1. Discours de la servitude volontaire « Nous ne sommes pas nés seulement en possession de notre franchise, mais avec affectation de la défendre » Etienne de La Boétie (1530-1563) (1546) Dominique LOT TES2
2. Etienne de La Boétie - Sa vie Auteur français, né en 1530 d’un milieu aisé et cultivé; élevé dans le culte de l’antiquité grecque et romaine. Il étudie le droità l’Université d’Orléans où règne un esprit nouveau (importance du droit dans la société civile). Large activité intellectuelle. Une célèbre amitié le lie avec M. de Montaigne. A fortement contribué à la réconciliation au sein de l’Eglise Catholique, entre évêques catholiques et pasteurs protestants, qui étaient alors même au sein d’une controverse politique, notamment sur la valeur éthique de la tolérance, que La Boétie défendit toute sa vie. Une soudaine maladie met fin à sa brève vie en 1563, sans avoir pu publié ses écrits, (ce que Montaigne fera.)
3. Son œuvre majeure: Le discours de la servitude volontaire. Cet ouvrage remet en cause la légitimité de toute autoritéexercée sur un peuple, soulignant le fait que les peuples s’abandonnent sous le joug de leur maître, phénomène qu’il appelle servitude. Il va alors exposer les raisons de cette soumission volontaire, dans le but de diffuser un appel au bon sens afin que les peuples se libèrent («Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. ») et évitent l’hypothétique mort prochaine de l’humanité. Derrière cette œuvre se cache sa volonté de rompre avec le passé, et d’aborder différemment les réalités humaines.
4. Plan de l’analyse Des peuples en état de servitude La nature humaine Les causes de la servitude Les effets de la servitude Le souffle de la liberté La paix et la justice L’intuition contractualiste Raison et liberté
5. 1.Des peuples en état de servitude La Boétie souhaite expliquer la « lâcheté » des hommes, qui se laissent assujettir par un homme qu’il qualifie de « monstre du vice ». Ce malheur de la servitude est abordé par une approche psychologique. A- Une théorie de la nature humaine
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7. Dotés plus ou moins d’espritSociabilité naturelle de l’Homme Domination/ Sujétion Solidarité Fraternelle affection Echange Complémentarité Référence au libéralisme politique et économique. Association -pas de soumission - Pas de dépendance
8. Paradoxe entre la nature humaine et la condition humaine : servitude volontaire l’essence humaine Citations de la première partie: « La liberté est bien plus qu’un idéal […] sans elle la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. » « Pour elle (la liberté) l’homme doit savoir combattre et mourir .»
9. B- Les causes de la servitude Commence par une approche même du principe de l’Etat, Modernisme de La Boétie. « Le pouvoir politique ne se confond pas avec celui qui l’exerce » : établit différence entre l’Etat moderne et la société féodale. Conscience politique des gouvernés. Causes profondes de la servitude Dénaturation des gouvernés Dénaturation des gouvernants
10. La dénaturation des gouvernés « Il suffirait que les Hommes désirent vraiment la liberté pour qu’ils l’aient » Causes de l’asservissement des peuples Anomalie des Hommes qui ont perdu leur lucidité et sens de l’effort (qui sont des atouts de l’esprit). Paresse native, comme une seconde nature. « Prennent pour naturel leur état de naissance »
11. L’homme asservi n’a plus la nature de l’homme. Ecroulement des valeurs de l’humanité Poids que les peuples se sont eux-mêmes infligés
12. La dénaturation des gouvernants Sur quoi La Boétie se fonde : - Il ne remet pas en cause l’idée de gouvernement. (« L’homme a besoin d’un maître » Kant ) - Nostalgie de La Boétie d’un état de nature, sans autorité politique , en parfait bonheur) ? -Le roi risque à chaque instant de devenir un tyran. Donc la monarchie est tyrannie de façon générale et il n’y a pas de bon tyran.
17. 2- Le souffle de la liberté La Boétie se fait donc le défenseur de la liberté; mais son ouvrage est à distinguer d’un manifeste – contre Machiavel et son Le Prince - de la violence révolutionnaire Appel au civisme contre la tyrannie monarchique. Atteste du bouleversement des idées de philosophie politique, morale politique, selon 3 principes: Paix et lois L’intuition contractualiste Raison et liberté
18. A- Paix et justice La Boétie est hostile aux révoltes armées, aux émeutes, car sont sanglantes. Il est contre la thèse du citoyen contre l’état (lui-même ayant été un fidèle sujet de roi toute sa vie.) D’où le souci constant de sauvegarder la paix et la justice. Tyrannicide n’est pas le juste châtiment des méfaits de la tyrannie
19. B-L’intuition contractualiste (Définition : courant moderne de philosophie politique qui pense l’origine de la société et de l’Etat comme un contrat entre les hommes, par lesquels ceux-ci acceptent une limitation de leur liberté en échange de lois garantissant le corps social. Cf : Rousseau-Hobbes) Liberté est à chercher dans le pacte qui le lie au prince. C’est le peuple lui-même qui fait sa servitude: « il n’y a pas besoin de combattre le tyran, […]m ais que le pays ne se contente de sa servitude: il ne faut pas lui ôter de rien, mais n e lui donner rien » La résistance passive restaure valeur politique, savoir dire ‘non’, c’est prouver sa liberté, la force du refus permet la reconquête de soi.
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21. Le monarque a alors des devoirs envers le peuple, et les gouvernés ont le droit de le juger, et de s’opposer ( cf l’introduction de la déclaration d’indépendance de 1776)
24. Conclusion La liberté du peuple, de même que leur servitude est leur œuvre : ils ont la condition qu’ils méritent. Etienne de La Boétie apparaît comme Le premier des modernes, en s’opposant à la tradition prestigieuse et en touchant un problème profond qu’est l’essence même de la politiquedes Etats modernes. Il réfléchit sur le rapport gouvernants/ gouvernés, et donc du rapport souveraineté/ citoyenneté. Aussi il appelle les peuples à ne pas user du « saint nom de liberté »pour faire mauvaise entreprise. Cette prévention rappelle largement la déclaration d’Indépendance des Etats d’Amérique de 1776, où Thomas Jefferson, en toute diplomatie ( comme le conseille La Boétie) insiste sur le droit des peuples à renverser le pouvoir usurpateur, mais seulement sur de bons motifs. L’auteur, étant soucieux de la condition humaine fait souffler un vent de liberté, dans un monde , qu’il n’entrevoit pas sans la présence de Dieupour autant. L’Homme doit s’en remettre à lui même, ce qui montre la confiance de La Boétie en la nature humaine.