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Les tensions couvent en Europe, et se manifestent, d’élection
en élection, par des bouleversements qui affaiblissent les
partis traditionnels et redessinent les paysages politiques.
Le terme générique de populisme masque trop souvent
la diversité de ces phénomènes. De la même manière, les
motivations associées à ces mouvements émergents sont
parfois trop exclusivement associées à la question migratoire
et à la défiance envers les institutions européennes. Certes,
il s’agit là de deux enjeux majeurs, qui tous deux concernent
le rapport à l’altérité (ce qui est autre, étranger, extérieur).
Mais il existe aussi des tensions internes au sein des États
membres de l’UE, et cette nouvelle enquête du Centre Kantar
sur le Futur de l’Europe montre que les inégalités attisent
fortement ces tensions. Etudiées dans quatre pays parmi les
plus prospères de l’Europe (Grande-Bretagne1
, Allemagne,
France, Pays-Bas) la perception des inégalités y apparaît
comme un phénomène massif et s’aggravant, avec toutefois
des niveaux de sensibilité et d’appréhension du phénomène
variant fortement d’une culture à l’autre. Cependant, ces
mêmes sociétés font face à des questions démographiques,
sociales et sociologiques communes considérées de manière
égale comme génératrices d’inégalités : vieillissement, accès
aux soins, incertitudes sur l’avenir du monde du travail.
Ces phénomènes représentent autant de défis communs
qui pourraient conduire à des politiques concertées, voire
menées à l’échelle européenne. Au-delà des inégalités au
sein des pays, la question des inégalités entre États membres
est un sujet sur lequel l’Union européenne est attendue.
D’ailleurs, il est intéressant de constater que selon les
citoyens, l’Union européenne ne fait pas moins bien que les
Gouvernements nationaux en ce qui concerne la réduction
des inégalités.
Pour en savoir plus, contacter
Emmanuel Rivière
CEO Kantar Public France & Président
du Centre Kantar sur le Futur de l’Europe
emmanuel.riviere@kantarpublic.com
Julien Zalc
Consultant Kantar Public Brussels
du Centre Kantar sur le Futur de l’Europe
julien.zalc@kantarpublic.com
Les inégalités, une réalité européenne
de plus en plus aiguë
La crise économique et financière de 2007-2008 qui a
fragilisé les économies européennes semble enfin en voie
d’être surmontée. En effet, les dernières prévisions de la
Commission européenne2
estiment que la croissance
économique s’est accélérée en 2017 en France (+1,8%), en
Allemagne (+2,2%) et aux Pays-Bas (+3,2%), mais pas en
Grande-Bretagne avec +1,8% en 2017 contre +1,9% en 2016
et +2,3% en 2015. De nombreux indicateurs économiques
s’améliorent pour retrouver leur niveau d’avant la crise. Mais
les conséquences sociales de la crise restent, elles, sensibles
et l’enquête que nous avons menée dans ces quatre pays
met à jour une société jugée de plus en plus inégalitaire.
Les inégalités sont en effet perçues comme un problème
modéré ou majeur par la majorité des citoyens
interrogés, mais avec une intensité qui varie fortement
entre les pays, et ce en raison de facteurs culturels,
sociologiques ou économiques.
1 L’enquête a été réalisée en Grande-Bretagne. Cependant, quand ils étaient interrogés sur la situation
dans leur pays, la question portait sur la situation en Grande-Bretagne : par exemple « De nos jours en
Grande-Bretagne, les différences de revenu entre individus sont bien trop grandes ». C’est pourquoi les
deux termes sont utilisés dans cette analyse.
2 European Economic Forecast, Spring 2018, Institutional Paper 077, May 2018
INÉGALITÉS EN
EUROPE DE L’OUEST :
DES DIFFÉRENCES DE PERCEPTIONS,
UN DÉFI COMMUN
UN DOCUMENT DE RÉFLEXION DU CENTRE KANTAR
SUR LE FUTUR DE L'EUROPE
2INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
3 Coefficient de Gini, Eurostat, 05/2018
L’Allemagne et la France se distinguent des Pays-Bas
et surtout de la Grande-Bretagne. Pour les Français et
les Allemands interrogés, les inégalités sont un problème
majeur : respectivement 38% et 37% pour 10% aux Pays-
Bas et 16% en Grande-Bretagne. La France et l’Allemagne
sont sensibles aux inégalités quel que soit le niveau analysé :
national, européen ou mondial. Les Pays-Bas, pour leur part,
y sont également sensibles, mais seulement aux niveaux
européen et mondial, comme si les Néerlandais, partageant
le constat d’une Europe et d’une planète plus inégalitaires,
s’estimaient relativement préservés. La Grande-Bretagne,
quant à elle, semble avoir un rapport plus distancié par
rapport à cette thématique des inégalités, elles sont
considérées comme un problème majeur par moins de
20% des Britanniques interrogés aux niveaux national
et européen, contre 41% pour les inégalités au niveau
mondial. La comparaison de ces résultats avec le coefficient
de Gini (qui mesure l’inégalité des revenus dans un pays
entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité parfaite) illustre
l’écart qu’il peut y avoir entre ces opinions et les méthodes
d’objectivation des inégalités. En effet ce coefficient montre
que les inégalités sont relativement faibles en 2016 en
France (0,293), en Allemagne (0,295) et aux Pays-Bas
(0,269) et légèrement supérieures (c’est-à-dire très
modérées) en Grande-Bretagne (0,315)3
.
Cette différence de perception s’observe aussi lorsqu’on
s’intéresse à la question de l’évolution des inégalités
depuis dix ans au niveau national. Une majorité de
Français (64%, dont 32% beaucoup augmenté) et surtout
d’Allemands (82%, dont 54% beaucoup augmenté)
considèrent ainsi qu’elles ont augmenté depuis 10 ans tandis
que les Néerlandais sont plus nuancés (59% pensent
qu’elles ont augmenté mais « seulement » 17% qu’elles
ont beaucoup augmenté).
Total
Un problème majeur
+ Un problème modéré
DANS QUELLE MESURE LES INÉGALITÉS SONT-ELLES UN PROBLÈME ? …
Quatre pays, trois visions
Dans la zone
où vous vivez 48%
23%
43%
27%
Dans (VOTRE PAYS) 53%83% 57%74%
Au sein de l’Union
européenne
51%84%72% 70%
Dans le monde 66%91% 86%78%
3INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
GLOBALEMENT, LES RESPONSABILITÉS SUIVANTES INCOMBENT-ELLES OU NON AU GOUVERNEMENT ?
Total
Tout à fait + Probablement
Assurer les soins de santé
Donner un niveau de vie
décent aux personnes âgées
Donner des bourses aux
étudiants de familles
défavorisées
Assurer un logement
décent aux démunis
Réduire les écarts de revenu
entre riches et pauvres
Donner un niveau de vie
décent aux chômeurs
Garantir un emploi à chacun
Aider les minorités
à trouver leur place
dans la société
82%
79%
81%
82%
97%
96%
88%
83%
72%
85%
84%
71%
71%
63%
61%
65%
59%
52%Fournir un accès à internet
90%
89%
86%
81%
82%
79%
77%
75%
68% 65%
80%
67%
76%
76%
75%
95%
94%
87%
4INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Les Britanniques se distinguent à nouveau : 36% d’entre eux
pensent que les inégalités ont augmenté ces dix dernières
années et près d’un tiers (31%) considère qu’elles se sont
maintenues à un niveau identique. Le coefficient de Gini
montre au contraire une baisse des inégalités dans
les quatre pays entre 2008 et 2016, il passe en France de
0,298 à 0,293, en Allemagne de 0,302 à 0,295, aux Pays-Bas
de 0,276 à 0,269 et surtout en Grande-Bretagne de 0,339
à 0,315.
Derrière ce constat et dans le détail, une large majorité
des Européens interrogés considère aujourd’hui que les
inégalités de revenu sont trop grandes. C’est notamment
le cas en France (82%) et en Allemagne (88%) et dans une
bien moindre mesure aux Pays-Bas (68%) et en Grande-
Bretagne (64%). En conséquence, ils considèrent que le
gouvernement devrait assurer une meilleure redistribution
des richesses (cet avis étant partagé par 78% des personnes
interrogées en France, 69% en Allemagne, 56% aux Pays-Bas
et 61% en Grande-Bretagne).
Trois mêmes priorités assignées aux
gouvernements dans les quatre pays
Un consensus se dégage parmi l’ensemble des citoyens
interrogés lorsqu’il s’agit des responsabilités (en liens
avec les inégalités) qui incombent à leur Gouvernement
national. Il ne fait aucun doute pour eux qu’il se doit
d’assurer les soins de santé (ils sont au moins 80% à le
penser dans les quatre pays de notre enquête), de permettre
un niveau de vie décent aux personnes âgées (au moins
80%) et d’affecter des bourses aux étudiants de familles
défavorisées (au moins 70%). Une hiérarchie qui fait écho
à des enjeux majeurs en termes de politiques publiques
: le vieillissement de la population avec le risque d’une
paupérisation des seniors qui sont de plus en plus nombreux
mais aussi l’accès aux études pour les plus défavorisés dans
un contexte ou le niveau d’éducation est perçu comme un
gage de réussite dans la vie pour plus de 9 personnes sur 10,
dans tous les pays concernés par l’enquête.
Lorsqu’il s’agit d’emploi, environ 80% des Français,
Allemands et Néerlandais pensent qu’il est de la
responsabilité de leur Gouvernement national de
garantir un emploi à chacun, alors même que les taux de
chômage dans ces pays sont différents : la France (8,8%),
l’Allemagne (3,4%), les Pays-Bas (3,9%)4
. Les Britanniques
ne sont en revanche que 65% à approuver cette affirmation
pour un taux de chômage de 4,1%.
En matière de réduction des écarts de revenu entre
les riches et les pauvres, le constat est similaire : 82%
des Français, 83% des Allemands et 76% des Néerlandais
considèrent que c’est une responsabilité qui incombe à
leur Gouvernement national pour seulement 63% des
Britanniques. Cependant lorsqu’il s’agit de tirer le bilan de
leur gouvernement sur ce sujet, le constat est sans appel
pour eux : il s’agit d’un échec.
L’Union européenne invitée à agir
sur les inégalités
La perception des inégalités dans l’Union européenne
comme un problème – et comme un problème allant
s’aggravant – est partout aussi forte que s’agissant des
inégalités dans leur propre pays. Rien d’étonnant, dès lors,
à ce qu’il existe également, dans l’opinion de ces quatre
pays, une réelle légitimité de l’Union à agir sur la
réduction des inégalités entre les personnes, les régions
et les Etats membres de l’UE. Alors même que les principes
et les objectifs du projet européens sont de plus en plus
discutés, la coopération européenne est perçue comme
une responsabilité de l’Union européenne pour plus des
trois quarts des Français (78%), des Allemands (82%) et
des Néerlandais (84%), et un peu moins des deux tiers des
Britanniques (63%). Aider les personnes les plus défavorisées,
ou encore les régions européennes les plus défavorisées,
sont aussi des devoirs attribués à l’UE. La responsabilité de
l’Union dans l’aide aux pays les moins développés en dehors
de l’UE est en revanche plus mitigée (56% en France, 51% en
Allemagne, 58% aux Pays-Bas et 42% en Grande-Bretagne
jugent que ça l’est « sûrement » ou « probablement »).
Néanmoins les Européens éprouvent des difficultés à
juger le bilan de l’Union et environ un tiers des citoyens
interrogés répondent que le bilan de l’Union européenne n’est
ni un échec, ni un succès parmi les différents domaines cités.
On ne retrouve certes pas ici la sévérité du jugement porté
sur les gouvernements nationaux, mais cette incertitude,
contrastant avec le niveau élevé des attentes, signale sans
doute une difficulté des institution européennes à faire
comprendre ce qu’elles accomplissent dans ces domaines.
La perception de l’existence d’inégalités,
élément générateur de conflits ?
Preuve que la perception du niveau des inégalités a
un impact (négatif) sur le niveau de tension et de
conflictualité des sociétés européennes, les Allemands,
les Français et les Néerlandais considèrent majoritairement
que des situations inégalitaires peuvent susciter des conflits
importants en leur sein. Encore une fois, c’est moins le cas
en Grande-Bretagne. Ainsi, 61% des personnes interrogées
en France, 67% en Allemagne, 53% aux Pays-Bas et 43%
en Grande-Bretagne considèrent que les différences entre
les riches et les pauvres peuvent engendrer des conflits
importants ; même chose en ce qui concerne les différences
entre le sommet de la société et les personnes en bas
(67% en France, 64% en Allemagne, 62% aux Pays-Bas,
contre 52% en Grande-Bretagne).
La question des inégalités et de leur prégnance dans
les sociétés européennes est plus que jamais d’actualité
à l’heure où de nouveaux partis et mouvements
populistes prospèrent dans l’Union, notamment
en faisant de la dénonciation de ces inégalités l’un
de leur crédo, bien conscients de l’importance des
préoccupations des Européens à ce sujet. Si la sortie
de crise se confirmait en favorisant l’essor de ces quatre
économies, alors se poserait avec acuité la question de
la répartition de cette prospérité retrouvée, à l’échelon
national et européen.
3 Communiqué de presse, Euro-Indicateurs, Eurostat, 02/05/2018
5INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
« La dynamique économique » récente devrait rester
« forte dans un proche avenir » a estimé en février 2018 la
Commission européenne après avoir relevé ses prévisions
de croissance pour la France pour 2018 et 2019. Cette
amélioration des indicateurs économiques devrait permettre
à l'Hexagone de rester dans les clous européens en matière de
déficit public.
Cependant, pour un pays qui affiche « Liberté, égalité,
fraternité » sur les frontons de ses écoles et bâtiments
publics, le constat est amer et la question des inégalités
prégnante : les Français se montrent en effet particulièrement
sensibles à ce sujet. L’analyse du coefficient de Gini1
semble
d’ailleurs signifier que la perception de l’importance de la
question des inégalités est, en France, plus importante que le
niveau réel de ces inégalités.
Ainsi, près de trois Français sur quatre (74%) considèrent
qu’il s’agit d’un problème et ils sont même plus d’un tiers
à considérer qu’il s’agit d’un problème majeur. Seuls les
Allemands semblent plus sensibles à cette question (83%).
Cette préoccupation à l’égard des inégalités est d’autant plus
importante qu’une majorité de Français considère qu’elles
ont augmenté au cours des 10 dernières années (64%, dont
32% « beaucoup augmenté »). Un constat, une fois encore,
davantage partagé par nos voisins allemands (82%, dont 59%
« beaucoup augmenté »).
A cet égard, les Français interrogés se montrent
particulièrement sensibles à la question des inégalités
de revenus : 82% d’entre eux considèrent que celles-ci
sont trop grandes. A cet égard, si les Français semblent
particulièrement intolérants aux inégalités de revenus, ils
sont en revanche moins enclins que les Allemands à vouloir
faire payer plus d’impôts aux riches, ce qui suggère une
confiance modérément élevée dans l’impôt comme mode
de redistribution. La France est enfin le pays dans lequel le
souhait d’une action urgente de la part du Gouvernement en
matière de pauvreté est le plus important (80% en France,
pour 79% en Allemagne, 75% aux Pays-Bas et 67% en
Grande-Bretagne).
Cette forte sensibilité à la question des inégalités se retrouve
également lorsqu’il s’agit d’appréhender le niveau de tensions
que celles-ci génèrent : une majorité de Français considère
ainsi qu’il y a des conflits importants entre le sommet de la
société et les personnes en bas de l’échelle sociale (67%, soit
le niveau le plus élevé des quatre pays étudiés) ; entre les
dirigeants et les travailleurs (66%, encore une fois le niveau le
plus élevé) ; et entre les riches et les pauvres (61%).
Quelques différences générationnelles
en ce qui concerne l’évaluation de
l’action publique
Dans le détail, si les moins de 35 ans partagent l’avis de
la majorité des Français à savoir que les inégalités sont
aujourd’hui un problème en France (75%, pour 74% de
l’ensemble des Français) ils semblent être, en revanche,
légèrement plus sceptiques sur la capacité ou
la légitimité des pouvoirs publics à les régler. Ils sont
ainsi un peu moins nombreux à considérer :
▪  que la pauvreté en France est un problème qui nécessite
une action urgente de la part du Gouvernement : 74%
pour 80% des Français dans leur ensemble et 84% des 55
ans et plus
▪  que le gouvernement français devrait s'assurer que les
richesses du pays soient redistribuées équitablement à
tous les citoyens : 71%, pour 78% des Français et 79% des
55 ans et plus,
▪  ou encore qu’il est de de sa responsabilité de donner un
niveau de vie décent aux chômeurs : 67%, pour 77% pour
l’ensemble des Français et 79% des 55 ans et plus.
Ces variations générationnelles s’observent également
s’agissant de la responsabilité et du bilan de la politique
de l’Union européenne en matière de lutte contre les
inégalités entre ses États membres.
1 Le coefficient de Gini est un système d’objectivation des inégalités. Il mesure l’inégalité des revenus,
avec une valeur comprise entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité parfaite). A 0.297 en 2015, le
coefficient de Gini en France est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE (0.318).
DES FRANÇAIS
(TRÈS) SENSIBLES AUX INÉGALITÉS
DANS LEUR PAYS
Pour en savoir plus, contacter
Eddy Vautrin-Dumaine
Directeur d’études Kantar Public France
eddy.vautrin-dumaine@kantarpublic.com
6INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Ainsi les 55 ans et plus qui lui attribuent davantage de
responsabilité en la matière sont, in fine, plus nombreux
à considérer qu’elle a échoué à :
▪  assurer que les États membres coopèrent et se
soutiennent mutuellement : 85% (+7 points par rapport
à l’ensemble des Français) considèrent que c’est de sa
responsabilité et 46% qu’elle a échoué (+10 points par
rapport à l’ensemble des Français) ;
▪  réduire les inégalités entre les États membres : 77%
(+5 points que la moyenne des Français) pensent que c’est
de sa responsabilité et 51% (+10 points que la moyenne
des Français) qu’elle a échoué.
Une lecture politique de l’évaluation
de l’action publique
On peut faire un constat similaire en fonction des préférences
politiques des Français interrogés : s’ils ne nient absolument
pas l’importance et la gravité des inégalités en France, les
sympathisants de La République En Marche sont toutefois
un peu moins nombreux à considérer que la pauvreté en
France est un problème qui nécessite une action urgente
de la part du Gouvernement (77% pour 80% des Français)
et que les différences de revenu entre individus sont bien
trop grandes : 78% pour 82% de l’ensemble des Français.
Une envie de plus d’Union européenne,
mais un bilan de son action soit critique,
soit attentiste
Même si l’euroscepticisme continue de progresser en Europe,
la nécessité d’une action de l’Union européenne en matière
de lutte contre les inégalités ne fait aucun doute pour les
Français interrogés (comme, d’ailleurs, pour leurs voisins
néerlandais et allemands).
Elle est même fortement réclamée en France, avec environ
sept Français sur dix qui affirment qu’il est de la responsabilité
de l’Union de réduire les inégalités entre ses États Membres,
ses régions et ses citoyens les plus défavorisés.
En revanche, les Français se montrent plus critiques
s’agissant du bilan de l’UE en la matière. Des quatre pays
analysés dans notre enquête, la France est en effet le plus
sévère sur le bilan de l’UE en matière de coopération entre les
États Membres (36% estiment qu’elle a « échoué »), ou d’aide
aux régions les plus défavorisées (36%), ou aux personnes les
plus défavorisés de l’UE (41%).
Derrière ce bilan en demi-teinte, les Français semblent en réalité
avoir du mal à se positionner sur le bilan de l’UE en matière de
lutte contre les inégalités. Entre un tiers et un quart des Français
interrogés considèrent en effet que l’UE n’a ni réussi ni échoué
en la matière, ce qui peut être interprété comme
une certaine forme d’attentisme à son égard.
Un défi donc, à l’aube des prochaines élections
européennes.
PENSEZ-VOUS QUE CELA DEVRAIT ÊTRE OU QUE CELA NE DEVRAIT PAS ÊTRE LA RESPONSABILITÉ DE L’UNION EUROPÉENNE DE...
... s'assurer que les États membres
coopèrent et se soutiennent
mutuellement
... réduire les inégalités entre
les États Membres
... aider les régions les plus
défavorisées de l’UE
... aider les personnes les
plus défavorisées de l’UE
... aider les pays les moins
développés en dehors de l’UE
à se développer
Total
Sûrement + Probablement
74% 55%
78% 57%
76% 58%
42%58%
63%84%78% 82%
72%
71%
68%
56% 51%
67%
72%
71%
7INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Les inégalités, un problème de plus en
plus important
Plus des quatre cinquièmes des Allemands interrogés (82%)
indiquent que les inégalités sont un problème (« majeur » ou
« modéré ») dans leur pays2
, un chiffre qui dépasse de loin ceux
enregistrés dans les autres pays couverts par l'enquête (France
: 74%/Pays-Bas : 57%/Grande-Bretagne : 53%). De plus, plus
des quatre cinquièmes des Allemands (82%) ont le sentiment
que les inégalités ont augmenté au cours des dix dernières
années en Allemagne. Il s'agit de la proportion la plus élevée
enregistrée parmi les pays couverts par l'étude (France : 64%/
Pays-Bas : 59%/Grande-Bretagne : 36%).
Avec une économie florissante, un taux de chômage en baisse,
un système politique reposant sur la coopération avec les
partenaires sociaux, le fédéralisme et deux partis politiques
forts se situant au centre, on pourrait penser que les inégalités
sociales ne sont pas un problème majeur en Allemagne.
Cependant, cet essor économique–résultant d'un marché du
travail plus néolibéral et d'une réforme fiscale conduite par les
Socio-démocrates au début des années 2000–repose en réalité
sur des politiques engendrant des inégalités.Ainsi, beaucoup
reconnaissent que la classe moyenne est en recul en Allemagne
–le DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) a publié
des informations reposant sur le GSOEP (le German Socio-
Economic Panel) et des statistiques officielles en attestant–et
les disparités dans la distribution des richesses–informations
publiées dans le Global Wealth report1
reposant sur des
statistiques officielles. Ces éléments concrets témoignent en
effet de niveaux élevés d'inégalités illustrés par l'important écart
entre la richesse médiane relativement basse et la richesse
moyenne relativement élevée en Allemagne. En effet, la dernière
étude du Centre Kantar pour le Futur de l’Europe–couvrant
la Grande-Bretagne, la France, les Pays-Bas et l'Allemagne–
révèle que la population allemande considère les inégalités
comme un plus grand problème que ses voisins européens.
1 https://www.credit-suisse.com/corporate/en/research/research-institute/global-wealth-report.html
2 Ce constat concorde parfaitement avec les résultats d'une enquête 2015/16 réalisée par Kantar Public Allemagne pour le compte de la
fondation Friedrich-Ebert, qui révèle que, pour 82% des Allemands interrogés, il y a trop d'inégalités en Allemagne.
LES ALLEMANDS
SONT TRÈS PRÉOCCUPÉS PAR
LES INÉGALITÉS CROISSANTES
Pour en savoir plus, contacter
Ingo Leven
Kantar Public Germany Associate
Director Innovation  Brand Strategy
ingo.leven@kantarpublic.com
SELON VOUS, AU COURS DES 10 DERNIÈRES ANNÉES, LES INÉGALITÉS ONT-ELLES AUGMENTÉ,
DIMINUÉ OU SONT-ELLES RESTÉES STABLES DANS CHACUN DES LIEUX SUIVANTS ? …
Total
Beaucoup augmenté + Un peu augmenté
La région où
vous vivez
55%
20%
(NOTRE PAYS) 82%
36%
L'Union européenne 79%
33%
Le monde 83% 42%
39%
64%
60%
66%
60%
67%
59%
36%
8INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
DANS QUELLE MESURE ÊTES-VOUS D’ACCORD OU PAS D’ACCORD AVEC CHACUNE DES PROPOSITIONS SUIVANTES ?
Les personnes aisées devraient
payer plus d'impôts afin que les
pouvoirs publics (NATIONALITÉ)
disposent de plus de moyens pour
lutter contre la pauvreté
72% 65%
Les inégalités de revenu sont
nécessaires au développement
économique 31% 41%
Il ne sert à rien d'essayer de lutter
contre les inégalités,
elles existeront toujours
48% 53% 48%
Les pouvoirs publics (NATIONALITÉ)
devraient veiller à ce que les richesses
du pays soient redistribuées de manière
équitable à l'ensemble des citoyens
78% 56%
De nos jours en (NOTRE PAYS) les
différences de revenu entre les gens
sont beaucoup trop importantes
88% 64%
La pauvreté en (NOTRE PAYS) est un
problème qui exige une intervention
urgente des pouvoirs publics
80% 67%
Total
Totalement d'accord + Plutôt d'accord
82%
79%
69%
68%
49%
32% 35%
67%
61%
75%
68%
Tout comme dans les autres pays couverts par l'étude, les
Allemands sont moins nombreux (43%) à considérer les
inégalités comme un problème dans la région où ils vivent,
tandis que pour une large majorité d'entre eux le sont au
niveau de l'Union européenne (84%) et du monde (91%).
À titre de comparaison, dans les autres pays, seuls les Français
(48%) indiquent plus souvent que les inégalités sont
un problème dans leur région.
Les Allemands ressentent aussi plus souvent une hausse des
inégalités à tous les niveaux couverts par l'étude (local : 55%/
pays : 82%/UE : 79%/le monde : 83%) par comparaison avec
les autres pays.
Si l'on regarde de plus près les différences entre les Allemands,
il ressort qu'il n'y a pas d'écarts importants quant au
sexe, à l'âge et au revenu. Même si certaines catégories
sociodémographiques –les plus fragiles –sont plus touchées
que d'autres, il semble que la perception des inégalités
soit largement partagée par l'ensemble de la population
allemande. Ce n'est qu'au niveau local que le revenu, l'âge et
la taille de la communauté ont de l'importance. Les personnes
vivant dans les zones rurales (32%), celles disposant d'un
revenu plus élevé (35%) et les plus jeunes (34%) perçoivent
moins souvent les inégalités comme un problème au niveau
local que les Allemands en général (43%).
Un vaste majorité appelle de ses vœux
une intervention des pouvoirs publics
Sans surprise, près de neuf Allemands sur dix (88%)
reconnaissent que, de nos jours, les différences entre les
gens sont bien trop importantes. S'agissant de prendre
des mesures, une large majorité de plus des trois quarts
des Allemands interrogés (79%) attendent des pouvoirs
publics qu'ils interviennent en urgence pour lutter contre la
pauvreté. Afin de disposer de plus de moyens pour ce faire,
pour près des trois quarts des Allemands (72%) il faudrait
que les personnes aisées paient davantage d'impôts. Par
comparaison avec les autres pays couverts par l'étude, les
proportions enregistrées en Allemagne sont parmi les plus
élevées.
Sans surprise, et conformément à d'autres travaux de
recherche, les personnes à plus faible revenu et celles se
situant plus à gauche de l'échiquier politique sont plus
susceptibles d'approuver ce type d'action.
9INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Les pouvoirs publics sont censés
intervenir en cas de défaillance
et de malheur mais ne tiennent
pas leurs promesses
Si plus des quatre cinquièmes des Allemands (82%)
reconnaissent que les pouvoirs publics devraient réduire les
différences de revenu entre les riches et les pauvres et, par
conséquent, lutter contre la pauvreté, ils sont encore plus
nombreux à convenir que les pouvoirs publics devraient fournir
des soins de santé aux malades (97%) ainsi qu'un niveau de
vie décent aux personnes âgées (96%). Globalement, quelle
que soit la question, pas moins des deux tiers des Allemands
interrogés reconnaissent que les pouvoirs publics devraient
s'en charger. Les résultats s'échelonnent de plus de quatre
cinquièmes des personnes interrogées qui sont d'accord pour
dire que les pouvoirs publics devraient apporter une aide
financière aux étudiants à l'université issus de familles à faible
revenu (88%) à un peu plus de deux tiers qui estiment que
c'est aux pouvoirs publics d'assurer un niveau de vie décent
aux personnes sans emploi (67%).Avec ce large consensus,
l'Allemagne se place en tête des pays couverts par l'étude–
aux côtés de la France, tandis que les Pays-Bas se situent en
troisième position et la Grande-Bretagne en quatrième.
Si l'on y regarde de plus près, les données sociodémographiques
révèlent que l'on retrouve ce large consensus dans tous les
groupes pertinents. Sans surprise, l'aile gauche est favorable
à un rôle aussi actif des pouvoirs publics, plus encore que l'aile
droite s'agissant en particulier d'aider les minorités à trouver leur
place dans la société. Si les trois quarts des Allemands (76%)
soutiennent ce rôle des pouvoirs publics, seuls trois cinquièmes
des personnes se situant à droite interrogées (60%) et encore
moins de partisans de l'AfD3
(55%) sont plutôt d'accord.
Si l'on s'intéresse aux résultats obtenus par les pouvoirs publics
dans ces domaines, il ressort clairement que, quel que soit le
sujet traité, seule une minorité des Allemands ont le sentiment
que les actions de ces derniers portent leurs fruits.
Plus des deux cinquièmes des Allemands interrogés (44%)
reconnaissent que la fourniture de soins de santé aux personnes
malades est le domaine dans lequel les pouvoirs publics
réussissent le mieux. Et seul un huitième (12%) sont d'accord
pour dire que la réduction des différences de revenu entre les
riches et les pauvres se place dans les derniers de ces domaines.
Avec ces faibles proportions, l'Allemagne se situe toutefois au
sommet des quatre pays étudiés, ce qui indique que, dans ces
pays, la grande majorité des personnes interrogées ne sont
toujours pas convaincues par les actions récentes de leurs
gouvernements respectifs.
Encore plus intéressant, on peut observer des différences
inattendues sur cette question en fonction de l'âge. C'est la
jeune génération qui estime plus souvent que la plus âgée que
les pouvoirs publics allemands obtiennent de meilleurs résultats
dans ces domaines. Et il n'est pas surprenant que les partisans
du parti de gauche « Die Linke » (« La gauche ») aient tendance
à être plus sceptiques quant à la réussite des pouvoirs publics
dans ces domaines. Mais les partisans de la nouvelle droite de
l'AfD sont encore moins disposés à reconnaître que l'action des
pouvoirs publics porte ses fruits, ce qui indique que ces deux
partis plus extrêmes cherchent à séduire le même électorat.
« La chance, cela se provoque »
Étant donné que cette perception des inégalités dans la société
est largement partagée par les Allemands, on pourrait croire
qu'ils sont plutôt d'accord avec le fait que réussir dans la vie
dépend davantage de caractéristiques externes et sociétales
que de facteurs personnels. Cette étude révèle toutefois
l'inverse.
Une large majorité d'Allemands pensent que tout le monde
devrait prendre ses responsabilités et tirer le meilleur parti de sa
propre situation. Une bonne éducation (91%) est le plus souvent
perçue comme un important facteur de réussite dans la vie
(« essentiel » ou « très important »). Avoir de l'ambition (77%) et
le fait de travailler dur (67%) sont également jugés essentiels.
Ces résultats s'expliquent par les vertus prussiennes (ainsi que
par des stéréotypes classiques), qui semblent profondément
ancrées dans la psyché allemande. Le fait de connaître les
bonnes personnes (59%) est aussi jugé important par une
majorité des personnes interrogées. Toutefois, le fait d'être né(e)
homme ou femme (20%), d'avoir des liens politiques (17%)
ou la religion d'une personne (9%) sont moins souvent perçus
comme ayant de l'importance pour réussir dans la vie.
Si l'on compare les résultats avec les autres pays couverts
par l'étude, nous voyons que les Allemands arrivent souvent
en tête ici aussi, ce qui prouve que les gens sont capables de
reconnaître que les inégalités sont un problème majeur dans
leur pays tout en continuant de penser que c'est à eux qu'il
incombe de tirer le meilleur parti de cette situation. Et une
fois encore, c'est le point de vue partagé à part égale par les
hommes et les femmes, par tous les âges, dans les grandes
villes tout comme à la campagne.
Un discours nécessaire pour l'UE ?
À l'approche des élections au Parlement européen en 2019, on
pourrait se demander si la lutte contre les inégalités pourrait
être un discours nécessaire pour les institutions européennes.
De plus, une grande majorité des Allemands reconnaissent que
l'UE devrait aider les régions les plus défavorisées de l'UE (78%),
les personnes les plus défavorisées de l'UE (76%) et réduire
les inégalités entre les États membres (74%). De façon très
intéressante, ce point de vue est partagé en France et aux Pays-
Bas à un niveau comparable (dans une moindre mesure qu’en
Allemagne toutefois), tandis que les Britanniques y sont moins
favorables (ce qui sous-tend leur euroscepticisme).
C'est aux partis politiques de faire savoir de quelle manière ils
souhaitent s'attaquer efficacement à ces domaines. En effet,
seule une petite partie des Allemands pensent que les actions
de l'UE portent déjà leurs fruits dans ces domaines. Moins d'un
quart des Allemands interrogés sont d'accord pour dire que l'UE
aide avec succès les régions les plus défavorisées de l'UE (22%),
les populations le plus défavorisées de l'UE (14%) et parvient à
réduire les inégalités entre les États membres (16%). Ces faibles
taux sont partagés par les quatre pays couverts par cette étude.
3  Alternative für Deutschland (Alternative pour l'Allemagne)
10INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Comme dans bien d'autres pays d'Europe de l'ouest,
la Gauche traditionnelle est en très mauvaise posture aux
Pays-Bas. Aujourd'hui, de nombreux chauffeurs de bus et
ouvriers du bâtiment néerlandais –des personnes qui avaient
coutume de voter sans hésiter pour un parti de gauche–
votent pour le parti libéral, acceptant le fait que les opinions
de ce parti en matière d'égalité sont très éloignées des leurs.
Peut-on en déduire que les problèmes d'inégalités ne sont plus
à l'ordre du jour aux Pays-Bas ? Pas tout à fait.
La dernière étude réalisée par le Centre Kantar sur le Futur de
l’Europe (couvrant l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne
et les Pays-Bas) porte sur ce que les Néerlandais pensent des
inégalités. De manière générale, ces derniers semblent un peu
plus préoccupés par les inégalités que les Britanniques, mais
assurément moins inquiets que les Allemands et les Français.
Toutefois, le fait que les inégalités soient un problème semble
ne faire aucun doute. Plus de la moitié des personnes
interrogées (57%) estiment que les inégalités sont un
problème modéré ou grave aux Pays-Bas, tandis que, pour un
pourcentage à peu près équivalent (59%), les inégalités ont
reculé au cours des dix dernières années. Ces pourcentages
sont inférieurs à ceux enregistrés en Allemagne et en France,
mais légèrement supérieurs à ceux relevés en Grande-
Bretagne. Une phrase sur l'opinion publique néerlandaise
revient tellement souvent qu'elle en est devenue un lieu
commun : « Je m'en sors relativement bien, tout comme
mon entourage direct, mais pour ce qui est de la société
dans son ensemble et du monde, c'est de pire en pire ». Cette
opinion transparaît dans les résultats de l'étude : une grande
majorité des Néerlandais s'inquiètent vivement des inégalités
(croissantes) dans le monde et dans l'UE, mais seuls environ
un tiers pensent que les inégalités sont un problème dans la
région où ils vivent. Un pourcentage comparable pense que les
inégalités ont augmenté dans leur propre région au cours des
dix dernières années.
On pourrait interpréter la situation de deux manières. Le léger
malaise (par comparaison avec l'Allemagne et la France) que
ressentent les Néerlandais quant aux problèmes d'inégalités
pourrait être tout à la fois une conséquence du succès dans
un passé récent, mais aussi une des causes du déclin, de la
Gauche traditionnelle–symbolisé par la marginalisation du
PvdA, le parti de centre gauche autrefois incontournable, dont
la raison d'être était la lutte contre les inégalités.
L'héritage égalitaire des Pays-Bas
Durant les années 60, les Pays-Bas, pays conservateur
relativement traditionnel, se sont transformés en un « pays
modèle » progressiste–une révolution qui est intervenue en
une décennie à peine. Cette évolution a également eu des
répercussions sur la distribution des revenus. Vers la fin des
années 80 et le début des années 90, les Pays-Bas faisaient
partie des pays les plus égalitaires du monde capitaliste.
Au cours de cette période, le dirigeant du centre gauche au
pouvoir était Wim Kok, un ancien syndicaliste, fils d'un ouvrier
n'ayant jamais été scolarisé. Il incarnait à bien des égards
le credo de « l'égalité des chances pour tous ».
Ironiquement, c'est sous la houlette de M. Kok que les
sociaux-démocrates néerlandais ont contribué à leur
propre effondrement électoral en adoptant la « Troisième
voie »–reniant ouvertement leur idéologie et s'aliénant
leur traditionnelle base constituée de la classe ouvrière.
Rétrospectivement, cette évolution a ouvert la voie à la
« révolte populiste » de 2002. Au cours de ces élections, les
sociaux-démocrates ont perdu un grand nombre de leurs
électeurs parmi les ouvriers au profit d'un nouveau parti anti-
immigration et de ses successeurs. C'est aussi le moment où
des sujets tels que les migrations, l'intégration, l'identité et le
maintien de l’ordre ont commencé à supplanter les questions
socio-économiques dans les priorités politiques.
Les disparités grandissantes dans
la société suscitent des inquiétudes
croissantes...
D'un autre côté, on peut affirmer que les Pays-Bas n'ont
jamais été un pays véritablement orienté à gauche. En effet, si
l'on regarde les chiffres, le paysage politique néerlandais
a toujours eu une majorité de centre-droit, et n'a connu
qu'une seule expérience de gauche dans les années 70, qui fait
figure d'exception.
LES PAYS-BAS
S'INQUIÈTENT DES INÉGALITÉS CROISSANTES,
MAIS SONT ÉGALEMENT CONSCIENTS
DES PROGRÈS ACCOMPLIS JUSQU'À PRÉSENT
Pour en savoir plus, contacter
Tim de BEER
Research Consultant/Client Consultant
Kantar Public Netherlands
tim.de.beer@kantarpublic.com
Manuel KAAL
Research Executive
Kantar Public Netherlands
manuel.kaal@kantarpublic.com
11INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
QUEL QUE SOIT LE PAYS, IL PEUT EXISTER DES DIFFÉRENCES ET DES ANTAGONISMES ENTRE DIFFÉRENTS GROUPES.
SELON VOUS, EN PAYS QUEL EST LE NIVEAU D'ANTAGONISME ENTRE…
Total
Très forts antagonismes +
Forts antagonismes
… les personnes d'origine étrangère et
celles d'origine locale ?
82%67% 77% 51%
… ceux qui cotisent et les bénéficiaires
des prestations sociales ?
Non demandé69% 45%52%
… les jeunes et les
personnes âgées ?
39%
29%30% 34%
… les personnes vivant dans des grandes
villes et celles vivant à la campagne ?
36%
28% 32% 31%
… la classe ouvrière
et la classe moyenne ?
38%
30%
37%
33%
… les pauvres et les riches ? 67% 43%61% 53%
… les membres de la direction
et les employés ?
66% 40%44% 51%
… les personnes se situant en haut
et celles se situant en bas de la société ?
67% 52%64% 62%
12INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
de l'éducation, de l'ambition, du fait de travailler dur et
de disposer d'Internet/de possibilités de communication,
une vision très peu différente de celle relevée en France, en
Allemagne et en Grande-Bretagne. Ce qui est différent,
toutefois, c'est le pourcentage relativement faible de
personnes qui pensent que la religion, les origines ethniques,
le sexe et les liens politiques sont un facteur crucial. Mais la
différence de loin la plus frappante avec les trois autres pays
est le fait que seuls 38% des Néerlandais pensent qu'avoir des
parents relativement instruits est important. L'ancien Premier
ministre Kok a montré la voie aux Néerlandais, bien sûr. D'une
certaine manière, on pourrait avancer que les Néerlandais
sont peut-être tout aussi sensibles aux questions d'inégalités
que les Allemands et les Français, mais peut-être un peu plus
conscients de leur situation privilégiée.
La controverse actuelle est
principalement suscitée par les
avantages fiscaux dont bénéficient les
multinationales et le marché immobilier
Le débat néerlandais sur les questions concernant les
inégalités peut s'échauffer quelque peu lorsqu'il s'agit du
marché immobilier (avantages fiscaux dont bénéficient les
propriétaires), des retraites (manque de solidarité entre les
générations), des avantages fiscaux dont bénéficient les
multinationales, des bonus que touchent les banquiers et des
coupes budgétaires qui frappent les personnes dépendantes
des services sociaux.
Au moment où cette étude a été réalisée, le fait que les
pouvoirs publics néerlandais aient accepté de supprimer
la « taxe sur les dividendes » dans le but d'attirer les
multinationales aux Pays-Bas après le Brexit a suscité une
forte controverse. Cette mesure semble avoir porté ses
fruits, étant donné que le siège social d'Unilever s'installera à
Rotterdam l'année prochaine. Mais rien ne prouve que c'est
réellement cette dernière qui est à l’origine de la décision
d'Unilever.
De plus, le contribuable néerlandais doit payer pour la
suppression de la taxe sur les dividendes. Certains partis ont
déjà fait allusion à des coupes budgétaires sur les services
sociaux, provoquant ainsi la colère des partis de gauche et
des faiseurs d'opinion. Nos questions supplémentaires dans
cette étude montrent que 30% des Néerlandais soutiennent
les mesures de nature fiscale qui cherchent à attirer des
multinationales, tandis que 52% y sont opposés.
On redoute toutefois quelque peu un nivellement par le bas
au plan international en matière de fiscalité. Et c'est là que
l'UE entre en scène : 52% des personnes interrogées sont
favorables à une législation fiscale européenne uniforme
pour les multinationales, seuls 22% s'y opposant. S'agissant
des questions complexes de concurrence et d'égalité, les
Néerlandais semblent accueillir favorablement l'intervention
des institutions et législations supranationales, car ils
comprennent que les forces du marché ne peuvent être
arrêtées aux frontières nationales
Il n'en demeure pas moins que les inégalités et les perceptions
des inégalités sont de plus en plus problématiques. Plusieurs
études ont montré que la tendance au renforcement de
l'égalité de l'après-guerre s'est inversée au cours des 25
dernières années et que les inégalités sont en hausse. Si
les Pays-Bas demeurent un pays relativement égalitaire
s'agissant des différences de revenu, il y a d'autres dimensions
pour lesquelles les écarts entre les nantis et les pauvres se
creusent. Les débats sur les inégalités mettent l'accent sur
plusieurs « fractures » : entre les villes et leur périphérie, entre
les personnes ayant un diplôme universitaire et celles qui n'en
ont pas, entre groupes ethniques et entre générations. Assez
souvent, plusieurs de ces disparités se cumulent et semblent se
renforcer mutuellement–avec pour conséquences des tensions
croissantes.
Une grande majorité (77%) de la population néerlandaise
interrogée estime qu'il y a de graves antagonismes entre
les personnes d'origine étrangère et celles d'origine locale,
et plus de la moitié reconnaît également que c'est le cas en
ce qui concerne les personnes se situant en haut et celles se
situant en bas de la société (62%), les pauvres et les riches
(53%) ainsi que les membres de la direction et les employés
(51%). Une minorité importante estime qu'il y a de graves
antagonismes entre les jeunes et les personnes âgées (39%)
et entre les personnes vivant dans des grandes villes et
celles vivant à la campagne (32%). De manière générale,
les Néerlandais semblent être tout aussi préoccupés par ces
questions que les Allemands et les Français et plus préoccupés
que les Britanniques.
...mais certains signes témoignent des
avancées obtenues en matière d'égalité
au cours de l'après-guerre
Si pour une nette majorité des Néerlandais interrogés la
pauvreté est un problème urgent (75%), les différences
de revenu sont bien trop grandes (68%), les personnes
aisées devraient payer plus d'impôts (65%), et les pouvoirs
publics devraient veiller à ce que les richesses du pays soient
redistribuées de manière équitable entre tous les citoyens
(56%), une autre réalité émerge également. Un nombre
significatif de Néerlandais (plus élevé que dans les trois
autres pays) reconnaît qu'« il ne sert à rien de lutter contre
les inégalités, car elles existeront toujours » (53%) et « les
inégalités sont nécessaires au développement économique »
(41%).
Ces deux derniers constats pourraient s'expliquer par le fait
que les Pays-Bas sont déjà un pays relativement égalitaire
doté d'un système d'impôt progressif, et que les Néerlandais
n'ont jamais été friands de programmes publics. Mais cela
pourrait également avoir un rapport avec le fait que les
Néerlandais ne se considèrent ni fortement de gauche, ni
fortement de droite–cette étude confirme que la grande
majorité se situe autour du centre.
Il semblerait que, en dépit des inquiétudes actuelles, l'opinion
des Néerlandais s'explique par certaines des avancées
égalitaires obtenues au cours de l'après-guerre dans la
lutte contre les inégalités. Les Néerlandais ont tendance à
considérer que la réussite dans la vie dépend principalement
13INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Selon l'opinion courante, les inégalités seraient en augmentation
en Grande-Bretagne. Le fossé entre les « gens ordinaires » et
l'élite politique et économique a été cité comme l'une des
causes principales des résultats du référendum et des élections
générales en 2016 et 2017.Ainsi, 36% des personnes interrogées
ont le sentiment que les inégalités ont augmenté en Grande-
Bretagne au cours des 10 dernières années (contre 17% qui
estiment que les inégalités ont reculé au cours de la même
période). Mais si certains pensent que les inégalités sont peut-
être en hausse, les Britanniques semblent moins préoccupés par
les inégalités que leurs voisins de l'UE. Un quart des personnes
interrogées (26%) estiment que les inégalités sont un problème
modéré ou grave dans la région où elles vivent. La moitié des
personnes interrogées (53%) pensent que les inégalités sont
un problème modéré ou grave en Grande-Bretagne. Ces
chiffres sont inférieurs à ceux enregistrés en Allemagne,
en France et aux Pays-Bas.
Inégalités contre équité
Il est intéressant de s'interroger sur ce que les Britanniques
considèrent comme des inégalités. Nous sommes peut-être
moins préoccupés par les inégalités que certaines autres
nations.Toutefois, nombre d'entre nous reconnaissons que
les perspectives d'une personne dans la vie sont influencées
par ses origines et par ses relations. La vie n'est pas toujours
juste.À titre d'illustration, pour 30% des personnes interrogées,
« le fait d'être issu d'une famille aisée » est très important ou
essentiel pour réussir dans la vie ; 22% reconnaissent qu'« avoir
UNE CONFIRMATION
DES INÉGALITÉS CROISSANTES
EN GRANDE-BRETAGNE ?
les liens politiques utiles » est très important ou essentiel pour
réussir dans la vie (cette fois encore plus que les trois autres
nations) ; pour 22% d'entre elles, les origines ethniques sont très
importantes ou essentielles pour réussir dans la vie. Tous ces
chiffres sont plus élevés en Grande-Bretagne qu'en Allemagne,
en France et aux Pays-Bas. De plus, deux tiers des Britanniques
interrogés (67%) sont d'accord pour dire que « les personnes
aisées devraient payer plus d'impôts afin que les pouvoirs
publics britanniques disposent de moyens plus importants pour
combattre la pauvreté ». Ce chiffre est comparable à celui des
trois autres nations.
Les perceptions de l'équité diffèrent en fonction du sexe.
Les femmes britanniques sont plus susceptibles que les hommes
de dire que des facteurs personnels–des choses que maîtrise
chaque individu–influent sur les chances de réussir dans la vie.
Il s'agit notamment de l'ambition de chaque individu
et du fait qu'il travaille dur. La quasi-totalité des femmes
(94%) reconnaissent que le fait de travailler dur est important
pour réussir dans la vie, et 93% sont d'accord pour dire que
l'ambition joue un rôle important (des chiffres tous deux
considérablement supérieurs à ceux enregistrés chez les
hommes). On pourrait dire que les femmes ont une attitude
plus positive que les hommes. En revanche, les hommes
sont plus susceptibles d'accorder de l'importance à des
caractéristiques externes et sociétales, tels les liens politiques,
les origines ethniques et le fait d'être issu d'une famille aisée
- ce qui dénote une vision légèrement plus cynique.
Les inégalités et les perceptions des inégalités sont des
sujets brûlants en Grande-Bretagne. Les discussions sur les
écarts de salaire entre les hommes et les femmes et sur
les inégalités entre eux occupent une place prépondérante
dans les médias, le dialogue politique et le débat public
plus généralement. Les inégalités intergénérationnelles
croissantes, en particulier la fracture entre les jeunes
générations et les générations plus âgées, sont également
largement débattues. En 20171
, nous avons mis en évidence
certaines des divisions qui existent entre les pans plus jeunes
et les pans plus âgés de la société - une caractéristique
déterminante des tendances de vote lors du référendum de
2016. Les résultats découlant d'une nouvelle étude réalisée
par le Centre Kantar sur le Futur de l’Europe (couvrant la
Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France et les Pays-Bas) a
permis de faire la lumière sur les opinions de notre nation sur
les inégalités et sur la manière dont elles diffèrent en fonction
de l'âge et du sexe.
Pour en savoir plus, contacter
Alex Thornton
Director - Social Research
alex.thornton@tnsglobal.com
1 http://kantar.com/public/download/latest/5/CentreKantar_Democracy_
Populism_2017_FINAL.pdf
14INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Total
Essentiel + Important
VEUILLEZ COCHER UNE CASE POUR CHACUNE DES PROPOSITIONS SUIVANTES POUR INDIQUER À QUEL POINT C'EST IMPORTANT SELON VOUS
POUR RÉUSSIR DANS LA VIE… À QUEL POINT EST-IL IMPORTANT :
D'avoir accès
à Internet ?
D'avoir vous-même
une bonne éducation ?
D'avoir accès à
des moyens de communication ?
De travailler dur ?
D'avoir des parents
relativement instruits ?
D'être issu(e)
d'une famille aisée ?
D'avoir une certaine
origine ethnique ?
D'être né(e)
homme ou femme ?
D'avoir des liens
politiques ?
D'avoir une certaine religion ?
De connaître
les bonnes personnes ?
D'avoir de l'ambition ?
89%
94%
93%
87%
74%
31%
31%
36%
26%
21%
57%
87%
95%
98%
96%
96%
87%
60%
54%
46%
47%
23%
94%
98%
83%
91%
88%
91%
72%
58%
47%
42%
45%
32%
83%
90%
95%
94%
94%
92%
38%
33%
33%
30%
28%
26%
81%
88%
15INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC
Étude plus approfondie
de la dimension du genre
L'un des résultats probablement les plus frappants est le
fait que plus de la moitié des femmes (54%) déclarent
qu'être né(e) homme ou femme n'est pas important
pour réussir dans la vie (contre 49% des hommes). Les
femmes ne sont pas non plus davantage susceptibles
que les hommes de dire qu'être né(e) homme ou femme
est important pour réussir dans la vie (41% contre 44%).
Dans le contexte de la question de l'égalité hommes-
femmes, c'est assurément encourageant. Les femmes ne
sont pas non plus davantage susceptibles que les hommes
de considérer les inégalités de manière générale comme un
problème modéré ou grave en Grande-Bretagne (environ la
moitié, hommes et femmes confondus).
Les événements récents et le climat socio-politique
actuel peuvent en partie expliquer ces résultats. L'égalité
hommes-femmes est un sujet de discussion important
dans les médias. Des événements tels que « La marche des
femmes », le mouvement #Metoo et l'obligation pour les
gros employeurs de publier des informations sur les écarts
de salaires entre les hommes et les femmes ont mis l'égalité
hommes-femmes sur le devant de la scène. Il semblerait que
les choses soient en train de changer, ou du moins que l'on
parle de la question de l'égalité hommes-femmes et qu'on
la traite sérieusement.
La fracture entre les générations
Les inégalités ont également une dimension générationnelle
en Grande-Bretagne. Les résultats du référendum de 2016
et des élections générales de 2017 ont mis en évidence
un fossé entre les opinions politiques des citoyens jeunes
et plus âgés. Le fossé croissant entre les générations en
Grande-Bretagne fait également l'objet de vastes débats.
Nos résultats semblent indiquer que les jeunes, en particulier
ceux de moins de 25 ans, sont profondément préoccupés
par cette question. Près de la moitié (43%) des moins de
25 ans ont le sentiment qu'il existe de forts ou de très forts
antagonismes entre les jeunes et les personnes âgées, contre
à peine 27% des 25 ans et plus.Les moins de 25 ans ont
également une opinion assez différente de ce que les priorités
des pouvoirs publics devraient être. Pour un jeune de moins
de 25 ans sur cinq (22%), ce n'est pas aux pouvoirs publics
d'assurer un niveau de vie décent aux personnes âgées,
contre à peine 10% des 25 ans et plus. Ces résultats, ainsi
que des divisions politiques manifestes en fonction de l'âge,
mettent en lumière des différences et des antagonismes
potentiels entre les générations plus jeunes et plus âgées.
CENTRE KANTAR SUR
LE FUTUR DE L’EUROPE
Créé au sein de Kantar Public, société internationale
d’étude et de recherche, le Centre Kantar sur le Futur
de l’Europe a pour ambition de nourrir le débat public
sur les enjeux européens, en s’appuyant notamment
sur les experts nationaux de Kantar Public,
leur connaissance de l’opinion publique,
des mouvements politiques, tendances
socioéconomiques et phénomènes
migratoires au sein de l’Union européenne
et chacun des pays qui la composent.
Kantar Public est une société mondiale de conseil
et de recherche qui fournit des prestations d’études
relatives aux politiques publiques aux gouvernements,
au secteur public et aux entreprises.
Kantar Public agit à travers le monde, avec des
équipes pluridisciplinaires présentes sur tous les
continents, pour partager les meilleures pratiques
mondiales en s’appuyant sur une forte expertise
locale. En tant que marque opérationnelle au sein de
Kantar et du groupe de sociétés WPP, nous sommes
l'un des principaux partenaires mondiaux en matière
de conseil et de recherche statistique et d’opinion
auprès des gouvernements.
www.kantarpublic.com
@KantarPublic

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Inégalités en Europe de l'Ouest : des différences de perceptions, un défi commun

  • 1. Les tensions couvent en Europe, et se manifestent, d’élection en élection, par des bouleversements qui affaiblissent les partis traditionnels et redessinent les paysages politiques. Le terme générique de populisme masque trop souvent la diversité de ces phénomènes. De la même manière, les motivations associées à ces mouvements émergents sont parfois trop exclusivement associées à la question migratoire et à la défiance envers les institutions européennes. Certes, il s’agit là de deux enjeux majeurs, qui tous deux concernent le rapport à l’altérité (ce qui est autre, étranger, extérieur). Mais il existe aussi des tensions internes au sein des États membres de l’UE, et cette nouvelle enquête du Centre Kantar sur le Futur de l’Europe montre que les inégalités attisent fortement ces tensions. Etudiées dans quatre pays parmi les plus prospères de l’Europe (Grande-Bretagne1 , Allemagne, France, Pays-Bas) la perception des inégalités y apparaît comme un phénomène massif et s’aggravant, avec toutefois des niveaux de sensibilité et d’appréhension du phénomène variant fortement d’une culture à l’autre. Cependant, ces mêmes sociétés font face à des questions démographiques, sociales et sociologiques communes considérées de manière égale comme génératrices d’inégalités : vieillissement, accès aux soins, incertitudes sur l’avenir du monde du travail. Ces phénomènes représentent autant de défis communs qui pourraient conduire à des politiques concertées, voire menées à l’échelle européenne. Au-delà des inégalités au sein des pays, la question des inégalités entre États membres est un sujet sur lequel l’Union européenne est attendue. D’ailleurs, il est intéressant de constater que selon les citoyens, l’Union européenne ne fait pas moins bien que les Gouvernements nationaux en ce qui concerne la réduction des inégalités. Pour en savoir plus, contacter Emmanuel Rivière CEO Kantar Public France & Président du Centre Kantar sur le Futur de l’Europe emmanuel.riviere@kantarpublic.com Julien Zalc Consultant Kantar Public Brussels du Centre Kantar sur le Futur de l’Europe julien.zalc@kantarpublic.com Les inégalités, une réalité européenne de plus en plus aiguë La crise économique et financière de 2007-2008 qui a fragilisé les économies européennes semble enfin en voie d’être surmontée. En effet, les dernières prévisions de la Commission européenne2 estiment que la croissance économique s’est accélérée en 2017 en France (+1,8%), en Allemagne (+2,2%) et aux Pays-Bas (+3,2%), mais pas en Grande-Bretagne avec +1,8% en 2017 contre +1,9% en 2016 et +2,3% en 2015. De nombreux indicateurs économiques s’améliorent pour retrouver leur niveau d’avant la crise. Mais les conséquences sociales de la crise restent, elles, sensibles et l’enquête que nous avons menée dans ces quatre pays met à jour une société jugée de plus en plus inégalitaire. Les inégalités sont en effet perçues comme un problème modéré ou majeur par la majorité des citoyens interrogés, mais avec une intensité qui varie fortement entre les pays, et ce en raison de facteurs culturels, sociologiques ou économiques. 1 L’enquête a été réalisée en Grande-Bretagne. Cependant, quand ils étaient interrogés sur la situation dans leur pays, la question portait sur la situation en Grande-Bretagne : par exemple « De nos jours en Grande-Bretagne, les différences de revenu entre individus sont bien trop grandes ». C’est pourquoi les deux termes sont utilisés dans cette analyse. 2 European Economic Forecast, Spring 2018, Institutional Paper 077, May 2018 INÉGALITÉS EN EUROPE DE L’OUEST : DES DIFFÉRENCES DE PERCEPTIONS, UN DÉFI COMMUN UN DOCUMENT DE RÉFLEXION DU CENTRE KANTAR SUR LE FUTUR DE L'EUROPE
  • 2. 2INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC 3 Coefficient de Gini, Eurostat, 05/2018 L’Allemagne et la France se distinguent des Pays-Bas et surtout de la Grande-Bretagne. Pour les Français et les Allemands interrogés, les inégalités sont un problème majeur : respectivement 38% et 37% pour 10% aux Pays- Bas et 16% en Grande-Bretagne. La France et l’Allemagne sont sensibles aux inégalités quel que soit le niveau analysé : national, européen ou mondial. Les Pays-Bas, pour leur part, y sont également sensibles, mais seulement aux niveaux européen et mondial, comme si les Néerlandais, partageant le constat d’une Europe et d’une planète plus inégalitaires, s’estimaient relativement préservés. La Grande-Bretagne, quant à elle, semble avoir un rapport plus distancié par rapport à cette thématique des inégalités, elles sont considérées comme un problème majeur par moins de 20% des Britanniques interrogés aux niveaux national et européen, contre 41% pour les inégalités au niveau mondial. La comparaison de ces résultats avec le coefficient de Gini (qui mesure l’inégalité des revenus dans un pays entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité parfaite) illustre l’écart qu’il peut y avoir entre ces opinions et les méthodes d’objectivation des inégalités. En effet ce coefficient montre que les inégalités sont relativement faibles en 2016 en France (0,293), en Allemagne (0,295) et aux Pays-Bas (0,269) et légèrement supérieures (c’est-à-dire très modérées) en Grande-Bretagne (0,315)3 . Cette différence de perception s’observe aussi lorsqu’on s’intéresse à la question de l’évolution des inégalités depuis dix ans au niveau national. Une majorité de Français (64%, dont 32% beaucoup augmenté) et surtout d’Allemands (82%, dont 54% beaucoup augmenté) considèrent ainsi qu’elles ont augmenté depuis 10 ans tandis que les Néerlandais sont plus nuancés (59% pensent qu’elles ont augmenté mais « seulement » 17% qu’elles ont beaucoup augmenté). Total Un problème majeur + Un problème modéré DANS QUELLE MESURE LES INÉGALITÉS SONT-ELLES UN PROBLÈME ? … Quatre pays, trois visions Dans la zone où vous vivez 48% 23% 43% 27% Dans (VOTRE PAYS) 53%83% 57%74% Au sein de l’Union européenne 51%84%72% 70% Dans le monde 66%91% 86%78%
  • 3. 3INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC GLOBALEMENT, LES RESPONSABILITÉS SUIVANTES INCOMBENT-ELLES OU NON AU GOUVERNEMENT ? Total Tout à fait + Probablement Assurer les soins de santé Donner un niveau de vie décent aux personnes âgées Donner des bourses aux étudiants de familles défavorisées Assurer un logement décent aux démunis Réduire les écarts de revenu entre riches et pauvres Donner un niveau de vie décent aux chômeurs Garantir un emploi à chacun Aider les minorités à trouver leur place dans la société 82% 79% 81% 82% 97% 96% 88% 83% 72% 85% 84% 71% 71% 63% 61% 65% 59% 52%Fournir un accès à internet 90% 89% 86% 81% 82% 79% 77% 75% 68% 65% 80% 67% 76% 76% 75% 95% 94% 87%
  • 4. 4INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Les Britanniques se distinguent à nouveau : 36% d’entre eux pensent que les inégalités ont augmenté ces dix dernières années et près d’un tiers (31%) considère qu’elles se sont maintenues à un niveau identique. Le coefficient de Gini montre au contraire une baisse des inégalités dans les quatre pays entre 2008 et 2016, il passe en France de 0,298 à 0,293, en Allemagne de 0,302 à 0,295, aux Pays-Bas de 0,276 à 0,269 et surtout en Grande-Bretagne de 0,339 à 0,315. Derrière ce constat et dans le détail, une large majorité des Européens interrogés considère aujourd’hui que les inégalités de revenu sont trop grandes. C’est notamment le cas en France (82%) et en Allemagne (88%) et dans une bien moindre mesure aux Pays-Bas (68%) et en Grande- Bretagne (64%). En conséquence, ils considèrent que le gouvernement devrait assurer une meilleure redistribution des richesses (cet avis étant partagé par 78% des personnes interrogées en France, 69% en Allemagne, 56% aux Pays-Bas et 61% en Grande-Bretagne). Trois mêmes priorités assignées aux gouvernements dans les quatre pays Un consensus se dégage parmi l’ensemble des citoyens interrogés lorsqu’il s’agit des responsabilités (en liens avec les inégalités) qui incombent à leur Gouvernement national. Il ne fait aucun doute pour eux qu’il se doit d’assurer les soins de santé (ils sont au moins 80% à le penser dans les quatre pays de notre enquête), de permettre un niveau de vie décent aux personnes âgées (au moins 80%) et d’affecter des bourses aux étudiants de familles défavorisées (au moins 70%). Une hiérarchie qui fait écho à des enjeux majeurs en termes de politiques publiques : le vieillissement de la population avec le risque d’une paupérisation des seniors qui sont de plus en plus nombreux mais aussi l’accès aux études pour les plus défavorisés dans un contexte ou le niveau d’éducation est perçu comme un gage de réussite dans la vie pour plus de 9 personnes sur 10, dans tous les pays concernés par l’enquête. Lorsqu’il s’agit d’emploi, environ 80% des Français, Allemands et Néerlandais pensent qu’il est de la responsabilité de leur Gouvernement national de garantir un emploi à chacun, alors même que les taux de chômage dans ces pays sont différents : la France (8,8%), l’Allemagne (3,4%), les Pays-Bas (3,9%)4 . Les Britanniques ne sont en revanche que 65% à approuver cette affirmation pour un taux de chômage de 4,1%. En matière de réduction des écarts de revenu entre les riches et les pauvres, le constat est similaire : 82% des Français, 83% des Allemands et 76% des Néerlandais considèrent que c’est une responsabilité qui incombe à leur Gouvernement national pour seulement 63% des Britanniques. Cependant lorsqu’il s’agit de tirer le bilan de leur gouvernement sur ce sujet, le constat est sans appel pour eux : il s’agit d’un échec. L’Union européenne invitée à agir sur les inégalités La perception des inégalités dans l’Union européenne comme un problème – et comme un problème allant s’aggravant – est partout aussi forte que s’agissant des inégalités dans leur propre pays. Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’il existe également, dans l’opinion de ces quatre pays, une réelle légitimité de l’Union à agir sur la réduction des inégalités entre les personnes, les régions et les Etats membres de l’UE. Alors même que les principes et les objectifs du projet européens sont de plus en plus discutés, la coopération européenne est perçue comme une responsabilité de l’Union européenne pour plus des trois quarts des Français (78%), des Allemands (82%) et des Néerlandais (84%), et un peu moins des deux tiers des Britanniques (63%). Aider les personnes les plus défavorisées, ou encore les régions européennes les plus défavorisées, sont aussi des devoirs attribués à l’UE. La responsabilité de l’Union dans l’aide aux pays les moins développés en dehors de l’UE est en revanche plus mitigée (56% en France, 51% en Allemagne, 58% aux Pays-Bas et 42% en Grande-Bretagne jugent que ça l’est « sûrement » ou « probablement »). Néanmoins les Européens éprouvent des difficultés à juger le bilan de l’Union et environ un tiers des citoyens interrogés répondent que le bilan de l’Union européenne n’est ni un échec, ni un succès parmi les différents domaines cités. On ne retrouve certes pas ici la sévérité du jugement porté sur les gouvernements nationaux, mais cette incertitude, contrastant avec le niveau élevé des attentes, signale sans doute une difficulté des institution européennes à faire comprendre ce qu’elles accomplissent dans ces domaines. La perception de l’existence d’inégalités, élément générateur de conflits ? Preuve que la perception du niveau des inégalités a un impact (négatif) sur le niveau de tension et de conflictualité des sociétés européennes, les Allemands, les Français et les Néerlandais considèrent majoritairement que des situations inégalitaires peuvent susciter des conflits importants en leur sein. Encore une fois, c’est moins le cas en Grande-Bretagne. Ainsi, 61% des personnes interrogées en France, 67% en Allemagne, 53% aux Pays-Bas et 43% en Grande-Bretagne considèrent que les différences entre les riches et les pauvres peuvent engendrer des conflits importants ; même chose en ce qui concerne les différences entre le sommet de la société et les personnes en bas (67% en France, 64% en Allemagne, 62% aux Pays-Bas, contre 52% en Grande-Bretagne). La question des inégalités et de leur prégnance dans les sociétés européennes est plus que jamais d’actualité à l’heure où de nouveaux partis et mouvements populistes prospèrent dans l’Union, notamment en faisant de la dénonciation de ces inégalités l’un de leur crédo, bien conscients de l’importance des préoccupations des Européens à ce sujet. Si la sortie de crise se confirmait en favorisant l’essor de ces quatre économies, alors se poserait avec acuité la question de la répartition de cette prospérité retrouvée, à l’échelon national et européen. 3 Communiqué de presse, Euro-Indicateurs, Eurostat, 02/05/2018
  • 5. 5INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC « La dynamique économique » récente devrait rester « forte dans un proche avenir » a estimé en février 2018 la Commission européenne après avoir relevé ses prévisions de croissance pour la France pour 2018 et 2019. Cette amélioration des indicateurs économiques devrait permettre à l'Hexagone de rester dans les clous européens en matière de déficit public. Cependant, pour un pays qui affiche « Liberté, égalité, fraternité » sur les frontons de ses écoles et bâtiments publics, le constat est amer et la question des inégalités prégnante : les Français se montrent en effet particulièrement sensibles à ce sujet. L’analyse du coefficient de Gini1 semble d’ailleurs signifier que la perception de l’importance de la question des inégalités est, en France, plus importante que le niveau réel de ces inégalités. Ainsi, près de trois Français sur quatre (74%) considèrent qu’il s’agit d’un problème et ils sont même plus d’un tiers à considérer qu’il s’agit d’un problème majeur. Seuls les Allemands semblent plus sensibles à cette question (83%). Cette préoccupation à l’égard des inégalités est d’autant plus importante qu’une majorité de Français considère qu’elles ont augmenté au cours des 10 dernières années (64%, dont 32% « beaucoup augmenté »). Un constat, une fois encore, davantage partagé par nos voisins allemands (82%, dont 59% « beaucoup augmenté »). A cet égard, les Français interrogés se montrent particulièrement sensibles à la question des inégalités de revenus : 82% d’entre eux considèrent que celles-ci sont trop grandes. A cet égard, si les Français semblent particulièrement intolérants aux inégalités de revenus, ils sont en revanche moins enclins que les Allemands à vouloir faire payer plus d’impôts aux riches, ce qui suggère une confiance modérément élevée dans l’impôt comme mode de redistribution. La France est enfin le pays dans lequel le souhait d’une action urgente de la part du Gouvernement en matière de pauvreté est le plus important (80% en France, pour 79% en Allemagne, 75% aux Pays-Bas et 67% en Grande-Bretagne). Cette forte sensibilité à la question des inégalités se retrouve également lorsqu’il s’agit d’appréhender le niveau de tensions que celles-ci génèrent : une majorité de Français considère ainsi qu’il y a des conflits importants entre le sommet de la société et les personnes en bas de l’échelle sociale (67%, soit le niveau le plus élevé des quatre pays étudiés) ; entre les dirigeants et les travailleurs (66%, encore une fois le niveau le plus élevé) ; et entre les riches et les pauvres (61%). Quelques différences générationnelles en ce qui concerne l’évaluation de l’action publique Dans le détail, si les moins de 35 ans partagent l’avis de la majorité des Français à savoir que les inégalités sont aujourd’hui un problème en France (75%, pour 74% de l’ensemble des Français) ils semblent être, en revanche, légèrement plus sceptiques sur la capacité ou la légitimité des pouvoirs publics à les régler. Ils sont ainsi un peu moins nombreux à considérer : ▪  que la pauvreté en France est un problème qui nécessite une action urgente de la part du Gouvernement : 74% pour 80% des Français dans leur ensemble et 84% des 55 ans et plus ▪  que le gouvernement français devrait s'assurer que les richesses du pays soient redistribuées équitablement à tous les citoyens : 71%, pour 78% des Français et 79% des 55 ans et plus, ▪  ou encore qu’il est de de sa responsabilité de donner un niveau de vie décent aux chômeurs : 67%, pour 77% pour l’ensemble des Français et 79% des 55 ans et plus. Ces variations générationnelles s’observent également s’agissant de la responsabilité et du bilan de la politique de l’Union européenne en matière de lutte contre les inégalités entre ses États membres. 1 Le coefficient de Gini est un système d’objectivation des inégalités. Il mesure l’inégalité des revenus, avec une valeur comprise entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité parfaite). A 0.297 en 2015, le coefficient de Gini en France est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE (0.318). DES FRANÇAIS (TRÈS) SENSIBLES AUX INÉGALITÉS DANS LEUR PAYS Pour en savoir plus, contacter Eddy Vautrin-Dumaine Directeur d’études Kantar Public France eddy.vautrin-dumaine@kantarpublic.com
  • 6. 6INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Ainsi les 55 ans et plus qui lui attribuent davantage de responsabilité en la matière sont, in fine, plus nombreux à considérer qu’elle a échoué à : ▪  assurer que les États membres coopèrent et se soutiennent mutuellement : 85% (+7 points par rapport à l’ensemble des Français) considèrent que c’est de sa responsabilité et 46% qu’elle a échoué (+10 points par rapport à l’ensemble des Français) ; ▪  réduire les inégalités entre les États membres : 77% (+5 points que la moyenne des Français) pensent que c’est de sa responsabilité et 51% (+10 points que la moyenne des Français) qu’elle a échoué. Une lecture politique de l’évaluation de l’action publique On peut faire un constat similaire en fonction des préférences politiques des Français interrogés : s’ils ne nient absolument pas l’importance et la gravité des inégalités en France, les sympathisants de La République En Marche sont toutefois un peu moins nombreux à considérer que la pauvreté en France est un problème qui nécessite une action urgente de la part du Gouvernement (77% pour 80% des Français) et que les différences de revenu entre individus sont bien trop grandes : 78% pour 82% de l’ensemble des Français. Une envie de plus d’Union européenne, mais un bilan de son action soit critique, soit attentiste Même si l’euroscepticisme continue de progresser en Europe, la nécessité d’une action de l’Union européenne en matière de lutte contre les inégalités ne fait aucun doute pour les Français interrogés (comme, d’ailleurs, pour leurs voisins néerlandais et allemands). Elle est même fortement réclamée en France, avec environ sept Français sur dix qui affirment qu’il est de la responsabilité de l’Union de réduire les inégalités entre ses États Membres, ses régions et ses citoyens les plus défavorisés. En revanche, les Français se montrent plus critiques s’agissant du bilan de l’UE en la matière. Des quatre pays analysés dans notre enquête, la France est en effet le plus sévère sur le bilan de l’UE en matière de coopération entre les États Membres (36% estiment qu’elle a « échoué »), ou d’aide aux régions les plus défavorisées (36%), ou aux personnes les plus défavorisés de l’UE (41%). Derrière ce bilan en demi-teinte, les Français semblent en réalité avoir du mal à se positionner sur le bilan de l’UE en matière de lutte contre les inégalités. Entre un tiers et un quart des Français interrogés considèrent en effet que l’UE n’a ni réussi ni échoué en la matière, ce qui peut être interprété comme une certaine forme d’attentisme à son égard. Un défi donc, à l’aube des prochaines élections européennes. PENSEZ-VOUS QUE CELA DEVRAIT ÊTRE OU QUE CELA NE DEVRAIT PAS ÊTRE LA RESPONSABILITÉ DE L’UNION EUROPÉENNE DE... ... s'assurer que les États membres coopèrent et se soutiennent mutuellement ... réduire les inégalités entre les États Membres ... aider les régions les plus défavorisées de l’UE ... aider les personnes les plus défavorisées de l’UE ... aider les pays les moins développés en dehors de l’UE à se développer Total Sûrement + Probablement 74% 55% 78% 57% 76% 58% 42%58% 63%84%78% 82% 72% 71% 68% 56% 51% 67% 72% 71%
  • 7. 7INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Les inégalités, un problème de plus en plus important Plus des quatre cinquièmes des Allemands interrogés (82%) indiquent que les inégalités sont un problème (« majeur » ou « modéré ») dans leur pays2 , un chiffre qui dépasse de loin ceux enregistrés dans les autres pays couverts par l'enquête (France : 74%/Pays-Bas : 57%/Grande-Bretagne : 53%). De plus, plus des quatre cinquièmes des Allemands (82%) ont le sentiment que les inégalités ont augmenté au cours des dix dernières années en Allemagne. Il s'agit de la proportion la plus élevée enregistrée parmi les pays couverts par l'étude (France : 64%/ Pays-Bas : 59%/Grande-Bretagne : 36%). Avec une économie florissante, un taux de chômage en baisse, un système politique reposant sur la coopération avec les partenaires sociaux, le fédéralisme et deux partis politiques forts se situant au centre, on pourrait penser que les inégalités sociales ne sont pas un problème majeur en Allemagne. Cependant, cet essor économique–résultant d'un marché du travail plus néolibéral et d'une réforme fiscale conduite par les Socio-démocrates au début des années 2000–repose en réalité sur des politiques engendrant des inégalités.Ainsi, beaucoup reconnaissent que la classe moyenne est en recul en Allemagne –le DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) a publié des informations reposant sur le GSOEP (le German Socio- Economic Panel) et des statistiques officielles en attestant–et les disparités dans la distribution des richesses–informations publiées dans le Global Wealth report1 reposant sur des statistiques officielles. Ces éléments concrets témoignent en effet de niveaux élevés d'inégalités illustrés par l'important écart entre la richesse médiane relativement basse et la richesse moyenne relativement élevée en Allemagne. En effet, la dernière étude du Centre Kantar pour le Futur de l’Europe–couvrant la Grande-Bretagne, la France, les Pays-Bas et l'Allemagne– révèle que la population allemande considère les inégalités comme un plus grand problème que ses voisins européens. 1 https://www.credit-suisse.com/corporate/en/research/research-institute/global-wealth-report.html 2 Ce constat concorde parfaitement avec les résultats d'une enquête 2015/16 réalisée par Kantar Public Allemagne pour le compte de la fondation Friedrich-Ebert, qui révèle que, pour 82% des Allemands interrogés, il y a trop d'inégalités en Allemagne. LES ALLEMANDS SONT TRÈS PRÉOCCUPÉS PAR LES INÉGALITÉS CROISSANTES Pour en savoir plus, contacter Ingo Leven Kantar Public Germany Associate Director Innovation Brand Strategy ingo.leven@kantarpublic.com SELON VOUS, AU COURS DES 10 DERNIÈRES ANNÉES, LES INÉGALITÉS ONT-ELLES AUGMENTÉ, DIMINUÉ OU SONT-ELLES RESTÉES STABLES DANS CHACUN DES LIEUX SUIVANTS ? … Total Beaucoup augmenté + Un peu augmenté La région où vous vivez 55% 20% (NOTRE PAYS) 82% 36% L'Union européenne 79% 33% Le monde 83% 42% 39% 64% 60% 66% 60% 67% 59% 36%
  • 8. 8INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC DANS QUELLE MESURE ÊTES-VOUS D’ACCORD OU PAS D’ACCORD AVEC CHACUNE DES PROPOSITIONS SUIVANTES ? Les personnes aisées devraient payer plus d'impôts afin que les pouvoirs publics (NATIONALITÉ) disposent de plus de moyens pour lutter contre la pauvreté 72% 65% Les inégalités de revenu sont nécessaires au développement économique 31% 41% Il ne sert à rien d'essayer de lutter contre les inégalités, elles existeront toujours 48% 53% 48% Les pouvoirs publics (NATIONALITÉ) devraient veiller à ce que les richesses du pays soient redistribuées de manière équitable à l'ensemble des citoyens 78% 56% De nos jours en (NOTRE PAYS) les différences de revenu entre les gens sont beaucoup trop importantes 88% 64% La pauvreté en (NOTRE PAYS) est un problème qui exige une intervention urgente des pouvoirs publics 80% 67% Total Totalement d'accord + Plutôt d'accord 82% 79% 69% 68% 49% 32% 35% 67% 61% 75% 68% Tout comme dans les autres pays couverts par l'étude, les Allemands sont moins nombreux (43%) à considérer les inégalités comme un problème dans la région où ils vivent, tandis que pour une large majorité d'entre eux le sont au niveau de l'Union européenne (84%) et du monde (91%). À titre de comparaison, dans les autres pays, seuls les Français (48%) indiquent plus souvent que les inégalités sont un problème dans leur région. Les Allemands ressentent aussi plus souvent une hausse des inégalités à tous les niveaux couverts par l'étude (local : 55%/ pays : 82%/UE : 79%/le monde : 83%) par comparaison avec les autres pays. Si l'on regarde de plus près les différences entre les Allemands, il ressort qu'il n'y a pas d'écarts importants quant au sexe, à l'âge et au revenu. Même si certaines catégories sociodémographiques –les plus fragiles –sont plus touchées que d'autres, il semble que la perception des inégalités soit largement partagée par l'ensemble de la population allemande. Ce n'est qu'au niveau local que le revenu, l'âge et la taille de la communauté ont de l'importance. Les personnes vivant dans les zones rurales (32%), celles disposant d'un revenu plus élevé (35%) et les plus jeunes (34%) perçoivent moins souvent les inégalités comme un problème au niveau local que les Allemands en général (43%). Un vaste majorité appelle de ses vœux une intervention des pouvoirs publics Sans surprise, près de neuf Allemands sur dix (88%) reconnaissent que, de nos jours, les différences entre les gens sont bien trop importantes. S'agissant de prendre des mesures, une large majorité de plus des trois quarts des Allemands interrogés (79%) attendent des pouvoirs publics qu'ils interviennent en urgence pour lutter contre la pauvreté. Afin de disposer de plus de moyens pour ce faire, pour près des trois quarts des Allemands (72%) il faudrait que les personnes aisées paient davantage d'impôts. Par comparaison avec les autres pays couverts par l'étude, les proportions enregistrées en Allemagne sont parmi les plus élevées. Sans surprise, et conformément à d'autres travaux de recherche, les personnes à plus faible revenu et celles se situant plus à gauche de l'échiquier politique sont plus susceptibles d'approuver ce type d'action.
  • 9. 9INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Les pouvoirs publics sont censés intervenir en cas de défaillance et de malheur mais ne tiennent pas leurs promesses Si plus des quatre cinquièmes des Allemands (82%) reconnaissent que les pouvoirs publics devraient réduire les différences de revenu entre les riches et les pauvres et, par conséquent, lutter contre la pauvreté, ils sont encore plus nombreux à convenir que les pouvoirs publics devraient fournir des soins de santé aux malades (97%) ainsi qu'un niveau de vie décent aux personnes âgées (96%). Globalement, quelle que soit la question, pas moins des deux tiers des Allemands interrogés reconnaissent que les pouvoirs publics devraient s'en charger. Les résultats s'échelonnent de plus de quatre cinquièmes des personnes interrogées qui sont d'accord pour dire que les pouvoirs publics devraient apporter une aide financière aux étudiants à l'université issus de familles à faible revenu (88%) à un peu plus de deux tiers qui estiment que c'est aux pouvoirs publics d'assurer un niveau de vie décent aux personnes sans emploi (67%).Avec ce large consensus, l'Allemagne se place en tête des pays couverts par l'étude– aux côtés de la France, tandis que les Pays-Bas se situent en troisième position et la Grande-Bretagne en quatrième. Si l'on y regarde de plus près, les données sociodémographiques révèlent que l'on retrouve ce large consensus dans tous les groupes pertinents. Sans surprise, l'aile gauche est favorable à un rôle aussi actif des pouvoirs publics, plus encore que l'aile droite s'agissant en particulier d'aider les minorités à trouver leur place dans la société. Si les trois quarts des Allemands (76%) soutiennent ce rôle des pouvoirs publics, seuls trois cinquièmes des personnes se situant à droite interrogées (60%) et encore moins de partisans de l'AfD3 (55%) sont plutôt d'accord. Si l'on s'intéresse aux résultats obtenus par les pouvoirs publics dans ces domaines, il ressort clairement que, quel que soit le sujet traité, seule une minorité des Allemands ont le sentiment que les actions de ces derniers portent leurs fruits. Plus des deux cinquièmes des Allemands interrogés (44%) reconnaissent que la fourniture de soins de santé aux personnes malades est le domaine dans lequel les pouvoirs publics réussissent le mieux. Et seul un huitième (12%) sont d'accord pour dire que la réduction des différences de revenu entre les riches et les pauvres se place dans les derniers de ces domaines. Avec ces faibles proportions, l'Allemagne se situe toutefois au sommet des quatre pays étudiés, ce qui indique que, dans ces pays, la grande majorité des personnes interrogées ne sont toujours pas convaincues par les actions récentes de leurs gouvernements respectifs. Encore plus intéressant, on peut observer des différences inattendues sur cette question en fonction de l'âge. C'est la jeune génération qui estime plus souvent que la plus âgée que les pouvoirs publics allemands obtiennent de meilleurs résultats dans ces domaines. Et il n'est pas surprenant que les partisans du parti de gauche « Die Linke » (« La gauche ») aient tendance à être plus sceptiques quant à la réussite des pouvoirs publics dans ces domaines. Mais les partisans de la nouvelle droite de l'AfD sont encore moins disposés à reconnaître que l'action des pouvoirs publics porte ses fruits, ce qui indique que ces deux partis plus extrêmes cherchent à séduire le même électorat. « La chance, cela se provoque » Étant donné que cette perception des inégalités dans la société est largement partagée par les Allemands, on pourrait croire qu'ils sont plutôt d'accord avec le fait que réussir dans la vie dépend davantage de caractéristiques externes et sociétales que de facteurs personnels. Cette étude révèle toutefois l'inverse. Une large majorité d'Allemands pensent que tout le monde devrait prendre ses responsabilités et tirer le meilleur parti de sa propre situation. Une bonne éducation (91%) est le plus souvent perçue comme un important facteur de réussite dans la vie (« essentiel » ou « très important »). Avoir de l'ambition (77%) et le fait de travailler dur (67%) sont également jugés essentiels. Ces résultats s'expliquent par les vertus prussiennes (ainsi que par des stéréotypes classiques), qui semblent profondément ancrées dans la psyché allemande. Le fait de connaître les bonnes personnes (59%) est aussi jugé important par une majorité des personnes interrogées. Toutefois, le fait d'être né(e) homme ou femme (20%), d'avoir des liens politiques (17%) ou la religion d'une personne (9%) sont moins souvent perçus comme ayant de l'importance pour réussir dans la vie. Si l'on compare les résultats avec les autres pays couverts par l'étude, nous voyons que les Allemands arrivent souvent en tête ici aussi, ce qui prouve que les gens sont capables de reconnaître que les inégalités sont un problème majeur dans leur pays tout en continuant de penser que c'est à eux qu'il incombe de tirer le meilleur parti de cette situation. Et une fois encore, c'est le point de vue partagé à part égale par les hommes et les femmes, par tous les âges, dans les grandes villes tout comme à la campagne. Un discours nécessaire pour l'UE ? À l'approche des élections au Parlement européen en 2019, on pourrait se demander si la lutte contre les inégalités pourrait être un discours nécessaire pour les institutions européennes. De plus, une grande majorité des Allemands reconnaissent que l'UE devrait aider les régions les plus défavorisées de l'UE (78%), les personnes les plus défavorisées de l'UE (76%) et réduire les inégalités entre les États membres (74%). De façon très intéressante, ce point de vue est partagé en France et aux Pays- Bas à un niveau comparable (dans une moindre mesure qu’en Allemagne toutefois), tandis que les Britanniques y sont moins favorables (ce qui sous-tend leur euroscepticisme). C'est aux partis politiques de faire savoir de quelle manière ils souhaitent s'attaquer efficacement à ces domaines. En effet, seule une petite partie des Allemands pensent que les actions de l'UE portent déjà leurs fruits dans ces domaines. Moins d'un quart des Allemands interrogés sont d'accord pour dire que l'UE aide avec succès les régions les plus défavorisées de l'UE (22%), les populations le plus défavorisées de l'UE (14%) et parvient à réduire les inégalités entre les États membres (16%). Ces faibles taux sont partagés par les quatre pays couverts par cette étude. 3  Alternative für Deutschland (Alternative pour l'Allemagne)
  • 10. 10INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Comme dans bien d'autres pays d'Europe de l'ouest, la Gauche traditionnelle est en très mauvaise posture aux Pays-Bas. Aujourd'hui, de nombreux chauffeurs de bus et ouvriers du bâtiment néerlandais –des personnes qui avaient coutume de voter sans hésiter pour un parti de gauche– votent pour le parti libéral, acceptant le fait que les opinions de ce parti en matière d'égalité sont très éloignées des leurs. Peut-on en déduire que les problèmes d'inégalités ne sont plus à l'ordre du jour aux Pays-Bas ? Pas tout à fait. La dernière étude réalisée par le Centre Kantar sur le Futur de l’Europe (couvrant l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas) porte sur ce que les Néerlandais pensent des inégalités. De manière générale, ces derniers semblent un peu plus préoccupés par les inégalités que les Britanniques, mais assurément moins inquiets que les Allemands et les Français. Toutefois, le fait que les inégalités soient un problème semble ne faire aucun doute. Plus de la moitié des personnes interrogées (57%) estiment que les inégalités sont un problème modéré ou grave aux Pays-Bas, tandis que, pour un pourcentage à peu près équivalent (59%), les inégalités ont reculé au cours des dix dernières années. Ces pourcentages sont inférieurs à ceux enregistrés en Allemagne et en France, mais légèrement supérieurs à ceux relevés en Grande- Bretagne. Une phrase sur l'opinion publique néerlandaise revient tellement souvent qu'elle en est devenue un lieu commun : « Je m'en sors relativement bien, tout comme mon entourage direct, mais pour ce qui est de la société dans son ensemble et du monde, c'est de pire en pire ». Cette opinion transparaît dans les résultats de l'étude : une grande majorité des Néerlandais s'inquiètent vivement des inégalités (croissantes) dans le monde et dans l'UE, mais seuls environ un tiers pensent que les inégalités sont un problème dans la région où ils vivent. Un pourcentage comparable pense que les inégalités ont augmenté dans leur propre région au cours des dix dernières années. On pourrait interpréter la situation de deux manières. Le léger malaise (par comparaison avec l'Allemagne et la France) que ressentent les Néerlandais quant aux problèmes d'inégalités pourrait être tout à la fois une conséquence du succès dans un passé récent, mais aussi une des causes du déclin, de la Gauche traditionnelle–symbolisé par la marginalisation du PvdA, le parti de centre gauche autrefois incontournable, dont la raison d'être était la lutte contre les inégalités. L'héritage égalitaire des Pays-Bas Durant les années 60, les Pays-Bas, pays conservateur relativement traditionnel, se sont transformés en un « pays modèle » progressiste–une révolution qui est intervenue en une décennie à peine. Cette évolution a également eu des répercussions sur la distribution des revenus. Vers la fin des années 80 et le début des années 90, les Pays-Bas faisaient partie des pays les plus égalitaires du monde capitaliste. Au cours de cette période, le dirigeant du centre gauche au pouvoir était Wim Kok, un ancien syndicaliste, fils d'un ouvrier n'ayant jamais été scolarisé. Il incarnait à bien des égards le credo de « l'égalité des chances pour tous ». Ironiquement, c'est sous la houlette de M. Kok que les sociaux-démocrates néerlandais ont contribué à leur propre effondrement électoral en adoptant la « Troisième voie »–reniant ouvertement leur idéologie et s'aliénant leur traditionnelle base constituée de la classe ouvrière. Rétrospectivement, cette évolution a ouvert la voie à la « révolte populiste » de 2002. Au cours de ces élections, les sociaux-démocrates ont perdu un grand nombre de leurs électeurs parmi les ouvriers au profit d'un nouveau parti anti- immigration et de ses successeurs. C'est aussi le moment où des sujets tels que les migrations, l'intégration, l'identité et le maintien de l’ordre ont commencé à supplanter les questions socio-économiques dans les priorités politiques. Les disparités grandissantes dans la société suscitent des inquiétudes croissantes... D'un autre côté, on peut affirmer que les Pays-Bas n'ont jamais été un pays véritablement orienté à gauche. En effet, si l'on regarde les chiffres, le paysage politique néerlandais a toujours eu une majorité de centre-droit, et n'a connu qu'une seule expérience de gauche dans les années 70, qui fait figure d'exception. LES PAYS-BAS S'INQUIÈTENT DES INÉGALITÉS CROISSANTES, MAIS SONT ÉGALEMENT CONSCIENTS DES PROGRÈS ACCOMPLIS JUSQU'À PRÉSENT Pour en savoir plus, contacter Tim de BEER Research Consultant/Client Consultant Kantar Public Netherlands tim.de.beer@kantarpublic.com Manuel KAAL Research Executive Kantar Public Netherlands manuel.kaal@kantarpublic.com
  • 11. 11INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC QUEL QUE SOIT LE PAYS, IL PEUT EXISTER DES DIFFÉRENCES ET DES ANTAGONISMES ENTRE DIFFÉRENTS GROUPES. SELON VOUS, EN PAYS QUEL EST LE NIVEAU D'ANTAGONISME ENTRE… Total Très forts antagonismes + Forts antagonismes … les personnes d'origine étrangère et celles d'origine locale ? 82%67% 77% 51% … ceux qui cotisent et les bénéficiaires des prestations sociales ? Non demandé69% 45%52% … les jeunes et les personnes âgées ? 39% 29%30% 34% … les personnes vivant dans des grandes villes et celles vivant à la campagne ? 36% 28% 32% 31% … la classe ouvrière et la classe moyenne ? 38% 30% 37% 33% … les pauvres et les riches ? 67% 43%61% 53% … les membres de la direction et les employés ? 66% 40%44% 51% … les personnes se situant en haut et celles se situant en bas de la société ? 67% 52%64% 62%
  • 12. 12INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC de l'éducation, de l'ambition, du fait de travailler dur et de disposer d'Internet/de possibilités de communication, une vision très peu différente de celle relevée en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ce qui est différent, toutefois, c'est le pourcentage relativement faible de personnes qui pensent que la religion, les origines ethniques, le sexe et les liens politiques sont un facteur crucial. Mais la différence de loin la plus frappante avec les trois autres pays est le fait que seuls 38% des Néerlandais pensent qu'avoir des parents relativement instruits est important. L'ancien Premier ministre Kok a montré la voie aux Néerlandais, bien sûr. D'une certaine manière, on pourrait avancer que les Néerlandais sont peut-être tout aussi sensibles aux questions d'inégalités que les Allemands et les Français, mais peut-être un peu plus conscients de leur situation privilégiée. La controverse actuelle est principalement suscitée par les avantages fiscaux dont bénéficient les multinationales et le marché immobilier Le débat néerlandais sur les questions concernant les inégalités peut s'échauffer quelque peu lorsqu'il s'agit du marché immobilier (avantages fiscaux dont bénéficient les propriétaires), des retraites (manque de solidarité entre les générations), des avantages fiscaux dont bénéficient les multinationales, des bonus que touchent les banquiers et des coupes budgétaires qui frappent les personnes dépendantes des services sociaux. Au moment où cette étude a été réalisée, le fait que les pouvoirs publics néerlandais aient accepté de supprimer la « taxe sur les dividendes » dans le but d'attirer les multinationales aux Pays-Bas après le Brexit a suscité une forte controverse. Cette mesure semble avoir porté ses fruits, étant donné que le siège social d'Unilever s'installera à Rotterdam l'année prochaine. Mais rien ne prouve que c'est réellement cette dernière qui est à l’origine de la décision d'Unilever. De plus, le contribuable néerlandais doit payer pour la suppression de la taxe sur les dividendes. Certains partis ont déjà fait allusion à des coupes budgétaires sur les services sociaux, provoquant ainsi la colère des partis de gauche et des faiseurs d'opinion. Nos questions supplémentaires dans cette étude montrent que 30% des Néerlandais soutiennent les mesures de nature fiscale qui cherchent à attirer des multinationales, tandis que 52% y sont opposés. On redoute toutefois quelque peu un nivellement par le bas au plan international en matière de fiscalité. Et c'est là que l'UE entre en scène : 52% des personnes interrogées sont favorables à une législation fiscale européenne uniforme pour les multinationales, seuls 22% s'y opposant. S'agissant des questions complexes de concurrence et d'égalité, les Néerlandais semblent accueillir favorablement l'intervention des institutions et législations supranationales, car ils comprennent que les forces du marché ne peuvent être arrêtées aux frontières nationales Il n'en demeure pas moins que les inégalités et les perceptions des inégalités sont de plus en plus problématiques. Plusieurs études ont montré que la tendance au renforcement de l'égalité de l'après-guerre s'est inversée au cours des 25 dernières années et que les inégalités sont en hausse. Si les Pays-Bas demeurent un pays relativement égalitaire s'agissant des différences de revenu, il y a d'autres dimensions pour lesquelles les écarts entre les nantis et les pauvres se creusent. Les débats sur les inégalités mettent l'accent sur plusieurs « fractures » : entre les villes et leur périphérie, entre les personnes ayant un diplôme universitaire et celles qui n'en ont pas, entre groupes ethniques et entre générations. Assez souvent, plusieurs de ces disparités se cumulent et semblent se renforcer mutuellement–avec pour conséquences des tensions croissantes. Une grande majorité (77%) de la population néerlandaise interrogée estime qu'il y a de graves antagonismes entre les personnes d'origine étrangère et celles d'origine locale, et plus de la moitié reconnaît également que c'est le cas en ce qui concerne les personnes se situant en haut et celles se situant en bas de la société (62%), les pauvres et les riches (53%) ainsi que les membres de la direction et les employés (51%). Une minorité importante estime qu'il y a de graves antagonismes entre les jeunes et les personnes âgées (39%) et entre les personnes vivant dans des grandes villes et celles vivant à la campagne (32%). De manière générale, les Néerlandais semblent être tout aussi préoccupés par ces questions que les Allemands et les Français et plus préoccupés que les Britanniques. ...mais certains signes témoignent des avancées obtenues en matière d'égalité au cours de l'après-guerre Si pour une nette majorité des Néerlandais interrogés la pauvreté est un problème urgent (75%), les différences de revenu sont bien trop grandes (68%), les personnes aisées devraient payer plus d'impôts (65%), et les pouvoirs publics devraient veiller à ce que les richesses du pays soient redistribuées de manière équitable entre tous les citoyens (56%), une autre réalité émerge également. Un nombre significatif de Néerlandais (plus élevé que dans les trois autres pays) reconnaît qu'« il ne sert à rien de lutter contre les inégalités, car elles existeront toujours » (53%) et « les inégalités sont nécessaires au développement économique » (41%). Ces deux derniers constats pourraient s'expliquer par le fait que les Pays-Bas sont déjà un pays relativement égalitaire doté d'un système d'impôt progressif, et que les Néerlandais n'ont jamais été friands de programmes publics. Mais cela pourrait également avoir un rapport avec le fait que les Néerlandais ne se considèrent ni fortement de gauche, ni fortement de droite–cette étude confirme que la grande majorité se situe autour du centre. Il semblerait que, en dépit des inquiétudes actuelles, l'opinion des Néerlandais s'explique par certaines des avancées égalitaires obtenues au cours de l'après-guerre dans la lutte contre les inégalités. Les Néerlandais ont tendance à considérer que la réussite dans la vie dépend principalement
  • 13. 13INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Selon l'opinion courante, les inégalités seraient en augmentation en Grande-Bretagne. Le fossé entre les « gens ordinaires » et l'élite politique et économique a été cité comme l'une des causes principales des résultats du référendum et des élections générales en 2016 et 2017.Ainsi, 36% des personnes interrogées ont le sentiment que les inégalités ont augmenté en Grande- Bretagne au cours des 10 dernières années (contre 17% qui estiment que les inégalités ont reculé au cours de la même période). Mais si certains pensent que les inégalités sont peut- être en hausse, les Britanniques semblent moins préoccupés par les inégalités que leurs voisins de l'UE. Un quart des personnes interrogées (26%) estiment que les inégalités sont un problème modéré ou grave dans la région où elles vivent. La moitié des personnes interrogées (53%) pensent que les inégalités sont un problème modéré ou grave en Grande-Bretagne. Ces chiffres sont inférieurs à ceux enregistrés en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. Inégalités contre équité Il est intéressant de s'interroger sur ce que les Britanniques considèrent comme des inégalités. Nous sommes peut-être moins préoccupés par les inégalités que certaines autres nations.Toutefois, nombre d'entre nous reconnaissons que les perspectives d'une personne dans la vie sont influencées par ses origines et par ses relations. La vie n'est pas toujours juste.À titre d'illustration, pour 30% des personnes interrogées, « le fait d'être issu d'une famille aisée » est très important ou essentiel pour réussir dans la vie ; 22% reconnaissent qu'« avoir UNE CONFIRMATION DES INÉGALITÉS CROISSANTES EN GRANDE-BRETAGNE ? les liens politiques utiles » est très important ou essentiel pour réussir dans la vie (cette fois encore plus que les trois autres nations) ; pour 22% d'entre elles, les origines ethniques sont très importantes ou essentielles pour réussir dans la vie. Tous ces chiffres sont plus élevés en Grande-Bretagne qu'en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. De plus, deux tiers des Britanniques interrogés (67%) sont d'accord pour dire que « les personnes aisées devraient payer plus d'impôts afin que les pouvoirs publics britanniques disposent de moyens plus importants pour combattre la pauvreté ». Ce chiffre est comparable à celui des trois autres nations. Les perceptions de l'équité diffèrent en fonction du sexe. Les femmes britanniques sont plus susceptibles que les hommes de dire que des facteurs personnels–des choses que maîtrise chaque individu–influent sur les chances de réussir dans la vie. Il s'agit notamment de l'ambition de chaque individu et du fait qu'il travaille dur. La quasi-totalité des femmes (94%) reconnaissent que le fait de travailler dur est important pour réussir dans la vie, et 93% sont d'accord pour dire que l'ambition joue un rôle important (des chiffres tous deux considérablement supérieurs à ceux enregistrés chez les hommes). On pourrait dire que les femmes ont une attitude plus positive que les hommes. En revanche, les hommes sont plus susceptibles d'accorder de l'importance à des caractéristiques externes et sociétales, tels les liens politiques, les origines ethniques et le fait d'être issu d'une famille aisée - ce qui dénote une vision légèrement plus cynique. Les inégalités et les perceptions des inégalités sont des sujets brûlants en Grande-Bretagne. Les discussions sur les écarts de salaire entre les hommes et les femmes et sur les inégalités entre eux occupent une place prépondérante dans les médias, le dialogue politique et le débat public plus généralement. Les inégalités intergénérationnelles croissantes, en particulier la fracture entre les jeunes générations et les générations plus âgées, sont également largement débattues. En 20171 , nous avons mis en évidence certaines des divisions qui existent entre les pans plus jeunes et les pans plus âgés de la société - une caractéristique déterminante des tendances de vote lors du référendum de 2016. Les résultats découlant d'une nouvelle étude réalisée par le Centre Kantar sur le Futur de l’Europe (couvrant la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France et les Pays-Bas) a permis de faire la lumière sur les opinions de notre nation sur les inégalités et sur la manière dont elles diffèrent en fonction de l'âge et du sexe. Pour en savoir plus, contacter Alex Thornton Director - Social Research alex.thornton@tnsglobal.com 1 http://kantar.com/public/download/latest/5/CentreKantar_Democracy_ Populism_2017_FINAL.pdf
  • 14. 14INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Total Essentiel + Important VEUILLEZ COCHER UNE CASE POUR CHACUNE DES PROPOSITIONS SUIVANTES POUR INDIQUER À QUEL POINT C'EST IMPORTANT SELON VOUS POUR RÉUSSIR DANS LA VIE… À QUEL POINT EST-IL IMPORTANT : D'avoir accès à Internet ? D'avoir vous-même une bonne éducation ? D'avoir accès à des moyens de communication ? De travailler dur ? D'avoir des parents relativement instruits ? D'être issu(e) d'une famille aisée ? D'avoir une certaine origine ethnique ? D'être né(e) homme ou femme ? D'avoir des liens politiques ? D'avoir une certaine religion ? De connaître les bonnes personnes ? D'avoir de l'ambition ? 89% 94% 93% 87% 74% 31% 31% 36% 26% 21% 57% 87% 95% 98% 96% 96% 87% 60% 54% 46% 47% 23% 94% 98% 83% 91% 88% 91% 72% 58% 47% 42% 45% 32% 83% 90% 95% 94% 94% 92% 38% 33% 33% 30% 28% 26% 81% 88%
  • 15. 15INÉGALITÉS© KANTAR PUBLIC Étude plus approfondie de la dimension du genre L'un des résultats probablement les plus frappants est le fait que plus de la moitié des femmes (54%) déclarent qu'être né(e) homme ou femme n'est pas important pour réussir dans la vie (contre 49% des hommes). Les femmes ne sont pas non plus davantage susceptibles que les hommes de dire qu'être né(e) homme ou femme est important pour réussir dans la vie (41% contre 44%). Dans le contexte de la question de l'égalité hommes- femmes, c'est assurément encourageant. Les femmes ne sont pas non plus davantage susceptibles que les hommes de considérer les inégalités de manière générale comme un problème modéré ou grave en Grande-Bretagne (environ la moitié, hommes et femmes confondus). Les événements récents et le climat socio-politique actuel peuvent en partie expliquer ces résultats. L'égalité hommes-femmes est un sujet de discussion important dans les médias. Des événements tels que « La marche des femmes », le mouvement #Metoo et l'obligation pour les gros employeurs de publier des informations sur les écarts de salaires entre les hommes et les femmes ont mis l'égalité hommes-femmes sur le devant de la scène. Il semblerait que les choses soient en train de changer, ou du moins que l'on parle de la question de l'égalité hommes-femmes et qu'on la traite sérieusement. La fracture entre les générations Les inégalités ont également une dimension générationnelle en Grande-Bretagne. Les résultats du référendum de 2016 et des élections générales de 2017 ont mis en évidence un fossé entre les opinions politiques des citoyens jeunes et plus âgés. Le fossé croissant entre les générations en Grande-Bretagne fait également l'objet de vastes débats. Nos résultats semblent indiquer que les jeunes, en particulier ceux de moins de 25 ans, sont profondément préoccupés par cette question. Près de la moitié (43%) des moins de 25 ans ont le sentiment qu'il existe de forts ou de très forts antagonismes entre les jeunes et les personnes âgées, contre à peine 27% des 25 ans et plus.Les moins de 25 ans ont également une opinion assez différente de ce que les priorités des pouvoirs publics devraient être. Pour un jeune de moins de 25 ans sur cinq (22%), ce n'est pas aux pouvoirs publics d'assurer un niveau de vie décent aux personnes âgées, contre à peine 10% des 25 ans et plus. Ces résultats, ainsi que des divisions politiques manifestes en fonction de l'âge, mettent en lumière des différences et des antagonismes potentiels entre les générations plus jeunes et plus âgées. CENTRE KANTAR SUR LE FUTUR DE L’EUROPE Créé au sein de Kantar Public, société internationale d’étude et de recherche, le Centre Kantar sur le Futur de l’Europe a pour ambition de nourrir le débat public sur les enjeux européens, en s’appuyant notamment sur les experts nationaux de Kantar Public, leur connaissance de l’opinion publique, des mouvements politiques, tendances socioéconomiques et phénomènes migratoires au sein de l’Union européenne et chacun des pays qui la composent. Kantar Public est une société mondiale de conseil et de recherche qui fournit des prestations d’études relatives aux politiques publiques aux gouvernements, au secteur public et aux entreprises. Kantar Public agit à travers le monde, avec des équipes pluridisciplinaires présentes sur tous les continents, pour partager les meilleures pratiques mondiales en s’appuyant sur une forte expertise locale. En tant que marque opérationnelle au sein de Kantar et du groupe de sociétés WPP, nous sommes l'un des principaux partenaires mondiaux en matière de conseil et de recherche statistique et d’opinion auprès des gouvernements. www.kantarpublic.com @KantarPublic