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MASTER 2 ADMINISTRATION DES ENTREPRISES
Parcours Management et Marketing
Option Distribution et Services
M É M O I R E
ÉTUDE DES PRATIQUES DE CONSOMMATION
L'engagement des étudiants
contre le gaspillage alimentaire
Présenté par :
Bouvart Marie
Chaoui Leïla
El Arif Nadia
Année universitaire : 2015 – 2016 A l'attention de Laure Lavorata
et de Rémi Evrard
UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE – ARDENNE
CENTRE UNIVERSITAIRE DE TROYES
REMERCIEMENTS
Tout d'abord, nous tenons à remercier tous les étudiants de Troyes qui ont participé à
notre recherche pour leur temps et leur implication lors des entretiens. Sans eux, nous
n'aurons pu obtenir de résultats. Ces derniers se sont révélés indispensables à la
réalisation de ce mémoire.
Merci à Laure Lavorata, professeure mais également responsable de notre Master, qui a
accepté nos candidatures en Master 2. Merci pour son investissement et pour le
déroulement de notre formation qu'elle a organisé comme il se doit.
Nous tenons également à remercier l'ensemble des enseignants pour ce semestre riche
en connaissances et en savoir, et particulièrement Dominique Roux qui s'est montrée
disponible pour répondre à nos questions. Elle nous a donné des pistes sur la manière
d'entreprendre notre recherche sur le thème du gaspillage alimentaire.
Nous tenons aussi à nous remercier toutes les trois pour s'être investies dans cette
recherche, mais également pour notre travail d'équipe et la confiance que nous nous
sommes accordées. Merci au groupe pour la coopération !
Enfin, un grand merci à nos familles respectives dont certains membres ont participé à
notre étude. Nous les remercions de nous avoir laissées entrer dans leur vie de
consommatrice. Nous espérons que notre travail leurs a fait prendre conscience de
l'ampleur des impacts du gaspillage alimentaire sur la planète. Nous espérons aussi
qu'elles adopteront les bonnes pratiques pour lutter contre ce phénomène et qu'elles en
parleront autour d'elles, le bouche-à-oreille pouvant être un accélérateur de prise de
conscience de cette catastrophe alimentaire.
1
Sommaire
Résumé.........................................................................................................................3
Préface...........................................................................................................................4
Introduction...................................................................................................................5
PARTIE I. Revue littéraire............................................................................................6
1. Qu'est-ce que le gaspillage alimentaire ?.............................................................6
2. Chiffres – Clés......................................................................................................7
3. Les enjeux............................................................................................................8
PARTIE II. Méthodes..................................................................................................10
1. Entretiens semi-directifs.....................................................................................10
2. Observation Participante....................................................................................11
PARTIE III. Résultats.................................................................................................13
1. Profil des consommateurs..................................................................................13
2. Processus de consommation...............................................................................14
3. Comportement de consommation en foyer........................................................16
4. Engagement........................................................................................................18
5. Observation en restauration collective...............................................................21
PARTIE IV. Des solutions existent.............................................................................23
1. Le mouvement étudiant......................................................................................23
2. D'autres actions pour le changement..................................................................26
Conclusion..................................................................................................................31
Perspectives.................................................................................................................32
Références bibliographiques.......................................................................................33
Annexes.......................................................................................................................36
Annexe 1.....................................................................................................................37
Annexe 2.....................................................................................................................39
Annexe 3.....................................................................................................................42
Annexe 4.....................................................................................................................47
Annexe 5.....................................................................................................................50
Annexe 6.....................................................................................................................56
Annexe 7.....................................................................................................................62
Annexe 8.....................................................................................................................66
Annexe 9.....................................................................................................................68
Annexe 10...................................................................................................................70
Annexe 11...................................................................................................................72
2
Résumé
Le comportement des jeunes face au risque d'une catastrophe alimentaire
L'objet de cette recherche repose sur l'étude des comportements des étudiants face à
l'ampleur du gaspillage alimentaire. Jusqu'à présent, aucun travail de recherche n'a été
écrit à ce sujet. Après une revue littéraire sur le concept du gaspillage alimentaire, les
chiffres-clés et les enjeux qui s'y rapportent, nous construirons notre recherche sur les
réactions des jeunes et leur implication dans la réduction du gaspillage alimentaire.
Nous appuierons notre recherche sur la base d'une étude qualitative (9 répondants). Les
pistes d'analyses du comportement des jeunes sont nombreuses, mais nous nous
concentrerons sur le degré de leur sensibilité et de leur engagement. Enfin, nous
soulèverons plusieurs solutions déterminantes pour relever ce défi mondial.
Abstract
The behavior of young people when confronted by the risk of a food catastrophe
The purpose of this research is to study the behavior of students when confronted by the
scale of global food waste. Up till now, no research exists on this subject. After a
literature review on the concept of food waste, the figures and the issues related to this
phenomenon, the study will be focusing on the reactions of students and their personal
commitment to reducing food waste. Our study will be based on a qualitative study (9
respondents). There are many analysis possibilities on the behavior of young adults. We
will emphasize the degree of their sensivity and their awareness on the issue of food
waste. Finally, we will suggest a number of significant measures to deal with this global
challenge.
3
Préface
Parmi tous les sujets de mémoire qui nous ont été proposés, nous avons choisi à
l'unanimité celui sur le gaspillage alimentaire. C'est de loin le thème qui nous a le plus
inspiré.
Tout d'abord, ce sujet nous concerne dans la mesure où nous-mêmes consommatrices,
nous achetons, nous consommons, et nous jetons. Ce cycle se répète perpétuellement
sans que nous lui accordons une importance particulière. Nous vivons actuellement dans
une société de consommation, une société post-moderne où la modération est parfois
délaissée au profit de la surconsommation.
D'autre part, le gaspillage alimentaire fait les gros titres dans l'actualité médiatique.
Aujourd'hui le gaspillage alimentaire est un sujet sur lequel s'interroge énormément les
politiques, les écologistes, les distributeurs, les industriels et les producteurs dont le
soucis principal est la préservation de la planète. Ils essayent de mettre en place chacun
à leur manière des mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire, un phénomène
indéniablement lié au réchauffement climatique.
Préserver la planète pour les générations futures est une de nos principales convictions.
Responsables et solidaires, nous voulons agir pour faire changer les choses. Nous avons
donc décidé de travailler sur le gaspillage alimentaire pour comprendre ce qui est à
l'origine de ce phénomène et identifier des solutions à ce problème. De plus, c'est un
bon moyen de nous sensibiliser pour adopter les bons gestes et pouvoir à notre tour,
sensibiliser notre génération et les générations de demain.
Fidèles à la « génération C », la génération connectée à laquelle nous appartenons, nous
avons entrepris nos recherches sur Internet. Nous nous sommes rendues compte que
beaucoup de travaux sur le gaspillage alimentaire existaient déjà. Nous avons utilisé
plusieurs supports en ligne (livres, vidéos, articles, rapports etc), des livres que nous
avons achetés ainsi que nos supports de recherches ethnographiques pour rédiger notre
mémoire de recherche.
4
Introduction
En 2011, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO) a déclaré qu'un tiers du volume de nourriture produit dans le monde pour la
consommation humaine était perdu ou jeté. En 2012, France Nature Environnement
(FNE), la fédération française des associations de protection de la nature et de
l'environnement a estimé que chaque français jetterait en moyenne 20 kilos d'aliments
par an, soit 1,2 millions de tonnes de nourriture jetée chaque année. En 2015, le
Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt a estimé les pertes
alimentaires à plus de 10 millions de tonnes. Parallèlement à cette situation, près de 800
millions de personnes dans le monde souffrent de faim selon World Food Program
(WFP), l'organisme d'aide alimentaire de l'ONU.
Face à ce constat déplorable, le gaspillage alimentaire est au cœur des débats ces
dernières années. On parle de « catastrophe alimentaire », de « scandale alimentaire »,
de « désastre alimentaire mondial », « d'urgence mondiale » etc. Les mots sont forts et
ont pour but de choquer les consciences. Ils s'adressent à tous les acteurs de la
consommation et particulièrement aux consommateurs car ils sont les principaux
responsables du gaspillage alimentaire. Sur l'année 2014 en France, ils auraient jeté 6,5
millions de tonnes d'aliments.1
En France, les étudiants sont plus de 2 millions.2
Ils représentent une partie
importante des consommateurs. Comment ont-ils réagi face à cette situation ? Se sont-
ils sentis visés par les chiffres ? Se considèrent-ils comme « des consommateurs
gaspilleurs » ?
Afin de mener à bien notre étude, nous enquêterons sur les pratiques de
consommation des étudiants. Aujourd'hui, il n'existe encore aucune étude sur le
gaspillage alimentaire de cette cible. Cette thématique a suscité notre curiosité et en tant
que consommatrices – citoyennes du monde, nous nous sommes beaucoup interrogées à
ce sujet. Le gaspillage alimentaire constitue de réels enjeux éthiques, écologiques et
économiques.
Confrontés au gaspillage alimentaire, quels sont les comportements et les
pratiques de consommation des étudiants ?
Tout d'abord, il s'agira d'étudier la notion du gaspillage alimentaire. Ensuite,
nous réaliserons des études ethnographiques afin de collecter suffisamment de données
à ce sujet. Enfin, nous présenterons nos résultats sur le gaspillage alimentaire chez les
jeunes étudiants. Nous concluerons sur une présentation des apports de notre étude, ses
limites ainsi que les voies de recherches possibles.
1 Source : www.agriculture.gouv.fr
2 Source : www.m.enseignementsup-recherche.gouv.fr
5
PARTIE I. Revue littéraire
1. Qu'est-ce que le gaspillage alimentaire ?
Le terme « gaspillage alimentaire » est une notion complexe à définir. On confond
généralement ce groupe de mots avec le terme « déchets alimentaires », des déchets que
l'on jette volontairement par peur d'intoxication alimentaire comme des yaourts qui ont
dépassé leur date limite de consommation (DLC) ou des déchets inévitables comme des
os de viande ou des épluchures de légumes. On confond également le gaspillage
alimentaire avec le terme « pertes alimentaires », des aliments perdus suite à des
phénomènes climatiques conséquents (sécheresses, gel, inondations etc.) ou des
épidémies sur la production.
Le « gaspillage alimentaire » peut-être appréhendé sous différents angles dans la mesure
où la chaîne alimentaire est composée de plusieurs acteurs, des producteurs aux
distributeurs avant d'en arriver aux consommateurs finaux.
À ce jour, il n'existe pas de définition officielle pour le terme « gaspillage alimentaire ».
En revanche, plusieurs travaux à ce sujet ont exposé leur définition du gaspillage
alimentaire :
• « Toute nourriture destinée à la consommation humaine, qui à une étape de la
chaîne alimentaire est perdue, jetée, dégradée constitue le gaspillage
alimentaire », selon le Pacte National de lutte contre le gaspillage alimentaire3
,
• Pour la Food Agriculture Organisation (FAO), « le gaspillage alimentaire est
constitué de l’ensemble des aliments perdus ou gaspillés dans la partie des
chaînes alimentaires produisant des produits comestibles destinés à la
consommation humaine. Les aliments initialement destinés à la consommation
humaine mais qui sont accidentellement exclus de la chaîne alimentaire humaine
sont considérés comme des pertes ou du gaspillage alimentaire, y compris quand
ils font par la suite l’objet d’une réutilisation non alimentaire (aliments pour
animaux, bioénergie, etc. ) ».
• « Les pertes constatées en bout de chaîne alimentaire (distribution et
consommation) sont généralement appelées gaspillage alimentaire ». (Parfitt et
al. 2010)
Pour tenter d'établir une définition plus adaptée à notre étude, nous décidons de nous
focaliser sur le dernier wagon du schéma de la chaîne alimentaire ci-dessous :
3 Pacte lancé en 2013 par Guillaume Garot, l'ancien Ministre délégué à l'agroalimentaire, qui réuni
l'ensemble des acteurs des filières alimentaires et des administrations concernées. L'objectif est de
diminuer de moitié le gaspillage alimentaire en France d'ici 2025.
6
Production 
Élevage
récoltes champs etc.
Transformation
Par les Industriels
Distribution
Grandes & Moyennes
Surfaces, détaillants
Restauration etc.
Consommation
Finale
Après plusieurs remaniements, voici notre propre définition: le gaspillage alimentaire
est un acte quotidien devenu quasiment automatique, conscient ou non, volontaire ou
non, par lequel le consommateur jette des aliments qui lui sont destinés, au détriment de
la planète.
2. Chiffres – Clés
Plusieurs études ont longuement été menées pour permettre de quantifier le gaspillage
alimentaire à toutes les étapes de la chaîne alimentaire. Souvent, les chiffres sont des
estimations et varient d'une entité à une autre. En effet, il est difficile de quantifier le
gaspillage à proprement parler dans la mesure où les déchets sont généralement pris en
considération. De plus, certains chiffres prennent en compte la totalité des acteurs de la
chaîne alimentaire alors que d'autres n'en considèrent qu'un seul. Les chiffres relatifs au
gaspillage sont à la fois inquiétants, tant ils sont colossaux.
La FAO estime qu’un tiers des aliments destiné à la consommation humaine est perdu
ou gaspillé dans le monde. Cela représente 1,3 milliards de tonnes de nourriture par an,
soit plus de 160 kg par an et par habitant.4
En France, les derniers chiffres révèlent
qu'entre 90 et 140kg de nourriture par habitant sont perdus chaque année sur l'ensemble
de la chaîne alimentaire. Chaque Français jetterait à la poubelle entre 20 et 30 kg de
denrées, dont 7 encore emballées. Ces pertes sont estimées entre 12 et 20 milliards
d'euros perdus par an.5
D'après une étude de la Commission européenne6
, en France, la distribution serait à
4 FAO, 2012, Pertes et gaspillages alimentaires dans le monde – Ampleur, causes et prévention.
5 Source : rapport de Guillaume Garot (Avril 2015)
6 Preparatory study on food waste across EU 27 (Octobre 2010)
7
source: Commission européenne – Preparatory study on food waste across EU 27 (Octobre 2010)
l'origine de 6,6 % des pertes, les industries agroalimentaires représenteraient 7,3% du
gaspillage, ou 11% selon d'autres enquêtes. La restauration hors foyer serait responsable
de 12,5 %. Le maillon fort de la chaîne alimentaire sont les ménages avec 73,5 % des
pertes. C'est donc lors de la consommation finale que le gaspillage est le plus important.
Nos investigations porteront sur ce maillon de la chaîne alimentaire (les étudiants -
consommateurs) à la suite de cette première partie.
3. Les enjeux
A l'heure où les chiffres sont alarmants, quelles sont véritablement les conséquences sur
notre planète ? Le consommateur ne s'en aperçoit peut-être pas directement lorsqu'il
jette, mais le gaspillage alimentaire a des répercussions catastrophiques sur l'homme,
l'environnement et l'économie mondiale.
Tout d'abord, derrière le gaspillage alimentaire se cache des enjeux éthiques et sociaux.
En effet, la sécurité alimentaire n'est pas garantie pour tous. Au XXIème
siècle, dans un
monde où la nourriture produite suffirait à nourrir le monde entier, la faim subsiste
toujours. Ce problème n'est pas seulement une caractéristique des pays pauvres et en
voie de développement. Des personnes peinent également à se nourrir dans les pays
développés. Aujourd'hui, selon les chiffres officiels publiés sur le site du Programme
Alimentaire Mondial, « 795 millions de personnes souffrent de faim dans le monde […] La
faim et la malnutrition constituent le risque sanitaire mondial le plus important – plus que le
SIDA, le paludisme et la tuberculose réunis. ». En Europe, le Programme Européen d'Aide
aux plus Démunis (PEAD) a permis de distribuer des repas à plus de 18 millions d'Européens.
En France, une partie de la population rencontre également des difficultés d'accès à
l'alimentation. Selon le rapport d'activité 2014 des banques alimentaires, 4 millions de
personnes auraient eu recours à l'aide alimentaire en 2013. Le gaspillage alimentaire constitue
donc un véritable scandale éthique et social. En plus de la difficulté d'accès à la nourriture,
s'ajoute aussi un problème d'accès à une alimentation saine, variée et de qualité. Pour une
bonne partie des habitants de la planète, aussi bien dans les pays en voie de développement
que dans les pays développés, beaucoup de personnes n'ont pas accès à une alimentation
équilibrée, ce qui peut causer des problèmes de santé (obésité, diabète etc.)7
. Par conséquent,
face à des difficultés à s'alimenter, une nouvelle pratique se développe, celle du glanage. Cette
pratique qui existe depuis le Moyen-Age et qui consistait à aller récolter des fruits et légumes
dans les champs, est devenue très courante à notre époque. Aujourd'hui, le glanage consiste à
aller récupérer des aliments invendus sur les marchés ou dans les poubelles des magasins.
Nous consacrerons une partie à ce sujet plus loin dans le mémoire.
Le gaspillage alimentaire suppose également un enjeu économique. Jeter des aliments, c'est
jeter de l'argent. Selon la FAO, dans le rapport « food wastage footprint impact on natural
resources » (2013), le gaspillage alimentaire de produits agricoles est estimé à 750
milliards de dollars par an dans le monde. De plus, dans le rapport de Guillaume Garot
sur le gaspillage alimentaire, les pertes représenteraient jusqu'à 20 milliards d'euros par
an en France. Un montant extrêmement conséquent et non négligeable. D'énormes
économies auraient pu être faites. A plus petite échelle, à l'échelle des foyers français,
l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) a estimé la valeur
7 Etude Abena 2011 – 2012 sur l'alimentation et l'état nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire
8
de l’alimentation perdue à hauteur de 159€ par an et par personne.
Enfin, le gaspillage alimentaire va de pair avec un enjeu écologique. En effet, il faut
rappeler que la consommation des aliments sous-entend une production puis un
transport et une distribution. Cela a nécessité l'utilisation de matières premières,
d'énergie et d'eau. Le gaspillage alimentaire est donc lié de très près à l'environnement
car il suppose l'utilisation de ressources naturelles en amont de la production et de la
consommation finale. Mener une lutte contre le gaspillage alimentaire c'est donc, dans
une certaine mesure, lutter contre le réchauffement climatique. Les aliments ont un
cycle de vie au cours duquel ils produisent et rejetent des déchets, notamment le CO2. A
titre d'exemple, l'ADEME considère qu'un repas représente 3kg de gaz à effet de serres.
Par ailleurs, dans un entretien, Guillaume Garot a révélé que l'impact du gaspillage
alimentaire «en matière de gaz à effet de serres [place la France] comme le troisième
[pays] émetteur après la Chine et les Etats-Unis »8
.
De plus, le gaspillage alimentaire est étroitement lié à la consommation d'eau. Un
certain volume d'eau est indispensable pour produire, transformer et emballer les
aliments. Par exemple, pour produire 1 kg de viande rouge, il faut 16 000 litres d'eau ;
pour 1kg de farine il faut 1000 litres d'eau.9
« L'or bleu » est une ressource naturelle qui
n'est pas inépuisable, et qui de ce fait, doit être préservée car les besoins en nourriture
risquent d'augmenter à la même allure que la population. On estime que la population
mondiale avoisinera les 10 milliards d'habitants d'ici 2050.10
(Nous sommes
actuellement 7 milliards de Terriens).
Face à ce constat alarmant, le gouvernement français s'engage dans une lutte contre le
réchauffement climatique et parle d’agro-écologie, c'est-à-dire le fait de préserver les
ressources et l'environnement afin de nourrir le monde et les générations futures.
Parallèlement, suite au Pacte National de Lutte contre le gaspillage alimentaire lancé en
juin 2013, le gouvernement s'est fixé pour objectif de diminuer de moitié le gaspillage
alimentaire d'ici à 2025.
Au travers de ces différents enjeux, on s'aperçoit que les conséquences sur la planète
sont considérablement inquiétantes et urgentes. Quelles en sont les origines d'une telle
« catastrophe alimentaire » ? Pour mieux comprendre le phénomène, notre deuxième
partie sera consacrée aux comportements de consommation des étudiants; une cible
susceptible de mieux nous éclairer et de nous apporter leurs propres réponses à ce sujet.
Nous allons interroger plusieurs étudiants et nous les observerons grâce à plusieurs
méthodes d'études de terrain.
8 Article Gaspillage alimentaire « enjeux éthique, économique et écologique » publié sur www.ouest-
france.fr
9 Source : ADEME
10 Source : l’Ined, Institut National d’Études Démographiques
9
PARTIE II. Méthodes
Afin de mener à bien notre enquête sur le gaspillage alimentaire et plus particulièrement
sur les pratiques de consommation des étudiants à Troyes, nous avons eu recours à
plusieurs outils d'étude ethnographique tels que les entretiens et les observations.
1. Entretiens semi-directifs
Les entretiens semi-directifs font intégralement partis de nos instruments d'enquêtes.
Nous avons réalisé 3 entretiens chacune, soit 9 entretiens semi-directifs au total. Avant
de nous lancer tête baissée dans notre enquête de terrain, nous avons écouté les conseils
et appliqué les préconisations de Mme Roux. Nous avons écrit un guide d'entretien qui
définit concrètement les thèmes que nous voulions aborder avec les étudiants (voir
annexe 1). Dès le départ, nous avions donc un support identique qui nous a servi de
trame à suivre lors des entretiens. Il s'est révélé utile pour que l'on sache dans quelle
direction mener l'entretien et ne pas perdre de vue les objectifs qu'on s'était fixés à
travers toute une masse d'informations.
Voici un tableau résumant les différentes situations:
Entretiens semi-directifs
Avec qui?
(pseudony
me)
Quel âge? Profil étudiant
Où?
(Troyes &
agglo.)
Combien
de temps?
Marie
Kev
Adams
23 ans
Master 2
Marketing
Chez lui. 12 min.
Mateus 25 ans
Master 2
Marketing
A la fac 20 min.
Annie 25 ans L1 Droit A la fac 9 min
Nadia
Leïla 23 ans IFSI 3ème année Chez elle. 30 min.
Irène 25 ans
Master 2
Administration
Publique
Dans un café. 30 min.
Thomas 22 ans
Licence Pro
Commerce
Internationa
IUT 20 min.
Leïla
Sophie 23 ans
M2
Management
Chez elle. 12 min.
Julia 23 ans DUT GEA Dans un bar 10 min.
Sabrina 26 ans BTS Banque Chez elle. 7 min.
Les entretiens ont été plus ou moins longs, avec des profils étudiants différents.
Plusieurs points communs sont tout de même important de faire remarquer: ils suivent
tous des études supérieures et vivent à Troyes où dans l'agglomération troyenne. Nous
10
avons donc choisi un groupe homogène pour obtenir des résultats cohérents avec notre
sujet d'étude.
Étant donné que nous avions déjà été amenées à réaliser ce type d'exercice l'an dernier
dans le cadre d'un cours de sociologie de la consommation, nous n'avions pas tellement
d'appréhension cette année. L'exercice en soi n'est pas compliqué. Le plus difficile, c'est
de ne pas s'éloigner des objectifs fixés et de ne pas influencer la réponse des répondants.
De plus, c'est le travail de la retranscription qui est le plus long et le plus fastidieux. Il
faut vraiment réécrire les paroles des étudiants telles qu'elles ont été prononcées et
retranscrire le non verbal et la gestuelle. Le plus compliqué a été de synthétiser les
entretiens et essayer de trouver des idées communes à chacun afin de théoriser les
résultats. Bien que les entretiens aient été différents (si l'on tient compte des divers
facteurs : contexte, scène d'interaction, personnalité différente des locuteurs,
l'expression, la manière d'aborder le sujet etc.), nous avions tout de même réussi à faire
converger les idées qui ressortent des textes retranscrits. Nous avons interpréter les
données de ces enquêtes qualitatives et avons dressé une synthèse des résultats. La
troisième partie du plan sera consacrée aux résultats.
Vous trouverez en annexes le guide d'entretien ainsi que les retranscriptions des
entretiens.
2. Observation Participante
Pour compléter notre étude, nous avons cherché un autre angle d'attaque en réalisant un
travail par observation. Cette méthode nous est parue nécessaire pour apporter d'autres
éléments de compréhension, en plus des entretiens.
« Le but est de comprendre un corps étranger » (Mauss, 1926). Pour mieux comprendre
le gaspillage alimentaire chez les jeunes, nous avons donc mené une enquête par
observation participante dans un endroit où il y a une forte concentration d'étudiants, le
Restaurant Universitaire (RU) situé près du Centre Universitaire de Troyes (CUT). Ce
n'est pas un hasard que nous avons choisi cet endroit. C'est un choix stratégique car le
lieu est fréquenté par beaucoup d'étudiants.
Pour enrichir notre investigation, nous sommes donc allées au RU. Notre immersion
personnelle dans cet environnement s'est révélée indispensable pour se rendre compte
des comportements et des pratiques de consommation des jeunes. Nous avons donc
observé les comportements de notre cible en restauration collective, nous avons analysé
ce qu'ils gaspillent et avons photographié les assiettes après le repas. Cette méthode
nous a permis d'obtenir une illustration concrète du phénomène étudié qui s'ajoute aux
propos recueillis lors les entretiens. Les deux méthodes se sont avérées
complémentaires.
Notre participation experientielle dans cet univers s'est déroulée sans aucun problème. A
aucun moment nous nous sommes senties soupçonnées d'enquêter par les étudiants.
Nous-mêmes étudiantes, il a été facile de passer incognito. Nous avons tout de même
averti le personnel. Les employés nous ont gentiment autorisé à prendre des clichés des
11
assiettes.
D'autre part, une employée est venue nous voir car elle semblait touchée par notre
travail, le fait que des étudiantes s'interrogent sur le gâchis des aliments au RU. Elle
nous a apporté des informations sur le sujet de notre étude sans même qu'on le lui
demande. De fil en aiguille, nous lui avons posé quelques questions pour en savoir plus
sur les comportements des étudiants.
Cet échange a été fructueux car observer des étudiants dans un moment de
consommation fait parti de son quotidien. Cette dame est en contact direct avec les
étudiants. C'est elle qui leurs sert à manger, qui débarrasse leurs assiettes et qui fait la
plonge. Elle sait ce que les étudiants mangent et ce qu'ils jettent. Et d'après elle, « ils
jettent beaucoup ». Ses propos et son expérience quotidienne dans le cadre de son
travail ne sont pas négligeables pour notre recherche.
Nous détaillerons cette observation dans la partie suivante.
12
PARTIE III. Résultats
Nous avons menés nos recherches pour avoir des connaissances sur un sujet encore
méconnu. Après avoir réalisé nos entretiens semi-directifs, nous nous sommes réunies
afin de mettre en commun nos données, de les organiser et de dresser un bilan des
résultats.
Comme nous l'avions expliqué plus haut, nous avions défini différents thèmes dans un
guide d'entretien. Nous les avons repris et les avons classés sous forme de tableau, en
ajoutant certaines paroles des répondants à titre d'illustrations. Ce tableau nous a permis
de faire une rétrospection sur les entretiens en abordant tous les thèmes fixés dès le
départ. Il nous est arrivé de rajouter des idées que avons perçues lors des entretiens et
de notre réunification, pour enrichir notre analyse. A tour de rôle, chacune a résumé
brièvement ses entretiens (contexte et biographie des répondants), Nous avons ensuite
dresser ensemble un état des lieux sur les points de convergence et les points de
divergence de ces entretiens semi-directifs. Tout comme la collecte des données et les
retranscriptions, la mise en commun de nos données a été relativement longue et a
nécessité une analyse fine des données. Néanmoins, en suivant de près notre tableau
avec les différents thèmes, la synthèse des données s'est plutôt réalisée de manière fluide
et organisée.
Nous avons débriefer de la manière suivante :
– Nous avons fait un résumé des profils des étudiants
– Nous avons analysé ce qu'ils consomment car avant de parler de gaspillage
alimentaire, il a été nécessaire de savoir ce qu'ils achètent et ce qu'ils mangent
– Puis comment ils consomment
– Et enfin, nous avons évaluer leur engagement dans leur consommation et dans le
gaspillage alimentaire.
Nous allons développé de manière plus précise ces différents aspects.
1. Profil des consommateurs
Il s'agit de répondre aux questions « Qui ? », « Quand ? » et « Combien ? ».
Nous avons interrogé 9 étudiants issus de différentes filières universitaires. Notre panel
était composé de 6 femmes et de 3 hommes, âgés de 21 à 26 ans et tous étudiants à
Troyes. Sur les 9 étudiants interrogés, 6 habitent seuls et sont indépendants
financièrement. Les 3 autres vivent chez leurs parents et ne participent pas aux courses
de leur foyer. Le budget des étudiants habitant seuls varie de 30 à 80 euros par semaine,
quant à la fréquence d'achat, elle varie de 1 à 3 fois par semaine. Pour ceux qui habitent
chez leurs parents, ils n'ont pas réellement d'idée du budget hebdomadaire ou mensuel
de leur foyer. Ils pensent que cela peut monter à 200€ mensuel. Hors, c'est environ le
budget mensuel alimentaire d'un étudiant.
13
2. Processus de consommation
Nous avons développé cette partie en répondant aux questions « où ? », « quoi ? » et
analysé les réactions des étudiants suite à une image présentant des fruits et légumes
moches.
Pour faire leurs courses, les étudiants se rendent dans des grandes surfaces ou des très
grandes surfaces auprès des grands noms de la distribution comme Carrefour, E.Leclerc,
Géant Casino mais également auprès de distributeurs discount comme Lidl ou Aldi.
Certains font aussi leurs achats dans les magasins spécialisés et des petits commerçants
Ils leurs arrivent de faire quelques achats « de dépannage » dans des supérettes proches
de chez eux.
« Je fais mes courses à Inter … c'est juste à 2 min à pied » Kev Adams (entretien 1)
« Colyrut, j'sais pas si tu vois où c'est [… ] après ça dépend Lecler, Carrefour. Je
regarde les promos et j'y vais » Mateus (entretien 2)
« dans les magasins comme Géant, Carrefour, Lecler … mais c'est loin » Annie
(entretien 3)
« plutôt les grandes surfaces du type Lecler et Carrefour |…] ça m'arrive d'aller dans
les magasins spécialisés, dans les boucheries halal par exemple » Leila (entretien 4)
« majoritairement on va à Lidl […] ; quand on ne retrouve pas certains produits on va
dans les grandes surfaces » Irène (entretien 5)
Les raisons qui poussent les étudiants à aller dans tel ou tel magasin sont diverses. Une
raison qui revient le plus souvent, c'est le soucis de proximité. Ensuite, ils recherchent
une offre de produits variée et des produits pas chers. Certains ne sont pas fidèles à un
distributeur en particulier. Ils se dirigent là où il y a des promotions car la notion de prix
est importante pour eux.
Ils achètent des produits assez variés, des féculents, des fruits et légumes, des carnés,
des produits laitiers etc. Contrairement aux stéréotypes que l'on peut parfois se faire de
l'alimentation des étudiants, les plats préparés n'ont pas été énormément cités. Certains
ont évoqué favoriser des produits bio qu'ils jugent plus sain. Une étudiante à même
parler de se tourner éventuellement vers une consommation plus « végétarienne».
« j'achète des fruits et des légumes, des boîtes de conserve, de la viande … Un peu
comme tout le monde en fait » Kev Adams
« j'achète beaucoup de produits frais, des yaourts tout ça, de la crème fraîche, de la
viande j'en achète en gros pour congeler, des yaourts aux fruits » Mateus
« mon copain c'est un sportif donc c'est principalement du blanc de poulet, des
protéines, des pattes au blé complet» Annie
14
« j'achète comme tout le monde, des produits frais, des produits laitiers, yaourt,
fromage, des pattes, du riz, la viande dans les boucheries spécialisées » Leila
« j'achète des boissons et des gâteaux. Après j'achète plus de légumes que de fruits …
J'achète des boites de conserve mais pas beaucoup, des pattes, du riz, j'en achète
souvent. Des yaourts et du fromage aussi » Sophie
Il faut savoir que leur choix de produits varie selon leurs budgets et leurs préférences.
L'ensemble des étudiants a révélé acheter des produits de MDD (marques de
distributeurs) et d'autres préfèrent les produits de marques. L'attirance pour les produits
de marque diffère selon les profils. Tandis que certains n'y accordent que peu
d'importance, pour d'autres, les produits de marques sont plus attirant de part leur
packaging par exemple. Ils représentent pour la plupart des consommateurs «un gage de
qualité » et sont meilleurs. Une tendance générale apparaît cependant chez nos
étudiants. En effet, il existe des « incontournables » que l'on ne peut pas remplacer par
des marques de distributeurs comme le Coca-Cola ou encore le Nutella. Ces marques
apparaissent comme des marques de référence pour les jeunes.
« Les MDD ne sont pas plus mauvaises mais … c'est un gage de qualité » (sous
entendues les marques) Kev Adams
« dans mon caddie il n'y a que des marques, j'achète que ça. Je trouve qu'ils sont
meilleurs » Leila
L'aspect esthétique est un critère qui compte beaucoup dans notre société, qu'il concerne
le physique, les objets ou les aliments. C'est un élément ancré dans les esprits de notre
société conformiste, tant dans la vie au quotidien que dans la consommation.
L'apparence est un des aspects des plus important lorsque les étudiants achètent leurs
produits. En effet, il va jouer dans la motivation d'achat du jeune, mais aussi du
consommateur en général. Nous avons voulu avoir leurs réactions sur une photo que
nous leur avons montrée. Il s'agissait ds fruits et de légumes moches (voir annexe 1).
Nous avons plusieurs types de réponses.
« quand je vais au supermarché, j'ai tendance à prendre les tomates bien rondes » Kev
Adams
« j'achèterais des fruits et légumes moches si je peux faire un peu d'économies » Mateus
« c'est des légumes. Fin ça se mange. Moi j'achèterais, tant que y a le goût » Annie
« ils ont une forme bizarre, on dirait que le producteur a abusé de produits chimiques ,
on dirait des légumes allien […]. Ce n'est pas parce qu'ils sont moches qu'ils sont
immangeables. Mais j'ai plus confiance en voyant des produits beaux » Leila
« je n'aime pas trop qu'on dise qu'ils sont moches. Moi je dis juste qu'ils sont différents.
J'ai déjà eu l'occasion d'en manger, ils ont le même goût que les fruits normaux. Si le
prix est baissé, j'achète » Irène
15
Ils nous ont révélé qu'ils seraient prêt à acheter des fruits et légumes difformes sous
plusieurs conditions : que le goût ne change pas des fruits et légumes « beaux » et si les
prix sont moins chers. D'autres n'envisagent aucunement de les acheter car la forme ne
les inspire pas confiance. Ils pensent que si le fruit ou légume est difforme, c'est que des
engrais ou autres produits chimiques aient été utilisés abondamment. Ce qui poussent
les étudiants à cette réflexion, ce sont aussi les scandales alimentaires comme Findus
avec les lasagnes qui contenaient du cheval où encore des tartes Ikéa composées de
matières fécales. Le scandale de certains produits a tellement été médiatisé qu'on
suppose qu'un lien existe entre l'effet médiatique et le changement de comportement
dans la consommation.
3. Comportement de consommation en foyer
Dans cette partie concernant les résultats, nous avons abordé la notion de DLC, date
limite de consommation, l'organisation du réfrigérateur et des restes alimentaires.
Après l'étape des courses, nous avons voulu savoir comment les étudiants s'organisaient
une fois rentrés chez eux. Comme tout le monde, ils rangent leurs produits, les produits
frais au réfrigérateur et les produits secs dans les placards.
Nous nous sommes penchées sur l'organisation de leurs « frigos » car c'est un élément
indispensable à la conservation des aliments, et de ce fait, une bonne conservation est un
geste pour éviter de gaspiller. Quand nous leurs avons demandé de nous en dire plus sur
l'organisation de leur frigo, la majorité d'entre eux a affirmé être organisée.
« le fromage en haut (rires). J'ai un petit espace donc vaut mieux être organisé […]
d'ailleurs les produits périmés je les mets devant pour pas oublier» Kev Adams
(entretien 1)
« comme tout le monde, les légumes en bas, les bouteilles dans la porte après c'est
euh… produits laitiers et viande » Annie (entretien 3).
Les étudiants révèlent avoir une organisation méthodique mais la plupart d'entre eux ne
sont pas entrés dans les détails. Ils pensent faire « comme tout le monde » donc ils
pensent bien faire. Il pensent aussi avoir « une organisation normale », donc d'après eux,
une norme existe sur le rangement du frigo. Mais a priori, ils ne connaissent pas
exactement les températures de chaque étage du frigo et les produits qui peuvent y être
placés. Ils ont dû en entendre vaguement parler au vue de leurs réponses qui restent très
générales. L'idée principale qui ressort est donc qu'ils ont un manque d'informations.
Ensuite, nous avons abordé le sujet des dates de péremption. La majorité des étudiants a
avoué accorder une grande importance aux DLC. Ils font tous attention aux dates de
péremption qui peuvent être un frein au processus d'achat tout comme une motivation si
le produit est vendu à un prix plus bas que son prix initial.
«[ … ] souvent je regarde quand même les dates de péremption » Kev Adams
(entretien 1)
« je regarde la date la plus lointaine [ …] ça m'est déjà arrivé [d'acheter des produits
16
dont la date est proche] sur des trucks euh .. entre guillemets inaccessibles où la portion
elle est à 7€. Elle est à 2€ alors j'vais le prendre » Annie (entretien 3)
S'ils accordent une importance particulière aux dates limites de consommation, cela
dépend du type de produit. Ils font très attention aux dates pour les produits frais. Une
des raisons qui revient le plus souvent, c'est la peur de manger quelque chose qui
pourrait les rendre malade. Autant ce n'est pas le risque d'être fortement contaminé qui
les effraye, mais simplement le risque de tomber malade quelques jours ou d'avoir un
mal de ventre. De plus, une autre nuance est à prendre en compte. Si le produit est déjà
entamé et que la date de péremption approche, le produit sera jeté. Si le produit n'est pas
encore ouvert et que la date est dépassée, le produit sera vraisemblablement consommé
le plus rapidement possible. Au delà d'un certain temps, le produit non entamé finira à la
poubelle. On peut dire que dans une certaine mesure, ces jeunes accordent leur
confiance aux dates fixées par les industriels.
« ouai, pour le lait, les œufs, dès que ça a dépassé la DLC, je fais super gaffe. Je jette.
La viande aussi » Mateus (entretien 2)
Enfin, certains étudiants sont très bien informés au sujet des DLC. Ils savent que la date
de péremption n'est pas une date de consommation, mais plutôt une date indicative,
obligatoire pour la vente des produits sur le marché. Ils parlent de « manipulation
commerciale ». Ils ont vu des reportages télévisés qui dénoncent ces tactiques des
industriels. Ces derniers choisissent des dates selon les destinations des produits. Ils
savent également que certains distributeurs vendent uniquement des produits dont la
DLC est dépassée car les produits alimentaires sont encore consommables. Ils ont cité le
magasin NOZ où l'on peut y trouver de « bonnes affaires », notamment quand le budget
courses est serré.
Certains étudiants ont eu une réaction assez paradoxale car bien qu'ils soient au courant
de ces stratégies industrielles, ils éviteront tout même de manger un produit dont la date
de péremption est dépassée depuis plusieurs jours. Là encore, la raison est la peur de
tomber malade.
« j'avais vu un reportage comme quoi en fait les dates, elles varient en fonction de la
destination, du pays. Par exemple, j'crois que pour les dom-tom ils mettent une date
plus éloignée [….] Mais c'est plus psychologique qu'autre chose.[sous entendu s'il ne
mange pas le produit dont la date est dépassée] » Kev Adams (entretien 1)
« Donc au final j'me dis que j'vais pas être malade si ça dépasse de 2/3 jours. Après
forcément au bout d'une semaine, ça commence à être un peu … compliqué » Kev
Adams (entretien 1)
Le fait d'avoir interrogé les étudiants sur l'organisation de leurs frigos et les DLC nous
ont servi de point de transition pour faire glisser la conversation vers le gaspillage
alimentaire. Nous avons d'abord voulu étudier leurs habitudes et leurs pratiques de
consommation avant d'en venir à notre sujet principal. Notre objectif était de savoir s'ils
se sentaient concernés par le gaspillage alimentaire.
Les étudiants déclarent jeter. Les réponses sont très variables d'un étudiant à l'autre. Et
les origines de ce gâchis sont nombreuses : l'esthétique des produits qui n'inspire pas
17
confiance, une mauvaise gestion du frigo (idées développées en amont), quantités
cuisinées mal évaluées, mauvaise utilisation des produits, oublis etc...
« Parfois ça m'arrive de gâcher. Mais c'est peu fréquent. » « en fait moi perso j'essaye
toujours de faire au mieux. J'ai l'impression de pas trop jeter mais bon … on est jamais
objectif quand on parle de soi » Kev Adams
« je jette beaucoup. Dès que les fruits sont un peu moisis, moi je jette carrément. »
Mateus
« Rarement. Parfois, quand c'est dans le frigo et qu'on oublie, que c'est derrière un
truck et puis on ouvre et ça sent pas bon, bah.. Poubelle quoi »
Le gâchis se justifie également par des facteurs socio-temporels. Les étudiants
indépendant financièrement avec un budget assez restreint vont faire attention à leurs
consommations tandis que d'autres seront moins responsables (notamment ceux qui
vivent chez leurs parents et qui ne font pas eux-mêmes les courses). Le rapport à l'argent
peut être une des raisons du gaspillage ou du non-gaspillage.
D'autre part, il faut aussi prendre en compte le facteur temporel. Faute de temps, les
étudiants vont avoir tendance à préparer leur repas en grande quantité pour plusieurs
jours. C'est le côté pratique qui ressort. Ils vont manger rapidement et ne vont pas
prendre plaisir à s'alimenter. Ils vont consommer plusieurs jours la même chose ou vont
acheter des plats déjà préparés. Paradoxalement, se nourrir étant le besoin primaire de
l'homme, on tend à lui donner de moins en moins d'importance. Par exemple, s'il faut
faire des économies, les étudiants vont préférer rogner sur leur budget alimentation
plutôt que sur d'autres dépenses. « Les jeunes préfèrent s'acheter un Iphone 6, plutôt que
de bien manger ».11
Ici, on peut également faire écho avec notre premier cours de
marketing sur la pyramide des besoins de Maslow qui hiérarchise les besoins humains.
Selon lui, il faut d'abord satisfaire les besoins physiologiques pour pouvoir satisfaire les
autres besoins, besoin de sécurité, besoin d'appartenance, besoin d'estime de soi et
besoin de réalisation de soi. Aujourd'hui, dans notre société de consommation de masse,
peut-on remettre la hiérarchisation de Maslow ? Est-ce que les besoins supérieurs de
cette pyramide ne priment-ils pas davantage sur les besoins de s'alimenter ? C'est un
autre axe de recherche possible.
Pour conclure sur cette partie, les étudiants affirment ne pas échapper au gaspillage
alimentaire. L'intérêt de notre recherche se focalise également sur le degré
d'engagement des étudiants dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. C'est ce que
nous allons découvrir dans la partie suivante.
4. Engagement
Après avoir analysé les profils des étudiants, leurs processus d'achats et leurs
comportements de consommation, nous avons focalisé la dernière partie des entretiens
sur l'engagement des étudiants dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous nous
sommes demandés si les étudiants étaient touchés par le sujet et s'ils avaient l'intention
d'adopter un comportement responsable pour la planète.
11 Conférence IFM
18
Nous leurs avons montré deux photographies assez choquantes, l'une montrant un
enfant africain très maigre et l'autre, des aliments en grande quantité, déversés par un
camion de poubelle. (voir annexe 1). Le but était de choquer en les exposant à deux
situations incensées, la faim et le gaspillage alimentaire. Nous leurs avons demandé de
s'exprimer sur ces images. L'objectif était d'analyser leurs réactions verbales et non
verbales, susceptibles de traduire le degré de leur engagement.
A l'unanimité, les photos ont choqué les étudiants. Ils ont fait les gros yeux. Ils ont été
hésitant et ont mis du temps à répondre. Parfois, un sentiment de gêne s'était installé.
« c'est assez choquant. C'est du gaspillage … ça aurait pu servir à d'autres personnes.
On aurait pu donner à des associations. Moi j'ai été bénévole » Kev Adams
« ça m'embête ; c'est compliqué. C'est un sujet très délicat. C'est pas normal en 2015 de
mourir de faim » ; « ma première préoccupation c'est l'argent, l'emploi et la sécurité »
Mateus
« ça me fait mal au coeur que ce soit à ce point. Ça me choque » ; « pff c'est du gâchis.
Tous les restes qui finissent à la poubelle. C'est malheureux » Annie
« c'est triste de voir ça [long moment de silence] » ; « en nous mettant devant le fait
accompli, je vois que je ne fais vraiment pas attention. Malheureusement je ne pense
pas que si j'agis ça serve à quelque chose » Leila
« ça fait mal au coeur de voir ce genre de photo » ; « je ne comprends pas comment on
peut rester insensible face à ce genre de situation » ; « le plus gros problème de ce
monde c'est que personne ne pense aux autres » ; « on doit s'entre-aider, c'est le but de
la vie en fait » Irène
« Il a tellement faim qu'on voit ses cottes » ; « ça me fait mal au coeur » ; « voir ça à
côté du gaspillage, y a une incohérence de fou » Thomas
« ça m'attriste vraiment. Dans notre monde on vit dans l'excès, on chipote pour une
DLC dépassée alors que d'autres ne demandent qu'à être nourri » ; « tous les aliments
jetés alors qu'ils sont à peine entamés, c'est vraiment du gaspillage » ; « il faut inventer
un système limitant notre consommation parce que j'ai l'impression qu'on a les yeux
plus gros que le ventre quand on fait nos courses » Sophie
« ça me dégoutte et je comprends pas pourquoi la faim dans le monde existe encore. Je
suis choquée » Julia
« Nous avons tellement tout en masse à disposition que nous gaspillons. Nous sommes
exigeant. Et je crois que plus l'on a, plus on devient exigeant. Ces pauvres gens eux
n'ont pas le choix et se contentent de ce qu'ils ont » Sabrina.
Nous avons volontairement repris une parole de chacun des répondants. Leurs discours
révèlent qu'ils ont conscience de la situation actuelle du gaspillage, de ses conséquences
19
et du fait que la faim est encore un problème au XXIème
siècle.
Dans leurs discours, on discerne des sentiments de tristesse, de culpabilité ,
d'incompréhension et d'impuissance.
Nous les sentons touchés et affectés, surtout par la photo du petit garçon. Ils sont
conscients du gaspillage alimentaire.
Ils ont parfois hésité avant de s'avancer sur le sujet. Certains ont essayé de réagir un peu
sur le ton de l'humour pour peut-être cacher un sentiment.
Ils se sentent en partie responsables mais pensent que leurs actions ne permettront pas
de vaincre la faim dans le monde.
Enfin, à travers les mots employés, comme « l'entre-aide », nous avons remarqué qu'ils
avaient un esprit d'équipe, un esprit solidaire. Pour eux, agir de manière individuelle ne
changera rien. C'est tous ensemble qu'il faut agir.
Néanmoins, il semblerait que certains étudiants aient d'autres préoccupations et que le
gaspillage ne fait pas parti de leurs priorités. Ils y pensent mais ils ne se considèrent pas
comme les premiers coupables. Pour eux, ce sont les autres. Ils nient leurs
responsabilités et rejettent la faute sur les distributeurs et les autres consommateurs.
De plus, certains répondants contestent. Selon eux, si nous voulons avoir un
comportement entièrement responsable, il faudrait faire attention à tout ces faits et
gestes au quotidien (ne plus prendre la voiture, faire attention à l'eau lorsqu'on se
douche, ne plus boire d'alcool, ne pas acheter trop de vêtements etc.). En bref, s'il fallait
faire attention à tout et adopter un comportement éco-citoyen, alors cela serait invivable.
« Ce ne serait plus une vie ».
On note une prise de conscience chez les jeunes et on à le sentiment, à travers leurs
paroles qu'ils veulent agir. Leur niveau d'engagement n'est pas à la hauteur de ce qu'il
devrait être dans l'idéal.
Pour conclure, sur l'ensemble des résultats des entretiens semi-directifs, analyser les
habitudes et les comportements d'achat des étudiant,s ne suffisent pas à comprendre les
raisons du gaspillage alimentaire à leurs échelles. En effet, d'autres éléments devraient
être pris en compte tels que la personnalité, les convictions, les origines ethniques, leur
religion, l'éducation. Tous ces éléments réunis influencent et façonnent les
comportements. Dès notre plus jeune âge, nous intériorisons des normes et des valeurs
qui régissent nos comportements. Si nous avons grandi dans une famille soucieuse du
non-gaspillage, alors nous aurons plus tendance à avoir un comportement semblable et
plus responsable. On parle ici de mimétisme.
Le pays dans lequel nous vivons et la culture dans laquelle nous grandissons, sont
également des facteurs influençant notre rapport au gaspillage. Par exemple, si nous
comparons le niveau de gaspillage de la France de celui des États-Unis, le pays «le plus
puissant du monde, prônant la consommation de masse à outrance», la France est
20
beaucoup plus responsable. Les Etats-unis ont énormément d'efforts à faire car le pays
est actuellement considéré comme le pays le plus pollueur et le plus gaspilleur du
monde. Les pertes alimentaires sont équivalentes à 50 milliards de dollars de nourriture.
Paradoxalement à cette situation, 50 millions d'américains se trouvent actuellement en
situation d'insécurité alimentaire.
L'âge est également un facteur d'influence. Nous avons constaté que les personnes âgées
sont plus soucieuses de ce qu'elles jettent. En effet, de par leurs vécus (certains ont
connu les guerres et le rationnement), leur rapport à la nourriture est différent de celui
des jeunes générations. Nos sociétés de consommation de masse reposant sur
l'individualisme et l'accumulation de biens, poussent les individus à ne pas faire
attention au gaspillage. Mais aujourd'hui, la tendance s'inverse car les consommateurs
ont passé l'étape de la prise de conscience face à une situation urgente. L'étape suivante
est l'adoption des gestes « anti-gaspi » et l'engagement des tous les acteurs de la chaîne
alimentaire.
5. Observation en restauration collective
Afin d’avoir une vision plus concrète des pratiques de consommation des jeunes et en
particulier des étudiants, nous avons décidé de mener une observation au restaurant
universitaire (RU) des Courtines à Troyes. A travers cette observation, nous avons
cherché à comprendre le comportement des étudiants en restauration collective.
Les étudiants qui déjeunent au RU se servent seuls, sauf pour le plat principal. Ils ont
donc la possibilité de prendre une entrée, un plat principal, un fromage et un dessert.
En observant les étudiants prendre leur repas, nous avons remarqué que certains
finissaient entièrement leurs repas, mais que d'autres n'entamaient même pas certaines
denrées.
Pour ceux qui mangent l'intégralité de leur repas, les plateaux ne contiennent plus que
les déchets tels que les emballages plastiques des yaourts, des sauces etc et les restes
alimentaires inévitables comme les os de viande ou les peaux des fruits (peau de
banane, de clémentine etc).
En revanche, beaucoup ne finissent pas leurs plateaux. On y trouve des restes
alimentaires qui auraient pu être évités si les quantités étaient prises en fonction de leur
faim. Car ils gaspillent énormément le pain (non entamé), des yaourt encore emballés,
des sachets de sauce ou encore des sachets de sel, sucre et poivre. Si ces aliments ne
sont pas consommés et qu'ils restent sur les plateaux, ils finiront à la poubelle. C'est
dommage. Par exemple pour les yaourts non ouverts, ils ne pourront être remis dans le
self car les cantines doivent respecter la chaîne du froid.
Nous avons également remarqué que le pain est l’aliment le plus gaspillé au restaurant
universitaire. Même s'ils ne sont pas entamés, pour des raisons d’hygiène, le pain qui se
retrouve non consommé ne sera pas remis dans le bac à pain. Il finira à la poubelle. Ce
gaspillage pourrait être réduit si la proportion de pain proposée aux étudiants était
moindre. Par exemple, il serait plus judicieux de couper des rondelles de pain plutôt que
d'offrir un petit pain entier. Il faudrait aussi signaler au dessus du bac « ne prendre
qu'une portion et se resservir si besoin », comme nous avons pu le constater dans
21
d'autres restaurants universitaires. De même pour les entrées, nous avons constaté
qu'une feuille de salade accompagne les entrées à titre de décoration et qu'elles sont
rarement mangées. Enfin, il faudrait cesser de proposer des sachets de sauces car ils sont
jetés ou ne sont pas consommés en entier. Il serait préférable de mettre à disposition des
pompes à sauce pour tout le monde.
Les cantines et les restaurants universitaires sont soumis à une législation très stricte
ayant pour but de protéger la santé des consommateurs. Cependant, indirectement, ces
lois génèrent du gaspillage alimentaire.
Enfin, pour illustrer nos propos nous avons voulu prendre des photos des plateaux. Nous
avons demandé l'autorisation à une employée du RU. Elle a accepté et nous a demandé
quel était l'intérêt de les photographier. Intéressée par nos travaux où plutôt pour notre
soucis pour le gaspillage alimentaire, elle nous a donné son point de vue. Selon elle, les
étudiants « ont les yeux plus gros que le ventre », ils se servent plus que ce qu’ils ne
vont manger et « ils gaspillent beaucoup ».« Ils n'ont pas l'air de tellement s'en
soucier ». Elle nous a montré les poubelles où nous avons pu voir un entassement
important de nourritures.
Pour pallier cette masse de nourriture jetée, le RU devrait réfléchir à des solutions et
prendre des mesures afin de réduire le gaspillage alimentaire.
Les idées auxquelles nous avons réfléchi seraient de laisser les étudiants la possibilité de
se servir les quantités qu'ils veulent pour les plats chauds. Le RU pourrait envisager la
mise en place d’un système d’inscription des étudiants qui veulent déjeuner pour
déterminer de manière approximative le nombre de repas qui seraient servis. Ils
devraient alors payer en ligne pour les responsabiliser davantage ce qui les
« obligeraient » à venir. Ce serait aussi faciliter la vie des employés et les étudiants. Ce
qui décourage parfois les étudiants, c'est qu'ils n'ont pas forcément de monnaie sur eux
et la carte bancaire n'est pas acceptée. Les employés n'auraient aucune transaction
monétaire à faire et n'auraient pas à compter la caisse. Ce serait aussi une mesure
hygiénique dans la mesure où les étudiants se laveraient les mains au préalable (dans
l'idéal) et ne toucheraient ainsi que leur plateau et la nourriture. Il n'y aurait aucun
contact avec l'argent.
Le RU pourrait également sensibiliser les étudiants au gaspillage par des affichages
comme « Attention au gaspillage » ou disposer des photos des poubelles du RU avec les
quantités d'aliments gaspillés. Cette prévention serait un moyen d'impacter leur
comportement et ainsi de leurs faire adopter un comportement responsable.
22
23
Feuille de salade
Pour accompagner l'entrée
(rarement mangée)
Sachet individuel
De sauce ketchup
(à priori non consommé)
Plastique et emballage =
Déchets inévitables
Plateau exemplaire !
Les restes.
C'est assez souvent.
Morceau de pain à
Moitié consommé
Du pain gaspillé en grande
Quantité.
Remarque importante :
Apparemment, le RU ne trie
Pas les déchets !
Il faudrait reformer
Le personnel
Ou laisser les étudiants
Le faire.
PARTIE IV. Des solutions existent.
Le bilan des résultats de nos études tend à démontrer que les étudiants ne sont pas restés
insensibles au sujet du gaspillage alimentaire. Nous avons ressenti une prise de
conscience chez les jeunes lors des entretiens. Certains ont clairement affiché leur
volonté d'agir et d'autres nous ont révélé que lutter contre le gaspillage ne faisait pas
parti de leurs préoccupations actuelles, sans pour autant dire qu'ils ont de mauvaises
intentions. Bien au contraire. Ils veulent agir mais ne font rien car ils ne savent pas – ou
bien ils n'agissent pas car finalement ils ne savent pas non plus. Dans les deux cas, il y a
un manque de connaissances, d'informations, de communication et de prévention. Il est
donc assez logique de s'interroger sur les actions qui pourraient être mises en place pour
lutter contre le gaspillage alimentaire.
A tout problème existe une solution. Entre autre, il n'existe pas une mais plusieurs
solutions pour répondre aux problèmes du gaspillage alimentaire. Des mesures sont
mises en place à tous les niveaux, que ce soit sur le plan local, régional, national ou
mondial. Tout un chacun prend ses responsabilités. C'est un devoir de chaque citoyen du
monde de responsabiliser ces actes. Et c'est ensemble que l'on peut faire bouger les
choses. Dans cet élan de solidarité responsable, si chacun s'engage vers un même
objectif, alors on évitera la catastrophe alimentaire. Le gaspillage alimentaire n'est pas
une fin en soi. Chacun peut y remédier à sa manière grâce à de nombreux gestes « anti-
gaspi ».
Nous allons présenter un large éventail de solutions innovantes qui existent et qui se
déploient à différentes échelles en France.
1. Le mouvement étudiant
La jeunesse s'engage activement pour lutter contre le gaspillage alimentaire et ce n'est
pas l'inspiration qui manque. Les étudiants se motivent pour proposer des solutions et
mobiliser le monde étudiant ainsi que les autre consommateurs, notamment à travers des
projets ambitieux.
24
www.zero-gachis.fr www.challenges.fr
A Brest par exemple, 3 étudiants alarmés par les chiffres du gaspillage alimentaire sont
à l'origine du concept « Zéro-gâchis ». C'est un concept innovant basé sur la création de
rayons dans les grandes surfaces dont le but est de mettre en avant tous les produits
proches de leur date de péremption à des prix réduits (allant jusqu'à 70 % moins chers).
C'est un moyen pour les consommateurs de réaliser des économies, notamment pour les
étudiants qui ont un pouvoir d'achat assez faible et dont la principale source de
motivation d'achat est le prix, et dans le même temps, de réduire le gaspillage
alimentaire en achetant des produits à consommer rapidement. Ce concept zéro gâchis
est aussi, dans une certaine mesure, un moyen de mettre en relation les consommateurs
et les magasins par l'intermédiaire d'un site en ligne avec un système de géolocalisation
intégré. Ce service est entièrement gratuit. Il suffit simplement d'entrer son code postal
ou le nom de sa ville pour trouver s'il y a un magasin partenaire proche de chez soi.
Créée en 2013, la start-up d'origine bretonne travaille avec des distributeurs tels que
Carrefour, E. Leclerc, Système U et le groupe Les mousquetaires, plus particulièrement
avec Intermarché. Selon les derniers chiffres, l'entreprise est présente dans 70 magasins
en France. Elle est facilement reconnaissable grâce à des têtes de gondoles entièrement
dédiées à ces produits et des étiquettes de prix orange.
En 2014, Zéro-Gâchis aurait permis d'éviter le gaspillage de 342 tonnes d'aliments, un
pas en avant dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Les étudiants de cette start-up
ont vu plus loin. Ils ont récemment lancé leur application mobile pour permettre aux
consommateurs d'être au courant des bonnes affaires et ont développé un nouveau
système d'étiquetage, plus moderne pour les consommateurs et plus simple pour le
personnel du magasin. C'est donc à la fois un service facilitant et une service innovant.
En deux ans, l'entreprise a rencontré un énorme succès et souhaite se développer
davantage dans l'hexagone. Elle prévoit de conquérir d'autres magasins d'ici l'année
prochaine. On l'espère, à Troyes, car le concept nous plaît beaucoup.
25
source: www.zero-gachis.com
D'autre part, à Lyon, 3 étudiants de l'école de management l'IFAG Lyon veulent mettre
fin au gaspillage alimentaire, notamment dans le secteur de la restauration. Ils sont à
l'initiative de la start-up TakeAway qui a lancé le « doggy bag », un concept très
répandu dans les pays anglo-saxons et qui commence à se développer en France. Le
principe est de pouvoir emporter chez soi les restes de son repas au restaurant.
L'entreprise propose alors des box en carton qui prennent la forme d'une assiette une
fois ouverte et des sacs pour emporter des bouteilles déjà entamées. Les français ne sont
pas encore de grands adeptes de ce concept, qui s'est pourtant généralisé aux Etats-Unis.
C'est gênant de réclamer ses restes pour la maison, une gêne qui s'explique sans doute
par peur d'être jugé de « radin » par les autres. Néanmoins, la jeune start-up créée en
2014 est ambitieuse et veut démocratiser le doggy bag en France, auprès des clients et
des restaurateurs. Pour convaincre les restaurants, ils ont élargi leur gamme de box et
proposent des box personnalisées à l'image des restaurateurs (par exemple, avec le menu
du restaurant). Ils comptent déjà à leur actif une cinquantaine de restaurateurs à travers
la région lyonnaise et projettent de faire des partenariats avec 300 restaurants sur le
marché national d'ici 2016, leur objectif étant de faire évoluer les mentalités.
Ces deux dispositifs de zéro-gâchis et des doggy bags sont de belles initiatives
étudiantes et visent la consommation en foyer et la consommation collective. A travers
leurs projets de réduction du gaspillage alimentaire, les étudiants nous prouvent qu'il est
possible d'allier un problème de consommation à la création de liens sociaux, au partage
d'idées et à l'entrepreunariat.
La liste des actions étudiantes mises en place est loin d'être exhaustive, d'autant plus que
les étudiants éprouvent un intérêt grandissant pour lutter contre le gaspillage
alimentaire. Nous avons choisi ces start-ups car elles ont rencontré un franc succès .
Beaucoup d'articles de presse sont parus en ligne. Ces entreprises affichent une forte
présence digitale via leur site internet et les réseaux sociaux. Ce sont de beaux exemples
de réussite à prendre en compte. Ils nous ont donné envie d'agir.
26
source: www.takeaway.com
Signe de soutien aux
restaurateurs parisiens et aux
victimes des attentats
terroristes
A Troyes, aucune initiative étudiante n'a encore été prise. Et si le gaspillage alimentaire
serait un thème abordé dans l’Education, les écoles primaires, les établissements
secondaires et même à l'université ? Et si nous faisions de la prévention pour
sensibiliser les jeunes de l'agglomération troyenne? C'est vers cet axe de réflexion
éthique que nous aimerions nous orienter. Ce serait un moyen pour partager notre
engagement, mobiliser notre génération et les générations plus jeunes car c'est ensemble
que nous bâtirons le monde demain.
Les étudiants ne sont pas les seuls à afficher leur engagement. De nombreux acteurs ont
pris conscience de l'importance de lutter contre ce fléau. Des actions citoyennes se
développent partout en France, des associations et les banques alimentaires se battent
pour récupérer des denrées alimentaires encore consommables, les entreprises essayent
de trouver des solutions et les politiques tentent de mettre en place des mesures pour
instaurer un cadre légal pour tous et agir en faveur de l'environnement.
2. D'autres actions pour le changement
Le glanage
Depuis quelques années, les citoyens agissent de manière plus responsable à titre
individuel ou en groupe pour une société plus solidaire et moins égoïste, l'objectif étant
de lutter contre le gaspillage alimentaire. Ils essayent d'adopter les bons gestes au
quotidien, comme cuisiner les restes ou faire du composte. D'autres choisissent de
« glaner ». Comportement éthique ou dérive à la consommation ? Le glanage est
« autorisé entre le lever et le coucher du soleil, le ramassage des fruits et légumes non
ramassés dans les champs et les vergers, et des objets laissés dans la rue. » (Art. R26
du code pénal). C'est une technique qui prend de l'ampleur en France. Les glaneurs
sauvent des tonnes de nourriture de la destruction. Sauver, récupérer, manger, donner et
économiser sont les principales motivations de ces glaneurs.
A Troyes, un jeune homme fait des virées nocturnes pas comme les autres12
. Révolté par
la situation actuelle sur le gaspillage alimentaire, il décide de fouiller avec ses amis dans
les containers des grandes enseignes de distribution. C'est plus par conviction éthique et
écologique que pour des raisons financières qu'il glane. En effet, il ne conçoit pas
qu'autant de nourriture encore bonne à la consommation puisse être jetée.
.Il existe également d'autres mouvements de glaneurs comme les Gas'pilleurs,
surnommés les « Robins des bois du gaspillage alimentaire »13
à Lyon.
Autres glaneurs, La Tente des glaneurs de Lille qui est une association de bénévoles. Par
leurs implications dans ce type d'associations, ces citoyens bénévoles se sentent utiles
pour la société et pour l'environnement. Ils récupèrent la nourriture sur les marchés et la
redistribuent à ceux qui en ont le plus besoin. A la tête de cette association, Jean-Loup
12 Source : l'est éclair. « Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, ils glanent dans les poubelles ».
(2015)
13 Source : www.lexpress.fr « Les Gars'pilleurs, Robin des bois du gaspillage alimentaire » (2015).
27
Lemaire parle de création de « lien social » et refuse le terme « d'assistanat ». Ce chef
des glaneurs a même fait déposer sa marque « la Tente des glaneurs » à l'INPI (Institut
National de la Protection Industrielle). Son association fonctionne sous forme de
franchises dans d'autres villes de France, telles que Caen, Grenoble ou encore Paris.14
Leurs forces principales: la solidarité et l'entre-aide. Lutter ensemble contre une même
cause est créateur de liens sociaux.
L'aide alimentaire
Pour les banques alimentaires, les pertes alimentaires sont un « luxe » inacceptable. Les
banques alimentaires veulent limiter le gâchis et lutter contre la faim. Elles ont pour rôle
de récupérer les produits consommables chez de nombreux partenaires (les
distributeurs, les associations, les donateurs anonymes, les mécènes etc.) afin de
redistribuer cette nourriture aux plus démunis. En France, les banques alimentaires
viennent en aide à 4 millions de personnes. En 2014, elles auraient distribué 100 000
tonnes de nourriture.15
Parmi les banques alimentaires, les plus connues sont La banque
alimentaire, Le secours Populaire, les Restos du coeur et la Croix Rouge. Cette lutte
contre le gaspillage soulève un problème économique et social important. L'assistante
alimentaire est une preuve que notre pays n'est pas épargné par la pauvreté, la précarité
et la désintégration sociale.
Le don des entreprises
Les entreprises s'engagent aussi dans la lutte contre le gaspillage alimentaire,
notamment les commerçants et les grands distributeurs. 30 % des donateurs aux
banques alimentaires sont des distributeurs. « En 2014, près de 34 000 Tonnes ont été
collectées dans 1879 magasins appartenant à des enseignes comme Carrefour (à lui
seul, le groupe fournit plus d'un tiers de la ramasse), Leclerc, Auchan, Casino, System
U, le grossiste Métro, Intermarché ou Cora. »16
La communication : un moyen de sensibiliser
Communiquer est un moyen de sensibiliser et de toucher le grand public. Afin de faire
évoluer les comportements et de réduire le gaspillage alimentaire, de nombreuses
campagnes publicitaires « anti-gaspi » se sont développées sur Internet, le tout sur un
ton humoristique et parfois décalé. On peut noter par exemple la campagne digitale du
Ministère de l'agriculture qui avait lancé en 2012 « Manger c'est bien, jeter ça craint ».
Il y a également eu la campagne de l'ADEME qui a lancé 4 spots publicitaires en ligne
sur les « Poubelles boulimiques anonymes » en 2013. On peut aussi faire remarquer la
campagne publicitaire de l'enseigne Intermarché sur « les fruits et légumes moches » en
2014 qui a été un succès.
14 Source : www.m.lavoixdunord.fr « Lille : la tente des glaneurs en première ligne contre le gaspillage
15 Source : www.banquealimentaire.org, Rapport d'activités 2014
16 Source : http://www.banquealimentaire.org/articles/une-histoire-de-partage-0048
28
D'autre part, un long métrage d'actualité a également été tourné pour sensibiliser au
gaspillage alimentaire. C'est le film « Discount », une comédie sociale engagée écrite
par le réalisateur Jean-Louis Petit. Ce film met en avant l'engagement des employés d'un
magasin dans le gaspillage alimentaire et critique également les caisses automatiques.
« Discount » est sorti en janvier dernier. Le maître-mot du film est: « solidaire ».17
De nouvelles avancées en matière de politique
D'une part, Guillaume Garot, l'ex-ministre de l'agroalimentaire a présenté le Pacte
national de lutte contre le gaspillage alimentaire en juin 2013 qui réunit tous les acteurs
concernés de la chaîne alimentaire. L'objectif est de diminuer par deux le gaspillage
alimentaire en France d'ici à 2025. Il a également lancé la journée nationale de lutte
contre le gaspillage alimentaire (à la base c'était la journée mondiale de l'alimentation).
Enfin, le 14 avril 2015, il a remis son rapport sur le gaspillage alimentaire à Ségolène
Royale, Ministre de l'Ecologie et à Stéphane Le Foll, le nouveau ministre de
l'Agriculture. Dans son rapport, il s'intéresse à la responsabilité des acteurs du
gaspillage alimentaire à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, aux outils d'une
politique publique et parle « d'autre modèle de développement ». Il a ainsi rédigé 36
propositions pour une politique publique de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Cette année, la 3ème édition de la journée de lutte contre le gaspillage alimentaire en
France s'est déroulée le 16 octobre 2015. A cette occasion, le ministère de l'Agriculture
de Stéphane Le Foll à lancé une nouvelle campagne de sensibilisation sur Internet en
lien avec la COP21, la conférence des nations unis sur les changements climatiques. Le
ministère a développé des visuels pour le grand public mais également pour les
adolescents parmi lesquels un visuel avec le slogan « gaspiller c'est pas swag ». Ils ont
alors organisé l'opération « anti-gaspi, pour le climat aussi » à Pais et ont mis en place
divers ateliers pour sensibiliser les citoyens à changer leurs comportements de
consommation.
17 Source : www.allocine.fr « Bande-annonce Discount »
29
"Le succès de la campagne d'Intermarché pour les fruits et légumes moches ou
la fatigue du tout standardisé » source: www.slate.fr
Source : www.agriculture.gouv.fr
Le ministère de l'agriculture a également rédigé un document résumant les 10 gestes
anti-gaspi simples à adopter au quotidien et une fiche pratique pour mieux utiliser son
réfrigérateur.
30
source: www.agriculture.gouv.fr
D'autre part, la loi sur la transition énergétique a été promulguée le 17 août 2015. Cette
loi interdit de « rendre impropre à la consommation des denrées consommables »,
notamment par les pratiques de javellisation. Ségolène Royale, la Ministre de
l'Ecologie.18
, a déclaré : « Je pense qu'il est très important de lutter contre le gaspillage
alimentaire à un moment où tout le monde n'a pas les moyens de se nourrir
correctement. Il est inadmissible que les grandes surfaces détruisent des stocks
alimentaires ».
Elle a appelé les distributeurs à s'engager dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
L’État et les distributeurs se sont entendus sur « une convention d'engagement
volontaire », un accord par lequel les distributeurs s'engagent à donner les denrées
invendues aux banques alimentaires. En contrepartie, ils pourront bénéficier d'une
déduction fiscale sur les dons.
18 Source : www.itele.fr « Gaspillage alimentaire : Royl va réunir les acteurs de la grande distribution
dans les 10 jours »
31
source: www.agriculture.gouv.fr
Conclusion
L'étude du phénomène de gaspillage alimentaire sur un échantillon de 9 étudiants
permet d'éclairer sur les comportements individuels de consommation et sur la notion
d'engagement dans les pratiques de consommation des jeunes.
Les étudiants semblent touchés par l'ampleur du gaspillage alimentaire et se sentent plus
ou moins responsables. Si les gestes pour lutter contre le gaspillage alimentaire sont loin
d'être totalement acquis, les étudiants avaient l'air engagés et ont révélé être prêts à
changer leurs habitudes de consommation. En revanche, certains d'entre eux ont d'autres
préoccupations et ont suggéré qu'il fallait dédramatiser la situation. En effet, des
solutions existent.
La recherche a été un moyen de sensibilisation auprès de notre cible étudiante. Ils ont
apprécié cette démarche et ont pris un certain plaisir à participer à notre travail. Ils ont
été ravis d'avoir été sollicités et d'avoir pu réagir sur le sujet. Ce travail a été le fruit d'un
bel échange et d'une relation basée sur l'écoute et l'observation.
En prenant du recul sur notre travail, notre étude qualitative sur les étudiants ne permet
en aucun cas de représenter ce segment de marché de manière générale. En effet, c'est
illusoire d'expliquer un phénomène avec un panel de répondants peu nombreux et sans
aucunes validités statistiques. Notre étude nous a tout de même permis d'explorer le
phénomène du gaspillage alimentaire chez les étudiants.
Cette recherche a été très enrichissante sur le plan académique, personnel et humain. Ce
travail est un aboutissement de plusieurs années d'études. Nous sommes à la fois
excitées et nostalgiques de quitter prochainement l'université. Sur le plan humain, nous
avons pu collaborer avec nos camarades et travailler en équipe. Enfin, sur le plan
personnel, cela nous a permis d'acquérir des connaissances et nous a prouvé qu'il ne
fallait pas se sous-estimer. Nous en avons été capables. Tout comme le gaspillage
alimentaire, ce n'est pas un défi insurmontable.
D'ailleurs à ce propos, un autre défi mondial fait l'actualité en ce moment. Cette année la
France est le pays d'accueil de la COP21, la 21ème édition de la conférence des nations
unies sur le climat. C'est une réunion durant laquelle les 195 états de la Convention-
cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) vont négocier. Ces
négociations durent 2 semaines, du 30 novembre au 11 décembre 2015 et l'objectif pour
ces pays est de convenir sur un accord international pour maintenir le réchauffement
climatique en dessous de 2°C. Le gaspillage alimentaire est de très près lié au
réchauffement climatique car c'est une des sources d'émissions de gaz à effets de serre.
Finalement, pour les étudiants qui pensaient qu'agir à leur échelle n'était pas efficace,
nous pourrons désormais leurs affirmer que leurs gestes du quotidien sont de grands pas
en avant pour l'avenir. Non seulement, cela est engagement de lutte contre le gaspillage
alimentaire, contre la faim dans la monde et c'est également un moyen d'agir pour la
planète en limitant le réchauffement climatique.
32
Perspectives
Nous avons pris énormément de plaisir à travailler sur cette recherche. Cela nous a
donné envie de nous impliquer davantage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Nous estimons que notre génération a un grand rôle à jouer dans cette lutte. Le monde
étudiant est une force essentielle pour demain et c'est en ce sens que nous voulons agir.
Si les mouvements étudiants s'engagent partout en France, alors pourquoi pas nous ? Ce
travail s'achève sur cette feuille, mais il sonne le début d'une longue lutte contre le
gaspillage alimentaire dans l'agglomération troyenne.
L'aboutissement idéal serait de créer notre propre communication par des affichages
urbains et des affichages dans tous les établissements d'études supérieures à Troyes mais
également sur le canal digital. Nous souhaiterions également organiser un meeting
étudiants lors duquel nous pourrions discuter d'éventuelles actions à mettre en place au
niveau local.
Voici d'autres exemples d'idées concrètes que nous aimerions mettre en place :
– créer une carte des menus du Restaurant Universitaire de Troyes avec les plats favoris
des étudiants. Nous avons déjà perdu notre cafétéria. Le RU ne fonctionne pas aussi
bien qu'avant car les étudiants boudent les plats. Le but est de continuer de faire vivre ce
restaurant avec l'implication des étudiants. De cette manière, le RU éviterait de gaspiller
les plats qui ont bien du mal à se vendre.
– A l'instar des English Nights organisées à Troyes par un professeur de l'université,
organiser des « cooking nights », des soirées étudiantes autour de la cuisine d'aliments
entamés. Le but est que chacun ramène les produits de son frigo pour faire des recettes.
L'idée est de partager un moment de convivialité et d'éviter le gaspillage alimentaire. On
veut prouver qu'avec les restes ont peut faire de bonnes recettes , il suffit d'un peu
d'imagination.
– Faire une campagne de communication autour du gaspillage alimentaire à l'université
pour sensibiliser
– Démarcher les écoles primaires et proposer des jeux pour sensibiliser au gaspillage.
Par exemple, ramener des fruits et légumes « moches » et faire deviner le nom des
produits. C'est lutter contre le gaspillage alimentaire mais c'est aussi dans objectif de
santé en prônant la consommation de fruits et légumes
– Démarcher les établissements secondaires pour organiser des visites à l'université. Ici,
on aurait un double objectif : sensibiliser au gaspillage alimentaire et proposer en
échange une visite guidée pour familiariser les futurs étudiants aux locaux de la fac.
Nous débordons d'idées. Nous souhaitons mettre nos connaissances et nos compétences
en communication et marketing au profit de notre futur projet de lutte contre le
gaspillage alimentaire.
33
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36
Annexes
Récapitulatif des annexes
• Annexe 1 : Guide d'entretien
• Annexe 2 : Entretien avec Kev Adams
• Annexe 3 : Entretien avec Mateus
• Annexe 4 : Entretien avec Annie
• Annexe 5 : Entretien avec Leila
• Annexe 6 : Entretien avec Irène
• Annexe 7 : Entretien avec Thomas
• Annexe 8 : Entretien avec Sophie
• Annexe 9 : Entretien avec Julia
• Annexe 10 : Entretien avec Sabrina
• Annexe 11 : Observation participante
37
Annexe 1
Guide d'entretien
Phrase d'approche: Afin de réaliser notre mémoire, nous souhaitons vous interroger sur
votre consommation. L'objectif est simple. Nous aimerions seulement comprendre vos
comportements et vos pratiques de consommation qui reflètent les tendances actuelles
de consommation des jeunes étudiants. Merci de nous accorder un peu de votre temps.
D'abord, pouvez-vous présenter brièvement …
Nous aimerions aborder avec vous plusieurs points …
1. Profil des consommateurs
• Qui fait les courses ? Si ce n'est pas vous, qui achète ?
• Où faites-vous les courses ?
• A quelle fréquence?
• Quel est votre budget en moyenne pour les courses ?
2. Processus de consommation
• Qu'est-ce que vous acheter généralement (? Le plus souvent ? Et les produits
frais ?
• Que pensez-vous de ces fruits ?Seriez-vous prêt à manger ces fruits ?
• La date de péremption est-elle importante pour vous ?
• Seriez-vous prêt à acheter des produits dont la DLC (date limite de
consommation) est dépassée, dans les hard-discounts par exemple ? Comment
organiser vous votre réfrigérateur ?
• Consommer vous rapidement les produits frais que vous avez acheter ?
• êtes vous sensible aux marques ? Ou préférez-vous les marques de
distributeurs ?
• Produits format familial ?
• Les promotions ?
38
"Les fruits moches, marchés à succès" (source: www.europe1.fr)
3. Comportements de consommation
• Lorsque vous cuisinez, faites-vous attention aux quantités ?
• Avez-vous souvent des restes ?
• Si oui, que faites-vous des restes?
• Qu'est-ce que vous jeter souvent ?
• Seriez-vous prêt à manger des aliments dont la DLC ou DLUO est dépassée ?
4. Engagement des acteurs dans le gaspillage alimentaire
• Montrer des photos choquantes pour avoir leur réaction
• Objectifs: sensibiliser, faire prendre conscience, faire agir
39
source: http://www.seriousplay-
info.fr/apps/blog/les-requins-disparaissent-et-
la-famine-persiste%E2%80%A6-1
http://gaspillagealimentaire.blogspot.fr/
Annexe 2
13/11/2015
Entretien avec Kev Adams chez lui
Durée: 12 min
– Bonjour Kev. Merci beaucoup d'avoir accepté l'entretien. Pour commencer, tu
pourrais te présenter et me parler un peu de toi, qui es-tu ? où est-ce que tu habites ?
– Je m'appelle Kev, j'ai 23 ans et j'suis étudiant en Master 2. J'ai une situation un peu
particulière. La semaine j'suis à Troyes et le week-end chez mes parents.
– D'accord. J'aimerais en savoir plus sur tes habitudes de consommation, c'est-à-dire,
où est-ce que tu fais tes courses, si c'est pas toi alors qui les fait, combien tu dépenses
etc …
– Bah en fait la semaine je suis à Troyes dans mon appartement donc c'est moi qui fais
mes propres courses. Et le week-end j'suis chez mes parents, donc bah c'est ma mère qui
fait les courses pour mon frère et mon père. Je fais mes courses à « Inter »
– Pourquoi « Inter » ? Parce que …
– Proximité tout ça. Y a juste 2 rues à pied. Tu peux y aller en peu de temps.
– T'y vas combien de fois par semaine? Combien tu dépenses à peu près ?
– 1 à 2 fois par semaine après ça dépend si je mange à l'extérieur, où si je mange tous les
jours à la maison ou si je mange au restaurant universitaire ect.. J'dépense environ
30/40€ par semaine, ça dépend si j'achète des produits chers. Je donne une fourchette de
prix, mais globalement ça tourne autour de 30/40€.
– Tu achètes quoi en général ?
– J'achète des fruits et légumes, des boîtes de conserve, de la viande ... Un peu comme
tout le monde en fait
– Je vais te montrer une photo. Qu'est-ce que tu vois ? Qu'est-ce que ça t'inspires ?
– bah je vois des fruits et légumes …
– Mais des fruit et légumes …
– Bah des fruits et légumes moches [rires]
– Moches ? Pour toi ils …
– Bah je sais pas. [silence]. Nan ... ils sont beaux. Fin ils sont normaux.
– Ils sont normaux pour toi. ça te dérange pas qu'ils soient un peu déformés ?
– Bah non. Bah ça à le même goût. C'est vrai que quand je vais au supermarché dans un
rayon fruits et légumes, t'as tendance à plus prendre par exemple les tomates bien
rondes etc. Mais bon, j'pense que c'est plus psychologique en fait… Même moi j'avoue
que quand j'achète des fruits et légumes, j'prends ceux qui sont les plus beaux etc. mais
au final fin … C'est les mêmes produits.
– Parfois il y a des petites tâches …
– Oui voilà, mais au final c'est exactement la même chose.
– Oui, c'est instinctif en fait. Ensuite, j'aimerais savoir si tu fais attention aux dates de
péremption quand tu achètes un produit ?
– Baaaah oui, surtout pour les produits euh... [Silence]. Bah les produits par exemple
comme les yaourts si je sais que je vais peut être par exemple acheter un pack et vu que
je suis tout seul à manger, j'me dis que j'prends une date assez éloignée pour avoir .. bah
le temps de entre guillemets pas « gaspiller » justement car j'me dis oh bah mince ils
sont périmés alors du coup c'est fichu. Mais euh … souvent je regarde quand même les
dates de péremption.
– Donc c'est surtout pour les produits frais ?
– Oui, bah oui.
– D'accord. Si la date est dépassée pour un yaourt, tu serais prêt à le manger ?
40
– Oui, bah jusqu'à une semaine après… Parce que j'avais vu un reportage comme quoi
en fait les dates, elles varient en fonction de la destination, du pays. Par exemple, j'crois
que pour les dom-tom ils mettent une date plus éloignée. Donc au final j'me dis que
j'vais pas être malade si ça dépasse de 2/3 jours. Après forcément au bout d'une semaine,
ça commence à être un peu … compliqué. Mais après moi ça me dérange pas de manger
euh ..
– Après c'est psychologique…
– (il hausse le ton). Oui voilà en fait c'est plus psychologique qu'autre chose après.
Même quand tu vois, j'sais pas euh … On est le 13 novembre, quand tu vois le 13
novembre tu fais oh il va être périmé alors qu'au final c'est juste une date indicative.
C'est pas le 14 qu'il sera périmé. C'est plus psychologique.
– T'as peur d'être contaminé ?
– oui, c'est un peu ça. Ça doit pas être très grave, mais bah … avoir mal au ventre ou
quoi que ce soit.
– Peur d'une intoxication alimentaire en fait ..
– Oui, voilà.
– J'vais passer sur autre chose. Est-ce que tu ranges ton frigo d'une certaine manière ?
Par exemple euh.
– Oui je suis très organisé. C'est vrai, le fromage à sa place [rires]. Après vu que c'est un
petit espace il vaut mieux être organisé. J'aime bien mettre les choses à leur place, pour
les retrouver c'est plus simple. D'ailleurs les produits périmés je les mets devants pour
pas oublier de les consommer.
– Ah d'accord. T'as une tactique. C'est réfléchi.
– Oui [rires]
– Maintenant, je voulais savoir si tu achètes souvent des marques ou t'es plutôt MD, ou
produits sans marques …
– Euh bah moi en fait j'achète plus souvent les marques. Même si j'sais qu'au final les
MDD c'est … fondam … fondamentalement la même chose mais j'sais pas c'est
psychologique en fait. J'ai plus tendance à … quand y a le choix de produits j'ai plus
tendance à prendre la marque connue en fait. Alors qu'au final même si j'sais au fond de
moi qu'c'est .. La MDD elle est pas plus mauvaise mais j'sais pas c'est … pour moi c'est
gage de qualité en fait.
– Ah même si tu sais que pour le produit c'est le même producteur …
– oui, oui … [rires].
– Et tu achètes des packs format familial ou …
– Si, ça m'arrive. Par exemple pour les .. bah les gâteaux ou les choses qui se conservent
longtemps en fait. Des fois ça peut être intéressant au niveau du prix. Quand il y a une
offre promotionnelle, on se dit que le moment d'acheté. Et y aura pas de gâchis parce
que je les consomme rapidement.
– donc là pour les produits non périssables. Et pour les yaourt par exemple …
– Pour les yaourt par exemple, je prends si je sais que ça va être mangé. Mais si la date
… Dans 3 jours ils seront périmés et que y en a 12, je pourrais pas tous les manger donc
je prends pas.
– Donc finalement tu n'achètes pas que des promotions. ça dépend des produits.
– Oui voilà.
– Maintenant, j'aimerais savoir est-ce que tu cuisines ? Et si oui, fais-tu attention au
nombre de personnes ou t'en fais beaucoup trop …
– bah en fait euh … je cuisine surtout quand j'suis à l'appartement. Des fois chez moi ça
m'arrive, sinon c'est ma mère. Mais sinon euh … [hésitation, rires]. J'ai toujours
tendance à en faire de trop ...
41
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  • 1. MASTER 2 ADMINISTRATION DES ENTREPRISES Parcours Management et Marketing Option Distribution et Services M É M O I R E ÉTUDE DES PRATIQUES DE CONSOMMATION L'engagement des étudiants contre le gaspillage alimentaire Présenté par : Bouvart Marie Chaoui Leïla El Arif Nadia Année universitaire : 2015 – 2016 A l'attention de Laure Lavorata et de Rémi Evrard UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE – ARDENNE CENTRE UNIVERSITAIRE DE TROYES
  • 2. REMERCIEMENTS Tout d'abord, nous tenons à remercier tous les étudiants de Troyes qui ont participé à notre recherche pour leur temps et leur implication lors des entretiens. Sans eux, nous n'aurons pu obtenir de résultats. Ces derniers se sont révélés indispensables à la réalisation de ce mémoire. Merci à Laure Lavorata, professeure mais également responsable de notre Master, qui a accepté nos candidatures en Master 2. Merci pour son investissement et pour le déroulement de notre formation qu'elle a organisé comme il se doit. Nous tenons également à remercier l'ensemble des enseignants pour ce semestre riche en connaissances et en savoir, et particulièrement Dominique Roux qui s'est montrée disponible pour répondre à nos questions. Elle nous a donné des pistes sur la manière d'entreprendre notre recherche sur le thème du gaspillage alimentaire. Nous tenons aussi à nous remercier toutes les trois pour s'être investies dans cette recherche, mais également pour notre travail d'équipe et la confiance que nous nous sommes accordées. Merci au groupe pour la coopération ! Enfin, un grand merci à nos familles respectives dont certains membres ont participé à notre étude. Nous les remercions de nous avoir laissées entrer dans leur vie de consommatrice. Nous espérons que notre travail leurs a fait prendre conscience de l'ampleur des impacts du gaspillage alimentaire sur la planète. Nous espérons aussi qu'elles adopteront les bonnes pratiques pour lutter contre ce phénomène et qu'elles en parleront autour d'elles, le bouche-à-oreille pouvant être un accélérateur de prise de conscience de cette catastrophe alimentaire. 1
  • 3. Sommaire Résumé.........................................................................................................................3 Préface...........................................................................................................................4 Introduction...................................................................................................................5 PARTIE I. Revue littéraire............................................................................................6 1. Qu'est-ce que le gaspillage alimentaire ?.............................................................6 2. Chiffres – Clés......................................................................................................7 3. Les enjeux............................................................................................................8 PARTIE II. Méthodes..................................................................................................10 1. Entretiens semi-directifs.....................................................................................10 2. Observation Participante....................................................................................11 PARTIE III. Résultats.................................................................................................13 1. Profil des consommateurs..................................................................................13 2. Processus de consommation...............................................................................14 3. Comportement de consommation en foyer........................................................16 4. Engagement........................................................................................................18 5. Observation en restauration collective...............................................................21 PARTIE IV. Des solutions existent.............................................................................23 1. Le mouvement étudiant......................................................................................23 2. D'autres actions pour le changement..................................................................26 Conclusion..................................................................................................................31 Perspectives.................................................................................................................32 Références bibliographiques.......................................................................................33 Annexes.......................................................................................................................36 Annexe 1.....................................................................................................................37 Annexe 2.....................................................................................................................39 Annexe 3.....................................................................................................................42 Annexe 4.....................................................................................................................47 Annexe 5.....................................................................................................................50 Annexe 6.....................................................................................................................56 Annexe 7.....................................................................................................................62 Annexe 8.....................................................................................................................66 Annexe 9.....................................................................................................................68 Annexe 10...................................................................................................................70 Annexe 11...................................................................................................................72 2
  • 4. Résumé Le comportement des jeunes face au risque d'une catastrophe alimentaire L'objet de cette recherche repose sur l'étude des comportements des étudiants face à l'ampleur du gaspillage alimentaire. Jusqu'à présent, aucun travail de recherche n'a été écrit à ce sujet. Après une revue littéraire sur le concept du gaspillage alimentaire, les chiffres-clés et les enjeux qui s'y rapportent, nous construirons notre recherche sur les réactions des jeunes et leur implication dans la réduction du gaspillage alimentaire. Nous appuierons notre recherche sur la base d'une étude qualitative (9 répondants). Les pistes d'analyses du comportement des jeunes sont nombreuses, mais nous nous concentrerons sur le degré de leur sensibilité et de leur engagement. Enfin, nous soulèverons plusieurs solutions déterminantes pour relever ce défi mondial. Abstract The behavior of young people when confronted by the risk of a food catastrophe The purpose of this research is to study the behavior of students when confronted by the scale of global food waste. Up till now, no research exists on this subject. After a literature review on the concept of food waste, the figures and the issues related to this phenomenon, the study will be focusing on the reactions of students and their personal commitment to reducing food waste. Our study will be based on a qualitative study (9 respondents). There are many analysis possibilities on the behavior of young adults. We will emphasize the degree of their sensivity and their awareness on the issue of food waste. Finally, we will suggest a number of significant measures to deal with this global challenge. 3
  • 5. Préface Parmi tous les sujets de mémoire qui nous ont été proposés, nous avons choisi à l'unanimité celui sur le gaspillage alimentaire. C'est de loin le thème qui nous a le plus inspiré. Tout d'abord, ce sujet nous concerne dans la mesure où nous-mêmes consommatrices, nous achetons, nous consommons, et nous jetons. Ce cycle se répète perpétuellement sans que nous lui accordons une importance particulière. Nous vivons actuellement dans une société de consommation, une société post-moderne où la modération est parfois délaissée au profit de la surconsommation. D'autre part, le gaspillage alimentaire fait les gros titres dans l'actualité médiatique. Aujourd'hui le gaspillage alimentaire est un sujet sur lequel s'interroge énormément les politiques, les écologistes, les distributeurs, les industriels et les producteurs dont le soucis principal est la préservation de la planète. Ils essayent de mettre en place chacun à leur manière des mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire, un phénomène indéniablement lié au réchauffement climatique. Préserver la planète pour les générations futures est une de nos principales convictions. Responsables et solidaires, nous voulons agir pour faire changer les choses. Nous avons donc décidé de travailler sur le gaspillage alimentaire pour comprendre ce qui est à l'origine de ce phénomène et identifier des solutions à ce problème. De plus, c'est un bon moyen de nous sensibiliser pour adopter les bons gestes et pouvoir à notre tour, sensibiliser notre génération et les générations de demain. Fidèles à la « génération C », la génération connectée à laquelle nous appartenons, nous avons entrepris nos recherches sur Internet. Nous nous sommes rendues compte que beaucoup de travaux sur le gaspillage alimentaire existaient déjà. Nous avons utilisé plusieurs supports en ligne (livres, vidéos, articles, rapports etc), des livres que nous avons achetés ainsi que nos supports de recherches ethnographiques pour rédiger notre mémoire de recherche. 4
  • 6. Introduction En 2011, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a déclaré qu'un tiers du volume de nourriture produit dans le monde pour la consommation humaine était perdu ou jeté. En 2012, France Nature Environnement (FNE), la fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement a estimé que chaque français jetterait en moyenne 20 kilos d'aliments par an, soit 1,2 millions de tonnes de nourriture jetée chaque année. En 2015, le Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt a estimé les pertes alimentaires à plus de 10 millions de tonnes. Parallèlement à cette situation, près de 800 millions de personnes dans le monde souffrent de faim selon World Food Program (WFP), l'organisme d'aide alimentaire de l'ONU. Face à ce constat déplorable, le gaspillage alimentaire est au cœur des débats ces dernières années. On parle de « catastrophe alimentaire », de « scandale alimentaire », de « désastre alimentaire mondial », « d'urgence mondiale » etc. Les mots sont forts et ont pour but de choquer les consciences. Ils s'adressent à tous les acteurs de la consommation et particulièrement aux consommateurs car ils sont les principaux responsables du gaspillage alimentaire. Sur l'année 2014 en France, ils auraient jeté 6,5 millions de tonnes d'aliments.1 En France, les étudiants sont plus de 2 millions.2 Ils représentent une partie importante des consommateurs. Comment ont-ils réagi face à cette situation ? Se sont- ils sentis visés par les chiffres ? Se considèrent-ils comme « des consommateurs gaspilleurs » ? Afin de mener à bien notre étude, nous enquêterons sur les pratiques de consommation des étudiants. Aujourd'hui, il n'existe encore aucune étude sur le gaspillage alimentaire de cette cible. Cette thématique a suscité notre curiosité et en tant que consommatrices – citoyennes du monde, nous nous sommes beaucoup interrogées à ce sujet. Le gaspillage alimentaire constitue de réels enjeux éthiques, écologiques et économiques. Confrontés au gaspillage alimentaire, quels sont les comportements et les pratiques de consommation des étudiants ? Tout d'abord, il s'agira d'étudier la notion du gaspillage alimentaire. Ensuite, nous réaliserons des études ethnographiques afin de collecter suffisamment de données à ce sujet. Enfin, nous présenterons nos résultats sur le gaspillage alimentaire chez les jeunes étudiants. Nous concluerons sur une présentation des apports de notre étude, ses limites ainsi que les voies de recherches possibles. 1 Source : www.agriculture.gouv.fr 2 Source : www.m.enseignementsup-recherche.gouv.fr 5
  • 7. PARTIE I. Revue littéraire 1. Qu'est-ce que le gaspillage alimentaire ? Le terme « gaspillage alimentaire » est une notion complexe à définir. On confond généralement ce groupe de mots avec le terme « déchets alimentaires », des déchets que l'on jette volontairement par peur d'intoxication alimentaire comme des yaourts qui ont dépassé leur date limite de consommation (DLC) ou des déchets inévitables comme des os de viande ou des épluchures de légumes. On confond également le gaspillage alimentaire avec le terme « pertes alimentaires », des aliments perdus suite à des phénomènes climatiques conséquents (sécheresses, gel, inondations etc.) ou des épidémies sur la production. Le « gaspillage alimentaire » peut-être appréhendé sous différents angles dans la mesure où la chaîne alimentaire est composée de plusieurs acteurs, des producteurs aux distributeurs avant d'en arriver aux consommateurs finaux. À ce jour, il n'existe pas de définition officielle pour le terme « gaspillage alimentaire ». En revanche, plusieurs travaux à ce sujet ont exposé leur définition du gaspillage alimentaire : • « Toute nourriture destinée à la consommation humaine, qui à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée, dégradée constitue le gaspillage alimentaire », selon le Pacte National de lutte contre le gaspillage alimentaire3 , • Pour la Food Agriculture Organisation (FAO), « le gaspillage alimentaire est constitué de l’ensemble des aliments perdus ou gaspillés dans la partie des chaînes alimentaires produisant des produits comestibles destinés à la consommation humaine. Les aliments initialement destinés à la consommation humaine mais qui sont accidentellement exclus de la chaîne alimentaire humaine sont considérés comme des pertes ou du gaspillage alimentaire, y compris quand ils font par la suite l’objet d’une réutilisation non alimentaire (aliments pour animaux, bioénergie, etc. ) ». • « Les pertes constatées en bout de chaîne alimentaire (distribution et consommation) sont généralement appelées gaspillage alimentaire ». (Parfitt et al. 2010) Pour tenter d'établir une définition plus adaptée à notre étude, nous décidons de nous focaliser sur le dernier wagon du schéma de la chaîne alimentaire ci-dessous : 3 Pacte lancé en 2013 par Guillaume Garot, l'ancien Ministre délégué à l'agroalimentaire, qui réuni l'ensemble des acteurs des filières alimentaires et des administrations concernées. L'objectif est de diminuer de moitié le gaspillage alimentaire en France d'ici 2025. 6 Production  Élevage récoltes champs etc. Transformation Par les Industriels Distribution Grandes & Moyennes Surfaces, détaillants Restauration etc. Consommation Finale
  • 8. Après plusieurs remaniements, voici notre propre définition: le gaspillage alimentaire est un acte quotidien devenu quasiment automatique, conscient ou non, volontaire ou non, par lequel le consommateur jette des aliments qui lui sont destinés, au détriment de la planète. 2. Chiffres – Clés Plusieurs études ont longuement été menées pour permettre de quantifier le gaspillage alimentaire à toutes les étapes de la chaîne alimentaire. Souvent, les chiffres sont des estimations et varient d'une entité à une autre. En effet, il est difficile de quantifier le gaspillage à proprement parler dans la mesure où les déchets sont généralement pris en considération. De plus, certains chiffres prennent en compte la totalité des acteurs de la chaîne alimentaire alors que d'autres n'en considèrent qu'un seul. Les chiffres relatifs au gaspillage sont à la fois inquiétants, tant ils sont colossaux. La FAO estime qu’un tiers des aliments destiné à la consommation humaine est perdu ou gaspillé dans le monde. Cela représente 1,3 milliards de tonnes de nourriture par an, soit plus de 160 kg par an et par habitant.4 En France, les derniers chiffres révèlent qu'entre 90 et 140kg de nourriture par habitant sont perdus chaque année sur l'ensemble de la chaîne alimentaire. Chaque Français jetterait à la poubelle entre 20 et 30 kg de denrées, dont 7 encore emballées. Ces pertes sont estimées entre 12 et 20 milliards d'euros perdus par an.5 D'après une étude de la Commission européenne6 , en France, la distribution serait à 4 FAO, 2012, Pertes et gaspillages alimentaires dans le monde – Ampleur, causes et prévention. 5 Source : rapport de Guillaume Garot (Avril 2015) 6 Preparatory study on food waste across EU 27 (Octobre 2010) 7 source: Commission européenne – Preparatory study on food waste across EU 27 (Octobre 2010)
  • 9. l'origine de 6,6 % des pertes, les industries agroalimentaires représenteraient 7,3% du gaspillage, ou 11% selon d'autres enquêtes. La restauration hors foyer serait responsable de 12,5 %. Le maillon fort de la chaîne alimentaire sont les ménages avec 73,5 % des pertes. C'est donc lors de la consommation finale que le gaspillage est le plus important. Nos investigations porteront sur ce maillon de la chaîne alimentaire (les étudiants - consommateurs) à la suite de cette première partie. 3. Les enjeux A l'heure où les chiffres sont alarmants, quelles sont véritablement les conséquences sur notre planète ? Le consommateur ne s'en aperçoit peut-être pas directement lorsqu'il jette, mais le gaspillage alimentaire a des répercussions catastrophiques sur l'homme, l'environnement et l'économie mondiale. Tout d'abord, derrière le gaspillage alimentaire se cache des enjeux éthiques et sociaux. En effet, la sécurité alimentaire n'est pas garantie pour tous. Au XXIème siècle, dans un monde où la nourriture produite suffirait à nourrir le monde entier, la faim subsiste toujours. Ce problème n'est pas seulement une caractéristique des pays pauvres et en voie de développement. Des personnes peinent également à se nourrir dans les pays développés. Aujourd'hui, selon les chiffres officiels publiés sur le site du Programme Alimentaire Mondial, « 795 millions de personnes souffrent de faim dans le monde […] La faim et la malnutrition constituent le risque sanitaire mondial le plus important – plus que le SIDA, le paludisme et la tuberculose réunis. ». En Europe, le Programme Européen d'Aide aux plus Démunis (PEAD) a permis de distribuer des repas à plus de 18 millions d'Européens. En France, une partie de la population rencontre également des difficultés d'accès à l'alimentation. Selon le rapport d'activité 2014 des banques alimentaires, 4 millions de personnes auraient eu recours à l'aide alimentaire en 2013. Le gaspillage alimentaire constitue donc un véritable scandale éthique et social. En plus de la difficulté d'accès à la nourriture, s'ajoute aussi un problème d'accès à une alimentation saine, variée et de qualité. Pour une bonne partie des habitants de la planète, aussi bien dans les pays en voie de développement que dans les pays développés, beaucoup de personnes n'ont pas accès à une alimentation équilibrée, ce qui peut causer des problèmes de santé (obésité, diabète etc.)7 . Par conséquent, face à des difficultés à s'alimenter, une nouvelle pratique se développe, celle du glanage. Cette pratique qui existe depuis le Moyen-Age et qui consistait à aller récolter des fruits et légumes dans les champs, est devenue très courante à notre époque. Aujourd'hui, le glanage consiste à aller récupérer des aliments invendus sur les marchés ou dans les poubelles des magasins. Nous consacrerons une partie à ce sujet plus loin dans le mémoire. Le gaspillage alimentaire suppose également un enjeu économique. Jeter des aliments, c'est jeter de l'argent. Selon la FAO, dans le rapport « food wastage footprint impact on natural resources » (2013), le gaspillage alimentaire de produits agricoles est estimé à 750 milliards de dollars par an dans le monde. De plus, dans le rapport de Guillaume Garot sur le gaspillage alimentaire, les pertes représenteraient jusqu'à 20 milliards d'euros par an en France. Un montant extrêmement conséquent et non négligeable. D'énormes économies auraient pu être faites. A plus petite échelle, à l'échelle des foyers français, l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) a estimé la valeur 7 Etude Abena 2011 – 2012 sur l'alimentation et l'état nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire 8
  • 10. de l’alimentation perdue à hauteur de 159€ par an et par personne. Enfin, le gaspillage alimentaire va de pair avec un enjeu écologique. En effet, il faut rappeler que la consommation des aliments sous-entend une production puis un transport et une distribution. Cela a nécessité l'utilisation de matières premières, d'énergie et d'eau. Le gaspillage alimentaire est donc lié de très près à l'environnement car il suppose l'utilisation de ressources naturelles en amont de la production et de la consommation finale. Mener une lutte contre le gaspillage alimentaire c'est donc, dans une certaine mesure, lutter contre le réchauffement climatique. Les aliments ont un cycle de vie au cours duquel ils produisent et rejetent des déchets, notamment le CO2. A titre d'exemple, l'ADEME considère qu'un repas représente 3kg de gaz à effet de serres. Par ailleurs, dans un entretien, Guillaume Garot a révélé que l'impact du gaspillage alimentaire «en matière de gaz à effet de serres [place la France] comme le troisième [pays] émetteur après la Chine et les Etats-Unis »8 . De plus, le gaspillage alimentaire est étroitement lié à la consommation d'eau. Un certain volume d'eau est indispensable pour produire, transformer et emballer les aliments. Par exemple, pour produire 1 kg de viande rouge, il faut 16 000 litres d'eau ; pour 1kg de farine il faut 1000 litres d'eau.9 « L'or bleu » est une ressource naturelle qui n'est pas inépuisable, et qui de ce fait, doit être préservée car les besoins en nourriture risquent d'augmenter à la même allure que la population. On estime que la population mondiale avoisinera les 10 milliards d'habitants d'ici 2050.10 (Nous sommes actuellement 7 milliards de Terriens). Face à ce constat alarmant, le gouvernement français s'engage dans une lutte contre le réchauffement climatique et parle d’agro-écologie, c'est-à-dire le fait de préserver les ressources et l'environnement afin de nourrir le monde et les générations futures. Parallèlement, suite au Pacte National de Lutte contre le gaspillage alimentaire lancé en juin 2013, le gouvernement s'est fixé pour objectif de diminuer de moitié le gaspillage alimentaire d'ici à 2025. Au travers de ces différents enjeux, on s'aperçoit que les conséquences sur la planète sont considérablement inquiétantes et urgentes. Quelles en sont les origines d'une telle « catastrophe alimentaire » ? Pour mieux comprendre le phénomène, notre deuxième partie sera consacrée aux comportements de consommation des étudiants; une cible susceptible de mieux nous éclairer et de nous apporter leurs propres réponses à ce sujet. Nous allons interroger plusieurs étudiants et nous les observerons grâce à plusieurs méthodes d'études de terrain. 8 Article Gaspillage alimentaire « enjeux éthique, économique et écologique » publié sur www.ouest- france.fr 9 Source : ADEME 10 Source : l’Ined, Institut National d’Études Démographiques 9
  • 11. PARTIE II. Méthodes Afin de mener à bien notre enquête sur le gaspillage alimentaire et plus particulièrement sur les pratiques de consommation des étudiants à Troyes, nous avons eu recours à plusieurs outils d'étude ethnographique tels que les entretiens et les observations. 1. Entretiens semi-directifs Les entretiens semi-directifs font intégralement partis de nos instruments d'enquêtes. Nous avons réalisé 3 entretiens chacune, soit 9 entretiens semi-directifs au total. Avant de nous lancer tête baissée dans notre enquête de terrain, nous avons écouté les conseils et appliqué les préconisations de Mme Roux. Nous avons écrit un guide d'entretien qui définit concrètement les thèmes que nous voulions aborder avec les étudiants (voir annexe 1). Dès le départ, nous avions donc un support identique qui nous a servi de trame à suivre lors des entretiens. Il s'est révélé utile pour que l'on sache dans quelle direction mener l'entretien et ne pas perdre de vue les objectifs qu'on s'était fixés à travers toute une masse d'informations. Voici un tableau résumant les différentes situations: Entretiens semi-directifs Avec qui? (pseudony me) Quel âge? Profil étudiant Où? (Troyes & agglo.) Combien de temps? Marie Kev Adams 23 ans Master 2 Marketing Chez lui. 12 min. Mateus 25 ans Master 2 Marketing A la fac 20 min. Annie 25 ans L1 Droit A la fac 9 min Nadia Leïla 23 ans IFSI 3ème année Chez elle. 30 min. Irène 25 ans Master 2 Administration Publique Dans un café. 30 min. Thomas 22 ans Licence Pro Commerce Internationa IUT 20 min. Leïla Sophie 23 ans M2 Management Chez elle. 12 min. Julia 23 ans DUT GEA Dans un bar 10 min. Sabrina 26 ans BTS Banque Chez elle. 7 min. Les entretiens ont été plus ou moins longs, avec des profils étudiants différents. Plusieurs points communs sont tout de même important de faire remarquer: ils suivent tous des études supérieures et vivent à Troyes où dans l'agglomération troyenne. Nous 10
  • 12. avons donc choisi un groupe homogène pour obtenir des résultats cohérents avec notre sujet d'étude. Étant donné que nous avions déjà été amenées à réaliser ce type d'exercice l'an dernier dans le cadre d'un cours de sociologie de la consommation, nous n'avions pas tellement d'appréhension cette année. L'exercice en soi n'est pas compliqué. Le plus difficile, c'est de ne pas s'éloigner des objectifs fixés et de ne pas influencer la réponse des répondants. De plus, c'est le travail de la retranscription qui est le plus long et le plus fastidieux. Il faut vraiment réécrire les paroles des étudiants telles qu'elles ont été prononcées et retranscrire le non verbal et la gestuelle. Le plus compliqué a été de synthétiser les entretiens et essayer de trouver des idées communes à chacun afin de théoriser les résultats. Bien que les entretiens aient été différents (si l'on tient compte des divers facteurs : contexte, scène d'interaction, personnalité différente des locuteurs, l'expression, la manière d'aborder le sujet etc.), nous avions tout de même réussi à faire converger les idées qui ressortent des textes retranscrits. Nous avons interpréter les données de ces enquêtes qualitatives et avons dressé une synthèse des résultats. La troisième partie du plan sera consacrée aux résultats. Vous trouverez en annexes le guide d'entretien ainsi que les retranscriptions des entretiens. 2. Observation Participante Pour compléter notre étude, nous avons cherché un autre angle d'attaque en réalisant un travail par observation. Cette méthode nous est parue nécessaire pour apporter d'autres éléments de compréhension, en plus des entretiens. « Le but est de comprendre un corps étranger » (Mauss, 1926). Pour mieux comprendre le gaspillage alimentaire chez les jeunes, nous avons donc mené une enquête par observation participante dans un endroit où il y a une forte concentration d'étudiants, le Restaurant Universitaire (RU) situé près du Centre Universitaire de Troyes (CUT). Ce n'est pas un hasard que nous avons choisi cet endroit. C'est un choix stratégique car le lieu est fréquenté par beaucoup d'étudiants. Pour enrichir notre investigation, nous sommes donc allées au RU. Notre immersion personnelle dans cet environnement s'est révélée indispensable pour se rendre compte des comportements et des pratiques de consommation des jeunes. Nous avons donc observé les comportements de notre cible en restauration collective, nous avons analysé ce qu'ils gaspillent et avons photographié les assiettes après le repas. Cette méthode nous a permis d'obtenir une illustration concrète du phénomène étudié qui s'ajoute aux propos recueillis lors les entretiens. Les deux méthodes se sont avérées complémentaires. Notre participation experientielle dans cet univers s'est déroulée sans aucun problème. A aucun moment nous nous sommes senties soupçonnées d'enquêter par les étudiants. Nous-mêmes étudiantes, il a été facile de passer incognito. Nous avons tout de même averti le personnel. Les employés nous ont gentiment autorisé à prendre des clichés des 11
  • 13. assiettes. D'autre part, une employée est venue nous voir car elle semblait touchée par notre travail, le fait que des étudiantes s'interrogent sur le gâchis des aliments au RU. Elle nous a apporté des informations sur le sujet de notre étude sans même qu'on le lui demande. De fil en aiguille, nous lui avons posé quelques questions pour en savoir plus sur les comportements des étudiants. Cet échange a été fructueux car observer des étudiants dans un moment de consommation fait parti de son quotidien. Cette dame est en contact direct avec les étudiants. C'est elle qui leurs sert à manger, qui débarrasse leurs assiettes et qui fait la plonge. Elle sait ce que les étudiants mangent et ce qu'ils jettent. Et d'après elle, « ils jettent beaucoup ». Ses propos et son expérience quotidienne dans le cadre de son travail ne sont pas négligeables pour notre recherche. Nous détaillerons cette observation dans la partie suivante. 12
  • 14. PARTIE III. Résultats Nous avons menés nos recherches pour avoir des connaissances sur un sujet encore méconnu. Après avoir réalisé nos entretiens semi-directifs, nous nous sommes réunies afin de mettre en commun nos données, de les organiser et de dresser un bilan des résultats. Comme nous l'avions expliqué plus haut, nous avions défini différents thèmes dans un guide d'entretien. Nous les avons repris et les avons classés sous forme de tableau, en ajoutant certaines paroles des répondants à titre d'illustrations. Ce tableau nous a permis de faire une rétrospection sur les entretiens en abordant tous les thèmes fixés dès le départ. Il nous est arrivé de rajouter des idées que avons perçues lors des entretiens et de notre réunification, pour enrichir notre analyse. A tour de rôle, chacune a résumé brièvement ses entretiens (contexte et biographie des répondants), Nous avons ensuite dresser ensemble un état des lieux sur les points de convergence et les points de divergence de ces entretiens semi-directifs. Tout comme la collecte des données et les retranscriptions, la mise en commun de nos données a été relativement longue et a nécessité une analyse fine des données. Néanmoins, en suivant de près notre tableau avec les différents thèmes, la synthèse des données s'est plutôt réalisée de manière fluide et organisée. Nous avons débriefer de la manière suivante : – Nous avons fait un résumé des profils des étudiants – Nous avons analysé ce qu'ils consomment car avant de parler de gaspillage alimentaire, il a été nécessaire de savoir ce qu'ils achètent et ce qu'ils mangent – Puis comment ils consomment – Et enfin, nous avons évaluer leur engagement dans leur consommation et dans le gaspillage alimentaire. Nous allons développé de manière plus précise ces différents aspects. 1. Profil des consommateurs Il s'agit de répondre aux questions « Qui ? », « Quand ? » et « Combien ? ». Nous avons interrogé 9 étudiants issus de différentes filières universitaires. Notre panel était composé de 6 femmes et de 3 hommes, âgés de 21 à 26 ans et tous étudiants à Troyes. Sur les 9 étudiants interrogés, 6 habitent seuls et sont indépendants financièrement. Les 3 autres vivent chez leurs parents et ne participent pas aux courses de leur foyer. Le budget des étudiants habitant seuls varie de 30 à 80 euros par semaine, quant à la fréquence d'achat, elle varie de 1 à 3 fois par semaine. Pour ceux qui habitent chez leurs parents, ils n'ont pas réellement d'idée du budget hebdomadaire ou mensuel de leur foyer. Ils pensent que cela peut monter à 200€ mensuel. Hors, c'est environ le budget mensuel alimentaire d'un étudiant. 13
  • 15. 2. Processus de consommation Nous avons développé cette partie en répondant aux questions « où ? », « quoi ? » et analysé les réactions des étudiants suite à une image présentant des fruits et légumes moches. Pour faire leurs courses, les étudiants se rendent dans des grandes surfaces ou des très grandes surfaces auprès des grands noms de la distribution comme Carrefour, E.Leclerc, Géant Casino mais également auprès de distributeurs discount comme Lidl ou Aldi. Certains font aussi leurs achats dans les magasins spécialisés et des petits commerçants Ils leurs arrivent de faire quelques achats « de dépannage » dans des supérettes proches de chez eux. « Je fais mes courses à Inter … c'est juste à 2 min à pied » Kev Adams (entretien 1) « Colyrut, j'sais pas si tu vois où c'est [… ] après ça dépend Lecler, Carrefour. Je regarde les promos et j'y vais » Mateus (entretien 2) « dans les magasins comme Géant, Carrefour, Lecler … mais c'est loin » Annie (entretien 3) « plutôt les grandes surfaces du type Lecler et Carrefour |…] ça m'arrive d'aller dans les magasins spécialisés, dans les boucheries halal par exemple » Leila (entretien 4) « majoritairement on va à Lidl […] ; quand on ne retrouve pas certains produits on va dans les grandes surfaces » Irène (entretien 5) Les raisons qui poussent les étudiants à aller dans tel ou tel magasin sont diverses. Une raison qui revient le plus souvent, c'est le soucis de proximité. Ensuite, ils recherchent une offre de produits variée et des produits pas chers. Certains ne sont pas fidèles à un distributeur en particulier. Ils se dirigent là où il y a des promotions car la notion de prix est importante pour eux. Ils achètent des produits assez variés, des féculents, des fruits et légumes, des carnés, des produits laitiers etc. Contrairement aux stéréotypes que l'on peut parfois se faire de l'alimentation des étudiants, les plats préparés n'ont pas été énormément cités. Certains ont évoqué favoriser des produits bio qu'ils jugent plus sain. Une étudiante à même parler de se tourner éventuellement vers une consommation plus « végétarienne». « j'achète des fruits et des légumes, des boîtes de conserve, de la viande … Un peu comme tout le monde en fait » Kev Adams « j'achète beaucoup de produits frais, des yaourts tout ça, de la crème fraîche, de la viande j'en achète en gros pour congeler, des yaourts aux fruits » Mateus « mon copain c'est un sportif donc c'est principalement du blanc de poulet, des protéines, des pattes au blé complet» Annie 14
  • 16. « j'achète comme tout le monde, des produits frais, des produits laitiers, yaourt, fromage, des pattes, du riz, la viande dans les boucheries spécialisées » Leila « j'achète des boissons et des gâteaux. Après j'achète plus de légumes que de fruits … J'achète des boites de conserve mais pas beaucoup, des pattes, du riz, j'en achète souvent. Des yaourts et du fromage aussi » Sophie Il faut savoir que leur choix de produits varie selon leurs budgets et leurs préférences. L'ensemble des étudiants a révélé acheter des produits de MDD (marques de distributeurs) et d'autres préfèrent les produits de marques. L'attirance pour les produits de marque diffère selon les profils. Tandis que certains n'y accordent que peu d'importance, pour d'autres, les produits de marques sont plus attirant de part leur packaging par exemple. Ils représentent pour la plupart des consommateurs «un gage de qualité » et sont meilleurs. Une tendance générale apparaît cependant chez nos étudiants. En effet, il existe des « incontournables » que l'on ne peut pas remplacer par des marques de distributeurs comme le Coca-Cola ou encore le Nutella. Ces marques apparaissent comme des marques de référence pour les jeunes. « Les MDD ne sont pas plus mauvaises mais … c'est un gage de qualité » (sous entendues les marques) Kev Adams « dans mon caddie il n'y a que des marques, j'achète que ça. Je trouve qu'ils sont meilleurs » Leila L'aspect esthétique est un critère qui compte beaucoup dans notre société, qu'il concerne le physique, les objets ou les aliments. C'est un élément ancré dans les esprits de notre société conformiste, tant dans la vie au quotidien que dans la consommation. L'apparence est un des aspects des plus important lorsque les étudiants achètent leurs produits. En effet, il va jouer dans la motivation d'achat du jeune, mais aussi du consommateur en général. Nous avons voulu avoir leurs réactions sur une photo que nous leur avons montrée. Il s'agissait ds fruits et de légumes moches (voir annexe 1). Nous avons plusieurs types de réponses. « quand je vais au supermarché, j'ai tendance à prendre les tomates bien rondes » Kev Adams « j'achèterais des fruits et légumes moches si je peux faire un peu d'économies » Mateus « c'est des légumes. Fin ça se mange. Moi j'achèterais, tant que y a le goût » Annie « ils ont une forme bizarre, on dirait que le producteur a abusé de produits chimiques , on dirait des légumes allien […]. Ce n'est pas parce qu'ils sont moches qu'ils sont immangeables. Mais j'ai plus confiance en voyant des produits beaux » Leila « je n'aime pas trop qu'on dise qu'ils sont moches. Moi je dis juste qu'ils sont différents. J'ai déjà eu l'occasion d'en manger, ils ont le même goût que les fruits normaux. Si le prix est baissé, j'achète » Irène 15
  • 17. Ils nous ont révélé qu'ils seraient prêt à acheter des fruits et légumes difformes sous plusieurs conditions : que le goût ne change pas des fruits et légumes « beaux » et si les prix sont moins chers. D'autres n'envisagent aucunement de les acheter car la forme ne les inspire pas confiance. Ils pensent que si le fruit ou légume est difforme, c'est que des engrais ou autres produits chimiques aient été utilisés abondamment. Ce qui poussent les étudiants à cette réflexion, ce sont aussi les scandales alimentaires comme Findus avec les lasagnes qui contenaient du cheval où encore des tartes Ikéa composées de matières fécales. Le scandale de certains produits a tellement été médiatisé qu'on suppose qu'un lien existe entre l'effet médiatique et le changement de comportement dans la consommation. 3. Comportement de consommation en foyer Dans cette partie concernant les résultats, nous avons abordé la notion de DLC, date limite de consommation, l'organisation du réfrigérateur et des restes alimentaires. Après l'étape des courses, nous avons voulu savoir comment les étudiants s'organisaient une fois rentrés chez eux. Comme tout le monde, ils rangent leurs produits, les produits frais au réfrigérateur et les produits secs dans les placards. Nous nous sommes penchées sur l'organisation de leurs « frigos » car c'est un élément indispensable à la conservation des aliments, et de ce fait, une bonne conservation est un geste pour éviter de gaspiller. Quand nous leurs avons demandé de nous en dire plus sur l'organisation de leur frigo, la majorité d'entre eux a affirmé être organisée. « le fromage en haut (rires). J'ai un petit espace donc vaut mieux être organisé […] d'ailleurs les produits périmés je les mets devant pour pas oublier» Kev Adams (entretien 1) « comme tout le monde, les légumes en bas, les bouteilles dans la porte après c'est euh… produits laitiers et viande » Annie (entretien 3). Les étudiants révèlent avoir une organisation méthodique mais la plupart d'entre eux ne sont pas entrés dans les détails. Ils pensent faire « comme tout le monde » donc ils pensent bien faire. Il pensent aussi avoir « une organisation normale », donc d'après eux, une norme existe sur le rangement du frigo. Mais a priori, ils ne connaissent pas exactement les températures de chaque étage du frigo et les produits qui peuvent y être placés. Ils ont dû en entendre vaguement parler au vue de leurs réponses qui restent très générales. L'idée principale qui ressort est donc qu'ils ont un manque d'informations. Ensuite, nous avons abordé le sujet des dates de péremption. La majorité des étudiants a avoué accorder une grande importance aux DLC. Ils font tous attention aux dates de péremption qui peuvent être un frein au processus d'achat tout comme une motivation si le produit est vendu à un prix plus bas que son prix initial. «[ … ] souvent je regarde quand même les dates de péremption » Kev Adams (entretien 1) « je regarde la date la plus lointaine [ …] ça m'est déjà arrivé [d'acheter des produits 16
  • 18. dont la date est proche] sur des trucks euh .. entre guillemets inaccessibles où la portion elle est à 7€. Elle est à 2€ alors j'vais le prendre » Annie (entretien 3) S'ils accordent une importance particulière aux dates limites de consommation, cela dépend du type de produit. Ils font très attention aux dates pour les produits frais. Une des raisons qui revient le plus souvent, c'est la peur de manger quelque chose qui pourrait les rendre malade. Autant ce n'est pas le risque d'être fortement contaminé qui les effraye, mais simplement le risque de tomber malade quelques jours ou d'avoir un mal de ventre. De plus, une autre nuance est à prendre en compte. Si le produit est déjà entamé et que la date de péremption approche, le produit sera jeté. Si le produit n'est pas encore ouvert et que la date est dépassée, le produit sera vraisemblablement consommé le plus rapidement possible. Au delà d'un certain temps, le produit non entamé finira à la poubelle. On peut dire que dans une certaine mesure, ces jeunes accordent leur confiance aux dates fixées par les industriels. « ouai, pour le lait, les œufs, dès que ça a dépassé la DLC, je fais super gaffe. Je jette. La viande aussi » Mateus (entretien 2) Enfin, certains étudiants sont très bien informés au sujet des DLC. Ils savent que la date de péremption n'est pas une date de consommation, mais plutôt une date indicative, obligatoire pour la vente des produits sur le marché. Ils parlent de « manipulation commerciale ». Ils ont vu des reportages télévisés qui dénoncent ces tactiques des industriels. Ces derniers choisissent des dates selon les destinations des produits. Ils savent également que certains distributeurs vendent uniquement des produits dont la DLC est dépassée car les produits alimentaires sont encore consommables. Ils ont cité le magasin NOZ où l'on peut y trouver de « bonnes affaires », notamment quand le budget courses est serré. Certains étudiants ont eu une réaction assez paradoxale car bien qu'ils soient au courant de ces stratégies industrielles, ils éviteront tout même de manger un produit dont la date de péremption est dépassée depuis plusieurs jours. Là encore, la raison est la peur de tomber malade. « j'avais vu un reportage comme quoi en fait les dates, elles varient en fonction de la destination, du pays. Par exemple, j'crois que pour les dom-tom ils mettent une date plus éloignée [….] Mais c'est plus psychologique qu'autre chose.[sous entendu s'il ne mange pas le produit dont la date est dépassée] » Kev Adams (entretien 1) « Donc au final j'me dis que j'vais pas être malade si ça dépasse de 2/3 jours. Après forcément au bout d'une semaine, ça commence à être un peu … compliqué » Kev Adams (entretien 1) Le fait d'avoir interrogé les étudiants sur l'organisation de leurs frigos et les DLC nous ont servi de point de transition pour faire glisser la conversation vers le gaspillage alimentaire. Nous avons d'abord voulu étudier leurs habitudes et leurs pratiques de consommation avant d'en venir à notre sujet principal. Notre objectif était de savoir s'ils se sentaient concernés par le gaspillage alimentaire. Les étudiants déclarent jeter. Les réponses sont très variables d'un étudiant à l'autre. Et les origines de ce gâchis sont nombreuses : l'esthétique des produits qui n'inspire pas 17
  • 19. confiance, une mauvaise gestion du frigo (idées développées en amont), quantités cuisinées mal évaluées, mauvaise utilisation des produits, oublis etc... « Parfois ça m'arrive de gâcher. Mais c'est peu fréquent. » « en fait moi perso j'essaye toujours de faire au mieux. J'ai l'impression de pas trop jeter mais bon … on est jamais objectif quand on parle de soi » Kev Adams « je jette beaucoup. Dès que les fruits sont un peu moisis, moi je jette carrément. » Mateus « Rarement. Parfois, quand c'est dans le frigo et qu'on oublie, que c'est derrière un truck et puis on ouvre et ça sent pas bon, bah.. Poubelle quoi » Le gâchis se justifie également par des facteurs socio-temporels. Les étudiants indépendant financièrement avec un budget assez restreint vont faire attention à leurs consommations tandis que d'autres seront moins responsables (notamment ceux qui vivent chez leurs parents et qui ne font pas eux-mêmes les courses). Le rapport à l'argent peut être une des raisons du gaspillage ou du non-gaspillage. D'autre part, il faut aussi prendre en compte le facteur temporel. Faute de temps, les étudiants vont avoir tendance à préparer leur repas en grande quantité pour plusieurs jours. C'est le côté pratique qui ressort. Ils vont manger rapidement et ne vont pas prendre plaisir à s'alimenter. Ils vont consommer plusieurs jours la même chose ou vont acheter des plats déjà préparés. Paradoxalement, se nourrir étant le besoin primaire de l'homme, on tend à lui donner de moins en moins d'importance. Par exemple, s'il faut faire des économies, les étudiants vont préférer rogner sur leur budget alimentation plutôt que sur d'autres dépenses. « Les jeunes préfèrent s'acheter un Iphone 6, plutôt que de bien manger ».11 Ici, on peut également faire écho avec notre premier cours de marketing sur la pyramide des besoins de Maslow qui hiérarchise les besoins humains. Selon lui, il faut d'abord satisfaire les besoins physiologiques pour pouvoir satisfaire les autres besoins, besoin de sécurité, besoin d'appartenance, besoin d'estime de soi et besoin de réalisation de soi. Aujourd'hui, dans notre société de consommation de masse, peut-on remettre la hiérarchisation de Maslow ? Est-ce que les besoins supérieurs de cette pyramide ne priment-ils pas davantage sur les besoins de s'alimenter ? C'est un autre axe de recherche possible. Pour conclure sur cette partie, les étudiants affirment ne pas échapper au gaspillage alimentaire. L'intérêt de notre recherche se focalise également sur le degré d'engagement des étudiants dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. C'est ce que nous allons découvrir dans la partie suivante. 4. Engagement Après avoir analysé les profils des étudiants, leurs processus d'achats et leurs comportements de consommation, nous avons focalisé la dernière partie des entretiens sur l'engagement des étudiants dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous nous sommes demandés si les étudiants étaient touchés par le sujet et s'ils avaient l'intention d'adopter un comportement responsable pour la planète. 11 Conférence IFM 18
  • 20. Nous leurs avons montré deux photographies assez choquantes, l'une montrant un enfant africain très maigre et l'autre, des aliments en grande quantité, déversés par un camion de poubelle. (voir annexe 1). Le but était de choquer en les exposant à deux situations incensées, la faim et le gaspillage alimentaire. Nous leurs avons demandé de s'exprimer sur ces images. L'objectif était d'analyser leurs réactions verbales et non verbales, susceptibles de traduire le degré de leur engagement. A l'unanimité, les photos ont choqué les étudiants. Ils ont fait les gros yeux. Ils ont été hésitant et ont mis du temps à répondre. Parfois, un sentiment de gêne s'était installé. « c'est assez choquant. C'est du gaspillage … ça aurait pu servir à d'autres personnes. On aurait pu donner à des associations. Moi j'ai été bénévole » Kev Adams « ça m'embête ; c'est compliqué. C'est un sujet très délicat. C'est pas normal en 2015 de mourir de faim » ; « ma première préoccupation c'est l'argent, l'emploi et la sécurité » Mateus « ça me fait mal au coeur que ce soit à ce point. Ça me choque » ; « pff c'est du gâchis. Tous les restes qui finissent à la poubelle. C'est malheureux » Annie « c'est triste de voir ça [long moment de silence] » ; « en nous mettant devant le fait accompli, je vois que je ne fais vraiment pas attention. Malheureusement je ne pense pas que si j'agis ça serve à quelque chose » Leila « ça fait mal au coeur de voir ce genre de photo » ; « je ne comprends pas comment on peut rester insensible face à ce genre de situation » ; « le plus gros problème de ce monde c'est que personne ne pense aux autres » ; « on doit s'entre-aider, c'est le but de la vie en fait » Irène « Il a tellement faim qu'on voit ses cottes » ; « ça me fait mal au coeur » ; « voir ça à côté du gaspillage, y a une incohérence de fou » Thomas « ça m'attriste vraiment. Dans notre monde on vit dans l'excès, on chipote pour une DLC dépassée alors que d'autres ne demandent qu'à être nourri » ; « tous les aliments jetés alors qu'ils sont à peine entamés, c'est vraiment du gaspillage » ; « il faut inventer un système limitant notre consommation parce que j'ai l'impression qu'on a les yeux plus gros que le ventre quand on fait nos courses » Sophie « ça me dégoutte et je comprends pas pourquoi la faim dans le monde existe encore. Je suis choquée » Julia « Nous avons tellement tout en masse à disposition que nous gaspillons. Nous sommes exigeant. Et je crois que plus l'on a, plus on devient exigeant. Ces pauvres gens eux n'ont pas le choix et se contentent de ce qu'ils ont » Sabrina. Nous avons volontairement repris une parole de chacun des répondants. Leurs discours révèlent qu'ils ont conscience de la situation actuelle du gaspillage, de ses conséquences 19
  • 21. et du fait que la faim est encore un problème au XXIème siècle. Dans leurs discours, on discerne des sentiments de tristesse, de culpabilité , d'incompréhension et d'impuissance. Nous les sentons touchés et affectés, surtout par la photo du petit garçon. Ils sont conscients du gaspillage alimentaire. Ils ont parfois hésité avant de s'avancer sur le sujet. Certains ont essayé de réagir un peu sur le ton de l'humour pour peut-être cacher un sentiment. Ils se sentent en partie responsables mais pensent que leurs actions ne permettront pas de vaincre la faim dans le monde. Enfin, à travers les mots employés, comme « l'entre-aide », nous avons remarqué qu'ils avaient un esprit d'équipe, un esprit solidaire. Pour eux, agir de manière individuelle ne changera rien. C'est tous ensemble qu'il faut agir. Néanmoins, il semblerait que certains étudiants aient d'autres préoccupations et que le gaspillage ne fait pas parti de leurs priorités. Ils y pensent mais ils ne se considèrent pas comme les premiers coupables. Pour eux, ce sont les autres. Ils nient leurs responsabilités et rejettent la faute sur les distributeurs et les autres consommateurs. De plus, certains répondants contestent. Selon eux, si nous voulons avoir un comportement entièrement responsable, il faudrait faire attention à tout ces faits et gestes au quotidien (ne plus prendre la voiture, faire attention à l'eau lorsqu'on se douche, ne plus boire d'alcool, ne pas acheter trop de vêtements etc.). En bref, s'il fallait faire attention à tout et adopter un comportement éco-citoyen, alors cela serait invivable. « Ce ne serait plus une vie ». On note une prise de conscience chez les jeunes et on à le sentiment, à travers leurs paroles qu'ils veulent agir. Leur niveau d'engagement n'est pas à la hauteur de ce qu'il devrait être dans l'idéal. Pour conclure, sur l'ensemble des résultats des entretiens semi-directifs, analyser les habitudes et les comportements d'achat des étudiant,s ne suffisent pas à comprendre les raisons du gaspillage alimentaire à leurs échelles. En effet, d'autres éléments devraient être pris en compte tels que la personnalité, les convictions, les origines ethniques, leur religion, l'éducation. Tous ces éléments réunis influencent et façonnent les comportements. Dès notre plus jeune âge, nous intériorisons des normes et des valeurs qui régissent nos comportements. Si nous avons grandi dans une famille soucieuse du non-gaspillage, alors nous aurons plus tendance à avoir un comportement semblable et plus responsable. On parle ici de mimétisme. Le pays dans lequel nous vivons et la culture dans laquelle nous grandissons, sont également des facteurs influençant notre rapport au gaspillage. Par exemple, si nous comparons le niveau de gaspillage de la France de celui des États-Unis, le pays «le plus puissant du monde, prônant la consommation de masse à outrance», la France est 20
  • 22. beaucoup plus responsable. Les Etats-unis ont énormément d'efforts à faire car le pays est actuellement considéré comme le pays le plus pollueur et le plus gaspilleur du monde. Les pertes alimentaires sont équivalentes à 50 milliards de dollars de nourriture. Paradoxalement à cette situation, 50 millions d'américains se trouvent actuellement en situation d'insécurité alimentaire. L'âge est également un facteur d'influence. Nous avons constaté que les personnes âgées sont plus soucieuses de ce qu'elles jettent. En effet, de par leurs vécus (certains ont connu les guerres et le rationnement), leur rapport à la nourriture est différent de celui des jeunes générations. Nos sociétés de consommation de masse reposant sur l'individualisme et l'accumulation de biens, poussent les individus à ne pas faire attention au gaspillage. Mais aujourd'hui, la tendance s'inverse car les consommateurs ont passé l'étape de la prise de conscience face à une situation urgente. L'étape suivante est l'adoption des gestes « anti-gaspi » et l'engagement des tous les acteurs de la chaîne alimentaire. 5. Observation en restauration collective Afin d’avoir une vision plus concrète des pratiques de consommation des jeunes et en particulier des étudiants, nous avons décidé de mener une observation au restaurant universitaire (RU) des Courtines à Troyes. A travers cette observation, nous avons cherché à comprendre le comportement des étudiants en restauration collective. Les étudiants qui déjeunent au RU se servent seuls, sauf pour le plat principal. Ils ont donc la possibilité de prendre une entrée, un plat principal, un fromage et un dessert. En observant les étudiants prendre leur repas, nous avons remarqué que certains finissaient entièrement leurs repas, mais que d'autres n'entamaient même pas certaines denrées. Pour ceux qui mangent l'intégralité de leur repas, les plateaux ne contiennent plus que les déchets tels que les emballages plastiques des yaourts, des sauces etc et les restes alimentaires inévitables comme les os de viande ou les peaux des fruits (peau de banane, de clémentine etc). En revanche, beaucoup ne finissent pas leurs plateaux. On y trouve des restes alimentaires qui auraient pu être évités si les quantités étaient prises en fonction de leur faim. Car ils gaspillent énormément le pain (non entamé), des yaourt encore emballés, des sachets de sauce ou encore des sachets de sel, sucre et poivre. Si ces aliments ne sont pas consommés et qu'ils restent sur les plateaux, ils finiront à la poubelle. C'est dommage. Par exemple pour les yaourts non ouverts, ils ne pourront être remis dans le self car les cantines doivent respecter la chaîne du froid. Nous avons également remarqué que le pain est l’aliment le plus gaspillé au restaurant universitaire. Même s'ils ne sont pas entamés, pour des raisons d’hygiène, le pain qui se retrouve non consommé ne sera pas remis dans le bac à pain. Il finira à la poubelle. Ce gaspillage pourrait être réduit si la proportion de pain proposée aux étudiants était moindre. Par exemple, il serait plus judicieux de couper des rondelles de pain plutôt que d'offrir un petit pain entier. Il faudrait aussi signaler au dessus du bac « ne prendre qu'une portion et se resservir si besoin », comme nous avons pu le constater dans 21
  • 23. d'autres restaurants universitaires. De même pour les entrées, nous avons constaté qu'une feuille de salade accompagne les entrées à titre de décoration et qu'elles sont rarement mangées. Enfin, il faudrait cesser de proposer des sachets de sauces car ils sont jetés ou ne sont pas consommés en entier. Il serait préférable de mettre à disposition des pompes à sauce pour tout le monde. Les cantines et les restaurants universitaires sont soumis à une législation très stricte ayant pour but de protéger la santé des consommateurs. Cependant, indirectement, ces lois génèrent du gaspillage alimentaire. Enfin, pour illustrer nos propos nous avons voulu prendre des photos des plateaux. Nous avons demandé l'autorisation à une employée du RU. Elle a accepté et nous a demandé quel était l'intérêt de les photographier. Intéressée par nos travaux où plutôt pour notre soucis pour le gaspillage alimentaire, elle nous a donné son point de vue. Selon elle, les étudiants « ont les yeux plus gros que le ventre », ils se servent plus que ce qu’ils ne vont manger et « ils gaspillent beaucoup ».« Ils n'ont pas l'air de tellement s'en soucier ». Elle nous a montré les poubelles où nous avons pu voir un entassement important de nourritures. Pour pallier cette masse de nourriture jetée, le RU devrait réfléchir à des solutions et prendre des mesures afin de réduire le gaspillage alimentaire. Les idées auxquelles nous avons réfléchi seraient de laisser les étudiants la possibilité de se servir les quantités qu'ils veulent pour les plats chauds. Le RU pourrait envisager la mise en place d’un système d’inscription des étudiants qui veulent déjeuner pour déterminer de manière approximative le nombre de repas qui seraient servis. Ils devraient alors payer en ligne pour les responsabiliser davantage ce qui les « obligeraient » à venir. Ce serait aussi faciliter la vie des employés et les étudiants. Ce qui décourage parfois les étudiants, c'est qu'ils n'ont pas forcément de monnaie sur eux et la carte bancaire n'est pas acceptée. Les employés n'auraient aucune transaction monétaire à faire et n'auraient pas à compter la caisse. Ce serait aussi une mesure hygiénique dans la mesure où les étudiants se laveraient les mains au préalable (dans l'idéal) et ne toucheraient ainsi que leur plateau et la nourriture. Il n'y aurait aucun contact avec l'argent. Le RU pourrait également sensibiliser les étudiants au gaspillage par des affichages comme « Attention au gaspillage » ou disposer des photos des poubelles du RU avec les quantités d'aliments gaspillés. Cette prévention serait un moyen d'impacter leur comportement et ainsi de leurs faire adopter un comportement responsable. 22
  • 24. 23 Feuille de salade Pour accompagner l'entrée (rarement mangée) Sachet individuel De sauce ketchup (à priori non consommé) Plastique et emballage = Déchets inévitables Plateau exemplaire ! Les restes. C'est assez souvent. Morceau de pain à Moitié consommé Du pain gaspillé en grande Quantité. Remarque importante : Apparemment, le RU ne trie Pas les déchets ! Il faudrait reformer Le personnel Ou laisser les étudiants Le faire.
  • 25. PARTIE IV. Des solutions existent. Le bilan des résultats de nos études tend à démontrer que les étudiants ne sont pas restés insensibles au sujet du gaspillage alimentaire. Nous avons ressenti une prise de conscience chez les jeunes lors des entretiens. Certains ont clairement affiché leur volonté d'agir et d'autres nous ont révélé que lutter contre le gaspillage ne faisait pas parti de leurs préoccupations actuelles, sans pour autant dire qu'ils ont de mauvaises intentions. Bien au contraire. Ils veulent agir mais ne font rien car ils ne savent pas – ou bien ils n'agissent pas car finalement ils ne savent pas non plus. Dans les deux cas, il y a un manque de connaissances, d'informations, de communication et de prévention. Il est donc assez logique de s'interroger sur les actions qui pourraient être mises en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire. A tout problème existe une solution. Entre autre, il n'existe pas une mais plusieurs solutions pour répondre aux problèmes du gaspillage alimentaire. Des mesures sont mises en place à tous les niveaux, que ce soit sur le plan local, régional, national ou mondial. Tout un chacun prend ses responsabilités. C'est un devoir de chaque citoyen du monde de responsabiliser ces actes. Et c'est ensemble que l'on peut faire bouger les choses. Dans cet élan de solidarité responsable, si chacun s'engage vers un même objectif, alors on évitera la catastrophe alimentaire. Le gaspillage alimentaire n'est pas une fin en soi. Chacun peut y remédier à sa manière grâce à de nombreux gestes « anti- gaspi ». Nous allons présenter un large éventail de solutions innovantes qui existent et qui se déploient à différentes échelles en France. 1. Le mouvement étudiant La jeunesse s'engage activement pour lutter contre le gaspillage alimentaire et ce n'est pas l'inspiration qui manque. Les étudiants se motivent pour proposer des solutions et mobiliser le monde étudiant ainsi que les autre consommateurs, notamment à travers des projets ambitieux. 24 www.zero-gachis.fr www.challenges.fr
  • 26. A Brest par exemple, 3 étudiants alarmés par les chiffres du gaspillage alimentaire sont à l'origine du concept « Zéro-gâchis ». C'est un concept innovant basé sur la création de rayons dans les grandes surfaces dont le but est de mettre en avant tous les produits proches de leur date de péremption à des prix réduits (allant jusqu'à 70 % moins chers). C'est un moyen pour les consommateurs de réaliser des économies, notamment pour les étudiants qui ont un pouvoir d'achat assez faible et dont la principale source de motivation d'achat est le prix, et dans le même temps, de réduire le gaspillage alimentaire en achetant des produits à consommer rapidement. Ce concept zéro gâchis est aussi, dans une certaine mesure, un moyen de mettre en relation les consommateurs et les magasins par l'intermédiaire d'un site en ligne avec un système de géolocalisation intégré. Ce service est entièrement gratuit. Il suffit simplement d'entrer son code postal ou le nom de sa ville pour trouver s'il y a un magasin partenaire proche de chez soi. Créée en 2013, la start-up d'origine bretonne travaille avec des distributeurs tels que Carrefour, E. Leclerc, Système U et le groupe Les mousquetaires, plus particulièrement avec Intermarché. Selon les derniers chiffres, l'entreprise est présente dans 70 magasins en France. Elle est facilement reconnaissable grâce à des têtes de gondoles entièrement dédiées à ces produits et des étiquettes de prix orange. En 2014, Zéro-Gâchis aurait permis d'éviter le gaspillage de 342 tonnes d'aliments, un pas en avant dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Les étudiants de cette start-up ont vu plus loin. Ils ont récemment lancé leur application mobile pour permettre aux consommateurs d'être au courant des bonnes affaires et ont développé un nouveau système d'étiquetage, plus moderne pour les consommateurs et plus simple pour le personnel du magasin. C'est donc à la fois un service facilitant et une service innovant. En deux ans, l'entreprise a rencontré un énorme succès et souhaite se développer davantage dans l'hexagone. Elle prévoit de conquérir d'autres magasins d'ici l'année prochaine. On l'espère, à Troyes, car le concept nous plaît beaucoup. 25 source: www.zero-gachis.com
  • 27. D'autre part, à Lyon, 3 étudiants de l'école de management l'IFAG Lyon veulent mettre fin au gaspillage alimentaire, notamment dans le secteur de la restauration. Ils sont à l'initiative de la start-up TakeAway qui a lancé le « doggy bag », un concept très répandu dans les pays anglo-saxons et qui commence à se développer en France. Le principe est de pouvoir emporter chez soi les restes de son repas au restaurant. L'entreprise propose alors des box en carton qui prennent la forme d'une assiette une fois ouverte et des sacs pour emporter des bouteilles déjà entamées. Les français ne sont pas encore de grands adeptes de ce concept, qui s'est pourtant généralisé aux Etats-Unis. C'est gênant de réclamer ses restes pour la maison, une gêne qui s'explique sans doute par peur d'être jugé de « radin » par les autres. Néanmoins, la jeune start-up créée en 2014 est ambitieuse et veut démocratiser le doggy bag en France, auprès des clients et des restaurateurs. Pour convaincre les restaurants, ils ont élargi leur gamme de box et proposent des box personnalisées à l'image des restaurateurs (par exemple, avec le menu du restaurant). Ils comptent déjà à leur actif une cinquantaine de restaurateurs à travers la région lyonnaise et projettent de faire des partenariats avec 300 restaurants sur le marché national d'ici 2016, leur objectif étant de faire évoluer les mentalités. Ces deux dispositifs de zéro-gâchis et des doggy bags sont de belles initiatives étudiantes et visent la consommation en foyer et la consommation collective. A travers leurs projets de réduction du gaspillage alimentaire, les étudiants nous prouvent qu'il est possible d'allier un problème de consommation à la création de liens sociaux, au partage d'idées et à l'entrepreunariat. La liste des actions étudiantes mises en place est loin d'être exhaustive, d'autant plus que les étudiants éprouvent un intérêt grandissant pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Nous avons choisi ces start-ups car elles ont rencontré un franc succès . Beaucoup d'articles de presse sont parus en ligne. Ces entreprises affichent une forte présence digitale via leur site internet et les réseaux sociaux. Ce sont de beaux exemples de réussite à prendre en compte. Ils nous ont donné envie d'agir. 26 source: www.takeaway.com Signe de soutien aux restaurateurs parisiens et aux victimes des attentats terroristes
  • 28. A Troyes, aucune initiative étudiante n'a encore été prise. Et si le gaspillage alimentaire serait un thème abordé dans l’Education, les écoles primaires, les établissements secondaires et même à l'université ? Et si nous faisions de la prévention pour sensibiliser les jeunes de l'agglomération troyenne? C'est vers cet axe de réflexion éthique que nous aimerions nous orienter. Ce serait un moyen pour partager notre engagement, mobiliser notre génération et les générations plus jeunes car c'est ensemble que nous bâtirons le monde demain. Les étudiants ne sont pas les seuls à afficher leur engagement. De nombreux acteurs ont pris conscience de l'importance de lutter contre ce fléau. Des actions citoyennes se développent partout en France, des associations et les banques alimentaires se battent pour récupérer des denrées alimentaires encore consommables, les entreprises essayent de trouver des solutions et les politiques tentent de mettre en place des mesures pour instaurer un cadre légal pour tous et agir en faveur de l'environnement. 2. D'autres actions pour le changement Le glanage Depuis quelques années, les citoyens agissent de manière plus responsable à titre individuel ou en groupe pour une société plus solidaire et moins égoïste, l'objectif étant de lutter contre le gaspillage alimentaire. Ils essayent d'adopter les bons gestes au quotidien, comme cuisiner les restes ou faire du composte. D'autres choisissent de « glaner ». Comportement éthique ou dérive à la consommation ? Le glanage est « autorisé entre le lever et le coucher du soleil, le ramassage des fruits et légumes non ramassés dans les champs et les vergers, et des objets laissés dans la rue. » (Art. R26 du code pénal). C'est une technique qui prend de l'ampleur en France. Les glaneurs sauvent des tonnes de nourriture de la destruction. Sauver, récupérer, manger, donner et économiser sont les principales motivations de ces glaneurs. A Troyes, un jeune homme fait des virées nocturnes pas comme les autres12 . Révolté par la situation actuelle sur le gaspillage alimentaire, il décide de fouiller avec ses amis dans les containers des grandes enseignes de distribution. C'est plus par conviction éthique et écologique que pour des raisons financières qu'il glane. En effet, il ne conçoit pas qu'autant de nourriture encore bonne à la consommation puisse être jetée. .Il existe également d'autres mouvements de glaneurs comme les Gas'pilleurs, surnommés les « Robins des bois du gaspillage alimentaire »13 à Lyon. Autres glaneurs, La Tente des glaneurs de Lille qui est une association de bénévoles. Par leurs implications dans ce type d'associations, ces citoyens bénévoles se sentent utiles pour la société et pour l'environnement. Ils récupèrent la nourriture sur les marchés et la redistribuent à ceux qui en ont le plus besoin. A la tête de cette association, Jean-Loup 12 Source : l'est éclair. « Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, ils glanent dans les poubelles ». (2015) 13 Source : www.lexpress.fr « Les Gars'pilleurs, Robin des bois du gaspillage alimentaire » (2015). 27
  • 29. Lemaire parle de création de « lien social » et refuse le terme « d'assistanat ». Ce chef des glaneurs a même fait déposer sa marque « la Tente des glaneurs » à l'INPI (Institut National de la Protection Industrielle). Son association fonctionne sous forme de franchises dans d'autres villes de France, telles que Caen, Grenoble ou encore Paris.14 Leurs forces principales: la solidarité et l'entre-aide. Lutter ensemble contre une même cause est créateur de liens sociaux. L'aide alimentaire Pour les banques alimentaires, les pertes alimentaires sont un « luxe » inacceptable. Les banques alimentaires veulent limiter le gâchis et lutter contre la faim. Elles ont pour rôle de récupérer les produits consommables chez de nombreux partenaires (les distributeurs, les associations, les donateurs anonymes, les mécènes etc.) afin de redistribuer cette nourriture aux plus démunis. En France, les banques alimentaires viennent en aide à 4 millions de personnes. En 2014, elles auraient distribué 100 000 tonnes de nourriture.15 Parmi les banques alimentaires, les plus connues sont La banque alimentaire, Le secours Populaire, les Restos du coeur et la Croix Rouge. Cette lutte contre le gaspillage soulève un problème économique et social important. L'assistante alimentaire est une preuve que notre pays n'est pas épargné par la pauvreté, la précarité et la désintégration sociale. Le don des entreprises Les entreprises s'engagent aussi dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, notamment les commerçants et les grands distributeurs. 30 % des donateurs aux banques alimentaires sont des distributeurs. « En 2014, près de 34 000 Tonnes ont été collectées dans 1879 magasins appartenant à des enseignes comme Carrefour (à lui seul, le groupe fournit plus d'un tiers de la ramasse), Leclerc, Auchan, Casino, System U, le grossiste Métro, Intermarché ou Cora. »16 La communication : un moyen de sensibiliser Communiquer est un moyen de sensibiliser et de toucher le grand public. Afin de faire évoluer les comportements et de réduire le gaspillage alimentaire, de nombreuses campagnes publicitaires « anti-gaspi » se sont développées sur Internet, le tout sur un ton humoristique et parfois décalé. On peut noter par exemple la campagne digitale du Ministère de l'agriculture qui avait lancé en 2012 « Manger c'est bien, jeter ça craint ». Il y a également eu la campagne de l'ADEME qui a lancé 4 spots publicitaires en ligne sur les « Poubelles boulimiques anonymes » en 2013. On peut aussi faire remarquer la campagne publicitaire de l'enseigne Intermarché sur « les fruits et légumes moches » en 2014 qui a été un succès. 14 Source : www.m.lavoixdunord.fr « Lille : la tente des glaneurs en première ligne contre le gaspillage 15 Source : www.banquealimentaire.org, Rapport d'activités 2014 16 Source : http://www.banquealimentaire.org/articles/une-histoire-de-partage-0048 28
  • 30. D'autre part, un long métrage d'actualité a également été tourné pour sensibiliser au gaspillage alimentaire. C'est le film « Discount », une comédie sociale engagée écrite par le réalisateur Jean-Louis Petit. Ce film met en avant l'engagement des employés d'un magasin dans le gaspillage alimentaire et critique également les caisses automatiques. « Discount » est sorti en janvier dernier. Le maître-mot du film est: « solidaire ».17 De nouvelles avancées en matière de politique D'une part, Guillaume Garot, l'ex-ministre de l'agroalimentaire a présenté le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire en juin 2013 qui réunit tous les acteurs concernés de la chaîne alimentaire. L'objectif est de diminuer par deux le gaspillage alimentaire en France d'ici à 2025. Il a également lancé la journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire (à la base c'était la journée mondiale de l'alimentation). Enfin, le 14 avril 2015, il a remis son rapport sur le gaspillage alimentaire à Ségolène Royale, Ministre de l'Ecologie et à Stéphane Le Foll, le nouveau ministre de l'Agriculture. Dans son rapport, il s'intéresse à la responsabilité des acteurs du gaspillage alimentaire à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, aux outils d'une politique publique et parle « d'autre modèle de développement ». Il a ainsi rédigé 36 propositions pour une politique publique de lutte contre le gaspillage alimentaire. Cette année, la 3ème édition de la journée de lutte contre le gaspillage alimentaire en France s'est déroulée le 16 octobre 2015. A cette occasion, le ministère de l'Agriculture de Stéphane Le Foll à lancé une nouvelle campagne de sensibilisation sur Internet en lien avec la COP21, la conférence des nations unis sur les changements climatiques. Le ministère a développé des visuels pour le grand public mais également pour les adolescents parmi lesquels un visuel avec le slogan « gaspiller c'est pas swag ». Ils ont alors organisé l'opération « anti-gaspi, pour le climat aussi » à Pais et ont mis en place divers ateliers pour sensibiliser les citoyens à changer leurs comportements de consommation. 17 Source : www.allocine.fr « Bande-annonce Discount » 29 "Le succès de la campagne d'Intermarché pour les fruits et légumes moches ou la fatigue du tout standardisé » source: www.slate.fr
  • 31. Source : www.agriculture.gouv.fr Le ministère de l'agriculture a également rédigé un document résumant les 10 gestes anti-gaspi simples à adopter au quotidien et une fiche pratique pour mieux utiliser son réfrigérateur. 30 source: www.agriculture.gouv.fr
  • 32. D'autre part, la loi sur la transition énergétique a été promulguée le 17 août 2015. Cette loi interdit de « rendre impropre à la consommation des denrées consommables », notamment par les pratiques de javellisation. Ségolène Royale, la Ministre de l'Ecologie.18 , a déclaré : « Je pense qu'il est très important de lutter contre le gaspillage alimentaire à un moment où tout le monde n'a pas les moyens de se nourrir correctement. Il est inadmissible que les grandes surfaces détruisent des stocks alimentaires ». Elle a appelé les distributeurs à s'engager dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. L’État et les distributeurs se sont entendus sur « une convention d'engagement volontaire », un accord par lequel les distributeurs s'engagent à donner les denrées invendues aux banques alimentaires. En contrepartie, ils pourront bénéficier d'une déduction fiscale sur les dons. 18 Source : www.itele.fr « Gaspillage alimentaire : Royl va réunir les acteurs de la grande distribution dans les 10 jours » 31 source: www.agriculture.gouv.fr
  • 33. Conclusion L'étude du phénomène de gaspillage alimentaire sur un échantillon de 9 étudiants permet d'éclairer sur les comportements individuels de consommation et sur la notion d'engagement dans les pratiques de consommation des jeunes. Les étudiants semblent touchés par l'ampleur du gaspillage alimentaire et se sentent plus ou moins responsables. Si les gestes pour lutter contre le gaspillage alimentaire sont loin d'être totalement acquis, les étudiants avaient l'air engagés et ont révélé être prêts à changer leurs habitudes de consommation. En revanche, certains d'entre eux ont d'autres préoccupations et ont suggéré qu'il fallait dédramatiser la situation. En effet, des solutions existent. La recherche a été un moyen de sensibilisation auprès de notre cible étudiante. Ils ont apprécié cette démarche et ont pris un certain plaisir à participer à notre travail. Ils ont été ravis d'avoir été sollicités et d'avoir pu réagir sur le sujet. Ce travail a été le fruit d'un bel échange et d'une relation basée sur l'écoute et l'observation. En prenant du recul sur notre travail, notre étude qualitative sur les étudiants ne permet en aucun cas de représenter ce segment de marché de manière générale. En effet, c'est illusoire d'expliquer un phénomène avec un panel de répondants peu nombreux et sans aucunes validités statistiques. Notre étude nous a tout de même permis d'explorer le phénomène du gaspillage alimentaire chez les étudiants. Cette recherche a été très enrichissante sur le plan académique, personnel et humain. Ce travail est un aboutissement de plusieurs années d'études. Nous sommes à la fois excitées et nostalgiques de quitter prochainement l'université. Sur le plan humain, nous avons pu collaborer avec nos camarades et travailler en équipe. Enfin, sur le plan personnel, cela nous a permis d'acquérir des connaissances et nous a prouvé qu'il ne fallait pas se sous-estimer. Nous en avons été capables. Tout comme le gaspillage alimentaire, ce n'est pas un défi insurmontable. D'ailleurs à ce propos, un autre défi mondial fait l'actualité en ce moment. Cette année la France est le pays d'accueil de la COP21, la 21ème édition de la conférence des nations unies sur le climat. C'est une réunion durant laquelle les 195 états de la Convention- cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) vont négocier. Ces négociations durent 2 semaines, du 30 novembre au 11 décembre 2015 et l'objectif pour ces pays est de convenir sur un accord international pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Le gaspillage alimentaire est de très près lié au réchauffement climatique car c'est une des sources d'émissions de gaz à effets de serre. Finalement, pour les étudiants qui pensaient qu'agir à leur échelle n'était pas efficace, nous pourrons désormais leurs affirmer que leurs gestes du quotidien sont de grands pas en avant pour l'avenir. Non seulement, cela est engagement de lutte contre le gaspillage alimentaire, contre la faim dans la monde et c'est également un moyen d'agir pour la planète en limitant le réchauffement climatique. 32
  • 34. Perspectives Nous avons pris énormément de plaisir à travailler sur cette recherche. Cela nous a donné envie de nous impliquer davantage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous estimons que notre génération a un grand rôle à jouer dans cette lutte. Le monde étudiant est une force essentielle pour demain et c'est en ce sens que nous voulons agir. Si les mouvements étudiants s'engagent partout en France, alors pourquoi pas nous ? Ce travail s'achève sur cette feuille, mais il sonne le début d'une longue lutte contre le gaspillage alimentaire dans l'agglomération troyenne. L'aboutissement idéal serait de créer notre propre communication par des affichages urbains et des affichages dans tous les établissements d'études supérieures à Troyes mais également sur le canal digital. Nous souhaiterions également organiser un meeting étudiants lors duquel nous pourrions discuter d'éventuelles actions à mettre en place au niveau local. Voici d'autres exemples d'idées concrètes que nous aimerions mettre en place : – créer une carte des menus du Restaurant Universitaire de Troyes avec les plats favoris des étudiants. Nous avons déjà perdu notre cafétéria. Le RU ne fonctionne pas aussi bien qu'avant car les étudiants boudent les plats. Le but est de continuer de faire vivre ce restaurant avec l'implication des étudiants. De cette manière, le RU éviterait de gaspiller les plats qui ont bien du mal à se vendre. – A l'instar des English Nights organisées à Troyes par un professeur de l'université, organiser des « cooking nights », des soirées étudiantes autour de la cuisine d'aliments entamés. Le but est que chacun ramène les produits de son frigo pour faire des recettes. L'idée est de partager un moment de convivialité et d'éviter le gaspillage alimentaire. On veut prouver qu'avec les restes ont peut faire de bonnes recettes , il suffit d'un peu d'imagination. – Faire une campagne de communication autour du gaspillage alimentaire à l'université pour sensibiliser – Démarcher les écoles primaires et proposer des jeux pour sensibiliser au gaspillage. Par exemple, ramener des fruits et légumes « moches » et faire deviner le nom des produits. C'est lutter contre le gaspillage alimentaire mais c'est aussi dans objectif de santé en prônant la consommation de fruits et légumes – Démarcher les établissements secondaires pour organiser des visites à l'université. Ici, on aurait un double objectif : sensibiliser au gaspillage alimentaire et proposer en échange une visite guidée pour familiariser les futurs étudiants aux locaux de la fac. Nous débordons d'idées. Nous souhaitons mettre nos connaissances et nos compétences en communication et marketing au profit de notre futur projet de lutte contre le gaspillage alimentaire. 33
  • 35. Références bibliographiques ADEME, Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, Eviter le gaspillage alimentaire, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://www.ademe.fr/particuliers-eco- citoyens/dechets/reduire-dechets/eviter-gaspillage-alimentaire ADEME, Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, Opération foyers témoins pour estimer les impacts du gaspillage alimentaire des ménages, [en ligne], 2014. Disponible sur : http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/estimer- impacts-du-gaspillage-alimentaire-des-menages.pdf Allociné, « Bande-annonce Discount : une comédie sociale engagée », [en ligne], 2015. Disponible sur http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18637585.html Ambassade de France, Programme européen d'aide alimentaire aux plus démunis, [en ligne], 2011. Disponible sur : http://www.ambafrance-es.org/Programme-europeen-d- aide Banques alimentaires, Les Banques Alimentaires ont été fondées sur des principes qui régissent encore le quotidien des 79 Banques Alimentaires et 23 antennes : la lutte contre le gaspillage alimentaire, le partage, le don, la gratuité, le bénévolat et le mécénat.[enligne], 2015.Disponible sur :http://www.banquealimentaire.org/articles/une- histoire-de-partage-0048 Banques alimentaires, Rapport d'activités 2014, [en ligne], 2014. Disponible sur : http://www.banquealimentaire.org/sites/default/files/2_rapannuel_ba_2014_180615_bd. pdf Baudrillard, Jean. La société de consommation, Folio, (1970), essais N°35, p.17 – 55. Bio à la une, Gaspillage alimentaire, les Français sont-ils prêts à adopter le doggy bag ?, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://www.bioalaune.com/fr/actualite- bio/28234/gaspillage-alimentaire-francais-ils-prets-adopter-doggy-bag Commission Européenne, Preparatory study on food waste across EU 27, [en ligne], 2010. Disponible sur : http://ec.europa.eu/environment/eussd/pdf/bio_foodwaste_report.pdf Cop21, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://www.cop21.gouv.fr/ FAO, Food Wastage footprint, Impacts on natural resources, [en ligne], 2013. Disponible sur : http://www.fao.org/docrep/018/i3347e/i3347e.pdf FAO, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Pertes et gaspillage alimentaire dans le monde, ampleur, cause et prévention, [en ligne], 2011. Disponible sur: http://www.fao.org/docrep/016/i2697f/i2697f.pdf FAO, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Pour nourrir le monde, réduisons nos pertes alimentaires, [en ligne], 2011. Disponible sur: http://www.fao.org/save-food/ressources/keyfindings/fr/ 34
  • 36. FNE, France Nature Environnement, Du gaspillage alimentaire à tous les étages, [en ligne], 2013. Disponible sur: http://www.fne.asso.fr/dechets/gaspillage- alimentaire/dossier-thematique-du-gaspillage-a-tous-les-etages_fne_decembre2013.pdf Garot, Guillaume. Lutter contre le gaspillage alimentaire:Propositions pour une politique publique, Rapport au Premier Ministre Manuel Valls, (2014) Geek and Food, Une startup lance le doggy bag à la française, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://geekandfood.fr/take-away/ INED, Institut natioanl d'études démographique, Sept milliards d'êtres humains aujourd'hui, combien demain ?, [en ligne], 2011. Disponible sur : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19150/482.fr.pdf INPES, Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire, [en ligne], 2013. Disponible sur : http://www.inpes.sante.fr/etudes/pdf/2013-abena2-rapport.pdf Le Borgne, Guillaume, La sensibilité du consommateur au gaspillage alimentaire : proposition d'une échelle de mesure, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://prodinra.inra.fr/ft?id=EB23BFC6-B462-42C4-90A8-1BC73A2288BA L'est éclair, Pour lutter contre le gaspillage, ils glanent dans leur nourriture dans les poubelles, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://www.lest-eclair.fr/troyes/pour-lutter- contre-le-gaspillage-ils-glanent-leur-ia0b0n346317 Lyon Capitale, Take Away : une start-up lyonnaise contre le gaspillage alimentaire, [en ligne], 2015. Disponible sur :http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Communs/Univers/A- table/Actualite/TakeAway-une-start-up-lyonnaise-contre-le-gaspillage-alimentaire Mars, Frédéric. Comment j'ai arrêter de consommer, Pocket, (2012) Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, Les chiffres du gaspillage alimentaire, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://agriculture.gouv.fr/alimentation/les- chiffres-du-gaspillage-alimentaire Mourard, Marie. Quels militantisme face au gaspillage alimentaire ?, [en ligne], 2012. Disponible sur : http://appli6.hec.fr/amo/Public/Files/Docs/279_fr.pdf Ouest France, Justice et Liberté, Gaspillage alimentaire. « Un enjeu éthique, économique et écologique », [en ligne], 2014. Disponible sur : http://www.ouest- france.fr Parfitt, Julian., Barthel, Mark., Macnaughton, Sarah. Food waste within food supply chains: quantification and potential for change to 2050, (2010), volume 365, issue 1554 Programme Alimentaire Mondial, La faim, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://fr.wfp.org/faim Roustel, Damien. Plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim, [en ligne], 2014. Disponible sur : http://www.humanite.fr/plus-de-800-millions-de-personnes- souffrent-de-la-faim-552870 35
  • 37. Slate, "Le succès de la campagne d'Intermarché pour les fruits et légumes moches ou la fatigue du tout standardisé », [en ligne], 2014. Disponible sur : http://www.slate.fr/story/88433/campagne-intermarche-fruits-et-legumes-moches TakeAway, [en ligne], 2014. Disponible sur : http://www.takeaway-group.com/ We love entrepreneurs, #Startup Take Away lutte contre le gaspillage alimentaire des restaurants, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://www.we-love-entrepreneurs.com/la- startup-du-jour-takeaway-lutte-contre-le-gaspillage-alimentaire-des-restaurants/ Zéro Gâchis, [en ligne], 2013. Disponible sur : https://zero-gachis.com/ 1001 Start-ups, Ces start-ups qui luttent contre le gaspillage alimentaire, [en ligne], 2015. Disponible sur : http://1001startups.fr/lutte-gaspillage-alimentaire/ 36
  • 38. Annexes Récapitulatif des annexes • Annexe 1 : Guide d'entretien • Annexe 2 : Entretien avec Kev Adams • Annexe 3 : Entretien avec Mateus • Annexe 4 : Entretien avec Annie • Annexe 5 : Entretien avec Leila • Annexe 6 : Entretien avec Irène • Annexe 7 : Entretien avec Thomas • Annexe 8 : Entretien avec Sophie • Annexe 9 : Entretien avec Julia • Annexe 10 : Entretien avec Sabrina • Annexe 11 : Observation participante 37
  • 39. Annexe 1 Guide d'entretien Phrase d'approche: Afin de réaliser notre mémoire, nous souhaitons vous interroger sur votre consommation. L'objectif est simple. Nous aimerions seulement comprendre vos comportements et vos pratiques de consommation qui reflètent les tendances actuelles de consommation des jeunes étudiants. Merci de nous accorder un peu de votre temps. D'abord, pouvez-vous présenter brièvement … Nous aimerions aborder avec vous plusieurs points … 1. Profil des consommateurs • Qui fait les courses ? Si ce n'est pas vous, qui achète ? • Où faites-vous les courses ? • A quelle fréquence? • Quel est votre budget en moyenne pour les courses ? 2. Processus de consommation • Qu'est-ce que vous acheter généralement (? Le plus souvent ? Et les produits frais ? • Que pensez-vous de ces fruits ?Seriez-vous prêt à manger ces fruits ? • La date de péremption est-elle importante pour vous ? • Seriez-vous prêt à acheter des produits dont la DLC (date limite de consommation) est dépassée, dans les hard-discounts par exemple ? Comment organiser vous votre réfrigérateur ? • Consommer vous rapidement les produits frais que vous avez acheter ? • êtes vous sensible aux marques ? Ou préférez-vous les marques de distributeurs ? • Produits format familial ? • Les promotions ? 38 "Les fruits moches, marchés à succès" (source: www.europe1.fr)
  • 40. 3. Comportements de consommation • Lorsque vous cuisinez, faites-vous attention aux quantités ? • Avez-vous souvent des restes ? • Si oui, que faites-vous des restes? • Qu'est-ce que vous jeter souvent ? • Seriez-vous prêt à manger des aliments dont la DLC ou DLUO est dépassée ? 4. Engagement des acteurs dans le gaspillage alimentaire • Montrer des photos choquantes pour avoir leur réaction • Objectifs: sensibiliser, faire prendre conscience, faire agir 39 source: http://www.seriousplay- info.fr/apps/blog/les-requins-disparaissent-et- la-famine-persiste%E2%80%A6-1 http://gaspillagealimentaire.blogspot.fr/
  • 41. Annexe 2 13/11/2015 Entretien avec Kev Adams chez lui Durée: 12 min – Bonjour Kev. Merci beaucoup d'avoir accepté l'entretien. Pour commencer, tu pourrais te présenter et me parler un peu de toi, qui es-tu ? où est-ce que tu habites ? – Je m'appelle Kev, j'ai 23 ans et j'suis étudiant en Master 2. J'ai une situation un peu particulière. La semaine j'suis à Troyes et le week-end chez mes parents. – D'accord. J'aimerais en savoir plus sur tes habitudes de consommation, c'est-à-dire, où est-ce que tu fais tes courses, si c'est pas toi alors qui les fait, combien tu dépenses etc … – Bah en fait la semaine je suis à Troyes dans mon appartement donc c'est moi qui fais mes propres courses. Et le week-end j'suis chez mes parents, donc bah c'est ma mère qui fait les courses pour mon frère et mon père. Je fais mes courses à « Inter » – Pourquoi « Inter » ? Parce que … – Proximité tout ça. Y a juste 2 rues à pied. Tu peux y aller en peu de temps. – T'y vas combien de fois par semaine? Combien tu dépenses à peu près ? – 1 à 2 fois par semaine après ça dépend si je mange à l'extérieur, où si je mange tous les jours à la maison ou si je mange au restaurant universitaire ect.. J'dépense environ 30/40€ par semaine, ça dépend si j'achète des produits chers. Je donne une fourchette de prix, mais globalement ça tourne autour de 30/40€. – Tu achètes quoi en général ? – J'achète des fruits et légumes, des boîtes de conserve, de la viande ... Un peu comme tout le monde en fait – Je vais te montrer une photo. Qu'est-ce que tu vois ? Qu'est-ce que ça t'inspires ? – bah je vois des fruits et légumes … – Mais des fruit et légumes … – Bah des fruits et légumes moches [rires] – Moches ? Pour toi ils … – Bah je sais pas. [silence]. Nan ... ils sont beaux. Fin ils sont normaux. – Ils sont normaux pour toi. ça te dérange pas qu'ils soient un peu déformés ? – Bah non. Bah ça à le même goût. C'est vrai que quand je vais au supermarché dans un rayon fruits et légumes, t'as tendance à plus prendre par exemple les tomates bien rondes etc. Mais bon, j'pense que c'est plus psychologique en fait… Même moi j'avoue que quand j'achète des fruits et légumes, j'prends ceux qui sont les plus beaux etc. mais au final fin … C'est les mêmes produits. – Parfois il y a des petites tâches … – Oui voilà, mais au final c'est exactement la même chose. – Oui, c'est instinctif en fait. Ensuite, j'aimerais savoir si tu fais attention aux dates de péremption quand tu achètes un produit ? – Baaaah oui, surtout pour les produits euh... [Silence]. Bah les produits par exemple comme les yaourts si je sais que je vais peut être par exemple acheter un pack et vu que je suis tout seul à manger, j'me dis que j'prends une date assez éloignée pour avoir .. bah le temps de entre guillemets pas « gaspiller » justement car j'me dis oh bah mince ils sont périmés alors du coup c'est fichu. Mais euh … souvent je regarde quand même les dates de péremption. – Donc c'est surtout pour les produits frais ? – Oui, bah oui. – D'accord. Si la date est dépassée pour un yaourt, tu serais prêt à le manger ? 40
  • 42. – Oui, bah jusqu'à une semaine après… Parce que j'avais vu un reportage comme quoi en fait les dates, elles varient en fonction de la destination, du pays. Par exemple, j'crois que pour les dom-tom ils mettent une date plus éloignée. Donc au final j'me dis que j'vais pas être malade si ça dépasse de 2/3 jours. Après forcément au bout d'une semaine, ça commence à être un peu … compliqué. Mais après moi ça me dérange pas de manger euh .. – Après c'est psychologique… – (il hausse le ton). Oui voilà en fait c'est plus psychologique qu'autre chose après. Même quand tu vois, j'sais pas euh … On est le 13 novembre, quand tu vois le 13 novembre tu fais oh il va être périmé alors qu'au final c'est juste une date indicative. C'est pas le 14 qu'il sera périmé. C'est plus psychologique. – T'as peur d'être contaminé ? – oui, c'est un peu ça. Ça doit pas être très grave, mais bah … avoir mal au ventre ou quoi que ce soit. – Peur d'une intoxication alimentaire en fait .. – Oui, voilà. – J'vais passer sur autre chose. Est-ce que tu ranges ton frigo d'une certaine manière ? Par exemple euh. – Oui je suis très organisé. C'est vrai, le fromage à sa place [rires]. Après vu que c'est un petit espace il vaut mieux être organisé. J'aime bien mettre les choses à leur place, pour les retrouver c'est plus simple. D'ailleurs les produits périmés je les mets devants pour pas oublier de les consommer. – Ah d'accord. T'as une tactique. C'est réfléchi. – Oui [rires] – Maintenant, je voulais savoir si tu achètes souvent des marques ou t'es plutôt MD, ou produits sans marques … – Euh bah moi en fait j'achète plus souvent les marques. Même si j'sais qu'au final les MDD c'est … fondam … fondamentalement la même chose mais j'sais pas c'est psychologique en fait. J'ai plus tendance à … quand y a le choix de produits j'ai plus tendance à prendre la marque connue en fait. Alors qu'au final même si j'sais au fond de moi qu'c'est .. La MDD elle est pas plus mauvaise mais j'sais pas c'est … pour moi c'est gage de qualité en fait. – Ah même si tu sais que pour le produit c'est le même producteur … – oui, oui … [rires]. – Et tu achètes des packs format familial ou … – Si, ça m'arrive. Par exemple pour les .. bah les gâteaux ou les choses qui se conservent longtemps en fait. Des fois ça peut être intéressant au niveau du prix. Quand il y a une offre promotionnelle, on se dit que le moment d'acheté. Et y aura pas de gâchis parce que je les consomme rapidement. – donc là pour les produits non périssables. Et pour les yaourt par exemple … – Pour les yaourt par exemple, je prends si je sais que ça va être mangé. Mais si la date … Dans 3 jours ils seront périmés et que y en a 12, je pourrais pas tous les manger donc je prends pas. – Donc finalement tu n'achètes pas que des promotions. ça dépend des produits. – Oui voilà. – Maintenant, j'aimerais savoir est-ce que tu cuisines ? Et si oui, fais-tu attention au nombre de personnes ou t'en fais beaucoup trop … – bah en fait euh … je cuisine surtout quand j'suis à l'appartement. Des fois chez moi ça m'arrive, sinon c'est ma mère. Mais sinon euh … [hésitation, rires]. J'ai toujours tendance à en faire de trop ... 41