1. Enseigner l'économie sociale
et solidaire et ses valeurs
Perspectives en éducation et en formation
Philippe Watrelot
Jeudi 25 juin 2015- 10h-15h - Reims
2.
3. 3 casquettes...
Professeur de Sciences
Économiques et Sociales
(depuis 1981)
Professeur en
temps partagé à
l'IUFM/ESPÉ
(depuis 2006)
Président du CRAP-
Cahiers
Pédagogiques
(depuis 2008)
https://www.facebook.com/philippe.watrelot
@phwatrelot@phwatrelot
http://philippe-watrelot.blogspot.fr
expert en rien, spécialiste en tout
(ou l'inverse...)
http://fr.slideshare.net/PhilippeWatrelot/presentations
4. Philippe Watrelot
• 55 ans
• Professeur de Sciences économiques et
sociales au lycée Corot de Savigny sur
orge (Essonne,Ac. deVersailles)
• Professeur à l'ESPÉ de Paris en temps
partagé
• Président du CRAP-Cahiers Pédagogiques
8. « Plus connue de tous par le nom des familles qui la composent,
l’Economie sociale est le terme générique pour désigner les
groupements de personnes (et non de capitaux) jouant un rôle
économique. »
CEGES 10/05/05
13. • 9,2% des entreprises, soit 215 000 établissements
• Dont :
- 181 732 associations
- 25 413 coopératives (hors agriculture)
- 6 672 mutuelles
- 1177 fondations
• 2,3 millions de salariés, soit près d’1,9 million d’équivalents temps
plein
Sources : Extrait du Panorama de l'ESS 2010
Insee, Clap 2006, 2007, 2008
14. Un emploi féminisé et en dynamique
• 66% des personnes salariées de l’ESS sont des
femmes
• Plus d’un cadre sur deux est une femme
• Entre 2006 et 2008, l’économie sociale et solidaire a
contribué pour 18 % à l’augmentation des effectifs
salariés grâce à la création de 104 000 emplois
16. • L’Adhésion libre et volontaire de personnes qui, partageant
des valeurs, des besoins et un projet, sont associées (sociétaires)
et bénéficiaires de services (= La Liberté)
• la non-lucrativité : pas d'appropriation individuelle
• La gestion démocratique.A chaque personne correspond
une voix et une seule aux assemblées générales : une personne =
une voix (= L’Egalité)
• La solidarité entre les membres ramène vers la notion de
fraternité de la devise de la République (= La Fraternité)
•Utilité collective du projet : une structure de l'ESS est
nécessairement au service d'un projet collectif
• Mixité des ressources : les ressources du secteur sont soit
privées (coopératives et mutuelles) soit mixtes (associations)
17. • La non-lucrativité : l’entreprise au service d’un projet,
pas de la maximisation du profit
• L’indivisibilité du patrimoine et l’impartageabilité des
réserves = l’idée d’une propriété collective de l’entreprise
• L’indépendance et l’autonomie décisionnelle
Les acteurs sociaux bénéficiaires de l’action sont également les
sociétaires de l’entreprise. Exemples :
- Coopérative de production : salariés = sociétaires.
- Mutuelle : les mutualistes sont assureurs et assurés
- Coopérative de consommation : les consommateurs
sont associés.
18. l’objectif est de couvrir les risques de la vie (santé, vol,
accident…). Elles se distinguent des assurances en partageant
le risque entre leurs adhérents, de façon solidaire. (textes de
référence : code de la mutualité et code des assurances
• Coopérative : Association de personnes volontairement
réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins
économiques, sociaux et culturels communs, au moyen d’une
entreprise dont la propriété est collective, et où le pouvoir est
exercé démocratiquement. (texte de référence : loi de 1947 –
complétée en 1992 et 2011 et loi de 1978 sur les Scop).
Mais aussi …
• Fondation : « acte par lequel une ou plusieurs personnes
physiques ou morales décident l’affectation irrévocable de biens,
19. Économie solidaire :
• Epargne solidaire
• Entreprises d’insertion
• Commerce équitable
Économie sociale :
• Coopératives
• Associations
• Mutuelles
Valeurs et éthique partagées
Projet individuel dans une
dimension collective.
L’économie au service de l’homme
Adhérent
Bénéficiaire
20. l’économie sociale est un mouvement de
pratiques, mais aussi un mouvement de
pensée, porteur d’un projet politique
21. L’économie sociale, un projet de société
alternatif
- Des valeurs porteuses de sens : collectif, solidarité,
émancipation, à l’opposé de tendances actuelles
- Une amélioration des conditions de vie et la
diffusion de progrès sociaux
- La promotion d’un modèle économique alternatif
au modèle dominant
22. La crise, une opportunité pour la promotion de ce
modèle de société porté par l’Economie
sociale ?
• De nouveaux défis
- Des besoins essentiels ne sont plus satisfaits
- La précarisation frappe plus durement et touche de nouvelles
catégories
- La mobilité sociale se grippe et l’exclusion se développe
• Des contestations de plus en plus fortes du
modèle dominant
- Les conflits pour la répartition de la richesse s’accentuent
- La prise de conscience de tous les aspects de la crise
(économique, sociale, environnementale, démocratique) se
développe
24. Mais ce contexte favorable pour l’ES peut être
porteur de pièges…
- l’engouement pour l’ES comme prétexte à un
désengagement de l’Etat
- l’engouement pour l’ES comme support de
communication de « faux amis »
- les risques du développement du social business
28. A l'école et au lycée...
• Pratiques coopératives au primaire
• Une présence faible au collège mais des
opportunités avec le collège 2016
• Une prise en compte de l'ESS variable selon
les programmes et les manuels au lycée
• Confusions sur la définition du mot
“entreprise”
30. Le socle commun
Décret n° 2006-830 du 11 juillet
2006 relatif au socle commun de
connaissances et de compétences
et modifiant le code de l'éducation
31.
32. Les 7 compétences du socle
• 1 maîtrise de la langue française
• 2 pratique d’une langue vivante étrangère
• 3 compétences de base en mathématiques et culture scientifique
et technologique
• 4 maîtrise des techniques usuelles d’information et de
communication
• 5 culture humaniste
• 6 compétences sociales et civiques
• 7 autonomie et initiative
33. 17
8 compétences clés
(propositions européennes)
(propositions européennes)
• Communication dans la langue
maternelle
• Communication dans une langue
étrangère
• Culture mathématique et
compétences de base en
sciences et technologie
• Culture numérique
• Apprendre à apprendre
• Compétences
interpersonnelles,
interculturelles et
compétences sociales et
civiques
• Esprit d’entreprise
• Sensibilité culturelle
Remplacé par
“Autonomie et
initiative”
34. La loi de programmation
et d'orientation portant
sur la refondation de
l'école conserve le principe
du socle commun
48. Le parcours de découverte des métiers et des formations participe à l'acquisition des
connaissances et des compétences du socle commun :
•compétences sociales et civiques
•autonomie et initiative
Dès la cinquième débute la découverte progressive des métiers et des formations dans un
parcours qui se construit tout au long de la scolarité au travers d'activités diverses.
Classe de cinquième : des visites, des interviews de professionnels et des enquêtes
permettent d'explorer les secteurs d'activité et les métiers.
Classe de quatrième : l'élève découvre des voies de formation avec une journée passée
dans un lycée, un CFA ou tout autre établissement de formation.
Classe de troisième : des séquences d'observation sont organisées en milieu professionnel,
visites de forums, salons, séances d'information.
L'élève peut choisir l'option facultative de découverte professionnelle de 3 ou 6
heures. Il bénéficie d'un entretien personnalisé d'orientation.
Pendant sa scolarité au collège, un élève passe au moins 10 jours dans une entreprise ou en
relation avec des acteurs du monde professionnel.
Le parcours de découverte des métiers
et des formations
49. Le parcours de découverte des métiers et des formations évolue
pour devenir le parcours individuel d'information et de découverte
du monde économique et professionnel (PIIODMEP) à la rentrée
2015.
PIIODMEP
“Le PIIODMEP doit permettre aux élèves de la 6e à la terminale de
construire progressivement, tout au long de leurs études
secondaires, une véritable compétence à s'orienter et de développer
le goût d'entreprendre et d'innover au contact d'acteurs
économiques”
53. Accompagnement personnalisé
Interdisciplinarité
et travail en équipe
Climat scolaire
Autonomie
et marges de manœuvres
Enseignement +
précoce des langues
4000 postes d’enseignants supplémentaires seront créés pour accompagner la réforme.
Liaison école/collège
54.
55.
56.
57.
58. Enseignements
Pratiques
Interdisciplinaires
Huit thèmes :
•développement durable ;
•sciences et société ;
•corps, santé et sécurité ;
•information, communication, citoyenneté ;
•culture et création artistiques ;
•monde économique et professionnel ;
•langues et cultures de l'Antiquité ;
•langues et cultures régionales et étrangères.
Co-intervention
Pédagogie de projet
Évaluation dans le cadre du brevet ?
Développer l’oral
59.
60. Les nouveaux thèmes de travail sont inscrits dans les programmes, à la différence des
itinéraires de découverte, qui n'avaient pas de support programmatique.
Les EPI feront l'objet d'une évaluation qui sera prise en compte pour l'attribution du futur
diplôme national du brevet.
Les nouveaux thèmes de travail concerneront toutes les classes du cycle 4 (5e, 4e, 3e).
Aujourd'hui, les itinéraires de découverte ne concernent que les classes de 5e et de 4e, à
hauteur de 2 heures par semaine.
Les EPI portent sur les huit thématiques interdisciplinaires qui sont définies dans l'arrêté
d'organisation des enseignements au collège :
Les nouveaux EPI seront une modalité explicite de mise en œuvre des programmes dans
lesquels ils sont définis. Le conseil d'administration du collège, sur proposition du conseil
pédagogique, déterminera les thématiques qui seront traitées dans les classes de 5e, 4e et
3e.
Les EPI devront aussi contribuer de façon concrète à la mise en œuvre au collège des trois
parcours éducatifs : le parcours citoyen, le parcours d'éducation artistique et culturelle
(PEAC) et le parcours individuel d'information et de découverte du monde économique et
professionnel (PIODMEP).
Qu'est-ce que les EPI ? En quoi les EPI diffèrent-ils
des itinéraires de découverte (IDD) ?
61. Les enseignements pratiques interdisciplinaires peuvent etre de duree variable (trimestrielle,̂ ́
semestrielle, annuelle), sur un horaire hebdomadaire de 1 a 3 heures. Un etablissement peut̀ ́
combiner des enseignements pratiques interdisciplinaires de durees differentes. Par exemple :́ ́
- Trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de trois heures.
- Deux enseignements pratiques interdisciplinaires semestriels de deux heures, et trois
enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de 1 heure.
- Un enseignement pratique interdisciplinaire semestriel de trois heures, un enseignement
pratique interdisciplinaire semestriel d’une heure, un autre de deux heures.
- Un enseignement pratique interdisciplinaire annuel d’une heure, et deux enseignements
pratiques interdisciplinaires semestriels de deux heures.
- Un enseignement pratique interdisciplinaire annuel d’une heure, et trois enseignements
pratiques interdisciplinaires trimestriels de deux heures.
Les organisations trimestrielles ou semestrielles sont a privilegier. D’autres modalites peuvent̀ ́ ́
etre concues, telles que des semaines interdisciplinaires.̂ ̧
Une meme thematique interdisciplinaire peut etre suivie par un eleve au cours de chacune deŝ ́ ̂ ́ ̀
trois annees du cycle 4.́
Les EPI
(Projet de circulaire)
65. Rappel
2 options "économie"2 options "économie"
en 2ndeen 2nde
(1h30)(1h30)
SciencesSciences
économiqueséconomiques
et socialeset sociales
(SES)(SES)
PrincipesPrincipes
fondamentaux defondamentaux de
l'économie et de lal'économie et de la
gestion (PFEG)gestion (PFEG)
72. “L'entreprise se définit
comme une
organisation dont
l'activité consiste à
produire des biens ou
des services pour les
vendre sur un marché
(production marchande)
afin de réaliser un
profit.”
[...]
L'économie sociale
et solidaire est
composée de
coopératives de
production et de
diverses associations
Manuel Belin
SES - 2nde
(pg 2010)
74. “La production est une
activité visant à satisfaire
les besoins des individus
par des biens ou des
services. [...] Une
entreprise recherche le
profit et crée de la
richesse en ajoutant de la
valeur aux consommations
intermédiaires. [...]
Les entreprises, les
administrations et les
institutions sans but
lucratif sont toutes trois
des organisations
productives
Magnard 2nde SES
(pg 2010)
77. Nathan 2nde SES
(pg 2010)
“Les SCOP obtiennent des
résultats économiques supérieurs
à la moyenne des entreprises”
78. “La production est la
création de biens et de
services destinés à
satisfaire des besoins
individuels ou collectifs.
Cependant, pour qu'une
production soit
considérée comme
créatrice de richesses,
elle doit être le résultat
d'un travail rémunéré et
déclaré [...] La production
s'effectue au sein d'unités
de production dont le
rôle et les objectifs sont
différents. Les
entreprises ont pour
vocation la production
marchande de biens et
services. Leur objectif est
le profit [...] Les
associations, très
nombreuses en France
n'ont aucun but lucratif
Nathan 2nde SES
(pg 2010)
93. Beitone, A. & Hemdane, E. (2005). La définition de l’entreprise dans les
manuels de sciences économiques et sociales en classe de seconde. Skholê,
hors-série 1, 29-39.
94. En résumé...
• Une prise en compte de l'ESS variable selon
les manuels
• Confusions sur la définition du mot
“entreprise”
95. “Une définition unilatérale de l’entreprise en terme de recherche
de profit, une typologie inadéquate des organisations productives
(qui négligerait le fait qu’existent des entreprises de l’économie
sociale) constituent un obstacle aux apprentissages des élèves.”
Beitone, A. & Hemdane, E. (2005). La définition de l’entreprise dans les manuels
de sciences économiques et sociales en classe de seconde.
Skholê, hors-série 1, 29-39.
100. Un enjeu de définition...
“Il est fondamental de préciser que l’entreprise n’est pas une réalité qui s’impose
toute seule, c’est un construit : ce n’est pas un fait, elle est, au moins en partie, une
construction faite par son observateur”
(I.N.S.E.E., 1999, p. 20).
101. “une entreprise est une organisation productive qui
produit des biens et des services dans le but de les
vendre sur un marché”
INSEE
102. Quelle démarche
didactique adopter ? (1/3)
• Définir d'abord le concept de production
(permet de montrer que les administrations
produisent)
• définir le concept d'organisation et en
déduire le concept d'organisation productive
(il y a des organisations qui ne sont pas
productives mais toute activité productive a
pour cadre une organisation)
103. Quelle démarche
adopter ? (2/3)
• Proposer aux élèves une typologie fondée sur
trois distinctions qui se combinent
• Les organisations productives peuvent avoir
une activité marchande (ce sont alors des
entreprises) ou non-marchande
• les organisations productives peuvent être
publiques ou privées
• les organisations productives peuvent avoir un
but lucratif ou non lucratif
104. Cette approche permet de mettre en mouvement les
représentations des élèves : pour eux en général : public égale
administration égale non production et privé égale entreprise égale
recherche du profit.
Cette approche prend en compte à la fois l’analyse économique (la
distinction marchand non marchand) mais aussi l’approche juridique :
il y a indiscutablement des associations qui sont des entreprises et la
loi leur donne un but non lucratif.
Quelle démarche
adopter ? (3/3)
110. “Car je reste persuadé d'une
chose : tant qu'on a pas vendu
à un client, on n'a rien
compris à l'économie. Une
entreprise c'est une
formidable rencontre entre
plusieurs acteurs, un qui
apporte du capital et un autre
une idée”
Jean-Michel Fourgous
Député UMP des Yvelines
114. Faire vivre les valeurs de
l'ESS à l'École
• Pédagogie coopérative vs compétition
• faire vivre la solidarité au sein de l'École
• Établissements scolaires : lieu d'apprentissage
de la démocratie.
Hinweis der Redaktion
« L’économie sociale est l’ensemble des groupes, des entreprises et des organisations dont la finalité est de répondre à des besoins humains collectifs et qui adoptent un fonctionnement démocratique. Elle constitue ainsi une autre façon d’entreprendre, démocratique et à finalité sociale et éducative. L’économie sociale réfute l’existence d’une économie ‘pure’, déconnectée d’enjeux sociaux et environnementaux. Elle fonde sa pratique économique sur une éthique humaniste et sur quatre valeurs fondamentales : l’engagement volontaire, l’autonomie de l’organisation collective, l’égalité des membres et la pratique démocratique, la solidarité entre ses membres. L’économie sociale représente actuellement un mouvement d’entreprises et d’organisations important en France et en Europe. Elle s’oppose à une conception instrumentale et caritative du tiers-secteur, témoignant au contraire que toute activité économique peut être réalisée dans le but de servir des besoins et des attentes non ou mal satisfaites et non de rémunérer du capital placé. »
Texte issu du site Internet du CNAM – JF DRAPERI
http://ww1.cnam.fr/ceste//economie.htm
JF DRAPERI, titulaire d’un doctorat de géographie, est maître de conférences en sociologie au CNAM, où il dirige le Centre d’Economie Sociale « travail et société »
1. Associations caritatives, comités d’œuvres sociales...
L’économie sociale regroupe 69 % des emplois salariés de l’action sociale sans hébergement, 57% dans les activités sportives, et 55% dans l’hébergement médico-social et social.
- Non-lucrativité : la finalité de l’entreprise n’est pas la lucrativité ou le profit individuel ; l’entreprise est d’abord au service d’un projet, et les richesses qu’elle peut produire (économiques, sociales, culturelles…) sont d’abord réinvesties dans le projet. Attention : dans l’économie sociale on ne perla pas de « profit » mais d’ « excédent de gestion » !
La répartition des excédents dans les entreprises de l’économie sociale se fait de la manière suivante : une partie est affectée aux fonds propres ; une partie peut être restituée aux sociétaires ou adhérents sous forme de ristourne ; pour les coopératives, une partie peut être affectée à la rémunération des parts sociales mais de manière limitée (encadrement réglementaire).
- Indivisibilité du patrimoine et réserves impartageables : dans l’entreprise capitaliste, les associés apportent du capital en échange d’un droit illimité et exclusif sur la totalité des profits ; à l’inverse, dans l’économie sociale, la propriété de l’entreprise est collective, les adhérents/sociétaires n’ont pas de droit sur l’entreprise proportionnel à leur apport en capital.
* Les membres dans une association ou mutuelle apportent des cotisations mais n’ont pas de capital : ils n’ont pas de droit de propriété sur l’entreprise ;
* Dans les coopératives, les sociétaires amènent des parts sociales, qui peuvent être rémunérées mais de manière limitée ; ce droit de propriété est encadré par des règles qui font que les réserves de l’entreprise ne sont pas partageables ni accaparables par les sociétaires
L’idée est celle de la constitution d’un patrimoine collectif pour assurer la pérennité de l’entreprise = logique de long terme, de développement durable, de transmission inter-générationnelle
- l’indépendance et l’autonomie : la gouvernance démocratique et la propriété collective de l’entreprise par ses membres fait que les organisations de l’Economie sociale sont maîtres de leurs décisions : ni les pouvoirs publics, ni des entreprises concurrentes, ni des fonds de pension… ne peuvent « prendre le contrôle » des entreprises. Mais cela ne signifie pas pour autant que des éléments de contexte économique et politique ne pèsent pas sur les décisions…
Mutuelles : Il existe deux grandes branches de mutuelles : les mutuelles santé et les mutuelles d’assurance
Coopératives : Il existe des coopératives de production, de consommation, d’activités et d’emploi, bancaires, d’artisans, d’agriculteurs…
Fondations : Attention, elles se distinguent des familles fondatrices de l’économie sociale. Elles peuvent être constituées de personnes morales et pas forcément de personnes physiques. Dès lors, en matière de gouvernance, les CA des fondations ne sont pas forcément représentatifs de l’ensemble des membres et contributeurs, et on n’est pas dans la logique « une personne = une voix ». C’est pourquoi beaucoup d’acteurs ne considèrent pas véritablement les fondations comme faisant partie de l’Economie sociale au même titre que les trois familles fondatrices.
L’Economie sociale développée par les entreprises de statut coopérative, mutuelle et association vise le progrès individuel dans une dimension collective, place l’économie au service de l’homme
Avec l’émergence de l’économie solidaire, ce cadre éthique et philosophique est partagé par de nouveaux acteurs ayant pour objectifs
l’insertion par l’activité économique
l’épargne solidaire
le commerce équitable
qui se donnent comme objectif de remettre l’activité économique au service des plus fragiles et des exclus.
A noter : si la plupart de ces entreprises sont de statuts associatifs ou coopératifs, certaines organisations de l’économie solidaire n’appartenaient pas nécessairement à l’un ou l’autre des statuts juridiques historiques de l’Economie sociale (notamment dans le secteur de l’IAE)
Une différence importante :
Adhérent : Dans le sens de sociétaire, acteur, participe à la construction de sa coopérative, son association, sa mutuelle
Bénéficiaire : Dans le sens de bénéficiaire d’une protection contre l’exclusion.
« Le bénéficiaire n’est pas sociétaire », Cf. J-F Draperi, directeur du centre d’Economie Sociale travail et Société.
Même s’il y a toujours un écart entre le projet et les pratiques, on ne peut pas, lorsque l’on étudie les entreprises de l’économie sociale, se contenter de regarder les pratiques, en oubliant que l’économie sociale est aussi un courant d’idées, un mouvement de pensée. Si l’on oublie cela, le risque est la banalisation de l’économie sociale par rapport aux entreprises capitalistes.
Intérêt de la production de savoirs en économie sociale : depuis toujours, elle s’est faite à partir des acteurs et des militants : ce sont les militants qui ont construit les théories.
Des valeurs porteuses de sens
L’économie sociale défend la force des actions collectives, les logiques de solidarité, la construction d’espaces d’émancipation pour les individus, à l’opposé des tendances actuelles de promotion de l’individualisme, de la réussite personnelle, des logiques de domination entre les individus et les groupes.
Une amélioration des conditions de vie
Tout au long des XiXème et XXe siècles, l’économie sociale et ses réalisations ont permis de contribuer à la libération de l’Homme et à des progrès pour la société.
Les dispositifs sociaux mis en place ont contribué à améliorer sensiblement les conditions générales de vie, et à favoriser l’élévation du niveau social et culturel.
C’est encore le cas aujourd’hui par les innovations sociales mises en place par l’économie sociale, dans différents domaines : santé; action sociale, logement, alimentation…
La promotion d’un modèle économique alternatif
L’économie sociale est une économie a-capitaliste ou non capitaliste. Elle peut exister dans le cadre d’une économie de marché (il n’est pas nécessaire d’être capitaliste pour être dans le marché!), mais tout en défendant une autre logique : société de personnes et non de capitaux, fonctionnement démocratique, etc. En cela, elle est une alternative au capitalisme, même si elle doit faire face aux mêmes contraintes que les autres entreprises du marché : efficacité de gestion, viabilité et rentabilité économiques, pressions concurrentielles, etc.
L’engouement pour l’ES comme prétexte à un désengagement de l’Etat
L’ES ne doit pas servir de prétexte à un désengagement de l’état et des pouvoirs publics : certaines missions, dans les domaines éducatifs, sociaux, sanitaires, dans le secteur de l’accompagnement vers l’emploi… ne doivent pas être complètement sous-traitées, quand bien même à des acteurs de l’ES. Ces derniers doivent exprimer clairement que le renforcement du périmètre de la puissance publique est indispensable pour une société garantissant à tous un certain nombre de droits collectifs fondamentaux (ex : attention au débat sur la dépendance)
L’engouement pour l’ES comme support de communication de « faux amis »
Face à un diagnostic de demande de « plus de social » et de « plus d’éthique », développement d’une communication des grands groupes capitalistes portant sur ces aspects, mais n’ayant pas grand-chose à voir en réalité avec leurs pratiques… Montée du « green washing » et du « social washing » : cela génère des confusions qui pénalisent les acteurs de l’économie sociale
Les risques du développement du social business
Apparition de nouveaux marchés de la pauvreté : théories du « bottom of the pyramid ».
Des entreprises développent ces nouveaux positionnements sous couvert d’arguments de lutte contre la pauvreté.
Dans ce contexte, la montée de l’entreprenariat social pose question : s’il semble important d’encourager les comportements « vertueux » des entrepreneurs et des entreprises, attention à bien distinguer d’un côté les mouvements qui existent au sein du capitalisme, et disent essayer de vouloir le questionner, et d’un autre côté l’ES qui est elle a-capitaliste.