences significatives, entre les cultures biologiques et conventionnelles, ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence pour la richesse spĂ©cifique et l’abondance des guildes de chasse. L’abondance des chasseuses Ă  l’affĂ»t, ainsi que l’abondance et la richesse spĂ©cifique des chasseuses coureuses sont significativement plus importantes en culture biologique. Ces rĂ©sultats sont en adĂ©quation avec ceux trouvĂ©s dans l’étude de Feber et al. (1998). L’effectif des chasseuses Ă  l’affĂ»t Ă©tant plus limitĂ© dans notre Ă©tude par rapport aux autres guildes, ces rĂ©sultats sont Ă  prendre avec prĂ©cautions. Cette plus grande abondance et richesse spĂ©cifique des chasseuses Ă  l’affĂ»t et des coureuses s’explique par : premiĂšrement le fait que les insecticides sont absents en culture biologique, les populations d’araignĂ©es ne subissent donc pas de mortalitĂ© liĂ©e Ă  ce facteur (Pekar & Kocourek, 2004 in Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). Cependant, Laster et Brazzel (1968) ont montrĂ© que les araignĂ©es avaient une tolĂ©rance aux pesticides et qu’elles Ă©taient moins sensibles aux insecticides que certains autres insectes prĂ©dateurs comme les coccinelles. DeuxiĂšmement, les cultures biologiques ont une plus grande couverture et diversitĂ© d’adventices (« mauvaises herbes »). Cela a pour effet de fournir aux populations d’araignĂ©es une plus grande complexitĂ© structurelle et de lieux oĂč se cacher Ă  la surface du sol (Sunderland & Samu, 2000). TroisiĂšmement, les champs biologiques reçoivent de plus importants apports de fumier et ont une rotation des cultures plus complexe permettant d’amĂ©liorer la qualitĂ© du sol. Cela peut bĂ©nĂ©ficier aux araignĂ©es en augmentant la disponibilitĂ© des insectes tels que les collemboles, ou les moucherons. Ces proies supplĂ©mentaires sont d’autant plus importantes que dans les cultures de blĂ© d’hiver, surtout au printemps, la quantitĂ© de proies est un facteur limitant (Harwood et al., 2001). Il a Ă©galement Ă©tĂ© montrĂ© que l’abondance et la richesse spĂ©cifique des tisseuses de toiles ne sont pas significativement plus importantes en culture biologique. C’est cohĂ©rent avec les rĂ©sultats trouvĂ©s par Feber et al. (1998). Cependant, il a Ă©galement Ă©tĂ© montrĂ© dans notre Ă©tude une abondance et une richesse spĂ©cifique significativement plus importante en culture conventionnelle pour les tisseuses de toiles. Ce serait dĂ» au fait que bien que le milieu en culture biologique soit globalement plus favorable aux araignĂ©es tisseuses de toile, ces
  • 38. 31 THEBAULT David derniĂšres, par leur mode de dĂ©placement aĂ©rien alĂ©atoire (ou « ballooning ») sont incapables de s’orienter en direction des cultures biologiques. De plus en Maine-et-Loire, il n’y a que 8 % de cultures biologiques contre 92 % de cultures conventionnelles. Cette tendance est Ă©galement observĂ©e en France. Cette faible proportion de cultures biologiques rend la tĂąche d’autant plus compliquĂ©e pour les araignĂ©es tisseuses de toiles, car il y aura proportionnellement moins de chance pour ces araignĂ©es d’arriver jusqu’aux cultures biologiques. Une autre raison pouvant expliquer la plus faible abondance et richesse spĂ©cifique des araignĂ©es tisseuses de toiles est que les cultures biologiques se trouvent majoritairement dans des contextes bocagers, et les haies sont un obstacle important au mode de dĂ©placement aĂ©rien passif des araignĂ©es tisseuses de toiles. Une derniĂšre raison qui expliquerait cette plus faible abondance et richesse spĂ©cifique des tisseuses de toiles en culture biologique serait liĂ©e au travail du sol plus frĂ©quent en culture biologique (Everts et al., 1989 in Clough et al., 2007). En effet, en culture biologique, du fait de l’absence de pesticides, les agriculteurs doivent rĂ©aliser un travail du sol plus frĂ©quent afin du lutter contre le « salissement » des parcelles les adventices. Les araignĂ©es tisseuses de toiles auront beaucoup de difficultĂ©s Ă  Ă©viter ces perturbations rĂ©pĂ©tĂ©es, car leur mode de dĂ©placement alĂ©atoire n’est par dĂ©finition pas prĂ©visible. Elles sont donc soumises aux conditions climatiques du moment. 3.3 Influence des variables paysagĂšres sur les communautĂ©s d’araignĂ©es Nos rĂ©sultats rĂ©vĂšlent que les effets du paysage (ou des variables paysagĂšres) sont visibles sur les abondances mais pas sur les richesses spĂ©cifiques des araignĂ©es, que ce soit sur l’ensemble des araignĂ©es ou par guildes de chasse. C’est cohĂ©rent avec ce que nous pensions et cela s’explique par la nature mĂȘme de la variable « richesse spĂ©cifique ». En effet, il suffit d’avoir un individu pour ĂȘtre comptabilisĂ© comme une espĂšce, ce qui tend Ă  rĂ©duire l’information et Ă  limiter la variation dans le jeu de donnĂ©es. La consĂ©quence est d’avoir moins de probabilitĂ© d’avoir une corrĂ©lation significative de celle-ci avec les variables paysagĂšres, d’autant plus que le nombre d’espĂšces d’araignĂ©es en milieu agricole reste modeste et en gĂ©nĂ©ral ne dĂ©passe que rarement les 120 espĂšces (Prieto-Benitez & MĂ©ndez, 2010). La rĂ©ponse des araignĂ©es face au paysage est comprise jusqu’à 500m autour de la zone d’étude. Clough et al. (2007) ont montrĂ© que l’effet du contexte paysager sur les communautĂ©s d’araignĂ©es pouvait aller jusqu’à 3 km selon les espĂšces. Notre Ă©tude a Ă©galement mis en Ă©vidence que l’effet du paysage est surtout marquĂ© quand les guildes de chasse sont considĂ©rĂ©es, d’oĂč l’importance d’utiliser cette approche pour cette Ă©tude. De plus, il a Ă©tĂ© prouvĂ© qu’il y a de meilleures rĂ©ponses des araignĂ©es au contexte paysager dans un buffer de 500m. Dans ce buffer, la plupart des rĂ©ponses des araignĂ©es au contexte paysager diffĂšrent selon la position dans la parcelle. En effet, on remarque qu’une rĂ©ponse positive des communautĂ©s d’araignĂ©es, ici une augmentation de leur abondance, face Ă  l’augmentation d’une variable paysagĂšre sera plus marquĂ©e en bord de parcelle et tendra Ă  s’attĂ©nuer en milieu de parcelle. Ce phĂ©nomĂšne peut s’expliquer par le fait que toutes les espĂšces ne peuvent se dĂ©placer jusqu’au centre de la parcelle. Par opposition, une rĂ©ponse nĂ©gative des communautĂ©s d’araignĂ©es, ici une baisse de leur abondance, face Ă  l’augmentation de la variable paysagĂšre sera encore plus marquĂ©e en milieu de parcelle qu’en bord de parcelle, car l’effet limitant de la capacitĂ© de dispersion peut accroitre cet effet nĂ©gatif dĂ©jĂ  marquĂ© en bord de parcelle. Cependant, il est important de signaler qu’il y a peu de diffĂ©rences significatives observĂ©es entre les bords et milieux de parcelles. Au final, contrairement aux hypothĂšses prĂ©cĂ©dentes cela illustre donc une grande capacitĂ© de dispersion des araignĂ©es et pour les trois types de chasses. Dans le buffer de 100m la rĂ©ponse
  • 39. 32 THEBAULT David des communautĂ©s d’araignĂ©es au contexte paysager est la mĂȘme quelle que soit la position dans la parcelle. On a Ă©galement remarquĂ© un effet positif des cultures sur l’abondance des chasseuses coureuses et des tisseuses de toiles. C’est inattendu et cela tĂ©moigne de l’importance d’habitats similaires, bien que non pĂ©rennes (ex : prairies), Ă  proximitĂ© de nos cultures. Nos rĂ©sultats montrent que l’abondance des chasseuses coureuses, en grande majoritĂ© reprĂ©sentĂ©es par les Lycosidae, est corrĂ©lĂ©e positivement Ă  une majoritĂ© des surfaces paysagĂšres non cultivĂ©es (prairies, bois, bandes enherbĂ©es, et haies) et donc corrĂ©lĂ©es positivement au pourcentage de surfaces non cultivĂ©es dans le paysage environnant la zone d’étude. Ces rĂ©sultats sont en accord avec d’autres publications (Clough et al., 2007). De fait, les paysages moins dominĂ©s par les terres arables ont des habitats plus pĂ©rennes. Ces habitats pĂ©rennes non cultivĂ©s semblent donc particuliĂšrement importants pour les espĂšces d’araignĂ©es de type chasseuses coureuses. Ceux-ci peuvent non seulement servir de lieux pour passer l’hiver (abri contre les prĂ©dateurs, reproduction, ou lieux de repos) en raison d’une perturbation rĂ©duite, mais sont Ă©galement plus diversifiĂ©s en espĂšces et ont des ressources alimentaires plus prĂ©visibles (Sunderland, 1999). Il semble que les Lycosidae utilisent donc les cultures de maniĂšre facultative pour chasser et chassent prioritairement dans les habitats non cultivĂ©s et les Ă©cotones comme les bandes enherbĂ©es ou les bords de parcelles (Sunderland & Samu, 2000). À l’inverse, nous avons mis en Ă©vidence que l’abondance des tisseuses de toiles, en grande majoritĂ© reprĂ©sentĂ©es par les Linyphiidae, est corrĂ©lĂ©e nĂ©gativement Ă  l’ensemble des surfaces paysagĂšres non cultivĂ©es (prairie, bois, bandes enherbĂ©es, et haies). Ces rĂ©sultats sont Ă©galement en accord avec ce qui est vu dans la littĂ©rature (Clough et al., 2007). Cela tend Ă  montrer que pour les Linyphiidae les habitats plus pĂ©rennes sont non seulement pas importants, mais dĂ©favorables. Ces rĂ©sultats peuvent s’expliquer : d’une part, par le fait que les habitats non cultivĂ©s sont, de par la nature passive du mode de dispersion des Linyphiidae, un frein Ă  leur circulation. Cela est d’autant plus impactant dans le cas de bois et de haies. Il semble que cette famille utilise prioritairement les cultures pour chasser, contrairement aux Lycosidae. D’autre part, l’effet nĂ©gatif des prairies sur la population de Linyphiidae peut s’expliquer par la compĂ©tition inter-guilde de chasse et mĂȘme inter- spĂ©cifique. En effet, nous savons que les prairies ont un effet positif sur la population de Lycosidae et que ces derniĂšres tendent Ă  Ă©voluer dans ce type de milieu. Une compĂ©tition entre les Linyphiidae et les Lycosidae est donc envisageable, d’autant qu’il est Ă©tabli que les principaux ennemis naturels des araignĂ©es sont d’autres araignĂ©es (Wise, 1993 in Schmidt et al., 2005b). Il a Ă©galement Ă©tĂ© montrĂ© que les variables paysagĂšres semblent avoir globalement un effet nĂ©gatif sur l’abondance total des communautĂ©s d’araignĂ©es. Maintenant qu’il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le contexte paysager impacte les communautĂ©s d’araignĂ©es nous pouvons supposer qu’il explique en partie la rĂ©partition des Lycosidae chasseuses coureuses et/ou des Linyphiidae tisseuses de toiles en fonction des cultures biologiques et conventionnelles. En effet, la prĂ©sence importante des Ă©lĂ©ments paysagers corrĂ©lĂ©s positivement pour les Lycosidae (ici les boisements, bandes enherbĂ©es, haies) et/ou les Ă©lĂ©ments paysagers corrĂ©lĂ©s nĂ©gativement pour les Linyphiidae (ici les prairies, haies) autour des parcelles biologiques peuvent expliquer la rĂ©partition observĂ©e. AprĂšs vĂ©rification sur les donnĂ©es cartographiques SIG, cette hypothĂšse est en partie validĂ©e. En effet, il semble y avoir plus de prairies et de haies en culture biologique, favorisant ainsi les Lycosidae et Ă  l’inverse dĂ©favorisant les Linyphiidae.
  • 40. 33 THEBAULT David 4. Conclusion Nous avons mis en Ă©vidence que la richesse spĂ©cifique et l’abondance des communautĂ©s d’araignĂ©es sont plus importantes en agriculture biologique lorsque l’on compare par guilde de chasse, exceptĂ© pour les tisseuses de toiles. L’hypothĂšse de notre premier objectif est donc en partie validĂ©e. Concernant le second objectif, nous avons Ă  la fois dĂ©montrĂ© un effet bĂ©nĂ©fique des variables paysagĂšres non cultivĂ©es sur les araignĂ©es chasseuses coureuses et ceci d’autant plus sur les individus prĂ©sents en bord de parcelle, mais nous avons Ă©galement mis en Ă©vidence un effet nĂ©gatif des variables paysagĂšres non cultivĂ©es et ceci est d’autant plus accentuĂ© en milieu de parcelle. La seconde hypothĂšse est donc lĂ  aussi en partie validĂ©e. Cette Ă©tude a mis en Ă©vidence la grande disparitĂ© existant au sein des araignĂ©es et l’importance de ne pas se contenter d’une approche uniquement spĂ©cifique mais aussi de travailler Ă  l’échelle des groupes fonctionnels, tels que les guildes de chasse, qui permettent d’avoir des rĂ©sultats plus probants. Favoriser le maintien de l’abondance et la richesse en espĂšce des araignĂ©es dans les agroĂ©cosystĂšmes a pour consĂ©quence de favoriser le maintien de leur rĂŽle d’auxiliaire de cultures, donc de favoriser la rĂ©gulation des ravageurs de cultures et ainsi indirectement de contribuer Ă  la productivitĂ© agricole. La gestion des communautĂ©s d’araignĂ©es doit se faire Ă  l’échelle locale, mais Ă©galement Ă  l’échelle paysagĂšre. Cela implique que les mesures de gestion devraient inclure la connaissance de leurs exigences spatiales. Suite Ă  ce travail, il serait intĂ©ressant de poursuivre l’étude et de traiter le reste des donnĂ©es recueillies sur le terrain afin de valider ou non ces conclusions. L’étude de la variable travail du sol sera particuliĂšrement intĂ©ressante du fait que trĂšs peu d’études ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur ce sujet. De plus, il serait intĂ©ressant d’intĂ©grer Ă  ces analyses des variables complĂ©mentaires, pouvant Ă©galement impacter les communautĂ©s d’araignĂ©es (Clough et al., 2007) : l’historique cultural des parcelles, les taux de pesticides dans les cultures conventionnelles et leur frĂ©quence, ainsi que le pourcentage de connectivitĂ© entre les habitats. Ce stage a Ă©tĂ© complet et formateur. J’ai eu Ă  la fois Ă©normĂ©ment de terrain, de rencontres et de discussions avec des acteurs du monde agricole, ainsi qu’un travail rĂ©dactionnel et analytique important. Pour cette derniĂšre partie, j’ai Ă©tĂ© amenĂ© Ă  utiliser des outils statistiques et cartographiques. Les acteurs du monde agricole que j’ai rencontrĂ©s Ă©taient d’une grande diversitĂ© : Ă©lus, directeurs de pĂŽle et autres personnels de la chambre, exploitants agricoles : et m’ont permis d’avoir une vision globale et cohĂ©rente de ce milieu. De plus, ce stage m’a permis de complĂ©ter mes connaissances naturalistes, via mon travail rĂ©alisĂ© sur le terrain (OAB et Ă©tude sur les araignĂ©es) et mes Ă©changes avec les associations naturalistes et l’universitĂ© de Rennes 1.
  • 41. 34 THEBAULT David Bibliographie Cardoso, P., Erwin, T.L., Borges, P.A.V., New, T.R., 2011. The seven impediments in invertebrate conservation and how to overcome them. Biological Conservation, 144, 2647–2655. Clough, Y., Kruess, A., Kleijn, D., Tscharntke, T., 2005. Spider diversity in cereal ïŹelds: comparing factors at local, landscape and regional scales. Journal of Biology, 32, 2007–2014. Clough, Y., Holzschuh, A., Gabriel, D., Purtauf, T., Kleijn, D., Kruess, A., Steffan-Dewenter, I., Tscharntke, T., 2007. Alpha and beta diversity of arthropods and plants in organically and conventionally managed wheat ïŹelds. Journal of Applied Ecology 44, 804–812. Concepcion, E., Dıaz, M., Baquero, R., 2008. Effects of landscape complexity on the ecological effectiveness of agri-environment schemes. Landscape Ecology, 23, 135–148. Feber, R.E., Bell, J., Johnson, P.J., Firbank, L.G., Macdonald, D.W., 1998. The effects of organic farming on surface-active spider (Araneae) assemblages in wheat in southern England (UK). Journal of Arachnology, 26, 190 –202. Harwood, J.D., Sunderland, K.D., Symondson, W.O.C., 2001. Living where the food is: web location by linyphiid spiders in relation to prey availability in winter wheat. Journal of Applied Ecology, 38, 88–99. Hole, D.G., Perkins, A.J., Wilson, J.D., Alexander, I.H., Grice, P.V., Evans, A.D., 2005. Does organic farming beneïŹt biodiversity? Biological Conservation, 122, 113–130. Knapp, M., Ruzicka, J., 2012. The effect of pitfall trap construction and preservative on catch size, species richness and species composition of ground beetles (Coleoptera: Carabidae). European Journal of Entomology, 109, 419–426. Krebs, C.J., 1989. Ecological methods. Harper & Row Publishers, New York., 654 pp. Lafage, D., Petillon, J., « En prĂ©paration ». Disentangling the influence of local and landscape factors on alpha and beta diversities : opposite response of plants and ground-dwelling arthropods in wet meadows. Lang, A., Filser, J., Henschel, J.R., 1999. Predation by ground beetles and wolf spiders on herbivorous insects in a maize crop. Agriculture Ecosystems and Environment, 72, 189–199. Laster, M., Brazzel, J.R., 1968. A comparison of predator populations in cotton under different control programs in Mississippi. J. Economical of Entomology, 61, 714–719. Le Roux, X., Barbault, R., Baudry, J., Burel, F., Doussan, I., Garnier, E., 2008. Agriculture et BiodiversitĂ©. Valoriser les Synergies. Expertise scientifique collective, synthĂšse du rapport, INRA, France. Luczak, J., 1979. Spiders in agrocoenoses. Polish Ecological Studies, 5, 151–200. Peeters, A., Malijean, J.F., Biala, K., Brouckaert, V., 2004. Les indicateurs de biodiversitĂ© pour les prairies : un outil d’évaluation de la durabilitĂ© des systĂšmes d’élevage. Revue fourrages, 178, 217-232. Prieto-BenĂ­tez, S., MĂ©ndez, M., 2010. Effects of land management on the abundance and richness of spiders (Araneae): a meta-analysis. Biological Conservation, 144, 683–691.