Les trois regards de la sociologie sur l'obésité :
1 La sociologie au service de l'épidémiologie,
2 La sociologie critique sur l'obésité
3 La sociologie au service des politiques de lutte contre le developpement de l'obésité
Par Jean-Pierre Poulain
2. Le triple point de vue de la sociologie
Sociologie de l’obésité
comprendre les facteurs
sociaux impliqués dans le
développement de cette
pathologie
Sociologie sur l’obésité
perspective critique de la lecture
contemporaine de l’obésité
Sociologie politique de
l’obésité
« La société contemporaine crée des obèses,
mais elle ne les supporte pas » Jean Trémolières
3. 1 Sociologie de l’obésité et des TCA
1. Objectiver les liens
entre obésité et
positions sociales
2. Quelles explications
possibles ?
4. Obésité et SES Adultes
(d’après Sobal et Stunkard, 1989, méta-analyse portant sur 144 études)
Hommes
Faible différenciation dans les
sociétés développées
Sur 65 études
20 liens directs
34 liens inverses
11 absences de liens
Forte différenciation en société en
développement
Sur 14 études
12 liens directs
0 lien inverse
2 absences
Femmes
Forte différenciation en sociétés
développées
Sur 54 études
1 lien direct
46 liens inverses
7 absences de liens
Forte différenciation en société en
développement
Sur 11 études
10 liens directs
0 liens inverse
1 absence
5. Obésité et SES Enfants
(d’après Sobal et Stunkard, 1989, méta-analyse portant sur 144 études)
Garçons
Faible différenciation dans les
sociétés développées
Sur 34 études
9 liens directs
11 liens inverses
14 absences de liens
Forte différenciation en société en
développement
Sur 15 études
13 liens directs
0 lien inverse
2 absences
Filles
Faible différenciation en sociétés
développées
Sur 32 études
8 liens directs
13 liens inverses
11 absences de liens
Forte différenciation dans les
sociétés en développement
Sur 16 études
14 liens directs
0 liens inverse
2 absences
7. Comparaison avec les données
françaises disponibles (Poulain, Romon, Barbe, Tibére, Jeanneau
2003)
31,5%
28,3%
29,4% 30,3%
24,0%
26,0%
8,3% 7,7%
9,6%
11,2%
7,0%
9,4%
0,0%
5,0%
10,0%
15,0%
20,0%
25,0%
30,0%
35,0%
Suvim
ax
1998IN
CA
Credoc1999
O
bEpi2000
O
bEpi2003
U
TM
/D
G
A
L/O
CH
A
1999U
TM
/N
utrialis2002
Surpoids
Obésité
8. Obésité et sexe (Poulain, Romon, Barbe, Tibére, Jeanneau 2003)
Obésité Femmes
0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
12,0
14,0
très haut haut moyen faible très
faible
Pré-
précaire
Précaire
Obésité Hommes
0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
12,0
14,0
16,0
18,0
haut
m
oyen
faible
9. Surpoids et sexe (Poulain, Romon, Barbe, Tibére, Jeanneau 2003)
Surpoids hommes
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0
30,0
35,0
40,0
haut
m
oyen
faible
Surpoids Femmes
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0
30,0
haut
m
oyen
faible
10. Le positionnement social en France
Capital économique et capital culturel (Poulain, Romon, Barbe, Tibére, Jeanneau 2003)
27.5%
34.8%
12.4%
6.9%
CC+
CC-
CE- CE+
18.4%
IMC moyen : 25.3
IMC moyen : 25.3
IMC moyen : 23.7
IMC moyen : 22.3
IMC moyen : 23.6
Seul
En couple avec enfant
- de 35ans
56/70 ans
56/70 ans
46/55 ans
36/45 ans
Obésité
Sur-poids
Sur-poids
Poids normal
Maigreur
Stabilité sociale
Régression sociale
Régression sociale
Ascension sociale
Sport-
Sport+
Sport+
Pas de TV
TV++
Revenu
Revenu
Revenu
Zone rurale
Zone rurale
Paris/banlieue
Grandes villes
11. Les explications sociologiques
des liens entre obésité et SES
Les SES ⇒ l’obésité
A une position sociale
correspondent des
modes de vie (activité
physique, pratiques et goûts
alimentaires) qui sont les
causes de l’obésité
L’obésité ⇒ les SES
Le statut d’obèse
entraîne des
phénomènes de
stigmatisation qui ont
un impact sur la
mobilité sociale
12. Temps
Taux
A : Début de la transition
B: Ecart maxi entre mortalité et natalité
C : Fin de transition
LEMODÈLEDELA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE
A B C
Taux de
mortalité
Taux de
natalité
Taux d’accroissement
marginale de la pop.
13. Rôles de l’alimentation dans la transition épidémiologique
Étapes Causes de mortalité Espérance de vie et taux
de mortalité
Rôle de
l’alimentatio
n
Processus de
différentiati
on sociale
Le temps des
épidémies et
des famines
Maladies infectieuses
Carences
Maladies parasitaires
+ - 40 ans
Mortalité infant. Elevée
Mortalité élevée
Aliments
rares et
incertains
Dépendance
écologique
forte
L’abondance
et la
délocalisatio
n comme
processus de
distinction
sociale
Phase de
transition
Régression des maladies
infectieuses, de carences et
parasitaires
Apparition des maladies de
dégénérescence
Gains d’espérance de
vie +- 60
Baisse de la mortalité
infant.
Augmentation
de la
disponibilité
alimentaire
Redistribution
programmée
Esthétisation
du goût
Le gros
comme signe
de position
sociale
Installation Quasi disparition de la
mortalité infectieuse
Installation de la mortalité de
dégénérescence
Allongement de
l’espérance de vie + 70
ans
Abondance
alimentaire
Apparition
de la minceur
comme signe
de distinction
Apprivoisement
des maladies
dégénératives
Tassement entre 45 et 54 ans
et régression entre 55 et 75 ans
des maladies chroniques
Allongement de
l’espérance de vie
Sur
abondance
alimentaire
Diffusion des
connaissances
nutrition.
Diffusion du
modèle
d’esthétique
de minceur.
Minceur
=Santé
Les
sociopathies
Développement des suicides et
morts violentes, sida
Troubles du comportement
alimentaire et obésité
Ralentissement de la
progression de
l’espérance de vie
Sur
abondance
alimentaire
Anomie
alimentaire
“ dérégulation
”
Intensificatio
n du modèle
de minceur
Stigmatisatio
n des obèses
D’après Omran, 1971, Picheral, 1989, Drulhe, 1996 et Poulain 2000.
14. Rôles de l’alimentation dans la transition épidémiologique
Étapes
Causes de
mortalité
Espérance de vie
et taux de
mortalité
Rôle de l’alimentation Processus de
différenciation
sociale
Le temps des
épidémies et
des famines
Maladies
infectieuses
Carences
Maladies
parasitaires
+ - 40 ans
Mortalité infant.
Elevée
Mortalité élevée
Aliments rares et
incertains
Dépendance écologique
forte
L’abondance et la
délocalisation comme
processus de
distinction sociale
Phase de
transition
Régression
des maladies
infectieuses, de
carences et
parasitaires
Apparition des
maladies de
dégénérescence
Gains d’espérance
de vie +- 60
Baisse de la
mortalité infant.
Augmentation de la
disponibilité alimentaire
Redistribution
programmée
Esthétisation du goût
Le gros comme signe
de position sociale
Installation
Quasi disparition
de la mortalité
infectieuse
Installation de la
mortalité de
dégénérescence
Allongement de
l’espérance de vie
+ 70 ans
Abondance alimentaire Apparition de la
minceur comme signe
de distinction
Apprivoisement
des maladies
dégénératives
Tassement entre
45 et 54 ans et
régression entre
55 et 75 ans des
maladies
chroniques
Allongement de
l’espérance de vie Sur abondance
alimentaire
Diffusion des
connaissances nutrition.
Diffusion du modèle
d’esthétique de
minceur.
Minceur =Santé
Les
sociopathies
Développement
des suicides et
morts violentes,
sida
Troubles du
comportement
alimentaire et
obésité
Ralentissement de
la progression de
l’espérance de vie
Sur abondance
alimentaire
Anomie alimentaire
“ dérégulation ”
Intensification du
modèle de minceur
Stigmatisation des
obèses
D’après Omran, 1971, Picheral, 1989, Drulhe, 1996 et Poulain 2000.
15. Obésité et transition nutritionnelle
Besoins
énergétiques
Apports
énergétiques
Prévalence de
l’obésité
Temps
16. Le modèle de la transition alimentaire
Part de l’alimentation
passant par le “Marché”
21 3
Temps
Taux
100
1: Alimentation Traditionnelle
2: Phase de Transition
3: Alimentation Moderne
Part de l’alimentation
auto-produite
Part de la population
travaillant dans le
secteur agricole
LA TRANSITION ALIMENTAIRE
17. Pratiques alimentaires et obésité
Baisse de l’apport énergétique des rations
alimentaires moins rapide que celle des besoins
(civilisation du bureau)⇒ développement de l’obésité
Baisse plus importante dans les groupes sociaux
plus élevés ⇒ obésité en bas de l’échelle sociale
(Lambert 1987)
Augmentation de la part lipidique de la ration (Toutain,
Combris 1990)
18. Evolution de la structure des apports
énergétiques (Toutain et Combris, 1999)
Evolution de la structure des apports énérgétiques en France
depuis 1955
0
10
20
30
40
50
60
Glucides
Lipides
Protéines
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990
En %
20. Petit déjeuner : les normes
Le modèle dominant
PDJ continental 52%
Montée du PDJ
anglo-saxon » 27%
Apparition d’une
formule de petit
déjeuner simplifiée
(laitage) :13%
Source : Poulain et al., 2001
13%
8%
52%
27%
PDJanglo-saxon
PDJcontinentalPDJsimplifié
Autresformules
21. Petit déjeuner : les pratiques
Le PDJ continental est +
fort dans les pratiques que
dans les normes 57%
contre 52%
Le modèle simplifié + fort
dans les pratiques que dans
les normes 25% contre
13%
Le PDJ anglo-saxon est +
faible dans les pratiques
que dans les normes 7%
contre 27%
Source : Poulain et al.,2001
7%
11%
25%
57%
PDJcontinental
PDJsimplifié
Autresformules
PDJanglo-saxon
23. Déjeuner : les normes
Attachement à
la norme
déjeuner
complet 61%
Source : Poulain et al., 2001.
8%
18%
3%
7%
2%
25%
36%
Repas complets 61%
Repas simplifiées 38%
Entrée+PG+F+Dessert Entrée+PG+Dessert
PG+Dessert
Entrée+PG
Plat unique
(Grosse) entrée+Dessert
Autres
24. Déjeuner : les pratiques
Forte simplification
des déjeuners (63%)
Le déjeuner complet
est beaucoup + faible
dans les pratiques
(37%)
Modèle émergeant
« PG+ dessert » (33%)
Source : Poulain et al.,2001.
5%
16%
33%
5%
21%
5%
2%
12%
Entrée+PG+Fromage+Dessert
Entrée+PG+Dessert
PG+Dessert
PlatUnique
Autre
Sandwich
Entrée+PG
Repascomplets37%
Repassimplifiés63%
Entrée+Dessert
28. Heures de prises alimentaires
solides, liquides et fruits
Source : Poulain et al., 2001
• Les prises solides sont plutôt consommées l’après-midi, avec 2 pics
secondaires en matinée et en fin de soirée
• Les prises liquides se répartissent de façon diffuse dans la journée
1à2H
2à3H
3à4H
4à5H
5à6H
6à7H
7à8H
8à9H
9à10H
10à11H
11à12H
12à13H
13à14H
14à15H
15à16H
16à17H
17à18H
18à19H
19à20H
20à21H
21à22H
22à23H
23à24H
0à1H
G rignotage
0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
12,0
14,0
16,0
G rignotage
Liquide
F ruit
29. Profils des journées alimentaires (Poulain et al.
1997)
Catégories %
3 repas + 1 prise au moins le matin + 1 p. au moins l'après midi 21,49
Undes 3 repas sauté + 1 prise ouplus 20,28
3 repas et moins 14,64
3 repas + 1 prise au moins l'après midi 12,91
3 repas + 1 prise matin + après midi + soir 10,75
3 repas + 1 prise au moins le matin 9,27
3 repas + 1 prise au moins l’après midi + 1 prise au moins le soir 5,03
3 repas + 1 prise au moins le matin + 1 p. au moins le soir 3,73
3 repas + 1 prise au moins le soir 1,91
Total 100,00
30.
31. Modernité alimentaire, pathologie ou
mutations sociales ?
Les pratiques changent, mais elles ont
toujours plus ou moins changé.
L’obésité n’est pas tout à fait où on l’attend
33. Des dangers d’une attitude ethno centrée
et historico centrée
A apports énergétiques équivalents il n’y a pas d’arguments
scientifiques pour préconiser une, deux, trois, quatre… prises
alimentaires (Beslille, 1999)
A l’échelle anthropologique on trouve des société dans lesquelles
le modèle alimentaire comprend 1 (royaume Tonga), 2, 3…
repas par jour
A l’échelle de l’histoire le modèle des trois repas est
extrêmement récent et s’impose dans les années soixante
comme modèle général
34. Evolutions des modèles alimentaires
Les modèles alimentaires sont des mises en scènes
concrètes des valeurs d’une culture à un moment
donné (Corbeau, 1995, Poulain, 2001)
Les modèles alimentaires sont les résultats d’une
série de contraintes matérielles (emploi du temps,
contraintes économiques, structures familiales, rôles
sociaux hommes femmes…) (Fischler, 1990, Herpin 1995, Poulain,
2001)
35. Déterminants
culturels
Les contextes concrets et
leurs évolutions déterminent
les pratiques
Les systèmes de valeurs
sont des rationalisations
Valeurs
Normes
Pratiques
Contextes
techniques et sociaux
Déterminants
matériels
Les systèmes de
valeurs pilotent les
pratiques et
déterminent les
contextes
36. Les explications sociologiques
des liens entre obésité et SES
Les SES ⇒ l’obésité
A une position sociale
correspondent des
modes de vie (activité
physique, pratiques et goûts
alimentaires) qui sont les
causes de l’obésité
L’obésité ⇒ les SES
Le statut d’obèse
entraîne des
phénomènes de
stigmatisation qui ont
un impact sur la
mobilité sociale
37. La stigmatisation : définition
et fonctionnement Goffman, Stigma, 1963
Processus de discréditation et
d’exclusion qui touche un individu
considéré comme « anormal », comme «
déviant »
Mais en 1963, Goffman ne décrit pas la
stigmatisation de l’obésité
C’est en 1968, que Cahnman la met en
évidence
38. Comment fonctionne
la stigmatisation ?
1. Le label de « déviant » est attribué à un individu
par d’autres individus au cours d’interactions
sociales
2. L’individu se trouve alors réduit à son stigmate,
ses autres qualités sociales passent au second
plan
3. L’étiquette justifie une série de discriminations
sociales.
4. Le stigmatisé intériorise la dévalorisation
5. Le piège se referme lorsqu’il trouve normal d’être
considéré comme cela
39. Formes et acteurs de
stigmatisation des obèses
Accès à l’enseignement
supérieur, (Canning & Mayer,
1966)
Accès à l’emploi,
(Matusewich, 1983, Benson et al, 1980)
Niveau de revenu, (McLean
et Moon, 1980)
Promotion
professionnelle, (Hirkel et al.,
1968)
Vie domestique, (Karris,
1977, Myers & Rosen, 1999)
Les enfants entre eux
et à l’égard des adultes
(Cramer & Steinberg, 1998, Myers & Rosen, 1999)
Les portiers du système
social : enseignants,
évaluateurs du monde
professionnel (Hinkel et al. 1968,
McLean & Moon, 1980)
Les acteurs du système
médical (Maddox et al. 1968, Najman &
Munro 1982, Price et al., 1987, Myers & Rosen,
1999)
40.
41. Impact de la stigmatisation
sur les trajectoires sociales
L’influence de la stigmatisation est plus importante dans le cas
de l’obésité infantile (Sobal, 1994)
Mariage et trajectoire sociale les femmes grosses sont projetées
sur le bas de l’échelle sociale
L’impact se révèle plus faible pour l’obésité survenue à l’age
adulte, une partie de la trajectoire sociale étant réalisée.
Mais, les reflux de trajectoire sociale peuvent avoir un impact sur
le développement de l’obésité
42. Corpulence et dynamique des revenus en
France Poulain, 2001
21,3
22
31
5,2
6
11,3
52
47,5
59,3
10,2
19
14,2Hausse
Pas de changement
Baisse
IMC =25
25<IMC<30 IMC>3018,5<IMC <25IMC<18,5
43. Corpulence et dynamique professionnelle
en France Poulain, Barbe, Romon, Tibère, Jeanneau, 2003
Dynamique professionnelle et IMC
moyen
23,62
24,48
25,07
20
21
22
23
24
25
26
Situation meilleure Situation identique Situation moins
bonne
Moyenne
24,2
45. Pourquoi faut-il lutter
contre la stigmatisation?
Des raisons éthiques de justice sociale
Les obèses sont parmi les catégories sociales les plus mal
traitées
Et les stigmatisateurs (ceux qui sont dans la norme) sont
installés dans leur bonne conscience
La stigmatisation affecte la trajectoire sociale de enfants
obèses
Des raisons sanitaires
La stigmatisation ne crée probablement pas le surpoids
l’obésité mais elle l’aggrave et l’entretien
Elle désocialise le rapport à l’alimentation et accroît l’anxiété
47. Université de Toulouse II/ CRITHA
Faire face à la stigmatisation Poulain et Basdevant, obesité.com
ACTIFPASSIF
Extérieur
Moi
Etre beau,
c’est être mince
Etre beau,
c’est être mince
Etre gros, ce n’est pas
être moche
Je ne peux pas y arriver
Je suis coupable
Je suis un raté
Comment vivre heureux dans un monde
sur valorisant la minceur ?
Je ne peux pas devenir mince
Pratique des régimes
J’accepte de faire des efforts
pour être dans la norme
Remise en cause de la norme
Lutte contre la stigmatisation
Promotion des “fat acceptance”
“J’ai honte, j’ai mal, l’obésité m’engraisse
et me détruit”
Je suis en train de sombrer en pleine déprime …
parce qu’aucun gars ne s’interresse à moi”
“Tu te fixes un but coûte que coûte :
être mince”
“Je suis assez grosse mais je peux vous dire
à tous que je l’assume, que je peux plaire...”
ATTITUDES FACE À LA STIGMATISATION
48. Les deux voies
de lutte contre l’obésité
Repérer, dans les
modes de vies, les
causes supposées du
développement de
l’obésité
Chercher à transformer
les modes de vie :
Activité physique
Pratiques alimentaires
Repérer les formes de
stigmatisation de
l’obésité
Lutter contre la
stigmatisation en
travaillant les
mentalités
Aider les obèses à faire
face à la stigmatisation
49. 2 Sociologie sur l’obésité
Variabilité des modèles de
corpulence
Obésité état ou maladie ?
Les enjeux de la
médicalisation de
l’alimentation
Sortir du dilemme
50. Sociologie sur l’obésité
Médicalisation et démédicalisation de
l’obésité
Danger d’un discours santé publique sur la
perte de poids
Les enjeux de l’éducation nutritionnelle
51. La vénus de Lespugue belle ou obèse ?
Les modèles d’esthétiques
varient :
d’une culture à l’autre 81 %
recensées des cultures par
l’Human Relation Area Files
préfèrent les femmes bien
en chair (Brown et Konner, 1987)
Dans le temps à l’intérieur
d’une même culture (Phan et
Flandrin, 1984)
52. Les cultures qui valorisent
les fortes corpulences
Les sumotoris Japonais
Les Massas (de Garine, 1995)
Les « maisons
d’engraissement » des filles en
Mauritanie
L’institution du Ha’apori en
Polynésie (Eliss, 1960)
La variation des états
corporels du bouddha
53. L’esthétique corporelle dans les cultures
occidentales
Variabilité historiques
de la valorisation des
attributs corporels
Le volume des seins
La rondeur du ventre
La taille
Les hanches
54. Les gros d’en haut :
des hommes de poids
Au début du 20ème
siècle et pour les
hommes, une forte
corpulence est bien
portée dans la haute
société
55. Comment se devenir capitaliste ?
Un haut de forme,
Un cigare
…Et de l’embonpoint
56. Pourquoi les sociétés modernes n’aiment
pas les gros ?
De la condamnation morale du gros…
Le gros c’est quelqu’un qui ne se contrôle pas
Celui qui mange plus que sa part
Qui ne redistribue pas
… à l’usage politique de la figure du gros
Le patron à haut de forme qui « cannibalise » ses ouvriers
Les pays du nord qui exploitent les pays du sud
Grossir… c’est vieillir
Mouvement de juvénilisation de la société
62. Les valeurs de la minceur
Le signe tangible de la
maîtrise de soi
Le signe de la maitrise
du temps
Le signe de la jeunesse
Estime de soi
Etre digne d’être
d’aimer
63. Les valeurs de la minceur
Le signe tangible de la maîtrise de soi
Le signe de la maitrise du temps
Le signe de la jeunesse
65. Indice de masse corporelle (IMC ou BMI)
Formule de Quételet
Poids / Taille X Taille
En kg en m
Exemple :
Personne de 80 kg mesurant 1,80 m
80 / 1,8 X 1,8 = 23,95
Catégories Valeurs de
l’IMC
Maigreur degré 3 < 16,0
Maigreur degré 2 16,0-16,9
Maigreur degré 1 17,0-18,4
Maigreur < 18,5
Limites normales 18,5-24,9
Surpoids >= 25,0
Pré-obésité 25,0-29,9
Obésité classe 1 30,0-34,9
Obésité classe 2 35,0-39,9
Obésité classe 3 >= 40
0,5
1,
1,5
2,
2,5
20 25 30 35
ν
ν
ν
ν
ν
ν
Low risk Moderate risk High risk
BMI
66.
67. Perméabilité du corps médical au
changement de système de valeurs
« La méthode utilisée pour fixer les seuils
de l’indice de Quetelet est en grande
partie arbitraire. Pour l’essentiel, elle a
consisté à observer la relation entre la
mortalité et l’indice de Quetelet : le seuil
de 30 correspond au point d’inflexion de la
courbe. Dans ce domaine, les études sont
en général entachées d’un certain nombre
d’insuffisances méthodologiques[1], (…)
en outre, la plupart ont été réalisées sur
des sujets habitant l’Europe occidentale
ou les Etats-Unis d’Amérique »
Manson J.E. et al., 1987, Body weight ant
longevity. A reassessment. Journal of the
American Medical Association, 257, 353-
358.
OMS, 1995, Utilisation et interprétation de
l’anthropométrie, rapport d’un comité
d’experts sous la direction de Habicht J.-
P., Genève.
68. La sélection des informations
L’article de Bray sur lequel repose la classification a été repris
plus de 1700 fois dans les années qui ont suivi, alors que
d’autres articles publiés à la même époque, dans des revues
aussi légitimes, associant les risques les plus bas au surpoids ou
discutant les conditions de production des données sont restés
inaperçus.
Nécessité de produire sur cette question des méta-analyses.
Rappelons que par exemple dans Basdevant A., Laville M.,
Ziegler O., 1998, « Recommandations pour le diagnostic, la
prévention et le traitement de l’obésité », Cahiers de Nutrition et
de Diététique, 33 sup. 1, 1-148. aucun argument avec des
preuves de Niveau 4
69. Pondérations de l’IMC selon les
populations (Inoue S., Zimmet P., 2000, Swinburn et al., 1996)
Facteurs
de risque
IMC18,5 25
Pour les
Asiatiques
Pour les
Polynésiens
71. Catégorisation de la CPS
0
10
20
30
40
50
60
70
80
15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 51 53 54 56 57 58
IM C
Fréquence
Maigreur Poids normal S urpoids O bésité
OMS
Fréquence %
27 2.7
288 28.6
299 29.7
392 39
1006 100
Pacifique sud
Fréquence %
141 142
287 29
280 28
298 30
1006 100
Maigreur
Normal
Surpoids
Obésité
Total
72. Augmentation mécanique ?
Figure 3 – Illustration de la relation entre la moyenne de l’IMC dans la population et la prévalence de l’obésité où l’on voit le déplacement
de la distribution de l’IMC et son effet sur la proportion de personnes obèses. Données issues de l’Intersalt Study, hommes et femmes de 20 à
59 ans compris dans 52 échantillons de populations venant de 32 pays.
Source : WHO 200012
73. La « subtile » mesure de l’obésité infantile
1999, on annonce 12 % d’obésité infantile on alerte les autorités et
la population
Aujourd’hui, en France, selon les normes IOTF : 3,5 à 3,9 %
Dans tous les cas une progression mais multiplié par 7 (un vrai taux de
croissance de l’économie vietnamienne)
Alors on additionne obésité et surpoids 12 %, 15 %, 18 %
Transformation dans les courbes de l’appellation surpoids par
obésité de type 1
Un nouveau terme celui d’excès de poids
74. La construction de l’obésité de l’enfant en
France un exemple de manipulation paternaliste
78. Obésité
état ou maladie ? (Van Itallie et Simopoulos 1982)
Mortalité cardiovasculaire et effets
confondants, notamment l’accès aux soins
Faire la preuve que l’amaigrissement des
obèses inverse la probabilité de mortalité
Sait-on faire maigrir les obèses?
79. Obésité, surpoids et désir de maigrir
Les connaissances acquises sur l’obésité
sévère sont elles transférables sur le
surpoids ?
En valeur absolue, il y a autant de maigres et
de gens en poids normal qui désirent maigrir
que de personnes en surpoids ou obèses qui
le souhaitent, (Choquet 1990, Basdevant 1995, Poulain, 2001)
80.
81. Les dangers de la médicalisation
de l’alimentation quotidienne
La lutte contre l’obésité peut servir de
justification et de légitimation à :
Des pratiques de mise au régime pour des
raisons non médicales
L’idéologie de la minceur et aux phénomènes de
stigmatisation qui lui sont associés
L’industrie de l’amaigrissement pseudo médical
82. 3 Sociologie politique de l’obésité
1. Qui est responsable
de la montée de
l’obésité ?
2. Quelles stratégies
pour lutter contre le
développement de
l’obésité ?
3. Eléments pour une
politique de l’obésité
83. Les responsables potentiels :
Un jeu de chaises musicales
Les industriels,
Abusent les consommateurs en leurs faisant sur consommer des produits malsains
Les chercheurs,
Quand ils ne sont pas vendus aux industriels, ils dramatisent pour retirer des
avantages stratégiques (postes, crédit notoriété…)
Les politiques,
Prennent des positions démagogiques
Les parents,
N’éduquent pas leur gosses et leur laissent manger n’importe quoi et passer des
heures devant la télé. Crise d’éducation
L’école,
Laisse entrer les distributeurs de « cochonneries » pour financer des activités
extrascolaires
La restauration scolaire,
Assume mas sont rôle éducatif et au nom de la contrainte économiques sert des repas
de mauvaise qualité nutritionnelle
84. La santé publique
A travers le PNNS et la dramatisation ajoute à la cacophonie et
déploie l’anxiété
La télévision
Diffuse de modèles de comportements inadaptés
La publicité
Maniplue nos enfants
Les médias
Dramatisent pour vendre du papier
Les consultants en communication nutrition
Jouent les pompiers pyromanes
85. Le changement social du cognitif au
normes sociales
1. Le cognitif : diffusion de savoir, de
connaissances
2. Les actions locales et les réseaux
3. L’environnement
4. Les normes sociales
86. Niveaux d’analyse et systèmes dans la
conception parsonienne
Environnement
Organisme
Personnalité
Système social
Système(s) culturel(s)
Niveau d’analyse
psychosociologique
Niveau d’analyse
Physique
Hiérarchiede
détermination
Hiérarchiede
control
87. Quelles stratégies d’action ?
Les enjeux
Eviter que la nutrition
scientifique et la lutte
contre l’obésité ne justifie :
La stigmatisation des
obèses
La recherche
obsessionnelle de la
minceur
Eviter d’aggraver le
problème en le désignant
Les débats et
consensus
Agir ou chercher
Contrôler évaluer pour
capitaliser et produire
de la connaissance
88. La posture du continuum
« La prise en charge de l’obésité doit se faire le plutôt possible
avant que l’obésité ne soit installée »
« Responsabilité collective générationnelle à l’égard des
enfants »
Mettre en place une politique de prévention
Mise en œuvre concrète et justification
Argument stratégique « on ne sait pas faire maigrir les obèses »
il faut donc prendre le problème plus tôt
L’alimentation et l’activité physique sont les leviers
89. La posture de la disjonction
Médicaliser l’obésité sévère
Démédicaliser la prévention
Mise en œuvre concrète et justification
Arguments stratégiques « on n’a pas les moyens »
Disjonction des méthodes
Renforcer ce qui dans les modèles alimentaires ne
développe pas l’obésité
90. Posture de la lutte contre la stigmatisation
Décrire le phénomène et le documenter
Pointer les acteurs et faire prendre conscience du
étapes du processus
Sensibiliser et former les acteurs du système
éducatif et du secteur médical
Communiquer
91. La posture de l’éducation alimentaire
Démédicaliser la prévention ne veut pas dire se priver des
connaissances des sciences de la nutrition dans les programmes
d’éducation, mais les articuler aux dimensions socioculturelles de
l’alimentation
Une première étape, adapter le discours aux modes de vie (guide adulte
du PNNS)
Une seconde étape, prendre en compte les processus de
différenciation sociale et de construction identitaire (Dialectique du laïque et
du confessionnel)
L’érosion
des modèles
Réflexivité
alimentaire
Education
alimentaire
92. Démédicaliser
la prévention de l’obésité (B. Guy-Grand et A. Basdevant)
« Préconiser la maigreur pour éviter l’obésité serait une
proposition irréaliste, sans fondement et dangereuse. Il n’existe
aucun argument pour définir un poids théorique auquel chacun
devrait se référer de manière univoque : la zone de poids
recommandable est large. »
« Au risque d’être caricatural, nous proposons de « démédicaliser
» les messages de prévention, c’est-à-dire de ne pas faire
référence à la maladie mais plutôt au bien être. Il faut valoriser
la culture culinaire et les aspects positifs des modèles
alimentaires qui ne favorisent pas l’obésité. »
A. Basdevant (expertise INSERM, 2000)
93. De l’éducation nutritionnelle à l’éducation
alimentaire (PNNS)
Démédicaliser la prévention ne veut pas dire se
priver des connaissances des sciences de la
nutrition dans les programmes d’éducation, mais les
articuler aux dimensions socioculturelles de
l’alimentation
Une première étape, adapter le discours aux modes
de vie (guide adulte du PNNS)
Une seconde étape, prendre en compte les
processus de différenciation sociale et de
construction identitaire (Dialectique du laïque et du
confessionnel)
94.
95. Comment sortir du dilemme ?
Distinguer obésité et surpoids
Eviter que la nutrition scientifique ne
justifie :
La stigmatisation des obèses
La recherche obsessionnelle de la minceur
96. Moralisation, médicalisation
et démédicalisation de l’obésité
L’obésité comme
problème moral
L’obésité comme
problème
médical
L’obésité comme
construction
sociale
L’obésité est la
conséquence d’une
attitude morale
négative.
L’obése est un
glouton, il ne se
contrôle pas, il
mange la part des
autres….
L’obésité est une
maladie,
L’obésité est un
facteur de risque.
Disjonction entre les
phénomènes de
stigmatisation des
obèses et l’obésité
comme facteur de
risque
102. L’approche du CNA
Première solution
Trois champs :
1. Alimentation facteurs
socioculturels inclus
2. Activités physiques facteurs
socioculturels inclus
3. Stigmatisation et image du
corps
Cinq leviers d’action
1. La communication
2. Juridique et régulation
3. Education
4. Recherche
5. Formation de formateurs
Deuxième solution
Trois champs :
1. Alimentation et filières
(production, distribution RHF RAF)
2. Activités physiques (pratiques
prise en charge et réseaux)
3. Facteurs socioculturels (inclus
Stigmatisation et image du corps et
dimensions sociales des mutations
des modèles alimentaires)
Cinq leviers d’action
1. La communication
2. Juridique et régulation
3. Education
4. Recherche
5. Formation de formateurs
103. La publicité et les médias
Susciter la mise en place
d’une commission de 2ème
cercle composée de :
Associations de
consommateurs
Les filières agricoles et agro-
alimentaires
Les distributeurs
RHF
Les industriels de la
parapharmacie et des produits
diététiques
Les industriels de la
communication et publicité
Organismes de régulation
Les services de l’état
Chercheurs
Champs de réflexion et
d’action
Alimentation
Corpulence
104. Etat
Ministères et administrations
concernées
Filières industrielles
(Agro-alimentaire
Pharmacie et parapharmacie)
Collectivités localesPartage de
responsabilités
Populations et représentation
(Associations de
consommateurs, de personnes
de forte corpulence, de malades
du diabète…)
Pour une responsabilité partagée : les
acteurs de la prévention
105. Les stratégies de santé public
Stratégie par
l’environnement
Stratégie
par
l’individu
Stratégie administrative
Stratégie par les réseaux
106. Les stratégies de santé public
Stratégie par
l’environnement
Stratégie par
l’individu
Stratégie administrative
Stratégie par les réseaux
Facteurs
socio-
culturels
107. De l’éducation sanitaire à
la promotion de la santé
Problématiques Stratégies et modèles Critiques
Education
sanitaire
Avant 1970
- Pointer les
comportements à
risque
- Mettre l’accent sur la
responsabilité des
individus
- Informer, pointer ce qui
« n’est pas bien »
- Modèle individualiste
rationnel et moralisateur
Perspective moralisante
Morale de classe et propositions de
règles et de comportements issues des
classes moyennes
Les victimes sont transformées en
coupables « victim blaming »
Education
pour la santé
Fin années
1970 jusqu’en
1985
- Passage à une vaste
perspective de la santé
- Résultat de la
critique du « victim
blaming »
- « Health model
believe »
- Parler de la santé en termes
positifs
- Informer, faire prendre
conscience des entraves à la
liberté et à l’épanouissement
de l’individu
Individualisation, internalisation du
locus de contrôle
Promotion de
la santé
OMS 1985
- Problématique de la
gestion du risque.
- Risque pour l’expert
et risque pour le
profane
Plutôt que de demander aux
individus de modifier leur
comportement, pourquoi ne
pas modifier l’environnement
Rapport individu / société
Médicalisation comme culture
108. La promotion de la santé
La première ligne d’actions cherche à influencer directement les
comportements de l’individu et de sa famille. Elle s’appuie sur les
ressources de l’éducation à la santé pour changer les
« mauvaises » habitudes en matière d’alimentation et d’activité
physique et les remplacer par de nouvelles habitudes favorables
à la santé. Elle mise sur la diffusion d’informations pour accroitre
la perception du risque et la connaissance des « bons
comportements » permettant de les éviter.
Ses leviers sont la communication institutionnelle, la rédaction de
guides en direction de la population générale ou de populations
cible. Les campagnes de communication publicitaire et
l’ensemble des guides rédigés dans le cadre du PNNS 1 sont
des exemples de cette approche stratégique. Signalons une
innovation importante réalisée par le guide adulte du PNNS : la
rédaction des conseils par styles de vie qui s’inscrit dans une
prise en compte de facteurs sociaux.
109. Législation pour la santé
Cet axe stratégique cherche à agir indirectement sur les individus en
jouant sur les paramètres du marché économique. Grâce aux taxes et
aux subventions, qui modifient les prix payés par le consommateur
final, la législation cherche à réduire ou à promouvoir certaines
pratiques ou la consommation de certains produits considérés comme
nuisibles ou comme favorables. Cette stratégie peut s’appuyer sur des
incitations positives ou négatives.
La première propose de taxer les produits impliqués dans le développement
de l’obésité (comme par exemple la taxe sur le sucre mise en place dans
différents pays des Etats-Unis d’Amérique ou en Polynésie française).
La seconde consiste à subventionner la production ou la commercialisation
d’aliments supposées ne par développer l’obésité.
Enfin, une dernière propose de développer, en combinant taxes et
subventions, une tarification nutritionnelle qui rend financièrement plus
attractifs les produits « sains » et moins attractifs les « produits malsains ».
Les limites de ces types d’action tiennent en deux points : le problème
des seuils d’intervention pour obtenir des résultats tangibles et les
bases scientifiques qui doivent justifier la désignation comme « bons »
ou « mauvais » aliments, « bons » ou « mauvais » service.
110. Santé communautaire
Ces actions cherchent à modifier les comportements individuels,
mais adoptent une stratégie plus locale en travaillant sur la
dynamique des groupes. Inspirée des travaux de Kurt Lewin sur
le changement des habitudes alimentaires, elle utilise le levier de
la socialisation dans un groupe pour faire changer les
comportements des individus. Déjà utilisée dans les années
1960, dans la prise en charge de patients atteints de diabète et
d’obésité par Jean Tremolières, des expériences ont été
conduites avec un certain succès dans le cadre de l’école du
bien manger et ont permis la prise en charge d’enfant diabète et
de leur famille. Aujourd’hui des tentatives de transfert sur
l’obésité sont en court, notamment dans le cadre du réseau
Reunir-Sud, à l’île de La Réunion. Les connaissances acquises
en matière d’animation de groupe peuvent être mobilisé au
service d’actions de prévention en direction de groupes à
risques, comme les familles en précarité…
111. Les conseils individuels pour la santé
Cette troisième stratégie repose sur l’utilisation des acteurs
médicaux ou paramédicaux pour accompagner les changements
de comportements individuellement, par des conseils adaptés
aux cas particuliers. C’est ainsi que pour promouvoir une
éducation alimentaire ou à l’activité physique personnalisée, on
peut décider de rembourser les consultations de diététiciens, de
nutritionnistes, d’éducateurs sportifs… pour une partie de la
population, par exemple les groupes à risque, ou bien pour toute
la population. Une mesure de ce type est en projet au Danemark
(Sénat, 2005).
En France, les Repop (réseaux de prévention et de prise charge
de l’obésité en pédiatrie) ont obtenu le remboursement d’un
certain nombre de consultations diététiques durant la prise en
charge. Cette démarche s’inspire des travaux réalisés sur le
« coaching santé » (Efformip).
112. Les propositions du CNA
1 - Le CNA encourage vivement les Pouvoirs publics à mettre en œuvre
une stratégie nationale de prévention de l’obésité de l’enfant. Il considère,
s ‘agissant d’une maladie chronique dont la prévalence augmente, qu’une
action continue inscrite sur le long terme est indispensable, qu’elle doit être
ambitieuse et mise en œuvre rapidement.
2 - Le CNA estime que les actions et mesures s’inscrivant dans cette
stratégie nationale doivent privilégier une approche de promotion de la
santé et du bien-être et éviter la stigmatisation du statut d’obèse.
3 - Pour donner d’emblée à cette stratégie les meilleures chances de
succès, le CNA estime indispensable de considérer que la prévention de
l’obésité infantile doit s’inscrire dans une logique globale de promotion de la
santé de l’enfant et être portée au rang de grande cause nationale.
4 - Parce qu’il existe un programme national généraliste visant à mieux
prendre en considération les problèmes de nutrition (PNNS) et parce que le
caractère interministériel d’un stratégie nationale de prévention de l’obésité
est manifeste, le CNA estime que la nomination d’un délégué
interministériel à la lutte contre l’obésité infantile placé auprès du PNNS
serait judicieuse.
113. 5 Dès lors que tous les acteurs économiques, qu’ils soient producteurs
d’aliments ou qu’ils participent à des actions d’éducation, de communication,
de formation, de dépistage, voire de prise en charge des sujets concernés,
peuvent contribuer à la mise en œuvre de cette stratégie nationale, le CNA
estime indispensable de les mobiliser et de les impliquer tous, en premier lieu
au plan local, c’est-à-dire au plus proche des enfants concernés ou
susceptibles de l’être. Le CNA reconnaît en outre l’importance du rôle
spécifique du système associatif et souhaite qu’il soit également impliqué,
mobilisé et soutenu.
6 - Parce que les acteurs susceptibles de participer à la mise en œuvre de
cette stratégie nationale appartiennent à des univers professionnels variés et
parce que leur action s’exerce à l’échelon local, national et européen, le CNA
estime indispensable de mettre en place les relais nécessaires pour articuler
et coordonner les différents niveaux d’action.
7 - Compte tenu des moyens nécessaires et de leurs coûts, le CNA préconise
de retenir le principe que les actions menées devront être évaluées et que des
indicateurs d’efficacité devront être déterminés à cette fin.
8 - Le CNA estime nécessaire que cette stratégie englobe des actions
applicables dès le stade initial du développement de l’enfant jusqu’à la fin de
l’adolescence.
9 - Le CNA estime pour autant que la mise en oeuvre d’une stratégie
nationale de prévention de l’obésité infantile ne dispense pas d’un effort
particulier pour lutter contre l’obésité de l’adulte. Même s’il n’a pas étudié ce
dernier sujet, le CNA considère que l’une va difficilement sans l’autre, c’est
pourquoi il propose que des liens soient prévus pour assurer la cohérence
d’ensemble de l’action publique.
114. 10 - Compte tenu des données épidémiologiques disponibles, le CNA
estime souhaitable que la stratégie nationale comporte des mesures
spécifiques pour les populations vivant dans des conditions socio-
économiques défavorables et que ces mesures soient bien reliées aux
politiques publiques qui les concernent déjà.
11 - Dès lors qu’une telle stratégie peut faire usage de plusieurs
instruments comme la réglementation, les soutiens financiers ciblés ainsi
que l’encouragement à la mise en oeuvre de démarches volontaires ou de
disciplines professionnelles, le CNA préconise qu’un équilibre soit trouvé
entre ces instruments.
12 - Le CNA recommande qu’un effort conséquent en faveur de la
recherche soit engagé dans un domaine jusqu’à présent relativement
négligé.
13 - Le CNA juge nécessaire d’intervenir dans les cinq champs qui lui
paraissent les plus pertinents, à savoir le système d’éducation et de
formation, la réglementation et l’autorégulation, la recherche, le système de
santé, le domaine de la communication.
14 - Dans chacun des cinq champs qu’il a identifiés, le CNA est à même de
proposer des actions prenant en compte les leviers que sont l’alimentation,
l’activité physique et la dimension socioculturelle. Il s’engage à établir une
première liste de mesures concrètes et hiérarchisées en fonction de leur
degré de priorité pouvant servir de base au lancement de la stratégie
nationale qu’il appelle de ses vœux.
115. Pour en savoir plus
J.-P. Poulain, Sociologies de l’alimentation, PUF, 2005.
J.-P. Poulain, Manger aujourd’hui, Attitudes, normes et
pratiques, Privat, 2001.
J.-P. Corbeau et J.-P. Poulain, Penser l’alimentation,
entre imaginaire et rationalité, Privat, 2002.
J.-P. Poulain et E. Neirinck, Histoire de la cuisine et des
cuisiniers, Lanore, 2004.
J.-P. Poulain, « Eléments de sociologie de l’alimentation
et de la nutrition », in A. Basdevant, M. Laville et E.
Lerebours, Traité de nutrition clinique, Flammarion, 2001
« Sociologie de l’obésité, facteurs sociaux et
construction sociale de l’obésité » in Basdevant A. et
Guy-Grand B., Médecine de l’obésité, Flammarion
2004
Site Internet : lemangeur-ocha.com