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UNIVERSITE DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE
U.F.R Lettres et Sciences Humaines
Master « Sociétés, Espaces, Temps »
Mention « Histoire de l’art »
Spécialité « Histoire de l’art et de la culture »
Année universitaire 2009-2010




                                MEMOIRE DE MASTER II

                                               présenté par

                                      Romain JEANGIRARD

                                             le 23 juin 2010




   NICOLAS-VICTOR DUQUENELLE
      OU L’ANTIQUAIRE ACCOMPLI
                                       (1842-1883)




                               Sous la direction de :
              Madame Marie-Claude Genet-Delacroix (Université de Reims)
                Madame Frédérique Desbuissons (Université de Reims)
DES RESEAUX ET DES HOMMES




   72
VI. LES DONATIONS AUX MUSEES

L’antiquaire, par le don muséal, est dans la même recherche formelle que lors de sa participation
aux manifestations savantes. Le musée, comme le montre Chantal Georgel, s’inscrit dans la logique
du siècle industriel et de l’exposition universelle, puisqu’il en est un abrégé 444. Nicolas-Victor
Duquénelle, par la donation, effectue un transfert définitif de la collection privée au sein de l’espace
public ; contextuellement à l’émergence du bien national depuis la Révolution française. Surtout,
l’offre de donation se situe paradoxalement entre la survivance des souvenirs locaux sur le territoire
d’origine et la délocalisation parisienne qui contribue à l’exaltation d’une archéologie nationale.




                 Musées de Reims et de Laon

                 Le transfert, par le don, de la collection privée à l’espace public au XIXe siècle
contribue fortement à l’accroissement des musées, mais aussi à leur justification et à leur existence,
comme le souligne Véronique Long 445. L’antiquaire, donateur, enrichit de son vivant le musée de
Reims ; et, par cet acte, motivations collectives et intérêts personnels convergent. La donation sert
les intérêts de la communauté et de l’antiquaire.
        Le don muséal réside dans l’enrichissement, matériel et immatériel, de la ville, en attribuant
par l’agencement de la collection publique une cohérence aux biens locaux qui sont des productions
d’attrait. Il témoigne de l’affirmation du particularisme et de l’initiative locale, d’un point de vue
concurrentiel avec d’autres villes et de la différenciation étatique. Bien qu’évoquant les donations
dans la France républicaine depuis 1870, Véronique Long restitue un enjeu local existant au milieu
du XIXe siècle en expliquant que le musée, dans les grandes villes, « devient l’affaire des élites
locales et leur donne l’occasion de mener une politique de prestige » 446.
Il marque aussi, au-delà de la personnalité de l’antiquaire, l’implication d’individualités et de
collectifs privés dans le domaine public afin de justifier la dénonciation d’une municipalité figée sur
ses souvenirs, et la prééminence de leurs initiatives dans la recherche et la démonstration de la
richesse archéologique rémoise. La table ronde pour les jalons d’une politique culturelle locale

444
    GEORGEL, Chantal (dir.), « Le musée et les musées, un projet pour le XIXe siècle). In : La jeunesse des musées,
catalogue de l’exposition de Paris, musée d’Orsay, 7 février-8 mai 1994. Paris : Réunion des Musées Nationaux, 1994,
p. 16-17.
445
    LONG, Véronique, « Les collectionneurs d’œuvres d’art et la donation au musée à la fin du XIXe siècle : l’exemple
du musée du Louvre ». Romantisme, 2001, vol. 31, n° 112, p. 45.
446
    Ibid., p. 52.


                                                        110
réunie autour de Philippe Poirrier engage la réflexion sur l’affirmation du poids local, la
périodisation, l’interrogation sur les acteurs et décideurs et enfin sur les publics. Elle envisage les
politiques culturelles comme la complémentarité de l’Etat central et de l’échelon local. Or, la
politique culturelle locale est initiée par des personnalités ancrées, et dont le pouvoir municipal
n’est qu’un maillon. D’autres organismes, en effet, interviennent, comme les médiateurs
culturels 447. Illustrés par l’Académie de Reims, ils sont le partenaire ou l’adversaire du pouvoir
municipal, entre appui et pression. Les initiatives culturelles locales sont engagées et sont saluées.
Mais à de nombreuses reprises, Nicolas-Victor Duquénelle mais surtout Charles Loriquet dénoncent
l’immobilisme municipal. Aussi, la donation est-elle un contre-argument de dénonciation
municipale et un argument d’implication par la preuve dans la sauvegarde du patrimoine rémois.
Elle est un outil pour transposer le pouvoir local parmi les acteurs privés. Elle instaure ainsi pour
l’antiquaire un prestige qui se justifie par la création d’une puissance tribunitienne de dénonciation
et de proposition. Elle est, dans le cadre d’un espace public sanctuarisé, le geste voué à un culte : le
culte des monuments.
La donation témoigne surtout d’une prise en conscience de la res publica des traces du passé et
adoube l’antiquaire-citoyen. Elle est la réappropriation et la reconfiguration de l’espace public, par
l’acteur privé, ce qui lui donne un poids. Le musée est en effet « un projet pour le XIXe siècle » : il
est, dans l’espace public, un lieu d’instruction, idéal porté par la Révolution ; il est un lieu
d’identité, revivificateur, qui permet à chaque citoyen de revendiquer son ancrage dans la France
des territoires mais qui, se reconnaît comme appartenant à la Nation ; il est un lieu sacré, et
particulièrement à partir de 1870, lorsqu’il devient un temple de la République 448. Il est, enfin, une
alternance à l’espace muséal d’Ancien régime, privatif 449.
La translation de la collection privée au musée public et la coexistence de ces deux modes de
représentation créent une synergie pour l’étude des objets archéologiques, par leur agencement et
leur ordonnancement, mais aussi par une complémentarité dans leur perception. Les deux
collections, privées et publiques, sont dans leur diversité perçues comme uniformes car elles sont
des collections locales et rémoises. Charles Loriquet évoque cette interaction en 1862, s’appuyant
sur l’étude comparée de la marque pharmaceutique inscrite sur une fiole en verre appartenant au
musée de Reims et la pierre sigillaire nommée Severus appartenant au cabinet de Duquénelle, qui a
permis de déduire qu’il existait deux officines médicales en concurrence sous le Reims gallo-

447
    POIRRIER, Philippe, RAB, Sylvie, RENEAU, Serge, et alli, Jalons pour l’histoire des politiques culturelles locales,
coll. Travaux et documents. Paris : Comité d’Histoire du ministère de la culture, 1995, 238 p.
448
    GEORGEL, Chantal (dir.), « Le musée et les musées, un projet pour le XIXe siècle). In : La jeunesse des musées,
catalogue de l’exposition de Paris, musée d’Orsay, 7 février-8 mai 1994. Paris : Réunion des Musées Nationaux, 1994,
p. 15-18.
449
    LONG, Véronique, Art.cit., 2001, p. 45


                                                         111
romain 450. Il l’évoque encore près de vingt ans plus tard, à partir de l’étude comparative des trois
statues de Cybèle sises à Reims, alors que les deux premières appartiennent à l’antiquaire Nicolas-
Victor Duquénelle et que la troisième fait partie de la collection muséale, locale et publique, qui a
permis d’étudier les attributs de la déesse sous différentes époques et d’en apprécier les restes et les
substitutions.
Dans ce même compte-rendu d’activité, le secrétaire général de l’Académie nationale de Reims
salue la générosité des donateurs, de Nicolas-Victor Duquénelle en premier lieu, puis du
collectionneur champenois Frédéric Moreau. Cet accroissement des collections muséales locales,
par les dons, nécessitera, pense-t-il, un local plus étendu alors que le musée archéologique n’est pas
fonctionnel puisqu’ ils « devr[aient] (le) posséder depuis longtemps » et que les collections restent
éparses, et donc relativement peu organisées, à priori 451. Ce passage souligne l’accroissement
muséal dans l’espace public et justifie l’intervention de l’acteur privé dans cette action.
Le don au musée se justifie aussi par l’intention de compléter ou de créer une série minoritaire ou
inexistante. L’antiquaire rémois, s’exprimant devant l’Académie de Reims par une communication,
exprime son souhaite d’offrir au récent musée rétrospectif les objets mérovingiens trouvés à
Luternay, pièces archéologiques très lacunaires dans les fouilles opérées dans la cité. Nicolas-Victor
Duquénelle illustre l’utilité de l’étude de ces objets, qui fournissent des informations sur les cultes
et les usages 452. L’intégration de ces objets, très marginaux, au sein d’une collection publique, après
acquisition dans un cadre privé par l’antiquaire auprès de marchands, signifie un souci et un idéal
de pédagogie, de connaissance et de savoir accessible à tous. Ce musée, en fait, doit être un outil
d’exaltation de la fierté locale et de la reconnaissance du passé. La participation provinciale à la
construction muséale, souligne Edouard Pommier, est une réponse à la revendication culturelle car
le musée constitue une mémoire publique, visible et porteuse d’une conscience historique ; ce que
l’on appelle le patrimoine 453.
        Cependant, l’antiquaire Duquénelle, par cette pratique, défend un intéressement personnel.
Ses intentions et intérêts divergent selon deux critères que sont l’institution réceptrice du don et la
période de son activité, longue puisque supérieure à quarante ans. Sa recherche avare, en effet, varie
entre ses débuts et l’achèvement de son activité.

450
    LORIQUET, Charles, « Marque pharmaceutique inscrite sur une fiole en verre appartenant au musée de Reims ».
Travaux de l’Académie impériale de Reims, 1861-1862, vol. 36, n° 3-4, p. 1-13.
451
    LORIQUET, Charles, « Compte-rendu des travaux de l’année 1880-1881 ». Travaux de l’Académie nationale de
Reims, 1880-1881, vol. 69, n° 1-2, p. 38-40.
452
    DUQUENELLE, Nicolas-Victor, « Les objets mérovingiens trouvés à Luternay et offerts au Musée de Reims.
Notice lue par M. Duquénelle à la séance de l'Académie du 22 décembre 1882 ». In : JADART, Henri, op.cit, 1884, p.
32-41.
453
    POMMIER, Edouard, « Naissance des musées de province ». In : NORA, Pierre (dir.), Les lieux de mémoire, 2. La
Nation, coll. Quarto. Paris : Gallimard, 1997, pp. 1471-1474, 1507.


                                                      112
Nicolas-Victor Duquénelle adhère à l’Académie nationale de Reims en 1842 et marque son
intégration officielle au cercle savant local. L’antiquaire intégré recherche une reconnaissance
officielle et l’acquisition ou l’appui d’une notabilité érudite urbaine. Les séances délibératives du
conseil municipal de Reims, du 16 mai 454 et du 21 novembre 1842, recensent les dons d’objets
d’art, de médailles et de monnaies offertes par l’antiquaire, parmi d’autres, au musée et à la
bibliothèque municipale. Cet acte renforce sa reconnaissance de sociabilité et sa distinction, dès les
premières années de son activité. Ces dons, effectués à l’entrée dans la sociabilité urbaine, peuvent
laisser penser à un aboutissant du mode de l’obligation. Chantal Georgel, à juste titre, écrit que les
membres de sociétés savantes, dont le but rappelé est la sauvegarde des monuments par la
publication, l’interpellation et la collection, doivent faire un don au moment de leur adhésion 455.
Alix Bertrand 456, dans son mémoire sur trois musées archéologiques champenois, présente en
annexe les dons émanant de particuliers et de collections privées. Elle note un don de l’antiquaire au
musée de Reims en juin et novembre 1841, mais surtout en février 1842, soit quelques semaines
avant sa réception à l’Académie de Reims. La donation, à l’initiation de l’activité, traduit
certainement un rite d’officialisation mais aussi d’initiation à une mission de transmission par la
publicisation de la collection privée, définie comme un espace. Il traduit enfin un ancrage dans la
mémoire locale, et consacre l’antiquaire comme un des hérauts de l’identité culturelle urbaine.
En 1858, l’antiquaire offre au musée archéologique de Laon des médailles d’or et des monnaies
d’argent gauloises, trouvées à Reims dans les travaux du chemin de fer. Ce musée est abrité depuis
1851 par la Société académique de Laon, créée le 30 décembre 1850. Or, la donation s’effectue par
la Société des antiquaires de Picardie. Dans sa séance du 1er septembre 1858 présidée par l’abbé
Corblet, en effet, cette institution prend acte de la donation de Nicolas-Victor Duquénelle qu’Elle
remercie, et envoie les médailles et monnaies au musée. L’intention de l’antiquaire est louable,
puisqu’il enrichit les collections archéologiques régionales d’un musée académique. Il convient
cependant de constater que l’interlocuteur prisé est la Société des antiquaires de Picardie, fondée à
1836 et sise à Amiens, alors qu’il existe une société érudite laonnaise qui est de surcroît chargée de
la collection muséale locale. Son admission en qualité de membre correspondant à la Société des
antiquaires de Picardie aurait pu expliquer cette correspondance privilégiée, de même qu’un don
d’archéologie régionale adressé à la plus haute institution qui aurait été mandée pour une
redistribution locale au gré académique. Dans les deux cas, il n’en est rien. Il semblerait dans ces

454
    A.M.C.R., 1D 15 : Séance du 16 mai 1842. Dons de livres et d’objets d’art à la bibliothèque et au Musée de la ville ;
séance du 21 novembre 1842. Dons à la bibliothèque et au musée ; Annexe 10.
455
    GEORGEL, Chantal (dir.), « Le musée, un lieu d’identité ». In : La jeunesse des musées, catalogue de l’exposition
de Paris, musée d’Orsay, 7 février-8 mai 1994. Paris : Réunion des Musées Nationaux, 1994, p. 105-112.
456
    BERTRAND, Alix, op.cit, 2004, p. X.



                                                          113
conditions que l’intérêt supérieur de Nicolas-Victor Duquénelle prime sur l’intérêt historique, local
et archéologique des pièces données. Ce don en faveur du musée de Laon, par le relais de la Société
des antiquaires de Picardie, intervient un an après la fondation par son président, Jules Corblet, de la
Revue de l’art chrétien. L’antiquaire rémois, en adoptant la posture du généreux donateur de
l’archéologie régionale et du contributeur de l’enrichissement du musée académique local, gagne en
notoriété et en distinction savante 457.
La donation, en fin de vie, illustre l’esquisse d’une recherche de postérité. L’antiquaire, par ce
geste, veut ainsi s’assurer de laisser une marque ou un souvenir. Dans le cas de la donation des
objets mérovingiens de Luternay, l’acquisition et l’offrande des objets permet à l’antiquaire de les
expliquer devant ces pairs académiciens et de renouveler la justification utilitaire de l’antiquaire et
son statut personnel d’historien méthodique. Le fait de souligner que ce don s’adresse au récent
musée rétrospectif lui permet d’adopter une stature de parrain et de géniteur du lieu, car un musée
vit par une collection. Nicolas-Victor Duquénelle contribue en effet considérablement à
l’enrichissement de sa collection et de l’archéologie locale.
Le moment de la donation laisse à penser qu’il existe des cycles de l’antiquaire pour les donations,
définis par ses intentions, ses motivations et ses intérêts.
La donation traduit, en tout cas, une recherche de légitimation sociale, puisqu’elle contribue à la
revivification de l’échelon local et de son patrimoine. Elle marque, selon Véronique Long, un acte
de « patriotisme culturel » et d’utilité publique 458, qui justifie la consécration de l’antiquaire-
citoyen.
Le don, enfin, est juridiquement défini. Il est, souligne Ting Chang 459, un échange contractuel, qui
engage le bénéficiaire à entretenir la donation et au contre-don. Si le don illustre la motivation
l’antiquaire à soustraire ces objets du circuit économique, il engage le musée à entretenir l’objet
donné ou la collection donnée et éventuellement au contre-don, pouvant induire une indemnité
financière. Le don, comme le legs étudié ultérieurement, signent l’entrée d’une collection, mais
aussi de l’antiquaire dans l’imaginaire, au musée.
        Nicolas-Victor Duquénelle, lors du congrès archéologique de 1861, défend à propos de la
mosaïque des promenades et de la porte de Mars, un mémoire argumenté sur la nécessité d’une




457
    « Comité central ». Société des antiquaires de Picardie, 1859, p. 609.
458
    LONG, Véronique, Art.cit., 2001, pp. 45, 52.
459
    CHANG, Ting, « Le don échangé : l’entrée des collections privées dans les musées publics au XIXe siècle ». In :
PRETI-HAMARD, Monica, SENECHAL, Philippe (dir.), Collections et marché de l’art en France : 1789-1848, coll.
Art & Société. Actes du colloque de l’Institut national d’histoire de l’art, Paris, 4-6 décembre 2003. Rennes : Presses
universitaires de Rennes, 2005, p. 92.


                                                         114
survivance locale des traces du passé, estimant qu’un objet ou un monument appartient à son sol
originel et présente un intérêt dans sa spatialité 460.
Pourtant, l’antiquaire adopte une posture paradoxale en accroissant, modestement mais réellement,
les collections de la Nation dans les musées impériaux. Parisianisme et provincialisme s’affrontent
au XIXe siècle entre l’ancrage local et l’intérêt national des collections. Il existe pourtant bien une
corrélation entre les musées de province et les musées nationaux, transcendant les institutions. Alix
Bertrand rapporte que les musées archéologiques marnais sont dans la lignée du musée des
antiquités nationales, d’autant que Napoléon III s’intéresse à l’archéologie champenoise.
Archéologies locale et nationale sont réconciliées.
Alors que Nicolas-Victor Duquénelle et Charles Loriquet 461 présentent l’intérêt du site de la
mosaïque des promenades et de la survivance locale de ce vestige, Jean de Witte appelait l’attention
en 1852, dans la Revue archéologique, sur un bas-relief rémois, alors conservé et « relégué » dans
un corridor de l’Hôtel de ville, et précisait que « ce monument du plus haut intérêt […] attirerait les
regards des connaisseurs dans les musées de la capitale, pour faire cesser cet état d’abandon » 462.



                Musées du Louvre et des antiquités nationales de Saint-Germain-en-
                Laye

                Comme pour la donation locale, le don national de l’antiquaire aux musées nationaux
révèle d’une motivation d’inscription au sein d’un collectif et d’un intéressement personnel,
clairement déclarés.
        Dans la postérité, seul le don de Nicolas-Victor Duquénelle au musée des antiquités
nationales de Saint-Germain-en-Laye, en 1862, est connu, car il a abouti. Or, il ne s’agit pas de la
première tentative de l’antiquaire.
En 1856, l’antiquaire se place sous la recommandation d’Adrien de Longpérier pour s’adresser à
plusieurs reprises au comte Alfred-Emilien de Nieuwerkerke, directeur général des musées depuis
décembre 1849 et intendant des beaux-arts de la Maison de l’empereur depuis juillet 1853 ; dans
une intention de donation 463. On constate que le système de la recommandation officielle
n’intervient qu’à cette date, alors que l’antiquaire Duquénelle et le conservateur des antiques
Longpérier entretiennent une correspondance savante antérieure. L’attente, supposée, de cette


460
    Voir Les arguments de défense de ce patrimoine, p. 124.
461
    A.M.C.R., 2S1 : Correspondance diverse, notes manuscrites.
462
    WITTE, Jean (de), « Bas-relief de Reims ». Revue archéologique, avril-septembre 1852, t.I, p. 564.
463
    A.M.C.R., A7 1856, 26 août – 1857, 10 janvier : Proposition de don d’objets de fouilles effectuées à Reims par
l’antiquaire Duquenelle en 1856-1857 ; Annexe 11.


                                                      115
présentation est la préalable admission de Duquénelle à la société impériale des antiquaires de
France, quelques mois auparavant, en qualité de membre correspondant. Si cette pratique
d’association des antiquaires de province n’est pas marginale, elle renforce cependant la stature de
dépassement local de l’antiquaire qui intervient de fait dans la décennie suivant son début d’activité.
La première lettre de l’antiquaire au directeur général des musées impériaux et intendant des beaux-
arts de la Maison de l’empereur est datée du six août 1856. Dans un premier temps, l’antiquaire se
présente sous les meilleurs auspices. Il donne ainsi au destinataire de sa correspondance un gage
d’ancienneté puisqu’il indique s’impliquer dans la recherche d’antiquités rémoises depuis vingt
ans ; il promeut l’intérêt « incontestable » et le mérite de ses découvertes dont le bagage de
l’oculiste découvert l’année précédente, ainsi que leur apport pour l’archéologie médicale. Sur ce
point, l’antiquaire précise qu’il a fait communication de cette découverte à la société impériale des
antiquaires de France, qui lui valût sa réception à l’institution. Il entend montrer formellement son
zèle, qui est une appréciation personnelle, ainsi que l’intention des instances pour ses travaux.
L’antiquaire exprime son souhait d’offrir ces objets au musée du Louvre. Sa justification doit
permettre de révéler son désintéressement. Il indique en effet avoir reçu des propositions d’achat,
qu’il a refusées. Par la proposition de donation et l’acte de refus de toute proposition mercantile,
l’antiquaire indique son attachement à la valeur historique et archéologique de l’objet plutôt que
marchande, et son souci de sauvegarder l’objet, en l’excluant du circuit économique. Il apparaît de
fait dans une posture estimable.
Nicolas-Victor Duquénelle, toutefois, fixe ses conditions, qu’il a dévoilées dans une lettre
antérieure à Adrien de Longpérier et qu’il réitère auprès de celui auquel il a été recommandé ; le
conservateur des antiques ayant exprimé son impossibilité à satisfaire seul le marché proposé par
l’antiquaire, pour conflit d’intérêts. Duquénelle, en effet, demande une récompense, plus
précisément une décoration, qu’il juge plus précieuse que tout prix. Il appuie sa demande de
recommandations de notables, qu’il annexe à son pli. On note toutefois que cette recommandation
ne concerne pas son zèle archéologique mais plutôt son patriotisme et sa citoyenneté. Un évêque, un
procureur et un colonel attestent en effet de sa conduite courageuse lors d’une émeute, ayant offert
son toit et ses soins pharmaceutiques. Ces recommandations attestent donc davantage de
l’honorabilité d’un tiers estimable, plutôt qu’un quelconque rattachement à l’affaire qui occupe
l’antiquaire et son illustre correspondant, c'est-à-dire ses capacités en archéologie. Ces
recommandations, toutefois, intéressent le directeur général des musées impériaux, puisqu’en date
du 26 août 1856, le conservateur des antiques répond à une lettre qui lui a été adressée. Dans cette
lettre, il répond sur l’intérêt des objets, sur sa méconnaissance de Duquénelle et sur son



                                                 116
honorabilité, dont il a eu vent, à Reims. Cet intéressement personnel, ici, est très clairement exposé
et ne souffre d’aucune ambiguïté quant aux motivations réelles de l’antiquaire.
N’ayant reçu aucune réponse, Duquénelle adresse une lettre de rappel au directeur général des
musées impériaux le 2 octobre 1856. Explicitement, il recourt au chantage, puisqu’il confie à son
interlocuteur l’intention de se rendre à Paris sous quinzaine et d’aller chercher ses objets, alors
abrités chez Longpérier, pour leur donner une autre destination. Cette méthode traduit la
déstabilisation de l’antiquaire à n’avoir reçu aucune réponse, mais aussi son intention d’aller
jusqu’au bout de sa démarche, évoquée par la proposition de donation sous conditions. Cette lettre
trouve un écho supérieur à la précédente, puisque le comte de Nieuwerkerke lui écrit et l’informe de
la transmission de sa lettre au conservateur des antiques.
L’antiquaire, pour la troisième fois, écrit à l’intendant des beaux-arts de la Maison de l’empereur,
trois mois plus tard, le 9 janvier 1857. Cette lettre indique, par mention manuscrite rajoutée par le
service parisien, que les objets ont été provisoirement déposés au musée du Louvre, et donc que le
chantage exercé par Nicolas-Victor Duquénelle n’a pas été suivi d’effet. Duquénelle indique à
Nieuwerkerke que Longpérier lui a écrit, et que ce dernier a fait un rapport sur les antiquités et sur
les offres de Duquénelle au comte. Il y indique que le conservateur des antiques lui a répondu qu’il
ne pouvait agir. L’antiquaire comprend son intérêt de rappeler l’intérêt de ces objets pour montrer
d’abord son zèle archéologique, puis il rappelle et précise son offre. Il se place dans une posture de
grand serviteur de l’ordre puisqu’il écrit qu’il souhaiterait offrir ces objets pour rappeler les services
importants qu’il a pu rendre à l’autorité. Puis il renouvelle son offre et sollicite une récompense
honorifique. On peut concevoir une forme d’insistance devant ces lettres de rappel de l’antiquaire,
d’autant qu’il poursuit la démarche engagée et demander à qui s’adresser ainsi que la bienveillance
du comte de Nieuwerkerke qui dispose d’une influence réelle. Il réaffirme que sa démarche est non-
mercantile avant d’ajouter qu’il fait valoir des droits qu’il estime légitime pour avoir une
décoration. Si toutes les formes d’expression de l’antiquaire étudiées jusqu’ici montrent une
autopromotion certaine, elle donne ici une impression d’un antiquaire imbu de sa personne et
certain de son mérite.
L’aboutissement de cette série de correspondances est la réponse donnée par le directeur général des
musées impériaux à l’antiquaire le 10 janvier 1857. Nieuwerkerke indique la délicatesse de la
demande de Duquénelle, étant entendu que l’empereur refuse ce type de marché. Cette mention
montre que la demande de l’antiquaire n’est pas une pratique marginale et qu’elle a donné lieu, par
le passé, à une réponse similaire. Le comte conclut en indiquant que la cause de Duquénelle est
compromise si elle est présentée telle qu’elle.



                                                   117
Si cette proposition de donation exclut en effet tout mercantilisme, elle induit en revanche une
forme de marché, qui, indélicate, n’a pas été appuyée. Il est à supposer finalement que cette
proposition n’a pas été suivie d’un acte officiel de donation. Cette supposition est renforcée par le
fait que les collections du musée du Louvre ne font aucune mention d’une donation de l’antiquaire.
        Nicolas-Victor Duquénelle saisit l’occasion du décret du 8 mars 1862, portant sur la création
d’un musée des antiquités celtiques et gallo-romaines sur ordre de Napoléon III, pour renouveler ses
propositions de donation nationale.
Le musée d’archéologie nationale conserve aujourd’hui une série de quatre lettres, impliquant
l’antiquaire.
La première lettre est datée du 18 avril 1862 464. L’antiquaire s’adresse, on peut le supposer, à
Alexandre Bertrand, fondateur et premier directeur du musée. Il renouvelle ses intentions à son
interlocuteur, qu’il avait déjà rencontré trois mois auparavant et auquel il avait exposé son souci
d’offrir quelques objets à l’empereur pour son musée particulier. Ce dernier lui avait conseillé
d’attendre la décision qui serait adoptée à propos du musée gallo-romain de Saint-Germain-en-
Laye. Ce décret et son application furent donc mûrement réfléchis. Cette lettre intervient un mois
après l’enregistrement de ce décret, dont Nicolas-Victor Duquénelle, sans doute par voie de presse
générale ou de revue spécialisée, a été avisé. Il veut offrir quarante-cinq objets archéologiques, dont
il fait la description, telle que présentée dans ses publications 465. L’antiquaire expose l’unicité et
l’intérêt des pièces qu’il soumet à la donation. Mieux, et pour montrer son professionnalisme, il les
inventorie de 817 à 865, reprenant la méthode du catalogue de la collection privée et du récolement
de la collection publique. Duquénelle poursuit et indique qu’il a été reçu par l’empereur au camp de
Châlons, sans doute en 1860. Camp militaire français situé à Mourmelon, il est inauguré en 1857.
Vitrine de l’armée impériale française, il est aussi le témoin de la passion archéologique impériale
en Champagne. Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec 466, en effet, note que l’empereur a contribué au
développement de l’archéologie champenoise, et poursuit en précisant que le camp de Châlons
« marque le commencement de l’action archéologique de l’empereur ». L’installation de ce camp,
pense-t-elle, est l’initiation du processus des grandes fouilles impériales, comme celle d’Alésia. La
stabilité politique française permet à l’empereur de s’adonner à la passion archéologique. Elle
souligne la curiosité de l’empereur pour le patrimoine local. Le paradoxe entre le local et le national
avait été souligné, et on peut se demander si le régime impérial français n’est pas, chez Duquénelle,


464
    M.A.N., Fonds « correspondance » : Lettre autographe de Nicolas-Victor Duquénelle concernant les dons d’objets
d’antiquités à l’Empereur (1862) ; Annexe 12.
465
    Voir « Une démarche historique », p. 64.
466
    BERDEAUX-LE BRAZIDEC, Marie-Laure, « Napoléon III, le camp de Châlons et l’archéologie en Champagne ».
La vie en Champagne, avril-juin 2002, n° 30, p. 40-43.


                                                      118
le trait d’union de la donation. L’empereur des Français montre, avec la Champagne, une attache
locale. L’antiquaire, par la donation nationale, veut dépasser ce cadre et participer à
l’enrichissement du patrimoine du pays, mais il voudrait aussi participer à la gloire impériale. Cette
pratique de la donation nationale, exclusive au régime impérial, pourrait témoigner d’une attache
partisane, ou à minima, d’une reconnaissance émanant de l’autorité.
Par la donation, Nicolas-Victor Duquénelle expose qu’il entend ainsi remercier l’empereur pour son
bienveillant accueil. La suite de cette lettre, cependant, relativise cette explication zélée. Pour que
cette donation aboutisse, en effet, l’antiquaire rémois demande à être présenté de nouveau à
l’empereur. On pourrait interpréter cette demande comme une marque partisane. Cela n’est pas à
exclure. Cependant, les études précédentes montrent l’habileté de l’antiquaire à s’introduire dans les
sphères supérieures de la société, malgré sa notabilité. Pour que cette présentation aboutisse, une
fois de plus, l’antiquaire demande l’aide et se place sous la protection de son correspondant.
Il est à supposer que l’antiquaire a reçu, contrairement à la proposition de don au Louvre,
l’assurance de la réalisation de ses exigences puisque le cabinet de l’empereur reçoit le 19 mai
suivant l’inventaire et la caisse des objets donnés 467. Cette caisse et cet inventaire sont envoyés au
musée de Saint-Germain-en-Laye, par voie de chemin de fer, ainsi que l’expose le cabinet impérial
au conservateur Rossignol, sur ordre de l’empereur qui fait don de ces objets au musée gallo-
romain. Cette donation, ainsi, est privée, entre l’antiquaire et l’empereur, mais elle a un
aboutissement public qui avait été clairement explicité lors de la rencontre de l’antiquaire et de son
premier interlocuteur en janvier 1862, ainsi que dans la correspondance d’avril suivant.
L’édition du Petit journal du 3 novembre 1863 468 tend à confirmer la satisfaction personnelle de
Nicolas-Victor Duquénelle puisque le journal du quotidien Léon, rend compte de l’entretien de
deux heures entre l’empereur et de l’antiquaire lors du séjour impérial au camp de Châlons, de fait
entre mai 1862 et novembre 1863. La collection de l’antiquaire apparaît comme un alibi personnel
pour promouvoir sa personne et son zèle puisque Duquénelle présente à Napoléon III quelques
objets dont une bague rare qui l’intéresse, et qui faute de l’offrir à l’empereur par la hantise du
refus, l’offre au prince impérial.
Ces dons le dotent d’un statut. Le 4 juillet 1880, il répond à une lettre de son « cher maitre » qui lui
demande des renseignements sur cinq stèles rémoises dont ce dernier possède des montages.
Perceptiblement, ainsi, l’antiquaire est un correspondant officieux des hautes instances muséales et


467
    M.A.N., Fonds « correspondance » : Lettre du chef de cabinet de l’Empereur au conservateur du Musée des
Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye, sur les dons de Duquénelle (1862) ; Liste des objets d’antiquités
reçus par le musée des Antiquités Nationales (1862) ; Annexe 12.
468
    A.M.C.R., 2S 18 : Mosaïque des Promenades.


                                                      119
institutionnelles d’archéologie nationale. On peut supposer qu’il présente cet élément ainsi à la base
locale pour appuyer sa notoriété.
Ces donations, in fine, lui permettent de solliciter les personnels des institutions réceptrices. Il
envoie une lettre en 1881 à son cher maître afin d’avoir « recours à sa science et à ses connaissances
au sujet d’une trouvaille ». L’antiquaire se place dans la portée du souvenir : souvenir de sa
donation, souvenir de son service à l’autorité 469.
        Ces donations et leurs conséquences connaissent une publicité immédiate et une postérité,
acceptées voire préméditées par l’antiquaire.
Ces dons, en effet, sont exposés dans les publications du comte de Nieuwerkerke. Dans un rapport,
l’intendant des beaux-arts de la Maison de l’empereur expose la situation du musée de Saint-
Germain-en-Laye. Nieuwerkerke initie son propos par l’historique du musée, créé par décret ; puis
poursuit par ses motivations qui sont de « réunir les pièces justificatives de notre histoire
nationale » ; et aboutit enfin par la citation des monuments et des vingt-et-un donateurs de l’année
1862, qu’il dénomme et parmi lesquels l’empereur en premier lieu, le roi du Danemark, Jacques
Boucher de Perthes et Duquénelle 470. L’antiquaire est cité parmi des noms illustres. Son intention
est d’élever son prestige et sa notoriété. Ainsi, l’antiquaire s’inscrit dans une contribution à la
justification matérielle de l’histoire de la Nation. On peut supposer que par la donation nationale, il
va plus loin encore en se revendiquant comme un acteur de l’histoire de l’archéologie. Sa
physiologie de l’antiquaire, alors qu’il utilisait un pronom collectif, l’insérait de fait et de par sa
volonté dans une filiation avec Bernard de Montfaucon et le comte de Caylus. Il poursuit cette
démarche par la donation en souhaitant s’inscrire dans l’histoire de l’archéologie française du XIXe
siècle. De même, Salomon Reinach publie un catalogue descriptif et raisonné du musée des
antiquités nationales qui présente, en partie, les objets de l’antiquaire dont les statuettes Mars
debout, Lare debout et un Négrillon 471. Néanmoins, la portée de ses donations est à relativiser ; car
si celles-ci ne sont pas négligeables, elles demeurent marginales. La publicité qui en est faite
cependant le dote d’une stature incontestable.
Cette publicité, en effet, dote l’antiquaire d’un caractère estimable, essentiellement à Reims et
devant ses pairs érudits, où il pourra présenter sa contribution nationale ; mais également au-delà.
Le journaliste Léon du petit journal, quotidien parisien, qualifie Duquénelle d’ « homme d’un
mérite rare et d’une science profonde » et le présente comme celui qui est « parvenu à réunir la plus

469
    M.A.N., Fonds « correspondance » : deux lettres de correspondance expédiées par Nicolas-Victor Duquénelle, pour
apport d’informations ou communications (1880-1881) ; Annexe 12.
470
    NIEUWERKERKE (de), Alfred-Emilien, « Rapport sur les musées impériaux ». Revue universelle des arts, 1863,
XVIII, p. 408.
471
    REINACH, Salomon, Antiquités nationales : description raisonnée du musée de Saint-Germain-en-Laye, II :
Bronzes figurés de la Gaule romaine. Paris : Firmin-Didot, 1894, pp. 55, 135, 211.


                                                       120
riche et la plus curieuse collection (rémoise) qui existe ». Cette réclame expose et renouvelle la
notoriété de l’antiquaire. Les retombées de ce quotidien sont en effet considérables, car la première
parution intervient le 1er février 1863. Ce quotidien est bon marché et est édité en masse.
La pratique de la donation témoigne d’une soif de légitimation sociale. L’antiquaire Duquénelle se
trouve dans la même lignée que les donateurs du XIXe siècle : la donation est, au fond, la
perception d’une mission publique de contribution au patrimoine national ; et de revivification de la
Nation. Donner au musée est pour l’antiquaire un investissement, puisque le musée est le « temple
de l’immortalité » pour reprendre les propos de Véronique Long. L’immortalité d’une collection
suggère également celle de l’antiquaire 472.
Nicolas-Victor Duquénelle, par la donation, est à la recherche d’un accomplissement : celui de
l’antiquaire-citoyen reconnu. Le patriotisme culturel et l’utilité publique de l’antiquaire sont les
moteurs de son implication dans la sauvegarde du patrimoine rémois.




472
      LONG, Véronique, Art.cit., 2001, p. 45.


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Mémoire 7e partie

  • 1. UNIVERSITE DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE U.F.R Lettres et Sciences Humaines Master « Sociétés, Espaces, Temps » Mention « Histoire de l’art » Spécialité « Histoire de l’art et de la culture » Année universitaire 2009-2010 MEMOIRE DE MASTER II présenté par Romain JEANGIRARD le 23 juin 2010 NICOLAS-VICTOR DUQUENELLE OU L’ANTIQUAIRE ACCOMPLI (1842-1883) Sous la direction de : Madame Marie-Claude Genet-Delacroix (Université de Reims) Madame Frédérique Desbuissons (Université de Reims)
  • 2. DES RESEAUX ET DES HOMMES 72
  • 3. VI. LES DONATIONS AUX MUSEES L’antiquaire, par le don muséal, est dans la même recherche formelle que lors de sa participation aux manifestations savantes. Le musée, comme le montre Chantal Georgel, s’inscrit dans la logique du siècle industriel et de l’exposition universelle, puisqu’il en est un abrégé 444. Nicolas-Victor Duquénelle, par la donation, effectue un transfert définitif de la collection privée au sein de l’espace public ; contextuellement à l’émergence du bien national depuis la Révolution française. Surtout, l’offre de donation se situe paradoxalement entre la survivance des souvenirs locaux sur le territoire d’origine et la délocalisation parisienne qui contribue à l’exaltation d’une archéologie nationale. Musées de Reims et de Laon Le transfert, par le don, de la collection privée à l’espace public au XIXe siècle contribue fortement à l’accroissement des musées, mais aussi à leur justification et à leur existence, comme le souligne Véronique Long 445. L’antiquaire, donateur, enrichit de son vivant le musée de Reims ; et, par cet acte, motivations collectives et intérêts personnels convergent. La donation sert les intérêts de la communauté et de l’antiquaire. Le don muséal réside dans l’enrichissement, matériel et immatériel, de la ville, en attribuant par l’agencement de la collection publique une cohérence aux biens locaux qui sont des productions d’attrait. Il témoigne de l’affirmation du particularisme et de l’initiative locale, d’un point de vue concurrentiel avec d’autres villes et de la différenciation étatique. Bien qu’évoquant les donations dans la France républicaine depuis 1870, Véronique Long restitue un enjeu local existant au milieu du XIXe siècle en expliquant que le musée, dans les grandes villes, « devient l’affaire des élites locales et leur donne l’occasion de mener une politique de prestige » 446. Il marque aussi, au-delà de la personnalité de l’antiquaire, l’implication d’individualités et de collectifs privés dans le domaine public afin de justifier la dénonciation d’une municipalité figée sur ses souvenirs, et la prééminence de leurs initiatives dans la recherche et la démonstration de la richesse archéologique rémoise. La table ronde pour les jalons d’une politique culturelle locale 444 GEORGEL, Chantal (dir.), « Le musée et les musées, un projet pour le XIXe siècle). In : La jeunesse des musées, catalogue de l’exposition de Paris, musée d’Orsay, 7 février-8 mai 1994. Paris : Réunion des Musées Nationaux, 1994, p. 16-17. 445 LONG, Véronique, « Les collectionneurs d’œuvres d’art et la donation au musée à la fin du XIXe siècle : l’exemple du musée du Louvre ». Romantisme, 2001, vol. 31, n° 112, p. 45. 446 Ibid., p. 52. 110
  • 4. réunie autour de Philippe Poirrier engage la réflexion sur l’affirmation du poids local, la périodisation, l’interrogation sur les acteurs et décideurs et enfin sur les publics. Elle envisage les politiques culturelles comme la complémentarité de l’Etat central et de l’échelon local. Or, la politique culturelle locale est initiée par des personnalités ancrées, et dont le pouvoir municipal n’est qu’un maillon. D’autres organismes, en effet, interviennent, comme les médiateurs culturels 447. Illustrés par l’Académie de Reims, ils sont le partenaire ou l’adversaire du pouvoir municipal, entre appui et pression. Les initiatives culturelles locales sont engagées et sont saluées. Mais à de nombreuses reprises, Nicolas-Victor Duquénelle mais surtout Charles Loriquet dénoncent l’immobilisme municipal. Aussi, la donation est-elle un contre-argument de dénonciation municipale et un argument d’implication par la preuve dans la sauvegarde du patrimoine rémois. Elle est un outil pour transposer le pouvoir local parmi les acteurs privés. Elle instaure ainsi pour l’antiquaire un prestige qui se justifie par la création d’une puissance tribunitienne de dénonciation et de proposition. Elle est, dans le cadre d’un espace public sanctuarisé, le geste voué à un culte : le culte des monuments. La donation témoigne surtout d’une prise en conscience de la res publica des traces du passé et adoube l’antiquaire-citoyen. Elle est la réappropriation et la reconfiguration de l’espace public, par l’acteur privé, ce qui lui donne un poids. Le musée est en effet « un projet pour le XIXe siècle » : il est, dans l’espace public, un lieu d’instruction, idéal porté par la Révolution ; il est un lieu d’identité, revivificateur, qui permet à chaque citoyen de revendiquer son ancrage dans la France des territoires mais qui, se reconnaît comme appartenant à la Nation ; il est un lieu sacré, et particulièrement à partir de 1870, lorsqu’il devient un temple de la République 448. Il est, enfin, une alternance à l’espace muséal d’Ancien régime, privatif 449. La translation de la collection privée au musée public et la coexistence de ces deux modes de représentation créent une synergie pour l’étude des objets archéologiques, par leur agencement et leur ordonnancement, mais aussi par une complémentarité dans leur perception. Les deux collections, privées et publiques, sont dans leur diversité perçues comme uniformes car elles sont des collections locales et rémoises. Charles Loriquet évoque cette interaction en 1862, s’appuyant sur l’étude comparée de la marque pharmaceutique inscrite sur une fiole en verre appartenant au musée de Reims et la pierre sigillaire nommée Severus appartenant au cabinet de Duquénelle, qui a permis de déduire qu’il existait deux officines médicales en concurrence sous le Reims gallo- 447 POIRRIER, Philippe, RAB, Sylvie, RENEAU, Serge, et alli, Jalons pour l’histoire des politiques culturelles locales, coll. Travaux et documents. Paris : Comité d’Histoire du ministère de la culture, 1995, 238 p. 448 GEORGEL, Chantal (dir.), « Le musée et les musées, un projet pour le XIXe siècle). In : La jeunesse des musées, catalogue de l’exposition de Paris, musée d’Orsay, 7 février-8 mai 1994. Paris : Réunion des Musées Nationaux, 1994, p. 15-18. 449 LONG, Véronique, Art.cit., 2001, p. 45 111
  • 5. romain 450. Il l’évoque encore près de vingt ans plus tard, à partir de l’étude comparative des trois statues de Cybèle sises à Reims, alors que les deux premières appartiennent à l’antiquaire Nicolas- Victor Duquénelle et que la troisième fait partie de la collection muséale, locale et publique, qui a permis d’étudier les attributs de la déesse sous différentes époques et d’en apprécier les restes et les substitutions. Dans ce même compte-rendu d’activité, le secrétaire général de l’Académie nationale de Reims salue la générosité des donateurs, de Nicolas-Victor Duquénelle en premier lieu, puis du collectionneur champenois Frédéric Moreau. Cet accroissement des collections muséales locales, par les dons, nécessitera, pense-t-il, un local plus étendu alors que le musée archéologique n’est pas fonctionnel puisqu’ ils « devr[aient] (le) posséder depuis longtemps » et que les collections restent éparses, et donc relativement peu organisées, à priori 451. Ce passage souligne l’accroissement muséal dans l’espace public et justifie l’intervention de l’acteur privé dans cette action. Le don au musée se justifie aussi par l’intention de compléter ou de créer une série minoritaire ou inexistante. L’antiquaire rémois, s’exprimant devant l’Académie de Reims par une communication, exprime son souhaite d’offrir au récent musée rétrospectif les objets mérovingiens trouvés à Luternay, pièces archéologiques très lacunaires dans les fouilles opérées dans la cité. Nicolas-Victor Duquénelle illustre l’utilité de l’étude de ces objets, qui fournissent des informations sur les cultes et les usages 452. L’intégration de ces objets, très marginaux, au sein d’une collection publique, après acquisition dans un cadre privé par l’antiquaire auprès de marchands, signifie un souci et un idéal de pédagogie, de connaissance et de savoir accessible à tous. Ce musée, en fait, doit être un outil d’exaltation de la fierté locale et de la reconnaissance du passé. La participation provinciale à la construction muséale, souligne Edouard Pommier, est une réponse à la revendication culturelle car le musée constitue une mémoire publique, visible et porteuse d’une conscience historique ; ce que l’on appelle le patrimoine 453. Cependant, l’antiquaire Duquénelle, par cette pratique, défend un intéressement personnel. Ses intentions et intérêts divergent selon deux critères que sont l’institution réceptrice du don et la période de son activité, longue puisque supérieure à quarante ans. Sa recherche avare, en effet, varie entre ses débuts et l’achèvement de son activité. 450 LORIQUET, Charles, « Marque pharmaceutique inscrite sur une fiole en verre appartenant au musée de Reims ». Travaux de l’Académie impériale de Reims, 1861-1862, vol. 36, n° 3-4, p. 1-13. 451 LORIQUET, Charles, « Compte-rendu des travaux de l’année 1880-1881 ». Travaux de l’Académie nationale de Reims, 1880-1881, vol. 69, n° 1-2, p. 38-40. 452 DUQUENELLE, Nicolas-Victor, « Les objets mérovingiens trouvés à Luternay et offerts au Musée de Reims. Notice lue par M. Duquénelle à la séance de l'Académie du 22 décembre 1882 ». In : JADART, Henri, op.cit, 1884, p. 32-41. 453 POMMIER, Edouard, « Naissance des musées de province ». In : NORA, Pierre (dir.), Les lieux de mémoire, 2. La Nation, coll. Quarto. Paris : Gallimard, 1997, pp. 1471-1474, 1507. 112
  • 6. Nicolas-Victor Duquénelle adhère à l’Académie nationale de Reims en 1842 et marque son intégration officielle au cercle savant local. L’antiquaire intégré recherche une reconnaissance officielle et l’acquisition ou l’appui d’une notabilité érudite urbaine. Les séances délibératives du conseil municipal de Reims, du 16 mai 454 et du 21 novembre 1842, recensent les dons d’objets d’art, de médailles et de monnaies offertes par l’antiquaire, parmi d’autres, au musée et à la bibliothèque municipale. Cet acte renforce sa reconnaissance de sociabilité et sa distinction, dès les premières années de son activité. Ces dons, effectués à l’entrée dans la sociabilité urbaine, peuvent laisser penser à un aboutissant du mode de l’obligation. Chantal Georgel, à juste titre, écrit que les membres de sociétés savantes, dont le but rappelé est la sauvegarde des monuments par la publication, l’interpellation et la collection, doivent faire un don au moment de leur adhésion 455. Alix Bertrand 456, dans son mémoire sur trois musées archéologiques champenois, présente en annexe les dons émanant de particuliers et de collections privées. Elle note un don de l’antiquaire au musée de Reims en juin et novembre 1841, mais surtout en février 1842, soit quelques semaines avant sa réception à l’Académie de Reims. La donation, à l’initiation de l’activité, traduit certainement un rite d’officialisation mais aussi d’initiation à une mission de transmission par la publicisation de la collection privée, définie comme un espace. Il traduit enfin un ancrage dans la mémoire locale, et consacre l’antiquaire comme un des hérauts de l’identité culturelle urbaine. En 1858, l’antiquaire offre au musée archéologique de Laon des médailles d’or et des monnaies d’argent gauloises, trouvées à Reims dans les travaux du chemin de fer. Ce musée est abrité depuis 1851 par la Société académique de Laon, créée le 30 décembre 1850. Or, la donation s’effectue par la Société des antiquaires de Picardie. Dans sa séance du 1er septembre 1858 présidée par l’abbé Corblet, en effet, cette institution prend acte de la donation de Nicolas-Victor Duquénelle qu’Elle remercie, et envoie les médailles et monnaies au musée. L’intention de l’antiquaire est louable, puisqu’il enrichit les collections archéologiques régionales d’un musée académique. Il convient cependant de constater que l’interlocuteur prisé est la Société des antiquaires de Picardie, fondée à 1836 et sise à Amiens, alors qu’il existe une société érudite laonnaise qui est de surcroît chargée de la collection muséale locale. Son admission en qualité de membre correspondant à la Société des antiquaires de Picardie aurait pu expliquer cette correspondance privilégiée, de même qu’un don d’archéologie régionale adressé à la plus haute institution qui aurait été mandée pour une redistribution locale au gré académique. Dans les deux cas, il n’en est rien. Il semblerait dans ces 454 A.M.C.R., 1D 15 : Séance du 16 mai 1842. Dons de livres et d’objets d’art à la bibliothèque et au Musée de la ville ; séance du 21 novembre 1842. Dons à la bibliothèque et au musée ; Annexe 10. 455 GEORGEL, Chantal (dir.), « Le musée, un lieu d’identité ». In : La jeunesse des musées, catalogue de l’exposition de Paris, musée d’Orsay, 7 février-8 mai 1994. Paris : Réunion des Musées Nationaux, 1994, p. 105-112. 456 BERTRAND, Alix, op.cit, 2004, p. X. 113
  • 7. conditions que l’intérêt supérieur de Nicolas-Victor Duquénelle prime sur l’intérêt historique, local et archéologique des pièces données. Ce don en faveur du musée de Laon, par le relais de la Société des antiquaires de Picardie, intervient un an après la fondation par son président, Jules Corblet, de la Revue de l’art chrétien. L’antiquaire rémois, en adoptant la posture du généreux donateur de l’archéologie régionale et du contributeur de l’enrichissement du musée académique local, gagne en notoriété et en distinction savante 457. La donation, en fin de vie, illustre l’esquisse d’une recherche de postérité. L’antiquaire, par ce geste, veut ainsi s’assurer de laisser une marque ou un souvenir. Dans le cas de la donation des objets mérovingiens de Luternay, l’acquisition et l’offrande des objets permet à l’antiquaire de les expliquer devant ces pairs académiciens et de renouveler la justification utilitaire de l’antiquaire et son statut personnel d’historien méthodique. Le fait de souligner que ce don s’adresse au récent musée rétrospectif lui permet d’adopter une stature de parrain et de géniteur du lieu, car un musée vit par une collection. Nicolas-Victor Duquénelle contribue en effet considérablement à l’enrichissement de sa collection et de l’archéologie locale. Le moment de la donation laisse à penser qu’il existe des cycles de l’antiquaire pour les donations, définis par ses intentions, ses motivations et ses intérêts. La donation traduit, en tout cas, une recherche de légitimation sociale, puisqu’elle contribue à la revivification de l’échelon local et de son patrimoine. Elle marque, selon Véronique Long, un acte de « patriotisme culturel » et d’utilité publique 458, qui justifie la consécration de l’antiquaire- citoyen. Le don, enfin, est juridiquement défini. Il est, souligne Ting Chang 459, un échange contractuel, qui engage le bénéficiaire à entretenir la donation et au contre-don. Si le don illustre la motivation l’antiquaire à soustraire ces objets du circuit économique, il engage le musée à entretenir l’objet donné ou la collection donnée et éventuellement au contre-don, pouvant induire une indemnité financière. Le don, comme le legs étudié ultérieurement, signent l’entrée d’une collection, mais aussi de l’antiquaire dans l’imaginaire, au musée. Nicolas-Victor Duquénelle, lors du congrès archéologique de 1861, défend à propos de la mosaïque des promenades et de la porte de Mars, un mémoire argumenté sur la nécessité d’une 457 « Comité central ». Société des antiquaires de Picardie, 1859, p. 609. 458 LONG, Véronique, Art.cit., 2001, pp. 45, 52. 459 CHANG, Ting, « Le don échangé : l’entrée des collections privées dans les musées publics au XIXe siècle ». In : PRETI-HAMARD, Monica, SENECHAL, Philippe (dir.), Collections et marché de l’art en France : 1789-1848, coll. Art & Société. Actes du colloque de l’Institut national d’histoire de l’art, Paris, 4-6 décembre 2003. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 92. 114
  • 8. survivance locale des traces du passé, estimant qu’un objet ou un monument appartient à son sol originel et présente un intérêt dans sa spatialité 460. Pourtant, l’antiquaire adopte une posture paradoxale en accroissant, modestement mais réellement, les collections de la Nation dans les musées impériaux. Parisianisme et provincialisme s’affrontent au XIXe siècle entre l’ancrage local et l’intérêt national des collections. Il existe pourtant bien une corrélation entre les musées de province et les musées nationaux, transcendant les institutions. Alix Bertrand rapporte que les musées archéologiques marnais sont dans la lignée du musée des antiquités nationales, d’autant que Napoléon III s’intéresse à l’archéologie champenoise. Archéologies locale et nationale sont réconciliées. Alors que Nicolas-Victor Duquénelle et Charles Loriquet 461 présentent l’intérêt du site de la mosaïque des promenades et de la survivance locale de ce vestige, Jean de Witte appelait l’attention en 1852, dans la Revue archéologique, sur un bas-relief rémois, alors conservé et « relégué » dans un corridor de l’Hôtel de ville, et précisait que « ce monument du plus haut intérêt […] attirerait les regards des connaisseurs dans les musées de la capitale, pour faire cesser cet état d’abandon » 462. Musées du Louvre et des antiquités nationales de Saint-Germain-en- Laye Comme pour la donation locale, le don national de l’antiquaire aux musées nationaux révèle d’une motivation d’inscription au sein d’un collectif et d’un intéressement personnel, clairement déclarés. Dans la postérité, seul le don de Nicolas-Victor Duquénelle au musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, en 1862, est connu, car il a abouti. Or, il ne s’agit pas de la première tentative de l’antiquaire. En 1856, l’antiquaire se place sous la recommandation d’Adrien de Longpérier pour s’adresser à plusieurs reprises au comte Alfred-Emilien de Nieuwerkerke, directeur général des musées depuis décembre 1849 et intendant des beaux-arts de la Maison de l’empereur depuis juillet 1853 ; dans une intention de donation 463. On constate que le système de la recommandation officielle n’intervient qu’à cette date, alors que l’antiquaire Duquénelle et le conservateur des antiques Longpérier entretiennent une correspondance savante antérieure. L’attente, supposée, de cette 460 Voir Les arguments de défense de ce patrimoine, p. 124. 461 A.M.C.R., 2S1 : Correspondance diverse, notes manuscrites. 462 WITTE, Jean (de), « Bas-relief de Reims ». Revue archéologique, avril-septembre 1852, t.I, p. 564. 463 A.M.C.R., A7 1856, 26 août – 1857, 10 janvier : Proposition de don d’objets de fouilles effectuées à Reims par l’antiquaire Duquenelle en 1856-1857 ; Annexe 11. 115
  • 9. présentation est la préalable admission de Duquénelle à la société impériale des antiquaires de France, quelques mois auparavant, en qualité de membre correspondant. Si cette pratique d’association des antiquaires de province n’est pas marginale, elle renforce cependant la stature de dépassement local de l’antiquaire qui intervient de fait dans la décennie suivant son début d’activité. La première lettre de l’antiquaire au directeur général des musées impériaux et intendant des beaux- arts de la Maison de l’empereur est datée du six août 1856. Dans un premier temps, l’antiquaire se présente sous les meilleurs auspices. Il donne ainsi au destinataire de sa correspondance un gage d’ancienneté puisqu’il indique s’impliquer dans la recherche d’antiquités rémoises depuis vingt ans ; il promeut l’intérêt « incontestable » et le mérite de ses découvertes dont le bagage de l’oculiste découvert l’année précédente, ainsi que leur apport pour l’archéologie médicale. Sur ce point, l’antiquaire précise qu’il a fait communication de cette découverte à la société impériale des antiquaires de France, qui lui valût sa réception à l’institution. Il entend montrer formellement son zèle, qui est une appréciation personnelle, ainsi que l’intention des instances pour ses travaux. L’antiquaire exprime son souhait d’offrir ces objets au musée du Louvre. Sa justification doit permettre de révéler son désintéressement. Il indique en effet avoir reçu des propositions d’achat, qu’il a refusées. Par la proposition de donation et l’acte de refus de toute proposition mercantile, l’antiquaire indique son attachement à la valeur historique et archéologique de l’objet plutôt que marchande, et son souci de sauvegarder l’objet, en l’excluant du circuit économique. Il apparaît de fait dans une posture estimable. Nicolas-Victor Duquénelle, toutefois, fixe ses conditions, qu’il a dévoilées dans une lettre antérieure à Adrien de Longpérier et qu’il réitère auprès de celui auquel il a été recommandé ; le conservateur des antiques ayant exprimé son impossibilité à satisfaire seul le marché proposé par l’antiquaire, pour conflit d’intérêts. Duquénelle, en effet, demande une récompense, plus précisément une décoration, qu’il juge plus précieuse que tout prix. Il appuie sa demande de recommandations de notables, qu’il annexe à son pli. On note toutefois que cette recommandation ne concerne pas son zèle archéologique mais plutôt son patriotisme et sa citoyenneté. Un évêque, un procureur et un colonel attestent en effet de sa conduite courageuse lors d’une émeute, ayant offert son toit et ses soins pharmaceutiques. Ces recommandations attestent donc davantage de l’honorabilité d’un tiers estimable, plutôt qu’un quelconque rattachement à l’affaire qui occupe l’antiquaire et son illustre correspondant, c'est-à-dire ses capacités en archéologie. Ces recommandations, toutefois, intéressent le directeur général des musées impériaux, puisqu’en date du 26 août 1856, le conservateur des antiques répond à une lettre qui lui a été adressée. Dans cette lettre, il répond sur l’intérêt des objets, sur sa méconnaissance de Duquénelle et sur son 116
  • 10. honorabilité, dont il a eu vent, à Reims. Cet intéressement personnel, ici, est très clairement exposé et ne souffre d’aucune ambiguïté quant aux motivations réelles de l’antiquaire. N’ayant reçu aucune réponse, Duquénelle adresse une lettre de rappel au directeur général des musées impériaux le 2 octobre 1856. Explicitement, il recourt au chantage, puisqu’il confie à son interlocuteur l’intention de se rendre à Paris sous quinzaine et d’aller chercher ses objets, alors abrités chez Longpérier, pour leur donner une autre destination. Cette méthode traduit la déstabilisation de l’antiquaire à n’avoir reçu aucune réponse, mais aussi son intention d’aller jusqu’au bout de sa démarche, évoquée par la proposition de donation sous conditions. Cette lettre trouve un écho supérieur à la précédente, puisque le comte de Nieuwerkerke lui écrit et l’informe de la transmission de sa lettre au conservateur des antiques. L’antiquaire, pour la troisième fois, écrit à l’intendant des beaux-arts de la Maison de l’empereur, trois mois plus tard, le 9 janvier 1857. Cette lettre indique, par mention manuscrite rajoutée par le service parisien, que les objets ont été provisoirement déposés au musée du Louvre, et donc que le chantage exercé par Nicolas-Victor Duquénelle n’a pas été suivi d’effet. Duquénelle indique à Nieuwerkerke que Longpérier lui a écrit, et que ce dernier a fait un rapport sur les antiquités et sur les offres de Duquénelle au comte. Il y indique que le conservateur des antiques lui a répondu qu’il ne pouvait agir. L’antiquaire comprend son intérêt de rappeler l’intérêt de ces objets pour montrer d’abord son zèle archéologique, puis il rappelle et précise son offre. Il se place dans une posture de grand serviteur de l’ordre puisqu’il écrit qu’il souhaiterait offrir ces objets pour rappeler les services importants qu’il a pu rendre à l’autorité. Puis il renouvelle son offre et sollicite une récompense honorifique. On peut concevoir une forme d’insistance devant ces lettres de rappel de l’antiquaire, d’autant qu’il poursuit la démarche engagée et demander à qui s’adresser ainsi que la bienveillance du comte de Nieuwerkerke qui dispose d’une influence réelle. Il réaffirme que sa démarche est non- mercantile avant d’ajouter qu’il fait valoir des droits qu’il estime légitime pour avoir une décoration. Si toutes les formes d’expression de l’antiquaire étudiées jusqu’ici montrent une autopromotion certaine, elle donne ici une impression d’un antiquaire imbu de sa personne et certain de son mérite. L’aboutissement de cette série de correspondances est la réponse donnée par le directeur général des musées impériaux à l’antiquaire le 10 janvier 1857. Nieuwerkerke indique la délicatesse de la demande de Duquénelle, étant entendu que l’empereur refuse ce type de marché. Cette mention montre que la demande de l’antiquaire n’est pas une pratique marginale et qu’elle a donné lieu, par le passé, à une réponse similaire. Le comte conclut en indiquant que la cause de Duquénelle est compromise si elle est présentée telle qu’elle. 117
  • 11. Si cette proposition de donation exclut en effet tout mercantilisme, elle induit en revanche une forme de marché, qui, indélicate, n’a pas été appuyée. Il est à supposer finalement que cette proposition n’a pas été suivie d’un acte officiel de donation. Cette supposition est renforcée par le fait que les collections du musée du Louvre ne font aucune mention d’une donation de l’antiquaire. Nicolas-Victor Duquénelle saisit l’occasion du décret du 8 mars 1862, portant sur la création d’un musée des antiquités celtiques et gallo-romaines sur ordre de Napoléon III, pour renouveler ses propositions de donation nationale. Le musée d’archéologie nationale conserve aujourd’hui une série de quatre lettres, impliquant l’antiquaire. La première lettre est datée du 18 avril 1862 464. L’antiquaire s’adresse, on peut le supposer, à Alexandre Bertrand, fondateur et premier directeur du musée. Il renouvelle ses intentions à son interlocuteur, qu’il avait déjà rencontré trois mois auparavant et auquel il avait exposé son souci d’offrir quelques objets à l’empereur pour son musée particulier. Ce dernier lui avait conseillé d’attendre la décision qui serait adoptée à propos du musée gallo-romain de Saint-Germain-en- Laye. Ce décret et son application furent donc mûrement réfléchis. Cette lettre intervient un mois après l’enregistrement de ce décret, dont Nicolas-Victor Duquénelle, sans doute par voie de presse générale ou de revue spécialisée, a été avisé. Il veut offrir quarante-cinq objets archéologiques, dont il fait la description, telle que présentée dans ses publications 465. L’antiquaire expose l’unicité et l’intérêt des pièces qu’il soumet à la donation. Mieux, et pour montrer son professionnalisme, il les inventorie de 817 à 865, reprenant la méthode du catalogue de la collection privée et du récolement de la collection publique. Duquénelle poursuit et indique qu’il a été reçu par l’empereur au camp de Châlons, sans doute en 1860. Camp militaire français situé à Mourmelon, il est inauguré en 1857. Vitrine de l’armée impériale française, il est aussi le témoin de la passion archéologique impériale en Champagne. Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec 466, en effet, note que l’empereur a contribué au développement de l’archéologie champenoise, et poursuit en précisant que le camp de Châlons « marque le commencement de l’action archéologique de l’empereur ». L’installation de ce camp, pense-t-elle, est l’initiation du processus des grandes fouilles impériales, comme celle d’Alésia. La stabilité politique française permet à l’empereur de s’adonner à la passion archéologique. Elle souligne la curiosité de l’empereur pour le patrimoine local. Le paradoxe entre le local et le national avait été souligné, et on peut se demander si le régime impérial français n’est pas, chez Duquénelle, 464 M.A.N., Fonds « correspondance » : Lettre autographe de Nicolas-Victor Duquénelle concernant les dons d’objets d’antiquités à l’Empereur (1862) ; Annexe 12. 465 Voir « Une démarche historique », p. 64. 466 BERDEAUX-LE BRAZIDEC, Marie-Laure, « Napoléon III, le camp de Châlons et l’archéologie en Champagne ». La vie en Champagne, avril-juin 2002, n° 30, p. 40-43. 118
  • 12. le trait d’union de la donation. L’empereur des Français montre, avec la Champagne, une attache locale. L’antiquaire, par la donation nationale, veut dépasser ce cadre et participer à l’enrichissement du patrimoine du pays, mais il voudrait aussi participer à la gloire impériale. Cette pratique de la donation nationale, exclusive au régime impérial, pourrait témoigner d’une attache partisane, ou à minima, d’une reconnaissance émanant de l’autorité. Par la donation, Nicolas-Victor Duquénelle expose qu’il entend ainsi remercier l’empereur pour son bienveillant accueil. La suite de cette lettre, cependant, relativise cette explication zélée. Pour que cette donation aboutisse, en effet, l’antiquaire rémois demande à être présenté de nouveau à l’empereur. On pourrait interpréter cette demande comme une marque partisane. Cela n’est pas à exclure. Cependant, les études précédentes montrent l’habileté de l’antiquaire à s’introduire dans les sphères supérieures de la société, malgré sa notabilité. Pour que cette présentation aboutisse, une fois de plus, l’antiquaire demande l’aide et se place sous la protection de son correspondant. Il est à supposer que l’antiquaire a reçu, contrairement à la proposition de don au Louvre, l’assurance de la réalisation de ses exigences puisque le cabinet de l’empereur reçoit le 19 mai suivant l’inventaire et la caisse des objets donnés 467. Cette caisse et cet inventaire sont envoyés au musée de Saint-Germain-en-Laye, par voie de chemin de fer, ainsi que l’expose le cabinet impérial au conservateur Rossignol, sur ordre de l’empereur qui fait don de ces objets au musée gallo- romain. Cette donation, ainsi, est privée, entre l’antiquaire et l’empereur, mais elle a un aboutissement public qui avait été clairement explicité lors de la rencontre de l’antiquaire et de son premier interlocuteur en janvier 1862, ainsi que dans la correspondance d’avril suivant. L’édition du Petit journal du 3 novembre 1863 468 tend à confirmer la satisfaction personnelle de Nicolas-Victor Duquénelle puisque le journal du quotidien Léon, rend compte de l’entretien de deux heures entre l’empereur et de l’antiquaire lors du séjour impérial au camp de Châlons, de fait entre mai 1862 et novembre 1863. La collection de l’antiquaire apparaît comme un alibi personnel pour promouvoir sa personne et son zèle puisque Duquénelle présente à Napoléon III quelques objets dont une bague rare qui l’intéresse, et qui faute de l’offrir à l’empereur par la hantise du refus, l’offre au prince impérial. Ces dons le dotent d’un statut. Le 4 juillet 1880, il répond à une lettre de son « cher maitre » qui lui demande des renseignements sur cinq stèles rémoises dont ce dernier possède des montages. Perceptiblement, ainsi, l’antiquaire est un correspondant officieux des hautes instances muséales et 467 M.A.N., Fonds « correspondance » : Lettre du chef de cabinet de l’Empereur au conservateur du Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye, sur les dons de Duquénelle (1862) ; Liste des objets d’antiquités reçus par le musée des Antiquités Nationales (1862) ; Annexe 12. 468 A.M.C.R., 2S 18 : Mosaïque des Promenades. 119
  • 13. institutionnelles d’archéologie nationale. On peut supposer qu’il présente cet élément ainsi à la base locale pour appuyer sa notoriété. Ces donations, in fine, lui permettent de solliciter les personnels des institutions réceptrices. Il envoie une lettre en 1881 à son cher maître afin d’avoir « recours à sa science et à ses connaissances au sujet d’une trouvaille ». L’antiquaire se place dans la portée du souvenir : souvenir de sa donation, souvenir de son service à l’autorité 469. Ces donations et leurs conséquences connaissent une publicité immédiate et une postérité, acceptées voire préméditées par l’antiquaire. Ces dons, en effet, sont exposés dans les publications du comte de Nieuwerkerke. Dans un rapport, l’intendant des beaux-arts de la Maison de l’empereur expose la situation du musée de Saint- Germain-en-Laye. Nieuwerkerke initie son propos par l’historique du musée, créé par décret ; puis poursuit par ses motivations qui sont de « réunir les pièces justificatives de notre histoire nationale » ; et aboutit enfin par la citation des monuments et des vingt-et-un donateurs de l’année 1862, qu’il dénomme et parmi lesquels l’empereur en premier lieu, le roi du Danemark, Jacques Boucher de Perthes et Duquénelle 470. L’antiquaire est cité parmi des noms illustres. Son intention est d’élever son prestige et sa notoriété. Ainsi, l’antiquaire s’inscrit dans une contribution à la justification matérielle de l’histoire de la Nation. On peut supposer que par la donation nationale, il va plus loin encore en se revendiquant comme un acteur de l’histoire de l’archéologie. Sa physiologie de l’antiquaire, alors qu’il utilisait un pronom collectif, l’insérait de fait et de par sa volonté dans une filiation avec Bernard de Montfaucon et le comte de Caylus. Il poursuit cette démarche par la donation en souhaitant s’inscrire dans l’histoire de l’archéologie française du XIXe siècle. De même, Salomon Reinach publie un catalogue descriptif et raisonné du musée des antiquités nationales qui présente, en partie, les objets de l’antiquaire dont les statuettes Mars debout, Lare debout et un Négrillon 471. Néanmoins, la portée de ses donations est à relativiser ; car si celles-ci ne sont pas négligeables, elles demeurent marginales. La publicité qui en est faite cependant le dote d’une stature incontestable. Cette publicité, en effet, dote l’antiquaire d’un caractère estimable, essentiellement à Reims et devant ses pairs érudits, où il pourra présenter sa contribution nationale ; mais également au-delà. Le journaliste Léon du petit journal, quotidien parisien, qualifie Duquénelle d’ « homme d’un mérite rare et d’une science profonde » et le présente comme celui qui est « parvenu à réunir la plus 469 M.A.N., Fonds « correspondance » : deux lettres de correspondance expédiées par Nicolas-Victor Duquénelle, pour apport d’informations ou communications (1880-1881) ; Annexe 12. 470 NIEUWERKERKE (de), Alfred-Emilien, « Rapport sur les musées impériaux ». Revue universelle des arts, 1863, XVIII, p. 408. 471 REINACH, Salomon, Antiquités nationales : description raisonnée du musée de Saint-Germain-en-Laye, II : Bronzes figurés de la Gaule romaine. Paris : Firmin-Didot, 1894, pp. 55, 135, 211. 120
  • 14. riche et la plus curieuse collection (rémoise) qui existe ». Cette réclame expose et renouvelle la notoriété de l’antiquaire. Les retombées de ce quotidien sont en effet considérables, car la première parution intervient le 1er février 1863. Ce quotidien est bon marché et est édité en masse. La pratique de la donation témoigne d’une soif de légitimation sociale. L’antiquaire Duquénelle se trouve dans la même lignée que les donateurs du XIXe siècle : la donation est, au fond, la perception d’une mission publique de contribution au patrimoine national ; et de revivification de la Nation. Donner au musée est pour l’antiquaire un investissement, puisque le musée est le « temple de l’immortalité » pour reprendre les propos de Véronique Long. L’immortalité d’une collection suggère également celle de l’antiquaire 472. Nicolas-Victor Duquénelle, par la donation, est à la recherche d’un accomplissement : celui de l’antiquaire-citoyen reconnu. Le patriotisme culturel et l’utilité publique de l’antiquaire sont les moteurs de son implication dans la sauvegarde du patrimoine rémois. 472 LONG, Véronique, Art.cit., 2001, p. 45. 121