1. Tiphaine Chabert-Sztykgold
124 rue de Javel
75015 PARIS
Mob :06 75 09 19 43/ Fixe 01 45 54 71 16
E-mail : tiphaine.chabert@gmail.com
Monsieur le ministre de l’Education nationale,
Jean-Michel Blanquer
110, rue de Grenelle
75357 Paris SP 07
Paris, le 26 juin 2017
Objet : Point de vue parents/ point de vue enseignant : à quand les changements ?
Monsieur le Ministre de l'Education Nationale,
Une nouvelle rentrée scolaire s'annonce pour nous en tant que parents avec 4 enfants
scolarisés de la maternelle au lycée à Paris (public et privé confondus).
Rentrée nouvelle pour vous aussi avec les grands sujets que l'on connaît où à lire vos derniers
articles vous mettez les élèves au centre des changements, des propositions et des réformes
ce qui est évidemment prioritaire voire urgent.
Mais à quand une inspiration des modèle allemand, anglo-saxon ou danois qui donnent
l’image d’élèves hautement plus heureux, mieux accompagnés et mieux compris dans leurs
apprentissages ?
A quand des pédagogies différenciées qui prennent en compte les spécificités des élèves non
faits pour ce système scolaire français rigide et sans solution adaptée ( enfants précoces en
souffrance en particulier) où les parents pallient à tous les manques de l’institution...
On finit par avoir envie de sortir nos propres enfants du système français pour les préserver et
les recentrer sur les apprentissages utiles et nécessaires avec une pratique sportive
indispensable et une ouverture culturelle diversifiée.
Et ce n’est pas seulement la vision du parent déçu exprimée là mais également la vision de
l'enseignante en éducation musicale du 2d degré que je suis.
En effet, les professeurs attendent aussi des changements profonds et des propositions
nouvelles quant à leur métier avec par exemple :
-un nouveau système d'affectation qui considère l'humain ,
-une harmonisation des bonifications d'une académie à l'autre ,
-une valorisation des professeurs en particulier ceux qui obtiennent (malgré eux) des
établissements difficiles ,
-un calendrier donné à chaque enseignant dès le début de l'année scolaire pour qu’il
puisse se projeter en connaissant les dates de saisie et les échéances pour toutes les
démarches le concernant ( mutations, demande de congés, de détachement, de formation...)
-une place sérieuse donnée aux matières artistiques (avec une autre manière de l’imposer
aux élèves dans leur emploi du temps ) ,
2. -une formation dispensée aux IPR qui soient moins seuls à téléguider leur matière avec leurs
discours déconnectés du ressenti des enseignants sur le terrain,
-des formations imposées aux enseignants sur la psychologie (par exemple : la confiance
en soi chez l'enfant et l’adolescent)
-un délai raisonnable pour avoir droit aux formations qui peuvent relancer notre carrière ou
permettre une reconversion nécessaire,
-une étude personnalisée des compétences développées dans la carrière d'un enseignant
(tantôt psychologue, éducateur, infirmier, médiateur, conseiller aux études...) qu'il puisse
valoriser dans une reconversion professionnelle (le CAPES comme diplôme étant difficilement
exportable).
Par ces quelques remarques, je vous fais part d'expériences concrètes et vécues qui m’ont
amené à une réflexion personnelle profonde et qui me conduisent aujourd'hui à choisir une
reconversion professionnelle (sans aucune aide ou accompagnement de mon employeur).
Un choix mûri certes mais du gâchis aussi quand on sait que j'avais la vocation
d'enseigner (...).
Alors si je décide de fuir ce métier de "prof de musique " choisi dès 2001 c’est que je n’adhère
plus au système actuel avec :
- le manque de considération de ma matière au collège et à tous les niveaux ( jusqu'au passage
de l'option au bac)
- le fait de subir en permanence le système qui impose sans qu'on puisse se défendre ou
discuter d'alternatives,
- le manque de réponses ou d'informations des services du rectorat qui n’est autre qu’une
machine rouillée et opaque,
- l'absence d'écoute bienveillante de qui que ce soit dans notre carrière difficile d'enseignant.
Maman et enseignante, c’est donc lassée, déçue et résignée que je vais poser une disponibilité
pour tourner la page de 15 ans de service à l’éducation nationale, en espérant que l'on
m'attende quelque part ( dans les RH, la formation, le recrutement, la diversité...) avec mes
solides compétences développées au fils des années.
Alors je soutiens bien sûr l'idée du changement dans son ensemble et je m'allie aux réformes
proposées dont l’Education nationale a résolument besoin en espérant qu'elles profitent un jour
à nos enfants, à nous parents pour leur redonner confiance dans l’Ecole et aux enseignants
pour leur donner envie de continuer.
Pour ma part, vous n’avez pas su me garder.
J'aimerais bien sûr avoir des réponses précises sur les sujets évoqués dans ce courrier mais
vous sachant bien occupé, je n'ose y croire.
Contente d'avoir pu vous écrire malgré tout.
Sincères salutations