Le 17 Décembre 2001 Jean Bertrand Aristide mettra en place un faux coup d'état pour justifier la répression sauvage qu'il conduira contre l'opposition démocratique d'Haiti. Suite a ce theatre minutieusement préparé accompagne de la mise en place de sa machine répressive, Aristide fera incendie les locaux de plusieurs partis politiques l'OPL, le KONAKOM, le MDN, KID etc..Il fera aussi incendie la résidence des leaders politiques Gerard Pierre Charles leader du KONAKOM, Victor Benoit du KONAKOM, Luc Mezadieu du MOCHRENAH. Les résidences des représentants de ces partis furent brules dans plusieurs départements. Des stations de radios seront incendiées. Des journalistes et représentants de la société civile seront menaces, intimides et battus. Plusieurs centres cultures et instituts de recherches associes a l'opposition furent brules. Ce jour la les chimères d'Aristide ont semé la terreur partout en Haiti. Ce rapport du Centre Oeucumenique des Droits Humains donne des détails sur les événements du 17 Décembre 2001.
Ähnlich wie 17 Décembre 2001: Faux Coup d'Etat Organise par Jean Bertrand Aristide pour Justifier sa Repression Sauvage Contre l'Opposition Démocratique
Ähnlich wie 17 Décembre 2001: Faux Coup d'Etat Organise par Jean Bertrand Aristide pour Justifier sa Repression Sauvage Contre l'Opposition Démocratique (20)
17 Décembre 2001: Faux Coup d'Etat Organise par Jean Bertrand Aristide pour Justifier sa Repression Sauvage Contre l'Opposition Démocratique
1. LES ÉVÉNEMENTS DU 17 DÉCEMBRE 2001
Port-au-Prince, Janvier 2002
Centre Œcuménique des Droits Humains
(C.E.D.H.)
4, rue des Marguerites, Turgeau, Port-au-Prince
Phone : (509) 245-4106
E-mail: cedh@acn2.net
Avant-propos : Le Code normatif
Introduction : Le Contexte
I. ANNONCE D'UN COUP D'ÉTAT
II. LES FAITS :
Les attaques contre la presse,
les partis politiques, les responsables des partis pollitiques et les centres culturels
III. LES RÉACTIONS :
Déclarations, interventions
IV. L’APRES «17 DÉCEMBRE»
V. QUESTIONNEMENT
Avant-propos : Le code normatif
Cet avant-propos s'impose.
Car dans la crise qui se traîne depuis des années au cœur des
institutions politiques et sociales du pays, ce qui est en jeu, c'est le
privilège de la transgression et les moyens à employer pour
l'imposer, envers et contre tout. C'est pourquoi il est important
de préciser, en guise d'introduction, à quel code normatif nous
nous référons.
2. Sans l'acceptation de ce code, sans ce lien, la suite n' aurait pas de
sens.
Exode :
"Tu ne tueras point" (Ex: 20, 13)
La Déclaration Universelle des droit de l’Homme :
Article 3.-Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté
de sa personne.
Constitution de la République, 29 mars 1987
Article 19. "L'Etat a l'impérieuse obligation de garantir le droit à
la vie"
Article 36. "La propriété privée est reconnue et garantie".
Le Code Pénal
Article 356.- Quiconque aura volontairementmis le feu à des
édifices, navires, bateaux, magasins, chantiers, losqu'ils sont
habités ou servent à l'habitation, et généralement aux lieux
habités ou servant à l'habitation, qu'ils appartiennent ou
n'appartiennent pas à l' auteur du crime, sera puni de mort. (La
Constitution ayant aboli la peine de mort, la peine applicable est:
travaux forcés à perpétuité.)
Article 361.- Tout pillage, tout dégat de denrées, marchandises,
propriétés mobilières, commis en réunion ou en bande et à force
ouverte, sera puni de travaux forcés à temps.
Monseigneur Luigi BONAZZI, Nonce Apostolique,
doyen du corps Diplomatique.
"Nous sommes préoccupés par certaines graves atteintes qui
semblent remettreen question la liberté d'opinion, y inclus la
liberté de la presse, ainsi que par l'impunité qui continue de
couvrir certains crimes commis contre des journalistes.
Les partis politiques étant l'expression de la libre organisation
3. démocratique des citoyens, comment ne pas réprouverles
attaques contre les sièges de partis politiques sans intervention
efficace de la Police ? " (27 déc 2001)Amnistie internationale:
" Le gouvernement Haïtien a l'obligation de protéger tous les
citoyens sans exception, et doit agir de manière décisive pour
mettre fin aux actes de violence commis à titre de représailles"
(18 déc 2001)
Introduction : Le contexte
Les évènements du lundi 17 décembre 2001 se situent dans un
contextehistorique. Ils ne peuvent être interprétés sans faire une
rétrospectivequi inclut, au premier chef, le coup d'État de Roger
Lafontant, le 7 janvier 1991 mis en échec par un soulèvement
général de la population. Sept mois plus tard, aura lieu le coup
d'État du 30 septembre 1991 qui durera jusqu'au retour du
Président Constitutionnel le 15 octobre 1994.
Ces deux évènements occupent une place primordiale dans le
discours lavalassien, dans son imaginaire, dans sa propagande. Ils
ne sont pas étrangers à l'appel fait par Aristide à la «Tolérance
Zéro», expression codée visant l'élimination physique immédiate.
Agiter la rumeur de «coup d'État» devient non seulement un
moyen de provoquer périodiquement et de bloquer les tentatives
de mobilisation citoyenne, mais aussi de maintenir en alerte les
groupes d'intervention répondant aux consignes du parti Lafanmi
Lavalas. Dans les semaines précédant les élections de mai 2000
reportées plusieurs fois par le gouvernementPréval, le slogan est
lancé pour une mobilisation contre un "coup d'état électoral".
Il faut rappeler :
- Fin janvier 1991, à peine deux semaines après l'affaire
Lafontant, la rumeur d'une autre tentative de coup d'état
soulève la population et va coûter, entre autres, la vie à trois
musiciens aveugles victimes du supplice du collier.
- Le 28 Mai 1999, le grand rassemblement organisé par la
4. société civile pour protester contrel'insécurité, est
brutalement interrompu et dénoncépar les porte-paroles de
Lafanmi Lavalas comme une tentative de déstabilisation du
gouvernement par des agents "putschistes" anciens et
nouveaux.
- Le 28 juillet 2001, la mystérieuse attaque contre le poste de
Pétion-Ville et l'Académie Militaire, est immédiatement
présentéepar le gouvernement commetentativede coup
d'état. Jusqu'à ce jour aucune explication corroborant ces
déclarations n'a été produite par les autorités.
- Plus récemment, le 22 novembre2001, le sénateur Dany
Toussaint a affirmé publiquement que «Les conditions étaient
réunies pour un coup d'État» ( Le Nouvelliste)
À partir du mois de juillet 2001, suite aux échecs successifs des
négociations menées en vue de résoudre l'impasse politique
provoquée par les graves irrégularités ayant entaché les dernières
élections, auxquelles il faut ajouter les conséquences dramatiques
de la formule «Zéro Tolérance», le mécontentementmonte et
s'exprime ouvertement.
À travers le pays les radios diffusent les opinions, interventions
discussions, ouvertes où le gouvernement est de plus en plus
critiqué et mis en demeure de s'expliquer sur les questions qui
provoquent l'exaspération au sein de la population. En même
temps la pression internationale s'accentuesur le Président
Aristide pour qu'il réalise les huit points contenus dans sa lettre
au Président Clinton.
Sur un fonds de problèmes cruciaux de survie quotidienne: 56%
de la population ne mange pas à sa faim, baisse de la gourde,
montée des prix, insécurité généralisée dans les quartiers
populaires, rentrée scolaire avortée pour un grand nombre
d'écoliers. Les questions qui ont contribué à mettre en évidence
la gravité de la crise, sont principalement: l'impunité, les
conséquences de l'application «Zéro Tolérance» et les pratiques
5. d'intimidation ainsi que le constat du gaspillage des ressources de
l'Etat et de la corruption.
L'impunité, symbolisée par le blocage du cas
Jean Dominique.
En dépit de nombreuses protestations adressées directementau
Président Aristide, tant par des groupes de la société civile que
par des organisations internationales, aucun progrès n'a été enre-
gistré pour traduire en justice les auteurs de l'assassinat de Jean
Dominique et de Jean-Claude Louissaint.
L'enquête du Juge Claudy Gassant est paralysée. Le lynchage de
Padel Rénélus, suspect dans l'assassinat de Jean Dominique, à
Léogâne le 9 novembre, alors qu'il avait été confié à la garde de la
Police, provoque une nouvelle montée d'indignation. Les
déclarations de Robert Ménard de RSF, traitant les responsables
de la police et de la justice de «voyous» et menaçant le chef de
l'État de le faire inclure sur la liste des «Prédateurs de la liberté de
la presse», sont largement répercutées.
En même temps, les kidnappings se succèdentsans aucune
réaction des forces de l'ordre. Les quartiers populaires ne sont
pas épargnés, les petits «chefs» armés persécutent et rançonnent
impitoyablement la population. «En toute impunité, on massacre.
On saigne les démunis, la masse de pauvres, des sans voix». ( Le
Devoir, éditorial 11 décembre2001).
À Cité Soleil et à La Saline la population s'insurge contre
l'impunité dont jouissent les persécuteurs, en particulier Ronald
Camille, alias Ronald Kadav, contre qui un mandat d'arrêt a été
émis depuis le 10 septembre2001, pour l'assassinat du nommé
Jean Fritzner. Pendant des jours, ces gigantesques bidonvilles
sont le théâtre d'affrontements violents. Le bilan est lourd,
plusieurs morts, de nombreux blessés, un millier de demeures
incendiées (AP, 3 nov. 2001)
Zéro tolérance et intimidation
6. Depuis la déclaration faite par le Président Aristidele 20 juin
2001, à l'occasion d'une visite à la Direction Généralede la Police
demandant l'application de la formule «Zéro Tolérance», des
actes de violence les plus meurtriers ont été perpétrés, soit
directementpar des policiers, soit par des groupes de civils, dans
la plupart des cas associés aux autorités locales. Sans compter les
cas qui n'ont pas fait les nouvelles, on estime à près de 40 les
exécutions sommaires au cours des derniers mois à Port-au-
Prince et en province. Dans la seule localité de Cabaret, 15
personnes auraient péri victimes de la formule «Zéro Tolérance».
Dans un témoignage accablant publié dans Le Monde
(11/12/01), un policier déclare: «Depuis le lancement du mot
d'ordre Zéro Tolérancepar le président Jean-Bertrand Aristide, je
vis un cauchemar…» En deux mois il affirme avoir assisté à
l'éxécution sommaire et clandestine de plus de cinquante
personnes; «l'opération ne doit laisser aucune trace…» .
C'est à partir de la volonté d'intimidation et de l'application de
«Zéro Tolérance» qu'il faut examiner les mesures utilisées par les
dirigeants de l'APENA pour contrôlerle mouvement de
protestation qui s'était déclenchéau PénitencierNational dans la
nuit du 15 au 16 novembre2001. L'exposition humiliante des
prisonniers aux représentants de la presse, évocatrice du
traitement infligé aux esclaves pendant les siècles de la traite
négrière, a provoqué un haut-le-cœur général et des protestations
ont fusé de partout. Le maintenant célèbre «Ca Suffit !» lancé par
l'ancien Premier Ministre Smarck Michel, a résonné tant au pays
que dans la diaspora, comme l'expression du sentiment
d'indignation nationale.
Au cours des derniers mois, en réaction aux critiques et
protestations qui se multiplient, le gouvernement, soit
directementpar les porte-paroles officiels, soit par l'intermédiaire
des dirigeants des organisations dites populaires, utilise de plus en
plus des méthodes d'intimidation, verbales ou physiques.
7. Une campagne contre les journalistes, qualifiés de «non-
professionnels», s'intensifie. "À mesure que les manifestations de
mécontentements'amplifient et que la tension monte entre le
pouvoir Lavalas et l'opposition, les attaques et menaces contre les
journalistes se multiplient. (Le Monde, 10/12/01). Le Nouvelliste
dans sa dernière éditionde l'année titre: «2001: L'année de
toutes les misères de la Presse».
La mort atroce du journaliste Brignol Lindor le 3
décembre 2001 à Petit-Goâve, suite à l'appel lancé par le maire-
adjoint, Dumay Bony demandant l'application de «Zéro
Tolérance» pour punir un membre de la presse coupable d'animer
des émissions jugées trop critiques pour le gouvernement, illustre
tragiquement les ravages de cette politique et provoque
l'indignation dans tous les secteurs. La terreur règne dans la ville
de Petit-Goâve. Lors des funérailles de Brignol Lindor, la police
intervient avec violence.
La deuxième cible de cette politique d'intimidation, ce sont
les partis politiques, leurs militants, porte-paroles. Toute tentative
de réunion, manifestation, rassemblement est systématiquement
et violemmentinterrompueet brisée. Quelques exemples
illustrent la situation au cours de l'année 2001:
- Port-au-Prince, 20 Mars 2001: Un groupe d'individus
attaque à coups d'armes à feu et à coups de bouteilles
incendiaires, le local de la ConvergenceDémocratique en
chantant «Sa Jera Goug te ye pou nou pa boule Konvèjans lan»
(Ce n'est pas Gérard Gourgues qui nous empêchera de brûler la
Convergence…)
- Hinche, 21 mars 2001: Le MouvementPaysan
Papaye (MPP), organise une marche pacifique de Papaye à
Hinche. Tôt dans la matinée, la ville est investie par des groupes
d'individus armés conduits par le maire Déra Simon. Des
véhicules venant des communes avoisinantes pour participer à la
manifestation furent bloqués en route et les passagers battus. Les
8. organisateurs de la marche ont dû la renvoyer.
- Cayes, 31 mars 2001: une journée de réflexion organisée
à l'initiative de la ConvergenceDémocratique dans le local d'un
night club a été suspendue inopinément. Un petit groupe d'une
quinzaine d'individus a attaqué à coups de pierres le local où se
tenait la réunion, tout en menaçant de l'incendier si on n'y mettait
pas fin immédiatement. Le propriétairea dû prier les participants
de quitter les lieux.
- Cayes, 21 mai : Une réunion est convoquée à la salle
Saint Louis par la ConvergenceDémocratique à l'occasion du 1er
anniversaire du 21 mai 2000. Avant l'heure prévue, barricades de
pneus enflammés et coups de feu obligent à renvoyerla réunion.
- Marigot, 18 novembre : Le maire de la ville
accompagné de deux civils armés de UZI, membres de l'escorte
de Prince Sonson Pierre, sénateur Lafanmi de Jacmel, intervient
dans une réunion tenue dans un local par Edgar Leblanc, ex-
sénateur et Président de l'Assemblée Nationale. Suite au refus de
Leblanc d'obtempérer, sa voiture est arrosée de balles
- Plaisance, 25 novembre : La police arrête plusieurs
manifestants de la Convergence. L'un d'entre eux, Sénèque, est
battu et meurt au commissariat de police le 28 novembre 2001.
- Saint-Marc, 29 novembre 2001 : Des coups de feu sont
tirés contre une marche organisée par la Convergence. Un
manifestant, Samuel Augustin, est tué. Un autre, Oscar Pierre,
meurt deux semaines après, des suites de ses blessures.
- Cap Haïtien, 15 décembre 2001 : Le 14 décembre, 3
jours avant le "Coup" du lundi, une journée de réflexion,
organisée par des jeunes de l'Initiative Citoyenne à la Faculté de
Droit du Cap avec la participation de Micha Gaillard est
interrompueviolemmentpar des cris, chaises renversées,
projectiles lancés par un groupe d'une quinzaine d'assistants se
réclamant du régime Lavalas,violant ainsi l'espace universitaire.
Cette interventionétait organisée par le maire de Milot, Moise
9. Jean Charles et le porte-parole de Lafanmi, M.Amos Zéphirin,
sous-directeur de l'Aéroport du Cap.
Gaspillage des ressources de l’État -
Corruption
Aux prises avec des conditions d'existence chaque jour plus
précaires, la population manifeste de plus en plus son
mécontentementface au déploiement du luxe dont s'entourent
les hommes forts du pouvoir Lanfanmi Lavalas. Des critiques
sévères et persistantes s'attaquent également à la gestion des
affaires publiques mettant en question la probité des dirigeants et
leurs méthodes de fonctionnement.
L'attention se porte, entre autres, sur l'achat, selon des
procédures peu claires, de trois maisons dont la valeur est estimée
à près de 7 millions de dollars (US):
- une villa pour l'ex-présidentRené Préval : 1.4 M $US
- une maison pour le nouveau premier ministre Jean-Marie
Chérestal : 2M $US
- une maison pour l'ambassade d'Haïti à Rome : 3M $US.
À travers les stations de radio, le dossier des dépenses
«somptuaires» et des procédures douteuses, en particulier à la
DGI (DirectionGénéraledes impôts) ainsi que le thème des
«grands mangeurs lavalassiens» est de plus en plus discuté
ouvertement.
Le samedi 8 décembre, dans une interventionqui dure 2 heures
au programme très écouté de Radio Caraïbes «Ranmase», Michel
Soukar, professeur d'histoire qui anime un programme sur l'
histoire d'Haïti et de l'Amérique Latine, s'adresse directement au
Président Aristide concernant l'origine et l'importancede sa
fortune et les dépenses effectuées par la Présidence. C'est un
coup de tonnerreet «l'interpellation» de M. Soukar est
rapidementreproduite par centaines sur cassettes et diffusée dans
tout le pays et dans la diaspora haïtienne.
10. C'est dans ce contexte que le dimanche 16 décembre, date de l'anniversaire de l'élection
de JB Aristide , la commémoration de l’événement culmine dans l'après-midi, avec
l'inauguration de la nouvelle place de Saint-Martin, quartier populeux de Port-au-Prince.
En cette occasion, le Président, après avoir célébré les "victoire électorales" de l'année
2000, objet pourtant d'une crise politique profonde et raison de la coupure de l'aide
internationale depuis trois ans, s'adresse à l'assistance sur le thème "patriotisme" en
insistant sur le slogan qu'il lui fait répéter plusieurs fois: «Yon lavalas se yon patryòt,
yon lavalasyen se yon patriyòt, yon bon lavalasyen se yon bon patriòt:»
En début de soirée, une tension est manifeste; des rumeurs circulent et des opérations
de blocage sont rapportées dans certains quartiers de la capitale et des villes de province.
I. Annonce d'un coup d'État
Dès 3 h am, le lundi 17 décembre, un "flash" est diffusé par
les radios (Radio Caraïbes) donnant la nouvelle que le Palais
National est attaqué par un commando.
Vers 6 h am, Jacques Maurice, membre du bureau de presse
de la Présidencefait les premières déclarations: Il y a une
tentative de "Coup d'Etat" et 80 hommes lourdement armés se
sont introduits dans le Palais National. A partir de conversations
entendues sur les walkies-talkies dont ils auraient dépouillés les
policiers du Palais, ces hommes qui parlent espagnol, anglais et
créole, révèlentavoir à leur tête Guy Philippe, un des
commissaires de police réfugiés en République Dominicaine.
Selon informations recueillies par AP, Jacques Maurice fait
également mention d'une attaque simultanée contre le pénitencier
national et, toujours selon lui, l'un des auteurs intellectuels du
coup serait Lucien Gervais, (ancien militaire ?) emprisonné au
pénitencier national lors du soulèvement des détenus et depuis
lors transféré dans un autre centre de détention.Lucien Gervais
aurait à sa solde des mercenaires dominicains réunis à la frontière,
prêts à intervenir. Lors de cette intervention, Jacques Maurice
précise que le Président Aristide et sa famille sont en sûreté dans
leur résidence de Tabarre.
Au cours de ces premières heures les radios diffusent
largement les déclarations, nouvelles, et premières réactions. Des
11. journalistes se trouvent au Champs de Mars, devant le Palais et
rendent compteen direct, de l'évolution de la situation. Radio
HaitiInter annonce à 9.00am que «7 hommes se trouvent
embusqués dans les sous-sols du Palais». Des appels à la violence
et à la chasse aux «responsables» du coup sont lancés par les
porte-paroles, (René Civil) des groupes Lavalassiens au cri de
«Bare-yo anwo, Bare-yo anba !»
Quelques heures plus tard, Jean Auriel, responsable de l'unité
de sécurité présidentielle, répond aux questions de la Presse et
annonce que les assaillants ont pris la fuite à bord de deux pick-
ups. Les unités d'élite de la PNH ont repris le contrôle du Palais.
Les affrontements ont fait un mort dans le camp des assaillants et
deux morts parmi les policiers.
Vers midi, le ministre de la Culture et de la Communication,
Guy Paul, intervenant sur les ondes de la Radio nationale
annonçait que le président avait le contrôle du Palais, marquant
ainsi la fin du coup d'État. Il fait appel au calme et condamne les
actes de violence enregistrés dans le pays.
Dans l'après-midi, le porte-parole de la PNH, Jean Dady
Siméon, dans un point de presse au Palais National confirme la
tentative de "coup d'état" par des assaillants au nombre de 30 et
que le bilan de l'attaque repoussée s'élève à 5 morts, dont deux
policiers, un assaillant et deux simples citoyens. Il fait aussi
mention de la capture de l'un des assaillants du côté de Morne à
Cabrits.
Le Président intervient également au cours de cette longue
conférence de presse pour condamner le coup d'État, «Pwazon
demokrasi a se zam Kou Deta sa yo», réprouver la violence
«Kelkeswa vyolans lan, nou kondane l». Par ailleurs, il confirme
qu'il existe une relation entre les événements du 28 juillet et ce
qui vient de se passer en affirmant : «Evenman 16-17 desanm
2001 yo konektab avèk evenman 28 Jiyè k sot pase yo. … Nou
genyen dè prev ki montre yo konektab» et le peuple doit être loué
12. d'avoir sû agir en conséquence.
" Lè 28 Jiyè te rive, te gen plis konfizyon ke te fè yon seri moun doute, èske
se vre, èske se pa vre. E nou rété gade akoz de konfizyon, yo te beaucoup plus
timides que cette fois-ci. Yè, manifestasyon pèp la kale pou l defann demokrasi
a. Jodi a manifestasyon l pasifikman montre ankò yon fwa ki jan li konprann w'ol
pou l jwe, pa non kwaze bra, chita tann apre pou lal nan mawon. Men, nan kanpe
pasifikman pou l mété barikad lapè kote k nesesè, lè l nesesè san vyolans, nan
respè dwa tout moun, nan dyalog..."
Le poison qui tue la démocratie, ce sont les armes de ces coups d'État. Il y a un lien
entre les évènements du 17 décembre et ceux du 28 juillet. Mais le 29 juillet, il y avait
beaucoup de confusion, les gens étaient dans le doute, est-ce que c'est vrai,?: est-ce que c'est
pas vrai ? A cause de cette confusion, les gens sont restés à regarder, ils étaient beaucoup
plus timides que cette fois ci. (…) Hier, le peuple a manifesté sans hésiter pour défendre la
démocratie (...) Aujourd'hui, ses manifestations ont montré pacifiquement le rôle que le
peuple doit jouer, qu'il ne doit pas croiser les bras, s'asseoir, attendre, et finalement se lancer
dans le marronage. Que son rôle est d'être debout, de monter des barricades de la paix là ou
c'est nécessaire, quand c'est nécessaire, sans violence, dans le respect des droits de chacun,
dans le dialogue (…) Immédiatement après la Conférence de Presse, le Chef de l’Etat adresse
un «Message de Paix». Il commence par saluer la Police et tous les citoyens qui par leur
détermination ont érigé les Barricades de la Paix et fait échec aux assassins de la démocratie.
«Onè respè pou nou memm!"….."M sot siyonnen yon bon pati nan
Pòtoprens, mwen wè ak je m ki kantite barikad lapè nou mété pou anpeche
teworis kouri sove e touye plis moun. Nou fè sa paske nou kwè nan peyi nou,
Nou fè sa paske nou kwè nan demokrasi, Nou fè sa paske nou se bon jan pitit
Dessalines, Toussaint Louverture ak zansèt nou yo, nou brav !" "drapo la pè a
flote toupatou"…"Aswè a, m mande pou gen veye patriyotik toupatou pou
pwoteje lapè a»...
... «je viens de faire le tour de Port-au-Prince, j'ai pu voir le nombre de barricades de la
Paix que vous avez érigées pour empêcher que les terroristes ne s'enfuient et ne continuent à
tuer plus de gens. Vous avez fait cela parce que vous croyez en votre pays, en la démocratie,
parce que vous êtes les fils de Dessalines, Toussaint Louverture de nos ancêres, vous êtes
braves ! Le drapeau de la Paix flotte partout ! Ce soir je vous demande d'organiser une veillée
patriotique, partout pour protéger la Paix».
«E nan moman sa a kote nou fyè lè no wè bèl solidarite ki egziste ant Pèp
la ak Polis la, nou ankouraje Pèp la kontinye bay la Polis la tout enfomasyon nou
jwenn konsènan tout kriminèl k ap chèche kouri pou yo pa kenbe yo, pou yo pa
pale…» … «Se yon Kou Deta nou ranvèse vit e se pou Kou Deta a pa retounen
ankô ki fè m mande pou tout Popilasyon an kanpe pasifikman, defann demokrasi
a pasifikman».
Au moment où nous parlons, nous sommes fiers de constater la belle solidarité qui
existe entre le peuple et la police, et nous vous encourageons à continuer à fournir à la police
toute information concernant tous les criminels qui tentent de s'enfuir pour ne pas être pris
et avoir à parler… C'est un coup d'État que nous avons contrôlé rapidement et c'est pour
éviter qu'il n'y en ait d'autres que nous demandons à toute la population de se mobiliser
pacifiquement pour défendre la démocatie pacifiquement.
13. «Nap kontinye ini pou n pousuiv avek lalwa nan men nou anba drapo lapè a, tout
criminèl teworis ki vle fè nou al nan mawon»
«Nous continuons d'être unis pour poursuivre avec la loi en mains, sous le drapeau de la paix,
tous les criminels terroristes qui ont voulu nous acculer
II. LES FAITS : L'attaque contre la Presse, les
partis politiques, leurs dirigeants et les
centres culturels
À partir des différentes déclarations des représentants de la
Présidence, des groupes armées de partisans de Lafanmi Lavalas
s'organisent à Port-au-Prince et dans les villes de provinces,
attaquent , pillent et incendientles locaux des partis politiques, les
résidences de certains de leurs dirigeants. Des stations de radio
sont investies et menacées de destruction, des journalistes sont
violemment pris à partie et certains n'échappentau pire que de
justesse. Plusieurs personnes périssent victimes de ces actes de
violence au cours de la journée.
En Province
Cap-Haïtien
- Le mobilier de la résidence du Pasteur Milton Chery,
membre de la coordination de l'OPL dans le Nord, ex-candidat
au Sénat, est jeté dans la rue et brûlé.
- Eluscat Charles, porte-parole OPL dans le Nord a vu
sa résidence pillée et incendiée ainsi que la maison voisine.
- La maison des frères Tanis, de la Convergence et celle de
Jacques Etienne, critique connu de Lafanmi Lavalas, ont
également été mises à sac.
- Un certain Célius, proche des FADH a failli être lynché,
n'était-ce l'intervention de quel-ques passants et des
affrontements ont eu lieu lorsque les manifestants lavalassiens
ont tenté de s'attaquer à Grégory Joseph de la Convergence
- Le siège central de l'OPL dans le Nord est saccagé.
- Les assaillants ont tenté de mettre le feu à Radio Maxima
14. mais ont dû renoncer devant la réaction des riverains qui se sont
portés à la défense de la station.
Cayes
- La caisse de l'entreprisede constructionque dirige Gabriel
Fortuné, ex-député, porte-paroledépartemental de la
Convergence, est pillée et 2 camions bascules incendiés.
- La résidence de Jean Robert Jeune, membre du comite de
coordinationdépartemental de l'OPL est partiellement saccagée.
- La maison de Wilfred Jean-Baptiste, membredu comite de
coordinationdépartemental de l'OPL est endommagéeet pillée.
- La résidencede Kessel Cilius, membrede la Convergence est
pillée.
- La résidencede Pierre Richard, membre de la Convergence
est pillée.
Gonaïves
- La résidencedu Pasteur Luc Mésadieu, président du
Mochrena et membre du directoire de la Convergence
démocratique est incendiée; 3 voitures sont brûlées; 2 personnes
proches du pasteur sont tuées puis brûlées.
- La résidencedu Pasteur Sylvio Dieudonné, vice-président
de Mochrena est incendiée ainsi qu'une maison voisine. Une
Eglise et une école dirigées par le Pasteur sont également
incendiées.
- Le mobilier de la résidence de Anouès Difficile, membrede
la Convergencedémocratique,est incendié.
- Le correspondantde Radio Métropole dans l'Artibonite, Duc
Jonathan Joseph est porté disparu.
Grande Rivière du Nord
- Le local de l'OPL est attaqué et saccagé.
Jacmel
- La résidencedu porte-parole de la Convergence
Démocratique dans le Sud-Est, Milot Gousse, a été attaquée
avec jets de pierres.
15. Jérémie
- Lensky Cassamajor, représentantde l'OPL est
sequestré, malmené et sauvé de justesse du lynchage.
- Local de la CATH (Centrale des travailleurs Haïtiens)
incendié; beaucoup de membres de la Convergence ont dû
prendrela fuite.
N.B - Participation de deux véhicules de l'Etat (Education
Nationale et Finances).
Petit-Goave
- La maison de Jean Jasmin, enseignant, membre de la
coordinationlocale de l'OPL, est incendiée, ainsi que celle de
Déus Jean-François, MDN, ex-député, membrede la
Convergence, responsable communal. Des affrontements ont eu
lieu entre les groupes lavalassiens et les partisans de la
Convergence. Au cours de la journée plus de 15 maisons ont été
incendiées et 5 mises à sac. Les premiers rapports indiquent que:
Yvon Jean, René Jean-Michel,Eligène Desrosiers, Jean
Wilio Manéus, Dieusibon Jean, Yves Rigaud, Denise Osias,
Inès Coicou, Genise Jean, Diréus Antoine, Prosper Jeanty,
Montigène Sincère, Serge Bouzile, Wilbert Pierre, auraient
ainsi, entièrementou en partie, perdu leur résidence.
Thiotte
- Gabriel Davidson, membre dirigeant de l'OPL et une
quinzaine de militants ont dû se mettre à couvert.
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À la capitale, Port-au-Prince
La Presse
Au cours de la journée des journalistes, reporters, stations de
radio sont l'objet de menaces, d'actes de violence qui obligent
plusieurs représentants de la Presse à se mettre à couvert,
certains, dans des ambassades. D'après Reporters Sans
Frontières: «Le caractère systématique des agressions démontre
que les manifestants avaient reçu des instructions pour s'en
16. prendreà la presse».
Thony Bélizaire, photographede l'Agence France Presse,
Patrick Moussignac, Guérin Alexandre, Jean-Elie Moléus,
respectivement directeur et reporters de Radio Caraïbes et
Guyler Delva, président de l'Association des Journalistes
Haïtiens, ainsi que des reporters de Telemax, ont été pris
violemment à partie par des manifestants proches de Fanmi
Lavalas armés de revolvers, de machettes, de bâtons. Ils ont
obligés les journalistes à quitter les lieux sous la menace.
«Nous vous aurions abattu si vous étiez de Radio Caraïbe»
ont déclaré des partisans du pouvoir à Maxo Exil, de l'agence
Haïti Press Network, qu'ils menaçaient d'une arme.- La
Roger Damas, de Radio Ibo, a été forcé de remettre sa
carte de presse et son cellulaire aux manifestants qui assimilaient
Radio Ibo à l'opposition.
Des journalistes de Radio Vision 2000 dont Pharès
Duverné, Robert Philomé et Yves Clausel Alexis, alors qu'ils
couvraient les évènements se déroulant au Palais National, ont
été contraints de crier "Vive Aristide, Vive Lavalas" par des
membres d'organisations populaires proches du pouvoir.
Selon Arins Bellevue, directeurde Radio Galaxie, leur
confrère, Abel Descolines a dû se mettre à couvert après avoir
reçu des menaces et avoir été informé que son nom et celui
d'autres représentants de la presse se trouvaient sur une liste de
journalistes à abattre. Un journaliste du RECAP, Gaston Janvier
s'est trouvé dans la même situation.
Des reporters de Radio Métropole ont été agressés et mis
en joue par des partisans du pouvoir qui se trouvaient à bord de
véhicules appartenant à des entreprises de l'Etat. Les vitres de
l'autobus de Radio Caraïbes ont été brisées par des manifestants
pro-Lavalas. Plusieurs stations ont reçu des menaces de mort et
ont cessé d'émettre ce jour-là: Radio Quisqueya, Radio
Métropole, Radio Vision 2000, Radio Signal FM, et Radio
17. Caraïbes. Cette dernièredevait suspendre pendant plusieurs
jours ses émissions.
Le professeur-historien, animateur de programmes de radio,
Michel Soukar, a été l'objet de menaces répétées.
Les sièges des partis politiques
- Le siège national de l'OPL (Organisation du Peuple en
lutte), originellement Organisation Politique Lavalas) fondée en
1991, Quartier-General de la Convergence, a été pillé et
incendié. Le mur et la barrière de l'entrée ont été renversés par un
bulldozer du CNE. Les équipes d'assaillants ont été aussi
véhiculés par la CNE. L'OPL est membre de l'Internationale
socialiste, Coordinateur; Gérard Pierre Charles.
NB. Une maison attenante a été aussi pillée et incendiée.
- Le Local du Konakom, (Comité National du Congrès des
Mouvements Démocratiques) membre de la Convergenceet de
l'Internationale Socialiste --Coordonnateur Victor Benoît-- a été
pillé et incendié.
- Le local de la KID (Confédération Unité Démocratique),
membre de la Convergence, coordonnateur:Evans Paul (Konpè
Plim) mis à sac et incendié.
NB. C'est la 3e fois que le local de la KID a été dévasté : en 1991
(deux mois avant le coup d'état), et en avril 2000.
- Le local de l'ALAH (Alliance pour la Libération et
l’Avancement d’Haïti) membre de la Convergencequi est aussi le
cabinet d'études de Me Reynold Georges, son coordonateur, a été
incendié.
Les maisons familiales des dirigeants de la
Convergence.
- La résidence du professeur Victor Benoît située à Bon
Repos, dans la banlieue nord de Port-au-Prince, a été pillée et
18. incendiée (voir détails dans le témoignage plus loin).
- La résidence du professeur Gérard Pierre Charles, située
au Morne Hercule à Pétion-Ville a été pillée. La salle de la
bibliothèque a été incendiée avec un cocktail Molotov. La maison
a été assiégée en fin de matinée par des membres de la CIMO
(Corps d’intervention et de maintient de l’ordre) et par des civils
armés transportés en véhicules de la CNE (Compagnie nationale
d’équipements - entreprise publique).
Dans les deux cas des officiels ont été reconnus, des véhicules
ont été identifiés (voir témoignage plus bas).
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Centres culturels
- Le CRESFED, Centre de formation, de rechercheet de
documentation, membrede la Plateforme des Droits Humains,
dirigé par Suzy Castor, professeur universitaire, historiennede
formation, fondé en 1986, a été attaqué, incendié et pillé (voir
témoignage plus loin).
- La villa appartenant à l’État français et abritant les locaux
administratifs de l'Institut Français d’Haïti, voisin du local de
Konakom, a été pillé.
LES TEMOIGNAGES
Déclaration pour la presse de Jessie Benoit,
le mercredi 19 décembre 2001
Moi, Jessie Ewald Benoit, épouse de Victor Benoit,
coordonnateur du KONAKOM et dirigeant de la Convergence
Démocratique, certifie et atteste que :
1. Le lundi 17 décembre2001, à 12 :00 AM (midi), un commando
de mercenaires agissant au nom de Lavalas a débarqué en notre
résidence située à Lilavois. Quatre (4) véhicules chargés
d'hommes lourdementarmés:
19. - une Toyota Four Runner de couleur noire sans plaque
d'immatriculation;
- une Nissan Patrole blanche officielle, immatriculée au No 0824;
- une Toyota double cabine sans plaque;
- une Toyota RAV4 de couleur marron
Ce commandoavait pour mission d'assassiner en plus de Victor
Benoit, tout être vivant (humains et animaux) se trouvant sur les
lieux. Nous étions tous présents, Victor Benoît et moi, ainsi que
trois (3) parents adultes et quatre (4) adolescents quand ils ont
débarqué.
Après avoir semé la panique chez nos proches voisins, nos
assassins ont investi la cour de la maison. Ils ont incendié la
maison pièce par pièce en mettant particulièrement l'accent sur
les espaces fermés. Nous avons eu la vie sauve grâce à la chaîne
de solidarité qui a été organisée spontanément par les habitants
de Lilavois.
2.- J'accuse la Police Nationale d'Haïti et particulièrement le
Commissariat de Bon Repos, pour NON ASSISTANCE A
PERSONNE EN DANGER.
J'accuse Lavalas de tentative d'assassinat sur ma personne et celle
de mon mari Victor Benoit et les membres de notre famille qui
étaient dans la maison avec nous.
3.- Je dis à l'ensemble de la population haïtienne : Hier c'était la
Presse avec Jean Dominique, Brignol Lindor. Aujourd'hui c'est la
ConvergenceDémocratique avec VictorBenoit, Gérard Pierre
Charles et d'autres dirigeants et membres de la Convergence;
Demain ce sera l'ensemble des secteurs de la société haïtienne qui
luttent pour une société libre et démocratique.
En avant tous, n'ayons pas peur, serrons-nous les coudes pour ce
grand faisceau qui doit barrer la routeà la dictature.
TET ANSANM TET ANPLAS NAP CHANJE SA
Jessie Ewald Benoit
20. Témoignage de Suzy Castor : la résidence de
Suzy Castor et de Gérard Pierre-Charles mise à
sac
Le lundi 17 décembre, Suzy Castor écoutait les nouvelles du
matin dans la résidence où elle vit avec sa famille, à Pétion-Ville,
au Morne Hercule, lorsqu'elle reçut l'appel d'un ami insistant
pour qu'elle quitte immédiatement sa demeure. Il venait
d'apprendre qu'un groupe armé, se dirigeait vers la maison
probablement pour l'incendier. Sans rien emporter, Suzy Castor
s'enfuit avec ses trois petits-enfants pour se réfugier chez des
amis.
Il est 9.30 AM. Une demi-heure plus tard, le groupe d'assaillants,
évalué à une centaine de personnes, arrivait dans la rue
Charlemagne Péralte, qu'il arpenta de haut en bas avant de
pouvoir identifier la maison. Cette troupe, parmi laquelle on ne
pouvait ne pas remarquer des enfants et des adolescents, était
armée de fusils, revolvers, machettes, piques. Ils se sont massés
devant la maison et se sont mis à envoyer des pierrres. Quelques
policiers arrivent alors, au nombre de 5 ou 6, se placent en retrait
des assaillants et assistent sans intervenir aux tentatives de
destruction du mur d'enceinte.
C'est à ce moment que les hommes de sécurité, à l'intérieur, tirent
en l'air pour disperser le groupe. Alors, les attaquants demandent
du renfort: les appels sur radio ont été entendus par plusieurs
témoins. Très rapidement, 2 camions de la CNE et autres pick-
ups de la police, dont un marqué "Cité-Soleil", arrivent et
débarquent des hommes en civil, armés certains, de fusils-
mitrailleurs.
Les habitants de la maison, dont la fille de Suzy Castor,
abandonnentles lieux, en passant par-dessus le mur arrière du
jardin. C’est à ce moment qu'arrive une équipe de CIMO.
Les assaillants essaient de forcer la barrière. Ayant réussi à
pénétrerdans la cour, ils mettentle feu aux deux véhicules qui s'y
21. trouvent en criant : «yo pa gen jan pou yo soti, nap pran yo, nap
rache yo youn pa youn». Constatant que personne ne sortait, ils
entrent chez les voisins à la recherche des occupants en fuite.
Utilisant un cocktail Molotov, ils incendientune des pièces
principales.
Selon plusieurs témoignages, au cours des évènements, le
sénateur Prince Sonson Pierre, le magistrat de Pétion-Ville, Sully
Guerrier et le député Felito Doran étaient présents et observaient
le déroulement de l'opération. Tout ceci se passe sans que, ni les
policiers, ni les agents du CIMO n'interviennent pour contrôler
ou retenir les assaillants afin d'empêcherle pire.
Suite à plusieurs appels d'amis et autres citoyens alarmés, les
pompiers arrivent.,unepremière fois sans eau. Finalement ils
réussissent à contrôlerl'incendie. Aussitôt après, vers 4.30 PM, la
maison est livrée au pillage. Tout a été emportéou détruit. Des
spectateurs qui ont essayé de protester ou de s'interposer ont été
malmenés et frappés.
Plusieurs témoins ont vu les pillards monter dans les véhicules de
la Police avec leur butin. Cependant, aux personnes venues
s'enquérir, le Commissariat de Pétion-Ville, a déclaré ignorer cela.
NB.- Ce lundi 17 décembre, le professeur Gérard Pierre Charles
était à Miami où il assistait à un séminaire sur les partis politiques,
organisé par l'OEA.
Témoignage de Suzy Castor : La destruction du
CRESFED
Le lundi 17 décembre, vers 1h PM, un groupe d'individus, la
plupart très jeunes, presque des enfants, armés de fusils, se dirige
vers le local du CRESFED, 10, rue Jean-Baptiste, au Canapé-
Vert. De toute évidence, ils ne connaissent pas l'adresse, car ils
passent devant le local sans le reconnaîtreet questionnent les
habitants du quartier afin d'identifier la maison.
L'unique gardien s'étant mis à couvert, à l'approche de la troupe,
22. celle-ci pénètre sans difficulté dans la cour principale. Deux
camions de police accompagnaient le groupe et assistent au
pillage et à l'incendie. On a également remarqué la présence du
délégué de Ville pour le Canapé-Vert, Analès Obas. La mise à sac
est totale. Le feu est mis pièce par pièce. Ce qui ne peut être
emporté est détruit, incendié. Par exemple, tout l'équipement
d'imprimerieet des émetteurs devant servir pour une radio
éducative. Les W.C. ont été remplis avec des exemplaires de la
Constitution, et un grand nombre d'ouvrages a été
systématiquementbrûlé. L'immeuble lui-même est vandalisé:
céramiques, portes, fenêtres, climatiseurs, fers forgés.
Le chien de garde du CRESFED a été, selon les témoignages,
arrosé d'essence et brûlé vif.
Dans la journée du mardi, on trouvait déjà en vente sur les
trottoirs de la Capitale des exemplaires épars des collections
spécialisées du CRESFED. Il faut noter que des archives
précieuses sur l'histoire politique et syndicale du pays ont été
détruites, ainsi que des collections de périodiques clandestins
sous Duvalier . C'est une partie de la mémoire du peuple haitien
qui a ainsi disparu.
Un témoin sur le Champ-de-Mars
Très tôt à l'aube, j'ai entendu parler d'un coup d'État. J'ai voulu
aller voir de mes propres yeux ce qui se passait. Je me suis rendu
sur le Champ-de-Mars avec un ami vers 5:30am. Arrivé sur la
place, près du Mupanha, j'ai vu un pick-up de la police (marque
Toyota), dans lequel deux policiers baignaient dans leur sang,
apparemmentmorts. Il y avait peut-êtreun millier de personnes.
Ce n'était pas la grande foule d'avant. Des "chefs", habillés en
"KK Jako", avec de lourdes armes, circulaient dans l'enceinte du
Palais.
Nous sommes arrivés du côté du Palais de Justice, à l'entrée
principale. Il n'y avait pas de traces d'effraction sur la barrière. J'ai
23. vu, stationnée, une Chevrolet blancheimmatriculée«Service de
l'Etat». Des hommes habillés en noir, avec cagoules, distribuaient
des armes : Gallil, G3, M16, UZI, Vers 6:30am, la distribution
d'ames était terminée. Autour de moi les gens parlaient de
"Dominicains" qui se trouveraientà l'intérieur du Palais. Un
policier de "Swat" s'est approché des grilles pour dire que la
situation était sous contrôle, qu'il y avait un tué et deux
personnes capturées.
Vers 7:30am des voitures officielles sont arrivées, avec des gens
armés de révolvers et fusils. Un tracteur tentait d'enfoncer la
barrière de droite du Palais. Des véhicules, portant des
inscriptions "Cité-Solel 1, 2, 3, Delmas, arrivent et exécutentdes
patrouilles autour du Palais. Un peu plus tard des journalistes
sont entrés dans l'enceinte du Palais. Ils ont dit avoir vu un mort.
On leur a dit que les assaillants sont en fuite et que des policiers
"spécialisés" sont partis à leur recherche du coté du Morne-à-
Cabrit.
Aux environs de 10:00am, il y eut des tirs nourris du côté du
palais. Il est bruit que quelqu'un aurait tiré sur la foule. On voit
un homme courir et une foule qui le poursuit. Quelques instants
plus tard, j'ai vu quelqu'un brandir un avant-bras…J'ai aperçu le
député Ernest Vilsaint avec des manifestants.. Il s'est rendu au
palais avec quelques "chimères". Autour de moi, des groupes
discutent d'aller incendier les locaux des partis de l'opposition.
Parlant de la Convergence : "Pa ka gen de palè" (Il ne saurait y
avoir deux palais). Certains s'opposent à ce qu'on touche à l'école
de Gérard Gourgues : «Se sèl si nou ta jwenn ak Jera Goug" (Si
on pouvait attraper Gérard Gourgues lui-même….)
Je dois dire que j'étais choqué de voir distribuer des armes à des
jeunes, presque des en-fants ayant l'apparence de chimères; sales,
négligés, en «bout de shorts», sandales, ban-deaux autour de la
tête. Certains avaient des cagoules avec des trous pour les yeux et
la bouche. Des véhicules Téléco et "Services de l'État" étaient
24. conduits par des chauffeurs portant les mêmes cagoules. Jusquà
5:00pm on pouvait les voir circuler en ville.
J'ai vu le sénateur Toussaint qui était dans la foule donnant des
ordres. Il était à coté de Ronald Kadav. Celui-ci est parti. Plus
tard, il y eut une rumeur selon laquelle son véhicule serait tombé
en panne à la hauteur du Morne Lazare sur la route de Bourdon
/ Pétion-Ville. Pendant tout le temps où j'étais là, jusque vers
1:00pm, je n'ai pas vu intervenirles CIMO qui se trouvent à
l'immeubre "Anti-Gang" face à la DGI. Ils ont répondu aux
chimères qui les interpellaient qu'ils n'avaient reçu aucun ordre et
qu'ils ne bougeraient pas. Quand je suis parti, vers 1:00pm, il y
avait beaucoup de monde sur la place.
Témoignage de Chavannes Jean-Baptiste
Le lundi 17 décembre, un groupe de "chimères" est arrivé dans
deux camions avec des jerricanes d'essencedevant le local du
MPP (MouvementPaysan Papaye) à Hinche. De nombreux
militants et sympathisants avertis de ce qui se préparait, s'étaient
massés dans la cour. Leur présence et détermination ont
déconcerté les assaillants à leur arrivée et ceux-ci ont décidé de
rebrousser chemin en prenant soin de couper les cables de
téléphonequi désservent la fondation qui se trouve depuis lors
privée de communication.
Témoignage d'un résident de la rue Capois
(…) J'ai fait le mouvement d'aller discuter avec les personnes qui
voulaient mettre le feu aux locaux des partis, mais j'ai du
renoncerquand j'ai vu débarquer des commandos de jeunes.
Dans l'après midi du 17, vers 4:00pm, j'ai voulu aller faire un tour
dans le quartier, mais en sortant de chez moi, je me suis arrêté
pour observer un manège étrange. Le voisin était au volant de
son pick-up qui était plein d'une bande de jeunes, tous armés
d'armes longues, une voiture de police suivait de loin. Il y eut des
25. allées et venues, puis le pick up est reparti avec au volant un des
jeunes. En fait, le voisin avait été «kidnappé» et était venu
chercher de l'argent pour sa rançon. Ils avaient «emprunté» le
pick-up. On a dit qu'ils désarmaient systématiquement tous les
agents de sécurité de la zone, comme par exemple ceux du Royal
Market à Turgeau.
Témoignage de résidents de Martissant-
Fontamara
Le dimanche 16 décembre, aux environs de 7:30 pm, des
résidents de Martissant-Fontamara qui regagnaient leur domicile,
ont dû négocier leur passage en plusieurs fois avec des groupes
occupés à installer des barricades en divers points de ces
quartiers. Surpris de se trouver face à cette situation que rien ne
laissait prévoir, la journée du dimanche s'étant écoulée sans
incident particulier, ces personnes essayèrent de s'enquérir des
raisons de ces préparatifs. La réponse fut laconique: " N ap kite
nou pase, pas poze kesyion, antre lakay nou…" (On vous laisse
passer, rentrez chez vous sans poser de questions.).
Témoignage d'un résident de Delmas #32
Vers 6h du matin nous avons été alertés qu'il y avait un «coup
d'État». A 7h je suis sorti pour constater qu'il y avait beaucoup de
monde dans les rues. Des groupes avec des armes «zamm
kreyòl», fusil Douze, se sont rassemblés devant le Délimart entre
Delmas #33 et #34. Puis des véhicules de la Police sont arrivés,
la foule leur a fait place; les policiers se sont adressés au groupe:
"Kenbe là, Kenbe là".
Un groupe armé est entré dans Delmas #32 pour inciter leurs
affiliés à se joindre à eux avec leurs armes et se rendreau Palais;
«Pouwa nou menase, sa ou ginyin (zamm) bay li». (Votre
gouvernement est menaçé, les armes que vous avez servez-vous
en». C'est alors que j'ai pu constater la quantité d'armes, (12, 38)
qui était en possesion de résidents du quartier. J'étais sidéré. Tous
26. ces gens sont partis, laissant la population en panique ne sachant
à quoi s'attendre. Je suis rentré chez moi retrouver ma famille et
ne suis plus ressorti jusqu'au lendemain.
Témoignage d'un éducateur des Gonaïves
Au cours de la journée du dimanche 16 décembre une série de
festivités, réunions, avait eté organisées par le gouvernement qui
à cette occasion avait procédéà la distribution de Gdes 15.000
aux tenancières de restaurants populaires, dans le cadre du
programme du Ministère à la Condition Féminine.
Aux environs de 9h du soir des «autorités» venues de Port-au-
Prince distribuent armes, munitions, argent, aux dirigeants des
groupes de base. Le délégué Kenaz Jean Baptiste St. Pierre, le
maire Stephen Moise et le maire-adjoint Beauvoir Ulysse sont
présents. Vers 4h am on observe des véhicules de la PNH et de la
Mairie qui transportentdes pneus usagés et des barricades sont
édifiées
À 8:30 am, le délégué Kenaz J.B. St. Pierre annonce la fermeture
des écoles, commerce et industrie.
À 9:30 am, la maison du Rev. Luc Mésadieu (MOCHRENA) à
Gattereau, entréenord de la ville, est incendiée. Le groupe
s'empare de deux personnes et leur fait subir le supplice du
collier. Une des victimes était un agent de sécurité connu sous le
nom de Ramy, l'autre n'a pu être identifié
À 11:20 am, on apprend que l'école Manassé du Rev. Sylvio
Dieudonné à Bigot, entrée Ouest de la ville, a également été
incendiée.
À 11:35 am, la résidenceprivée du Rév Sylvio Dieudonné est
investie et brûlée. Parmi les assaillants se trouvaient: un chef de
bande connu Amyot Métayer (Cubain)le maire Stephen Moïse
(Topa), le maire-adjoint Beauvoir Ulysse, Gracia Joseph (Tot)
coordonateur de Fanmi Lavalas, administrateur local de l'APN, et
William Joseph également de l'APN, coordonateur de
Organisation Démocratique de Raboteau (OPDR).
27. À 12:30 pm, le même groupe incendie la maison de Anorès
Difficile symphatisant de la Convergence Démocratique A partir
de 2h pm les manifestants ont fêté et dîné dans les restaurants
populaires qui avaient reçu l'argent du Ministère de la Condition
Féminine.
Pendant que ces événements se déroulaient, la Police est restée
cantonnéeau commissariat départemental de l'Artibonite.
Témoignage d'un professeur universitaire
Entre 10 h am et 11 h AM, je suis sorti à pied de la maison me
dirigeant vers l'immeuble de la Téléco au Pont-Morin. Les
habitants du quartier étaient devant leur porte. Les groupes qui se
tiennent en face du local de la Convergence et du Konakom
viennent manifestementd'ailleurs. Je vois passer sur un pick-up
un groupe de jeunes; certains portentun mouchoir-bandeau noir
autour de la tête. La plupart sont en short et dépenaillés. Tous
sont armés de révolvers. Je ne suis pas resté à regarder.
Témoignage du Sénateur Gérard Gilles, "Invité du jour"
à Radio Vision 2000
(Extraits)
RV 2000 - Je veux parler des sources auprès desquelles vous
avez obtenu vos informations, les premières informations.
GG - Ces premières informations, ayez l'amabilité, mon cher ami,
de me les rappeler et je vais, à la lumière des faits, les assumer
encore une fois.
RV2000 - Très bien, ..12 pick-ups qui ont pris le contrôle du
Palais national, notamment
GG - Exactement !… vers 1, 2 heures du matin, un ami qui
habite tout près du Palais National eut à m'appeler pour me dire
qu'il a constaté qu'il y a des pick-ups, double cabine qui ont
assailli le Palais national et il a constaté, de visu, puisqu'il était
tout près du Palais qu'il y a une voiture dans laquelle se trouvaient
des policiers qui a été tout simplement agressée par ces gens
28. armés de mitrailleuses M-50. Voilà ces informations que j 'ai eues
de la part d'un ami qui habite tout près du Palais national…
RV 2000 - … alors les premières informations dont vous
disposiez faisaient État de 12 pick-ups qui auraient pris le
contrôle du Palais national. Pourtant, au bout du compte, du côté
la Police on n’a fait mention que de 2 ou 3. Qu'est-ce que vous
en dites?
GG - Ver 1 - 2 h, je vous l'ai dit, un ami qui habite tout près du
Palais national, m'a parlé, pas même de 12, mais de plusieurs
véhicules à mitrailleuses M-50 au-dessus, qui sont en train
d'assaillir le Palais national…
RV2000 - Votre informateur était un spécialiste en armes, je
suppose...
GG - Non…il a parlé de mitrailleuses,… il n'a pas précisé M-50;
c'est un jeune universitaire qui m'en a informé...
RV2000 - Où est-ce que ces gens-là ont trouvé «ces armes» ?
GG - Oui, ça m'inquiète, ce n'est pas seulement ces gens, il faut
dire qu'il y a aussi eu des enfants, des adolescents, qui ont
"trouvé" qui, arme au poing, des milliers de gens armés, nous
l'avons constaté aussi à la télévision, qui ont défendu... qui
normalementont permis l'avortement de ce coup d'Etat… Où
est-ce qu'ils ont trouvé ces armes? Depuis 1986 ont a toujours
parlé de désarmer la population, on en a parlé, vous vous en
souvenez… rien n' a été fait en ce sens; je pense que la Police
nationale doit prendreplus au sérieux cet armement que nous
avons constaté...
RV2000 - Mais GG, permettez, un pays pauvre, une sociéte
pauvre, où a-t-on pu trouver de l'argent pour acheter ces armes ?
GG - Attention, Valéry, depuis 1986… on a toujours demandé le
désarmement de la population, le peuple haitien a toujours
demandé le désarmement de la population...
RV2000 - Estce que vous ne craignez pas que ces armes se
29. retournent contre vous un jour?
GG - Jamais!
Témoignages de marchands au Champs de Mars
Le dimanche 16 décembre, dans la soirée qui a précédé la
tentative de coup d’État, vers 8 h pm, une patrouille du Palais
National a ordonnéaux marchands installés dans l'aire des places
situées près du Palais, de vider les lieux.
III. RÉACTIONS : déclarations et interventions
Dans les heures qui suivirent l'annonce officielle de "coup
d'Etat", les gouvernements étrangers ont réagi instantanément
pour condamner pareille tentative. Cependant, le déroulement
des évènements de la journée du 17 décembredevait, dès le
lendemain, provoquerune seconde vague de réactions, tant au
niveau national qu'international, où l'on trouve un
questionnement des faits tels que rapportés, mais aussi la
condamnationcatégorique des actes de violence perpétrés contre
les média et leurs représentants, les partis politiques et leurs
dirigeants, et ceci, dans la plupart des cas, en présencedes forces
de la Police nationale.
Depuis lors de nombreuses réactions en provenance de divers
secteurs ne cessent d'être enregistrées:
Les organisations des Droits de la Femme: ENFOFANM, KAY
FANM, SOFA «Non, Non, Non! Kominike ki soti bò kote
gouvèneman Lavalas la fè konnen te gen yon tantativ koudeta
nan nwit 16 pou rive 17 desanm 2001, e pou pwoteje pouvwa
Lavalas la "popilasyon yo reyaji. Ki popilasyon ? Depi kilè
poilasyon ayisyèn nan te ame ? Konbyen moun nan popilasyon
yo ki gen mwayen sikile lan machin, a lè sa a, nan moman
ensekirite sa yo? Pèp ayisyen nou pa dwe bliye kouman Duvalier
te chita pouvwa bout di li a! Sa ki pase lendi 17, madi 18 desanm
30. 2001 e k ap kontilye fèt nan tout rakwen peyi a, se yon operasyon
kont tout sa ki sanble opozisyon ak pouvwa Lavalas la!».
(Le communiqué émis par le gouvernement annonce qu'il y a eu
une tentative de coup d'État dans la nuit du 16 au 17 décembre,
et que pour protégerle pouvoir Lavalas la "population" a réagi.
Quelle population? Depuis quand le peuple haitien est-il armé?
Combien de personnes ont-elles les moyens d'être véhiculées,
particulièrement dans cette période d'insécurité? Peuple Haïtien,
n'oublions jamais commentDuvalier a installé sa dictature! Ce
qui s'est passé le lundi 17 et le mardi 18 décembreet continue à
se produire partout dans le pays ce n'est pas autre chose qu'une
opération dirigée contretout ce qui semblerait vouloir s'opposer
au pouvoir Lavalas» (20 déc 2001)
Evans PAUL, leader du KID (Komite Inite Demokratik) :
«Arrêtez le robinet de sang qui coule dans le pays !…» (18
déc. 2001)
Gérard Gourgue :
«Je me demandece qui est arrivé au Palais National ? Il semble
être devenu un prétextepour massacrer l'opposition».
Le Député de la 3ème circonscriptionde Port-au-Prince,
Simson LIBERUS, dit : «Plaider en faveur de la peine de mort
qui doit être appliquée contre les putschistes, zenglendos ou
kidnappeurs surpris en flagrant délit. Le Sénateur indique qu'il
entend soumettre en ce sens un projet-loi à la chambre basse».
Article 20 de la Constitution de 1987: «La peine de mort est
abolie en toute matière» (21 déc 2001)
Dr Dunois CANTAVE, dirigeant politique «Sous prétexted'un
coup d'Etat manqué, nous assistons à un autre aspect de ce
fameux mot d'ordre qui, en plus des assassinats politiques et
31. citoyens et de journalistes déguisés en lynchages, nous amène
maintenant à la mise à sac et à l'incendie de locaux de partis
politiques et de résidences de membres et de dirigeants de
l'opposition haïtienne» (18 déc 2001)
Guy PAUL, Ministre de la Culture et de la Communication:
«L'incendie des locaux des partis politiques est un incident
regrettable, mais le peuple est enragé; il est difficile d'éviter ces
choses-là». (19 déc 2001)
Le Secrétaire exécutif de la Commission interaméricaine des
droits humains (CIDH), Dr. Santiago A. Canton, condamne
énergiquementla situation de violence qui règne en Haïti. Il
rappelle à l'État Haïtien que la «Convention américainerelative
aux droits humains, dont il est partie, souligne que les Etats ont le
devoir de prévenir et de sanctionner, à la suite d'une enquête
dûment menée, toute violation des droits reconnus dans cet
instrument et de garantir aux victimes les réparations
appropriées». (Washington 19 déc 2001).
«Les autorités haïtiennes ne peuvent pas se permettrede laisser la
violence se donner libre cours dans les rues sans intervenir»
déclare José Miguel Vivanco, Directeur Exécutif de la Division
des Amériques de Human Rights Watch. Il ajoute: «Le
Gouvernement Haitien doit faire en sorte que les enquêtes sur les
attaques soient rapides, complètes et impartiales et que les
responsables soient traduits en justice». (New York, 18 déc 2001).
Du Canada, DROITS et DEMOCRATIE, s'adresse
directementau Chef de l'Etat : «Excellence, vous seul avez le
pouvoir de faire cesser immédiatementles agissements de ces
groupes qui disent agir au nom du parti que vous représentez, la
Fanmi Lavalas. Ils commettent des atteintes graves aux droits
32. humains les plus fondamentaux, commele droit à la vie, le droit à
l'intégrité physique, le droit d'association et le droit à l'expression
libre, alors que Haïti en ratifiant des Conventions et protocoles
qui garantissent le respect de ces droits s'est engagée à défendre
et à promouvoirces droits». (Montréal 20 déc 2001).
Pour Micha GAILLARD, dirigeant du Konakom, "sous
prétexted'un coup d'Etat dont on ne comprend ni les tenants ni
les aboutissants, le pouvoir Lavalas en a profité pour tenter de
baîlloner l'opposition démocratique. Pour lui, " les évènements
du 17 décembre, c'est l' Acte II d'une scène théâtrale dont l'acte 1
s'était déroulé le 28 juillet 2001 et dont l'objectif est de réduire au
silence la Convergence Démocratique" ( 18 déc 2001)
Le Sénateur Yvon NEPTUNE, Président du Sénat :
"…..le peuple a identifié ses ennemis…" (18 déc 2001)
Dans son interventionsur les ondes de Radio Vision 2000,
l’ancien colonel des Forces Armées d’Haïti, Himler REBU a
passé au laminoir les arguments avançés par la Police nationale et
la présidencepour justifier la "tentative de coup d'Etat (...) la fuite
des assaillants du Palais national, contrôlé par le Service de
sécurité et une foule immense mobilisée en la circonstance, est
techniquement impossible, à moins que le gouvernement veuille
accuser tous les membres de la Garde du Palais national de
complices ou bien de lâches" (22 décembre 2001)
«Lorsque le président de la République a dit qu'il a le contrôle de
la situation et demande de continuer la mobilisation, le contenu
de cette expression est de déchouker, incendier, piller et
bastonner». Me Fritz CANTON, à Vision 2000 (23/12/ 2001)
L' ancien Commissaire Guy Philippe, sur les ondes de Radio
33. Carnivale, à Miami, nie toute participation dans la tentative de
coup d'Etat, tout en assumant son opposition au pouvoir
Lafanmi Lavalas (18 déc 2001)
Jean-Claude BAJEUX, directeur exécutif du Centre
Œcuménique des Droits Humains : «Et voici que la face
monstrueuse du Léviathan s'étalait, ce 17 décembre, devantnous,
comme il était apparu à Petit-Goave, sous les yeux horrifiés de
Brignol Lindor. Voici que des commandos livraient au feu des
locaux de partis et des demeures d'hommes politiques, crimes
que le Code Pénal sanctionne de la peine de mort (changée sous
la Constitution actuelle en travaux forcés à perpétuité)... Tout
redevenait possible : tout citoyen redevenait coupable, par le fait
même d'exister. Le pire redevenait possible».
In "Revoir la face du Leviathan", Le Nouvelliste, 28 décembre
2001.
Note de LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE «Nous
estimons que cet événementdu 17 décembre doit faire réfléchir
le pays tout entier, dans toutes ses composantes et à tous les
niveaux. Quelle qu'en soit la nature, quelle qu'en soit l'origine, ce
qui s'est passé a offert le prétexte à des actes de violence
inacceptables que nous déplorons et condamnons. Car, la
violence, à laquelle on a, de façon irrésponsable, associée des
mineurs, s'est déchaînéesans que les forces de l'ordre aient su
l'endiguer, causant ainsi de grandes souffrances au pays…» (26
décembre 2001)
ANMH (Association Nationale des Media Haïtiens) ...
«condamne l'explosion de violencesous toutes ses formes et
quelle qu'en soit la provenancequi a marqué la journée du 17
décembre 2001 et qui s'est soldé par des pertes en vie humaine et
des actes de vandalisme de toutes sortes». (21 déc 2001)
34. L'ISC (Initiative de la Société Civile) a condamné l'apparition
sur la scène nationale de «groupes civils armés et violents et
s’apparentant à une milice politique». Dans la même déclaration,
l'ISC demande au gouvernementde «faire la lumière sur les
évènements qui se sont produits au Palais National». (19 déc
2001)
La PAPDA (Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un
Développement Alternatif) : ... "élève ses plus énergiques
protestations contreles destructions pertétrées au cours de cette
journée de cauchemar….Quelle leçon veut-on donnerà nos
enfants quand ils assistent à la destruction impunie par le feu de
bibliothèques, de centres de documentationet de
réflexion?………Ces opérations meurtrières et destructrices
rappellent tristement l'ère des bayonnettes et le passé récent de la
dictature des Duvalier qui s'est servie de l'arme de la terreur et de
la destruction pour réduire au silence toute opposition et tout
velléité de parole critique." (21 déc 2001)
La POHDH (Plate-forme des Organisations Haïtiennes des
Droits Humains) … «Condamne avec la plus grande rigueur la
mise à sac du local du Centre de Recherches Economiques et
Sociales et de Formation (CRESFED), institution membre de la
Plate-forme et réclame des autorités des mesures de
réparatiion»... «constate et relève certaines incohérences dans la
reconstitutiondes faits par les autorités responssables et elle
demande qu'une commission indépendante pour éclaircir, pour
une fois, les évènements de la nuit du 16 au 17 décembre
2001…» (18 déc 2001)
LE COMITÉ POUR JUGER DUVALIER questionne : «Si le
gouvernement a pu avec autant de facilité maîtriser les assaillants
35. du Palais National, comment n'a-t-il pas pu intervenir pour
protéger tant de bâtiments odieusement saccagés. Quelle belle
occasion pour notre Président, d'apparaître(à travers, ce que
nous appelerons une "provocation" savamment orchestrée),
comme celui qui tient bien tout en main et qui appelle
mielleusement au calme et aux valeurs démocratiques (...) Nous
denonçons avec fermeté ces manœuvres qui ruinent la cause de la
démocratieen Haïti. Nous appelons tous ceux et celles qui font
leur,la cause des Droits de l'Homme, à faire échec à cette néo-
dictature qui s'implante de plus en plus ouvertement dans le pays.
Halte aux mensonges et aux déclarations onctueuses.» (Paris, 18
déc. 2001)
RSF (Reporters sans Frontières). «Situation toujours tendue
pour la presse quatre jours après la tentative supposée de coup d'
Etat.... Selon les informations recueillies par RSF, la situation de
la presse haïtienne ne s'est tojours pas normalisée quatre jours
après la tentative supposée de coup d"Etat du 17 décembre. Se
sentant menacés, près d'une dizaine de journalistes continue à se
cacher. Cinq d'entre eux auraient trouvé refuge dans des
ambassades et chercheraient à quitter le pays. Au moins duex des
quatre stations de radios qui avaient été contraintes de cesser
leurs émissions le 17 décembreaffirment que la police ne leur a
proposé aucune protection. Pourtant, au cours d'une allocution
dans l'après-midi du lundi, le président Jean-Bertrand Aristide
avait pris l'engagement de faire respecter la liberté d'expression.»
(21 décembre2001)
AMNISTIE INTERNATIONALE " Le gouvernement
Haïtien a l'obligation de protéger tous les citoyens sans exception,
et doit agir de manière décisive pour mettre fin aux actes de
violence commis à titre de représailles … demande au Président
Aristide de continuer son appel au calme à ses partisans et de
36. veiller à ce que les forces de l'ordre agissent dans le cadre de la loi
et respectent les droits humains dans leurs efforts pour restaurer
l'ordre public" (18 déc 2001)
LE DEVOIR (Editorial) «Qui croire ? Quoi Croire ? Telles sont
les questions qu'à l'évidencela communauté haïtienne se pose au
lendemain du coup d' Etat manqué qu'une trentaine d'individus,
sous les ordres d'un ex-commissaires de Police, ont tenté dans la
journée de lundi. Si l'on en croît la version officielle écrite et
corrigée par le Président Jean-Bertrand Aristide, ce contingent a
bel et bien essayé de renverser le gouvernement. Si l'on se fie aux
représentants de l' opposition ainsi qu'aux témoignages de
journalistes, le coup en question ne serait qu'une fumeuse mise
en scène par Aristide et ses proches…." (Montréal, 19 déc 2001)
Du côté de la communauté internationale, les réactions vont de la
condamnationde l'attaque perpétréecontrele palais au rejet des
violences qui l'ont succédée. L'Organisation des États
Américains (OEA) et le gouvernement canadien ont
condamné l'attaque. En outre, l'OEA considère le recours à la
violence comme une grave menace à la démocratie. Le
gouvernement français a déploré que l'attaque du Palais ait été
suivie d'actes de violences dirigés contre les responsables et les
sièges de partis politiques de l'Opposition. La France a aussi
protesté énergiquement contre le sac de l'Institut Français au
mépris des conventions internationales
L'UNION EUROPÉENNE :
L’UE «condamne énergiquement les évènements confus qui se
sont produits lors de l'attaque contre le Palais national le 17
décembre dernier.Elle réprouve, sans réserves, les violences et
intimidations dont sont victimes ces derniers temps, et en toute
37. impunité, certains médias (...) Demande aux autorité haïtiennes
d’assurer pleinement la protection de la vie et des biens de tous
les citoyens, sans distinction, ainsi que la totalité des garanties
constitutionnelles, l état de droit et la légalité, dans le respect des
engagements acquis par l'accord de Cotonou» (Bruxelles, 26 déc
2001)
Parti Socialiste Français : (Communiqué) "Le Parti socialiste
condamne avec la plus grande fermeté la tentative absurde de
prise du Palais présidentiel haïtien par des éléments armés lundi
17 décembre. Il rappelle aux autorités ayant en charge l'Etat
qu'elles doivent assurer la sécurité de tous les citoyens. La
destruction brutale du siège des partis d'opposition démocratique
ConvergenceDémocratique et KONAKOM, les agressions
contre la presse et ses représentants, sont inadmissibles. Leurs
auteurs doivent être recherchés et poursuivis. Seul le
rétablissement d'un pouvoir légitimé de façon incontestablepar
les urnes est de nature à rétablir l'équilibre citoyen attendu par le
peuple haïtien". (18 déc 2001)
Monseigneur LUIGI BONAZZI, Nonce Apostolique, doyen
du corps Diplomatique. «L'inquiétude concernant la sauvegarde
et le respect des droits humains, base fondamentale de la société
humaine, grandit chez beaucoup d'observateurs. Nous sommes
préoccupés par certaines graves atteintes qui semblent remettre
en question la liberté d'opinion, y inclus la liberté de la presse,
ainsi que par l'impunité qui continue de couvrir certains crimes
commis contre des journalistes. Les partis politiques étant
l'expression de la libre organisastion démocratique des citoyens,
comment ne pas réprouverles attaques contre les sièges de partis
politiques sans intervention efficace
L'Ambassadeurdes Etats-Unis à Port-au-Prince, Brian
38. Dean Curran, a visité les locaux de la Convergence
Démocratique, incendiés par des militants lavalas dans la journée
du lundi 17 décembre 2001. L'Ambassadeur a qualifié
«d’inacceptables» ces violences et «d'intolérable» la passivité de la
Police Nationale d'Haïti. «Que des membres d'Organisations
Populaire (OP) Lavalas s'attaquent aux locaux de l'opposition en
présence d'agents de la PNH en toute quiétude, c'est un
comportementirresponsableet c'est très grave». (19 déc 2001)
Dès l'après-midi du 17, le sénateur Ruben Berrios Martinez,
Président du PIP et Président d' honneur de l'Internationale
Socialiste, diffusait le communiqué suivant :
Comunicado urgente :
"En el día de hoy, y en represalia por un alegado intento de golpe
de estado en Haití ocurrido anoche en el palacio presidencial de
Puerto-Príncipe, se ha desatado una feroz persecucióncontra los
políticos de la oposición y contra periodistas independientes en
todo el territorio haitiano, que amenaza con tornarse en un baño
de sangre.
Han sido quemadas por turbas armadas - y en presencia de
efectivos policíacos - las sedes de la Convergencia Democrática y
del Partido Konakom en Puerto Príncipe al igual que en otras
ciudades del país. Fue quemada también la residencia del
conocido y respetado político de oposición Gerard Pierre-
Charles. La Convergencia Democrática reúne en Haití a los
partidos democráticos que están afiliados a la Internacional
Socialista.
Hago un llamado urgente al PresidenteAristide para que se
garantice la seguridad de los líderes políticos de la Convergencia y
de sus propiedades, al igual que de los periodistas y las estaciones
radiales independientes que hoy han estado silenciadas en sus
transmisiones noticiosas.
Apelamos también a la comunidad internacional para que hagan
39. llegar al gobierno haitiano sus expresiones de preocupacióny
alarma por los eventos que están transcurriendo en estos
momentos en ese atribulado país hermano."
N.B. À l'heure où le communiqué fut rédigé, la destruction de la
maison de Victor et Jessie Benoit et du Cresfed n'avait pu encore
été confirmée.
Communiqué (URGENT) du Sénateur Ruben Berrios
Martinez, Président du PIP, et Président d' Honneur de
l'Internationale Socialiste, dans l'après-midi du 17 décembre
2001.
COMMUNIQUÉ: En ce 17 décembre 2001, en
représailles pour une apparente tentative de coup d'Etat en
Haïti, survenue la nuit dernière au Palais Présidentiel de Port-
au-Prince, s'est déclenchée, dans tout le pays, contre les
responsables politiques de l'opposition et les journalistes
indépendants, une persécution féroce qui menace de se
transformer en un véritable bain de sang.
Des groupes armés, en présence de la Police nationale, ont
brûlé les locaux de la Convergence Démocratique et du
KONAKOM, à Port-au-Prince et dans d'autres villes. La
résidence de Gérard Pierre-Charles, un des responsables
politiques de l'opposition, personnalité bien connue et
respectée, a été incendiée. Dans la Convergence Démocratique
se trouvent les partis démocratiques affiliés à l'Internationale
Socialiste.
Je lance un appel urgent au Président Aristide pour qu'il
garantisse la sécurité des leaders de la Convergence ainsi que
des locaux des partis, des journalistes et radios indépendantes
qui ont dû cesser leurs programmes de nouvelles.
J'en appelle aussi à la communauté internationale pour
qu'elle transmette au gouvernement haïtien ses expressions de
préoccupation et d'alarme devant les événement qui se
déroulent dans ce pays frère soumis déjà à tant de tribulations.
Ruben Berrios Martinez
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M. Richard BOUCHER, porte-parole du Départementd'État
40. des États-Unis «Nous avons condamné l'attaque du Palais et
aussi la violence qui s'est déclarée dans les rues. Nous avons
clairement fait savoir que les attaques armées, particuliérement
contre les siéges des partis politiques sont des faits inquiétants.
Nous nous attendons donc à ce que le gouvernementhaïtien
identifie les assaillants du palais et aussi ceux qui ont incité à la
violence des rues. Nous nous attendons à ce que tous les efforts
pour les amener devant une cour de justice, soient effectués en
conformité avec ce que prévoit la loi.»(Washington 19 décembre
2001)
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---------- L'Ambassadeur Dominicain, ALBERTO
DESPRADEL CABRAL, a fait une déclaration niant toute
implication de son pays dans l'attaque opérée lundi, contre le
Palais national "Nous n'avons pas de problème avec la légitimité
du gouvernement du Président Aristide…" (17 déc 2001)
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---------- Le Gouvernement Français, a protesté énergiquement
contre la mise à sac de l'Institut Français, au mépris des
conventions internationales. (18 déc 2001)
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La population, dans sa très grande majorité, a répudié les actes de
violence tels que perpétrés par des groupes armés, au cours de la
journée du 17 décembreet fait montre d'un septicisme, très
souvent goguenard, concernant le coup d’État dénommé coup de
théatre. On retrouve l'expression de ce sentiment dans les
anecdotes, chansons précarnaval, et même dans la diaspora qui
envoie la version bande-dessinée des évènements.
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IV. "L'APRES" 17
DÉCEMBRE
41. Les évènements du 17 décembre continuentà faire l'actualité. Les
répercussions et conséquences de ce qui s'est passé ainsi que le
questionnement qui en découle, sont en permanence dans les
nouvelles.
D'après de nombreuxtémoignages, reportés dans les médias
entre'autres, dans les jours qui ont suivi, des remous ont été
observés au sein de plusieurs ministères et même au niveau du
palais présidentiel à cause de violentes protestations de groupes
de partisans de Fanmi Lavalas, réclamant d'être rénumérés pour
"le travail effectué le 17 décembre". Ils ont semé le trouble dans
les locaux des ministères à la Condition Féminine, les Affaires
Sociales et la Culture. La situation, dans certains cas, n'a pu être
contrôléeque grâce à l'intervention de la Police.
On a pu entendresur les ondes les avertissements des
protestataires : «Si yo pa peye nou rapid, baton ki bat Konvèjans
lan se li kab bat yo!»
Les pertes en vies humaines
Le 21 décembre, un récit détaillé des évènements, de huit pages,
diffusé sur le site internet de la présidence, décritl'entréedes
assaillants dans le Palais et la poursuite effectuée par un
hélicoptèrede leurs véhicules jusqu'à une grotte du Morne à
Cabrits. Ce récit est aussi diffusé en anglais dans une traduction
signée Michèle Karshan.
Ce récit conclut que l'attaque, opérée par vingt-cinq (25) hommes
avait fait huit morts, dont cinq (5) chez les assaillants, un (1) au
Palais et quatre (4) à Thomazeau.
«Quelques jours plus tard, la population de Thomazeau
appréhenda quatre hommes dans cette localité et les tua à cause
des blessures par balles qu'ils portaient sur leur corps». Aucune
victime n'est identifiée.
À partir des informations recueillies dans les medias et autres
témoignages, l'assaillant tué au Palais National qui avait d'abord
été identifié comme "Perez", serait en fait un nommé "Chavre
42. Milôt". Les deux policiers assassinés seraient: Théagène
François et Raymond Jean-Eustache, tous les deux attachés
au Commissariat de Port-au-Prince.
Les évènements de Thomazeau, auxquels il faut ajouter ce qui se
serait produit à La Croix-des-Bouquets et Ganthier, se soldent
par un bilan qui compte cinq (5) bléssés : Guy Astrel JEAN,
Jean Roma Brevil, WeslyCineus, Hermann Renauld,
Frantceau Lahens et cinq (5) morts : Auxilia Etienne, Elinel
Etinel, Delinois Augusme, Altiné Marius et Altanas Cineus.
Du coté de la justice : les arrestations
- Pierre Richardson, appréhendéet remis à la Police, selon la
version officielle, par la population de Terre Rouge, l'ex-soldat
Pierre Richardson, est passé aux aveux. Il a reconnu avoir
comploté et participé à l 'opération qui avait pour but de prendre
le pouvoir et dans la préparation de laquelle les anciens
commissaires de police, Jacky Nau, Guy Phillippe et l'ancien
Colonel Guy André François étaient impliqués. Interrogé à la
télévision sur les circonstances de son arrestation, Richardson
explique: " Eh bien! la Police a fait son enquête, elle m'a trouvé,
elle m'a arrêté, et voilà!
- Le mercredi 19 décembre, Guy André François est arrêté
dans le cadre des enquêtes relatives à la tentative du coup d'Etat.
Le lundi 7 janvier 2002, à l'issue d'une audience tenue à la
première chambre civile, un jugement a été prononçéordonnant
la libération immédiate de M. François qui s'est fait attendre
encore plusieurs jours.
- Le mercredi 26 décembre Jean Dumesle, accusé «de ne pas
avoir rapporté à la Police que des réunions avaient lieu à la
résidence dontil est le gardien» est arrêté pour complicité dans
l'affaire du coup d'Etat. La résidence en question appartient à
Albert Dorélien, frère de l'ex-colonel Carl Dorélien qui vit depuis
plusieurs années en Floride.
- Le 27 décembre2001, le gouvernement nomme Me Bernard
43. Saint-Vil juge d'instruction chargé d'enquêtersur le dossier de la
tentative du coup d'Etat du 17 décembre 2001.
- Le mardi 18 décembre, l'ex-commissaire de la police
haïtienne, Guy Philippe, a été arrêté par les autorités
Equatoriennes et renvoyé vers la République Dominicaine.
Arrivé dans la capitale dominicaine il aurait subrepticement pu se
glisser jusqu'à la sortie de l'aéroport. Retrouvé à Bonao, il serait
en voie d'être déporté au Venezuela. Selon le Ministre des
Affaires Etrangères de la République Dominicaine, M. Hugo
Tolentino Dipp, jusqu'à la date (4 janvier 2002), le gouvernement
haïtien n'avait pas présenté de requête d'extradition.
- L'Affaire Saati : le 27 décembre, M. Antoine Saati, un
homme d'affaire de nationalité américaine, a été arrêté par la
police sous le chef d'accusation d'être impliqué dans la tentative
de coup d'Etat du 17 décembreécoulé. Malgré de multiples
interventions et la dilligence de ses avocats, ce n'est que le 14
janvier que la justice a ordonnésa libération invocant "des
erreurs dans le traitement du dossier Saati". Les entrepôts de la
famille de l'industriel, ont été complètement pillés.
- Le 3 janvier, le juge d'instruction Bernard Saint-Vil a entendu
trois personnes accusées de complicité dans la tentative de coup
d'Etat du 17 décembre: Jean Dumesle, Enéus Préval et Jean-
Max Louis tous deux agents de sécurité de Me Jehan Colimon.
Ce dernier a sollicité du juge instructeur, une main levée pour
insuffisance de preuves.
- Le même jour,, le ministre de la Justice, Me Garry Lissade, a
déclaré à la presse, que deux policiers ont été mis en isolement.
Ils étaient en poste à la porte d'entrée du Palais, par laquelle
seraient passés les assaillants, lors de la tentative du "coup d'état"
du 17 décembre ". Le Ministre Lissade n'a pas voulu révéler leurs
noms.
Du côté de la Presse : exil, menaces et
intimidation
44. Après l'assassinat de Brignol Lindor, et les menaces essuyées
spécialement le 17 décembre,les journalistes sont obligés de
prendredes précautions dans leur travail spécialement lorsqu'ils
couvrent des évènements. Deux journalistes de Vision 2000,
Pharès Duverné et Clausel Alexis ont été avertis avant leur départ
que s'ils donnaient des nouvelles critiquant le gouvernement,
«nous vous tuerons, nous vous brignol-lindoriserons».
- De Mirebalais, on apprend que les journalistes de Radio
Eben Ezer ont décidé de ne plus diffuser d'informations. Cette
décision fait suite aux nombreuses menaces qu'ils déclarent
recevoir de la part de membres d'organisations populaires
proches du pouvoir.
- Robert Ménard, de Reporters sans frontières, dut
quitter l'Hôtel Plazza à la fin de sa conférence de presse, le
samedi 12 janvier, quand un groupe menaçant, ayant à leur tête
René Civil et Paul Raymond, envahit les locaux à sa recherche,
pour, selon les menaces proférées, lui fermer la bouche une fois
pour toutes.
- Selon le memorandumdaté du 17 janvier, la Fédération de la
Presse haitienne a dressé une liste de 43 journalistes atteints par la
vague de persécution, 18 auraient pris le chemin de l’exil: Floride,
Guadelopue, Espagne, France. Les autres (25) dont deux blessés,
l’un par balle et l’autre par coups, se seraient mis à couvert (voir
le rapport en annexe).
- Le 20 décembre, dans une lettre adressée au Président, RSF
déclarait que «l'absence de mesures pour protégerles stations de
radio menacées et le public participant aux programmes locaux
contre la campagne d'intimidation est la négation des promesses
que vous avez faites le 17 décembre de veiller à ce que la liberté
de la presse soit respectée».
- Le vendredi 4 janvier, trois ministres (Faubert Gustave,
Finances, Gary Lissade, Justice, et Ernst Laraque, Travaux
Publics), se présententdevant les locaux de la Convergenceet du
45. Konakom sous le prétexte d'évaluerles dégats en vue d'une
indemnisation. L'ex-sénateur Paul Denis leur refuse l'entrée et
souligne que des compensations ne sauraient venir qu'après
décision d'un tribunal.
- Entre-temps, le président du Sénat, Yvon Neptune, dans une
intervention à Vision 2000 le 4 janvier 2002, parle d'une
"nouvelle formule de coup d'Etat à long terme" ourdie par les
ennemis du peuple avec leurs complices de la communauté
internationale pour déstabiliser le gouvernement au pouvoir.
- Le lundi 7 janvier, le Président Aristide, dans une rencontre
avec les représentants des medias au Palais National, voulut les
rassurer, en réaffirmant sa volonté de respecter la liberté de la
presse. Il a toutefois conseillé aux journalistes de ne pas céder à la
panique provoquée par "une peur psychologique". Dans leur
réponse les journalistes ont essayé d'évoquer des problèmes
concrets et sérieux qui demandent l'interventiondu Chef de
l'Etat, comme, entr'autres, le renouvellement du mandat du Juge
Claudy Gassant dans l'affaire Jean Dominique.
- Le 10 janvier, le Président Aristiderecevait au palais des
représentants de toutes les organisations patronales qui lui ont
remis un imposant memorandum, traçant les lignes concrètes des
mesures indispensables que le gouvernementdoit prendre en
urgence en matière de justice, de sécurité, communications,
fiscalité et dépenses (voir le rapport en annexe).
- Ce même jour, le jeudi 10 janvier, le sénateur de l'Ouest, Dany
Toussaint, a fait état, au Sénat, de la présencetestifiée par des
photos, de son collêgue Prince Sonson Pierre, sénateur du Sud-
Est, devant le domicile de Gérard Pierre-Charles, au Morne
Hercule, au moment où, en présence de membres du Cimo et de
la police, des groupes attaquaient la maison pour l'incendier et la
piller. La présencedu sénateur Pierre aurait, par ailleurs, été
remarquée à la rue Chavannes où se trouve Radio Caraibes et au
Pont-Morin où se trouvent les locaux de la Convergence et du
46. Konakom.
- Après le départ de Robert Ménard, Guyler Delva, secrétaire
général de l'Association des journalistes haitiens, a recu
publiquement des menaces de mort de René Civil, et de Paul
Raymond, leaders de JPP (Jan l pase li pase) et du TKL de Jean
Bosco. Le 16 janvier, dans la matinée, Figaro Désir, porte-parole
d'un groupe de Saint-Marc dénommé «Bale Wouze», a menacé
Delva du supplice du collier s'il mettait les pieds à Saint Marc
- Le samedi 12 janvier, Micha Gaillard, en partance pour
Washington, passa un mauvais moment à l'aéroport. Il semblerait
qu'un groupe de "chimères" attendait là Robert Ménard pour lui
régler son compte. Tandis que l'OPL annonce dans un
communiqué que la vie de l'ex-sénateur Paul Denis était en
danger, ayant été averti d'un complot pour attenter à sa vie.
- Le mercredi 16 janvier 2002, dans la soirée, Radio Caraïbe
diffusait les commentaires de Michel Soukar, réagissant, de
Montréal, à l'interruptionviolente de la conférence qu'il
prononçait sur la situation en Haitï, par des partisans de Lafanmi
Lavalass. On apprend également que la Radio Eben Ezer de
Mirebalais a suspendu ses émissions de nouvelles. Les
journalistes font part de menaces dont ils seraient l'objet de la
part d'organisations populaires proches du pouvoir.
V. Questionnement : La Nation s’interroge «Qui
croire? Que croire?»
Reprenant le commentairede M. Himler Rebu dans son entrevue
avec Vision 2000.
«Il y a eu un problème. Maintenant qu'elle est la nature de ce
problème peut-êtreque l'on ne nous en a pas parlé…!» Ce
commentairerésume en essence le questionnementqui interpelle,
depuis le 17 décembre, la logique el l'imaginaire colllectif et
provoque un foisonnementde questions qui demeurent, la
plupart, sans réponses.
47. Cette interrogation porteaussi bien sur le détail des évènements,
tels que communiqués dans les déclarations officielles, que sur les
«non-dits», l'orchestration des représailles, le choix des présumés
coupables et le conditionnementpsychologique de la militance.
Concernant les auteurs présumés du "Coup"
- Combien étaient-ils, 80? 30? 25? 17?
- Qui étaient-ils ? La présence"d'étrangers" commmefaisant
partie du groupe des assaillants, avait été mentionnée très tôt
dans la matinée du lundi. Or le cadavre identifié dans un premier
temps comme "Perez", a été, par la suite, présenté commeétant
celui de "Chavre Milôt" dont on ne sait rien de plus.
- De combien de véhicules disposaient-ils, 12? 5? 2?. S'ils ont
été récupérés, les propriétaires ou agents de location ont-ils été
identifiés?
- Comment le commandos'y est-il pris pour: entrer au
Palais, en sortir et disparaître? En quoi consiste la preuve
matérielle d'une prise d'assaut du Palais avec les inévitables traces
d'une attaque militaire? Pourquoi y a-t-il eu des tirs nourris vers
10h am du côté du Palais.
- De quelles armes disposait le commando?
- Selon les déclarations officielles, il est certain qu'il y a une
relation entre l'attaque du 28 juillet 2001 et celle du 17 décembre.
Laquelle? puisque jusqu'à présent aucune enquête n'a établi les
faits, fixé les responsabilités, identifié et condamné les auteurs de
ce premier incident, qualifié également de " tentative de coup
d'état"? L’une des preuves en serait que les armes lourdes utilisées
le 17 décembreseraient les mêmes qui auraient servi lors de la
première attaque. Comment est-on arrivé à cette conclusion?
- Pourquoi le silence s'est-il installé autour des morts et
bléssés, tombés au cours de l'attaque? Pourquoi pas de
funérailles? Que s'est-il passé exactement à Thomazeau?
- À partir de quelles preuves a-t-on procédéà l'arrestation de
48. MM. Guy François, et Antoine Saati, qui devaient être relâchés
après plus de deux semaines d'emprisonnement.? Que se passe-t-
il avec Jean Dumesle et les deux policiers mis en isolement?
Concernant les représailles
- Les véhicules. Il y a tout d'abord le problème de l'utilisation
de véhicules appartenant à diverses branches de l'administation:
voitures officielles, véhicules de la CME, de la Police, de la
Téléco, autobus de Service Plus, etc. Qui en a autorisé l'utilisation
?.
- Les actions entreprises. Alors que, le Président de la
République, gardien des lois et des institutions, dans ses discours
de l'après-midi du 17, a loué le fait que "les barricades de la paix
ont été élevées dans le respect des lois et des droits de chacun les
transgressions ont atteint les niveaux les plus élevés des délits
inscrits au Code Pénal : meurtres, violations de la propriété
privée, destructions, incendies, pillage, usage de l'autorité et des
biens de l'Etat à des fins criminelles, menaces de mort…
- Les acteurs et leurs armes. Les groupes de personnes qui
ont été véhiculés, comportait des civils, des jeunes gens, des
enfants, alors que la Constitution spécifie que seuls des corps
spécialisés de la Police peuvent avoir accès à des armes de guerre,
armes "longues", automatiques. La question se pose de savoir à
quel corps de police appartenaient ces personnes ?
- Comment expliquer la présenceet la passivité de
membres de la police et du corps de Cimo là ou l'on procédait
auix incendies, pillages, destructions de maisons privées, de
bibliothèques, de locaux de partis ou de Centres d'investigation,
alors qu'il s'agit d'actes criminels définis et punis par les articles
346 et 361 du Code Pénal.
- La même question se pose pour les services du Ministère de la
Justice concernantl'utilisation des ondes pour menacer de mort
des citoyens nommément identifiés
- D'ou viennent les armes qui ont été distribuées à partir
49. d'un pick-up au coin du Palais?
- Pourquoi des agents de sécurité ont-ils été désarmés
par des groupes véhiculés?
- Pourquoi la veille, au soir, des préparatifs ont pu être
notés dans certains quartiers de la capitale et aux Gonaives ?
- Comment expliquerla chute de certains systèmes
téléphoniques dans les premières heures de la matinée du 17 ?
- Quel rapport existe-t-il entre les attaquants du palais et les
victimes des représailles, en l'occurence, les partis politiques de
l'opposition ? Comment ce rapport a-t-il été établi ?
Telles sont les questions qui attendent une réponse.
À cette demandegénérale, le Conseil permanent de l'OEA du 15
janvier, répond, dans l'article 4.de la résolution 806.
Résolution du Conseil permanent de l'OEA
(CP/RES. 806 (1303/02) en date du 13 janvier
2002 (Original : anglais)
La situation en Haïti :
Le Conseil Permanent de l’Organisation des États Américains,
profondément préoccupé par les actes de violence qui se sont
produits en Haïti, notammentles événements du 28 juillet et du
17 décembre 2001, ainsi que par la situation politique,
économique et sociale en voie de détérioration dans ce pays;
A décidé :
4. D'appeler le Gouvernement d'Haïti à poursuivre avec diligence
ses efforts visant à rétablir un climat de sécurité propre à créer les
conditions nécessaires à la reprise de négociations patronnées par
l'OEA, à savoir:
a. la réalisation d'une enquête approfondie, indépendantesur les
évènements liés au 17 décembre2001 et des jours suivants;
b. la poursuite de toute personne et le licenciement, le cas
échéant, de tout individu dont la complicité aura été établie dans
les actes de violences perpétrés le 17 décembre2001 et les jours
suivants;
50. c. la réalisation d'une enquête approfondiesur tous les crimes
politiquement motivés;
d. des réparations aux organisations et individus qui ont subi des
dommages comme résultat direct des actes de violence du 17
décembre 2001."
En conclusion
qu’il s'agisse des jugements à porter
sur les actes de ceux qui ont fait les événements du 17 décembre,
qu`ii s`agisse encore des procédures appliquées
ou applicables
concernant la sécurité des biens,
des familles,
de la cité,
qu`il s`agisse même de l`identité des acteurs en scène
et de leurs motivations,
ou des récits offerts à différents moments et à différents niveaux,
ou finalement, des sanctions à appliquer,
la journée du 17 décembre2002 a suscité
une somme de questions.
Annexe I
Presse haïtienne exil volontaire, assassinats et
persécutions alarmantes
(Rapport de la Fédération de la Presse Haïtienne)
Après avoir observé un mois de deuil à la mémoire du journaliste
Brignol Lindor, qui s`est manifesté par des messes d`actions de
grâces en Haïti dans toutes les villes du pays, suivies par un
silence calculé et une absence systématique à toutes les
cérémonies officielles, les Associations de presse du Nord, du
Nord-Est, du Nord-Ouest, de l`Artibonite, du Centre, de
l`Ouest, du Sud, du Sud-Est et de la Grand`Anse ont décidésur
la demande de l`Association des Journalistes de Petit-Goâve, de
lever la consigne de deuil ce jeudi 17 janvier 2002.
51. Les portes des Associations seront réouvertes à partir de cette
semaine et les drapeaux de deuil enlevés. La Fédérationde la
presse Haïtienne profite de l`occasion pour rappeler qu`elle reste
encore préoccupéepar l`absence de mesures légales devant
permettre d`arrêter et de punir les auteurs de l`assassinat du
journaliste Brignol Lindor et faire cesser les persécutions sur la
presse. Plusieurs Associations de Presse ont en ce sens adressé
des lettres ouvertes au Président de la République, Monsieur
Jean-Bertrand Aristide. (dont le Port-au-Prince Presse Club dirigé
par Chériza Robens ou l`Ordre des journalistes du Nord dirigé
par Jean Etienne).
Dans ces Correspondances, les Secrétaires généraux des
organisations de presse ont souhaité, d`un commun accord,que
le chef de l`Etat passe des ordres formels aux autorités
concernées de son gouvernement en vue de freiner ces attaque
systématiques contre la presse. Les Secrétaires Générauxdes
Associations de presse en mettant fin aujourd`hui à la période de
deuil consacrée à la mémoire du journaliste Brignol Lindor
insistent encore sur plusieurs dizaines de cas de journalistes en
proie à des difficultés. La Fédération de la Presse Haïtienne a
recensé plus de 40 cas des plus alarmants qu`elle estime
important de signaler à l`attention des autorités concernées du
secteur public et de la société civile pour que cette pénible
situation cesse sans délai.
NOMS AFFILIATION STATUT
BRIGNOL Lindor Radio Echo 2000 Assassiné
ARTUSWebert Radio Caraïbes En exil
CARLO St. Ristil Radio Caraïbes En exil
GASTONJanvier Radio Galaxie En exil
DESCOLINES Abel Radio Galaxie En exil
BEAUPLAN Dominique Radio Ibo En exil
JOSEPH DUC Jonathan Radio Métropole En exil
52. DIMANCHE Teschler Radio Métropole En exil
MAYARD Jean-Marie Radio Métropole En exil
LÉONARD Rose
Franceline
Radio Métropole En exil
BELIZAIRE Gary Radio Signal FM En exil
ALEXIS Yves Clausel Radio Vision 2000 En exil
COLAS ALEXIS Gina Epouse de Yves C. Alexis En exil
DUVERNE Pharès Radio Vision 2000 En exil
DUVERNE Joseph Epouse de Phares En exil
DUVERNE Soraja Fille de Phares En exil
DUVERNE Pharès Jr. Fils de Pharès En exil
PHILOME Robert Radio Vision 2000 En exil
PHILOME Darling Robert (enceintede 7 mois)
Epouse de Philome En exil
MIDI Pierre Richard Radio Vision 2000 En exil
JN BAPTISTE Marc Sony Radio Vision 2000 En exil
NECKER Grégoire Radio Belle-Anse En exil
PIERRE NAZON
Beauliére
Radio Express En exil
BELIZAIRE Tony Photographe Sous les menaces
THOMAS Pierre Richard C.P.C Sous les menaces
OCEAN Ernst Vision 2000 Sous les menaces
JEAN JOSEPH Rémy Radio Ibo Sous les menaces
CHARITE André Radio Eben Ezer Sous les menaces
ZACHARIE Nazaire Radio Metropole Sud Sous les menaces
MOLEUS Jean Elie Radio Caraïbes Sous les menaces
REED Cosogu Radio Caraïbes Sous les menaces
TREZIL Jean Samuel Radio Caraïbes Sous les menaces
JOSEPH Guyler C. Delva HNN Sous les menaces
ISRAEL Jacky Cantave Radio Caraïbes Sous les menaces
53. JEAN FRANCOIS Rodlin Radio Caraïbes Sous les menaces
ULRICK Justin Radio Vision 2000 Sous les menaces
SINCERE Montigène V.O.A Sous les menaces
ELYSÉE Sincère RadioHaïti Focus Sous les menaces
DÉRIVAL Claudy Radio Iphata Sous les menaces
DESRUISSEAUX Joseph
Nico
Radio Thiotte Sous les menaces
FRANTSON Raphael Radio Belle-Anse Sous les menaces
WILSON Dorvil Radio Ibo Sous les menaces
NOEL Jean-Claude Radio Gonaïves Sous les menaces
CHERY Patrick Radio Signal FM Sous les menaces
ANTOINE Marc Adolphe Radio Tête-à-tête Sous les menaces
GUILLOUS Jn-Marc
Antoine
Radio Tèt Ansanm Sous les menaces
MATHIEU Prud`Homme Haïti Presse
Blessé à coups de
feu
CASIMIR Rénold Radio Univ. Plus Sauvagement Battu
En attendant que cessent les menaces et qu`une commission
d`Enquête Indépendante soit instituée pour faire la lumière sur le
guet-apens qui a coûté la vie au journaliste Brignol Lindor, la
Fédération de la Presse Haïtienne s`en réfère aux autorités afin
que des mesures d`apaisement soient adoptées, immédiatement à
travers tout le pays pour le bien de la nation.
Ouest : Adyjeangardy, Président - Michelène Hilaire, Secrétaire
Général de l’Association des Journalistes de Petit-Goâve;
Cherizard Robens, Coordonateurde Port-au-Prince Presse Club;
Evans Duval Cadet, SecrétaireGénéral de l`Association des
Journalistes de Sante; Maryse Blathazard, Amicale des Femmes
Journalistes.
NordEst : David Michel, Secrétaire Général de l`Association des
54. Journalistes du Nord Est, Secrétaire Général de la Fédération et
Jocelyn St. Hilaire Coordinateur du Centre de Presse de Trou du
Nord.
Nord Ouest : Emmerlin Saintil, Secrétaire Général de
l`Association des médias du Nord Ouest; Raymond Aristide,
Secrétaire Général de l`Association des Journalistes du Nord
Ouest.
Nord : Jean Etienne, SecrétaireGénéral de l`Ordre des
Journalistes du Nord; Frank Joue de la Société des Journalistes du
Nord;William Benard, Yves Martin Jasmin Société Capoise de
Presse.
Artibonite : Justin Altidor Secrétaire Général Association des
Journalistes du Haut Artibonite, René Josué, AdolpheMarc
Antoine,Association des Médias de l~Artibonite, et Augustin
Frantz Secrétaire Général Association des Journalistes du Bas
Artibonite.
Centre : Procède Wilcède SecrétaireGénéral Union des
Journalistes du Haut Plateau Central; Vaudré Val, Moléon
Richard, Assistants
Sud-Est : Jacques Philippe Jovin Secrétaire Général de
l`Association des Journalistes du Sud`Est; Renan Toussaint
Secrétaire Général de l`Association des journalistesde Anse à
Pitre, Francky Depestre, Jean Lesly Ambroise, Association des
Médias du Sud-Est.
Sud: Ernst Eliscasr, Secrétaire Général de l`Association de
Solidarité des Journalistes du Sud et Roody Balan, Secrétaire
Général de l`Association des Médias du Sud.
55. Grand-Anse: Luckner Laguerre Secrétaire Général de
l`Association du Comité de presse de la Grand-Anse.
ANNEXE II.-
MEMORANDUM DU SECTEUR PRIVE
Mémorandum au Président Jean Bertrand Aristide
Posté le 11 janvier 2002
C'est hors de la présence des membres de la presse que
les associations patronales ont rencontré le Président
Jean-Bertrand Aristide pour lui remettre le mémorandum
ci-dessous, que nous publions in extenso et sans
commentaires
Les associations patronales suivantes :
Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti (CCIH),
Association Touristique d'Haïti (ATH),
Association Nationale des Distributeurs de Produits
Pétroliers (ANADIPP),
Fondation Nouvelle Haïti (FNH),
Haitian American Chamber of Commerce (HAMCHAM),
Association des Industries d'Haïti (ADIH),
Association Maritime d'Haïti (AMARH),
Association des Assureurs d'Haïti (AAH),
Centre pour la Libre Entreprise et la Démocratie
(CLED),
Communauté Interdépartementale des Affaires (CIDAF),
Association Haïtienne des Agences de Voyage (ASHAV),
Association Nationale des Importateurs de Produits
Pharmaceutiques (ANIDPP),
Chambre Franco-Haïtienne de Commerce et d'Industrie