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UNIVERSITE PARIS IV – SORBONNE
ECOLE DOCTORALE VI – Histoire de l’Art et Archéologie ED 0124
Centre André Chastel UMR 8150
(N° d’enregistrement attribué par la bibliothèque)
THESE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS IV
Discipline : Histoire de l’Art et Archéologie
Présentée et soutenue publiquement par
Mlle Rikke JACOBSEN
Le décembre 2008
Titre :
Le Mobilier en Bois après la Seconde Guerre Mondiale
Etude de cas
Vol.1
Directeur de Thèse : Professeur Bruno FOUCART
* * *
JURY
M. Bruno FOUCART (Paris IV)
Mme Arlette DESPOND-BARRE (Paris IV)
M. François PLASSAT
M.
M.
2
UNIVERSITE PARIS IV – SORBONNE
ECOLE DOCTORALE VI – Histoire de l’Art et Archéologie ED 0124
Centre André Chastel UMR 8150
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DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS IV
Discipline : Histoire de l’Art et Archéologie
Présentée et soutenue publiquement par
Mlle Rikke JACOBSEN
Le décembre 2008
Titre :
Le Mobilier en Bois après la Seconde Guerre Mondiale
Etude de cas
Directeur de Thèse : Professeur Bruno FOUCART
* * *
JURY
M. Bruno FOUCART (Paris IV)
Mme Arlette DESPOND-BARRE (Paris IV)
M. François PLASSAT
M.
M.
3
Remerciement
Mes sincères remerciements vont à :
M. Bruno Foucart et Mme Arlette Despond-Barré
François Plassat (CTBA)
Noémie Nédélec
Nicolas Arvieux
Patricia Asbaek
Laurence Bartoletti (Ucad)
Erwin Beckers (SHR)
Pete Beele (Fira)
Margaret Bisset (TMF/Svensk Möbelindustri)
Christian Burchard (University of Applied Sciences, Munich)
Sören Christensen
Hanne Delfs-Jensen (Danish Funiture)
Richard Faney (Mission économique, Ambassade de France en Allemagne)
Jorma Froblom (VTT building and Transport, Finland)
Marete Degenkolw-Basset (Galerie Dansk)
Patrick Favardin
FRAC
Mirjam Gelfer-Jörgensen
Andreas Granqvist (Formes Scandinaves)
Gorm Harkjaer
Nicolas Hug (Galerie Scandinave)
Keld Korsager (Danish Furniture)
Michael Björn Nellemann (L’Ambassade du Danemark)
Pierre Perrigault (Meubles et Fonction)
Sandra Pini (Mission économique (Ambassade de France au Royaume-Uni)
Vanda Ferreira dos Santos (FAO, Italie)
Alain Streiff (CTBA)
Tout le personnel de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs de Paris et de la
bibliothèque Fornay
Annie-France Berthod-Carvallo
4
De langue maternelle danoise, j’ai rédigé ce mémoire en français.
Je demande votre indulgence pour les maladresses qui pourraient subsister.
5
SOMMAIRE
REMERCIEMENT 3
SOMMAIRE 5
INTRODUCTION 6
CHAPITRE 1 14
LE BOIS, SES DERIVES, SES TECHNIQUES, SA PERCEPTION :
DE LA FORET A LA PLANCHE 14
LA FORET EN EUROPE (ZONES GEOGRAPHIQUES/ZONES ECOLOGIQUES) 15
DEFINITION DES ZONES GEOGRAPHIQUES ET ECOLOGIQUES 15
LES ESPECES : LE BOIS, SA COMPOSITION, SON ASPECT, SA PROVENANCE 37
LA COMPOSITION DU BOIS 37
LA CLASSIFICATION DES ESSENCES 41
LES ESSENCES DE BOIS 47
LES ESSENCES ET LEURS CARACTERISTIQUES 47
L’INDUSTRIE DU BOIS : L’EVOLUTION DE MACHINES ET DES TECHNIQUES, AINSI QUE LES
DERIVES DU BOIS 69
INTRODUCTION 69
LES INDUSTRIES DE LA PREMIERE TRANSFORMATION 71
LES INDUSTRIES DITES LOURDES DU BOIS 73
LES INDUSTRIES DE LA DEUXIEME TRANSFORMATION 93
CHAPITRE 2 99
LA SYMBOLIQUE DU BOIS 99
LA MEMOIRE COLLECTIVE 100
L’ANALYSE SENSORIELLE 111
CHAPITRE 3 124
L’EUROPE DU NORD 124
LA FINLANDE 129
LA SUEDE 138
LE DANEMARK 148
CHAPITRE 4 216
L’EUROPE CENTRALE DE L’OUEST 216
LA GRANDE-BRETAGNE 217
L’ALLEMAGNE 232
LA FRANCE 244
CHAPITRE 5 303
L’EUROPE DU SUD 303
L’ITALIE 304
L’ESPAGNE ET LE PORTUGAL 319
CONCLUSION 320
TABLE DES MATIERES 328
GLOSSAIRE 333
BIBLIOGRAPHIE 337
INDEX 335
6
INTRODUCTION
Aperçu historique
En consultant le terme « Bois » dans le Dictionnaire International des Arts Appliqués
et du Design1
, nous pouvons lire :
Matériau connu de longue date, le bois reste aujourd’hui l’un des principaux matériaux de construction et
d’ouvrage. Ses utilisations ont été multipliées par l’apparition des produits dits « dérivés du bois » qui
complètent ou remplacent le bois massif réservé aujourd’hui aux applications nobles ou structurelles. Obtenus
économiquement par pressage de particules ou de feuilles de bois, les dérivés du bois sont livrés en demi-
produits, panneaux et plans directement utilisables et présentant une grande stabilité dimensionnelle. Les bois
massifs ou dérivés présentent une grande diversité de nuances qui se travaillent en général aisément, s’usinent,
s’assemblent et se cintrent pour certaines d’entre elles. L’atout principal des bois réside dans sa faible densité.
Leurs limites d’utilisation correspondent à leur faible résistance naturelle au feu et à l’humidité. Matériau
vivant, le bois a été l’une des matières de prédilection des designers, qui ont aussi progressivement appris à
utiliser les dérivés du bois et s’adaptent aujourd’hui à de nouvelles combinaisons bois/matériaux synthétiques.
Le bois, matériau de premier ordre, omniprésent, nous suit dans notre quotidien, à travers la
nature, l’architecture, l’ameublement, l’histoire, mais également la littérature, la poésie, la
musique, la peinture et la sculpture.
Le bois (…) de la naissance à la mort, accompagne les actes quotidiens de la vie humaine2
.
Le bois n’est pas un matériau comme les autres. Il n’est pas rare que les qualificatifs employés
pour le qualifier soient subjectifs. On trouve ainsi les termes chaleureux, humain, beau,
vivant, etc. qui lui sont associés alors que d’autres matériaux comme le verre, le métal ou le
plastique sont souvent dits : froids, inhumains etc.
Le bois est également souvent évocateur de souvenirs familiers, il nous ramène à notre
enfance et à ses balades en forêt, ses cabanes au fond du jardin, à l’arbre dans le jardin chez
nos grands-parents.
Choix du sujet
Le choix du sujet a été motivé par nos recherches antérieures3
et par son aspect novateur.
Le mobilier, et donc le matériau bois, fait partie de notre quotidien depuis des siècles, et nous
accordons aujourd’hui une place grandissante à l’aménagement de nos intérieurs.
Nos recherches antérieures nous avaient permis de constater à quel point le mobilier en bois
est présent dans la tradition mobilière européenne. La thématique mobilier plastique et
métallique ayant été largement exploitée dans la littérature traitant du design du 20ème
siècle,
nous nous sommes interrogés de la même façon sur la place occupée par le bois au lendemain
de la Seconde Guerre Mondiale, période marquée par l’avènement de nouveaux matériaux au
sein des foyers européens.
1Despond-Barré, Arlette (dir), Dictionnaire International des Arts Appliqués et du design, Paris, Editions du
Regard, 1996, p.82
2« Le bois et l’Homme », in Revue du bois et de ses applications, n° 5, mai 1977, p.55, s.a.
3Maîtrise sur le thème « Kaare Klint, designer danois », et DEA sur le thèse de « L’influence Scandinave dans le
mobilier française », Université Sorbonne Paris IV, sous la direction de Bruno Foucart et d’Arlette Despond-
Barré.
7
La forte présence du matériau bois dans l’ameublement est indéniable, tout particulièrement
en ce qui concerne le mobilier. Jacqueline Viaux le souligne bien dans son ouvrage paru en
19974
, consacré à l’historique des bois d’ébénisterie dans le mobilier français :
Le matériau le plus important dans le meuble est le bois.
Elle évoque également un certain infléchissement dans l’usage du bois dans l’ameublement,
infléchissement qui se situerait selon elle autour de 1950-1960 :
Après 1950, contreplaqué, métaux divers, rotin, verre, toutes sortes de matières plastiques évincent peu à peu les
bois indigènes ou exotiques5
.
C’est cependant la « pérennité » du bois, pour reprendre l’expression de François Plassat du
Centre Technique du Bois et de l’ameublement6
, qui nous intéresse tout particulièrement.
Cette omniprésence du bois et ses implications dans la création mobilière constituent donc
notre sujet d’étude, ainsi que les questions que posent les nombreuses illustrations du mobilier
en plastique ou métal dont sont largement pourvus les ouvrages traitant du mobilier pour la
période 1945-1980.
Problématique : Approche technologique : une autre façon d’aborder le mobilier.
L’importance du mobilier en bois concernant les créations d’avant 1900-1910 est reconnue.
Mais l’émergence du mouvement moderne remettra en cause l’utilisation exclusive du bois en
tant que matériau, c’est du moins ce qu’affirment nombre d’ouvrages analysant cette période.
Le catalogue de l’exposition au Victoria & Albert Museum à Londres « Modernism :
Designing a New World 1914-1939 »7
semble enfin remettre à sa juste place le mobilier en
bois dans le mouvement du modernisme, notamment avec les créations organiques du suédois
Alvar Aalto.
Mais qu’en est-il à partir du milieu du 20ème
siècle et jusqu’à nos jours? Le temps de
l’hégémonie du bois dans l’ameublement serait-il révolu ?
Plusieurs constatations semblent pourtant évoquer le contraire :
Nos différentes visites au Salon « Habitat » tenu dans le Jardin des Tuileries8
et au Salon du
Meuble de Paris entre 2004 et 2008, nous ont prouvé que le matériau bois joue encore un
grand rôle dans la création de mobilier en France, mais également en Europe et dans le reste
du monde.
4Jacqueline Viaux-Locquin, Les bois d’ébénisterie dans le mobilier français, Paris, Léonce Laget, 1997, p.XIII.
5Ibid, p.96
6François Plassat, Réflexions sur le bois dans l’aménagement intérieur en particulier dans l’ameublement :
problématique d’une pérennité souhaitée. Texte qui nous a été remis en mains propres lors de notre entretien
avec M. Plassat, chargé de mission au pôle ameublement au Centre Technique du Bois et de l’Ameublement, le
30 janvier 2004. Publié en octobre 2002 « La pérennité du bois » in Revue mensuelle de la société amicale des
anciens élèves de l’Ecole Polytechnique », n° 578, octobre 2002.
7Wilk, Christopher (éd.), Modernism: Designing a New World 1914-1939, V&A Publications, Londres, 2006.
8Salon Habiter Paris du 18 au 22 octobre 2003
8
En outre, l’exposition qui s’est tenue il y 4 ans à l’Hôtel de Ville de Paris « Du cœur à
l’ouvrage »9
, organisée par les Compagnons du Devoir, Association ouvrière des
Compagnons du Devoir du Tour de France, dans le but de revaloriser le travail du bois, de
l’ébénisterie et de la menuiserie, nous démontre, s’il en était besoin, l’importance que nous
accordons encore aujourd’hui à ce matériau de vieille tradition.
En consultant les différentes entreprises présentes lors du Salon international de Cologne10
,
nous avons pu noter que la grande majorité des exposants était orientée vers une production
de mobilier en bois et ceci pour l’ensemble des pays présents. Gardons à l’esprit que le Salon
annuel de Cologne est le salon le plus important en matière d’ameublement. Il est, cependant,
plutôt représentatif du marché du meuble en général, et non de la catégorie particulière que
constitue le mobilier contemporain du 21ème
siècle, tel qu’on le trouve dans des magazines
d’intérieur et de design, comme Intramuros, Idd, Form ou encore bien d’autres, ainsi qu’aux
Salons du Meuble de Milan ou de Copenhague. Et à la lecture de magazines couvrant la
période 2004-2007, on se rend rapidement compte que ce n’est pas le mobilier en bois qui
semble occuper la plus grande place, mais plutôt les créations issues de matériaux divers.
Nous nous trouvons alors au cœur de notre problématique, à savoir : où se trouve la véritable
place du bois dans la création mobilière d’après guerre, et quelles peuvent en être les raisons :
Les bois subissent la loi de la mode. Au début certaines essences ont du mal à s’imposer. En général cela
correspond à une période faste au niveau des approvisionnements, puis la mode se développe, la demande
augmente pour ces essences, les approvisionnements deviennent plus difficiles à effectuer, les coûts augmentent
l’entreprise doit rechercher une essence de substitution dans le même créneau de prix. Ainsi quand la situation
est bonne en amont, elle l’est moins en aval et au fur et à mesure que la situation s’améliore en aval, la difficulté
se reporte en amont, du fait que tout la demande se reporte sur une essence11
.
Cette citation de Pierre Parisot, Chef du département ameublement au Centre Technique du
bois (CTBA12
) illustre assez bien toute la difficulté de notre sujet. En effet, le mobilier en bois
est, comme tout objet de consommation, soumis à des effets de mode. Mode qui pourrait
expliquer en grande partie certains moments forts de l’utilisation de ce matériau dans
l’ameublement.
Objectifs et méthode (le choix du sujet et de la période).
Le choix de l’étendue de notre étude, à la fois concernant la chronologie et la zone
géographique, voire écologique, a été difficile. L’envie d’étendre notre étude jusqu’à
aujourd’hui et d’analyser la création dans le monde entier était forte mais impossible. En se
voulant exhaustive une telle étude ne se serait révélée que trop superficielle.
Ainsi, le choix s’est finalement porté sur la période de l’après-guerre jusqu’aux années 1980,
afin d’avoir le recul nécessaire à cette analyse. Depuis les années 80 la mondialisation des
styles rend extrêmement difficile la détermination d’un style propre et représentatif de chaque
pays. La tendance actuelle des grands designers étant de travailler pour plusieurs entreprises à
9Du cœur à l’ouvrage, exposition des Compagnons menuisiers ébénistes du Devoir à l’Hôtel de Ville de Paris en
janvier 2004, puis itinérante dans les grandes villes françaises et à Bruxelles.
10Salon du Meuble de Cologne du 19 au 25 janvier 2004 (www.imm.com)
11Dutertre, P. (propos recueillis par), « Dossier : Techniques nouvelles de l’ameublement, interview avec M.
Pierre Parisot, chef du département ameublement CTBA », in Revue du bois et de ses applications, n°4, avril
1982, p.24-25.
12CTBA (Centre Technique du bois et de l’Ameublement)
9
la fois, des entreprises souvent situées dans des pays différents, rend également délicate toute
catégorisation.
Si notre souhait a été dans un premier temps de travailler sur la création mondiale nous nous
sommes rapidement rendu compte de la complexité de cette tâche. Par conséquent, le choix a
consisté à privilégier l’établissement de zones géographiques basées sur des zones
écologiques comprenant l’Europe du Nord, l’Europe Centrale et l’Europe du Sud. L’accent a
été mis sur la différence d’interprétation entre la France et la Scandinavie, en particulier le
Danemark, deux pays qui, chacun à leur manière, sont particulièrement représentatifs d’une
vision du mobilier en bois. D’un côté, le Danemark, baigné dans une vieille tradition
d’ébénisterie et de création mobilière en bois, et qu’il a su transformer avec succès en design
d’avant-garde dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, de l’autre, la France, également
détentrice d’une longue tradition dans le domaine de l’ébénisterie et du mobilier en bois, mais
qui se différencie en montrant plus d’ouverture à l’usage d’autres matériaux. De même, il
nous a semblé intéressant de comparer ces deux pays dont les échelles sont bien différentes :
le Danemark, petit pays et faible producteur de bois, face à la France, grand pays et l’un des
premiers producteurs de bois européens. Concernant l’Europe du Nord, nous avons également
retenu la Suède et la Finlande dans notre étude ; à la fois grands producteurs de bois et de
mobilier en bois. Pour l’Europe Centrale, nous nous intéresserons à l’Allemagne, grand
producteur de mobilier ainsi que la Grande-Bretagne, outsider du marché du mobilier. Enfin,
pour ce qui est de l’Europe du Sud, nous nous attacherons plus particulièrement à l’Italie,
leader européen incontesté du design, bien qu’ayant très peu de ressources de bois qui lui
soient propres. Ces sept pays ont donc été retenus principalement pour leur rôle joué dans le
monde du design et de l’ameublement au cours de la période étudiée, mais également parce
qu’ils présentent des caractéristiques bien différentes les uns des autres. Notre étude
s’appuiera toutefois, de temps à autre, sur des exemples issus d’autres pays que ceux
précédemment cités.
L’exemple de la France a été largement étudié et mis en avant, afin d’occuper une place
privilégiée dans notre étude, et ceci parce que son exemple est particulièrement intéressante.
Grand producteur de bois ; grande nation d’ébénisterie présentant une complexité intéressante
dans le débat entre une tradition ancienne de l’ébénisterie et une vision nouvelle du design,
qui est encore fortement d’actualité aujourd’hui.
De part sa grande diversité de types de forêt, la France reste également un exemple très
intéressant. De même, la France demeure le plus important producteur européen de bois non
conifère et appartient au cercle de pays grands producteurs de bois.
Il nous a semblé intéressant d’étudier si cette grande diversité de forêt et de production de
bois en France, d’une façon ou d’une autre a pu créer une plus grande diversité au niveau de
la création mobilière.
Jusqu’à aujourd’hui aucun travail universitaire n’a, à notre connaissance, traité du design et
d’un matériau.
Nos recherches antérieures, principalement sur le design et le mobilier scandinave, ainsi que
l’importance de ce même design en France pendant les années 40 et 50, nous permettent
aujourd’hui d’émettre l’hypothèse que le bois reste le matériau de prédilection des créateurs.
Encore aujourd’hui, seul l’ouvrage de référence de Mme Jacqueline Viaux-Locquin Les bois
d’ébénisterie dans le mobilier français, datant de 1997 traite de ce sujet13.
13Viaux-Locquin, J., Les bois d’ébénisterie dans le mobilier français, op. cit.
10
Le choix de déterminer des zones écologiques a pour but de faciliter la compréhension et la
comparaison des diverses traditions du mobilier en bois dans ces différents pays et zones.
Pouvons-nous parler de certaines similarités/différenciations dans l’importance du mobilier en
bois ou existe-t-il une vision européenne uniforme ? La possession de grandes ressources
forestières engendre-t-elle toujours une grande production mobilière en bois ? Et par voie de
conséquence, les petits pays ou ceux à faibles ressources forestières, tels que le Danemark, la
Grande-Bretagne ou l’Italie, sont-ils des petits producteurs de mobilier en bois ? Voilà les
questions qui alimenteront notre étude.
Limites de l’étude, questions chronologiques; justification du corpus
Nous aurions pu nous contenter de travailler uniquement sur le mobilier en bois en France, ce
qui aurait grandement facilité notre travail de recherche. Mais il nous semblait réducteur de
procéder ainsi, l’intérêt de l’étude aurait été considérablement amoindri si l’évolution du
mobilier en bois en France avait été sortie de son contexte européen. Il va pourtant de soi que
la France, occupera une place importante dans notre travail et que c’est à partir de ce pays que
notre étude a débuté. Cependant, il nous faudra garder à l’esprit que, jusqu’après la seconde
Guerre Mondiale, la création mobilière française n’a pas toujours fait l’admiration de tous,
elle était, au contraire, souvent décriée pour son apparent manque d’originalité en
comparaison de pays plus novateurs tels que les pays scandinaves, la Grande-Bretagne,
l’Italie ou les Etats-Unis. Il suffit pour cela de consulter le magazine italien Domus et
notamment les articles consacrés au fameux Salon de Milan pour entrevoir le peu
d’illustrations réservées aux créations françaises. De même, en consultant les ouvrages dédiés
au design et publiés dans d’autres pays européens, on constate que si l’intérêt pour la création
en France était grand autour des années 1900 et l’Art Nouveau ainsi que dans les années
1925-1930 avec le formidable essor de l’Art Déco, peu de pages sont néanmoins consacrées à
la France après la Seconde Guerre Mondiale. Ce fait explique notre décision d’étendre l’objet
de notre étude à l’ensemble de l’Europe, ce qui a permis d’acquérir plus de données et donc
de pertinence dans notre analyse.
Nous ne prétendons nullement vouloir atteindre une parfaite exhaustivité du champ
géographique étudié, mais notre intention est clairement d’offrir une lecture différente de la
création mobilière de la période étudiée. De plus, notre étude s’attachera, non seulement à la
création mobilière d’avant-garde, mais également à un aspect plus « populaire », accessible,
de cette même création.
La littérature existante : Etat de la recherche
Les ouvrages abordant la thématique du mobilier ne manquent pas, de même que ceux
attachés à l’étude des matériaux. Nous n’avons cependant pas trouvé un seul recueil consacré
au mobilier en bois en tant que tel pour la période de temps qui nous intéresse, ce qui légitime
sans nul doute le choix de notre sujet.
Dans les ouvrages généraux sur le mobilier et le design en France, peu d’auteurs se
préoccupent véritablement de matériaux autres que les plastiques, dont l’envolée, à partir de la
fin des années 50, est indéniable. Seul l’ouvrage « Design, techniques et matériaux » sous la
direction de Raymond Guidot datant de 2006 consacrait quelques pages au design en bois14
.
14Guidot, Raymond (dir), Design, techniques et matériaux, Paris, Flammarion, 2006
11
Nous avons également trouvé un exemple probant en Angleterre où l’éminent professeur et
spécialiste du design, Penny Sparke n’accorde que quelques pages aux matériaux, notamment
au bois (bois courbé et contreplaqué)15
.
De façon générale, il nous faut chercher les informations concernant le mobilier en bois dans
des ouvrages spécialisés entièrement dédiés au matériau. Malheureusement, ces ouvrages ne
traitent que parcimonieusement du mobilier, et plus rarement encore, du mobilier du 20ème
siècle. C’est donc là que réside toute la difficulté de notre approche. Il nous a fallu consulter
des magazines de décoration et de design, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale
jusqu’à aujourd’hui : des magazines français, en raison de leur facilité d’accès, mais
également des revues étrangères comme Design, House and Garden (Grande Bretagne), Form
(Allemagne), Kunsthaandvaerk (Danemark), Domus (Italie), etc.
Ont surtout été privilégiés des magazines publiés depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui
nous a permis de suivre l’évolution du mobilier en bois ainsi que sa présence plus ou moins
marquée dans ces différents magazines.
Nous pouvons également regretter le fait que, parmi les auteurs d’articles et d’ouvrages sur le
design, très peu s’intéressent aussi à la question des matériaux. Cela se traduit entre autres par
l’omission de la nature du bois employé dans la rédaction des légendes accompagnant les
illustrations ce qui rend leur lecture très ardue, a fortiori lorsque celles-ci sont en noir et blanc.
Il devient très difficile de distinguer un meuble en chêne d’un autre en frêne dans une même
tonalité de gris. Depuis l’introduction de la couleur, les suppositions quant à la nature des bois
employés s’en sont trouvées facilitées bien que toujours hypothétiques. Aujourd’hui encore
peu d’auteurs d’articles s’attachent à mentionner clairement la nature des bois utilisés.
Les meilleures sources (photos de réalisations innovantes) se trouvent, sans aucun doute, dans
les magazines spécialisés, comme La Revue du bois et ses applications même si le mobilier ne
constitue pas leur sujet de prédilection, plus orienté « techniques du bois ».
Ainsi une lecture assidue de la quasi totalité des ouvrages généraux consacrés au design a été
nécessaire afin de tenter de trouver des indications. Nous n’en avons malheureusement trouvé
que très peu par ce biais, ce sont les documents photographiques qui nous ont été les plus
précieux.
Les sources (les outils de recherche retenus)
Notre étude s’appuie sur l’étude de documents (monographies et magazines), mais également
sur la consultation d’un nombre de sources informatiques et tout particulièrement les sources
mise en ligne par la FAO. Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture ;
le département des forêts de la FAO s’est spécialisé dans la répartition des ressources
forestières a l’échelle mondiale, et publie régulièrement le résultat de ses recherches. Par le
biais de FAOSTAT, la base de données statistiques de la FAO, nous disposons d’un
instrument multilingue en ligne qui contient, à l’heure actuelle, plus d’un million de données
sur des séries chronologiques provenant de plus de 210 pays et territoires et qui fournit des
statistiques en matière d’agriculture, nutrition, pêche, foresterie, aide alimentaire, utilisation
des terres et population. « FAOSTAT – Forêts » fournit également des estimations annuelles
sur la production et le commerce pour de nombreux produits forestiers, en particulier les
produits dérivés du bois comme le bois d’œuvre, les panneaux dérivés du bois, la pâte et le
15Sparke, Penny, 100 ans de design, Paris, Octupus France/Hachette-Livre, 2002. Traduit de la version originale,
A Century of Design, sl, Reed Consumer Books Limited, 1998.
12
papier. Pour de nombreux produits forestiers, des données historiques sont disponibles à partir
de 1961. Ces estimations sont fournies par les pays moyennant une enquête annuelle menée
par la FAO en collaboration avec l’Organisation internationale des bois tropicaux, la
Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et EUROSTAT (le Conseil des
statistiques européennes). Pour les pays n’ayant pas communiqué leurs informations à l’aide
du questionnaire, la FAO estime la production annuelle sur la base des revues commerciales,
des annuaires statistiques et d’autres sources. Lorsque les données ne sont pas disponibles, la
FAO répète les chiffres précédents jusqu’à ce que de nouvelles informations lui parviennent.
Sont également disponibles les différents chiffres du commerce international du bois
(production, import, export)16
. Source de premier ordre, les informations de la FAO ont
permis d’établir les différentes zones écologiques et leurs caractéristiques, ainsi que les
ressources forestières des différentes zones et pays faisant partie de notre étude. Par le biais de
FAO nous avons également pu obtenir les principales tendances du commerce du bois
concernant les différents pays européens depuis 1961.
Les principaux axes de l’étude, direction de l ‘étude
Ce que nous proposons ici est une lecture nouvelle de la création mobilière pour la période de
l’après Seconde Guerre Mondiale jusqu’à la fin des années 70, basée sur l’étude d’un
matériau unique, le bois, et non sur la seule chronologie des réalisations ou sur le travail d’un
créateur isolé comme cela a souvent été le cas. Cette lecture est unique. Pour plus de lisibilité,
nous avons privilégié une présentation principalement thématique et chronologique. De plus,
afin de mieux pénétrer le secteur du mobilier en bois, une étude approfondie du matériau et
des différentes essences existantes s’avère tout aussi indispensable que celle des divers
aspects techniques et de ses usages.
Notre propos consiste également à essayer de comprendre l’évolution des phénomènes de
« mode » touchant le domaine du mobilier. Pourquoi, le mobilier en bois foncé est-il préféré à
celui en bois clair à certaines périodes (et vice versa) ? Pourquoi préférer le chêne au pin ?
Pourquoi le bois massif est-il le plus souvent remplacé par des panneaux de particules
(replaqué) ou de fibres (replaqué ou teinté)? Parfois le bois naturel ou ciré l’emporte sur le
bois peint et inversement, quelles en sont les raisons ? De même, pourquoi certains pays, tels
que les pays scandinaves, préfèrent-ils en général les essences claires aux bois foncés, comme
c’est le cas en France, certaines années ?
Afin d’aborder au plus près le matériau qu’est le bois, la première partie de notre étude sera
consacrée à la répartition des forêts en Europe et donc à la détermination de zones
géographiques et écologiques sur le continent ; ceci afin d’établir les caractéristiques de
chacune et de pouvoir comparer ensuite la relation ressource forestière/production de mobilier
en bois. Seront ensuite étudiées les différentes espèces : leur classification, aspect,
composition et provenance sont ainsi passés en revue. Nous nous intéresserons ensuite aux
essences les plus caractéristiques et les plus fréquemment employées dans le mobilier :
caractéristiques et usages. Le chapitre sur les essences est largement inspiré du livre de
Jacqueline Viaux-Locquin qui a effectué un remarquable travail de recherche et retrace
l’historique des différents bois utilisés en ébénisterie en France. Nous avons tenté de
compléter ces informations par des données plus récentes notamment concernant la
disponibilité et le prix des différentes essences de bois, deux paramètres qui s’avèrent
essentiels, lors du choix par le designer ou le fabricant de l’essence employée. Nous
16Source : www.fao.org
13
étudierons également l’évolution des caractéristiques des bois ainsi que celle des machines et
nous tenterons de déterminer en quoi celle-ci a pu influer sur l’évolution du mobilier en bois.
Nous intégrerons également à notre étude, les placages, colles, lamellé-collés, contre-plaqués,
panneaux, et tous matériaux de transformation récents, dans le souci de comparer les
avantages et inconvénients de ces nouveaux matériaux dérivés du bois par rapport à ceux du
bois massif.
Nous étudierons ensuite, par zones, le mobilier en bois dans chacun des pays retenus pour
notre étude, soit la Finlande, la Suède et le Danemark en ce qui concerne l’Europe du Nord,
puis la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France pour l’Europe de l’Ouest, en terminant par
l’Europe du Sud, représentée par l’Italie. Ceci dans le but de retenir les caractéristiques
propres à chaque pays et chaque zone. Afin de faciliter la lecture, chaque sous-partie traitera
de quelques faits marquants, historiques, politiques et sociaux pour chaque pays, ainsi que de
l’importance de l’industrie du bois dans son économie. Nous retiendrons également les
particularités des fabricants de mobilier de chaque pays, tout en les rattachant à l’historique et
à la tradition du mobilier en bois dans chacun, afin de déterminer quelle place celle-ci y
occupe. Nous ferons pour cela appel à un échantillon représentatif de créateurs et de sociétés
dans chaque pays étudié.
De plus, une partie de cette étude prendra en compte les aspects historiques et sociologiques,
car ces éléments sont indispensables à la compréhension du matériau bois et à son évolution,
et sont également indissociables pour des effets de « mode » ou de changement dans
l’utilisation du bois pour le mobilier.
Nous nous efforcerons de donner une vision la plus complète possible de la création mobilière
de chaque pays étudié, afin de démontrer à quel point le mobilier en bois est omniprésent dans
la création moderne et contemporaine au cours de la période 1945-1980 bien que les
nouveaux matériaux, comme le plastique et les matériaux de synthèse, aient connu leur plein
essor à cette même période.
Si nous avons choisi de séparer la partie « technique » de la partie consacrée au mobilier, à
proprement dire, c’est dans le but de faciliter la compréhension du lecteur quant à
l’importance du bois en tant que matériau. En effet, le design d’un objet ou d’un meuble ne
peut aucunement être compris en prenant seul en compte la forme ou la fonction de l’objet. Le
matériau fait partie intégrante du processus de création et de la réflexion du créateur.
L’intermède entre les deux parties, sur la symbolique et la sensorialité du matériau bois aura
pour but de nous sensibiliser à l’omniprésence du bois dans notre univers et son effet sur notre
sensibilité.
14
Chapître 1
* * *
LE BOIS, SES DERIVES, SES TECHNIQUES, SA PERCEPTION : DE
LA FORET A LA PLANCHE
15
La forêt en Europe (zones géographiques/zones écologiques)
DEFINITION DES ZONES GEOGRAPHIQUES ET ECOLOGIQUES
Suivant les données publiées dans le rapport de la FAO sur « l’Etat des forêts dans le monde en 1997 »,
la masse forestière mondiale a tendance à régresser (cf.vol.2, annexe 1, fig.5 et 6) : entre 1980 et 1995, la
superficie totale des forêts a diminué d’environ 180 millions d’hectares. Alors que dans les pays développés, on
enregistre une augmentation nette de la couverture forestière de l’ordre de 20 millions d’hectares, dans les pays
en voie de développement, on relève une diminution nette de 200 millions d’hectares (cf.vol.2, annexe 1, fig.6).
(…)
On peut attribuer ces variations de la couverture forestière, notamment en ce qui concerne les forêts tropicales,
aux facteurs suivants : expansion de l’agriculture de subsistance en Afrique et en Asie, et programme de
développement économique de grande envergure menés en Amérique latine et en Asie, ayant impliqué une
redistribution de la population et affecté en conséquence l’agriculture et l’infrastructure. L’augmentation nette
de la couverture forestière dans les pays développés est due en grande partie aux phénomènes de reboisement ou
repeuplement forestier, incluant une régénération naturelle dans les régions où l’activité agricole a été réduite
ou abandonnée. Dans certaines zones forestières de divers pays développés, cette expansion a avantageusement
compensé l’abattage des arbres17
.
Ces chiffres édifiants (et politiquement corrects) de la FAO occultent cependant, sous le terme
générique de « expansion de l’agriculture de subsistance », l’utilisation majoritaire (90%) et
nécessaire du bois tropical comme matériau de construction local et combustible premier local
seul disponible, comme ce fut le cas au cours des siècles passés dans tous les pays dits
aujourd’hui « développés », dont la France de Colbert, avec son charbon de bois de chablis
indispensable à l’industrie naissante et ses chênes bi-centenaires non moins indispensables à
la marine, marchande ou de guerre.
Les questions liées à l’écologie sont de plus en plus présentes lors du choix des essences
employées et contribuent parfois à réduire voire totalement interdire l’emploi d’une essence.
L’acajou de Cuba en est un bon exemple puisqu’il a, depuis plusieurs années, pratiquement
disparu du commerce du bois, ceci en raison de son exploitation non maîtrisée, ce qui l’a fait
inscrire en Annexe I de la CITES18
en tant que végétal en voie de disparition (seul est licite
leur commerce provenant de stocks antérieurs à la date de l’interdiction et dûment prouvés
comme tels).
17Vigué, Jordi, Le Grand Livre du bois : le matériau, les outils, la menuiserie, l’ébéniste, Paris, Ed. Place des
Victoires, 2002 (pour l’édition française), Barcelone, Gorg Blanc, 2001 (pour la version espagnole), p. 14.
18La convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
connue par son sigle CITES ou encore comme la Convention du Washington, est un accord international entre
Etats. Elle a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d’animaux et de plantes
sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent. La CITES contrôle et réglemente le
commerce international des spécimens des espèces inscrites à ses annexes. Toute importation, exportation,
réexportation (exportation d’un spécimen importé) ou introduction en provenance de la mer de spécimens des
espèces couvertes par la convention doit être autorisée dans le cadre d’un système de permis. Chaque partie à la
convention doit désigner au moins un organe de gestion chargé d’administrer le système de permis et au moins
une autorité scientifique qui lui donne son avis sur les effets du commerce sur les espèces. Les espèces couvertes
par la CITES sont inscrites à l’une des trois annexes de la convention selon le degré de protection dont elles ont
besoin. L’annexe I comprend toutes les espèces menacées d’extinction. Le commerce de leurs spécimens n’est
autorisé que dans des conditions exceptionnelles. L’Annexe II comprend toutes les espèces qui ne sont pas
nécessairement menacées d’extinction mais donc le commerce des spécimens doit être réglementé pour éviter
une exploitation incompatible avec leur survie. L’Annexe III comprend toutes les espèces protégèes dans un
pays qui a demandé aux autres parties à la CITES leur assistance pour en contrôler le commerce.
(www.cites.org)
16
L’Europe compte environ 1 milliard d’hectares de forêts, soit 27 % de la superficie forestière
mondiale (cf.vol.2, annexe 1, fig.1 et fig.4). A elle seule la Fédération de Russie possède 851
millions d’hectares (cf.vol.2 annexe 1, fig.3 et10) ; la Suède et la Finlande en comptent 49
millions d’hectares ; le reste de l’Europe en possède moins de 15% (cf.vol.2 annexe 1, fig.2 à
4). On compte environ 1.4 ha de forêt par habitant, ce qui constitue une superficie moyenne
considérablement supérieure à la moyenne mondiale. Quasiment toutes les forêts d’Europe
s’inscrivent dans le domaine écologique boréal, et l’Europe possède quasiment 80 % de
l’ensemble des forêts boréales de conifères19
.
Le FAO partage l’Europe en plusieurs zones écologiques, et distingue différents genres de
forêts dans son rapport le plus récent, sorti en 200520
.
ZONES GEOGRAPHIQUES EN EUROPE
Aucune définition n’est donnée sur ce que l’on entend par « Etat européen ». Les limites de
l’Europe géographique ne sont pas définitivement tracées, celles du continent européen
encore vagues.
Toutefois, plusieurs délimitations ont été proposées. La plupart du temps, celles-ci ont été
artificiellement créées pour raisons politiques. Les géographes sont en grande majorité
d’accord pour délimiter le continent européen comme suit : l’Oural et le Caucase à l’est, la
Méditerranée, la mer Noire, les détroits du Bosphore et de Gibraltar au sud, l’océan
Atlantique à l’ouest, et enfin l’océan Arctique au nord.
L’Europe est simplement une abstraction utilisée pour rendre compte d’un ensemble de peuples et pays
culturellement et géographiquement proches. En cela, l’Europe est une région géographique dont les limites
sont essentiellement politiques et donc très instables, voir ambigües. Il est donc scientifiquement improuvable de
dire par exemple qu’un pays est strictement « en Asie » et non « en Europe ». Mais, à partir du moment où il est
situé sur le continent eurasiatique, on pourrait définir le caractère européen ou non d’un pays selon d’autres
critères que géographiques21
.
L’autre thèse consiste à affiner le contour de l’Europe en fonction des Etats membres du
Conseil de l’Europe, renvoyant donc davantage à une dimension historique.
Mais, comme le montrent bien les discussions à propos de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE),
ce sont évidemment les considérations historiques, culturelles et politiques qui donnent sa substance au débat.
Ce que l’on a appelé et ce que l’on appelle l’Europe ne relève pas d’un déterminisme géographique, mais
renvoie à l’histoire. Le substrat gréco-latin, le legs judéo-chrétien ont forgé une identité, et les clivages monde
catholique/monde orthodoxe, chrétienté/islam ont distingué des aires de civilisation. De plus, depuis le XVIIIe
siècle, la plupart des États appartenant à l’UE ont connu, avec des temporalités et des intensités diverses, des
évolutions historiques voisines : mouvement des Lumières, révolutions, naissance de l’État moderne,
industrialisation, apparition des démocraties et confrontation de celles-ci avec des régimes dictatoriaux ou
totalitaires, deux guerres mondiales, naissance de l’État-providence… Ou à tout le moins, compte tenu
notamment de la fracture Est/Ouest de la seconde moitié du XXe, se sont-ils situés par rapport à elles. Les
grands courants artistiques ont bien évidemment contribué eux aussi à l’affirmation de sensibilités partagées. La
19Rapport principal de la FAO datant de 2000 p.180. Peut se consulter sur internet www.fao.org
20L’évaluation des ressources forestières mondiales 2005 (FRA 2005). Disponible sur le site internet de la FAO
http://www.fao.org/forestry/index.jsp
21Encyclopédie libre « Wikipédia » article « Limites de l’Europe » consulté sur le site
http://fr.wikipedia.orf/wiki/limites_de_l’Europe le 4 août 2006
17
candidature de la Turquie - celle du Maroc présentée en 1987 a été refusée - confère une brûlante actualité à
cette question d’une définition de ce qui est européen et de ce qui ne l’est pas. 22
Nous avons choisi de nous rallier à la définition proposée par la FAO.
ZONES ECOLOGIQUES EN EUROPE23
La FAO divise le monde en zones écologiques de la façon suivante :
Au niveau 1, niveau le plus général équivalent aux groupes climatiques du modèle Köppen-Tréwartha, cinq
domaines sont définis en fonction de la température : tropical, subtropical, tempéré, boréal et polaire.
Au deuxième niveau, 20 classes ou zones écologiques sont différenciées, indiquant de grandes zones à végétation
relativement homogène, comme la forêt boréale de résineux. Les noms des zones écologiques mondiales
traduisent la végétation zonale dominante. Les végétations typiquement azonales, comme les mangroves, les
landes et les marécages, ne sont pas classées, ni cartographiées séparément.
Le niveau 2 est le niveau de référence ou de travail de la carte des zones écologiques mondiales. Ces zones ont
été délimitées à l’aire des données macro climatiques et des cartes existantes de la végétation climatique ou
potentielle. L’utilisation des cartes de la végétation a permis d’obtenir une délimitation plus précise des zones
écologiques. Si l’on avait considéré uniquement les cartes climatiques généralisées, les zones de la carte finale
n’auraient peut-être pas coïncidé parfaitement avec les limites d’unités de végétation homogènes24
.
Forêt subtropicale sèche25
La forêt subtropicale sèche se situe principalement dans la région méditerranéenne, au-dessus
de 800m d’altitude, incluant la péninsule ibérique (à l’exception du nord), le bassin du Rhône,
la péninsule apennine, la Dalmatie et la Grèce, ainsi que toutes les îles européennes de la
Méditerranée. Elle se caractérise principalement par la présence des espèces Olea europaea
(olivier) et Quercus ilex (chêne vert). Une espèce domine typiquement le couvert : Quercus
sempervirens (chêne toujours vert). Quercus ilex (chêne vert) et ses différentes sous-espèces
se font concurrence le plus souvent dans des sites humides ou subhumides.
Forêt subtropicale de montagne
La forêt subtropicale de montagne, comprend la chaîne ibérique, les Apennins, les montagnes
grecques ainsi que les montagnes de Corse et de Sardaigne. La zone commence à environ
600-800 m d’altitude, et localement jusqu’à 3 500 m. Les températures y sont plus basses, des
gelées plus fréquentes, les précipitations plus abondantes et la période de sécheresse estivale
plus courte que dans la zone de la forêt subtropicale sèche. La végétation de cette zone est
généralement formée d’espèces de chênes décidus.
22Source : http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/union-europeenne/approfondissements/frontieres-
europe-union-europeenne.html
23
Source : L’évaluation des ressources forestières mondiales 2000 (FRA 2000). Disponible sur le site internet de
la FAO
24Idem. p. 312
25
Dans les textes reproduits ci-après, le mot « décidu » (=qui tombe, d’origine latine, mais inusité en français)
s’applique à une espèce d’arbre à feuille ou aiguilles caduques.
18
Ces forêts sont habituellement assez fermées et ombragées. Dans la péninsule ibérique, les forêts à Quercus
pyrenaica dominent sur la roche-mère siliceuse, alors que Q. faginea occupe des terrains basiques. Dans les
Pyrénées et vers l’est, Quercus pubescens et d’autres espèces de chêne prédominent. Les forêts fermées et
ombragées à Fagus sylvatica, en partie avec Abies alba ou Picea abies et localement Betula pubescens,
remplacent les forêts de chênes décidus à de plus hautes altitudes. Dans la chaîne grecque du Pinde, Abies
borisii-regis substitue Abies alba et constitue souvent l’espèce dominante. A des altitudes encore supérieures, le
chêne et le hêtre cèdent la place au genévrier et au cyprès (Juniperus thurifera, J. excelsa, J. foetidissima, J.
polycarpos, Cupressus sempervirens) ou au pin (Pinus nigra), ainsi qu’au sapin (Abies pinsapo dans la
péninsule Ibérique, et A. cephalonica en Grèce)26
.
Foret tempérée océanique
La forêt tempérée océanique regroupe des aires géographiquement séparées : les côtes
maritimes de l’Espagne et du Portugal, les îles britanniques ; à l’exception des plateaux et des
régions montagneuses de l’Ecosse, la France – à l’exception des parties montagneuses et
méditerranéennes du sud-est ; l’Europe centrale de l’ouest sur une ligne Dantzig-Erfurt-
Vienne et au sud des Alpes, y compris la plaine du Pô, la totalité du Danemark, l’extrême sud
de la Suède, et une bande étroite bordant la côte de la Norvège, ainsi que quelques fjords
abrités appartiennent à cette zone. Le climat de cette zone est influencé par le Gulf Stream et
par la proximité de l’océan. La température annuelle moyenne oscille entre 7° et 13° C, et les
précipitations annuelles varient entre 600 et 1700 mm.
Différents types de forêts de hêtres (Fagus sylvatica) et de forêts de hêtres mixtes forment la végétation
dominante. Ces formations sont les plus importantes en Allemagne et dans les pays voisins. Les forêts pures de
hêtres sont relativement denses. Dans les zones océaniques, Ilex aquifolium est l’espèce caractéristique de la
strate arbustive. Sur les sols pauvres en éléments nutritifs et acides, le hêtre est partiellement mélangé dans le
couvert à Quercus robur et Quercus patraea. Ces peuplements sont pauvres en espèces. Aujourd’hui, ces forêts
de hêtres naturelles ont été largement converties en forêts mixtes de chênes/charmes. De grandes superficies ont
été reboisées en épicéas (Picea spp.) et en sapin de Douglas (Pseudotsuga spp.)
Hors de l’aire de distribution du hêtre, des forêts de chênes et de frênes (Quercus robus, Fraxinus excelsior)
avec Corylus avellana occupent les terrains basiques, souvent calcaires. Les forêts de chênes/charmes (Quercus
petraea, Carpinus betulus) dominent périodiquement les sols humides. (…) Au sud des Alpes, Quercus cerris est
parfois présent avec le chêne et le charme. Dans le sud-ouest de la zone, les forêts de Quercus pubescens
occupent les zones au climat plus doux27
.
La forêt tempérée continentale
La forêt tempérée continentale est formée d’un triangle irrégulier dont Oslo, Sofia et Oufa
constituent les sommets. Font partie de cette zone : le sud de la Suède, l’est de l’Europe au
sud d’une ligne Helsinki-Novgorod-Perm et au nord d’une ligne Bucarest-Cherkov-Oufa,
ainsi que la majeure partie de la péninsule balkanique et les piémonts des montagnes de
Crimée et du Caucase.
Dans cette zone, l’influence du Gulf Stream est moindre, avec une diminution des
précipitations annuelles de l’ouest (700 mm) vers l’est (400 mm). Les étés sont chauds et les
hivers froids dans la majeure partie de la région.
La température annuelle moyenne est comprise entre 6° et 13° C à l’ouest et entre 3° et 9° C à
l’est. Durant les mois les plus froids de l’année, la température descend sous 0° C en
26FRA 2000 – Rapport principal, p.182.
27Idem.
19
Scandinavie, est d’environ 0 ° C dans les Balkans, et au-dessous de –10° C dans les
montagnes de l’Oural. Les précipitations s’affaiblissent du nord-ouest (au-dessus de 700 mm)
au sud-est (400 mm).
La zone supporte différents types de forêts répartis suivant des gradients locaux et régionaux de climat et de
disponibilité en nutriments. Dans le nord, des forêts mixtes de feuillus/conifères forment une ceinture parallèle
au cercle de latitude. Les forêts d’épicéas (Picea abies) constituent la majeure partie du couvert forestier. Sur
des sols plus acides et plus secs, les forêts de pins remplacent celles d’épicéa.
Plus au sud encore, les forêts feuillues décidues sont représentées par des formations mixtes de chênes/charmes
et de tilleuls/chênes. Les forêts mixtes de chênes/charmes sont composées de Quercus robur, Quercus petraea,
Carpinus betulus et Tilia cordata. Des espèces associées comme Fraxinus excelsior et Acer campestre y sont
également importantes.
On trouve les forêts mixtes de tilleuls/chênes à l’est de la limite de l’aire de répartition des forêts mixtes de
chênes/charmes. Quercus robur et Tilia Cordata dominent la strate arborée. Les déboisements ont décimé de
façon massive ce type de forêt.
Les forêts de chênes sessiles (Quercus petraea) et de chênes des Balkans (Quercus spp.) sont présentes
principalement dans le sud-est de l’Europe et les pays balkaniques. Ces forêts mixtes riches en espèces et plus
ouvertes, dominées par Quercus cerris et Quercus frainetto, occupent la partie centrale de la péninsule
balkanique.
Aujourd’hui, ces forêts jadis denses sont fortement réduites et dispersées après une longue exploitation sous
traitement en taillis-sous-futaie et à des fins agricoles28
Les marais et les tourbières arborés se rencontrent sous
la forme de petits îlots dans toute la zone. De grandes étendues de cette végétation subsistent encore dans les
plaines de la Pologne et du Bélarus. Sur des sites humides en permanence, l’espèce arborée dominante est Alnus
glutinosa en association avec Picea abies.
La végétation des plaines alluviales prédomine le long des cours moyens et inférieurs des grands fleuves : Rhin,
Elbe, Oder, Vistule, Pripet, Desna, Volga, Save et Danube.
En raison des inondations prolongées, les forêts alluviales de saules et peupliers (Salix alba, Salix fragilis,
Populus nigra et Populus alba) sont plutôt pauvres en espèces. La végétation feuillue des plaines alluviales a
une structure extrêmement diversifiée et comprend Quercus robur, Fraxinus excelsior, Ulmus minor, Ulmus
laevis et Fraxinus augustifolia (en Europe du sud-est). La régularisation des cours d’eau et les barrages ont
décimé des habitats quasi naturels, et aujourd’hui seuls des fragments des forêts d’origine de plaine alluviale
subsistent encore29
.
Systèmes montagneux tempérés
Les systèmes montagneux tempérés comprennent les parties montagneuses du domaine
tempéré, y compris les monts Cantabriques, les Pyrénées, le Massif Central, le Jura, les Alpes,
les sommets des montagnes des îles britanniques, les montagnes de l’Europe centrale, les
Carpates, les Alpes Dinariques, les montagnes Balkaniques, celles de Rhodope, le haut et bas
Caucase, les piémonts des monts Talych ainsi que le sud de l’Oural. En raison de cette
diversité, le climat est très varié. Les précipitations oscillent entre moins 500 mm à plus 3000
mm, la température annuelle moyenne varie entre –4° et 8° C, tandis que sur les sommets au
mois de janvier elle varie entre –10° et –4° C.
La ceinture inférieure est formée par des forêts de hêtre entremêlées de Abies Alba, Picea
abies, Acer pseudoplatanus, Fraxinus excelsior et Ulmus glabra, tandis qu’à des altitudes
plus élevées, les forêts de hêtre pures sont relativement denses. A des altitudes encore
supérieures, les forêts de hêtre sont remplacées par celles de sapins et d’épicéas.
Les forêts de hêtre (Fagus spp.), en particulier celles mélangées à Abies alba, Picea abies, Acer
pseaudoplatanus, Fraxinus excelsior et Ulmus glabra, forment la végétation de la ceinture inférieure. Comme
28Entre autres pour fabriquer des ustensiles agraires, mais aussi des sièges et surtout du charbon de bois pour la
forge, l’industrie, le chauffage et la cuisson.
29FRA 2000 – Rapport principal, p.183-184
20
dans la région océanique, aux altitudes plus élevées, les forêts de hêtre pures sont relativement denses. Plus haut
encore, d’autres espèces arborées tendent à dominer. A l’est, l’espèce Fagus sylvatica (subsp. sylvatica) est
remplacée par Fagus sylvatica subsp. moesiaca, et plus à l’est encore F. sylvatica subsp. orientalis.
A des altitudes encore supérieures, les forêts de sapins et d’épicéas (Abies alba, A. borisii-regis, A.
nordmanniana, Picea abies, P. orientalis et P. omorika) remplacent les forêts de hêtres. L’un ou l’autre des
genres Abies ou Picea peut dominer. Pinus sylvestris, Fagus sylvatica, quelques Quercus robur, et des espèces
pionnières comme Sorbus aucuparia, Populus tremula et Betula pendula occupent une place secondaire.
A la limite de la végétation arborescente, on trouve parfois des formations de pins rabougris (Pinus mugo) ou de
Rhododendron spp. Ces formations basses et le krummholz se transforment à des altitudes supérieures en
herbage alpin, en différents types de végétation arbustive naine et en végétation sur roche et sur éboulis au
niveau de la ceinture alpin de l’étage nival.
Dans l’Oural, la stratification d’altitude commence avec les forêts de tilleuls/chênes (Quercus robur, Tilia
cordata) au niveau le plus bas, suivies de forêts de sapin et d’épicéas (Abies sibirica, Picea obovata) avec un
tapis herbacé, en présence d’espèces feuillues comme Ulmus glabra et Tilia cordata, ainsi que des forêts de pins
(Pinus sylvestris) avec Larix sibirica30
.
Forêt boréale de conifères
La forêt boréale de conifères se constitue dans la zone recouvrant certaines parties de la
Norvège, la majeure partie de la Suède, la quasi-totalité de la Finlande, le nord de l’Ecosse,
une large ceinture dans la partie ouest de la Fédération de Russie du sud du cercle polaire
arctique, le sud de l’Islande, et sur de vastes surfaces dans la partie orientale de la Fédération
de Russie.
Les caractéristiques climatiques de cette zone sont : les relatives basses températures (entre 8°
en Ecosse et 1° C dans le nord de la Fédération de Russie), les précipitations allant de 900
mm dans l’ouest à 400 mm à l’est et la très courte période de végétation (moins de 120 jours).
Les périodes de sécheresse prolongée sont rares. La neige couvre normalement le sol de cette
zone pendant plusieurs mois en hiver.
La plupart des forêts boréales ne sont dominées que par quelques espèces arborées de conifères, l’épicéa
principalement (Picea abies) sur les sols plus humides, et les pins (Pinus sylvestris) sur les terrains plus secs.
(…) Des espèces décidues comme le bouleau (Betula spp.), le tremble (Populus tremula), l’aulne (Alnus spp.) et
le saule (Salix spp.) sont caractéristiques des premiers étages en altitude (le bouleau et l’aulne, en particulier)
ou peuvent former de petits peuplements parmi les conifères.
(..)
Dans l’est de la Fédération de Russie, la répartition de la végétation est définie par la délimitation et la
continentalité du climat. La forte humidité dans la partie ouest favorise la présence de forêts de conifères
sombres (dominées par l’épicéa et le sapin) alors que la sécheresse et la continentalité s’accentuant vers l’est
favorisent les forêts de conifères clairs (formées surtout de mélèzes mais aussi de pins du sud).
Les marais arborés et les prairies marécageuses dominent la taïga du nord de la plaine sibérienne occidentale.
Les forêts sont confinées dans les vallées fluviales bien drainées. Elles sont dominées par le pin cembro de
Sibérie (Pinus sibirica) mélangé à l’épicéa de Sibérie (Picea obovata), au bouleau (Betula pendula) et au mélèze
de Sibérie (Larix sibirica) dans le nord, et à des sapins à croissance lente (Abies sibirica) dans le sud. Les forêts
secondaires de bouleaux sont fréquentes.
Différentes tourbières hautes et de transition prédominent dans la taïga centrale. Des forêts clairsemées de
cèdres avec quelques bouleaux se développent habituellement dans les vallées. Vers le sud, le nombre de zones
humides diminue sensiblement. Les forêts de cèdres-épicéas et de cèdres-épicéas-sapins couvrent les zones
d’altitude dans la taïga centrale et méridionale. Les forêts de bouleaux (Betula pendula) et de trembles (Populus
tremula) augmentent vers le sud. Les forêts de pins se développant sur un tapis de lichens sont présentes sur les
sables drainés.
A l’est du fleuve Ienisseï, la taïga de conifères sombres cède la place à des forêts de conifères clairs, formées de
mélèzes et de pins. Au nord, dans le bassin du fleuve Podkamennaja Tunguska, prédominent les forêts de
30Idem., p.184
21
mélèzes-pins et les forêts de pin sur tapis de mousses. Les forêts d’épicéas et de cèdres, parsemées de bouleaux
et de trembles, sont présentes dans les vallées fluviales.
(…)
A l’est, dans le centre de la République de Sakha, le mélèze est l’espèce dominante. D’autres espèces,
notamment le pin et le bouleau, couvrent moins de 10 pour cent des terres boisées. Au nord, dans le nord-ouest
de la Sakha et partiellement en Evenkija, et dans le district national de Taïmyr, les forêts clairsemées de mélèzes
de la taïga du nord couvrent environ 95 pour cent des zones boisées. Le pin nain (Pinus pumila) occupe 4 ou 5
pour cent, alors que le bouleau est très rare. Les forêts clairsemées de mélèzes sont répandues dans le sud et
présentent un sous-étage épars d’épicéas de Sibérie (Picea obovata)31
.
Toundra boréale boisée
En Europe, elle forme une ceinture étroite sur la péninsule de Kola et le long du cercle polaire
arctique jusqu’aux montagnes de l’Oural. Au-delà de l’Oural, la zone écologique consiste en
une ceinture assez large qui s’étend jusqu’à la côte Pacifique. Le climat est froid mais humide.
La végétation de cette partie européenne de la zone comprend des formations boisées ouvertes composées
d’arbres de petite taille, en général de 4 à 5 m de hauteur. Dans les peuplements prédominent Betula pubescens
subsp. czerepanovii et Picea obovata. Bien que Picea obovata soit dominant dans le nord de la plaine russe et
dans l’Oural, Betula pubescens subsp. czerepanovii constitue les formations boisées des zones subocéaniques du
nord-est de l’Europe. Plus loin vers l’est, on trouve des formations boisées de Larix sibirica en petits
peuplements isolés sur des sols sablonneux. Des bourbiers occupent souvent les dépressions humides, alors que
la toundra boisée recouvre les versants et d’autres terrains bien drainés.
A l’est de l’Oural, les formations boisées ouvertes se rencontrent habituellement dans les basses terres bien
drainées alternant avec la toundra et les bourbiers. Dans le sud de la zone, des forêts clairsemées de conifères
longent les vallées fluviales en bandes de plusieurs kilomètres de large. Dans la plupart des cas, les arbres sont
de structure irrégulière, et leurs fûts tordus, comme leurs houppiers asymétriques en forme de drapeaux les font
ressembler parfois à des plantes rampantes arborescentes. Les processus cryogéniques du sol sont souvent à
l’origine de ce phénomène de « forêt ivre ». En Sibérie occidentale, dans les forêts typiquement clairsemées,
l’espèce dominante est le mélèze de Sibérie (Larix sibirica) mélangé à l’épicéa de Sibérie (Picea obovata). En
Sibérie centrale, c’est Larix gmelinii qui prévaut et l’épicéa forme le deuxième étage du couvert. Vers l’est, dans
les bassins des fleuves Indiguirka et Kolyma, les principales espèces sont Larix gmelinii et L. cajnandri. Cette
dernière remplace L. gemilinii à l’est du fleuve Lena. Pinus pumila et des saules rabougris (Salix udensis, S.
schwerin) abondent et empiètent sur les aires de basse-futaie. Populus suaveolens et Chosenia arbutifolia sont
présents dans les vallées fluviales. La limite septentrionale de la végétation arborescente suit le cours du fleuve
Kolyma au nord du 69°N et à environ 65°N dans la presqu’île de Tchoukotka, se caractérisant par la présence
de Populus suaveolens, Chosenia arbutifolia et de Duschekia kamtschatica.32
Systèmes montagneux boréaux
Enfin, les systèmes montagneux boréaux comprennent six régions montagneuses isolées – les
montagnes de l’Islande, les hauts plateaux d’Ecosse, les montagnes de Scandinavie, l’Oural,
les sommets septentrionaux des montagnes de la Sibérie centrale et les grands territoires
montagneux qui occupent le sud de la Sibérie et recouvrent la majeure partie de la république
de Sakha et de l’Extrême-Orient russe.
Dans la partie Européenne de la zone, nous trouvons surtout des forêts de bouleaux (Betula
pubescens) localement associés à des pins (Pinus sylvestris) dans l’est.
31Ibid., p.184-185
32Idem. p.186
22
Dans l’est de la Fédération de Russie, la distribution de la végétation forestière ainsi que la
présence de différentes espèces dépendent beaucoup du climat et de l’orientation des versants.
Sur le plateau sibérien, on trouve essentiellement des forêts de mélèzes ainsi que des conifères
sombres. A plus haute altitude, on remarque la présence de forêts de trembles et de sapins.
Plus haut encore, c’est à dire jusqu’à 1400-1500 m, s’étendent des forêts de conifères sombres
dominées par les cèdres, les sapins et quelques épicéas. Les forêts de cèdres occupent une
ceinture subalpine à partir de 1500 jusqu’à 1800 m. La ceinture de forêts la plus élevée (de
1800 à 2400 m) est habituellement formée de forêts mixtes de cèdres et de mélèzes.
Ces différentes zones écologiques s’inscrivent dans des zones géographiques, ou sous régions.
23
EUROPE DU NORD
Introduction (pays nordiques et pays baltes)
Pour la FAO, l’Europe du nord comprend les pays nordiques : la Finlande, l’Islande, la
Norvège, la Suède, ainsi que les pays Baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Les terres de
cette zone totalisent une superficie de 129 millions d’hectares, dont la moitié, soit 65 millions
d’hectares, est classée comme forêt (cf.vol.2, annexe 1, fig. 13 à 14). Cette zone géographique
présente une grande diversité de zones climatiques, allant de la zone polaire dans les hautes
montagnes du nord, aux zones chaudes-tempérées humides du sud-ouest et à la zone
continentale de l’est. Les précipitations annuelles y varient entre 300 et 3000 mm par an
suivant le lieu.
Les zones de végétation représentatives sont les suivantes : alpine, subalpine, boréale, boréa-némorale et
némorale. La majeure partie des forêts sont des forêts de conifères où prédominent le pin sylvestre (Pinus
sylvestris) et l’épicéa (Picea abies), souvent mélangés à des espèces feuillues comme le bouleau (Betula spp.) et
le tremble (Pipulus tremuloides). Dans la zone subalpine, le bouleau prédomine, et dans la zone némorale, le
chêne (Quercus spp.), le hêtre (Fagus sylvatica), le charme (Carpinus betulus), le frêne (Fraxinus excelsior) et
d’autres espèces feuillues forment la végétation arborée naturelle33
.
Nous savons que la forêt joue un rôle très important dans l’économie de la Suède, de la
Finlande et de la Norvège, qui sont parmi les premiers exportateurs au monde de bois. Selon
la FAO la valeur des exportations du secteur forestier en 1999 s’élevait à 9.7 milliards de
dollars US en Suède, et à 10.9 milliards de dollars en Finlande. Concernant les pays Baltes,
leurs exportations de bois (d’ailleurs en grande partie tournées vers la Suède et la Finlande)
ont surtout connu une progression spectaculaire après leur accès à l’indépendance34
. En effet,
bien que ces deux pays nordiques disposent de grandes ressources forestières ils font
néanmoins venir de l’extérieur de grandes quantités de bois, notamment des bois exotiques
ainsi que des feuillus, afin de satisfaire aux besoins pour la production de meubles
Ressources forestières
En ce qui concerne les ressources forestières, la FAO nous renseigne de façon précise :
Par le passé, les ressources forestières de la sous-région ont toujours été bien aménagées dans la plupart des
pays. Par conséquent, autant la superficie forestière que le volume de bois ont augmenté en Suède, en Norvège
et en Finlande depuis leur premier inventaire réalisé au début des années 20 (Finnish Forest Research Institute
2001 ; Suède. Department of Forest Resource Management and Geomatics 2001 ; Norwegian Institute of Land
Inventoru 2001). Dans les pays Baltes, les superficies forestières ont augmenté après la deuxième guerre
mondiale (Lithuanie Department of Forest and Protected Areas, Ministry of Environment 2001), lorsque de
nombreuses exploitations agricoles abandonnées se sont reboisées. Au cours de la dernière décennie, la
superficie forestière totale de la sous-région s’est accrue. Cependant, un équilibre a été atteint lorsque le
boisement et l’extension naturelle des forêts sur les anciennes terres agricoles ont égalé la perte de forêts due à
l’expansion des villes, les autoroutes et d’autres infrastructures dans des terres autrefois boisées35
.
En raison de la grande superficie des forêts et de la faible densité de la population, la
superficie forestière par habitant en Finlande, en Norvège et en Suède est plus élevée que pour
33FRA 2000 – Rapport principal, Internet site de la FAO, p.189
34Idem.
35Ibid.,p.189-190
24
le reste de l’Europe et supérieure à la moyenne mondiale. A contrario, en Lituanie et en
Islande, la superficie forestière par habitant est plus faible que dans les autres pays.
L’accroissement annuel net est supérieur à 220 millions de mètre cubes par an sur écorce, et les coupes
totalisent environ 150 millions de mètres cubes sur écorce par an (dont près de 6 millions par an sur écorce sont
attribués aux pertes naturelles). Cela explique en partie l’accroissement net annuel du matériel sur pied qui est
proche de 80 millions de mètres cubes par an sur écorce, entre 1990 et 2000. Du fait que la superficie forestière
et le stock de matériel sur pied ont augmenté depuis la deuxième guerre mondiale, le volume total et la biomasse
se sont aussi accrus dans la sous région36
.
Nous revenons ultérieurement sur l’intérêt évident de ces forêts vis à vis du stockage du
carbone atmosphérique.
Aménagement et utilisation de la forêt
En ce qui concerne les estimations de la superficie des plantations forestières faites par la
FAO, elles sont relativement faibles et tournent autour de 2 %37
.
Environ 75 % de la superficie forestière de la sous-région appartiennent au secteur privé.
Dans les pays nordiques, la majeure partie des forêts a été privatisée.
De nos jours, de 70 à 85 pour cent de la superficie forestière appartient au secteur privé dans les quatre pays
nordiques de la sous-région. Dans le cas des pays Baltes, ce n’est que depuis l’indépendance dans les années 90
que la privatisation a été amorcée, bien que la quasi-totalité des forêts appartienne encore à l’Etat.
Globalement, les forêts publiques de la sous-région sont moins productives que les forêts privées
Le chiffre considérable (96 pour cent) des forêts soumises à diverses formes de plan d’aménagement
traduit aussi l’abondance des informations et des connaissances relatives aux forêts dans la sous-région.
(…) Sur les 65 millions d’hectares de forêt présents dans la sous-région d’Europe du Nord, environ 10 millions
(16 pour cent) ne seraient pas disponibles pour l’approvisionnement en bois (7 millions d’hectares sont protégés
à des fins de conservation multiples et 3 millions ne sont pas exploitables pour des raisons économiques). En
termes de pourcentage, il s’agit d’un chiffre faible par rapport aux 30 pour cent non disponibles pour
l’approvisionnement en bois de toute l’Europe et de la Fédération de Russie38
.
Conclusion et perspectives
Dans cette partie de l’Europe du Nord, les ressources en bois se sont régulièrement
développées depuis le début des années 1990. A l’exploitation rationnelle des ressources s’est
ajoutée une prise de conscience des nécessités liées au maintien de la diversité biologique des
espèces et à la sensibilité « écologique » des populations. A cet égard, la FAO précise :
(…) l’intérêt croissant porté par le public aux aspects esthétiques, récréatifs et écologiques des forêts a donné
une nouvelle orientation aux pratiques d’aménagement, axées jusqu’alors vers la production industrielle.
Au cours des années 70, une part importante de la population des pays d’Europe du Nord a commencé à
protester contre les grandes clairières inesthétiques que laissaient souvent les systèmes mécanisés de coupes
rases et de régénération. Bien que ces méthodes aient aidé à optimiser les opérations d’exploitation et de
replantation, le public s’en est indigné. Dans les années 80, les organisations non gouvernementales (ONG) se
sont renforcées et ont manifesté un intérêt croissant pour l’aménagement des forêts, exerçant une pression sur
36Idem., p.190
37Idem.
38Idem.,p.191.
25
les industries et, par conséquent, sur les propriétaires forestières pour qu’ils limitent l’impact de l’exploitation
sur les ressources biologiques et préservent la valeur esthétique.
Les consommateurs de produits forestiers ont aussi commencé à s’interroger sur la façon dont les forêts de leur
pays étaient aménagées et exploitées. Tous ces efforts ont fait en sorte qu’au début des années 90, les industries
ont commencé à réviser leurs pratiques d’aménagement. Entre-temps, les ONG, les gouvernements et leurs
industries ont mis un terme aux conflits en faveur de dialogues plus constructifs sur la façon d’accroître aussi
bien le rendement en bois que la diversité biologique, grâce à l’aménagement des forêts. Par exemple, la
politique forestière de 1993 en Suède stipule que les objectifs environnementaux sont aussi importants que la
production forestière, contrairement à la politique de 1979 qui était presque exclusivement orientée vers la
production39
.
Les choses sont très différentes dans les pays Baltes et ceci notamment depuis l’accession à
leurs indépendances respectives. C’est en effet l’aspect économique qui prédomine depuis
lors.
Observons les chiffres de production, importation et exportation pour la période comprise
entre 1961 et 2006 (cf.vol.2, annexe 1, fig.87 à 195)40
. Dans les pays de l’Europe du Nord et
principalement pour la Suède et la Finlande, on note une progression rapide de la production,
surtout en bois conifère. Les chiffres produits par la FAO sont intéressants car ils permettent
de suivre cette évolution, et prennent également en compte les périodes de crise. Ainsi on
constate une baisse à la fois de la production, des importations et des exportations autour des
années 1973-75, 1980-81, 1985-1988, 1991, 2001, correspondantes aux différentes crises
pétrolières et économiques, à la guerre du Golf, ainsi qu’à la crise suivant le 11 septembre
2001. Comme tous les autres secteurs de l’économie, le secteur du bois est largement touché
par ces troubles qui ralentissent l’économie mondiale.
Notons surtout la grande production de bois conifère finlandaise (7.996.000 t en 1961, et
12.145.000 t en 2006), dont elle exporte presque 50 % (5.146.000 t en 1961, et 7.712.413 t en
2006). Il en est de même en ce qui concerne la production de contreplaqué (406.000 t en
1961, 1.415.000 t en 2006) et son exportation (328.200 t en 1961, et 1.250.394 t en 2006). Il
est particulièrement intéressant de noter que la Finlande exporte les ¾ de cette production.
Concrètement, la Finlande, qui est le plus grand producteur de bois conifère et de contre-
plaqué, note une baisse assez conséquente dans sa production de bois conifère entre 1973 et
1975 (7.831.000 t en 1973, 7.427.500 t en 1974, 4.903.000 t en 1975) , et de contre-plaqué
entre 1973 et 1975 (730.000 t en 1973, 568.000 t en 1974, 415.000 t en 1975, et 491.000 t en
1976), baisse qui affecte par la même occasion les exportations de bois conifère (5.195.500 t
en 1973, 4.289.500 t en 1974, et 2.889.500 t en 1975), et de contre-plaqué (597.000 t en 1973,
386.000 t en 1974, et 339.000 t en 1975). On note le même phénomène, concernant le
production, au cours de la période 1980-1982 (10.166.000 t en 1980 en bois conifère,
8.195.000 t en 1981, et 7.241.000 t en 1982. Pour le contreplaqué : 639.000 t en 1980,
603.000 t en 1981, 596.000 t en 1982, et 580.000 t en 1983)41
.
39Idem., p. 193
40
Source : www.faostat.fao.org.
41
Source : www.faostat.fao.org
26
EUROPE CENTRALE
Introduction
La FAO regroupe 15 pays dans la sous région de l’Europe centrale : l’Autriche, la Belgique et
le Luxembourg, la République Tchèque, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Irlande, la
Hongrie, le Lichtenstein, les Pays-Bas, la Pologne, la Slovaquie, la Suisse et le Royaume-Uni
(cf.vol.2, annexe 1, fig.15 et 16). Pays industriels économiquement puissants, ils sont aussi
pays d’importants utilisateurs de produits ligneux. La plupart sont des importateurs nets de
ces produits, à l’exception de l’Autriche, de la République Tchèque et de la Pologne qui sont
des exportateurs nets.
Le climat de cette sous région est tempéré, généralement humide et frais. A l’ouest, le climat
de cette sous région est influencé par la présence de l’Océan Atlantique, mais tend à devenir
de plus en plus continental avec des hivers rigoureux à l’est, et un climat méditerranéen avec
des étés chauds et secs dans le sud de la France.
Ressources forestières
La sous région totalise 196 millions d’hectares.
Le quart environ de la superficie des terres, soit 52 millions d’hectares, est couvert de forêts.
Si la France, l’Allemagne et la Pologne comptent pour deux tiers des terres forestières de cette
région, la France à elle seule en détient 30%.
Avant l’apparition de l’être humain, la forêt couvrait la plus grande partie des terres, et le couvert forestier
national était formé pour l’essentiel d’espèces feuillues tempérées. A travers les siècles, de grandes superficies
de ce couvert ont été éliminées au profit de l’agriculture et d’autres utilisations des terres, et presque toute la
forêt restante a été perturbée ou modifiée, le plus souvent par des interventions de gestion. De nos jours, il ne
reste que des reliques dispersées de forêt non perturbée ; il est estimé que cette forêt couvre moins de 250 000
hectares dans la sous-région, la superficie la plus importante se situant en Pologne (144 000 ha)42
.
La majeure partie est classée dans la catégorie des forêts semi-naturelles43
. En ce qui concerne
la sous-région de l’Europe Centrale, plus de 90 pour cent de toutes les forêts sont classées
comme étant naturelles selon la FAO.
Les plus importantes plantations se situent au Royaume-Uni, en France et en Irlande (4.1
millions d’hectares).
Plus de la moitié des forêts de cette sous région est constituée par des feuillus et des mixtes de
feuillus/conifères. La part des forêts à dominance de conifères s’est accrue au cours des deux
derniers siècles en raison des pratiques de gestion forestière encourageant l’utilisation de ces
espèces.
Les espèces feuillues prédominent en France, en Hongrie et en Slovaquie, tandis qu’en
Allemagne, en Autriche, en Pologne, au Royaume-Uni et en Irlande ce sont les conifères qui
dominent.
Certains pays tels que la France offrent une grande diversité de types de forêts.
Dans la partie occidentale et centrale de ce pays, les forêts de feuillus prédominent, avec les hêtres (Fagus
sylvatica) et les chênes (Quercus spp.) comme espèces les plus communes. A l’est et dans les zones
42Idem., p.193
43En ce qui concerne les pays industrialisés des zones tempérées et boréales, l’expression « forêt naturelle » se
réfère, dans le rapport de la FAO, à toutes les forêts n’entrant pas dans la catégorie de plantations.
27
montagneuses des Alpes et des Pyrénées, les conifères constituent les principales espèces, notamment l’épicéa et
le sapin, souvent mélangés à du hêtre, alors que dans le sud-Ouest (les Landes), on trouve la plus grande forêt
de conifères d’Europe établie par l’homme à base de pin maritime (Pinus pinaster). Au sud, se développe une
végétation de type méditerranéen avec des pins et des chênes, ainsi que des vastes zones de maquis et de
garrigue. Les taillis et les taillis-sous-futaie sont les aspects communs de nombreuses forêts du pays et
représentent près de la moitié de l’ensemble de la zone forestière. Les programmes actifs de reboisement (en
partie pour remplacer les taillis) et de boisement ont introduit certaines espèces exotiques comme le douglas
(Pseudotsuga spp.), ainsi que le peuplier (Populus spp.)44
.
Actuellement en Allemagne, plus de la moitié de la superficie forestière est composée de
conifères. Ce phénomène s’explique par les nombreuses campagnes de gestion menées dans
ce sens au cours des deux siècles passés. Plus d’un cinquième de ce territoire arboré est
constitué de forêts mixtes de conifères/feuillus.
Notons également que les forêts se trouvent essentiellement au sud, centre et est du pays, très
peu étant situées au nord.
Les principales espèces de conifères sont l’épicéa et le pin sylvestre (Pinus sylvestris), et les feuillus les plus
communs sont le hêtre et le chêne45
.
L’Autriche et la Suisse peuvent être comparés à l’Allemagne car on y retrouve cette même
prédominance des conifères : en Autriche 88 %, en Suisse 77% et 23 % de feuillus.
La production de bois en Autriche est remarquable, car c’est le seul grand exportateur net de produits dérivés
du bois de la sous-région (la Pologne et la République Tchèque sont des exportateurs nets, mais moins
importants)46
.
Concernant la production, l’importation et l’exportation de ces différents pays (cf.vol.2,
annexe 1, fig.87 à 195) , la France nous intéresse particulièrement puisqu’ elle appartient au
cercle des pays grands producteurs de bois, à la fois conifère et non conifère, mais également
de panneaux de particules. La France demeure le plus important producteur européen de bois
non conifère. Comme les autre pays, la France a été marquée dans sa production par des
périodes de crise (les années 1973-1975, 1980-1983, 1991 et 2001), qui se sont parfois
traduites par un ralentissement significatif. Ces différentes crises économiques ont également
eu de fortes répercutions sur le secteur des exportations.
Le cas de l’Allemagne est également intéressant. Il s’agit en effet lui aussi d’un pays grand
producteur de bois, mais surtout de matériaux dérivés du bois. Le bois occupant une place
importante dans le mobilier allemand, l’Allemagne exporte et importe beaucoup dans ce
domaine, et est également un grand pays exportateur de mobilier en tant que produit fini.
Le cas de la Pologne est atypique. Ses forêts sont dominées par des conifères, et plus d’un
cinquième est composé de forêts mixtes de conifères/feuillus. Le pin sylvestre est le conifère
dominant tandis que le chêne est la principale espèce feuillue.
Les fluctuations de l’économie mondiale ne semblent pas affecter sa production de la même
façon. Si on note une augmentation de la production de bois conifère jusqu’en 1979, elle
baissera par la suite d’environ 50% entre 1978 et 2006 (6.334800 t produits en 1979, mais
3.017.900 t produits en 2006) ; il en est de même concernant la production de bois non
conifère (769.000 t produits en 1961, 1.425.050 t en 1978, et seulement 589.300 t en 2006).
En revanche, leur production de panneaux en fibre de particules n’a cessé d’augmenter depuis
44FRA 2000 – Rapport principal, p.194
45Idem.
46Ibid
28
1961, excepté une baisse constatée pour la période 1988-1991 (80.000 t produite en 1961,
1.086.000 t en 1978, 1.308.000 t en 1988, 718.000 t en 1990, 4.485.900 t en 2006)47
.
En République Tchèque les essences de conifères les plus communes sont l’épicéa commun,
le mélèze européen et le pin sylvestre, tandis que le hêtre est l’espèce feuillue la plus
commune. Plus de la moitié des forêts sont mixtes en conifères/feuillues.
La République Tchèque est un assez grand producteur de bois conifère et un important
exportateur. Elle a connu une augmentation depuis 1961 jusqu’en 1990 (3.590.000 t en 1961,
4.082.000 t en 1990). Cependant, à partir de 1992 (3.037.000 t en 1991, 2.400.000 en 1992, et
2.770.000 t en 1993), nous notons une baisse dans la production, qui par la suite ne retrouvera
plus le niveau de 1990. En revanche, si les exportations pâtissent également de ces aléas, la
reprise est pourtant bien plus importante (619.690 t en 1961, 1.017.000 t en 1991, 787.100 t
en 1993, mais 1.943.000 t en 2006). Le pays ne semble pas avoir été marqué par la crise de
1973-1975, tant au niveau de sa production (3.393.500 t en 1973, 3.516.000 t en 1974, et
3.556.000 t en 1975), qu’au niveau de son exportation (668.150 t en 1973, 683.050 t en 1974,
et 715.500 t en 1975)48
. Ce qui laisse peut-être supposer qu’il exportait plus à ses voisins de
l’Europe de l’Est qu’à ceux de l’Europe de l’Ouest.
En Slovaquie et en Hongrie, presque 90% de la superficie forestière est dominée par les
espèces feuillues.
Le hêtre et le chêne sont les principales espèces feuillues en Slovaquie (l’épicéa commun, le sapin blanc et le pin
pour les conifères), alors qu’en Hongrie le robinier (faux-acacia) et le peuplier sont très importants. Les
peuplements jeunes sont très nombreux dans ce pays, du fait du reboisement et du boisement, et des durées de
révolution courtes pour certaines espèces49
.
La situation est quelque peu différente en Belgique, au Danemark, au Luxembourg et aux
Pays-Bas. Ces pays ne possèdent en effet que peu de forêts, en dehors de la région des
Ardennes, en Belgique et au Luxembourg.
Au Danemark et aux Pays-Bas, la forêt ne couvre pas plus que 10% du territoire. Les Pays-
Bas ont en outre le plus faible taux de superficie forestière par habitant (0,02 ha) en Europe.
Les forêts de ces quatre pays sont essentiellement composées, et ce à parts plus ou moins
égales, de feuillus et de conifères.
Les principales espèces sont le hêtre, le chêne et l’épicéa commun, et d’autres d’espèces introduites dans les
programmes de reboisement et de boisement comme le peuplier, le pin et le douglas50
.
Prenons l’exemple d’un pays tel que le Danemark, sa production, à la fois de bois conifère et
non conifère, est très faible étant donné son manque de ressources forestières propres. En
2006, il n’a produit que 175.000 t de bois conifère et 21.000 t de bois non conifère. En
revanche, les importations de bois conifères sont conséquentes (2.024.780 t en 2006) car la
production de mobilier en bois, notamment en pin, est importante.
Il en est de même concernant les Pays-Bas qui produisent aussi peu de bois que le Danemark
(179.541 t de bois de conifère, et 85.728 t de bois non conifère en 2006) et qui, par
conséquent, en importe beaucoup (2.751.000 t en 2006).
47
Source : www.faostat.fao.org
48
Idem.
49FRA 2000 – Rapport Principal., p.195. Disponible sur www.fao.org
50Idem.
29
La Belgique est également un petit producteur de bois conifère et non conifère, mais en
importe moins que le Danemark et les Pays-Bas (1.878.490 t de bois conifère importé en
2006). Ce pays produit surtout des panneaux de particules principalement destinés à
l’exportation (1.849.705 t exportés sur 2.260.000 t produits en 2006).
La cas de la Grande-Bretagne est sensiblement différent ; c’est un pays qui produit très peu de
bois, car il dispose d’assez peu de forêts. Cette production est essentiellement constituée de
bois conifère mais également de panneaux de particules. En revanche, le pays importe de très
grandes quantités de bois, car le mobilier est fabriqué pour une très large part en Grande-
Bretagne.
En ce qui concerne l’Irlande et le Royaume-Uni, nous sommes en présence de deux pays de la
sous-région, voire de l’ensemble de l’Europe, avec le plus fort pourcentage de plantations par
rapport à leur superficie forestière totale. Toutefois, en comparaison de pays européens
comme la France, l’Allemagne ou la Suède, le Royaume-Uni dispose de peu de forêts.
Jusqu’à très récemment, ces plantations se composaient principalement de conifères, comme
l’épicéa et d’autres espèces comme le pin, le mélèze et le douglas, ce qui explique
l’accroissement notable de celles-ci à la fin du 20ème
siècle. Au cours de ces 80 dernières
années, le boisement a également permis d’étendre la couverture forestière de ces deux pays à
hauteur de près de 10%.
Aménagement et utilisation de la forêt
Pour l’ensemble de cette sous-région et dans les années 90, l’accroissement de la superficie
forestière était quasiment de 0,3% par an.
Les forêts de l’Europe Centrale sont soumises à trois types de régime de propriété : les forêts
appartenant à l’Etat, celles appartenant à d’autres organismes publics comme les communes
ou les municipalités et enfin celles détenues par des particuliers. En règle générale, environ
36% appartiennent à l’Etat, 13% à d’autres organismes publics, 43% aux particuliers et 8 % à
d’autres entités. Nous n’avons trouvé aucun document capable de nous éclairer sur la nature
de ces 8 %.
Les pays où l’Etat reste en possession de la plus grande part sont la Pologne (82%), la
République Tchèque (71%) et la Hongrie (43%), pays ayant autrefois appliqué des régimes
d’économie planifiée.
Aujourd’hui, la prise de conscience ayant ancré les règles du développement durable a de plus
en plus de poids sur les modes de gestion et de conservation des forêts ; les pays riches de
l’Europe de l’ouest imposent peu à peu leurs visions aux pays de l’Europe de l’est.
Les pays de l’est de la sous-région, en transition vers une économie de marché, ont généralement hérité de forêts
bien aménagées par les régimes précédents, mais souvent aussi d’industries et d’infrastructures forestières
délabrées. Ils doivent faire face à de grands travaux de modernisation de leur industrie et de leurs institutions,
ainsi qu’à la privatisation et la restitution. Parmi les problèmes qu’ils doivent affronter figure le redressement
des niveaux de vie de leurs populations pour les aligner sur une moyenne européenne, tout en appliquant les
mesures nécessaires pour améliorer la qualité de l’environnement qui a souvent été négligée par les régimes
précédents51
.
51Idem., p.198.
30
Conclusion et perspectives
Tous les pays de la sous-région doivent faire face à la contrainte de mettre hors production une part importante
de leurs forêts pour la protection de l’environnement, en particulier pour préserver la biodiversité, à savoir la
sauvegarde d’espèces rares de faune et de flore52
.
La question d’une gestion durable de la forêt se pose alors dans la mesure où c’est d’elle que
dépendent les attributions de la certification53
sur la provenance des bois, de plus en plus
exigée par les grands acheteurs de mobilier. De plus, une des autres interrogations à résoudre
est celle de la pollution atmosphérique et principalement des pluies acides qui entraînent une
perte de feuillage chez les conifères et les feuillus.
Autre sujet de préoccupation : la fréquence de tempêtes causant d’importantes pertes aux
forêts, la dernière ayant sévi en 1999. Néanmoins selon certains scientifiques, cette grande
tempête de Noël 1999 a eu quelques effets positifs tels le nécessaire « nettoyage » des forêts
qui a permis de laisser davantage d’espace libre à la pousse de nouvelles espèces plus
résistantes au vent, ou pour ré-introduire une mixité salutaire autrefois préconisée.
« Cette tempête a marqué autant les hommes que la nature. L’impact est violent et traumatisant, car il
déséquilibre les forêts et marque profondément et durablement le paysage. Cependant, comme le feu, les
tornades sont des phénomènes naturels qui, sans l’intervention de l’homme, assurent le renouvellement de la
forêt54
.
Les chercheurs du Cemagref55
à Nogent-sur-Vernisson précisent :
La tempête de l’hiver 1999 a détruit de nombreux peuplements forestiers, créant des trouées plus ou moins
vastes. Quel impact ont-elles sur la biodiversité floristique et quel est l’impact de leur exploitation ? Autant de
questions que se sont posés les chercheurs de Cemagref à Nogent-sur-Vernisson.
(…)L’ouverture du peuplement accroît la ressource en lumière, en eau et en nutriments pour les plantes du sous-
bois. Quant à l’exploitation des arbres dans les trouées, elle modifie l’état de surface du sol. Les chercheurs du
Cemagref à Nogent-sur-Vernisson ont voulu savoir si la « mise en lumière » du sol suite à la chute des arbres
était favorable à la biodiversité et quel était l’impact de l’exploitation des chablis56
.
(...) Leurs observations montrent que la « mise en lumière » provoque un enrichissement important en espèces.
Contre 5 espèces présentes en moyenne en forêt, ils en comptent 10 dans la trouée. Leurs relevés montrent aussi
une augmentation importante de l’abondance des ces espèces. Le pourcentage de recouvrement au sol est
multiplié par 4 ou 5 dans la trouée. Plus encore, les trouées ont un impact fort sur la composition des
communautés floristiques. Elles permettent en effet l’installation d’espèces originales, généralement absentes
des peuplements matures ou fermés. Les espèces dites non forestières (souvent des herbacées et des graminées)
profitent de ces modifications du milieu. Plus surprenant, les trouées ont aussi un effet bénéfique sur les espèces
dites forestières dont le nombre et le recouvrement augmentent. Seules quelques espèces typiques des milieux
fermés, en particulier certaines mousses et le muguet pâtissent de ces modifications. (…) La modification du sol
et de la litière crée en effet un terrain très favorable à l’implantation des nouvelles espèces57
.
52Idem.
53En France, le label NF Environnement est attribué pour une durée déterminée à un produit dont l’impact sur
l’environnement est réduit par rapport aux autres produits du même type. Les critères prennent en compte tout le
cycle de vie du produit. Au niveau européen le Label Ecologique Européen est attribué pour une durée
déterminée à un produit selon des critères écologiques, définis par la Commission Européenne, qui tiennent
compte de tout le cycle de vie du produit, de ss production et son utilisation jusqu’à son élimination.
54Source : www.onf.fr
55Cemagref : L’institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement.
56Arbre, bois abattu par le vent, ou tombé de vétusté.
57Source : www.recherche.gouv.fr/biodiv2005paris/recherche/cemagref5.pdf
31
EUROPE DU SUD
Introduction
Selon la FAO, la sous-région de l’Europe du Sud est composée des 15 pays suivants, la
plupart bordant la Méditerranée (cf.vol.2, annexe 1, fig.17 et 18) : Albanie, Andorre, Bosnie-
Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Roumanie, Saint-Marin,
Slovénie, Espagne, la République de Macédoine, la Serbie, la Croatie et le Monténégro.
Tous ces pays se caractérisent par un climat de type méditerranéen avec des étés chauds et
secs, même si par endroits, comme dans le nord de l’Espagne, de l’Italie, de la Roumanie et
de la Slovénie, des précipitations abondantes favorisent le développement des forêts.
De très grandes disparités subsistent entre ces pays, tant au niveau économique que social, et
les niveaux de vie varient. Ainsi, les écarts sont grands entre les pays appartenant à l’Union
européenne, tels que la Grèce, l’Italie, le Portugal et l’Espagne, et ceux qui souhaitent y
adhérer ou y être associés. Notons l’entrée récente de la Bulgarie et de la Roumanie dans
l’Union Européenne.
L’Espagne, l’Italie et la Roumanie couvrent à eux trois près des deux tiers de la superficie
terrestre de cette zone, et ce sont également les pays les plus densément peuplés. Tandis que
des pays comme l’Andorre, Malte et Saint-Marin jouent un rôle plus insignifiant.
Ressources forestières
Les forêts couvraient 52 millions d’hectares dans la sous-région en 2000, les autres terres boisées occupant une
étendue supplémentaire de 19 millions d’hectares. Les forêts et les autres terres boisées représentent donc les
deux tiers de la superficie totale des terres, la forêt à elle seule couvrant 30 pour cent. En moyenne, ce chiffre
représente 0.3 ha de forêt par habitant, mais les pays se caractérisent par d’assez grandes variations, comprises
entre 0.6 ha par habitant en Bosnie-Herzégovine et Slovénie, et 0.2 ha par habitant en Italie58
.
Les espèces feuillues prédominent en Europe du Sud, surtout dans la partie orientale de la
zone, et forment plus de trois cinquièmes de la superficie forestière, avec 10 % des forêts
mixtes de conifères/feuillus. Les chênes sont les espèces les plus fréquentes, mais les hêtres
sont également présents. On note également, surtout sous forme de plantations, la présence de
châtaignier, de peuplier et d’eucalyptus.
Parmi les espèces résineuses, les pins, en particulier le pin d’Alep (Pinus halepensis), le pin sylvestre (Pinus
sylvestris), le pin maritime et le pin de Monterey sont les plus communs, l’épicéa (Picea spp.), le sapin (Apies
spp.) et le Mélèze (Laris spp.) étant aussi présents sur certains sites59
.
L’Espagne dispose de la superficie forestière la plus étendue de la sous-région, avec 14.4
millions d’hectares, soit plus du quart du total. Les conifères en constituent environ deux
cinquièmes, avec un cinquième de forêts mixtes de conifères/feuillus. Cependant, compte tenu
des nouvelles réglementations de conservation et de protection, environ un quart de la
superficie forestière est indisponible pour l’approvisionnement en bois.
58FRA 2000 – Rapport principal., p.199
59Idem., p.201
32
L’Espagne importe une quantité assez importante de bois conifère et non conifère (2.543.000 t
de bois conifère, et 830.000 t de bois non conifère en 2006), et en produit à peu près la même
quantité (2.860.000 t de bois conifère, et 946.000 t de bois non conifère en 2006) (cf.vol.2,
annexe 1, fig.87 à 195).
Le Portugal possède des vastes étendues de chêne-liège et est le plus grand producteur et
exportateur au monde de produits dérivés du liège. Il exporte également de grandes quantités
de produits ligneux issus de ses forêts de pins maritimes et d’eucalyptus.
Avec L’Espagne, l’Italie possède la plus grande superficie forestière de la sous région avec 10
millions d’hectares principalement constitués de feuillus et avec 50% de taillis et taillis-sous-
futaie. Comme ailleurs dans la zone méditerranéenne, les incendies de forêts constituent
chaque année un véritable danger.
L’Italie n’a produit que 948.000 t de bois conifère et 800.000 t de bois non conifère en 2006.
L’année où elle en a produit le plus était 1985 (1.188.500 t de bois conifère, et 1.410.500 t de
bois non conifère). En revanche, elle est un producteur assez important à la fois de contre-
plaqué (334.000 t en 2006), et de panneaux de particules (3.725.000 t en 2006). Sa faible
production de bois conifère et non conifère l’amène à en importer en grande quantité
(6.409.463 t de bois conifère et 1.453.294 t de bois non conifère en 2006) afin de satisfaire les
besoins de l’un des plus grands producteurs et exportateur de mobilier au monde (cf.vol.2
annexe 1, fig.87 à 195).
Avec 0.2 ha par habitant, l’Italie a le taux le plus faible des pays de la sous-région, et elle est un important
importateur net de produits forestiers primaires (bien qu’elle soit un important exportateur de meubles)60
.
Les anciens pays de la Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Slovénie, l’ex-République
yougoslave de Macédoine et la Yougoslavie) disposent d’environ 9 millions d’hectares de
forêts et 1.5 millions d’hectares d’autre terres boisées. Y prédominent, comme en Grèce, en
Albanie et dans la péninsule balkanique, les feuillus. Malheureusement, la sécheresse et la
fragilité des sols ainsi que les fréquents incendies de forêts sont des paramètres défavorables
aux conditions de croissance.
Concernant l’ancienne Yougoslavie (dont la production ne peut être suivie que jusqu’en
1991), elle a essentiellement développé sa production de bois non conifère, dont presque 50%
est vouée à l’exportation (cf.vol.2, annexe 1, fig. 87 à 195).
En Bulgarie et en Roumanie, ce sont des forêts de feuillus qui prédominent avec,
principalement, des hêtres et des chênes. Ensemble, ces deux pays possèdent plus de 10
millions d’hectares de forêts.
Il est intéressant de noter que la Roumanie exporte la quasi-totalité de sa production de bois
conifère, soit 2.086.000 t exportées sur 2.808.000 t produites en 2004 (en 2006 notons
2.620.000 t produites, dont 1.616.000 t exportées) (cf.vol.2, annexe 1, fig. 87 à 195)
En raison des zones étendues de collines et de montagnes, de la fragilité des sols, des conditions
météorologiques défavorables et des risques d’incendies, le rôle de protection des forêts est vital dans de
nombreuses parties de l’Europe du Sud. Le quart environ de la superficie forestière n’est pas disponible pour
l’exploitation, et ce, principalement pour des raisons de conservation et de protection, mais souvent aussi pour
des raisons économiques, c’est-à-dire d’accessibilité en certains endroits61
. Les principales superficies de forêts
60Ibid., p.201
61Hélitreuillage coûteux, à défaut de débardage par câble en montage, souvent impossible.
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  • 1. UNIVERSITE PARIS IV – SORBONNE ECOLE DOCTORALE VI – Histoire de l’Art et Archéologie ED 0124 Centre André Chastel UMR 8150 (N° d’enregistrement attribué par la bibliothèque) THESE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS IV Discipline : Histoire de l’Art et Archéologie Présentée et soutenue publiquement par Mlle Rikke JACOBSEN Le décembre 2008 Titre : Le Mobilier en Bois après la Seconde Guerre Mondiale Etude de cas Vol.1 Directeur de Thèse : Professeur Bruno FOUCART * * * JURY M. Bruno FOUCART (Paris IV) Mme Arlette DESPOND-BARRE (Paris IV) M. François PLASSAT M. M.
  • 2. 2 UNIVERSITE PARIS IV – SORBONNE ECOLE DOCTORALE VI – Histoire de l’Art et Archéologie ED 0124 Centre André Chastel UMR 8150 (N° d’enregistrement attribué par la bibliothèque) THESE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS IV Discipline : Histoire de l’Art et Archéologie Présentée et soutenue publiquement par Mlle Rikke JACOBSEN Le décembre 2008 Titre : Le Mobilier en Bois après la Seconde Guerre Mondiale Etude de cas Directeur de Thèse : Professeur Bruno FOUCART * * * JURY M. Bruno FOUCART (Paris IV) Mme Arlette DESPOND-BARRE (Paris IV) M. François PLASSAT M. M.
  • 3. 3 Remerciement Mes sincères remerciements vont à : M. Bruno Foucart et Mme Arlette Despond-Barré François Plassat (CTBA) Noémie Nédélec Nicolas Arvieux Patricia Asbaek Laurence Bartoletti (Ucad) Erwin Beckers (SHR) Pete Beele (Fira) Margaret Bisset (TMF/Svensk Möbelindustri) Christian Burchard (University of Applied Sciences, Munich) Sören Christensen Hanne Delfs-Jensen (Danish Funiture) Richard Faney (Mission économique, Ambassade de France en Allemagne) Jorma Froblom (VTT building and Transport, Finland) Marete Degenkolw-Basset (Galerie Dansk) Patrick Favardin FRAC Mirjam Gelfer-Jörgensen Andreas Granqvist (Formes Scandinaves) Gorm Harkjaer Nicolas Hug (Galerie Scandinave) Keld Korsager (Danish Furniture) Michael Björn Nellemann (L’Ambassade du Danemark) Pierre Perrigault (Meubles et Fonction) Sandra Pini (Mission économique (Ambassade de France au Royaume-Uni) Vanda Ferreira dos Santos (FAO, Italie) Alain Streiff (CTBA) Tout le personnel de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs de Paris et de la bibliothèque Fornay Annie-France Berthod-Carvallo
  • 4. 4 De langue maternelle danoise, j’ai rédigé ce mémoire en français. Je demande votre indulgence pour les maladresses qui pourraient subsister.
  • 5. 5 SOMMAIRE REMERCIEMENT 3 SOMMAIRE 5 INTRODUCTION 6 CHAPITRE 1 14 LE BOIS, SES DERIVES, SES TECHNIQUES, SA PERCEPTION : DE LA FORET A LA PLANCHE 14 LA FORET EN EUROPE (ZONES GEOGRAPHIQUES/ZONES ECOLOGIQUES) 15 DEFINITION DES ZONES GEOGRAPHIQUES ET ECOLOGIQUES 15 LES ESPECES : LE BOIS, SA COMPOSITION, SON ASPECT, SA PROVENANCE 37 LA COMPOSITION DU BOIS 37 LA CLASSIFICATION DES ESSENCES 41 LES ESSENCES DE BOIS 47 LES ESSENCES ET LEURS CARACTERISTIQUES 47 L’INDUSTRIE DU BOIS : L’EVOLUTION DE MACHINES ET DES TECHNIQUES, AINSI QUE LES DERIVES DU BOIS 69 INTRODUCTION 69 LES INDUSTRIES DE LA PREMIERE TRANSFORMATION 71 LES INDUSTRIES DITES LOURDES DU BOIS 73 LES INDUSTRIES DE LA DEUXIEME TRANSFORMATION 93 CHAPITRE 2 99 LA SYMBOLIQUE DU BOIS 99 LA MEMOIRE COLLECTIVE 100 L’ANALYSE SENSORIELLE 111 CHAPITRE 3 124 L’EUROPE DU NORD 124 LA FINLANDE 129 LA SUEDE 138 LE DANEMARK 148 CHAPITRE 4 216 L’EUROPE CENTRALE DE L’OUEST 216 LA GRANDE-BRETAGNE 217 L’ALLEMAGNE 232 LA FRANCE 244 CHAPITRE 5 303 L’EUROPE DU SUD 303 L’ITALIE 304 L’ESPAGNE ET LE PORTUGAL 319 CONCLUSION 320 TABLE DES MATIERES 328 GLOSSAIRE 333 BIBLIOGRAPHIE 337 INDEX 335
  • 6. 6 INTRODUCTION Aperçu historique En consultant le terme « Bois » dans le Dictionnaire International des Arts Appliqués et du Design1 , nous pouvons lire : Matériau connu de longue date, le bois reste aujourd’hui l’un des principaux matériaux de construction et d’ouvrage. Ses utilisations ont été multipliées par l’apparition des produits dits « dérivés du bois » qui complètent ou remplacent le bois massif réservé aujourd’hui aux applications nobles ou structurelles. Obtenus économiquement par pressage de particules ou de feuilles de bois, les dérivés du bois sont livrés en demi- produits, panneaux et plans directement utilisables et présentant une grande stabilité dimensionnelle. Les bois massifs ou dérivés présentent une grande diversité de nuances qui se travaillent en général aisément, s’usinent, s’assemblent et se cintrent pour certaines d’entre elles. L’atout principal des bois réside dans sa faible densité. Leurs limites d’utilisation correspondent à leur faible résistance naturelle au feu et à l’humidité. Matériau vivant, le bois a été l’une des matières de prédilection des designers, qui ont aussi progressivement appris à utiliser les dérivés du bois et s’adaptent aujourd’hui à de nouvelles combinaisons bois/matériaux synthétiques. Le bois, matériau de premier ordre, omniprésent, nous suit dans notre quotidien, à travers la nature, l’architecture, l’ameublement, l’histoire, mais également la littérature, la poésie, la musique, la peinture et la sculpture. Le bois (…) de la naissance à la mort, accompagne les actes quotidiens de la vie humaine2 . Le bois n’est pas un matériau comme les autres. Il n’est pas rare que les qualificatifs employés pour le qualifier soient subjectifs. On trouve ainsi les termes chaleureux, humain, beau, vivant, etc. qui lui sont associés alors que d’autres matériaux comme le verre, le métal ou le plastique sont souvent dits : froids, inhumains etc. Le bois est également souvent évocateur de souvenirs familiers, il nous ramène à notre enfance et à ses balades en forêt, ses cabanes au fond du jardin, à l’arbre dans le jardin chez nos grands-parents. Choix du sujet Le choix du sujet a été motivé par nos recherches antérieures3 et par son aspect novateur. Le mobilier, et donc le matériau bois, fait partie de notre quotidien depuis des siècles, et nous accordons aujourd’hui une place grandissante à l’aménagement de nos intérieurs. Nos recherches antérieures nous avaient permis de constater à quel point le mobilier en bois est présent dans la tradition mobilière européenne. La thématique mobilier plastique et métallique ayant été largement exploitée dans la littérature traitant du design du 20ème siècle, nous nous sommes interrogés de la même façon sur la place occupée par le bois au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, période marquée par l’avènement de nouveaux matériaux au sein des foyers européens. 1Despond-Barré, Arlette (dir), Dictionnaire International des Arts Appliqués et du design, Paris, Editions du Regard, 1996, p.82 2« Le bois et l’Homme », in Revue du bois et de ses applications, n° 5, mai 1977, p.55, s.a. 3Maîtrise sur le thème « Kaare Klint, designer danois », et DEA sur le thèse de « L’influence Scandinave dans le mobilier française », Université Sorbonne Paris IV, sous la direction de Bruno Foucart et d’Arlette Despond- Barré.
  • 7. 7 La forte présence du matériau bois dans l’ameublement est indéniable, tout particulièrement en ce qui concerne le mobilier. Jacqueline Viaux le souligne bien dans son ouvrage paru en 19974 , consacré à l’historique des bois d’ébénisterie dans le mobilier français : Le matériau le plus important dans le meuble est le bois. Elle évoque également un certain infléchissement dans l’usage du bois dans l’ameublement, infléchissement qui se situerait selon elle autour de 1950-1960 : Après 1950, contreplaqué, métaux divers, rotin, verre, toutes sortes de matières plastiques évincent peu à peu les bois indigènes ou exotiques5 . C’est cependant la « pérennité » du bois, pour reprendre l’expression de François Plassat du Centre Technique du Bois et de l’ameublement6 , qui nous intéresse tout particulièrement. Cette omniprésence du bois et ses implications dans la création mobilière constituent donc notre sujet d’étude, ainsi que les questions que posent les nombreuses illustrations du mobilier en plastique ou métal dont sont largement pourvus les ouvrages traitant du mobilier pour la période 1945-1980. Problématique : Approche technologique : une autre façon d’aborder le mobilier. L’importance du mobilier en bois concernant les créations d’avant 1900-1910 est reconnue. Mais l’émergence du mouvement moderne remettra en cause l’utilisation exclusive du bois en tant que matériau, c’est du moins ce qu’affirment nombre d’ouvrages analysant cette période. Le catalogue de l’exposition au Victoria & Albert Museum à Londres « Modernism : Designing a New World 1914-1939 »7 semble enfin remettre à sa juste place le mobilier en bois dans le mouvement du modernisme, notamment avec les créations organiques du suédois Alvar Aalto. Mais qu’en est-il à partir du milieu du 20ème siècle et jusqu’à nos jours? Le temps de l’hégémonie du bois dans l’ameublement serait-il révolu ? Plusieurs constatations semblent pourtant évoquer le contraire : Nos différentes visites au Salon « Habitat » tenu dans le Jardin des Tuileries8 et au Salon du Meuble de Paris entre 2004 et 2008, nous ont prouvé que le matériau bois joue encore un grand rôle dans la création de mobilier en France, mais également en Europe et dans le reste du monde. 4Jacqueline Viaux-Locquin, Les bois d’ébénisterie dans le mobilier français, Paris, Léonce Laget, 1997, p.XIII. 5Ibid, p.96 6François Plassat, Réflexions sur le bois dans l’aménagement intérieur en particulier dans l’ameublement : problématique d’une pérennité souhaitée. Texte qui nous a été remis en mains propres lors de notre entretien avec M. Plassat, chargé de mission au pôle ameublement au Centre Technique du Bois et de l’Ameublement, le 30 janvier 2004. Publié en octobre 2002 « La pérennité du bois » in Revue mensuelle de la société amicale des anciens élèves de l’Ecole Polytechnique », n° 578, octobre 2002. 7Wilk, Christopher (éd.), Modernism: Designing a New World 1914-1939, V&A Publications, Londres, 2006. 8Salon Habiter Paris du 18 au 22 octobre 2003
  • 8. 8 En outre, l’exposition qui s’est tenue il y 4 ans à l’Hôtel de Ville de Paris « Du cœur à l’ouvrage »9 , organisée par les Compagnons du Devoir, Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France, dans le but de revaloriser le travail du bois, de l’ébénisterie et de la menuiserie, nous démontre, s’il en était besoin, l’importance que nous accordons encore aujourd’hui à ce matériau de vieille tradition. En consultant les différentes entreprises présentes lors du Salon international de Cologne10 , nous avons pu noter que la grande majorité des exposants était orientée vers une production de mobilier en bois et ceci pour l’ensemble des pays présents. Gardons à l’esprit que le Salon annuel de Cologne est le salon le plus important en matière d’ameublement. Il est, cependant, plutôt représentatif du marché du meuble en général, et non de la catégorie particulière que constitue le mobilier contemporain du 21ème siècle, tel qu’on le trouve dans des magazines d’intérieur et de design, comme Intramuros, Idd, Form ou encore bien d’autres, ainsi qu’aux Salons du Meuble de Milan ou de Copenhague. Et à la lecture de magazines couvrant la période 2004-2007, on se rend rapidement compte que ce n’est pas le mobilier en bois qui semble occuper la plus grande place, mais plutôt les créations issues de matériaux divers. Nous nous trouvons alors au cœur de notre problématique, à savoir : où se trouve la véritable place du bois dans la création mobilière d’après guerre, et quelles peuvent en être les raisons : Les bois subissent la loi de la mode. Au début certaines essences ont du mal à s’imposer. En général cela correspond à une période faste au niveau des approvisionnements, puis la mode se développe, la demande augmente pour ces essences, les approvisionnements deviennent plus difficiles à effectuer, les coûts augmentent l’entreprise doit rechercher une essence de substitution dans le même créneau de prix. Ainsi quand la situation est bonne en amont, elle l’est moins en aval et au fur et à mesure que la situation s’améliore en aval, la difficulté se reporte en amont, du fait que tout la demande se reporte sur une essence11 . Cette citation de Pierre Parisot, Chef du département ameublement au Centre Technique du bois (CTBA12 ) illustre assez bien toute la difficulté de notre sujet. En effet, le mobilier en bois est, comme tout objet de consommation, soumis à des effets de mode. Mode qui pourrait expliquer en grande partie certains moments forts de l’utilisation de ce matériau dans l’ameublement. Objectifs et méthode (le choix du sujet et de la période). Le choix de l’étendue de notre étude, à la fois concernant la chronologie et la zone géographique, voire écologique, a été difficile. L’envie d’étendre notre étude jusqu’à aujourd’hui et d’analyser la création dans le monde entier était forte mais impossible. En se voulant exhaustive une telle étude ne se serait révélée que trop superficielle. Ainsi, le choix s’est finalement porté sur la période de l’après-guerre jusqu’aux années 1980, afin d’avoir le recul nécessaire à cette analyse. Depuis les années 80 la mondialisation des styles rend extrêmement difficile la détermination d’un style propre et représentatif de chaque pays. La tendance actuelle des grands designers étant de travailler pour plusieurs entreprises à 9Du cœur à l’ouvrage, exposition des Compagnons menuisiers ébénistes du Devoir à l’Hôtel de Ville de Paris en janvier 2004, puis itinérante dans les grandes villes françaises et à Bruxelles. 10Salon du Meuble de Cologne du 19 au 25 janvier 2004 (www.imm.com) 11Dutertre, P. (propos recueillis par), « Dossier : Techniques nouvelles de l’ameublement, interview avec M. Pierre Parisot, chef du département ameublement CTBA », in Revue du bois et de ses applications, n°4, avril 1982, p.24-25. 12CTBA (Centre Technique du bois et de l’Ameublement)
  • 9. 9 la fois, des entreprises souvent situées dans des pays différents, rend également délicate toute catégorisation. Si notre souhait a été dans un premier temps de travailler sur la création mondiale nous nous sommes rapidement rendu compte de la complexité de cette tâche. Par conséquent, le choix a consisté à privilégier l’établissement de zones géographiques basées sur des zones écologiques comprenant l’Europe du Nord, l’Europe Centrale et l’Europe du Sud. L’accent a été mis sur la différence d’interprétation entre la France et la Scandinavie, en particulier le Danemark, deux pays qui, chacun à leur manière, sont particulièrement représentatifs d’une vision du mobilier en bois. D’un côté, le Danemark, baigné dans une vieille tradition d’ébénisterie et de création mobilière en bois, et qu’il a su transformer avec succès en design d’avant-garde dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, de l’autre, la France, également détentrice d’une longue tradition dans le domaine de l’ébénisterie et du mobilier en bois, mais qui se différencie en montrant plus d’ouverture à l’usage d’autres matériaux. De même, il nous a semblé intéressant de comparer ces deux pays dont les échelles sont bien différentes : le Danemark, petit pays et faible producteur de bois, face à la France, grand pays et l’un des premiers producteurs de bois européens. Concernant l’Europe du Nord, nous avons également retenu la Suède et la Finlande dans notre étude ; à la fois grands producteurs de bois et de mobilier en bois. Pour l’Europe Centrale, nous nous intéresserons à l’Allemagne, grand producteur de mobilier ainsi que la Grande-Bretagne, outsider du marché du mobilier. Enfin, pour ce qui est de l’Europe du Sud, nous nous attacherons plus particulièrement à l’Italie, leader européen incontesté du design, bien qu’ayant très peu de ressources de bois qui lui soient propres. Ces sept pays ont donc été retenus principalement pour leur rôle joué dans le monde du design et de l’ameublement au cours de la période étudiée, mais également parce qu’ils présentent des caractéristiques bien différentes les uns des autres. Notre étude s’appuiera toutefois, de temps à autre, sur des exemples issus d’autres pays que ceux précédemment cités. L’exemple de la France a été largement étudié et mis en avant, afin d’occuper une place privilégiée dans notre étude, et ceci parce que son exemple est particulièrement intéressante. Grand producteur de bois ; grande nation d’ébénisterie présentant une complexité intéressante dans le débat entre une tradition ancienne de l’ébénisterie et une vision nouvelle du design, qui est encore fortement d’actualité aujourd’hui. De part sa grande diversité de types de forêt, la France reste également un exemple très intéressant. De même, la France demeure le plus important producteur européen de bois non conifère et appartient au cercle de pays grands producteurs de bois. Il nous a semblé intéressant d’étudier si cette grande diversité de forêt et de production de bois en France, d’une façon ou d’une autre a pu créer une plus grande diversité au niveau de la création mobilière. Jusqu’à aujourd’hui aucun travail universitaire n’a, à notre connaissance, traité du design et d’un matériau. Nos recherches antérieures, principalement sur le design et le mobilier scandinave, ainsi que l’importance de ce même design en France pendant les années 40 et 50, nous permettent aujourd’hui d’émettre l’hypothèse que le bois reste le matériau de prédilection des créateurs. Encore aujourd’hui, seul l’ouvrage de référence de Mme Jacqueline Viaux-Locquin Les bois d’ébénisterie dans le mobilier français, datant de 1997 traite de ce sujet13. 13Viaux-Locquin, J., Les bois d’ébénisterie dans le mobilier français, op. cit.
  • 10. 10 Le choix de déterminer des zones écologiques a pour but de faciliter la compréhension et la comparaison des diverses traditions du mobilier en bois dans ces différents pays et zones. Pouvons-nous parler de certaines similarités/différenciations dans l’importance du mobilier en bois ou existe-t-il une vision européenne uniforme ? La possession de grandes ressources forestières engendre-t-elle toujours une grande production mobilière en bois ? Et par voie de conséquence, les petits pays ou ceux à faibles ressources forestières, tels que le Danemark, la Grande-Bretagne ou l’Italie, sont-ils des petits producteurs de mobilier en bois ? Voilà les questions qui alimenteront notre étude. Limites de l’étude, questions chronologiques; justification du corpus Nous aurions pu nous contenter de travailler uniquement sur le mobilier en bois en France, ce qui aurait grandement facilité notre travail de recherche. Mais il nous semblait réducteur de procéder ainsi, l’intérêt de l’étude aurait été considérablement amoindri si l’évolution du mobilier en bois en France avait été sortie de son contexte européen. Il va pourtant de soi que la France, occupera une place importante dans notre travail et que c’est à partir de ce pays que notre étude a débuté. Cependant, il nous faudra garder à l’esprit que, jusqu’après la seconde Guerre Mondiale, la création mobilière française n’a pas toujours fait l’admiration de tous, elle était, au contraire, souvent décriée pour son apparent manque d’originalité en comparaison de pays plus novateurs tels que les pays scandinaves, la Grande-Bretagne, l’Italie ou les Etats-Unis. Il suffit pour cela de consulter le magazine italien Domus et notamment les articles consacrés au fameux Salon de Milan pour entrevoir le peu d’illustrations réservées aux créations françaises. De même, en consultant les ouvrages dédiés au design et publiés dans d’autres pays européens, on constate que si l’intérêt pour la création en France était grand autour des années 1900 et l’Art Nouveau ainsi que dans les années 1925-1930 avec le formidable essor de l’Art Déco, peu de pages sont néanmoins consacrées à la France après la Seconde Guerre Mondiale. Ce fait explique notre décision d’étendre l’objet de notre étude à l’ensemble de l’Europe, ce qui a permis d’acquérir plus de données et donc de pertinence dans notre analyse. Nous ne prétendons nullement vouloir atteindre une parfaite exhaustivité du champ géographique étudié, mais notre intention est clairement d’offrir une lecture différente de la création mobilière de la période étudiée. De plus, notre étude s’attachera, non seulement à la création mobilière d’avant-garde, mais également à un aspect plus « populaire », accessible, de cette même création. La littérature existante : Etat de la recherche Les ouvrages abordant la thématique du mobilier ne manquent pas, de même que ceux attachés à l’étude des matériaux. Nous n’avons cependant pas trouvé un seul recueil consacré au mobilier en bois en tant que tel pour la période de temps qui nous intéresse, ce qui légitime sans nul doute le choix de notre sujet. Dans les ouvrages généraux sur le mobilier et le design en France, peu d’auteurs se préoccupent véritablement de matériaux autres que les plastiques, dont l’envolée, à partir de la fin des années 50, est indéniable. Seul l’ouvrage « Design, techniques et matériaux » sous la direction de Raymond Guidot datant de 2006 consacrait quelques pages au design en bois14 . 14Guidot, Raymond (dir), Design, techniques et matériaux, Paris, Flammarion, 2006
  • 11. 11 Nous avons également trouvé un exemple probant en Angleterre où l’éminent professeur et spécialiste du design, Penny Sparke n’accorde que quelques pages aux matériaux, notamment au bois (bois courbé et contreplaqué)15 . De façon générale, il nous faut chercher les informations concernant le mobilier en bois dans des ouvrages spécialisés entièrement dédiés au matériau. Malheureusement, ces ouvrages ne traitent que parcimonieusement du mobilier, et plus rarement encore, du mobilier du 20ème siècle. C’est donc là que réside toute la difficulté de notre approche. Il nous a fallu consulter des magazines de décoration et de design, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à aujourd’hui : des magazines français, en raison de leur facilité d’accès, mais également des revues étrangères comme Design, House and Garden (Grande Bretagne), Form (Allemagne), Kunsthaandvaerk (Danemark), Domus (Italie), etc. Ont surtout été privilégiés des magazines publiés depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui nous a permis de suivre l’évolution du mobilier en bois ainsi que sa présence plus ou moins marquée dans ces différents magazines. Nous pouvons également regretter le fait que, parmi les auteurs d’articles et d’ouvrages sur le design, très peu s’intéressent aussi à la question des matériaux. Cela se traduit entre autres par l’omission de la nature du bois employé dans la rédaction des légendes accompagnant les illustrations ce qui rend leur lecture très ardue, a fortiori lorsque celles-ci sont en noir et blanc. Il devient très difficile de distinguer un meuble en chêne d’un autre en frêne dans une même tonalité de gris. Depuis l’introduction de la couleur, les suppositions quant à la nature des bois employés s’en sont trouvées facilitées bien que toujours hypothétiques. Aujourd’hui encore peu d’auteurs d’articles s’attachent à mentionner clairement la nature des bois utilisés. Les meilleures sources (photos de réalisations innovantes) se trouvent, sans aucun doute, dans les magazines spécialisés, comme La Revue du bois et ses applications même si le mobilier ne constitue pas leur sujet de prédilection, plus orienté « techniques du bois ». Ainsi une lecture assidue de la quasi totalité des ouvrages généraux consacrés au design a été nécessaire afin de tenter de trouver des indications. Nous n’en avons malheureusement trouvé que très peu par ce biais, ce sont les documents photographiques qui nous ont été les plus précieux. Les sources (les outils de recherche retenus) Notre étude s’appuie sur l’étude de documents (monographies et magazines), mais également sur la consultation d’un nombre de sources informatiques et tout particulièrement les sources mise en ligne par la FAO. Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture ; le département des forêts de la FAO s’est spécialisé dans la répartition des ressources forestières a l’échelle mondiale, et publie régulièrement le résultat de ses recherches. Par le biais de FAOSTAT, la base de données statistiques de la FAO, nous disposons d’un instrument multilingue en ligne qui contient, à l’heure actuelle, plus d’un million de données sur des séries chronologiques provenant de plus de 210 pays et territoires et qui fournit des statistiques en matière d’agriculture, nutrition, pêche, foresterie, aide alimentaire, utilisation des terres et population. « FAOSTAT – Forêts » fournit également des estimations annuelles sur la production et le commerce pour de nombreux produits forestiers, en particulier les produits dérivés du bois comme le bois d’œuvre, les panneaux dérivés du bois, la pâte et le 15Sparke, Penny, 100 ans de design, Paris, Octupus France/Hachette-Livre, 2002. Traduit de la version originale, A Century of Design, sl, Reed Consumer Books Limited, 1998.
  • 12. 12 papier. Pour de nombreux produits forestiers, des données historiques sont disponibles à partir de 1961. Ces estimations sont fournies par les pays moyennant une enquête annuelle menée par la FAO en collaboration avec l’Organisation internationale des bois tropicaux, la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et EUROSTAT (le Conseil des statistiques européennes). Pour les pays n’ayant pas communiqué leurs informations à l’aide du questionnaire, la FAO estime la production annuelle sur la base des revues commerciales, des annuaires statistiques et d’autres sources. Lorsque les données ne sont pas disponibles, la FAO répète les chiffres précédents jusqu’à ce que de nouvelles informations lui parviennent. Sont également disponibles les différents chiffres du commerce international du bois (production, import, export)16 . Source de premier ordre, les informations de la FAO ont permis d’établir les différentes zones écologiques et leurs caractéristiques, ainsi que les ressources forestières des différentes zones et pays faisant partie de notre étude. Par le biais de FAO nous avons également pu obtenir les principales tendances du commerce du bois concernant les différents pays européens depuis 1961. Les principaux axes de l’étude, direction de l ‘étude Ce que nous proposons ici est une lecture nouvelle de la création mobilière pour la période de l’après Seconde Guerre Mondiale jusqu’à la fin des années 70, basée sur l’étude d’un matériau unique, le bois, et non sur la seule chronologie des réalisations ou sur le travail d’un créateur isolé comme cela a souvent été le cas. Cette lecture est unique. Pour plus de lisibilité, nous avons privilégié une présentation principalement thématique et chronologique. De plus, afin de mieux pénétrer le secteur du mobilier en bois, une étude approfondie du matériau et des différentes essences existantes s’avère tout aussi indispensable que celle des divers aspects techniques et de ses usages. Notre propos consiste également à essayer de comprendre l’évolution des phénomènes de « mode » touchant le domaine du mobilier. Pourquoi, le mobilier en bois foncé est-il préféré à celui en bois clair à certaines périodes (et vice versa) ? Pourquoi préférer le chêne au pin ? Pourquoi le bois massif est-il le plus souvent remplacé par des panneaux de particules (replaqué) ou de fibres (replaqué ou teinté)? Parfois le bois naturel ou ciré l’emporte sur le bois peint et inversement, quelles en sont les raisons ? De même, pourquoi certains pays, tels que les pays scandinaves, préfèrent-ils en général les essences claires aux bois foncés, comme c’est le cas en France, certaines années ? Afin d’aborder au plus près le matériau qu’est le bois, la première partie de notre étude sera consacrée à la répartition des forêts en Europe et donc à la détermination de zones géographiques et écologiques sur le continent ; ceci afin d’établir les caractéristiques de chacune et de pouvoir comparer ensuite la relation ressource forestière/production de mobilier en bois. Seront ensuite étudiées les différentes espèces : leur classification, aspect, composition et provenance sont ainsi passés en revue. Nous nous intéresserons ensuite aux essences les plus caractéristiques et les plus fréquemment employées dans le mobilier : caractéristiques et usages. Le chapitre sur les essences est largement inspiré du livre de Jacqueline Viaux-Locquin qui a effectué un remarquable travail de recherche et retrace l’historique des différents bois utilisés en ébénisterie en France. Nous avons tenté de compléter ces informations par des données plus récentes notamment concernant la disponibilité et le prix des différentes essences de bois, deux paramètres qui s’avèrent essentiels, lors du choix par le designer ou le fabricant de l’essence employée. Nous 16Source : www.fao.org
  • 13. 13 étudierons également l’évolution des caractéristiques des bois ainsi que celle des machines et nous tenterons de déterminer en quoi celle-ci a pu influer sur l’évolution du mobilier en bois. Nous intégrerons également à notre étude, les placages, colles, lamellé-collés, contre-plaqués, panneaux, et tous matériaux de transformation récents, dans le souci de comparer les avantages et inconvénients de ces nouveaux matériaux dérivés du bois par rapport à ceux du bois massif. Nous étudierons ensuite, par zones, le mobilier en bois dans chacun des pays retenus pour notre étude, soit la Finlande, la Suède et le Danemark en ce qui concerne l’Europe du Nord, puis la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France pour l’Europe de l’Ouest, en terminant par l’Europe du Sud, représentée par l’Italie. Ceci dans le but de retenir les caractéristiques propres à chaque pays et chaque zone. Afin de faciliter la lecture, chaque sous-partie traitera de quelques faits marquants, historiques, politiques et sociaux pour chaque pays, ainsi que de l’importance de l’industrie du bois dans son économie. Nous retiendrons également les particularités des fabricants de mobilier de chaque pays, tout en les rattachant à l’historique et à la tradition du mobilier en bois dans chacun, afin de déterminer quelle place celle-ci y occupe. Nous ferons pour cela appel à un échantillon représentatif de créateurs et de sociétés dans chaque pays étudié. De plus, une partie de cette étude prendra en compte les aspects historiques et sociologiques, car ces éléments sont indispensables à la compréhension du matériau bois et à son évolution, et sont également indissociables pour des effets de « mode » ou de changement dans l’utilisation du bois pour le mobilier. Nous nous efforcerons de donner une vision la plus complète possible de la création mobilière de chaque pays étudié, afin de démontrer à quel point le mobilier en bois est omniprésent dans la création moderne et contemporaine au cours de la période 1945-1980 bien que les nouveaux matériaux, comme le plastique et les matériaux de synthèse, aient connu leur plein essor à cette même période. Si nous avons choisi de séparer la partie « technique » de la partie consacrée au mobilier, à proprement dire, c’est dans le but de faciliter la compréhension du lecteur quant à l’importance du bois en tant que matériau. En effet, le design d’un objet ou d’un meuble ne peut aucunement être compris en prenant seul en compte la forme ou la fonction de l’objet. Le matériau fait partie intégrante du processus de création et de la réflexion du créateur. L’intermède entre les deux parties, sur la symbolique et la sensorialité du matériau bois aura pour but de nous sensibiliser à l’omniprésence du bois dans notre univers et son effet sur notre sensibilité.
  • 14. 14 Chapître 1 * * * LE BOIS, SES DERIVES, SES TECHNIQUES, SA PERCEPTION : DE LA FORET A LA PLANCHE
  • 15. 15 La forêt en Europe (zones géographiques/zones écologiques) DEFINITION DES ZONES GEOGRAPHIQUES ET ECOLOGIQUES Suivant les données publiées dans le rapport de la FAO sur « l’Etat des forêts dans le monde en 1997 », la masse forestière mondiale a tendance à régresser (cf.vol.2, annexe 1, fig.5 et 6) : entre 1980 et 1995, la superficie totale des forêts a diminué d’environ 180 millions d’hectares. Alors que dans les pays développés, on enregistre une augmentation nette de la couverture forestière de l’ordre de 20 millions d’hectares, dans les pays en voie de développement, on relève une diminution nette de 200 millions d’hectares (cf.vol.2, annexe 1, fig.6). (…) On peut attribuer ces variations de la couverture forestière, notamment en ce qui concerne les forêts tropicales, aux facteurs suivants : expansion de l’agriculture de subsistance en Afrique et en Asie, et programme de développement économique de grande envergure menés en Amérique latine et en Asie, ayant impliqué une redistribution de la population et affecté en conséquence l’agriculture et l’infrastructure. L’augmentation nette de la couverture forestière dans les pays développés est due en grande partie aux phénomènes de reboisement ou repeuplement forestier, incluant une régénération naturelle dans les régions où l’activité agricole a été réduite ou abandonnée. Dans certaines zones forestières de divers pays développés, cette expansion a avantageusement compensé l’abattage des arbres17 . Ces chiffres édifiants (et politiquement corrects) de la FAO occultent cependant, sous le terme générique de « expansion de l’agriculture de subsistance », l’utilisation majoritaire (90%) et nécessaire du bois tropical comme matériau de construction local et combustible premier local seul disponible, comme ce fut le cas au cours des siècles passés dans tous les pays dits aujourd’hui « développés », dont la France de Colbert, avec son charbon de bois de chablis indispensable à l’industrie naissante et ses chênes bi-centenaires non moins indispensables à la marine, marchande ou de guerre. Les questions liées à l’écologie sont de plus en plus présentes lors du choix des essences employées et contribuent parfois à réduire voire totalement interdire l’emploi d’une essence. L’acajou de Cuba en est un bon exemple puisqu’il a, depuis plusieurs années, pratiquement disparu du commerce du bois, ceci en raison de son exploitation non maîtrisée, ce qui l’a fait inscrire en Annexe I de la CITES18 en tant que végétal en voie de disparition (seul est licite leur commerce provenant de stocks antérieurs à la date de l’interdiction et dûment prouvés comme tels). 17Vigué, Jordi, Le Grand Livre du bois : le matériau, les outils, la menuiserie, l’ébéniste, Paris, Ed. Place des Victoires, 2002 (pour l’édition française), Barcelone, Gorg Blanc, 2001 (pour la version espagnole), p. 14. 18La convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction connue par son sigle CITES ou encore comme la Convention du Washington, est un accord international entre Etats. Elle a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d’animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent. La CITES contrôle et réglemente le commerce international des spécimens des espèces inscrites à ses annexes. Toute importation, exportation, réexportation (exportation d’un spécimen importé) ou introduction en provenance de la mer de spécimens des espèces couvertes par la convention doit être autorisée dans le cadre d’un système de permis. Chaque partie à la convention doit désigner au moins un organe de gestion chargé d’administrer le système de permis et au moins une autorité scientifique qui lui donne son avis sur les effets du commerce sur les espèces. Les espèces couvertes par la CITES sont inscrites à l’une des trois annexes de la convention selon le degré de protection dont elles ont besoin. L’annexe I comprend toutes les espèces menacées d’extinction. Le commerce de leurs spécimens n’est autorisé que dans des conditions exceptionnelles. L’Annexe II comprend toutes les espèces qui ne sont pas nécessairement menacées d’extinction mais donc le commerce des spécimens doit être réglementé pour éviter une exploitation incompatible avec leur survie. L’Annexe III comprend toutes les espèces protégèes dans un pays qui a demandé aux autres parties à la CITES leur assistance pour en contrôler le commerce. (www.cites.org)
  • 16. 16 L’Europe compte environ 1 milliard d’hectares de forêts, soit 27 % de la superficie forestière mondiale (cf.vol.2, annexe 1, fig.1 et fig.4). A elle seule la Fédération de Russie possède 851 millions d’hectares (cf.vol.2 annexe 1, fig.3 et10) ; la Suède et la Finlande en comptent 49 millions d’hectares ; le reste de l’Europe en possède moins de 15% (cf.vol.2 annexe 1, fig.2 à 4). On compte environ 1.4 ha de forêt par habitant, ce qui constitue une superficie moyenne considérablement supérieure à la moyenne mondiale. Quasiment toutes les forêts d’Europe s’inscrivent dans le domaine écologique boréal, et l’Europe possède quasiment 80 % de l’ensemble des forêts boréales de conifères19 . Le FAO partage l’Europe en plusieurs zones écologiques, et distingue différents genres de forêts dans son rapport le plus récent, sorti en 200520 . ZONES GEOGRAPHIQUES EN EUROPE Aucune définition n’est donnée sur ce que l’on entend par « Etat européen ». Les limites de l’Europe géographique ne sont pas définitivement tracées, celles du continent européen encore vagues. Toutefois, plusieurs délimitations ont été proposées. La plupart du temps, celles-ci ont été artificiellement créées pour raisons politiques. Les géographes sont en grande majorité d’accord pour délimiter le continent européen comme suit : l’Oural et le Caucase à l’est, la Méditerranée, la mer Noire, les détroits du Bosphore et de Gibraltar au sud, l’océan Atlantique à l’ouest, et enfin l’océan Arctique au nord. L’Europe est simplement une abstraction utilisée pour rendre compte d’un ensemble de peuples et pays culturellement et géographiquement proches. En cela, l’Europe est une région géographique dont les limites sont essentiellement politiques et donc très instables, voir ambigües. Il est donc scientifiquement improuvable de dire par exemple qu’un pays est strictement « en Asie » et non « en Europe ». Mais, à partir du moment où il est situé sur le continent eurasiatique, on pourrait définir le caractère européen ou non d’un pays selon d’autres critères que géographiques21 . L’autre thèse consiste à affiner le contour de l’Europe en fonction des Etats membres du Conseil de l’Europe, renvoyant donc davantage à une dimension historique. Mais, comme le montrent bien les discussions à propos de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE), ce sont évidemment les considérations historiques, culturelles et politiques qui donnent sa substance au débat. Ce que l’on a appelé et ce que l’on appelle l’Europe ne relève pas d’un déterminisme géographique, mais renvoie à l’histoire. Le substrat gréco-latin, le legs judéo-chrétien ont forgé une identité, et les clivages monde catholique/monde orthodoxe, chrétienté/islam ont distingué des aires de civilisation. De plus, depuis le XVIIIe siècle, la plupart des États appartenant à l’UE ont connu, avec des temporalités et des intensités diverses, des évolutions historiques voisines : mouvement des Lumières, révolutions, naissance de l’État moderne, industrialisation, apparition des démocraties et confrontation de celles-ci avec des régimes dictatoriaux ou totalitaires, deux guerres mondiales, naissance de l’État-providence… Ou à tout le moins, compte tenu notamment de la fracture Est/Ouest de la seconde moitié du XXe, se sont-ils situés par rapport à elles. Les grands courants artistiques ont bien évidemment contribué eux aussi à l’affirmation de sensibilités partagées. La 19Rapport principal de la FAO datant de 2000 p.180. Peut se consulter sur internet www.fao.org 20L’évaluation des ressources forestières mondiales 2005 (FRA 2005). Disponible sur le site internet de la FAO http://www.fao.org/forestry/index.jsp 21Encyclopédie libre « Wikipédia » article « Limites de l’Europe » consulté sur le site http://fr.wikipedia.orf/wiki/limites_de_l’Europe le 4 août 2006
  • 17. 17 candidature de la Turquie - celle du Maroc présentée en 1987 a été refusée - confère une brûlante actualité à cette question d’une définition de ce qui est européen et de ce qui ne l’est pas. 22 Nous avons choisi de nous rallier à la définition proposée par la FAO. ZONES ECOLOGIQUES EN EUROPE23 La FAO divise le monde en zones écologiques de la façon suivante : Au niveau 1, niveau le plus général équivalent aux groupes climatiques du modèle Köppen-Tréwartha, cinq domaines sont définis en fonction de la température : tropical, subtropical, tempéré, boréal et polaire. Au deuxième niveau, 20 classes ou zones écologiques sont différenciées, indiquant de grandes zones à végétation relativement homogène, comme la forêt boréale de résineux. Les noms des zones écologiques mondiales traduisent la végétation zonale dominante. Les végétations typiquement azonales, comme les mangroves, les landes et les marécages, ne sont pas classées, ni cartographiées séparément. Le niveau 2 est le niveau de référence ou de travail de la carte des zones écologiques mondiales. Ces zones ont été délimitées à l’aire des données macro climatiques et des cartes existantes de la végétation climatique ou potentielle. L’utilisation des cartes de la végétation a permis d’obtenir une délimitation plus précise des zones écologiques. Si l’on avait considéré uniquement les cartes climatiques généralisées, les zones de la carte finale n’auraient peut-être pas coïncidé parfaitement avec les limites d’unités de végétation homogènes24 . Forêt subtropicale sèche25 La forêt subtropicale sèche se situe principalement dans la région méditerranéenne, au-dessus de 800m d’altitude, incluant la péninsule ibérique (à l’exception du nord), le bassin du Rhône, la péninsule apennine, la Dalmatie et la Grèce, ainsi que toutes les îles européennes de la Méditerranée. Elle se caractérise principalement par la présence des espèces Olea europaea (olivier) et Quercus ilex (chêne vert). Une espèce domine typiquement le couvert : Quercus sempervirens (chêne toujours vert). Quercus ilex (chêne vert) et ses différentes sous-espèces se font concurrence le plus souvent dans des sites humides ou subhumides. Forêt subtropicale de montagne La forêt subtropicale de montagne, comprend la chaîne ibérique, les Apennins, les montagnes grecques ainsi que les montagnes de Corse et de Sardaigne. La zone commence à environ 600-800 m d’altitude, et localement jusqu’à 3 500 m. Les températures y sont plus basses, des gelées plus fréquentes, les précipitations plus abondantes et la période de sécheresse estivale plus courte que dans la zone de la forêt subtropicale sèche. La végétation de cette zone est généralement formée d’espèces de chênes décidus. 22Source : http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/union-europeenne/approfondissements/frontieres- europe-union-europeenne.html 23 Source : L’évaluation des ressources forestières mondiales 2000 (FRA 2000). Disponible sur le site internet de la FAO 24Idem. p. 312 25 Dans les textes reproduits ci-après, le mot « décidu » (=qui tombe, d’origine latine, mais inusité en français) s’applique à une espèce d’arbre à feuille ou aiguilles caduques.
  • 18. 18 Ces forêts sont habituellement assez fermées et ombragées. Dans la péninsule ibérique, les forêts à Quercus pyrenaica dominent sur la roche-mère siliceuse, alors que Q. faginea occupe des terrains basiques. Dans les Pyrénées et vers l’est, Quercus pubescens et d’autres espèces de chêne prédominent. Les forêts fermées et ombragées à Fagus sylvatica, en partie avec Abies alba ou Picea abies et localement Betula pubescens, remplacent les forêts de chênes décidus à de plus hautes altitudes. Dans la chaîne grecque du Pinde, Abies borisii-regis substitue Abies alba et constitue souvent l’espèce dominante. A des altitudes encore supérieures, le chêne et le hêtre cèdent la place au genévrier et au cyprès (Juniperus thurifera, J. excelsa, J. foetidissima, J. polycarpos, Cupressus sempervirens) ou au pin (Pinus nigra), ainsi qu’au sapin (Abies pinsapo dans la péninsule Ibérique, et A. cephalonica en Grèce)26 . Foret tempérée océanique La forêt tempérée océanique regroupe des aires géographiquement séparées : les côtes maritimes de l’Espagne et du Portugal, les îles britanniques ; à l’exception des plateaux et des régions montagneuses de l’Ecosse, la France – à l’exception des parties montagneuses et méditerranéennes du sud-est ; l’Europe centrale de l’ouest sur une ligne Dantzig-Erfurt- Vienne et au sud des Alpes, y compris la plaine du Pô, la totalité du Danemark, l’extrême sud de la Suède, et une bande étroite bordant la côte de la Norvège, ainsi que quelques fjords abrités appartiennent à cette zone. Le climat de cette zone est influencé par le Gulf Stream et par la proximité de l’océan. La température annuelle moyenne oscille entre 7° et 13° C, et les précipitations annuelles varient entre 600 et 1700 mm. Différents types de forêts de hêtres (Fagus sylvatica) et de forêts de hêtres mixtes forment la végétation dominante. Ces formations sont les plus importantes en Allemagne et dans les pays voisins. Les forêts pures de hêtres sont relativement denses. Dans les zones océaniques, Ilex aquifolium est l’espèce caractéristique de la strate arbustive. Sur les sols pauvres en éléments nutritifs et acides, le hêtre est partiellement mélangé dans le couvert à Quercus robur et Quercus patraea. Ces peuplements sont pauvres en espèces. Aujourd’hui, ces forêts de hêtres naturelles ont été largement converties en forêts mixtes de chênes/charmes. De grandes superficies ont été reboisées en épicéas (Picea spp.) et en sapin de Douglas (Pseudotsuga spp.) Hors de l’aire de distribution du hêtre, des forêts de chênes et de frênes (Quercus robus, Fraxinus excelsior) avec Corylus avellana occupent les terrains basiques, souvent calcaires. Les forêts de chênes/charmes (Quercus petraea, Carpinus betulus) dominent périodiquement les sols humides. (…) Au sud des Alpes, Quercus cerris est parfois présent avec le chêne et le charme. Dans le sud-ouest de la zone, les forêts de Quercus pubescens occupent les zones au climat plus doux27 . La forêt tempérée continentale La forêt tempérée continentale est formée d’un triangle irrégulier dont Oslo, Sofia et Oufa constituent les sommets. Font partie de cette zone : le sud de la Suède, l’est de l’Europe au sud d’une ligne Helsinki-Novgorod-Perm et au nord d’une ligne Bucarest-Cherkov-Oufa, ainsi que la majeure partie de la péninsule balkanique et les piémonts des montagnes de Crimée et du Caucase. Dans cette zone, l’influence du Gulf Stream est moindre, avec une diminution des précipitations annuelles de l’ouest (700 mm) vers l’est (400 mm). Les étés sont chauds et les hivers froids dans la majeure partie de la région. La température annuelle moyenne est comprise entre 6° et 13° C à l’ouest et entre 3° et 9° C à l’est. Durant les mois les plus froids de l’année, la température descend sous 0° C en 26FRA 2000 – Rapport principal, p.182. 27Idem.
  • 19. 19 Scandinavie, est d’environ 0 ° C dans les Balkans, et au-dessous de –10° C dans les montagnes de l’Oural. Les précipitations s’affaiblissent du nord-ouest (au-dessus de 700 mm) au sud-est (400 mm). La zone supporte différents types de forêts répartis suivant des gradients locaux et régionaux de climat et de disponibilité en nutriments. Dans le nord, des forêts mixtes de feuillus/conifères forment une ceinture parallèle au cercle de latitude. Les forêts d’épicéas (Picea abies) constituent la majeure partie du couvert forestier. Sur des sols plus acides et plus secs, les forêts de pins remplacent celles d’épicéa. Plus au sud encore, les forêts feuillues décidues sont représentées par des formations mixtes de chênes/charmes et de tilleuls/chênes. Les forêts mixtes de chênes/charmes sont composées de Quercus robur, Quercus petraea, Carpinus betulus et Tilia cordata. Des espèces associées comme Fraxinus excelsior et Acer campestre y sont également importantes. On trouve les forêts mixtes de tilleuls/chênes à l’est de la limite de l’aire de répartition des forêts mixtes de chênes/charmes. Quercus robur et Tilia Cordata dominent la strate arborée. Les déboisements ont décimé de façon massive ce type de forêt. Les forêts de chênes sessiles (Quercus petraea) et de chênes des Balkans (Quercus spp.) sont présentes principalement dans le sud-est de l’Europe et les pays balkaniques. Ces forêts mixtes riches en espèces et plus ouvertes, dominées par Quercus cerris et Quercus frainetto, occupent la partie centrale de la péninsule balkanique. Aujourd’hui, ces forêts jadis denses sont fortement réduites et dispersées après une longue exploitation sous traitement en taillis-sous-futaie et à des fins agricoles28 Les marais et les tourbières arborés se rencontrent sous la forme de petits îlots dans toute la zone. De grandes étendues de cette végétation subsistent encore dans les plaines de la Pologne et du Bélarus. Sur des sites humides en permanence, l’espèce arborée dominante est Alnus glutinosa en association avec Picea abies. La végétation des plaines alluviales prédomine le long des cours moyens et inférieurs des grands fleuves : Rhin, Elbe, Oder, Vistule, Pripet, Desna, Volga, Save et Danube. En raison des inondations prolongées, les forêts alluviales de saules et peupliers (Salix alba, Salix fragilis, Populus nigra et Populus alba) sont plutôt pauvres en espèces. La végétation feuillue des plaines alluviales a une structure extrêmement diversifiée et comprend Quercus robur, Fraxinus excelsior, Ulmus minor, Ulmus laevis et Fraxinus augustifolia (en Europe du sud-est). La régularisation des cours d’eau et les barrages ont décimé des habitats quasi naturels, et aujourd’hui seuls des fragments des forêts d’origine de plaine alluviale subsistent encore29 . Systèmes montagneux tempérés Les systèmes montagneux tempérés comprennent les parties montagneuses du domaine tempéré, y compris les monts Cantabriques, les Pyrénées, le Massif Central, le Jura, les Alpes, les sommets des montagnes des îles britanniques, les montagnes de l’Europe centrale, les Carpates, les Alpes Dinariques, les montagnes Balkaniques, celles de Rhodope, le haut et bas Caucase, les piémonts des monts Talych ainsi que le sud de l’Oural. En raison de cette diversité, le climat est très varié. Les précipitations oscillent entre moins 500 mm à plus 3000 mm, la température annuelle moyenne varie entre –4° et 8° C, tandis que sur les sommets au mois de janvier elle varie entre –10° et –4° C. La ceinture inférieure est formée par des forêts de hêtre entremêlées de Abies Alba, Picea abies, Acer pseudoplatanus, Fraxinus excelsior et Ulmus glabra, tandis qu’à des altitudes plus élevées, les forêts de hêtre pures sont relativement denses. A des altitudes encore supérieures, les forêts de hêtre sont remplacées par celles de sapins et d’épicéas. Les forêts de hêtre (Fagus spp.), en particulier celles mélangées à Abies alba, Picea abies, Acer pseaudoplatanus, Fraxinus excelsior et Ulmus glabra, forment la végétation de la ceinture inférieure. Comme 28Entre autres pour fabriquer des ustensiles agraires, mais aussi des sièges et surtout du charbon de bois pour la forge, l’industrie, le chauffage et la cuisson. 29FRA 2000 – Rapport principal, p.183-184
  • 20. 20 dans la région océanique, aux altitudes plus élevées, les forêts de hêtre pures sont relativement denses. Plus haut encore, d’autres espèces arborées tendent à dominer. A l’est, l’espèce Fagus sylvatica (subsp. sylvatica) est remplacée par Fagus sylvatica subsp. moesiaca, et plus à l’est encore F. sylvatica subsp. orientalis. A des altitudes encore supérieures, les forêts de sapins et d’épicéas (Abies alba, A. borisii-regis, A. nordmanniana, Picea abies, P. orientalis et P. omorika) remplacent les forêts de hêtres. L’un ou l’autre des genres Abies ou Picea peut dominer. Pinus sylvestris, Fagus sylvatica, quelques Quercus robur, et des espèces pionnières comme Sorbus aucuparia, Populus tremula et Betula pendula occupent une place secondaire. A la limite de la végétation arborescente, on trouve parfois des formations de pins rabougris (Pinus mugo) ou de Rhododendron spp. Ces formations basses et le krummholz se transforment à des altitudes supérieures en herbage alpin, en différents types de végétation arbustive naine et en végétation sur roche et sur éboulis au niveau de la ceinture alpin de l’étage nival. Dans l’Oural, la stratification d’altitude commence avec les forêts de tilleuls/chênes (Quercus robur, Tilia cordata) au niveau le plus bas, suivies de forêts de sapin et d’épicéas (Abies sibirica, Picea obovata) avec un tapis herbacé, en présence d’espèces feuillues comme Ulmus glabra et Tilia cordata, ainsi que des forêts de pins (Pinus sylvestris) avec Larix sibirica30 . Forêt boréale de conifères La forêt boréale de conifères se constitue dans la zone recouvrant certaines parties de la Norvège, la majeure partie de la Suède, la quasi-totalité de la Finlande, le nord de l’Ecosse, une large ceinture dans la partie ouest de la Fédération de Russie du sud du cercle polaire arctique, le sud de l’Islande, et sur de vastes surfaces dans la partie orientale de la Fédération de Russie. Les caractéristiques climatiques de cette zone sont : les relatives basses températures (entre 8° en Ecosse et 1° C dans le nord de la Fédération de Russie), les précipitations allant de 900 mm dans l’ouest à 400 mm à l’est et la très courte période de végétation (moins de 120 jours). Les périodes de sécheresse prolongée sont rares. La neige couvre normalement le sol de cette zone pendant plusieurs mois en hiver. La plupart des forêts boréales ne sont dominées que par quelques espèces arborées de conifères, l’épicéa principalement (Picea abies) sur les sols plus humides, et les pins (Pinus sylvestris) sur les terrains plus secs. (…) Des espèces décidues comme le bouleau (Betula spp.), le tremble (Populus tremula), l’aulne (Alnus spp.) et le saule (Salix spp.) sont caractéristiques des premiers étages en altitude (le bouleau et l’aulne, en particulier) ou peuvent former de petits peuplements parmi les conifères. (..) Dans l’est de la Fédération de Russie, la répartition de la végétation est définie par la délimitation et la continentalité du climat. La forte humidité dans la partie ouest favorise la présence de forêts de conifères sombres (dominées par l’épicéa et le sapin) alors que la sécheresse et la continentalité s’accentuant vers l’est favorisent les forêts de conifères clairs (formées surtout de mélèzes mais aussi de pins du sud). Les marais arborés et les prairies marécageuses dominent la taïga du nord de la plaine sibérienne occidentale. Les forêts sont confinées dans les vallées fluviales bien drainées. Elles sont dominées par le pin cembro de Sibérie (Pinus sibirica) mélangé à l’épicéa de Sibérie (Picea obovata), au bouleau (Betula pendula) et au mélèze de Sibérie (Larix sibirica) dans le nord, et à des sapins à croissance lente (Abies sibirica) dans le sud. Les forêts secondaires de bouleaux sont fréquentes. Différentes tourbières hautes et de transition prédominent dans la taïga centrale. Des forêts clairsemées de cèdres avec quelques bouleaux se développent habituellement dans les vallées. Vers le sud, le nombre de zones humides diminue sensiblement. Les forêts de cèdres-épicéas et de cèdres-épicéas-sapins couvrent les zones d’altitude dans la taïga centrale et méridionale. Les forêts de bouleaux (Betula pendula) et de trembles (Populus tremula) augmentent vers le sud. Les forêts de pins se développant sur un tapis de lichens sont présentes sur les sables drainés. A l’est du fleuve Ienisseï, la taïga de conifères sombres cède la place à des forêts de conifères clairs, formées de mélèzes et de pins. Au nord, dans le bassin du fleuve Podkamennaja Tunguska, prédominent les forêts de 30Idem., p.184
  • 21. 21 mélèzes-pins et les forêts de pin sur tapis de mousses. Les forêts d’épicéas et de cèdres, parsemées de bouleaux et de trembles, sont présentes dans les vallées fluviales. (…) A l’est, dans le centre de la République de Sakha, le mélèze est l’espèce dominante. D’autres espèces, notamment le pin et le bouleau, couvrent moins de 10 pour cent des terres boisées. Au nord, dans le nord-ouest de la Sakha et partiellement en Evenkija, et dans le district national de Taïmyr, les forêts clairsemées de mélèzes de la taïga du nord couvrent environ 95 pour cent des zones boisées. Le pin nain (Pinus pumila) occupe 4 ou 5 pour cent, alors que le bouleau est très rare. Les forêts clairsemées de mélèzes sont répandues dans le sud et présentent un sous-étage épars d’épicéas de Sibérie (Picea obovata)31 . Toundra boréale boisée En Europe, elle forme une ceinture étroite sur la péninsule de Kola et le long du cercle polaire arctique jusqu’aux montagnes de l’Oural. Au-delà de l’Oural, la zone écologique consiste en une ceinture assez large qui s’étend jusqu’à la côte Pacifique. Le climat est froid mais humide. La végétation de cette partie européenne de la zone comprend des formations boisées ouvertes composées d’arbres de petite taille, en général de 4 à 5 m de hauteur. Dans les peuplements prédominent Betula pubescens subsp. czerepanovii et Picea obovata. Bien que Picea obovata soit dominant dans le nord de la plaine russe et dans l’Oural, Betula pubescens subsp. czerepanovii constitue les formations boisées des zones subocéaniques du nord-est de l’Europe. Plus loin vers l’est, on trouve des formations boisées de Larix sibirica en petits peuplements isolés sur des sols sablonneux. Des bourbiers occupent souvent les dépressions humides, alors que la toundra boisée recouvre les versants et d’autres terrains bien drainés. A l’est de l’Oural, les formations boisées ouvertes se rencontrent habituellement dans les basses terres bien drainées alternant avec la toundra et les bourbiers. Dans le sud de la zone, des forêts clairsemées de conifères longent les vallées fluviales en bandes de plusieurs kilomètres de large. Dans la plupart des cas, les arbres sont de structure irrégulière, et leurs fûts tordus, comme leurs houppiers asymétriques en forme de drapeaux les font ressembler parfois à des plantes rampantes arborescentes. Les processus cryogéniques du sol sont souvent à l’origine de ce phénomène de « forêt ivre ». En Sibérie occidentale, dans les forêts typiquement clairsemées, l’espèce dominante est le mélèze de Sibérie (Larix sibirica) mélangé à l’épicéa de Sibérie (Picea obovata). En Sibérie centrale, c’est Larix gmelinii qui prévaut et l’épicéa forme le deuxième étage du couvert. Vers l’est, dans les bassins des fleuves Indiguirka et Kolyma, les principales espèces sont Larix gmelinii et L. cajnandri. Cette dernière remplace L. gemilinii à l’est du fleuve Lena. Pinus pumila et des saules rabougris (Salix udensis, S. schwerin) abondent et empiètent sur les aires de basse-futaie. Populus suaveolens et Chosenia arbutifolia sont présents dans les vallées fluviales. La limite septentrionale de la végétation arborescente suit le cours du fleuve Kolyma au nord du 69°N et à environ 65°N dans la presqu’île de Tchoukotka, se caractérisant par la présence de Populus suaveolens, Chosenia arbutifolia et de Duschekia kamtschatica.32 Systèmes montagneux boréaux Enfin, les systèmes montagneux boréaux comprennent six régions montagneuses isolées – les montagnes de l’Islande, les hauts plateaux d’Ecosse, les montagnes de Scandinavie, l’Oural, les sommets septentrionaux des montagnes de la Sibérie centrale et les grands territoires montagneux qui occupent le sud de la Sibérie et recouvrent la majeure partie de la république de Sakha et de l’Extrême-Orient russe. Dans la partie Européenne de la zone, nous trouvons surtout des forêts de bouleaux (Betula pubescens) localement associés à des pins (Pinus sylvestris) dans l’est. 31Ibid., p.184-185 32Idem. p.186
  • 22. 22 Dans l’est de la Fédération de Russie, la distribution de la végétation forestière ainsi que la présence de différentes espèces dépendent beaucoup du climat et de l’orientation des versants. Sur le plateau sibérien, on trouve essentiellement des forêts de mélèzes ainsi que des conifères sombres. A plus haute altitude, on remarque la présence de forêts de trembles et de sapins. Plus haut encore, c’est à dire jusqu’à 1400-1500 m, s’étendent des forêts de conifères sombres dominées par les cèdres, les sapins et quelques épicéas. Les forêts de cèdres occupent une ceinture subalpine à partir de 1500 jusqu’à 1800 m. La ceinture de forêts la plus élevée (de 1800 à 2400 m) est habituellement formée de forêts mixtes de cèdres et de mélèzes. Ces différentes zones écologiques s’inscrivent dans des zones géographiques, ou sous régions.
  • 23. 23 EUROPE DU NORD Introduction (pays nordiques et pays baltes) Pour la FAO, l’Europe du nord comprend les pays nordiques : la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Suède, ainsi que les pays Baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Les terres de cette zone totalisent une superficie de 129 millions d’hectares, dont la moitié, soit 65 millions d’hectares, est classée comme forêt (cf.vol.2, annexe 1, fig. 13 à 14). Cette zone géographique présente une grande diversité de zones climatiques, allant de la zone polaire dans les hautes montagnes du nord, aux zones chaudes-tempérées humides du sud-ouest et à la zone continentale de l’est. Les précipitations annuelles y varient entre 300 et 3000 mm par an suivant le lieu. Les zones de végétation représentatives sont les suivantes : alpine, subalpine, boréale, boréa-némorale et némorale. La majeure partie des forêts sont des forêts de conifères où prédominent le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et l’épicéa (Picea abies), souvent mélangés à des espèces feuillues comme le bouleau (Betula spp.) et le tremble (Pipulus tremuloides). Dans la zone subalpine, le bouleau prédomine, et dans la zone némorale, le chêne (Quercus spp.), le hêtre (Fagus sylvatica), le charme (Carpinus betulus), le frêne (Fraxinus excelsior) et d’autres espèces feuillues forment la végétation arborée naturelle33 . Nous savons que la forêt joue un rôle très important dans l’économie de la Suède, de la Finlande et de la Norvège, qui sont parmi les premiers exportateurs au monde de bois. Selon la FAO la valeur des exportations du secteur forestier en 1999 s’élevait à 9.7 milliards de dollars US en Suède, et à 10.9 milliards de dollars en Finlande. Concernant les pays Baltes, leurs exportations de bois (d’ailleurs en grande partie tournées vers la Suède et la Finlande) ont surtout connu une progression spectaculaire après leur accès à l’indépendance34 . En effet, bien que ces deux pays nordiques disposent de grandes ressources forestières ils font néanmoins venir de l’extérieur de grandes quantités de bois, notamment des bois exotiques ainsi que des feuillus, afin de satisfaire aux besoins pour la production de meubles Ressources forestières En ce qui concerne les ressources forestières, la FAO nous renseigne de façon précise : Par le passé, les ressources forestières de la sous-région ont toujours été bien aménagées dans la plupart des pays. Par conséquent, autant la superficie forestière que le volume de bois ont augmenté en Suède, en Norvège et en Finlande depuis leur premier inventaire réalisé au début des années 20 (Finnish Forest Research Institute 2001 ; Suède. Department of Forest Resource Management and Geomatics 2001 ; Norwegian Institute of Land Inventoru 2001). Dans les pays Baltes, les superficies forestières ont augmenté après la deuxième guerre mondiale (Lithuanie Department of Forest and Protected Areas, Ministry of Environment 2001), lorsque de nombreuses exploitations agricoles abandonnées se sont reboisées. Au cours de la dernière décennie, la superficie forestière totale de la sous-région s’est accrue. Cependant, un équilibre a été atteint lorsque le boisement et l’extension naturelle des forêts sur les anciennes terres agricoles ont égalé la perte de forêts due à l’expansion des villes, les autoroutes et d’autres infrastructures dans des terres autrefois boisées35 . En raison de la grande superficie des forêts et de la faible densité de la population, la superficie forestière par habitant en Finlande, en Norvège et en Suède est plus élevée que pour 33FRA 2000 – Rapport principal, Internet site de la FAO, p.189 34Idem. 35Ibid.,p.189-190
  • 24. 24 le reste de l’Europe et supérieure à la moyenne mondiale. A contrario, en Lituanie et en Islande, la superficie forestière par habitant est plus faible que dans les autres pays. L’accroissement annuel net est supérieur à 220 millions de mètre cubes par an sur écorce, et les coupes totalisent environ 150 millions de mètres cubes sur écorce par an (dont près de 6 millions par an sur écorce sont attribués aux pertes naturelles). Cela explique en partie l’accroissement net annuel du matériel sur pied qui est proche de 80 millions de mètres cubes par an sur écorce, entre 1990 et 2000. Du fait que la superficie forestière et le stock de matériel sur pied ont augmenté depuis la deuxième guerre mondiale, le volume total et la biomasse se sont aussi accrus dans la sous région36 . Nous revenons ultérieurement sur l’intérêt évident de ces forêts vis à vis du stockage du carbone atmosphérique. Aménagement et utilisation de la forêt En ce qui concerne les estimations de la superficie des plantations forestières faites par la FAO, elles sont relativement faibles et tournent autour de 2 %37 . Environ 75 % de la superficie forestière de la sous-région appartiennent au secteur privé. Dans les pays nordiques, la majeure partie des forêts a été privatisée. De nos jours, de 70 à 85 pour cent de la superficie forestière appartient au secteur privé dans les quatre pays nordiques de la sous-région. Dans le cas des pays Baltes, ce n’est que depuis l’indépendance dans les années 90 que la privatisation a été amorcée, bien que la quasi-totalité des forêts appartienne encore à l’Etat. Globalement, les forêts publiques de la sous-région sont moins productives que les forêts privées Le chiffre considérable (96 pour cent) des forêts soumises à diverses formes de plan d’aménagement traduit aussi l’abondance des informations et des connaissances relatives aux forêts dans la sous-région. (…) Sur les 65 millions d’hectares de forêt présents dans la sous-région d’Europe du Nord, environ 10 millions (16 pour cent) ne seraient pas disponibles pour l’approvisionnement en bois (7 millions d’hectares sont protégés à des fins de conservation multiples et 3 millions ne sont pas exploitables pour des raisons économiques). En termes de pourcentage, il s’agit d’un chiffre faible par rapport aux 30 pour cent non disponibles pour l’approvisionnement en bois de toute l’Europe et de la Fédération de Russie38 . Conclusion et perspectives Dans cette partie de l’Europe du Nord, les ressources en bois se sont régulièrement développées depuis le début des années 1990. A l’exploitation rationnelle des ressources s’est ajoutée une prise de conscience des nécessités liées au maintien de la diversité biologique des espèces et à la sensibilité « écologique » des populations. A cet égard, la FAO précise : (…) l’intérêt croissant porté par le public aux aspects esthétiques, récréatifs et écologiques des forêts a donné une nouvelle orientation aux pratiques d’aménagement, axées jusqu’alors vers la production industrielle. Au cours des années 70, une part importante de la population des pays d’Europe du Nord a commencé à protester contre les grandes clairières inesthétiques que laissaient souvent les systèmes mécanisés de coupes rases et de régénération. Bien que ces méthodes aient aidé à optimiser les opérations d’exploitation et de replantation, le public s’en est indigné. Dans les années 80, les organisations non gouvernementales (ONG) se sont renforcées et ont manifesté un intérêt croissant pour l’aménagement des forêts, exerçant une pression sur 36Idem., p.190 37Idem. 38Idem.,p.191.
  • 25. 25 les industries et, par conséquent, sur les propriétaires forestières pour qu’ils limitent l’impact de l’exploitation sur les ressources biologiques et préservent la valeur esthétique. Les consommateurs de produits forestiers ont aussi commencé à s’interroger sur la façon dont les forêts de leur pays étaient aménagées et exploitées. Tous ces efforts ont fait en sorte qu’au début des années 90, les industries ont commencé à réviser leurs pratiques d’aménagement. Entre-temps, les ONG, les gouvernements et leurs industries ont mis un terme aux conflits en faveur de dialogues plus constructifs sur la façon d’accroître aussi bien le rendement en bois que la diversité biologique, grâce à l’aménagement des forêts. Par exemple, la politique forestière de 1993 en Suède stipule que les objectifs environnementaux sont aussi importants que la production forestière, contrairement à la politique de 1979 qui était presque exclusivement orientée vers la production39 . Les choses sont très différentes dans les pays Baltes et ceci notamment depuis l’accession à leurs indépendances respectives. C’est en effet l’aspect économique qui prédomine depuis lors. Observons les chiffres de production, importation et exportation pour la période comprise entre 1961 et 2006 (cf.vol.2, annexe 1, fig.87 à 195)40 . Dans les pays de l’Europe du Nord et principalement pour la Suède et la Finlande, on note une progression rapide de la production, surtout en bois conifère. Les chiffres produits par la FAO sont intéressants car ils permettent de suivre cette évolution, et prennent également en compte les périodes de crise. Ainsi on constate une baisse à la fois de la production, des importations et des exportations autour des années 1973-75, 1980-81, 1985-1988, 1991, 2001, correspondantes aux différentes crises pétrolières et économiques, à la guerre du Golf, ainsi qu’à la crise suivant le 11 septembre 2001. Comme tous les autres secteurs de l’économie, le secteur du bois est largement touché par ces troubles qui ralentissent l’économie mondiale. Notons surtout la grande production de bois conifère finlandaise (7.996.000 t en 1961, et 12.145.000 t en 2006), dont elle exporte presque 50 % (5.146.000 t en 1961, et 7.712.413 t en 2006). Il en est de même en ce qui concerne la production de contreplaqué (406.000 t en 1961, 1.415.000 t en 2006) et son exportation (328.200 t en 1961, et 1.250.394 t en 2006). Il est particulièrement intéressant de noter que la Finlande exporte les ¾ de cette production. Concrètement, la Finlande, qui est le plus grand producteur de bois conifère et de contre- plaqué, note une baisse assez conséquente dans sa production de bois conifère entre 1973 et 1975 (7.831.000 t en 1973, 7.427.500 t en 1974, 4.903.000 t en 1975) , et de contre-plaqué entre 1973 et 1975 (730.000 t en 1973, 568.000 t en 1974, 415.000 t en 1975, et 491.000 t en 1976), baisse qui affecte par la même occasion les exportations de bois conifère (5.195.500 t en 1973, 4.289.500 t en 1974, et 2.889.500 t en 1975), et de contre-plaqué (597.000 t en 1973, 386.000 t en 1974, et 339.000 t en 1975). On note le même phénomène, concernant le production, au cours de la période 1980-1982 (10.166.000 t en 1980 en bois conifère, 8.195.000 t en 1981, et 7.241.000 t en 1982. Pour le contreplaqué : 639.000 t en 1980, 603.000 t en 1981, 596.000 t en 1982, et 580.000 t en 1983)41 . 39Idem., p. 193 40 Source : www.faostat.fao.org. 41 Source : www.faostat.fao.org
  • 26. 26 EUROPE CENTRALE Introduction La FAO regroupe 15 pays dans la sous région de l’Europe centrale : l’Autriche, la Belgique et le Luxembourg, la République Tchèque, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Irlande, la Hongrie, le Lichtenstein, les Pays-Bas, la Pologne, la Slovaquie, la Suisse et le Royaume-Uni (cf.vol.2, annexe 1, fig.15 et 16). Pays industriels économiquement puissants, ils sont aussi pays d’importants utilisateurs de produits ligneux. La plupart sont des importateurs nets de ces produits, à l’exception de l’Autriche, de la République Tchèque et de la Pologne qui sont des exportateurs nets. Le climat de cette sous région est tempéré, généralement humide et frais. A l’ouest, le climat de cette sous région est influencé par la présence de l’Océan Atlantique, mais tend à devenir de plus en plus continental avec des hivers rigoureux à l’est, et un climat méditerranéen avec des étés chauds et secs dans le sud de la France. Ressources forestières La sous région totalise 196 millions d’hectares. Le quart environ de la superficie des terres, soit 52 millions d’hectares, est couvert de forêts. Si la France, l’Allemagne et la Pologne comptent pour deux tiers des terres forestières de cette région, la France à elle seule en détient 30%. Avant l’apparition de l’être humain, la forêt couvrait la plus grande partie des terres, et le couvert forestier national était formé pour l’essentiel d’espèces feuillues tempérées. A travers les siècles, de grandes superficies de ce couvert ont été éliminées au profit de l’agriculture et d’autres utilisations des terres, et presque toute la forêt restante a été perturbée ou modifiée, le plus souvent par des interventions de gestion. De nos jours, il ne reste que des reliques dispersées de forêt non perturbée ; il est estimé que cette forêt couvre moins de 250 000 hectares dans la sous-région, la superficie la plus importante se situant en Pologne (144 000 ha)42 . La majeure partie est classée dans la catégorie des forêts semi-naturelles43 . En ce qui concerne la sous-région de l’Europe Centrale, plus de 90 pour cent de toutes les forêts sont classées comme étant naturelles selon la FAO. Les plus importantes plantations se situent au Royaume-Uni, en France et en Irlande (4.1 millions d’hectares). Plus de la moitié des forêts de cette sous région est constituée par des feuillus et des mixtes de feuillus/conifères. La part des forêts à dominance de conifères s’est accrue au cours des deux derniers siècles en raison des pratiques de gestion forestière encourageant l’utilisation de ces espèces. Les espèces feuillues prédominent en France, en Hongrie et en Slovaquie, tandis qu’en Allemagne, en Autriche, en Pologne, au Royaume-Uni et en Irlande ce sont les conifères qui dominent. Certains pays tels que la France offrent une grande diversité de types de forêts. Dans la partie occidentale et centrale de ce pays, les forêts de feuillus prédominent, avec les hêtres (Fagus sylvatica) et les chênes (Quercus spp.) comme espèces les plus communes. A l’est et dans les zones 42Idem., p.193 43En ce qui concerne les pays industrialisés des zones tempérées et boréales, l’expression « forêt naturelle » se réfère, dans le rapport de la FAO, à toutes les forêts n’entrant pas dans la catégorie de plantations.
  • 27. 27 montagneuses des Alpes et des Pyrénées, les conifères constituent les principales espèces, notamment l’épicéa et le sapin, souvent mélangés à du hêtre, alors que dans le sud-Ouest (les Landes), on trouve la plus grande forêt de conifères d’Europe établie par l’homme à base de pin maritime (Pinus pinaster). Au sud, se développe une végétation de type méditerranéen avec des pins et des chênes, ainsi que des vastes zones de maquis et de garrigue. Les taillis et les taillis-sous-futaie sont les aspects communs de nombreuses forêts du pays et représentent près de la moitié de l’ensemble de la zone forestière. Les programmes actifs de reboisement (en partie pour remplacer les taillis) et de boisement ont introduit certaines espèces exotiques comme le douglas (Pseudotsuga spp.), ainsi que le peuplier (Populus spp.)44 . Actuellement en Allemagne, plus de la moitié de la superficie forestière est composée de conifères. Ce phénomène s’explique par les nombreuses campagnes de gestion menées dans ce sens au cours des deux siècles passés. Plus d’un cinquième de ce territoire arboré est constitué de forêts mixtes de conifères/feuillus. Notons également que les forêts se trouvent essentiellement au sud, centre et est du pays, très peu étant situées au nord. Les principales espèces de conifères sont l’épicéa et le pin sylvestre (Pinus sylvestris), et les feuillus les plus communs sont le hêtre et le chêne45 . L’Autriche et la Suisse peuvent être comparés à l’Allemagne car on y retrouve cette même prédominance des conifères : en Autriche 88 %, en Suisse 77% et 23 % de feuillus. La production de bois en Autriche est remarquable, car c’est le seul grand exportateur net de produits dérivés du bois de la sous-région (la Pologne et la République Tchèque sont des exportateurs nets, mais moins importants)46 . Concernant la production, l’importation et l’exportation de ces différents pays (cf.vol.2, annexe 1, fig.87 à 195) , la France nous intéresse particulièrement puisqu’ elle appartient au cercle des pays grands producteurs de bois, à la fois conifère et non conifère, mais également de panneaux de particules. La France demeure le plus important producteur européen de bois non conifère. Comme les autre pays, la France a été marquée dans sa production par des périodes de crise (les années 1973-1975, 1980-1983, 1991 et 2001), qui se sont parfois traduites par un ralentissement significatif. Ces différentes crises économiques ont également eu de fortes répercutions sur le secteur des exportations. Le cas de l’Allemagne est également intéressant. Il s’agit en effet lui aussi d’un pays grand producteur de bois, mais surtout de matériaux dérivés du bois. Le bois occupant une place importante dans le mobilier allemand, l’Allemagne exporte et importe beaucoup dans ce domaine, et est également un grand pays exportateur de mobilier en tant que produit fini. Le cas de la Pologne est atypique. Ses forêts sont dominées par des conifères, et plus d’un cinquième est composé de forêts mixtes de conifères/feuillus. Le pin sylvestre est le conifère dominant tandis que le chêne est la principale espèce feuillue. Les fluctuations de l’économie mondiale ne semblent pas affecter sa production de la même façon. Si on note une augmentation de la production de bois conifère jusqu’en 1979, elle baissera par la suite d’environ 50% entre 1978 et 2006 (6.334800 t produits en 1979, mais 3.017.900 t produits en 2006) ; il en est de même concernant la production de bois non conifère (769.000 t produits en 1961, 1.425.050 t en 1978, et seulement 589.300 t en 2006). En revanche, leur production de panneaux en fibre de particules n’a cessé d’augmenter depuis 44FRA 2000 – Rapport principal, p.194 45Idem. 46Ibid
  • 28. 28 1961, excepté une baisse constatée pour la période 1988-1991 (80.000 t produite en 1961, 1.086.000 t en 1978, 1.308.000 t en 1988, 718.000 t en 1990, 4.485.900 t en 2006)47 . En République Tchèque les essences de conifères les plus communes sont l’épicéa commun, le mélèze européen et le pin sylvestre, tandis que le hêtre est l’espèce feuillue la plus commune. Plus de la moitié des forêts sont mixtes en conifères/feuillues. La République Tchèque est un assez grand producteur de bois conifère et un important exportateur. Elle a connu une augmentation depuis 1961 jusqu’en 1990 (3.590.000 t en 1961, 4.082.000 t en 1990). Cependant, à partir de 1992 (3.037.000 t en 1991, 2.400.000 en 1992, et 2.770.000 t en 1993), nous notons une baisse dans la production, qui par la suite ne retrouvera plus le niveau de 1990. En revanche, si les exportations pâtissent également de ces aléas, la reprise est pourtant bien plus importante (619.690 t en 1961, 1.017.000 t en 1991, 787.100 t en 1993, mais 1.943.000 t en 2006). Le pays ne semble pas avoir été marqué par la crise de 1973-1975, tant au niveau de sa production (3.393.500 t en 1973, 3.516.000 t en 1974, et 3.556.000 t en 1975), qu’au niveau de son exportation (668.150 t en 1973, 683.050 t en 1974, et 715.500 t en 1975)48 . Ce qui laisse peut-être supposer qu’il exportait plus à ses voisins de l’Europe de l’Est qu’à ceux de l’Europe de l’Ouest. En Slovaquie et en Hongrie, presque 90% de la superficie forestière est dominée par les espèces feuillues. Le hêtre et le chêne sont les principales espèces feuillues en Slovaquie (l’épicéa commun, le sapin blanc et le pin pour les conifères), alors qu’en Hongrie le robinier (faux-acacia) et le peuplier sont très importants. Les peuplements jeunes sont très nombreux dans ce pays, du fait du reboisement et du boisement, et des durées de révolution courtes pour certaines espèces49 . La situation est quelque peu différente en Belgique, au Danemark, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Ces pays ne possèdent en effet que peu de forêts, en dehors de la région des Ardennes, en Belgique et au Luxembourg. Au Danemark et aux Pays-Bas, la forêt ne couvre pas plus que 10% du territoire. Les Pays- Bas ont en outre le plus faible taux de superficie forestière par habitant (0,02 ha) en Europe. Les forêts de ces quatre pays sont essentiellement composées, et ce à parts plus ou moins égales, de feuillus et de conifères. Les principales espèces sont le hêtre, le chêne et l’épicéa commun, et d’autres d’espèces introduites dans les programmes de reboisement et de boisement comme le peuplier, le pin et le douglas50 . Prenons l’exemple d’un pays tel que le Danemark, sa production, à la fois de bois conifère et non conifère, est très faible étant donné son manque de ressources forestières propres. En 2006, il n’a produit que 175.000 t de bois conifère et 21.000 t de bois non conifère. En revanche, les importations de bois conifères sont conséquentes (2.024.780 t en 2006) car la production de mobilier en bois, notamment en pin, est importante. Il en est de même concernant les Pays-Bas qui produisent aussi peu de bois que le Danemark (179.541 t de bois de conifère, et 85.728 t de bois non conifère en 2006) et qui, par conséquent, en importe beaucoup (2.751.000 t en 2006). 47 Source : www.faostat.fao.org 48 Idem. 49FRA 2000 – Rapport Principal., p.195. Disponible sur www.fao.org 50Idem.
  • 29. 29 La Belgique est également un petit producteur de bois conifère et non conifère, mais en importe moins que le Danemark et les Pays-Bas (1.878.490 t de bois conifère importé en 2006). Ce pays produit surtout des panneaux de particules principalement destinés à l’exportation (1.849.705 t exportés sur 2.260.000 t produits en 2006). La cas de la Grande-Bretagne est sensiblement différent ; c’est un pays qui produit très peu de bois, car il dispose d’assez peu de forêts. Cette production est essentiellement constituée de bois conifère mais également de panneaux de particules. En revanche, le pays importe de très grandes quantités de bois, car le mobilier est fabriqué pour une très large part en Grande- Bretagne. En ce qui concerne l’Irlande et le Royaume-Uni, nous sommes en présence de deux pays de la sous-région, voire de l’ensemble de l’Europe, avec le plus fort pourcentage de plantations par rapport à leur superficie forestière totale. Toutefois, en comparaison de pays européens comme la France, l’Allemagne ou la Suède, le Royaume-Uni dispose de peu de forêts. Jusqu’à très récemment, ces plantations se composaient principalement de conifères, comme l’épicéa et d’autres espèces comme le pin, le mélèze et le douglas, ce qui explique l’accroissement notable de celles-ci à la fin du 20ème siècle. Au cours de ces 80 dernières années, le boisement a également permis d’étendre la couverture forestière de ces deux pays à hauteur de près de 10%. Aménagement et utilisation de la forêt Pour l’ensemble de cette sous-région et dans les années 90, l’accroissement de la superficie forestière était quasiment de 0,3% par an. Les forêts de l’Europe Centrale sont soumises à trois types de régime de propriété : les forêts appartenant à l’Etat, celles appartenant à d’autres organismes publics comme les communes ou les municipalités et enfin celles détenues par des particuliers. En règle générale, environ 36% appartiennent à l’Etat, 13% à d’autres organismes publics, 43% aux particuliers et 8 % à d’autres entités. Nous n’avons trouvé aucun document capable de nous éclairer sur la nature de ces 8 %. Les pays où l’Etat reste en possession de la plus grande part sont la Pologne (82%), la République Tchèque (71%) et la Hongrie (43%), pays ayant autrefois appliqué des régimes d’économie planifiée. Aujourd’hui, la prise de conscience ayant ancré les règles du développement durable a de plus en plus de poids sur les modes de gestion et de conservation des forêts ; les pays riches de l’Europe de l’ouest imposent peu à peu leurs visions aux pays de l’Europe de l’est. Les pays de l’est de la sous-région, en transition vers une économie de marché, ont généralement hérité de forêts bien aménagées par les régimes précédents, mais souvent aussi d’industries et d’infrastructures forestières délabrées. Ils doivent faire face à de grands travaux de modernisation de leur industrie et de leurs institutions, ainsi qu’à la privatisation et la restitution. Parmi les problèmes qu’ils doivent affronter figure le redressement des niveaux de vie de leurs populations pour les aligner sur une moyenne européenne, tout en appliquant les mesures nécessaires pour améliorer la qualité de l’environnement qui a souvent été négligée par les régimes précédents51 . 51Idem., p.198.
  • 30. 30 Conclusion et perspectives Tous les pays de la sous-région doivent faire face à la contrainte de mettre hors production une part importante de leurs forêts pour la protection de l’environnement, en particulier pour préserver la biodiversité, à savoir la sauvegarde d’espèces rares de faune et de flore52 . La question d’une gestion durable de la forêt se pose alors dans la mesure où c’est d’elle que dépendent les attributions de la certification53 sur la provenance des bois, de plus en plus exigée par les grands acheteurs de mobilier. De plus, une des autres interrogations à résoudre est celle de la pollution atmosphérique et principalement des pluies acides qui entraînent une perte de feuillage chez les conifères et les feuillus. Autre sujet de préoccupation : la fréquence de tempêtes causant d’importantes pertes aux forêts, la dernière ayant sévi en 1999. Néanmoins selon certains scientifiques, cette grande tempête de Noël 1999 a eu quelques effets positifs tels le nécessaire « nettoyage » des forêts qui a permis de laisser davantage d’espace libre à la pousse de nouvelles espèces plus résistantes au vent, ou pour ré-introduire une mixité salutaire autrefois préconisée. « Cette tempête a marqué autant les hommes que la nature. L’impact est violent et traumatisant, car il déséquilibre les forêts et marque profondément et durablement le paysage. Cependant, comme le feu, les tornades sont des phénomènes naturels qui, sans l’intervention de l’homme, assurent le renouvellement de la forêt54 . Les chercheurs du Cemagref55 à Nogent-sur-Vernisson précisent : La tempête de l’hiver 1999 a détruit de nombreux peuplements forestiers, créant des trouées plus ou moins vastes. Quel impact ont-elles sur la biodiversité floristique et quel est l’impact de leur exploitation ? Autant de questions que se sont posés les chercheurs de Cemagref à Nogent-sur-Vernisson. (…)L’ouverture du peuplement accroît la ressource en lumière, en eau et en nutriments pour les plantes du sous- bois. Quant à l’exploitation des arbres dans les trouées, elle modifie l’état de surface du sol. Les chercheurs du Cemagref à Nogent-sur-Vernisson ont voulu savoir si la « mise en lumière » du sol suite à la chute des arbres était favorable à la biodiversité et quel était l’impact de l’exploitation des chablis56 . (...) Leurs observations montrent que la « mise en lumière » provoque un enrichissement important en espèces. Contre 5 espèces présentes en moyenne en forêt, ils en comptent 10 dans la trouée. Leurs relevés montrent aussi une augmentation importante de l’abondance des ces espèces. Le pourcentage de recouvrement au sol est multiplié par 4 ou 5 dans la trouée. Plus encore, les trouées ont un impact fort sur la composition des communautés floristiques. Elles permettent en effet l’installation d’espèces originales, généralement absentes des peuplements matures ou fermés. Les espèces dites non forestières (souvent des herbacées et des graminées) profitent de ces modifications du milieu. Plus surprenant, les trouées ont aussi un effet bénéfique sur les espèces dites forestières dont le nombre et le recouvrement augmentent. Seules quelques espèces typiques des milieux fermés, en particulier certaines mousses et le muguet pâtissent de ces modifications. (…) La modification du sol et de la litière crée en effet un terrain très favorable à l’implantation des nouvelles espèces57 . 52Idem. 53En France, le label NF Environnement est attribué pour une durée déterminée à un produit dont l’impact sur l’environnement est réduit par rapport aux autres produits du même type. Les critères prennent en compte tout le cycle de vie du produit. Au niveau européen le Label Ecologique Européen est attribué pour une durée déterminée à un produit selon des critères écologiques, définis par la Commission Européenne, qui tiennent compte de tout le cycle de vie du produit, de ss production et son utilisation jusqu’à son élimination. 54Source : www.onf.fr 55Cemagref : L’institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement. 56Arbre, bois abattu par le vent, ou tombé de vétusté. 57Source : www.recherche.gouv.fr/biodiv2005paris/recherche/cemagref5.pdf
  • 31. 31 EUROPE DU SUD Introduction Selon la FAO, la sous-région de l’Europe du Sud est composée des 15 pays suivants, la plupart bordant la Méditerranée (cf.vol.2, annexe 1, fig.17 et 18) : Albanie, Andorre, Bosnie- Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Roumanie, Saint-Marin, Slovénie, Espagne, la République de Macédoine, la Serbie, la Croatie et le Monténégro. Tous ces pays se caractérisent par un climat de type méditerranéen avec des étés chauds et secs, même si par endroits, comme dans le nord de l’Espagne, de l’Italie, de la Roumanie et de la Slovénie, des précipitations abondantes favorisent le développement des forêts. De très grandes disparités subsistent entre ces pays, tant au niveau économique que social, et les niveaux de vie varient. Ainsi, les écarts sont grands entre les pays appartenant à l’Union européenne, tels que la Grèce, l’Italie, le Portugal et l’Espagne, et ceux qui souhaitent y adhérer ou y être associés. Notons l’entrée récente de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’Union Européenne. L’Espagne, l’Italie et la Roumanie couvrent à eux trois près des deux tiers de la superficie terrestre de cette zone, et ce sont également les pays les plus densément peuplés. Tandis que des pays comme l’Andorre, Malte et Saint-Marin jouent un rôle plus insignifiant. Ressources forestières Les forêts couvraient 52 millions d’hectares dans la sous-région en 2000, les autres terres boisées occupant une étendue supplémentaire de 19 millions d’hectares. Les forêts et les autres terres boisées représentent donc les deux tiers de la superficie totale des terres, la forêt à elle seule couvrant 30 pour cent. En moyenne, ce chiffre représente 0.3 ha de forêt par habitant, mais les pays se caractérisent par d’assez grandes variations, comprises entre 0.6 ha par habitant en Bosnie-Herzégovine et Slovénie, et 0.2 ha par habitant en Italie58 . Les espèces feuillues prédominent en Europe du Sud, surtout dans la partie orientale de la zone, et forment plus de trois cinquièmes de la superficie forestière, avec 10 % des forêts mixtes de conifères/feuillus. Les chênes sont les espèces les plus fréquentes, mais les hêtres sont également présents. On note également, surtout sous forme de plantations, la présence de châtaignier, de peuplier et d’eucalyptus. Parmi les espèces résineuses, les pins, en particulier le pin d’Alep (Pinus halepensis), le pin sylvestre (Pinus sylvestris), le pin maritime et le pin de Monterey sont les plus communs, l’épicéa (Picea spp.), le sapin (Apies spp.) et le Mélèze (Laris spp.) étant aussi présents sur certains sites59 . L’Espagne dispose de la superficie forestière la plus étendue de la sous-région, avec 14.4 millions d’hectares, soit plus du quart du total. Les conifères en constituent environ deux cinquièmes, avec un cinquième de forêts mixtes de conifères/feuillus. Cependant, compte tenu des nouvelles réglementations de conservation et de protection, environ un quart de la superficie forestière est indisponible pour l’approvisionnement en bois. 58FRA 2000 – Rapport principal., p.199 59Idem., p.201
  • 32. 32 L’Espagne importe une quantité assez importante de bois conifère et non conifère (2.543.000 t de bois conifère, et 830.000 t de bois non conifère en 2006), et en produit à peu près la même quantité (2.860.000 t de bois conifère, et 946.000 t de bois non conifère en 2006) (cf.vol.2, annexe 1, fig.87 à 195). Le Portugal possède des vastes étendues de chêne-liège et est le plus grand producteur et exportateur au monde de produits dérivés du liège. Il exporte également de grandes quantités de produits ligneux issus de ses forêts de pins maritimes et d’eucalyptus. Avec L’Espagne, l’Italie possède la plus grande superficie forestière de la sous région avec 10 millions d’hectares principalement constitués de feuillus et avec 50% de taillis et taillis-sous- futaie. Comme ailleurs dans la zone méditerranéenne, les incendies de forêts constituent chaque année un véritable danger. L’Italie n’a produit que 948.000 t de bois conifère et 800.000 t de bois non conifère en 2006. L’année où elle en a produit le plus était 1985 (1.188.500 t de bois conifère, et 1.410.500 t de bois non conifère). En revanche, elle est un producteur assez important à la fois de contre- plaqué (334.000 t en 2006), et de panneaux de particules (3.725.000 t en 2006). Sa faible production de bois conifère et non conifère l’amène à en importer en grande quantité (6.409.463 t de bois conifère et 1.453.294 t de bois non conifère en 2006) afin de satisfaire les besoins de l’un des plus grands producteurs et exportateur de mobilier au monde (cf.vol.2 annexe 1, fig.87 à 195). Avec 0.2 ha par habitant, l’Italie a le taux le plus faible des pays de la sous-région, et elle est un important importateur net de produits forestiers primaires (bien qu’elle soit un important exportateur de meubles)60 . Les anciens pays de la Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Slovénie, l’ex-République yougoslave de Macédoine et la Yougoslavie) disposent d’environ 9 millions d’hectares de forêts et 1.5 millions d’hectares d’autre terres boisées. Y prédominent, comme en Grèce, en Albanie et dans la péninsule balkanique, les feuillus. Malheureusement, la sécheresse et la fragilité des sols ainsi que les fréquents incendies de forêts sont des paramètres défavorables aux conditions de croissance. Concernant l’ancienne Yougoslavie (dont la production ne peut être suivie que jusqu’en 1991), elle a essentiellement développé sa production de bois non conifère, dont presque 50% est vouée à l’exportation (cf.vol.2, annexe 1, fig. 87 à 195). En Bulgarie et en Roumanie, ce sont des forêts de feuillus qui prédominent avec, principalement, des hêtres et des chênes. Ensemble, ces deux pays possèdent plus de 10 millions d’hectares de forêts. Il est intéressant de noter que la Roumanie exporte la quasi-totalité de sa production de bois conifère, soit 2.086.000 t exportées sur 2.808.000 t produites en 2004 (en 2006 notons 2.620.000 t produites, dont 1.616.000 t exportées) (cf.vol.2, annexe 1, fig. 87 à 195) En raison des zones étendues de collines et de montagnes, de la fragilité des sols, des conditions météorologiques défavorables et des risques d’incendies, le rôle de protection des forêts est vital dans de nombreuses parties de l’Europe du Sud. Le quart environ de la superficie forestière n’est pas disponible pour l’exploitation, et ce, principalement pour des raisons de conservation et de protection, mais souvent aussi pour des raisons économiques, c’est-à-dire d’accessibilité en certains endroits61 . Les principales superficies de forêts 60Ibid., p.201 61Hélitreuillage coûteux, à défaut de débardage par câble en montage, souvent impossible.