Madagascar vu de l’intérieur est un livre en deux volumes : l’eau et la terre représentant les deux éléments principaux de la cinquième plus grande île du monde de près de 600 000 km2 et 5 000 kilomètres de côtes. Réalisé par Pierre-Yves Babelon, il a nécessité 7 ans de prises de vues et 3 ans de préparation.
Ce livre n’est pas un récit de voyages mais réalisé en immersion totale avec la nature, la population et ses cultures, d’où le titre de ce livre « vu de l’intérieur ».
Madagascar vu de l’intérieur est fait de contrastes. Pas seulement dans les images mais contraste entre la terre et l’eau, contraste entre les populations, contraste entre les cultures, contraste entre le noir et blanc et la couleur.
Une partie des bénéfices de ce livre est versée à l’association Aïna, enfance et avenir, une ONG française qui œuvre pour les enfants démunis à Madagascar.
Voir ce livre sur Blurb : http://bit.ly/mvi-1
Voir sur Amazon.com : http://bit.ly/mvi1-amazon
2. MADAGASCAR
VU DE L’INTÉRIEUR
Pierre-Yves Babelon
Volume 1 : la Terre
Remerciements à :
Guillaume Pousse, Marie-Hélène Kha Hyo, Daniel Lozes, Nicolas Charlet, Aziz Badouraly,
Gigi Lavanono, Eric Koller, Lætitia Gurgui, Peter Gregor et Jean de Heaulme
qui m’ont fourni la logistique indispensable à la réalisation de ces photos.
3. SOMMAIRE
Île étrange, presque magique
Subtil mélange entre Asie et Afrique, Madagascar représente une
grande diversité humaine dont les véritables origines attendent
encore d’être percées à jour. Pays du « mora mora », où le temps
semble s’être arrêté et où la vie quotidienne ne montre aucun
sentiment d’urgence. Ici, le temps possède encore une autre
dimension, loin des exigences et des contraintes de la civilisation
moderne. Sur la grande île, il faut apprendre à prendre son temps
et à développer la patience…
Une nature unique au monde
Madagascar « l’île rouge » par sa terre de couleur latérite ;
Madagascar « l’île verte » par ses forêts tropicales luxuriantes ;
Madagascar « la belle » par ses petites îles aux plages de sable blanc
immaculé et aux eaux cristallines ; Madagascar « l’île nature » par sa
faune et sa flore qui présentent de grandes variétés, mais surtout
comptent des animaux et des plantes endémiques et uniques au
monde. Les paysages sont splendides et partout différents.
Un peuple hospitalier
Madagascar ne se résume pas à sa nature unique, c’est aussi sa
population. L’aspect humain et culturel est riche de diversité : des
groupes ethniques d’horizons si différents avec leurs croyances
et leurs cérémonies traditionnelles encore très ancrées, dont
une grande partie étroitement liées à la nature. Les habitants,
de tradition séculière, ont appris à tirer leur subsistance de leur
environnement. Dans les villages de brousse, l’habitat reste de
type traditionnel : cabane en bois sur pilotis ou maison avec murs
de pisé et toitures en fibres végétales. La vie s’harmonise entre
simplicité et rusticité, loin de tout modernisme.
Aline Rakotoson Babelon
MADAGASCAR
Les Hautes Terres Malgaches 4
Le train Fianarantsoa - Côte Est 34
Madagascar, terre de vanille 48
Les bergers blancs de Soatanana 60
Le Grand Sud de Fort Dauphin 70
Les tsingy de Bemaraha 96
Baobabs, les racines du ciel 108
Les tsingy rouges de Diego Suarez 128
Le massif de l’Ankarana 138
L’île aux lémuriens 150
4. Considérant que Madagas-
car est une île dans la mer,
ses hauts plateaux pourraient
s’assimiler à une île dans la terre.
En effet presque la moitié de sa
population s’y concentre sur un
cinquième de sa surface.
Merina, Betsileo, Sihanaka,
Bezanozano, Tanala et Zafimaniry
sont les six des dix huit ethnies
qui composent cette population.
Leur point commun est le refus
de rompre avec le passé et les
tombeaux sont partout présents,
au cœur des villages, non loin des
maisons ou isolés dans la nature,
sur des collines. Entretenus, sou-
vent décorés et sculptés, ils sont
le lien entre deux mondes : celui
des vivants et celui des morts.
Le « famadihana » ou « retourne-
ment des morts » est encore très
pratiqué durant l’hiver austral et
représente une grande fête
familiale et joyeuse.
Antananarivo, la capitale, est
perchée sur un promontoire où
règnent le pouvoir et le savoir
depuis le royaume d’Imerina.
PLus au sud après Antsirabe, ville
thermale, c’est le pays Betsileo et
son chef lieu Fianarantsoa, ville
érigée en 1830 par la reine
Ranavalona 1ère sur le modèle
de la capitale avec son Rova
et son lac Anosy.
Ici les chutes de la Lily à Ampefy.
LES
HAUTES TERRES
MALGACHES
54
6. Le « tamboho » est un
des vestiges de l’architec-
ture passée de l’Imerina.
Carrées ou parfois d’un
cercle parfait, ces en-
ceintes traditionnelles
n’avaient pas besoin de
fondation, se suffisant
de l’art de leurs construc-
teurs à composer un
agrégat de latérite,
d’herbes sèches, de
bouse de vache, de
coquilles d’œufs et de
sable de rivière, prêtes à
défier les siècles.
98
7. Le Hira Gasy est la plus
célèbre des traditions
populaires malgaches.
Depuis plusieurs siècles,
les comédiens et
artistes de ce théâtre
rural sillonnent les hauts
plateaux de Madagascar
pendant la saison sèche
et se produisent dans
villes et villages pour le
plus grand bonheur du
peuple. Au fil du temps,
les Mpihira Gasy ont joué
un rôle primordial dans
la communication entre
les peuples et les rois,
avant de devenir un
rituel immuable.
1110
11. La ville des milles. Antananarivo
tient son nom de « tanàna » qui
veut dire ville et de sa devise « Ny
arivo lahy tsy maty indray andro »
où les mille hommes ne meurent
pas en un jour…
Sa caractéristique, c’est cette
topographie chaotique où
chaque colline est un vrai casse-
tête pour l’automobiliste et
pour l’urbaniste. Lorsque l’on
emprunte à pied ses escaliers et
ses sentiers à flancs de colline
qui sinuent entre les petites
maisons agrémentées de petits
jardins, la vue pénètre tou-
jours un peu sur la ville basse
et s’étend vers une nouvelle
colline multicolore. Et puis,
ces escaliers que sans cesse on
monte, on descend et qu’on
remonte. Des marches sur
lesquelles sont souvent installés
des marchands en tout genre.
Ici la vue sur le lac Anosy et le
stade de Mahamasina.
1918
12. A gauche : architecture
typique des Hautes
Terres à Antananarivo
A droite : vue plongeante
sur le lac Anosy 2120
13. A gauche et à droite : la
gare de Soarano, point
kilométrique zéro de tout
Madagascar
En haut à gauche : l’ave-
nue de l’Indépendance
vue de la gare 2322
15. Ville industrielle grâce au
textile, au tabac, à l’agroa-
limentaire, Antsirabe est
réputée pour son cadre
environnemental et sa
tranquillité. Ses larges
avenues tirées au cordeau
bruissent d’une circulation
épargnée par la pollution
car dominée par les
bicyclettes et les confor-
tables et omniprésents
pousse-pousse. 2726
17. Le Chef Lieu de Fianarantsoa
a été fondé en 1830 sur ordre
de la Reine Ranavalona Ière
à l’emplacement d’un ancien
village Betsileo. Son nom signi-
fie « l’endroit où on apprend le
bien » et la ville le porte bien
par la réputation de
son université.
Sa configuration rappelle
étrangement Antananarivo.
Comme la capitale elle a son
Lac Anosy, sa Ville Haute, ses
escaliers, ses ruelles et ses
maisons aux vérandas en bois
et en colonnes de briques.
Ici la vue sur la vieille ville.
3130
18. A gauche : l’église protes-
tante de la haute ville de
Fianarantsoa
A droite : femme Betsileo
en tenue traditionnelle
3332
19. LE TRAIN
FIANARANTSOA -
CÔTE EST (FCE)
C’est incontestablement
le trajet le plus atypique
et une expérience unique de
parcourir en 8 à 12 heures les
quelques 163 kilomètres
séparant Fianarantsoa à
la Côte Est.
Le « petit train des falaises »
longe nonchalament les pentes
abruptes des hautes terres pour
rejoindre l’Océan Indien, mêlant
histoire, culture et folklore, les
longs arrêts dans chaque gare
permettant de s’imprégner de
la vie des villages alentours
pour qui le train est le facteur
essentiel de son économie.
3534
20. A chaque arrêt en gare,
des myriades de petits
vendeurs se précipitent
aux fenêtres des wagons
pour vendre des fruits,
des gâteaux, de l’artisa-
nat ou des boissons pour
désaltérer le voyageur
très éprouvé par
l’inconfort des étapes.
Il est d’ailleurs surnom-
mé populaire de « TGV
malgache » pour « Train à
Grandes Vibrations» ,
car non seulement les
voitures passagers des
années 60 sont d’un
confort rustique, mais les
rails sont eux encore plus
anciens et maintenant
très abimés.
Pour les besoins de la
construction de la ligne
FCE, les Français ont fait
venir des rails qui ont été
prélevés à la fin de la Pre-
mière Guerre mondiale
sur une ligne de chemin
de fer en Alsace.
3736
21. A gauche : le conducteur du
train prêt pour le départ.
A droite : une jeune
passagère malgache
admire le paysage.
3938
22. La ligne de chemin de
fer reliant Fianarantsoa
à la Côte Est a été inau-
gurée en 1936. Il a fallu
pas moins de 10 ans de
travaux pour réaliser
cette ouvrage de 163
kilomètres avec 18 gares,
48 tunnels, 4 viaducs et
67 ponts pour relier la
ville de Fianarantsoa dans
les hautes terres à la ville
côtière de Manakara. Les
rails vont même jusqu’à
traverser la piste d’atter-
rissage de l’aérodrome
pour une cohabitation
rail-air sans problème en
raison de la rareté des fré-
quences d’un côté comme
de l’autre. La construction
a été un exercice de style
pour ses concepteurs, et
un goulag pour tous les
travailleurs forcés qui y
ont laissé leur vie.
4140
23. Anakao
Le train est indispensable
pour les populations qui
vivent dans les hautes
terres, dans des villages
totalement enclavés, là
ou plus aucun 4X4 ne
passe. La ligne FCE est
vitale pour la survie de
ces villages, car outre
le fait que le train y
apporte tous les produits
de première nécessité, il
est aussi le seul moyen
d’exportation des pro-
ductions de ces régions
vers la grande ville de
Fianarantsoa.
A gauche : la motrice de
1 200 chevaux de
construction française,
livrée à Madagascar
en 1982.
A droite : la vie dans les
gares lors du passage
du train.
4342
24. En haut à gauche et à
droite : des villageois
viennent en nombre uni-
quement par curiosité car
le passage du train est la
seule attraction de ces
villages enclavés.
En bas à gauche et au
centre : chargement des
produits locaux
4544
25. A gauche et en haut à
droite : des villageois
autour du train.
En bas à droite : à chaque
arrêt les villageois locaux
proposent aux voyageurs
quelques en-cas et
friandises.
4746
26. La liane de vanille “fragrans”,
qu’on appelle aujourd’hui
vanille Bourbon a été introduite
à Madagascar en 1870. Elle ne
débarquait pas tout à fait en terre
étrangère, puisque 5 espèces
endémiques de vanillier sauvage
ont pu être répertoriées dans
les forêts malgaches. Implantées
au début sur la Côte-Est, elle
a émigré plus au Nord dans la
région SAVA (Sambava, Antalaha,
Vohémar, Andapa), où le terroir
et les conditions climatiques lui
convenaient mieux.
La préparation commence par
un bain d’un peu moins de 3
minutes dans une eau à 60°,
et un étuvage dans une malle
capitonnée où elle “sue” pen-
dant un à deux jours. La vanille
prend alors sa teinte chocolat,
et le parfum commence à sortir.
S’ensuivent 3 heures quoti-
diennes de séchage au soleil
pendant une quinzaine de jours
et un mois à l’ombre, question
d’enlever toute l’humidité.
S’ensuivent diverses manipu-
lations dont la poursuite du
séchage à l’ombre, le calibrage
des gousses, la mise dans des
malles capitonnées de papier
paraffiné. L’affinage en malle
dure entre 3 et 6 mois, et c’est
à ce stade que le parfum se
développe le plus. Les gousses
se rident, les plus belles sont
onctueuses et d’une belle cou-
leur brune. 18 mois se seront
écoulés depuis la fécondation
de la fleur jusqu’au condition-
nement final, et à l’exportation
vers les pays consommateurs.
MADAGASCAR,
TERRE DE VANILLE
MADAGASCAR,
VANILLE
MADAGASCAR,
4948
28. A gauche : ouvrière et son
enfant dans la plantation
Au centre : liane de
vanillier, les gousses se
forment après la
disparition de la fleur
A droite : paysan dans
sa plantation
5352
29. L’insecte censé féconder
la fleur n’ayant pas été
importé dans les pays où
la culture de la vanille
s’est répandue, la
fécondation doit faire
appel à l’homme.
C’est Edmond, un jeune
esclave malgache de 12
ans qui inventa le pro-
cessus de pollinisation
manuelle à l’île Bourbon,
actuellement La Réunion.
Le jeune Edmond fut
affranchi et on lui donna
le patronyme d’Albius
en référence à « alba »,
la couleur blanche de la
fleur de vanille.
Le procédé est toujours
le même aujourd’hui. On
le pratique tôt le matin
car les fleurs ont une vie
brève de quelques heures
en début de journée.
5554
31. A gauche : vanille prépa-
rée et calibrée prête à
l’exportation
A droite : séchage de la
vanille au soleil
5958
32. LES BERGERS BLANCS
DE SOATANANA
Les « Mpiandry ny Tompo »,
que l’on pourrait traduire par
« Bergers du seigneur », sont un
courant protestant fondamenta-
liste très particulier à Madagascar.
Isolé au cœur des Hautes Terres
Malgaches, non loin de
Fianarantsoa en pays Betsileo,
le village de Soatanana constitue
le foyer historique de la commu-
nauté. Leur origine ne se trouve
point dans les enseignements
apportés par les missionnaires
étrangers du 19è siècle, mais dans
la perception que les fondateurs,
dont beaucoup venaient alors de
quitter le culte des idoles, avaient
eux mêmes des Saintes Ecritures.
6160
33. Les processions du Di-
manche sont impression-
nantes, avec cette marée
blanche déferlant dans
les ruelles du village. Les
voyageurs de passage
y sont les bienvenus et
seront invités à partager
leur repas après être
passés par le cérémonial
de lavage des pieds.
6362
35. Ce village niché au milieu
d’un cirque montagneux
a été fondé à la fin du
19è siècle par un nommé
Rainisoalambo. Tous les
habitants sont habillés
de blanc, avec en plus
pour les hommes un
chapeau de paille à larges
bords orné d’un ruban
également blanc, car si
les parents sont des
« Bergers », leurs familles
sont des « Zanaky ny Fifo-
hazana » ou « Enfants du
Réveil » qui suivent rigou-
reusement les mêmes
préceptes de vie.
6766
36. Soatanana n’est pas pour
autant fermé au progrès,
puisqu’ils possèdent un
lycée privé qui accumule
les bons résultats dans
les examens officiels,
leur propre taxi-brousse,
leur dispensaire ainsi
qu’un système de prise
en charge des malades et
des anciens. Les habitants
de Soatanana vivent de la
riziculture, de l’élevage et
de la culture de géranium
et toutes les ressources
financières sont centrali-
sées par le conseil des an-
ciens, qui gère les fonds
pour le bien de tous.
6968
37. Fort Dauphin, une des
plus belles régions de
Madagascar de par sa diversité
de climats et de paysages, est
chargée d’histoire. De cette
région de l’Anosy (de « nosy », île
en malgache) trône une chaîne
montagneuse du même nom,
séparant brutalement une
région humide et luxuriante à
une autre d’une grande aridité.
Les locaux les surnomment « les
deux mondes », séparés par le
col de Ranopiso et le Parc
National d’Andohahela. Après
Ambovombe c’est une piste
côtière de 700 kilomètres,
sablonneuse et droite, jonchée
de cactus, baobabs, palmiers
trièdres et autres épineux qui
permet de rejoindre Tulear.
C’est à partir d’ici que l’on perd
toute notion de modernité à
l’heure du monde connecté.
Les rares rencontres sont des
charrettes à zébu permettant
de se déplacer jusqu’au marché
du village voisin, qui pourraient
nous rappeler à un autre temps.
Ici le lac Anony, grand lac salé
aux vestiges de villégiatures
du temps de la colonisation où
œuvrent pêcheurs et récolteurs
de sel au milieu des flamands
blancs, et cerné d’immenses
dunes de sable blond se jetant
dans la mer. C’est un paysage
époustouflant.
LE GRAND SUD DE
FORT DAUPHIN
7170
39. Itampolo et ses dunes
de sable blanc sculptées
par le vent offrant un
spectacle éphémère,
certaines ne durant que
grâce aux racines de
quelques arbres. Avec
pour toute forme de
trace humaine quelques
pirogues de pêcheurs
disséminées ici ou là. 7574
41. En haut à gauche et au
centre : retour de pêche
à Lavanono
En bas à gauche : fils de
pêcheur de Lavanono
A droite : enfant sur une
dune d’Itampolo
7978
43. A gauche et en bas à
droite :
Au centre en haut et en
bas :
Les tombeaux Antandroy
et Mahafaly, les deux
ethnies de la région. Art
funéraire aux peintures
mi-naïves, mi-réalistes
ornés de stèles (ou
Aloalo), retraçant la vie
du défunt. Ces peuples y
sont très attachés et
entretiennent ainsi le
culte des ancêtres.
8382
45. Cap Sainte Marie (ou
Tanjona Vohimena), le
cap méridional, l’extrême
Sud de Madagascar, der-
nière terre avant le pôle
Sud. Avec son phare et sa
réserve de 1750 hec-
tares peuplée de tortues
terrestres dont la fa-
meuse tortue étoilée ou
«radiata». C’est le lieu de
rencontre de deux mers :
le canal du Mozambique
et l’Océan Indien.
8786 87878686
46. Fort Dauphin attire.
Idéalement situé entre deux
baies au pied du Pic Saint Louis
dont le sommet livre un des pa-
noramas les plus grandioses de
l’île : Sainte Luce, les îles Lokaro,
la Pointe Evatra, l’Anse Dau-
phine, la Pointe Libanona, la Baie
des Galions, le Cap Ranavalona,
ou le plan d’eau de Vinanibe.
Evatra avec son village de pê-
cheurs entre lagune et océan,
les criques de Lokaro avec en
prime de mémorables balades
à travers les canaux bordés de
mangroves. Ou encore à Sainte
Luce qui marque le début de
l’immense Côte Est.
8988
47. A gauche et en bas
à droite : la plage de
Libanona de
Fort Dauphin.
En haut à droite :
pêcheurs dans l’anse
Monseigneur
9190
48. Retour de pêche sur la
Fausse-Baie des Galions
à Fort Dauphin
9392
50. Un paysage karstique et un
massif calcaire fortement
déchiquetéformentun«tsingy»
ou « forêt » d’éperons calcaires,
paysage unique au monde.
Les Tsingy se présentent comme
de véritables cathédrales de
calcaire, constitués d’un réseau
très dense de failles, de crevasses,
de surfaces de blocs calcaires
sculptés en lames ou en aiguilles
acérées.
Formés par un dépôt de fossiles
et de coquillages morts sous la
mer il y a 200 millions d’années,
et par la suite façonnées par
l’eau des pluies il y a 5 millions
d’années, les Tsingy offrent l’un
des paysages les plus spectacu-
laires de Madagascar. La réserve
naturelle intégrale des Tsingy de
Bemaraha est inscrite depuis 1990
sur la liste du patrimoine
mondial de l’UNESCO.
LES TSINGY
DE BEMARAHA
9796
52. Il y a 300 ans, les Tsingy ont servi d’abri
pour les « vazimba », les premiers occu-
pants de Madagascar, qui pour leur aspect
coupant leur auraient donné le nom de
« mitsingitsingina », « où l’on marche sur la
pointe des pieds ». Aujourd’hui ils sont
un lieu de culte et de cérémonie pour
la population locale.
101100
53. A gauche et en bas à
droite :
Au centre en haut et en
bas :
103102
56. BAOBABS,
LES RACINES DU CIEL
Sur 8 espèces de baobabs
recensées dans le monde, 7
sont endémiques de Madagascar.
Majestueux de leurs 30 mètres
de circonférence, 40 mètres
de haut et 6 siècles d’existence
pour certains, le baobab fait
partie des espèces les plus
énormes du règne végétal,
malgré certaines espèces naines
qui ne peuvent mesurer que
quelques mètres. Une récente
étude basée sur des images
satellitaires a permis d’affirmer
qu’ils sont plus de 3 millions
sur l’ensemble du territoire
malgache, dispersés en majorité
sur la partie sud-ouest de l’île.
Étymologiquement, son nom
dérive du mot arabe « bu hibab »
qui signifie fruit à nombreuses
graines.
109108
57. A gauche : charrette
à zébus sur l’allée
des baobabs de
Morondava
A droite : Adansonia
rubrostipa ou « Fony »
près d’Andavadoaka 111110
58. A gauche :
Adansonia perrieri.
En haut au centre :
Adansonia granditieri.
En haut à droite :
Adansonia suarezensis
de Diego Suarez.
En bas au centre :
Adansonia rubrostipa.
En bas à droite :
Adansonia Za.
113112
59. Presque toutes les parties du baobab sont utilisées, ce qui lui vaut la protection et la vénération des populations locales.
Les feuilles, les plantules et les racines sont consommées comme légumes, le fruit sert à préparer des boissons, et les
graines une huile comestible. Les feuilles sont utilisées également comme produit médicinal contre les coliques,
l’écorce contre la fièvre et la gomme en tant que désinfectant.
115114
61. A gauche : Adanso-
nia Za dans le bush
du Sud-Ouest.
A droite : villageois
sur une piste bor-
dée de baobabs de
Grandidier.
119118
62. Une des nombreuses croyances locales raconte qu’une
divinité, jalouse de la prestance de cet arbre, l’aurait
arraché puis replanté à l’envers, les racines se retrouvant
vers le haut. D’où son surnom en malgache
« iabovahatse » ou «les racines du ciel».
121120
63. En bas : Adansonia
madagascariensis
En haut à gauche : Adansonia
Digitata « le baobab africain »
En haut au centre : Adansonia
Suarezensis de Cap Diego
A droite : Adansonia perrieri
123122
64. A gauche : le gros
baobab, emblême de
la ville de Majunga.
A droite : taxi brousse
sur la piste de Belo
sur Tsiribihina à
Morondava.
125124
66. Aune soixantaine de
kilomètres de Diego Suarez,
le plateau de Sahafary culmine
à 200 mètres d’altitude. Ce
quadrilatère de 17 kilomètres
de long sur 7 de large est une
savane herbeuse, où pousse ici et
là quelques mokotro (palmiers),
tamarins et orange des singes
qui font le régal des gardiens de
zébus accablés par la chaleur.
Ces derniers, pour garantir à leur
zébus des zones de pâturages
suffisantes, ont brulé la forêt
originelle, laissant la place à un
sol dénudé, peu à peu attaqué
par le long travail d’une
érosion inéluctable.
A l’origine, c’est une petite exca-
vation de quelques centimètres,
une petite zone déprimée en
forme d’hémicycle qui commence
à s’agrandir. Puis les fissures se
forment, s’élargissent, jusqu’à ce
que se détachent des pans entiers
de parois, pour laisser apparaître
une petite gorge qui deviendra
un véritable ravin ou encore un
canyon de plus d’un kilomètre.
Ce sont les Sakasaka.
LES
TSINGY ROUGES
DE DIEGO SUAREZ
129128
67. Mais le plus impression-
nant encore se trouve
en bas de ces canyons.
L’eau de pluie s’infiltre
facilement à travers ce
sable ocre rouge. Plu-
sieurs dizaines de mètres
plus bas, elle rencontre
une couche plus dure,
presque imperméable,
un grès-marneux. Elle va
alors s’infiltrer malgré
tout, lentement, finissant
par éroder cette roche
compacte. On parle alors
de massif karstique. Le
sable fin de surface va
très rapidement être
déblayé avec l’avancée du
canyon, laissant appa-
raître ce massif, dont la
formation est appelée
par les géologues
« cheminées des fées ». 131130
70. Ressemblant à ses
voisins de l’Ankarana
mais non plus aiguisées
comme des couteaux.
Avec des formes arron-
dies, fantasmagoriques,
c’est tout naturellement
qu’ils finirent par prendre
le nom de Tsingy. Le sable
rouge, encore mélangé
à ce mélange de gré-
marneux, leur donnent
des teintes différentes,
suivant les heures
de la journée.
Les Tsingy Rouges
étaient nés…
137136
71. La réserve spéciale de l’Ankarana
est un des sites les plus somp-
tueux du Nord de Madagascar. Il
tire sa renommée de ses Tsingy,
de sa riche biodiversité, et de ses
traditions ancestrales.
Il y a plusieurs millions d’années,
des coraux géants formèrent ce
massif calcaire à grains fins et
durs qui, sous l’action de la pluie
chargée de sels marins vont, au fil
du temps, s’éroder et donner ces
formes pointues et aiguisées, les
karsts. Ce massif est percé de
plusieurs centaines de kilomètres
de galeries, de grottes et de
canyons, avec des falaises de
plus de 200 mètres.
Les éruptions volcaniques du
massif d’Ambre situé au Nord vont
recouvrir ces karts d’épanche-
ments basaltiques.
LE MASSIF DE,
L’ANKARANA 139138
72. Le Royaume de
l’Ankarana fut fondé
en 1697, avec l’avène-
ment de son premier roi
Andriantsirotso. Jusqu’à
aujourd’hui, les us,
croyances et rituels sont
conservés pour ne citer
que le Tsangatsaina, le
Tsakafara, et la
réincarnation des morts.
Le roi des Antakarana vit
toujours dans la rési-
dence royale
d’Ambatoharana, et
constitue le pilier de
cette ethnie fière de
son riche passé. 141140
73. Dans cette forteresse de
pierres et cet
enchevêtrement de
végétation, va s’épanouir
une faune et une flore
uniques avec un fort
taux d’endémisme, qui
restera presque inconnue
jusqu’au 20e siècle. C’est
J. De Saint-Ours, dans les
années cinquante, qui va
effectuer les premières
explorations.
143142
75. Sur ce sol riche, une
végétation particulière va
pouvoir s’installer avec ses
baobabs, ses ficus, ses
Adenia…. Entre le sol
calcaire et le sol volcanique
cohabiteront des forêts
sèches et d’autres
sempervirentes.
147146
77. Une espèce représentant la
biodiversité exceptionnelle
de Madagascar est bien ses
lémuriens. Ils sont endémiques
de la grande île et les seules
représentations à l’extérieur sont
dans les zoos ou aux Comores et
à Mayotte où ils ont été introduits
par l’homme.
A l’origine on a longtemps pensé
que ce primate venait d’Afrique et
aurait été l’ancêtre du singe avant
la séparation de Madagascar du
continent africain il y a 88 mil-
lions d’années, mais de récentes
recherches ont mis à jour dans
le centre du Pakistan un fossile
étroitement apparenté au lému-
rien moderne de Madagascar. Les
recherches ne disent pas encore si
ce primate a migré de Madagascar
vers l’Asie ou le contraire.
A suivre…
Toutes les espèces de lémuriens
sont en danger d’extinction par
la destruction de leur habitat,
la forêt tropicale. D’après les
experts, pas moins de 90% de la
végétation d’origine de l’île a été
détruite, et ce qu’il en reste est
très sévèrement divisé. Les lému-
riens sont les mammifères les plus
menacés au monde.
L’ÎLE AUX
LÉMURIENS
151150
78. Le lémur Catta, égale-
ment appelé « Maki »
ou « Maki Mococo » est
représenté par sa queue
annelée de 14 anneaux
noirs et blancs. Ce
lémurien endémique
affronte les autres
mâles à coups d’odeurs
pestilentielles dégagées
par ses glandes. Celui
qui dégage les odeurs
les plus nauséabondes
gagne les faveurs
de la femelle !
Ce sont les lémuriens les
plus populaires dans les
zoos du monde entier,
ils s’y reproduisent
aisément.
153152
79. Au centre et à droite : le
propithèque, également
appelé « sifaka »
En haut et en bas à
gauche : le lemur Vari ou
« lémurien à crinière » ou
« varika » en malgache.
155154
80. A gauche et en haut : le
lémurien couronné ou
«lemur coronatus» a une
couleur contrastante
avec une sorte de
couronne sur le dessus
de sa tête.
En bas : le Lepilemur,
nocturne, est un des plus
petits lémuriens avec le
microcèbe.
157156 157157
81. A droite et en bas au
centre : L’Indri Indri ou
« Babakoto », plus grand
lémurien de Madagascar
A gauche et en haut au
centre : le lémurien fauve
ou « lemur fulvus »
159158
82. Dans la même série :
MADAGASCAR VU DE L’INTÉRIEUR
Volume 2 : l’Eau
Sur le web :
(scannez les QR Codes pour un accès direct) :
www.madagascar-photo.com facebook.com/madagascar.le.livre facebook.com/pybphoto
Madagascar
en Photos
La page Facebook
du livre
La page Facebook de
Pierre-Yves Babelon Photographies
83. MADAGASCARVUDEL’INTÉRIEUR-Volume1:laTerre
Ce livre n’est pas un récit de voyages
mais réalisé en immersion totale avec la nature,
la population et ses cultures durant 7 années,
d’où le titre de ce livre « vu de l’intérieur ».
Madagascar vu de l’intérieur est fait de contrastes.
Pas seulement dans les images mais contraste entre
l’Eau et la Terre, thème du premier ouvrage de cette
série, contraste entre les populations, contraste
entre les cultures, contraste entre
le noir et blanc et la couleur.
Bonne consultation.
Pierre-Yves Babelon.