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Jean-Bruno EYOBELE OBAKA
(Mai 2017)
Le livre blanc de la prévention de
la dépendance et la promotion
de la vieillesse active
1
Chère lectrice,
Cher lecteur,
La faiblesse de la structuration des actions et des acteurs1
est la chose
la plus surprenant en matière de prévention et de promotion de la
vieillesse active2
. Ceci, malgré la volonté, le dynamisme et l’importante
masse de connaissances et expertises accumulées ces dernières années.
Notre démarche ne vise pas à apporter de nouvelles connaissances.
Seulement, 4 années d’expériences dans le développement de solutions et services innovants aussi
bien que l’accompagnement de la commercialisation de solutions technologiques dédiés aux seniors
(la silver économie) nous ont permis d’expérimenter et/ou de toucher du doigt, l’un des défis majeurs
de la vieillesse active, à savoir : la difficulté d’un écosystème extrêmement varié (monde de
l’entreprise, acteurs du publics, la recherche, le monde médical et psycho-sociale, …).
Ce fait ne facilite pas le rapprochement des acteurs autour d’une même table afin d’amorcer le travail
de coopération, indispensable à la structuration d’une filière.
En effet, cette diversité culturelle et d’horizon, richesse indéniable, représentent, dans les faits, un
redoutable défi pour la dynamisation et la cohérence du champ de « la vieillesse active3
».
Ce livre blanc est, avant tout, une démarche orientée vers l’exploration des frontières de la vieillesse
active en tant que champ d’action.
C’est, aussi, l’expression d’une volonté personnelle visant à mettre en exergue des ponts susceptibles
de servir comme points d’amarrage pour l’agrégation des acteurs, des actions et des programmes,
dans la perspective d’enclencher des dynamiques mieux coordonnées (aussi bien sur le plan national
et/ou local).
Dans ce sens, ce livre blanc se veut : pratique et opérationnel, pour qui s’intéresse à la vieillesse active.
L’œuvre humaine étant par nature inachevée, toute remarque et/ou suggestion est la bienvenue.
Jean-Bruno EYOBELE OBAKA
Pharmacien – Expert de la prévention de la dépendance, la promotion de la vieillesse active, la
gérontechnologie et les technologies de l’autonomie.
1
J. Lazar, La compétence des acteurs dans la « Théorie de la structuration » de Giddens, Cahiers Internationaux
de Sociologie, Vol. 93 (Juillet-Décembre 1992), pp. 399-416.
2
Fuchs Marie-Françoise, « Vieillesse active, vieillesse « branchée » », dans L'avancée en âge, un art de vivre.
sous la direction de Bergeret-Amselek Catherine. Toulouse, ERES, « L'Âge et la vie - Prendre soin des personnes
âgées », 2013, p. 205-212. URL : http://www.cairn.info/avancee-en-age-un-art-de-vivre.
3
http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/67758/1/WHO_NMH_NPH_02.8_fre.pdf
2
Le plus grand ennui, c'est d'exister sans vivre !
[Victor Hugo]
3
Précautions de lecture
Ce livre blanc est avant tout une contribution personnelle, basées sur 20 années d’expérience dans le
champ de la vieillesse.
Pour mener ce projet à bien, nous nous sommes surtout appuyés sur 4 dernières années passé dans le
développement des modalités d’adaptation et d’acceptation de nouvelles technologies par le public
âgée et également sur les informations, les données et documents (disponibles en ligne).
Nous n’avons pas, ici, la prétention de faire une description exhaustive des contours de la vieillesse
active4
en tant que perspective, écosystème ou filière pluridisciplinaire.
Cependant, nous apportons :
• un éclairage, pour une meilleur compréhension des enjeux de « ce nouveau champs d’action »,
• une mise en évidence des fondements faisant office de points d’ancrage ou encore de ponts
capables de faire le lien entre les différents acteurs (public, privée, associatif ,…), professionnel
(sanitaire, médico-social, psycho-social, profession libérale, autres.) et intervenants,
• des bases pour la dynamisation de la coopération entre les différentes parties prenantes,
• des bases pour la coordination de l’action et des acteurs,
• une proposition de pistes pour dynamiser la structuration des acteurs.
Pour ce faire, ce livre blanc est organisé en 5 parties, à savoir :
1. Vieillir en étant actif : du constat à l’action,
2. Faire en sorte que chacun, quel que soit sa position (personne âgée, proche et famille,
acteurs institutionnels, professionnel de terrain, …) ou quel que soit le lieu où il se trouve
(ville, campagne, …) devienne acteur du vieillissement actif,
3. Créer les conditions pour le développement d’une véritable culture de prévention,
4. Soutenir l’innovation, le déploiement et l’adoption de nouvelles technologies pour susciter
l’émergence d’un langage commun capable de faire tomber les barrières entre les différentes
parties prenantes de la vieillesse active,
5. Conclusion.
Le lecteur est libre de commencer la lecture là où bon lui semble, sans que la cohérence de
l’ensemble n’en pâtisse.
4
https://www.age-platform.eu/images/stories/EN/ey2012_joint_leaflet_fr.pdf
4
Table des matières
Première partie : Vieillir en étant actif : du constat à l’action. ...............................................................8
Présentation.......................................................................................................................................9
Vieillir en restant actif ....................................................................................................................9
La vieillesse active : une culture avant tout..................................................................................10
Particularités des actions et programmes en faveur du vieillissement actif en France ................10
Retarder la survenue de la dépendance.......................................................................................11
Organiser la prise en charge de personnes âgées en situation de dépendance. ..........................11
La prévention de la dépendance en question ..............................................................................12
Une perspective prometteuse......................................................................................................13
Deuxième partie : faire en sorte que chacun, quel que soit sa position (personne âgée, proche et
famille, acteur institutionnel, professionnel de terrain…) ou quel que soit le lieu où il se trouve (ville,
campagne…), devienne acteur du vieillissement actif..........................................................................15
Réalité du vieillissement : constat général .......................................................................................16
A quel moment une personne est-elle considérée comme âgée ?...................................................16
Le vieillissement en France : des chiffres qui interpellent................................................................16
La grande tendance..........................................................................................................................16
L’avancée en âge et la vieillesse en France ......................................................................................17
Le vieillissement et la peur de la vieillesse .......................................................................................17
Quelques témoignages illustrant l’angoisse des français face au vieillissement ..............................17
La problématique de la dépendance en France ...............................................................................18
La notion d’autonomie.....................................................................................................................19
Le rejet de la dépendance ................................................................................................................19
La réalité de la dépendance en quelques chiffres ............................................................................19
La prise en charge de la dépendance ...............................................................................................20
Le coût de la prise en charge de la dépendance en quelques chiffres .............................................20
Le maintien à domicile en question..............................................................................................20
Bien vieillir en France .......................................................................................................................21
Troisième partie : créer les conditions pour le développement d’une véritable culture de prévention.
.............................................................................................................................................................22
Privilégier la prévention, pour « une vieillesse active »....................................................................23
Proposition d’un cadre opérationnel et pratique pour développer la culture de prévention de la
dépendance..................................................................................................................................23
La prévention primaire.....................................................................................................................25
La population cible .......................................................................................................................25
Les facteurs de risques de vulnérabilisassions..............................................................................25
Comment définir une politique de prévention primaire ..............................................................25
5
Les actions et/ou programme d’éducation et de promotion de la vieillesse active .....................26
La finalité de la prévention primaire ............................................................................................27
Prendre soin de soi.......................................................................................................................29
La culture de l’éducation et de promotion de la vieillesse active.................................................32
La place des décideurs dans la prévention primaire.....................................................................33
La place de la recherche en prévention primaire .........................................................................33
Les acteurs de la prévention primaire ..........................................................................................34
La prévention secondaire.................................................................................................................36
La cible de la prévention secondaire ............................................................................................36
Les fondements de la prévention secondaire...............................................................................36
Les stratégies d’action..................................................................................................................38
Les outils de mesure et d’évaluation............................................................................................39
La réadaptation et la rééducation ................................................................................................40
Les actions en prévention secondaire ..........................................................................................41
Les acteurs de la prévention secondaire ......................................................................................42
La prévention tertiaire......................................................................................................................44
La cible de la prévention tertiaire.................................................................................................44
La prise en charge de la dépendance ...........................................................................................45
La maladie d’Alzheimer ................................................................................................................52
Les aidants....................................................................................................................................56
La place du médicament dans le vieillissement actif....................................................................60
La place de l’éducation du patient ...............................................................................................66
La filière gérontologique ..............................................................................................................69
L’hospitalisation de la personne âgée. .........................................................................................71
L’hospitalisation à domicile (HAD), une alternative au recours à un plateau technique ..............76
La fin de vie ..................................................................................................................................79
Les soins palliatifs.........................................................................................................................81
Le deuil : l’accompagnement et le soutien...................................................................................87
Le changement.............................................................................................................................91
La négociation ..............................................................................................................................98
Communiquer avec une personne âgée.....................................................................................102
Quatrième partie : Soutenir l’innovation, le déploiement et l’adoption de nouvelles technologies pour
susciter l’émergence d’un langage commun capable de faire tomber les barrières entre les
différentes parties prenantes de la vieillesse active...........................................................................104
La place des technologies dans la prévention ................................................................................105
Les technologies et la prévention...............................................................................................106
6
Les technologies du dépistage....................................................................................................106
Les technologies du diagnostic...................................................................................................106
Les technologies thérapeutiques................................................................................................107
Les technologies de suivi............................................................................................................107
La gérontechnologie.......................................................................................................................108
Champ d‘action de la gérontechnologie.....................................................................................108
Difficultés et freins .....................................................................................................................109
Quelques textes et rapports clés................................................................................................110
Les objets connectés ......................................................................................................................112
Le fonctionnement des objets connectés...................................................................................112
Caractéristique des objets connectés.........................................................................................112
Les applications des objets connectés........................................................................................113
Quelques exemples d’objets connectés .....................................................................................113
Fabriquer soi-même des objets connectés.................................................................................114
Les prochains défis des objets connectés...................................................................................114
Les principaux acteurs du marché ..............................................................................................114
Le Big Data......................................................................................................................................115
La problématique soulevée par les datas ...................................................................................115
La délicate question des datas ...................................................................................................116
Le cloud computing ........................................................................................................................117
Les spécificités du « cloud computing » .....................................................................................117
Commercialisation et marché ....................................................................................................118
Quelques acteurs majeurs du marché........................................................................................118
La technologie et la santé numérique ............................................................................................120
Le champ d’action de l’e-santé...................................................................................................120
La e-santé ou l’imbrication de 3 disciplines................................................................................122
La place de l’innovation..................................................................................................................133
Les domaines d’application de l’innovation ...............................................................................133
Le principal enjeu de l’innovation ..............................................................................................138
La créativité....................................................................................................................................152
Le management de la créativité .................................................................................................152
Cinquième partie : conclusion............................................................................................................154
Le vieillissement actif en question .................................................................................................156
La notion de prévention dans la vieillesse active .......................................................................157
Les défis du vieillissement actif ..................................................................................................159
L’univers de la vieillesse active...................................................................................................160
7
L’innovation dans le champ de la vieillesse active......................................................................161
La dynamisation du champ de la vieillesse active ......................................................................162
La contribution de ce livre blanc ....................................................................................................165
8
Première partie : Vieillir en étant actif : du
constat à l’action.
9
Présentation
Le vieillissement de la population figure parmi les grands triomphes de l’action publique française.
Pourtant, cette avancée sociale représente, aujourd’hui, l’un des défis majeurs pour la société.
En effet, le vieillissement démographique en France interroge fortement la capacité de la société à
répondre aux besoins des personnes vieillissantes.
Car, si l’on veut d’un vieillissement positif et assumé, il est essentiel qu’une vie plus longue, offre
davantage de possibilités d’être actif pour une participation sociale effective.
Ceci suppose essentiellement :
• l’accès à des soins adaptés et de qualité,
• vivre dans un environnement aménagé et positif,
• être bien informé, accompagné et soutenu en cas de besoin,
• disposer d’un rôle social reconnu,
• se sentir en sécurité.
Par ailleurs :
• la reconnaissance des droits de la personne âgée et du principe de leur indépendance,
• le respect de leur dignité,
• le devoir d’assistance,
constituent des marqueurs incontournables pour l’épanouissement de nos ainés.
Certes, plus l’âge avance, plus la poursuite d’une trajectoire d’indépendance est menacée, plus le
processus de fragilisation se développe et plus le risque de dépendance croit ; Mais, tous les
individus ne suivent pas la même trajectoire, ni le même rythme de vieillissement.
Malgré tous, lorsqu’elles sont bien intégrées socialement, les personnes âgées participent à tous les
aspects sociaux, culturels, économiques et politiques de la vie en société, dans les foyers, leurs
familles et leur localité : C’est, bien là, le principe de « vieillir en restant actif ».
Vieillir en restant actif
C’est le processus consistant à optimiser les possibilités de bonne santé, de participation sociale et de
sécurité afin d’accroître la qualité de la vie pendant la vieillesse.
Un vieillissement actif permet aux personnes âgées de réaliser leur potentiel de bien-être physique,
social et mental tout au long de la vie et de s’impliquer dans la société selon leurs besoins, leurs souhaits
et leurs capacités, tout en jouissant d’une protection, d’une sécurité et de soins adaptés lorsqu’elles en
ont besoin5
.
Pour les personnes âgées cela signifie, vivre dans des conditions6
qui permettent à chacun d’exprimer
son potentiel en s’impliquant davantage dans la vie sociale selon ses moyens et ses capacités7
.
5
Organisation mondiale de la santé (OMS): Vieillir en restant actif – cadre d’orientation.
http://whqlibdoc.who.int/hq/2002/WHO_NMH_NPH_02.8_fre.pdf
6
https://www.unece.org/fileadmin/DAM/pau/age/Policy_briefs/French/Policy_Brief_13_FR.pdf
7
C. Crignon-De Oliveira, « Qu'est-ce que « bien vieillir » ? Médecine de soi et prévention du vieillissement », Les
Cahiers du Centre Georges Canguilhem 2010/1 (N 4), p. 177-191.
10
Pour les autorités publiques et les acteurs gérontologiques cela implique de contribuer à l’amélioration
de la qualité de vie et surtout de faire en sorte que les bons choix soient aussi les plus facile à réaliser.
La vieillesse active : une culture avant tout
Le principal challenge à relever par l’action publique, les organisations associatives et les acteurs de la
santé et du médico-psycho-social est d’œuvrer pour la participation sociale effective et la sécurisation
des parcours de vie des personnes âgées.
Dans ce sens, le principal enjeu consisterait à développer une culture de prévention à tous les
niveaux, en adoptant une démarche à 3 niveaux :
Premier niveau : les personnes âgées
Il s’agit de :
• La responsabilisation et l’implication individuelles des personnes âgées (l’empowerment8
individuel),
• Les actions collectives et inclusives, dans la définition et le déploiement des actions et
programmes (l’empowerment collectif).
Deuxième niveau : la famille et les proches (aidants)
Il s’agit d’un accompagnement et un soutien adaptés9
(intervention professionnelle).
Troisième niveau : les acteurs et/ou les professionnels gérontologiques
Il s’agit de développer un cadre et une démarche méthodologique capable de faciliter le
développement et le déploiement des politiques et des programmes pour appuyer et/ou soutenir les
stratégies individuelles et/ou collectives permettant aux personnes âgées de continuer à rester actif,
selon leur capacité et leurs préférences (Les programmes et/ou les actions devraient non seulement
cibler les besoins mais également prendre en compte les parcours de vie).
Concrètement, il s’agit de :
• Cibler les périodes de rupture dans les trajectoires de vie (notamment les phases de
transition),
• Faciliter l’accès à l’information au moment où le besoin se ressent,
• Faciliter l’accès aux services/solutions, aux ressources et équipements.
Particularités des actions et programmes en faveur du vieillissement actif en France
En France, le rôle des pouvoirs publics, dans l’analyse des besoins, ainsi que dans l’organisation des
réponses, est prépondérant.
8
http://envision.ca/pdf/w2w/Papers/NinacsPaper.pdf
9
http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/ANE-TRANS-RBPP-Soutien_aidants-Interactif.pdf
11
Les actions ou programmes favorisant le vieillissement actif se déclinent pour l’essentiel en deux
axes :
• retarder autant que possible la survenue de la dépendance,
• organiser la prise en charge lorsque les personnes âgées se retrouvent en situation de
dépendance.
Retarder la survenue de la dépendance
Cette approche cible, principalement, les déterminants impliqués dans la survenue de la
dépendance.
Les facteurs qui affectent la santé ont, ici, un poids déterminant (exemple : les maladies
dégénératives associées au vieillissement, les maladies chroniques, …).
Selon cette approche, la vieillesse sans incapacité est, en quelque sorte, l’archétype du « Bien
vieillir ».
Or, malgré son intérêt, la notion de « Bien vieillir » reste encore assez flou, en ce qu’elle recouvre
plusieurs approches10
.
Par ailleurs, en France, beaucoup d’acteurs expriment un certain malaise face à cette notion, car ils y
perçoivent une sorte d’injonction.
Il n’empêche que la notion de « Bien vieillir » reste le fondement conceptuel de différents plans
nationaux, tels que : le plan Alzheimer, le plan maladies neuro-dégénératives, le plan dépression et
prévention du risque suicidaire, le plan cancer, le plan national d’action pour une politique du
médicament adaptée aux personnes âgées, plan national d’action de promotion des médicaments
génériques, …
Organiser la prise en charge de personnes âgées en situation de dépendance.
L‘avancée en âge est associée à la survenue des maladies chroniques, des incapacités et des
difficultés à assumer seul(e)s un certain nombre des tâches ordinaires de la vie quotidienne.
Les autorités publiques ce sont retrouver dans l’obligation d’organiser la solidarité sociale afin de
répondre à ce que l’on dénomme désormais comme la dépendance des personnes âgées.
La prise en charge du handicap, de l’incapacité ou de la dépendance est, aujourd’hui, un enjeu de
taille pour l’ensemble de la société, en ce qu’elle11
:
• pose la question de l’articulation entre trois sources de protection : la famille, le marché (le
système des assurances, etc.) et l’État12
,
10
M. Gangbè et F. Ducharme « Le "bien vieillir" : concepts et modèles » M/S : médecine sciences, vol. 22, n° 3,
2006, p. 297-300.
11
C. Martin, « Les politiques de prise en charge des personnes âgées dépendantes», Travail, genre et sociétés
2001/2 (N° 6), p. 83-103.
12
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/protection-sociale/definition/y-t-il-
modele-unique-etat-providence.html
12
• bouleverse les frontières établies entre différents secteurs de la protection sociale (frontières
entre le social et le sanitaire, entre politiques familiales et politiques de la vieillesse, voire
même politiques d’emploi),
• confronte le décideur politique à une série de choix cruciaux sur la nature du dispositif à
élaborer (logique d’assurance obligatoire ou non, logique d’aide sociale, logique de marché),
• soulève le problème du financement et de la gestion du dispositif de prise en charge, entre
l’État, les collectivités locales et les caisses de Sécurité sociale.
La prévention de la dépendance en question
Le rapport Trillard représente un grand tournant en ce qu’il préconise clairement l’inscription de la
prévention de la dépendance comme axe centrale des politiques du vieillissement.
Il souligne, surtout, la nécessité d’appréhender la prévention de la dépendance dans sa globalité, à
savoir : physique, médical et psycho-sociale.
Le cloisonnement des acteurs et les logiques centrifuges ont beaucoup freiné les complémentarités
et l’articulation entre acteurs ainsi comme la mise en œuvre d’actions et des programmes
coordonnés.
Malgré la volonté politique des autorités publiques et des acteurs institutionnels (qui s’est
concrètement manifestée par le rapprochement à travers des appels à projets conjoints), il
n’empêche que sur le terrain et au niveau local, la cohérence d’ensemble et l’impact réel des actions
restent encore difficilement perceptible.
Les plans nationaux sont souvent déclinés sous forme de campagne de communication abordant
essentiellement les problématiques telles que la vaccination, l’alimentation, l’activité physique, les
ateliers mémoire ou encore des ateliers ciblant des thématiques spécifiques telles que la prévention
des accidents domestiques.
Ainsi, la prévention des chutes côtoie les campagnes de vaccination contre la grippe, le dépistage de
cancer de la prostate, etc.
Concernant la prise en charge de la perte d’autonomie, les efforts menés sur le maintien à domicile à
travers : les réseaux gérontologiques ou gériatrique, les MAIA, les consultations mémoires, l’APA, ou
encore l’aide et les soins à domicile demeurent encore peu intégré.
Par conséquent :
• D’une part, le morcellement des actions et programmes ne facilitent pas l’émergence d’une
véritable culture de prévention au niveau local et territoriale (tels que préconisé par le Plan
National de Prévention de la dépendance13
).
En effet, les professionnels : les associations et entreprises d’aide à domicile, les Centres
Communaux d’Action Sociale, les EHPA, les EHPAD, les CLIC, les Réseaux Gérontologiques, les
Services Départementaux gestionnaires de l’APA… (en partie, pris par les missions dévolues à
chacun) peinent à mettre en place une offre de service territoriale intégrée, sous forme d’un
13
http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_national_daction_de_prevention_de_la_perte_dautonomie.pdf
13
continuum à l’intérieure duquel chaque personne âgée puisse trouver une réponse propre à
sa situation et à ses besoins.
• D’autre part, le manque de visibilité et l’insuffisante articulation des acteurs entre eux ne
permettent pas de se projeter dans la promotion de la vieillesse active.
En effet, le poids des situations d’urgences, les modes de financements et les modalités
d’accès aux ressources…laissent souvent peu de place au développement d’une offre
intégrée.
Or, avec l’âge la quête de sens prend le pas sur presque tous. Les personnes sont, alors, sensibles
à ce qui les rend maitre de leur parcours de vieillissement. Dans ce sens, le « Bien être » se
traduit par :
• trouver le soutien nécessaire (quand on en a besoin),
• ne pas être un poids pour les autres,
• ne pas se sentir inutile,
• ne pas s’ennuyer,
• être entouré,
• ...
Car la vieillesse n’a pas de sens si elle est synonyme de souffrance ou encore d’être déconsidéré et
mis à part (solitude).
Une perspective prometteuse
Le plan national d’action de prévention de la perte d’autonomie, partie intégrante de la loi
« Adaptation de la Société au vieillissement (ASV) »14
vise (dans ses termes et dans son esprit) à
apporter une cohérence globale à la politique de prévention, notamment par une meilleure
gouvernance et plus de transversalité entre les divers domaines concernés (organisation sociale,
promotion de la santé, participation sociale, aménagement de l’espace et des territoires, etc.).
Ce livre blanc s’inscrit parfaitement dans cette dynamique et se propose de contribuer à :
• faire que chacun, quel que soit sa position (personne âgée, proche et famille, acteur
institutionnel, professionnel de terrain…) ou quel que soit le lieu où il se trouve (ville,
campagne…), deviennent acteur du vieillissement actif.
• poser les bases pour le développement d’une véritable culture de prévention,
14
http://www.gouvernement.fr/action/l-adaptation-de-la-societe-au-vieillissement
14
• favoriser l’émergence d’un langage commun pour faire tomber les barrières et permettre aux
acteurs de mieux communiquer entre eux,
15
Deuxième partie : faire en sorte que
chacun, quel que soit sa position (personne
âgée, proche et famille, acteur
institutionnel, professionnel de terrain…)
ou quel que soit le lieu où il se trouve (ville,
campagne…), devienne acteur du
vieillissement actif.
16
Réalité du vieillissement : constat général
Tout commence par le processus de vieillissement, en tant qu’effet du temps sur les individus, que l’on
définit comme l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques modifiant la structure et
les fonctions de l’organisme à partir de « l’âge mûr ».
Il s’agit d’un processus lent, progressif et irréversible qui dépend des facteurs génétiques et
environnementaux.
Ce processus est également conditionné par des évènements de vie individuels (travail, deuil,
traumatisme, affections aigues, etc.).
C’est ce qui explique que les trajectoires de vieillissement soient par essence hétérogène et varient
considérablement d’un individu à l’autre.
Le vieillissement est aussi complexe dans sa présentation et multifactoriel, dans le sens où il dépend à
la fois de facteurs extrinsèques et intrinsèques (dans ses mécanismes).
La résultante est (de manière inexorable) une réduction des capacités d’adaptation de l’individu face
aux évènements, surtout ceux qui sont sources de stress.
C’est, fondamentalement et de manière conséquente, une diminution de la performance des fonctions
organiques et/ou biologiques15
.
A quel moment une personne est-elle considérée comme âgée ?
Pour les Nations Unies, les personnes sont considérées comme âgées à partir de 60 ans.
En France, c’est surtout l’âge de la retraite16
qui constitue le marqueur d’entrée dans la vieillesse.
Cependant quelques soit l’âge utilisé dans divers contextes, il est important d’insister sur le fait que
l’âge chronologique n’est pas toujours la meilleure référence du vieillissement.
Le vieillissement en France : des chiffres qui interpellent.
Au 1er
janvier 2015, la France comptait 66,3 millions d'habitants.
1 français sur 4 est âgé de 60 ans ou plus.
Près d'un habitant sur dix à 75 ans ou plus.
La grande tendance
Le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans augmentera fortement, Jusqu'en 2035 du fait du
vieillissement massif des générations issues du baby-boom.
Ensuite, leur part devrait continuer à progresser de façon plus modérée, après 2035.
En 2060, une personne sur trois aura plus de 60 ans et l'effectif des centenaires pourrait atteindre
200 000 personnes avec un rythme d’augmentation de 2 000 centenaires par ans, jusqu'en 2046.
Là encore, le rythme de croissance des centenaires devrait se situer à plus de 8 000 personnes par an
en moyenne à cause des générations issues du baby-boom.
15
Gilles Bérrut, La société doit s’adapter au vieillissement de la population, La santé de l’homme, n°401-mai-
juin 2009, pg 13-16.
16
V. Caradec, « L'expérience sociale du vieillissement », Idées économiques et sociales 2009/3 (N° 157), p. 38-
45.
17
Le caractère massif de ces chiffres annonce bien un phénomène majeur et inédit dans la société
française.
L’avancée en âge et la vieillesse en France
L’avancée en âge (processus linéaire et inéluctable) et la vieillesse en tant que réalité sociale ne vont
pas forcément de pair.
En effet, au fil des générations, les représentations sociales de l’âge ont profondément évolué.
Ainsi, par exemple, les femmes étaient considérées comme vieilles à 76 ans en 1995, alors qu’elle
l’était à 60 ans, il y a 150 Ans, Alors qu’aujourd’hui, personne ne se considère « vieux » entre 60 et
75ans.
Le vieillissement et la peur de la vieillesse
Il est particulièrement difficile de bien vieillir dans une société marquée par le jeunisme, où, vieillir
signifie être déclassé de la compétition de la vie.
Aussi, la vieillesse fait peur en ce que les gens se sentent dépossédés et dévalorisés.
Quelques témoignages illustrant l’angoisse des français face au vieillissement
Sur la baisse de performance
«Apparaître un jour fatigués ou affaiblis fait peur. Cette vieille crainte de la fragilité, décidément, nous
poursuit…»
Sur la dégradation du corps
«Nous angoissons à l’idée de devenir faillibles, de nous départir de toutes nos belles facultés et, en
particulier, de notre apparence, bien évidemment, car elle symbolise aux yeux de tous qui nous
sommes : elle trahit la première notre âge quelque peu avancé, alors que notre cœur et notre esprit
auront, eux, éternellement 20 ans !»
«Sentir son corps devenir flasque, on a l’impression que sa peau est moins élastique, moins souple. Et
puis, évidemment, nous perdons de notre dynamisme et sommes plus.».
Sur l’apparence
«De nouveau, un décalage se forme entre qui nous considérons être et la façon dont nous
apparaissons, un fossé entre le soi réel et l’image de soi.»
«La peur de vieillir n’est pas nécessairement la peur de mourir. Nous savons tous que le temps passe
mais nous n’y pensons pas, jusqu’à ce que les premiers stigmates se présentent, lesquels se
concentrent principalement au niveau de l’apparence physique.»
Sur l’approche de la fin
«Nous prenons conscience de tous les risques qu’il y a à exister…plus nous nous rapprochons des trois
impensables contre lesquelles nous ne pouvons rien: la maladie, la vieillesse et la mort.»
18
La problématique de la dépendance en France
En France, la notion de dépendance est relativement récente. Elle a été utilisée pour la première fois,
en 1973 par le docteur Yves Delomier17
, selon lequel « le vieillard dépendant a besoin de quelqu’un
pour survivre car il ne peut, du fait de l’altération des fonctions vitales, accomplir de façon définitive
ou prolongée les gestes nécessaires à la vie ».
Aujourd’hui, plusieurs définitions de la dépendance cohabitent.
Selon la commission de terminologie auprès du Secrétariat d'Etat chargé des personnes âgées18
, la
dépendance a une double définition :
• Médicale : situation d’une personne qui, en raison d’un déficit anatomique ou d’un trouble
physiologique, ne peut remplir des fonctions ou effectuer des gestes essentiels à la vie
quotidienne.
• Sociale : subordination d’une personne à une autre personne ou à un groupe.
La loi n° 97-60 du 24 janvier 1997 instituant une Prestation Spécifique Dépendance (PSD) définit la
dépendance comme l’état de la personne qui nonobstant les soins qu’elle est susceptible de recevoir,
a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou requiert une surveillance
régulière »
Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, quant à lui, dans sa Recommandation n°R (98) du 18
septembre 1998 définit la dépendance comme un état dans lequel se retrouvent des personnes qui,
pour des raisons liées au manque ou à la perte d’autonomie physique, psychique ou intellectuelle, ont
besoin d’une assistance et/ou d’aides importantes afin d’accomplir les actes courants de la vie. Toutes
les sections de la population peuvent se trouver affectées par la dépendance et pas uniquement les
personnes âgées, même si les situations de dépendance tendent à s’accroître avec l’âge.
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) part du constat médical de la déficience (des critères
pathologiques), pour définir la dépendance. Cette déficience se trouve à l’origine d’incapacités dans la
réalisation des actes de la vie quotidienne, créant elles-mêmes des désavantages dans la vie au sein de
la collectivité. La définition de l’OMS intègre la variable de l’environnement immédiat (famille,
voisinage, habitat...) ou indirect (région d’habitat).
Dans ce sens, la classification internationale du handicap dite Classification Internationale du
Fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF)19
part de l’environnement économique, social et
physique de la personne pour déterminer la situation de la personne vivant avec un handicap
(incapacités).
Enfin, la dépendance d’une personne âgée est aussi considérée comme un état durable entrainant des
incapacités qui requiert une ou des aides pour la réalisation des actes de la vie quotidienne. Elle est
17
Y. DELOMIER, "Le vieillard dépendant. Approche de la dépendance", Gérontologie, septembre 1973, n°12, p 9.
18
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000314094&dateTexte
19
http://mssh.ehesp.fr/international/centre-collaborateur-oms/la-classification-internationale-du-
fonctionnement-cif/
19
fonction du degré des limitations fonctionnelles et/ou des restrictions d’activité que la personne subit
et non de son état de santé.
En France, la création de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) par la loi du 20 juillet 2001, a,
de fait, substitué la dépendance par la perte d’autonomie.
Ainsi, toute incapacité à assumer les conséquences d’un manque ou de la perte d’autonomie liés à
l’avancée en âge ouvre des droits à une allocation personnalisée d’autonomie.
Cette définition à visée administrative, a grandement influencé les politiques de la dépendance tout
en occultant la complexité que recouvre la dimension humaine de la perte d’autonomie (en tant que
phénomène sociale)20
.
La notion d’autonomie
De manière plus globale, « l’autonomie » peut être considérée comme la capacité des individus à se
gouverner soi-même. Ce qui présuppose une capacité de jugement inaltérée, c’est-à-dire : prévoir,
choisir et surtout être libre de pouvoir agir, accepter ou refuser.
Selon cette approche, l’autonomie relèverait à la fois des capacités de la personne et de la liberté dont
il dispose.
C’est, donc, le droit pour tout individu de faire des choix correspondant à ses valeurs, ses désirs et
aspirations, etc. et surtout de déterminer librement les règles auxquelles il décide de se soumettre21
.
A contrario, la perte d’autonomie correspondrait de facto à une situation de privation de liberté.
Par conséquent, la détresse morale et les souffrances psychiques qui accompagnent la perte
d’autonomie n’apparaissent plus comme des conséquences secondaires de la perte d’autonomie ;
mais plutôt comme les premiers symptômes de la dépendance.
Ce n’est donc pas uniquement la capacité physique ou mentale à effectuer telle ou telles tâches de la
vie quotidienne qui se perd, mais surtout la liberté que procure la capacité d’y parvenir sans
l’assistance d’un tiers.
En d’autres termes, la perte d’autonomie, au-delà de la sénescence physique et/ou mentale, signerait,
en quelque sorte, la déchéance physique et sociale d’une personne.
Le rejet de la dépendance
D’une part, les personnes âgées refusent d’être une source de problèmes et de soucis pour les autres,
D’autre part, 78% des français redoutent la vieillesse et 48% craignent de devoir s’occuper d’un proche
devenu dépendant : le spectre de la dépendance angoisse (par la crainte de l’inutilité et de la
dégradation du corps).
La majorité des français appréhendent d’avantage vieillir que de mourir, faisant de la dépendance : la
problématique majeure du vieillissement.
La réalité de la dépendance en quelques chiffres
Relativement rare chez les moins de 75 ans, l’âge moyen d’entrée dans la dépendance est estimé à 85
ans (78 ans chez les hommes et 84 ans pour les femmes), mais les signes avant-coureurs commencent
20
http://www.credoc.fr/pdf/Rech/C256.pdf
21
Dictionnaire Le Robert.
20
bien avant, à savoir : 77 ans ; sachant que la population de 75 ans et plus connaitra une croissance de
72% d’ici à 2060.
Aujourd’hui 1.3 million de personnes sont en état de dépendance, dans le sens où elles ont besoin
d’une tierce personne pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne (se déplacer, s’habiller,
se laver, s’alimenter…).
Une fois la dépendance totale installée, l’espérance de vie des personnes âgées est estimée à 4 ans et
demi.
La prise en charge de la dépendance
La prise en charge de la dépendance des personnes âgées constitue un enjeu majeur des politiques de
vieillesse.
En France, cette prise en charge est basée sur la notion de liberté de choix de l’individu, dans un
continuum de services entre le domicile et l’établissement.
Une part importante des personnes âgées demeurent chez elles, y compris pour des degrés de
dépendance relativement élevés. Cependant, la tendance majeure, aujourd’hui, est à
l’institutionnalisation des personnes les plus dépendantes physiquement et psychiquement.
Le coût de la prise en charge de la dépendance en quelques chiffres
La prise en charge de la dépendance coûte 24 milliards d’euros aux finances public (dont 5 milliards
pour l’APA), soit environ 1% de la richesse nationale. Ce montant s’élèvera à 35 milliards d’euros, soit
1.77 de PIB à l’horizon 2060.
La dépendance coute 7.2 milliards aux ménages, cette somme atteindra 16 milliards en 2060.
En 2011, 1.715 millions de personnes étaient couvertes contre la dépendance, soit 430 millions
d’euros. La même année, un total de 10 481 établissements prenaient en charge 720 483 personnes
âgées.
Le maintien à domicile en question
• Coût moyen de l’aide à domicile 2000 euros
• Coût moyen pour une prise en charge en établissement médicalisé 3000 euros
• Coût moyen d’un garde malade de jour à domicile 22.7 euros
• Coût moyen d’un garde malade de nuit à domicile 23.6 euros
• Coût moyen de la livraison de course à domicile 25 euros
• Coût moyen de l’accompagnement de la personne âgée à l’extérieur de son domicile 21.8
euros
• Coût moyen d’un service de ménage à domicile 21.6 euros
• Coût moyen d’un service de jardinage 33.5euros
21
Bien vieillir en France
62% des français estiment qu’il est difficile de « Bien vieillir ».
Face à la peur de vieillir, il parait indispensable de donner du contenu et rendre opérationnel la notion
de « Bien vieillir »22
.
En réalité, les personnes âgées revendiquent de vivre comme « tout le monde ». A leurs yeux, deux
notions couramment employées, pour parler du vieillissement, à s’avoir : se sentir vieillir (ce qu’ils
ressentent et expriment volontiers) et les Vieux (expression péjorative, qu’ils rejettent) s’opposent.
Il s’agit, surtout, de présenter le « Bien vieillir » comme une invitation afin d’éviter le piège de
l’injonction (vécu souvent comme moralisateur).
Développer le « Bien vieillir » implique de s’adresser à la foi à la personne âgée (dans sa singularité et
sa spécificité) et à son environnement (dans le sens global), mais, surtout pas à définir des canaux
auxquels les personnes âgées devraient correspondre.
Par conséquent, « Bien vieillir » ne peut être, en aucun cas, la lutte contre le vieillissement, mais plutôt
une dynamique et/ou une mobilisation de la société pour :
• Préserver la capacité d’agir des personnes âgées (d’où la pertinence de la notion « vieillesse
active »),
• Développer une démarche méthodologique et des outils pratiques permettant aux acteurs et
professionnels gérontologique de disposer d’un cadre de référence pour construire et
déployer des actions et programmes.
22
http://www.euro.who.int/fr/health-topics/Life-stages/healthy-ageing/data-and-statistics/10-facts-on-
healthy-ageing-in-europe
22
Troisième partie : créer les conditions pour
le développement d’une véritable culture
de prévention.
23
Privilégier la prévention, pour « une vieillesse active »
Certes, vieillir n’est pas une maladie et encore moins un accident de la vie, mais, les dimensions telles
que : la santé, le psycho-sociales et l’environnement peuvent devenir des facteurs de risques
entrainant la dépendance des personnes âgées.
Le Docteur Jean-Pierre Aquino affirme ceci : « pour prévenir la survenue de la dépendance, il est
essentiel de viser les compétences des gens, leur autonomie et surtout pas leurs incapacités.
Il s’agit d’appréhender la personne âgée, avant tout, comme un corps, un esprit et un être en inter-
relation avec les autres et son environnement »23
.
Par conséquent, la personne âgée reste un être unique dans sa spécificité (narcissisme, valeurs
individuelles, spiritualité et surtout le comportement).
Penser la prévention de la dépendance dans ces termes, c’est, systématiquement, s‘adresser à 3 types
d’acteurs : la personne âgée et son entourage (en premier lieu), les acteurs de la filière gérontologique
et les pouvoirs publics.
La prévention en général est une attitude ou un ensemble de mesures à adopter afin d’éviter qu'une
situation (santé, psycho-socio-économique, environnementale, …) ne se dégrade, ou qu'un accident,
une épidémie ou une maladie ne survienne. Ceci est également valable quand la dépendance s’installe.
Pour les acteurs, il n’est pas toujours aisé de trouver un cadre de référence permettant de se projeter
afin de définir les buts et les cibles des actions ou encore, d’impulser une dynamique et d’envisager
l’évaluation de l’impact réel des actions24
.
Proposition d’un cadre opérationnel et pratique pour développer la culture de prévention de
la dépendance
Rendre opérationnel la prévention de la dépendance, c’est disposé d’un cadre de référence.
En cela, la définition de la prévention de l’OMS offre un socle de base pour la mise sous pied d’une
démarche de prévention de la dépendance ainsi comme le soutien des initiatives et pratiques25
.
Selon l’OMS, la prévention regroupe l’ensemble de mesure visant à éviter ou à réduire le nombre et la
gravité des maladies, des accidents et/ou des handicaps.
La spécificité de la prévention chez les personnes vieillissantes
La population vieillissante est caractérisée par son extrême hétérogénéité.
Mais, elle peut, cependant, être regroupé en 3 groupes, selon l’état physique et psycho-sociologique
des personnes âgées, à savoir26
:
• celles qui ne présentant aucun signe de vulnérabilité. Cette catégorie regroupe toutes les
personnes retraitées qui ne se considèrent pas vieux,
23
Jean-Pierre Aquino, Le plan national « Bien vieillir », Gérontologie et Société, n°125, juin 2008 (pg 39-42).
24
http://inpes.santepubliquefrance.fr/etudes/pdf/Recherche-qualitative-ameliorer-sante-handicap.pdf
25
Rapport Flajolet-http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/annexes.pdf
26
Rapport Luc Broussy – L’adaptation de la société au vieillissement de sa population, janvier 2013.
24
• celles présentant ou émettant des signes de vulnérabilité. Cette catégorie regroupe des
personnes retraitées qui commence à se sentir « vieux »,
• celles qui se retrouvent en situation de vulnérabilités (handicap-perte d’autonomie).
Cette classification s’aligne parfaitement sur les trois niveaux de prévention de l’OMS, et
correspondrait pour :
• La prévention primaire, aux personnes âgées ne présentant aucun signe de vulnérabilité,
• La prévention secondaire, aux personnes âgées présentant des signes de vulnérabilité,
• La prévention tertiaire, aux personnes âgées vulnérables (avec, au moins, un handicap).
La prévention de la dépendance, dans son ensemble, vise la préservation de la capacité d’agir des
personnes âgées (ceci ne renvoi en aucun cas à une absence d’incapacité).
25
La prévention primaire
C’est la première phase de prévention.
Elle intervient bien en amont. C’est-à-dire bien avant la manifestation de signaux avant-coureurs de
fragilisation de la personne âgée27
.
La prévention primaire consiste, avant tout, à éviter et/ou à retarder la survenue d’évènements
incapacitants associées à l’avancée en âge.
Il s’agit d’agir de manière anticiper et/ou précoce sur les facteurs de risques de fragilisation qui sont à
l’origine de la survenue d’incapacité(s).
La population cible
La prévention primaire est adaptée aux personnes âgées ne présentant ou ne manifestant aucun signe
de vulnérabilité28
.
Les facteurs de risques de vulnérabilisassions
Envisager la prévention primaire de la dépendance implique une meilleure connaissance des
mécanismes conduisant à la perte d’autonomie.
Dans ce sens, les facteurs de risque pouvant conduire à la dépendance sont de 3
ordres principalement29
:
• Les facteurs liés à l’état de santé : usure des organes, arthrose invalidante, survenue de
maladies invalidantes, acuité visuelle et auditive…,
• Les facteurs Psycho-économico-social : transitions et ruptures de parcours de vie (la retraite,
le départ des enfants, l’entrée en établissement…), fonction cognitive, soutien social, solitude,
isolement, effritement du réseau relationnel, violence-maltraitance, dépression, décès de
proche…,
• Les facteurs environnementaux : logement, adaptations urbaines, accès aux différents types
de solution et service, …
Comment définir une politique de prévention primaire
La prévention primaire se matérialise par la promotion de la vieillesse active.
C’est avant tout de l'éducation et la promotion de la vieillesse active30
à travers les actions
d'information, de formation, d’accompagnement et de soutien, afin d’inciter la population à s’engager
27
C. Lacour, « La personne âgée vulnérable : entre autonomie et protection », Gérontologie et société 2009/4
(n° 131), p. 187-201.
28
http://www.irdes.fr/Publications/Qes2013/Qes184.pdf
29
http://www.chups.jussieu.fr/polys/geriatrie/tome1/08_dependance.pdf
30
Au texte fondateur appelé charte d’Ottawa (http://www.euro.who.int/__data/assets/
pdf_file/0003/129675/Ottawa_Charter_F.pd) ont succédé les recommandations d’Adélaïde (1988), les
déclarations de Sundsvall (1991), de Jakarta (1997) et de Bangkok (2005).
26
dans des choix et des changements permettant aux personnes âgées de développer des aptitudes
et/ou des stratégies individuelles et/ou collectives leurs permettant d’avoir la maîtrise du processus
d’avancée en âge.
Définir une politique de prévention primaire consiste dans un premier temps à :
• identifier la population cible,
• identifier, avec un niveau de certitude acceptable, les facteurs de risques susceptibles
d’entrainer une incapacité aux quelles la population cible est exposé,
• identifier les facteurs qui préservent des risques d’incapacités,
• concevoir des actions et/ou programmes et définir les modalités de déploiement.
Les actions et/ou programme d’éducation et de promotion de la vieillesse active
La prévention primaire est axée principalement sur l’information de la population au sujet des risques
que certains comportements, certaines attitudes ou des habitudes de vie font courir aux personnes
âgées.
Dans ce sens, la prévention primaire mobilise les techniques et méthodes de l’éducation pour la santé
et la promotion de santé (Organisation Mondiale de la Santé, 1984).
C’est donc un ensemble d’actions et de programmes qui visent un état de bien-être physique, mental
et social pour chaque individu ou groupe.
La promotion de la vieillesse active consiste à armer les individus ou groupes d’individus afin qu’ils
soient en mesure de mobiliser à bon escient les ressources sociales et personnelles et les capacités
physiques pour qu’ils puissent, par eux même, réaliser leurs ambitions, satisfaire leurs besoins et
évoluer avec leur milieu ou s’y adapter31
.
Il s’agit d’une action globale et coordonnée (sous l’impulsion et le pilotage des pouvoir publics) qui
intègre les sphères de la santé, de l’économie et du sociale assurant un accès équitable de la population
aux différentes ressources de prévention.
Concrètement, cela consiste à mettre à disposition de la population :
• des biens et des services plus sûrs et plus sains,
• des services publics qui favorisent davantage le bien-être,
• des environnements agréables et sûrs, avec un maximum de protection,
• un accès équitable à l’ensemble des solutions, biens et services.
Ces actions et/ou programmes sont destinés à deux cibles, principales :
31
Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé (1986). Conférence internationale pour la promotion de la
santé «Vers une nouvelle santé publique». 17-21 novembre 1986, Ottawa (Canada).
27
• l'individu (la personne âgée), en ce que ces actions sont souvent la déclinaison de
recommandations ou de plans nationaux émis par les instances nationales de santé publique
et gérontologique, par exemple: la vaccination contre la grippe, l'hygiène bucco-dentaire,
l’activité physique ou l’alimentation, la sécurité routière, la vie affective, l’estime de soi, le
sommeil, la gestion du stress, l’aménagement du logement, des actions de préparation à la
retraite, etc.
• le collective, en ce que ces actions de prévention et de promotion de la santé favorisent la
participation et contribue au renforcement du lien social.
Les actions collectives obéissent à une logique de programmation. Elles ont vocation à se
déployer sur une échelle territoriale (locale, départementale, régionale et/ou nationale), par
exemple : les forums et/ou salon, les conférences et ateliers collectifs.
Si les conférences constituent des rendez-vous uniques, les ateliers sont conçus sous forme de cycle.
Tandis que Les forums informent les participants sur l’offre disponible sur le territoire, les conférences,
elles, consolident un socle de connaissances et les ateliers contribuent au renforcement des
comportements protecteurs.
Les effets attendus de ces actions collectives sont certes différents mais complémentaires.
Le moyen terme est l’horizon à privilégier pour la prévention primaire.
La finalité de la prévention primaire
Etre actif pour les personnes âgées, c’est avant tout32
:
• être en bon état physique,
• disposer d’un logement adéquat et adapté,
• disposer d’un certain revenu de ressources (revenu),
• avoir accès à l’information, à l’éducation et aux soins de qualité,
• avoir accès aux différents services et solutions dédiés,
• disposer d’un environnement stable et positif,
• disposer d’un soutien et d’un accompagnement (en cas de besoin) stable,
• vivre dans un environnement qui garantit le respect des droits de la personne âgée et une
justice sociale équitable (la considération).
• …
32
Flageolet A (2008). Rapport de mission au profit du gouvernement relative aux disparités territoriales des
politiques de prévention sanitaire. Paris : Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sport et de la Vie
Associative.
28
La prévention primaire a vocation à agir sur l’environnement, l’état (physique et mental) de la
personne âgée afin de la maintenir dans un certain état d’équilibre.
29
Prendre soin de soi
Dans les sociétés modernes, le corps est le principal support de l’identité. C’est la raison pour laquelle,
les pratiques visant à l’embellir, le relaxer, le renforcer se multiplient.
Chez les personnes vieillissantes, cette quête du bien-être et de la qualité de vie dans son corps et par
son corps prend une dimension particulière : parce que le corps, indispensable au soi et à l’unité
psychosomatique, montre des signes inquiétants de décrépitudes.
La quête du bienêtre (bien dans son corps et dans sa tête), d’harmonie, de joie de vivre, de bonne
santé mentale, de tout ce qui fait que la vie mérite d’être vécue33
passe par l’attention que l’on porte
au corps.
Ce corps vieillissant devient l’objet de toute l’attention de la personne quand bien même il devient
(quelque fois) repoussant.
La crainte de ne plus assuré
Les personnes âgées aspirent à une existence harmonieuse et cela suppose, pour elle :
• de rester autonome le plus longtemps possible,
• avoir un ou des rôles sociaux à jouer (l’idéal étant d’être entouré de ses proches et sa famille).
Dès lors, il est important pour ces personnes de garder la possibilité de faire ce qu’ils ont décidé
et de le faire au moment où ils l’auraient choisi.
Beaucoup de personnes âgées subissent le stress car ils sont confrontés à des évènements imprévus.
En effet, avec l’âge, les individus ont du mal à s’adapter aux changements.
Par conséquent, elles supportent mal le changement.
C’est précisément ce blocage face aux changements qui génère le stress.
Le stress provient également du sentiment de perte de contrôle vis à vis de gestes simples du
quotidien.
Par exemple : plus l’âge avance, plus les personnes âgées appréhendent de sortir de leur domicile.
Face à la perspective d’une dégénérescence du aux différents effets de l’âge, rester en forme est
probablement le meilleur moyen d’apporter une dose de vitalité au quotidien. Ceci explique pourquoi
les personnes vieillissantes sont réceptives aux différents messages concernant :
• le développement personnel,
• le soin corporel et de l’apparence physique,
• la condition physique et le bien-être,
• l’art de vivre «vieux » et de profiter de la vie.
33
http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/97/?sequence=15
30
Le développement personnel chez la personne âgée
C’est la démarche ou le processus34
qui amène la personne âgée à puiser, en elle-même, le meilleur
(aptitudes personnelles, parcours de vie, différentes expériences individuelles…) pour s’épanouir dans
sa nouvelle vie (vieillesse).
Le soin corporel et de l’apparence physique
Les soins corporels et de l’apparence physique consistent à donner au corps une apparence ou un
aspect socialement valorisant à l’aide de produits de beauté, d’appareils ou de techniques manuelles.
Cette définition catégorise d’emblée les compétences de l’univers esthétique et renvoi au domaine de
la peau, donc, du « superficiel », dont l’histoire relève des domaines féminins et de la sphère privé35
.
Cette vision reflète une considération réductrice occultant la réalité d’un besoin profond et légitime
de la personne âgée.
En effet, les soins corporels et de l’apparence physique sont reconnus comme de puissants facteurs de
valorisation sociale et de bien être chez la personne âgée36
.
La condition physique et le bien-être
La condition physique correspond à un niveau de qualités physiques permettant la réalisation d’une
activité physique ou d’un sport dans les meilleures conditions possibles.
Pour avoir une bonne condition physique, il est indispensable :
- une activité physique régulière, adaptée à ses capacités physiques et techniques,
- une récupération à la suite d’une activité physique ou d’un effort physique,
- une vie saine, c'est-à-dire une hygiène de vie compatible (alimentation, sommeil, ...).
La condition physique n’a aucun lien avec le niveau de performance.
Avoir une bonne condition physique signifie : se sentir en pleine forme.
L‘activité physique
L’OMS définit l’activité physique comme tout mouvement corporel produit par les muscles et qui
requiert une dépense d’énergie – ce qui comprend les mouvements effectués en travaillant, en jouant,
en accomplissant les tâches ménagères, en se déplaçant ou pendant les activités de loisirs.
Le terme « activité physique » ne doit pas être confondu avec «faire de l’exercice», qui est une sous-
catégorie de l’activité physique : plus délibérée, structurée, répétitive, et qui vise à améliorer ou à
entretenir un ou plusieurs aspects de la condition physique.
34
https://repo.palkeo.com/esprit/philo/D%C3%A9veloppement%20personnel%20-
%20%20le%20meilleur%20des%20blogs.pdf
35
M. Cochennec Le soin des apparences. L’univers professionnel de l’esthétique-cosmétique Actes de la
recherche en sciences sociales 2004/4 (no
154), p 80-91.
36
http://psychologie-sante.tn/lestime-de-soi-chez-les-personnes-agees/
31
Que le niveau d’intensité soit modéré ou fort, l’activité physique comporte des bienfaits pour la
santé37
.
La pratique régulière d’une activité physique permet de retarder ou de ralentir certains processus
délétères liés au vieillissement.
Le maintien des capacités physiques apparaît alors essentiel pour conserver l’indépendance et
préserver la qualité de vie au cours de l’avancée en âge.
L’activité physique est donc un moyen permettant un vieillissement sain.
Elle a l’avantage d’agir simultanément sur plusieurs organes et sur de multiples facteurs de risque
communs à différentes pathologies.
Son action porte à la fois sur la santé physique et la santé mentale des individus38
.
Quelques exemples d’activité physique
L’activité physique englobe notamment les loisirs, les déplacements (par exemple la marche ou le vélo,
…), les activités professionnelles, les tâches ménagères, les activités ludiques, les sports ou l’exercice,
planifié, dans le contexte quotidien, familial ou communautaire.
Elle améliore l’endurance cardio respiratoire, l’état musculaire et osseux, et réduit le risque de
maladies non transmissibles, de dépression et de détérioration de la fonction cognitive.
L’art de « vivre vieux » et de profiter de la vie
L'art de vivre vieux, est une attitude qui consiste à mettre du beau, du bien, du bon dans sa vie et
autour de soi, avec la sensation de faire partie d’un tout (son environnement).
C'est, aussi, se préserver autant sur le plan physique que psychique ; se protéger des coups et des
émotions qui font mal39
.
L’art de « vivre vieux » et de profiter de la vie vient surtout rappeler que la retraite n’est pas le signal
d’une vie « en retrait », mais au contraire s’ouvrir vert d’autre horizon. Ce qui signifie : ouvrir une
nouvelle page de sa vie.
L’attitude que l’on adopte face à l’avancée en âge est déterminante.
Profiter de la vie malgré son âge avancée, c’est prendre conscience qu’avec les années on est plus, tout
à fait, la même personne et d’évoluer dans différents aspects de sa vie ; car refuser le changement
c’est déjà accepter « le terminus ».
Aussi étroit soit le chemin
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
de William Henley40
37
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs385/fr/
38
http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/97/?sequence=31
39
http://www.mjc-chateauvert.fr/docs/chronique/chronique8.pdf
40
https://en.wikisource.org/wiki/Page%3AOxford_Book_of_English_Verse_1250-1900.djvu/1045
32
La culture de l’éducation et de promotion de la vieillesse active
La culture de l’éducation et de la promotion de la vieillesse active est indispensable dans les pratiques
professionnelles et dans les habitudes de vie courante.
Une mobilisation à tous les niveaux, partant des orientations sur le rôle et la place de chaque
composante (social, politique, économique et environnemental41
), est à engager pour que l’ensemble
des ressources et des moyens disponibles soient mobiliser pour soutenir les individus et les groupes
dans leur volonté de maitriser le processus de vieillissement.
41
Charte d’Ottawa, 1986
33
La place des décideurs dans la prévention primaire
Il revient aux décideurs42
de :
• Impulser la promotion de la vieillesse active en tant qu’investissement et défi social majeur,
• Définir les orientations générales,
• Promouvoir les politiques nationales et sectorielles,
• Rationaliser, mobiliser et mettre à disposition les ressources disponibles,
• Lutter contre les inégalités et garantir l’équité dans l’accès à la prévention,
• Evaluer l’efficience et l’impact des actions et programmes.
La place de la recherche en prévention primaire
La recherche dans la prévention primaire vise à éclairer les acteurs sur les principales raisons et/ou
motifs (déterminants) du basculement dans la dépendance et/ou la survenue du handicap.
Elle contribue à une meilleure définition des orientations, des axes de travail et des objectif des
programmes et/ou actions à entreprendre.
Cette recherche se décline sous deux formes :
• « fondamentale » (épidémiologie, bio-statistique, sciences humaines économiques et
sociales…) pour mieux mesurer, comprendre et expliquer,
• « interventionnelle et de terrain », en santé des populations (par exemple).
Ainsi, la recherche en prévention primaire a pour mission d’apporter des connaissances nouvelles sur :
• Les facteurs de risques,
• Les modes d’intervention,
• L’évaluation des actions et programme.
Les facteurs de risques
Ils peuvent être classés sur trois niveaux :
• Biologique et clinique,
• Comportemental,
42
http://www.polymtl.ca/pub/sites/eie/docs/documents/Resume-chap-06.pdf
34
• Environnemental (physique, économique et psycho-sociale).
Les modes d’intervention
Les projets de prévention primaire devront être axés sur :
• les facteurs de risque comportementaux individuels et collectifs,
• leurs déterminants notamment sociaux,
• les incitatifs ou déclencheurs des changements des comportements.
L’évaluation des actions et programmes
Une attention particulière est à porter sur :
• l’efficacité des politiques publiques,
• l’impact des interventions associant directement des acteurs de terrain (intervenants directs
auprès des personnes âgées, évaluation des programmes et des actions, études des
conditions de transférabilité des interventions, le partage d’expérience, etc.).
Les acteurs de la prévention primaire
1- Au niveau national
• le gouvernement (l’état),
• l’assurance maladie (CNAMTS,…),
• les institutions de retraite (CNAV, Agirc Arrco…),
• les mutuelles et les complémentaires santé…,
• …
2- Au niveau territorial et local
• les ARS,
• les Conseils généraux,
• les collectivités locales,
• les groupes communautaires (associations, …),
• les établissements et services de santé et médico-sociaux,
35
• les professionnels,
• …
La vieillesse active résulte du soin que l’on prend de soi-même et autrui et surtout de la capacité
individuelle à prendre des décisions et à maîtriser ses conditions de vie.
Elle réclame, en outre, une société dans laquelle les conditions soient réunies afin de permettre à tous
d’avoir une vieillesse saine et sans incapacité.
La promotion de la vieillesse active s’appuie sur le développement personnel et social grâce à
l’information, à l’éducation et aux équipements disponibles permettant l’acquisition d’aptitudes
indispensables à une vieillesse active.
Il s’agit, pour cela, d’accorder aux gens la possibilité d’exercer le contrôle de leur parcours individuel
de vieillissement et de leur environnement, ce qui les rendra capable à faire des choix éclairés,
judicieux et assumés.
Pour ce faire, il est crucial d’accompagner, soutenir et surtout d’apprendre les individus vieillissants à
faire face aux nouveautés (au cours des différents stades de leur vie) et surtout de les préparer,
accompagner et/ou soutenir pour les permettre d’affronter les traumatismes et les périodes de
ruptures.
Le travail de promotion de la vieillesse active commence dans le cadre scolaire, familial et continu en
milieu professionnel et communautaire, pour ce faire, une coopération étroite des établissements
scolaires, des entreprises, des organismes de formation et éducatifs, des établissements hospitaliers
et médico-sociaux, des professionnels de terrain et des bénévoles est à rechercher.
36
La prévention secondaire
Elle recouvre des actions destinées à agir au tout début de l’apparition de troubles et/ou des signaux
avant-coureurs afin d’arrêter ou ralentir (retarder) l’évolution des incapacités (éventuelles).
Concrètement, la prévention secondaire vise la diminution de la prévalence des incapacités chez les
personnes âgées à partir du dépistage précoce et d‘un traitement approprié.
Elle est, avant tout, axée sur les individus et débute par le repérage des personnes âgées émettant les
premiers signes avant-coureurs d’incapacités (le déclin fonctionnel43
) et, dans un deuxième temps, à
les soutenir et/ou accompagner.
La cible de la prévention secondaire
La prévention secondaire cible les personnes vieillissantes avec un certain degré de vulnérabilités.
Cette catégorie de personnes âgées peut être classé en deux niveaux :
• Les personnes âgées sans pathologie et ne présentant aucune atteinte (visible) ou avec une
atteinte minime des fonctions physiologiques (surtout celles qui commencent à se plaindre).
• Les personnes âgées présentant une atteinte physiologique, mais sans pathologie avérée.
C’est dans cette catégorie que l’on retrouve des personnes pré-fragile et fragile44
.
A savoir : 10% à 20% de personnes âgées de 65 ans et plus sont fragiles. Cette proportion
s’élève à 46% pour les personnes de plus de 85 ans.
Il est important de déployer les moyens capables de détecter et de traiter précocement le moindre
signalement afin de limiter les conséquences néfastes.
Dans cette logique, le dépistage ou le diagnostic précoce de l’atteinte des organes et/ou des fonctions
vitales constituent clés de voute de ce type de prévention.
Il revient, ensuite, aux acteurs de la prévention secondaire de mettre en place des stratégies palliatives
le plus précocement possible en vue d’éviter la progression du ou des incapacité(s).
Remarque
En prévention secondaire, il est essentiel de ne pas négliger le rôle déterminant du regard social. Car,
c’est lui qui va structurer les comportements et, au final, orienter les actions destinées aux personnes
âgées pré-fragiles et fragiles.
Les fondements de la prévention secondaire
Deux principaux45
modèles structurent la prévention secondaire de la dépendance :
43
http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2012/12-830-01W.pdf
44
http://gerontoprevention.free.fr/articles/fragilite1.pdf
45
Jean-Claude HENRARD « les multiples facettes du vieillissement » in GIS-IReSP Questions de santé publique
N°2 – septembre 2008.
37
Le modèle biomédical
Il considère la dépendance comme une conséquence de la sénescence. Car, la sénescence augmente
les risques fonctionnels et létaux (le vieillissement de certains organes rend le sujet plus vulnérable à
telle ou telle pathologie...)46
.
Dans ce cas, l’environnement peut agir comme un amplificateur des risques (exemple : le logement
inadapté peut augmenter la vulnérabilité).
Le modèle socio-médical :
Cette approche est très centrée sur les conséquences fonctionnelles et sociales de la dépendance et
les déficiences associées.
Par exemple, une pathologie conduit à une atteinte lésionnelle qui, elle-même, induit une limitation
des capacités débouchant sur une limitation des performances avec différentes répercussions sur la
vie de la personne :
• limitation des interactions sociales,
• insuffisance économique,
• restriction dans la prise de décision,
• limitation de l’indépendance physique et de la mobilité.
Par ailleurs, la déficience, les incapacités, etc. sont les conséquences, à la fois, de facteurs personnels
(âge, sexe, composantes biologiques et socioculturelles...) et de facteurs environnementaux
(individuels : logement, revenus, réseau social, etc. et/ou collectifs : accessibilités des équipements,
transports, pollutions, etc.)47
.
Dans ce cas, la démarche de prévention consisterait à mettre en place des modalités organisationnelles
susceptible d’identifier (repérer) et/ou détecter de manière précoce des personnes âgées qui
commencent à émettre de signaux d’alarme (au niveau cognitif et/ou de l’état de santé ou encore des
individus qui se retrouvent en difficulté en raison de l’isolement et de la solitude, etc.).
Concrètement, il s’agit de :
• cibler les périodes de ruptures dans les différentes trajectoires de vie48
(notamment les phases
de transition),
• d’évaluer le niveau de risque auquel les personnes âgées sont confrontées (afin de mettre en
place des actions soit pour restaurer la fonction affecté ou de mettre en place des actions
correctrices ou des solutions de compensation).
46
http://www.geriatrie.be/mediastorage/FSDocument/110/vol01_chap02_fr.pdf
47
https://informations.handicap.fr/art-definition-classification-handicap-cih-oms-874-6029.php
48
S. Cavalli, « Modèle de parcours de vie et individualisation », Gérontologie et société 2007/4 (n° 123), p.
55-69.
38
L’enjeu majeur, ici, consiste à :
• disposer de mécanismes et/ou d’outils pertinents permettant le repérage et/ou le dépistage
individuel des situations de fragilisation,
• disposer d’équipement et d’infrastructures adaptés,
• développer et/ou mobiliser des solutions et/ou services sous forme d’accompagnement ou de
soutien pour renforcer les ressources et les capacités de la personne âgée afin de l’aider à
mieux faire face,
• accompagner et soutenir les personnes pré-fragiles49
.
Les stratégies d’action
Le repérage précoce des signaux d’alerte et/ou de fragilisation (par exemple : en soins ambulatoires)
constitue le fondement de la prévention secondaire.
Ainsi, les éléments porteurs du risque de fragilisation sont :
• les facteurs économiques (bénéficiaires de minima vieillesse…),
• les facteurs sociaux (situations de veuvage, personnes vivant seules…),
• les facteurs environnementaux (adaptation des espaces publics, adaptation de logement, …),
• les facteurs fonctionnels (déficience, écart ou perte importante organique et/ou
psychologique)50
,
• les facteurs médicaux (retour à domicile après hospitalisation, non recours aux soins, absence
de complémentaire santé, affections de longue durée…),
• …
Pour les acteurs de la prévention secondaire, il s’agit de :
• Développer des indicateurs composites permettant, à partir des bases de données disponibles,
d’identifier les personnes à risque afin de proposer, de manière proactive, différentes offres
de prévention,
• Doter les acteurs gérontologiques de proximité d’outils de mesure de la fragilité,
• Disposer d’équipement pour l’évaluation du niveau de fragilité et du suivi des personnes pré-
fragiles.
49
http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/6807/?sequence=13
50
http://mssh.ehesp.fr/wp-content/uploads/2014/05/Checklist-CIF_vf.pdf
39
Les outils de mesure et d’évaluation
De nombreux outils pour l’évaluation de la dépendance sont répertoriés51
. Chacun de ces outils,
permet l’identification des besoins aussi bien que la nécessaire réponse en matière de prise en charge
des personnes concernées (exemple : plan d’aide) et les modalités de financement des aides
octroyées52
.
L’enjeu étant, dans un premier temps, l’identification et, ensuite, l’entretien des compétences
conservées et/ou retrouvées.
Le but étant de définir et de mettre en place des actions pour stimuler et confortée la personne dans
ses aptitudes à faire face aux incapacités éventuelles (dégénératives ou autres...).
La question cruciale, ici, est de disposer d’outils pertinent permettant l’évaluation des capacités et
aptitudes de la personne âgée.
Or, à ce jour, aucun outil ne permet de mesurer et/ou d’apprécier les capacités restantes, retrouvées
et/ou reconstruites afin de pallier à la survenue de ou des incapacité(s).
51
B. Ennuyer, « Les outils d'évaluation de la dépendance dans le champ de l'aide à domicile ou comment le
pouvoir des experts contribue à déposséder de leur vie les gens qui vieillissent mal ! », Gérontologie et société
2001/4 (n° 99), p. 219-232.
52
Antoine PIAU, Méthodes d’évaluation multidimensionnelle et de travail collaboratif pour le développement
des technologies de prévention de la dépendance des sujets âgées (thèse de doctorat), 2016.
40
La réadaptation et la rééducation
Elles regroupent l’ensemble des moyens médicaux, psychologiques et sociaux que l’on mobilise pour
permettre à une personne en situation de handicap, ou menacée de l’être (du fait d’une ou plusieurs
limitations fonctionnelles) de mener une existence aussi autonome que possible53
.
Il existe, à ce jour, deux formes de réadaptation : médicale et sociale.
La Réadaptation médicale fait appel aux moyens de la Rééducation (Médecine Physique mais aussi de
la Psychiatrie et de la Chirurgie fonctionnelle)54
.
La Réadaptation sociale fait appel à un ensemble de moyens qui permettent le maintien ou la reprise
de la vie quotidienne, familiale ou de travail55
.
La meilleure façon de réhabilité une personne en cours de fragilisation c’est d‘articuler la prise en
charge médico-sociale, l’accès au système de soins et l’accompagnement à la vie sociale56
.
L’objetif de la réadaptation est de permettre à l’individu de se réapproprié son autonomie aux
niveaux : fonctionnel, subjectif et social57
.
Le service de soins de suite et de réadaptation
L’activité de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR)58
a pour objet de prévenir ou de réduire les
conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou sociales des déficiences et des
limitations de capacité des personnes âgées et de promouvoir la réadaptation et la réinsertion.
Un SSR assure les missions suivantes :
• les soins médicaux, curatifs et palliatifs,
• la rééducation et réadaptation,
• les actions de prévention et d’éducation thérapeutique,
• la préparation et l’accompagnement à la réinsertion familiale et sociale59
de la personne âgée.
53
Hamonet Cl., De Jouvencel M., Handicap les mots pour le dire, les idées pour agir, Connaissances et Savoirs,
Paris, 2005
54
http://www.hug-ge.ch/readaptation-medicale/definition
55
https://sites.google.com/site/systemedesoinsethandicap/readaptation-et-handicap-definitions
56
http://claude.hamonet.free.fr/fr/art_readapt.htm
57
Fougeyrollas P., "A part égales", OPHQ, Drummondville, Québec.
58
http://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/ssr
59
http://www.fhp-ssr.fr/les-ssr-c-est-quoi
41
Les actions en prévention secondaire
Deux types d’actions doivent être privilégiées :
• le repérage des personnes âgées en risque de perte d’autonomie en milieu ambulatoire60
,
• le repérage en établissement de santé (hôpitaux, ...),
• le repérage en établissement d’hébergement (EHPA, EHPAD, …).
Il s’agit de proposer une évaluation gériatrique aux personnes âgées afin d’identifier d’éventuelles
facteurs de morbidités (exemple : la dénutrition) qui ne sont, souvent, pas identifiées en consultation
de médecine générale.
60
https://www.ensembleprevenonsladependance.fr/wp-content/uploads/2014/04/VARROUD_VIAL.pdf
42
Les acteurs de la prévention secondaire
Secteur social :
• Les services sociaux des institutions de retraite, des Conseils Généraux et des collectivités
locales,
• Les services sociaux hospitaliers,
• Les associations caritatives et de bénévoles,
• Etc.
Secteur médical
• Les professionnels libéraux en ville (médecins, infirmières, kinés, …),
• Les SSIAD,
• Le secteur hospitalier (hôpitaux et HAD),
• Etc.
Le secteur médico-social
• CLIC,
• MAIA,
• EHPA, EHPAD,
• Equipe médico-social des départements,
• La Maison Départementale des Personnes Handicapée (MDPH),
• Etc.
La recherche
• Les établissements de recherche public et privé,
• Les R&D des laboratoires pharmaceutiques,
• Les centres de recherche universitaire,
• Les écoles d’ingénieurs,
• Etc.
43
Les industriels
• Des nouvelles technologies,
• De l’industrie pharmaceutique,
• Etc.
44
La prévention tertiaire
Elle intervient après la survenue d’un évènement à la suite duquel la personne âgée perd (de manière
plus ou moins irréversible) l’usage d’une fonction organique et/ou la capacité à réaliser certaines
activités essentielles à la vie courante.
La prévention tertiaire consiste (le plus souvent) à venir en aide, de manière durable, à la personne
âgée en état de dépendance afin de lui permettre de poursuivre la réalisation de son projet de vie.
Il s’agit d’une prise en charge visant à soulager la personne âgée et son entourage (famille et proche).
Dans ce sens, elle tend à réduire les conséquences de la fragilisation par la délégation de certaines
tâches quotidiennes à une tierce personne en vue de préserver le bien-être et la qualité de vie, malgré
le besoin d’aide.
Ainsi, quel que soit la gravité de l’état de dépendance, les actions de la prévention tertiaire permettent
aux personnes âgées de mieux vivre.
Par conséquent, la prévention tertiaire est axée sur la personne, son handicap et sa souffrance.
Elle permet à la réhabilitation de la personne âgée dépendante61
, malgré son handicap et sa
vulnérabilité.
La cible de la prévention tertiaire
La prévention tertiaire cible prioritairement les personnes de 75 ans et plus :
• 85% des personnes âgées de plus 75 ans ont une ou plusieurs maladies chroniques, entraînant
pour 50% d’entre elles une diminution de leur activité générale62
.
61
https://www.le-guide-sante.org/Annuaire/Geriatres/Personnes-agees-dependantes.html
62
http://www.securite-sociale.fr/IMG/pdf/document_9_-_personnes_agees_etat_de_sante_et_dependance_-
_quelques_elements_statistiques_.pdf
45
La prise en charge de la dépendance
La dépendance constitue l’un des enjeux sanitaire, économique et financier majeur63
.
En effet, des interrogations demeurent quant aux modalités de financement de la prise en charge de
la dépendance64
.
Il est aujourd’hui acquis que, la générosité de chacun (citoyens) face aux incapacités des autres
(personnes âgés) a atteint ses limites. Cela rend nécessaire d’autres formes de solidarités qui restent
encore à construire65
.
Le maintien à domicile comme principal axe de prévention tertiaire
La majorité des personnes âgées (90 %)66
choisissent de rester à leur domicile, malgré leur état.
En effet, le maintien à domicile permet à une personne âgée dépendante de vivre chez elle, dans ses
repères et les souvenirs de sa vie.
Les moyens de maintien à domicile
Les services à la personne continuent de jouer un rôle considérable auprès des personnes âgées
dépendantes.
D’une part, le maintien à domicile n’est optimal que si les ressources de la personne âgée et sa famille
permettent de financer :
• une aide professionnelle rémunérée,
• l’adaptation du logement,
• la prise en charge médicale,
• ...
D’autre part, pour qu’un maintien à domicile soit viable, un certains nombres de critères sont
nécessaires, à savoir :
• Un état de santé qui le permette,
• Un environnement social présent et actif (famille, proches, etc.),
• Un habitat adapté,
• …
63
http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/dependance-debat-national/prise-charge-dependance-debat-
national-est-engage.html
64
Blanche Le Bihan-Youinou, « La prise en charge des personnes âgées dépendantes en France. Vers la création
d'un cinquième risque ? », Informations sociales 2010/1 (n° 157), p. 124-133.
65
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/11/24/04016-20101124ARTFIG00733-les-francais-idealisent-leur-
retraite.php
66
https://www.capretraite.fr/le-maintien-a-domicile-d-un-aine-dependant/
46
Depuis le rapport Laroque, les politiques publiques ont privilégié le maintien à domicile avec les aidants
familiaux en premier plan ; alors même que ces derniers restent encore très actifs.
Plusieurs moyens sont mis en place pour le maintien à domicile des personnes âgées :
• Les moyens humains,
• Les équipements,
• Les aides (financières…).
47
Les moyens humains
Ce sont des professionnels qui aident la personne âgée dans l’accomplissement des actes essentiels
de la vie pour qu’elle puisse demeurer à son domicile le plus longtemps possible.
Il s’agit de :
• L'aide-ménagère pour les travaux d'entretien et d'hygiène du lieu de séjour,
• L'aide à domicile accompagne la personne âgée dans les tâches ménagères, administratives et
crée une relation forte avec la personne pour rompre son isolement,
• Le garde malade à domicile apporte une surveillance particulière après une sortie d'hôpital ou
suite à une maladie aiguë,
• L’infirmière ou le SSIAD,
• …
Les équipements
L’aménagement du logement est l’une des principales conditions du maintien à domicile des
personnes âgées dépendantes.
L’adaptation de la maison aux besoins de la personne dépendante doit permettre la sécurisation de
son environnement immédiat.
Selon les situations, la personne âgée pourra s’équiper d'une baignoire à porte, d'un monte-escalier,
d’un déambulateur, d'un scooter électrique, etc. Il est aussi possible d'utiliser du matériel
d'hospitalisation à domicile (lit médicalisé, etc).
Les aides pour le maintien à domicile de la personne âgée
Différentes aides existent, à savoir :
• la prestation de garde à domicile (prise en charge par la caisse d'assurance vieillesse),
• le crédit d'impôt maintien à domicile peut être mobilisé pour :
o faciliter l'aménagement du logement de la personne âgée ou le remplacement
d'équipements,
o employer un salarié à domicile,
• le CESU (Chèque Emploi Service Universel) permet de payer une prestation effectuée au
domicile d'un particulier.
Le coût du maintien à domicile d’une personne âgée dépendante
Pour l'aide-ménagère, l'aide à domicile et le garde malade : le coût varie selon les régions et le nombre
d’heures effectué (Comptez environ 15 €/h en horaire normal).
Pour les moyens technologiques le coût varie considérablement d'un prestataire à un autre, selon le
type d'équipement :
48
• En location :
o entre 16 et 20 € par mois pour un fauteuil roulant,
o 2 € par mois pour un déambulateur.
• À l'achat : les prix varient de 20 € pour une canne à 900 à 6 000 € pour un fauteuil roulant.
Le matériel de téléassistance est généralement loué et son prix varie selon le prestataire et le module
choisi :
• téléassistance à domicile : environ 30 €/moi,
• téléassistance mobile : entre 50 et 70 €/mois,
• téléassistance médicalisée : entre 30 à 40 €/mois.
Il faut rajouter les frais de mise en service entre : 20 et 60 €. Les dispositifs de géolocalisation (traceur,
balise) entre : 200 € et 350 €.
Quand renoncer au maintien à domicile d’une personne âgée ?
Le sentiment de solitude est le principal écueil du maintien à domicile.
Aussi, malgré les aides, notamment l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), il peut arriver que
le maintien à domicile se révèle plus onéreux que la prise en charge globale de la personne par un
établissement d’hébergement.
Il faut alors mettre en balance le niveau de sécurité, la prise en charge médicale et psychologique, le
bien-être et le coût du maintien à domicile avec les avantages du placement en maison de retraite, à
savoir :
• une vie collective (prévenant l’isolement),
• un cadre protégé,
• une présence médicale continue,
• une offre de service adaptée (loisirs, restauration, etc.).
Les limites du maintien à domicile
Il est admis que le maintien à domicile des personnes âgées en situation de dépendance n’est possible
que sous certaines conditions (environnement familial, ressources et habitat, de disponibilité des
services dédiés...).
En cas d’incapacité totale ou partielle, le maintien à domicile devient risqué.
C’est souvent le cas, dans les situations où les facultés mentales de la personne âgée sont altérées.
La mise en place et le suivi des aides, notamment pour les cas les plus complexes, ne sont pas toujours
adaptés aux besoins des personnes.
Il devient, alors, très difficile pour la personne âgée de rester seul chez elle.
49
Aussi, la complexité de la notion de dépendance, ainsi que la connaissance insuffisamment précise des
parcours des personnes âgées dépendantes, constituent autant d’obstacles à une bonne évaluation
des besoins et cela aboutit (souvent) à une mobilisation inadaptée des ressources.
Par ailleurs, la programmation de l’offre ne garantit pas toujours une bonne adaptation des prises en
charge, dans la mesure où l’offre de service n’est pas la même sur l’ensemble du territoire67
: ce qui
génère, pour les personnes et leurs proches, des problèmes de lisibilité.
Les déficits en matière d’offre de service, l’insuffisante connaissance des causes de la fragilisation, des
pathologies invalidantes propres au vieillissement, l’impact de l’environnement physique et psycho-
social, etc. représentent autant de limites pour le maintien à domicile des personnes âgées très
dépendantes.
Quelques préconisations
Pour mieux accompagner et soutenir les personnes âgées et leur famille, il convient de développer
l’information et d’améliorer l’orientation.
Pour ce faire, il est essentiel de :
• développer et généraliser les instruments de partage d’informations,
• simplifier les dispositifs de coordination des parcours,
• Poser un diagnostic clair et bien préciser le type d’aide dont la personne a besoin,
• Développer la prévention de la perte d’autonomie (par le renforcement des liens familiaux et
sociaux),
• développer un bouquet de services par l’élargissement de la palette des prestations proposées
aux personnes âgées (au-delà du ménage ou de l’assistance aux gestes essentiels de la vie
quotidienne),
• diversifier l’offre et les modes d’accueil en établissement (EHPA, EHPAD…),
• améliorer la gestion des transitions entre le domicile et l’établissement et entre l‘EHPA et
l’EHPAD,
• faire face à l’enjeux de la qualité de l’offre et du management des équipes,
• développer l’innovation et renouveler le modèle économique68
,
• développer l’offre de conseil et de coaching spécifique à la personne âgée,
• Recruter, professionnaliser, former et faire monter en compétences les professionnels déjà en
activité,
67
https://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Le-maintien-a-domicile-des-personnes-agees-en-perte-d-
autonomie.
68
https://www.modeles-economiques.eu/quest-ce-quun-modele-economique
50
• renforcer l’attractivité et la visibilité des métiers.
51
Les politiques nationales de maintien à domicile
Le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes mobilise une multitude d’acteurs, tant au
niveau national qu’au niveau local.
Cette multitude d’acteurs est telle qu’il n’est pas aisé de chiffrer avec précision le coût global du
maintien à domicile des personnes âgées dépendantes.
Cela ne facilite pas le choix éclairé et/ou la définition des politiques publiques de prise en charge de la
dépendance des personnes âgées (qu’il s’agisse de l’élaboration de l’offre de services ou des
prestations qui leur sont destinées).
Néanmoins, la cours des comptes avance quelques recommandations.
Les 12 recommandations de la cour des comptes69
:
• procéder à une analyse précise et harmonisée des besoins des personnes âgées dépendantes;
• fédérer les organismes dispensant l’information et leur donner une bonne visibilité;
• identifier les structures d’appui aux médecins traitants et aux professionnels de premier
recours afin d’accompagner les personnes les plus dépendantes;
• développer et généraliser les outils techniques nécessaires à la coordination;
• mener à son terme la réforme de la tarification des services d’aide et de soins à domicile;
• simplifier et rationaliser les qualifications et les diplômes des intervenants à domicile;
• favoriser le regroupement des services de soins et d’accompagnement à domicile
(intégration);
• élargir la programmation de l’offre, la compétence de la conférence départementale des
financeurs de la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées;
• améliorer le chiffrage du coût de la dépendance et du maintien à domicile;
• suivre et soutenir, dans les plans d’aide, les expérimentations locales faisant appel à des offres
de service de téléassistance et de domotique;
• développer la connaissance des restes à charge par des études, en mesurant précisément les
coûts respectifs du maintien à domicile et de l’hébergement en établissement;
• faire face aux besoins de financement futurs en modulant plus fortement l’APA en fonction
des ressources des bénéficiaires.
69
https://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Le-maintien-a-domicile-des-personnes-agees-en-perte-d-
autonomie
Le livre blanc de la prévention de la dépendance et la promotion de la vieillesse active
Le livre blanc de la prévention de la dépendance et la promotion de la vieillesse active
Le livre blanc de la prévention de la dépendance et la promotion de la vieillesse active
Le livre blanc de la prévention de la dépendance et la promotion de la vieillesse active
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  • 1. Jean-Bruno EYOBELE OBAKA (Mai 2017) Le livre blanc de la prévention de la dépendance et la promotion de la vieillesse active
  • 2. 1 Chère lectrice, Cher lecteur, La faiblesse de la structuration des actions et des acteurs1 est la chose la plus surprenant en matière de prévention et de promotion de la vieillesse active2 . Ceci, malgré la volonté, le dynamisme et l’importante masse de connaissances et expertises accumulées ces dernières années. Notre démarche ne vise pas à apporter de nouvelles connaissances. Seulement, 4 années d’expériences dans le développement de solutions et services innovants aussi bien que l’accompagnement de la commercialisation de solutions technologiques dédiés aux seniors (la silver économie) nous ont permis d’expérimenter et/ou de toucher du doigt, l’un des défis majeurs de la vieillesse active, à savoir : la difficulté d’un écosystème extrêmement varié (monde de l’entreprise, acteurs du publics, la recherche, le monde médical et psycho-sociale, …). Ce fait ne facilite pas le rapprochement des acteurs autour d’une même table afin d’amorcer le travail de coopération, indispensable à la structuration d’une filière. En effet, cette diversité culturelle et d’horizon, richesse indéniable, représentent, dans les faits, un redoutable défi pour la dynamisation et la cohérence du champ de « la vieillesse active3 ». Ce livre blanc est, avant tout, une démarche orientée vers l’exploration des frontières de la vieillesse active en tant que champ d’action. C’est, aussi, l’expression d’une volonté personnelle visant à mettre en exergue des ponts susceptibles de servir comme points d’amarrage pour l’agrégation des acteurs, des actions et des programmes, dans la perspective d’enclencher des dynamiques mieux coordonnées (aussi bien sur le plan national et/ou local). Dans ce sens, ce livre blanc se veut : pratique et opérationnel, pour qui s’intéresse à la vieillesse active. L’œuvre humaine étant par nature inachevée, toute remarque et/ou suggestion est la bienvenue. Jean-Bruno EYOBELE OBAKA Pharmacien – Expert de la prévention de la dépendance, la promotion de la vieillesse active, la gérontechnologie et les technologies de l’autonomie. 1 J. Lazar, La compétence des acteurs dans la « Théorie de la structuration » de Giddens, Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. 93 (Juillet-Décembre 1992), pp. 399-416. 2 Fuchs Marie-Françoise, « Vieillesse active, vieillesse « branchée » », dans L'avancée en âge, un art de vivre. sous la direction de Bergeret-Amselek Catherine. Toulouse, ERES, « L'Âge et la vie - Prendre soin des personnes âgées », 2013, p. 205-212. URL : http://www.cairn.info/avancee-en-age-un-art-de-vivre. 3 http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/67758/1/WHO_NMH_NPH_02.8_fre.pdf
  • 3. 2 Le plus grand ennui, c'est d'exister sans vivre ! [Victor Hugo]
  • 4. 3 Précautions de lecture Ce livre blanc est avant tout une contribution personnelle, basées sur 20 années d’expérience dans le champ de la vieillesse. Pour mener ce projet à bien, nous nous sommes surtout appuyés sur 4 dernières années passé dans le développement des modalités d’adaptation et d’acceptation de nouvelles technologies par le public âgée et également sur les informations, les données et documents (disponibles en ligne). Nous n’avons pas, ici, la prétention de faire une description exhaustive des contours de la vieillesse active4 en tant que perspective, écosystème ou filière pluridisciplinaire. Cependant, nous apportons : • un éclairage, pour une meilleur compréhension des enjeux de « ce nouveau champs d’action », • une mise en évidence des fondements faisant office de points d’ancrage ou encore de ponts capables de faire le lien entre les différents acteurs (public, privée, associatif ,…), professionnel (sanitaire, médico-social, psycho-social, profession libérale, autres.) et intervenants, • des bases pour la dynamisation de la coopération entre les différentes parties prenantes, • des bases pour la coordination de l’action et des acteurs, • une proposition de pistes pour dynamiser la structuration des acteurs. Pour ce faire, ce livre blanc est organisé en 5 parties, à savoir : 1. Vieillir en étant actif : du constat à l’action, 2. Faire en sorte que chacun, quel que soit sa position (personne âgée, proche et famille, acteurs institutionnels, professionnel de terrain, …) ou quel que soit le lieu où il se trouve (ville, campagne, …) devienne acteur du vieillissement actif, 3. Créer les conditions pour le développement d’une véritable culture de prévention, 4. Soutenir l’innovation, le déploiement et l’adoption de nouvelles technologies pour susciter l’émergence d’un langage commun capable de faire tomber les barrières entre les différentes parties prenantes de la vieillesse active, 5. Conclusion. Le lecteur est libre de commencer la lecture là où bon lui semble, sans que la cohérence de l’ensemble n’en pâtisse. 4 https://www.age-platform.eu/images/stories/EN/ey2012_joint_leaflet_fr.pdf
  • 5. 4 Table des matières Première partie : Vieillir en étant actif : du constat à l’action. ...............................................................8 Présentation.......................................................................................................................................9 Vieillir en restant actif ....................................................................................................................9 La vieillesse active : une culture avant tout..................................................................................10 Particularités des actions et programmes en faveur du vieillissement actif en France ................10 Retarder la survenue de la dépendance.......................................................................................11 Organiser la prise en charge de personnes âgées en situation de dépendance. ..........................11 La prévention de la dépendance en question ..............................................................................12 Une perspective prometteuse......................................................................................................13 Deuxième partie : faire en sorte que chacun, quel que soit sa position (personne âgée, proche et famille, acteur institutionnel, professionnel de terrain…) ou quel que soit le lieu où il se trouve (ville, campagne…), devienne acteur du vieillissement actif..........................................................................15 Réalité du vieillissement : constat général .......................................................................................16 A quel moment une personne est-elle considérée comme âgée ?...................................................16 Le vieillissement en France : des chiffres qui interpellent................................................................16 La grande tendance..........................................................................................................................16 L’avancée en âge et la vieillesse en France ......................................................................................17 Le vieillissement et la peur de la vieillesse .......................................................................................17 Quelques témoignages illustrant l’angoisse des français face au vieillissement ..............................17 La problématique de la dépendance en France ...............................................................................18 La notion d’autonomie.....................................................................................................................19 Le rejet de la dépendance ................................................................................................................19 La réalité de la dépendance en quelques chiffres ............................................................................19 La prise en charge de la dépendance ...............................................................................................20 Le coût de la prise en charge de la dépendance en quelques chiffres .............................................20 Le maintien à domicile en question..............................................................................................20 Bien vieillir en France .......................................................................................................................21 Troisième partie : créer les conditions pour le développement d’une véritable culture de prévention. .............................................................................................................................................................22 Privilégier la prévention, pour « une vieillesse active »....................................................................23 Proposition d’un cadre opérationnel et pratique pour développer la culture de prévention de la dépendance..................................................................................................................................23 La prévention primaire.....................................................................................................................25 La population cible .......................................................................................................................25 Les facteurs de risques de vulnérabilisassions..............................................................................25 Comment définir une politique de prévention primaire ..............................................................25
  • 6. 5 Les actions et/ou programme d’éducation et de promotion de la vieillesse active .....................26 La finalité de la prévention primaire ............................................................................................27 Prendre soin de soi.......................................................................................................................29 La culture de l’éducation et de promotion de la vieillesse active.................................................32 La place des décideurs dans la prévention primaire.....................................................................33 La place de la recherche en prévention primaire .........................................................................33 Les acteurs de la prévention primaire ..........................................................................................34 La prévention secondaire.................................................................................................................36 La cible de la prévention secondaire ............................................................................................36 Les fondements de la prévention secondaire...............................................................................36 Les stratégies d’action..................................................................................................................38 Les outils de mesure et d’évaluation............................................................................................39 La réadaptation et la rééducation ................................................................................................40 Les actions en prévention secondaire ..........................................................................................41 Les acteurs de la prévention secondaire ......................................................................................42 La prévention tertiaire......................................................................................................................44 La cible de la prévention tertiaire.................................................................................................44 La prise en charge de la dépendance ...........................................................................................45 La maladie d’Alzheimer ................................................................................................................52 Les aidants....................................................................................................................................56 La place du médicament dans le vieillissement actif....................................................................60 La place de l’éducation du patient ...............................................................................................66 La filière gérontologique ..............................................................................................................69 L’hospitalisation de la personne âgée. .........................................................................................71 L’hospitalisation à domicile (HAD), une alternative au recours à un plateau technique ..............76 La fin de vie ..................................................................................................................................79 Les soins palliatifs.........................................................................................................................81 Le deuil : l’accompagnement et le soutien...................................................................................87 Le changement.............................................................................................................................91 La négociation ..............................................................................................................................98 Communiquer avec une personne âgée.....................................................................................102 Quatrième partie : Soutenir l’innovation, le déploiement et l’adoption de nouvelles technologies pour susciter l’émergence d’un langage commun capable de faire tomber les barrières entre les différentes parties prenantes de la vieillesse active...........................................................................104 La place des technologies dans la prévention ................................................................................105 Les technologies et la prévention...............................................................................................106
  • 7. 6 Les technologies du dépistage....................................................................................................106 Les technologies du diagnostic...................................................................................................106 Les technologies thérapeutiques................................................................................................107 Les technologies de suivi............................................................................................................107 La gérontechnologie.......................................................................................................................108 Champ d‘action de la gérontechnologie.....................................................................................108 Difficultés et freins .....................................................................................................................109 Quelques textes et rapports clés................................................................................................110 Les objets connectés ......................................................................................................................112 Le fonctionnement des objets connectés...................................................................................112 Caractéristique des objets connectés.........................................................................................112 Les applications des objets connectés........................................................................................113 Quelques exemples d’objets connectés .....................................................................................113 Fabriquer soi-même des objets connectés.................................................................................114 Les prochains défis des objets connectés...................................................................................114 Les principaux acteurs du marché ..............................................................................................114 Le Big Data......................................................................................................................................115 La problématique soulevée par les datas ...................................................................................115 La délicate question des datas ...................................................................................................116 Le cloud computing ........................................................................................................................117 Les spécificités du « cloud computing » .....................................................................................117 Commercialisation et marché ....................................................................................................118 Quelques acteurs majeurs du marché........................................................................................118 La technologie et la santé numérique ............................................................................................120 Le champ d’action de l’e-santé...................................................................................................120 La e-santé ou l’imbrication de 3 disciplines................................................................................122 La place de l’innovation..................................................................................................................133 Les domaines d’application de l’innovation ...............................................................................133 Le principal enjeu de l’innovation ..............................................................................................138 La créativité....................................................................................................................................152 Le management de la créativité .................................................................................................152 Cinquième partie : conclusion............................................................................................................154 Le vieillissement actif en question .................................................................................................156 La notion de prévention dans la vieillesse active .......................................................................157 Les défis du vieillissement actif ..................................................................................................159 L’univers de la vieillesse active...................................................................................................160
  • 8. 7 L’innovation dans le champ de la vieillesse active......................................................................161 La dynamisation du champ de la vieillesse active ......................................................................162 La contribution de ce livre blanc ....................................................................................................165
  • 9. 8 Première partie : Vieillir en étant actif : du constat à l’action.
  • 10. 9 Présentation Le vieillissement de la population figure parmi les grands triomphes de l’action publique française. Pourtant, cette avancée sociale représente, aujourd’hui, l’un des défis majeurs pour la société. En effet, le vieillissement démographique en France interroge fortement la capacité de la société à répondre aux besoins des personnes vieillissantes. Car, si l’on veut d’un vieillissement positif et assumé, il est essentiel qu’une vie plus longue, offre davantage de possibilités d’être actif pour une participation sociale effective. Ceci suppose essentiellement : • l’accès à des soins adaptés et de qualité, • vivre dans un environnement aménagé et positif, • être bien informé, accompagné et soutenu en cas de besoin, • disposer d’un rôle social reconnu, • se sentir en sécurité. Par ailleurs : • la reconnaissance des droits de la personne âgée et du principe de leur indépendance, • le respect de leur dignité, • le devoir d’assistance, constituent des marqueurs incontournables pour l’épanouissement de nos ainés. Certes, plus l’âge avance, plus la poursuite d’une trajectoire d’indépendance est menacée, plus le processus de fragilisation se développe et plus le risque de dépendance croit ; Mais, tous les individus ne suivent pas la même trajectoire, ni le même rythme de vieillissement. Malgré tous, lorsqu’elles sont bien intégrées socialement, les personnes âgées participent à tous les aspects sociaux, culturels, économiques et politiques de la vie en société, dans les foyers, leurs familles et leur localité : C’est, bien là, le principe de « vieillir en restant actif ». Vieillir en restant actif C’est le processus consistant à optimiser les possibilités de bonne santé, de participation sociale et de sécurité afin d’accroître la qualité de la vie pendant la vieillesse. Un vieillissement actif permet aux personnes âgées de réaliser leur potentiel de bien-être physique, social et mental tout au long de la vie et de s’impliquer dans la société selon leurs besoins, leurs souhaits et leurs capacités, tout en jouissant d’une protection, d’une sécurité et de soins adaptés lorsqu’elles en ont besoin5 . Pour les personnes âgées cela signifie, vivre dans des conditions6 qui permettent à chacun d’exprimer son potentiel en s’impliquant davantage dans la vie sociale selon ses moyens et ses capacités7 . 5 Organisation mondiale de la santé (OMS): Vieillir en restant actif – cadre d’orientation. http://whqlibdoc.who.int/hq/2002/WHO_NMH_NPH_02.8_fre.pdf 6 https://www.unece.org/fileadmin/DAM/pau/age/Policy_briefs/French/Policy_Brief_13_FR.pdf 7 C. Crignon-De Oliveira, « Qu'est-ce que « bien vieillir » ? Médecine de soi et prévention du vieillissement », Les Cahiers du Centre Georges Canguilhem 2010/1 (N 4), p. 177-191.
  • 11. 10 Pour les autorités publiques et les acteurs gérontologiques cela implique de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie et surtout de faire en sorte que les bons choix soient aussi les plus facile à réaliser. La vieillesse active : une culture avant tout Le principal challenge à relever par l’action publique, les organisations associatives et les acteurs de la santé et du médico-psycho-social est d’œuvrer pour la participation sociale effective et la sécurisation des parcours de vie des personnes âgées. Dans ce sens, le principal enjeu consisterait à développer une culture de prévention à tous les niveaux, en adoptant une démarche à 3 niveaux : Premier niveau : les personnes âgées Il s’agit de : • La responsabilisation et l’implication individuelles des personnes âgées (l’empowerment8 individuel), • Les actions collectives et inclusives, dans la définition et le déploiement des actions et programmes (l’empowerment collectif). Deuxième niveau : la famille et les proches (aidants) Il s’agit d’un accompagnement et un soutien adaptés9 (intervention professionnelle). Troisième niveau : les acteurs et/ou les professionnels gérontologiques Il s’agit de développer un cadre et une démarche méthodologique capable de faciliter le développement et le déploiement des politiques et des programmes pour appuyer et/ou soutenir les stratégies individuelles et/ou collectives permettant aux personnes âgées de continuer à rester actif, selon leur capacité et leurs préférences (Les programmes et/ou les actions devraient non seulement cibler les besoins mais également prendre en compte les parcours de vie). Concrètement, il s’agit de : • Cibler les périodes de rupture dans les trajectoires de vie (notamment les phases de transition), • Faciliter l’accès à l’information au moment où le besoin se ressent, • Faciliter l’accès aux services/solutions, aux ressources et équipements. Particularités des actions et programmes en faveur du vieillissement actif en France En France, le rôle des pouvoirs publics, dans l’analyse des besoins, ainsi que dans l’organisation des réponses, est prépondérant. 8 http://envision.ca/pdf/w2w/Papers/NinacsPaper.pdf 9 http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/ANE-TRANS-RBPP-Soutien_aidants-Interactif.pdf
  • 12. 11 Les actions ou programmes favorisant le vieillissement actif se déclinent pour l’essentiel en deux axes : • retarder autant que possible la survenue de la dépendance, • organiser la prise en charge lorsque les personnes âgées se retrouvent en situation de dépendance. Retarder la survenue de la dépendance Cette approche cible, principalement, les déterminants impliqués dans la survenue de la dépendance. Les facteurs qui affectent la santé ont, ici, un poids déterminant (exemple : les maladies dégénératives associées au vieillissement, les maladies chroniques, …). Selon cette approche, la vieillesse sans incapacité est, en quelque sorte, l’archétype du « Bien vieillir ». Or, malgré son intérêt, la notion de « Bien vieillir » reste encore assez flou, en ce qu’elle recouvre plusieurs approches10 . Par ailleurs, en France, beaucoup d’acteurs expriment un certain malaise face à cette notion, car ils y perçoivent une sorte d’injonction. Il n’empêche que la notion de « Bien vieillir » reste le fondement conceptuel de différents plans nationaux, tels que : le plan Alzheimer, le plan maladies neuro-dégénératives, le plan dépression et prévention du risque suicidaire, le plan cancer, le plan national d’action pour une politique du médicament adaptée aux personnes âgées, plan national d’action de promotion des médicaments génériques, … Organiser la prise en charge de personnes âgées en situation de dépendance. L‘avancée en âge est associée à la survenue des maladies chroniques, des incapacités et des difficultés à assumer seul(e)s un certain nombre des tâches ordinaires de la vie quotidienne. Les autorités publiques ce sont retrouver dans l’obligation d’organiser la solidarité sociale afin de répondre à ce que l’on dénomme désormais comme la dépendance des personnes âgées. La prise en charge du handicap, de l’incapacité ou de la dépendance est, aujourd’hui, un enjeu de taille pour l’ensemble de la société, en ce qu’elle11 : • pose la question de l’articulation entre trois sources de protection : la famille, le marché (le système des assurances, etc.) et l’État12 , 10 M. Gangbè et F. Ducharme « Le "bien vieillir" : concepts et modèles » M/S : médecine sciences, vol. 22, n° 3, 2006, p. 297-300. 11 C. Martin, « Les politiques de prise en charge des personnes âgées dépendantes», Travail, genre et sociétés 2001/2 (N° 6), p. 83-103. 12 http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/protection-sociale/definition/y-t-il- modele-unique-etat-providence.html
  • 13. 12 • bouleverse les frontières établies entre différents secteurs de la protection sociale (frontières entre le social et le sanitaire, entre politiques familiales et politiques de la vieillesse, voire même politiques d’emploi), • confronte le décideur politique à une série de choix cruciaux sur la nature du dispositif à élaborer (logique d’assurance obligatoire ou non, logique d’aide sociale, logique de marché), • soulève le problème du financement et de la gestion du dispositif de prise en charge, entre l’État, les collectivités locales et les caisses de Sécurité sociale. La prévention de la dépendance en question Le rapport Trillard représente un grand tournant en ce qu’il préconise clairement l’inscription de la prévention de la dépendance comme axe centrale des politiques du vieillissement. Il souligne, surtout, la nécessité d’appréhender la prévention de la dépendance dans sa globalité, à savoir : physique, médical et psycho-sociale. Le cloisonnement des acteurs et les logiques centrifuges ont beaucoup freiné les complémentarités et l’articulation entre acteurs ainsi comme la mise en œuvre d’actions et des programmes coordonnés. Malgré la volonté politique des autorités publiques et des acteurs institutionnels (qui s’est concrètement manifestée par le rapprochement à travers des appels à projets conjoints), il n’empêche que sur le terrain et au niveau local, la cohérence d’ensemble et l’impact réel des actions restent encore difficilement perceptible. Les plans nationaux sont souvent déclinés sous forme de campagne de communication abordant essentiellement les problématiques telles que la vaccination, l’alimentation, l’activité physique, les ateliers mémoire ou encore des ateliers ciblant des thématiques spécifiques telles que la prévention des accidents domestiques. Ainsi, la prévention des chutes côtoie les campagnes de vaccination contre la grippe, le dépistage de cancer de la prostate, etc. Concernant la prise en charge de la perte d’autonomie, les efforts menés sur le maintien à domicile à travers : les réseaux gérontologiques ou gériatrique, les MAIA, les consultations mémoires, l’APA, ou encore l’aide et les soins à domicile demeurent encore peu intégré. Par conséquent : • D’une part, le morcellement des actions et programmes ne facilitent pas l’émergence d’une véritable culture de prévention au niveau local et territoriale (tels que préconisé par le Plan National de Prévention de la dépendance13 ). En effet, les professionnels : les associations et entreprises d’aide à domicile, les Centres Communaux d’Action Sociale, les EHPA, les EHPAD, les CLIC, les Réseaux Gérontologiques, les Services Départementaux gestionnaires de l’APA… (en partie, pris par les missions dévolues à chacun) peinent à mettre en place une offre de service territoriale intégrée, sous forme d’un 13 http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_national_daction_de_prevention_de_la_perte_dautonomie.pdf
  • 14. 13 continuum à l’intérieure duquel chaque personne âgée puisse trouver une réponse propre à sa situation et à ses besoins. • D’autre part, le manque de visibilité et l’insuffisante articulation des acteurs entre eux ne permettent pas de se projeter dans la promotion de la vieillesse active. En effet, le poids des situations d’urgences, les modes de financements et les modalités d’accès aux ressources…laissent souvent peu de place au développement d’une offre intégrée. Or, avec l’âge la quête de sens prend le pas sur presque tous. Les personnes sont, alors, sensibles à ce qui les rend maitre de leur parcours de vieillissement. Dans ce sens, le « Bien être » se traduit par : • trouver le soutien nécessaire (quand on en a besoin), • ne pas être un poids pour les autres, • ne pas se sentir inutile, • ne pas s’ennuyer, • être entouré, • ... Car la vieillesse n’a pas de sens si elle est synonyme de souffrance ou encore d’être déconsidéré et mis à part (solitude). Une perspective prometteuse Le plan national d’action de prévention de la perte d’autonomie, partie intégrante de la loi « Adaptation de la Société au vieillissement (ASV) »14 vise (dans ses termes et dans son esprit) à apporter une cohérence globale à la politique de prévention, notamment par une meilleure gouvernance et plus de transversalité entre les divers domaines concernés (organisation sociale, promotion de la santé, participation sociale, aménagement de l’espace et des territoires, etc.). Ce livre blanc s’inscrit parfaitement dans cette dynamique et se propose de contribuer à : • faire que chacun, quel que soit sa position (personne âgée, proche et famille, acteur institutionnel, professionnel de terrain…) ou quel que soit le lieu où il se trouve (ville, campagne…), deviennent acteur du vieillissement actif. • poser les bases pour le développement d’une véritable culture de prévention, 14 http://www.gouvernement.fr/action/l-adaptation-de-la-societe-au-vieillissement
  • 15. 14 • favoriser l’émergence d’un langage commun pour faire tomber les barrières et permettre aux acteurs de mieux communiquer entre eux,
  • 16. 15 Deuxième partie : faire en sorte que chacun, quel que soit sa position (personne âgée, proche et famille, acteur institutionnel, professionnel de terrain…) ou quel que soit le lieu où il se trouve (ville, campagne…), devienne acteur du vieillissement actif.
  • 17. 16 Réalité du vieillissement : constat général Tout commence par le processus de vieillissement, en tant qu’effet du temps sur les individus, que l’on définit comme l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques modifiant la structure et les fonctions de l’organisme à partir de « l’âge mûr ». Il s’agit d’un processus lent, progressif et irréversible qui dépend des facteurs génétiques et environnementaux. Ce processus est également conditionné par des évènements de vie individuels (travail, deuil, traumatisme, affections aigues, etc.). C’est ce qui explique que les trajectoires de vieillissement soient par essence hétérogène et varient considérablement d’un individu à l’autre. Le vieillissement est aussi complexe dans sa présentation et multifactoriel, dans le sens où il dépend à la fois de facteurs extrinsèques et intrinsèques (dans ses mécanismes). La résultante est (de manière inexorable) une réduction des capacités d’adaptation de l’individu face aux évènements, surtout ceux qui sont sources de stress. C’est, fondamentalement et de manière conséquente, une diminution de la performance des fonctions organiques et/ou biologiques15 . A quel moment une personne est-elle considérée comme âgée ? Pour les Nations Unies, les personnes sont considérées comme âgées à partir de 60 ans. En France, c’est surtout l’âge de la retraite16 qui constitue le marqueur d’entrée dans la vieillesse. Cependant quelques soit l’âge utilisé dans divers contextes, il est important d’insister sur le fait que l’âge chronologique n’est pas toujours la meilleure référence du vieillissement. Le vieillissement en France : des chiffres qui interpellent. Au 1er janvier 2015, la France comptait 66,3 millions d'habitants. 1 français sur 4 est âgé de 60 ans ou plus. Près d'un habitant sur dix à 75 ans ou plus. La grande tendance Le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans augmentera fortement, Jusqu'en 2035 du fait du vieillissement massif des générations issues du baby-boom. Ensuite, leur part devrait continuer à progresser de façon plus modérée, après 2035. En 2060, une personne sur trois aura plus de 60 ans et l'effectif des centenaires pourrait atteindre 200 000 personnes avec un rythme d’augmentation de 2 000 centenaires par ans, jusqu'en 2046. Là encore, le rythme de croissance des centenaires devrait se situer à plus de 8 000 personnes par an en moyenne à cause des générations issues du baby-boom. 15 Gilles Bérrut, La société doit s’adapter au vieillissement de la population, La santé de l’homme, n°401-mai- juin 2009, pg 13-16. 16 V. Caradec, « L'expérience sociale du vieillissement », Idées économiques et sociales 2009/3 (N° 157), p. 38- 45.
  • 18. 17 Le caractère massif de ces chiffres annonce bien un phénomène majeur et inédit dans la société française. L’avancée en âge et la vieillesse en France L’avancée en âge (processus linéaire et inéluctable) et la vieillesse en tant que réalité sociale ne vont pas forcément de pair. En effet, au fil des générations, les représentations sociales de l’âge ont profondément évolué. Ainsi, par exemple, les femmes étaient considérées comme vieilles à 76 ans en 1995, alors qu’elle l’était à 60 ans, il y a 150 Ans, Alors qu’aujourd’hui, personne ne se considère « vieux » entre 60 et 75ans. Le vieillissement et la peur de la vieillesse Il est particulièrement difficile de bien vieillir dans une société marquée par le jeunisme, où, vieillir signifie être déclassé de la compétition de la vie. Aussi, la vieillesse fait peur en ce que les gens se sentent dépossédés et dévalorisés. Quelques témoignages illustrant l’angoisse des français face au vieillissement Sur la baisse de performance «Apparaître un jour fatigués ou affaiblis fait peur. Cette vieille crainte de la fragilité, décidément, nous poursuit…» Sur la dégradation du corps «Nous angoissons à l’idée de devenir faillibles, de nous départir de toutes nos belles facultés et, en particulier, de notre apparence, bien évidemment, car elle symbolise aux yeux de tous qui nous sommes : elle trahit la première notre âge quelque peu avancé, alors que notre cœur et notre esprit auront, eux, éternellement 20 ans !» «Sentir son corps devenir flasque, on a l’impression que sa peau est moins élastique, moins souple. Et puis, évidemment, nous perdons de notre dynamisme et sommes plus.». Sur l’apparence «De nouveau, un décalage se forme entre qui nous considérons être et la façon dont nous apparaissons, un fossé entre le soi réel et l’image de soi.» «La peur de vieillir n’est pas nécessairement la peur de mourir. Nous savons tous que le temps passe mais nous n’y pensons pas, jusqu’à ce que les premiers stigmates se présentent, lesquels se concentrent principalement au niveau de l’apparence physique.» Sur l’approche de la fin «Nous prenons conscience de tous les risques qu’il y a à exister…plus nous nous rapprochons des trois impensables contre lesquelles nous ne pouvons rien: la maladie, la vieillesse et la mort.»
  • 19. 18 La problématique de la dépendance en France En France, la notion de dépendance est relativement récente. Elle a été utilisée pour la première fois, en 1973 par le docteur Yves Delomier17 , selon lequel « le vieillard dépendant a besoin de quelqu’un pour survivre car il ne peut, du fait de l’altération des fonctions vitales, accomplir de façon définitive ou prolongée les gestes nécessaires à la vie ». Aujourd’hui, plusieurs définitions de la dépendance cohabitent. Selon la commission de terminologie auprès du Secrétariat d'Etat chargé des personnes âgées18 , la dépendance a une double définition : • Médicale : situation d’une personne qui, en raison d’un déficit anatomique ou d’un trouble physiologique, ne peut remplir des fonctions ou effectuer des gestes essentiels à la vie quotidienne. • Sociale : subordination d’une personne à une autre personne ou à un groupe. La loi n° 97-60 du 24 janvier 1997 instituant une Prestation Spécifique Dépendance (PSD) définit la dépendance comme l’état de la personne qui nonobstant les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou requiert une surveillance régulière » Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, quant à lui, dans sa Recommandation n°R (98) du 18 septembre 1998 définit la dépendance comme un état dans lequel se retrouvent des personnes qui, pour des raisons liées au manque ou à la perte d’autonomie physique, psychique ou intellectuelle, ont besoin d’une assistance et/ou d’aides importantes afin d’accomplir les actes courants de la vie. Toutes les sections de la population peuvent se trouver affectées par la dépendance et pas uniquement les personnes âgées, même si les situations de dépendance tendent à s’accroître avec l’âge. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) part du constat médical de la déficience (des critères pathologiques), pour définir la dépendance. Cette déficience se trouve à l’origine d’incapacités dans la réalisation des actes de la vie quotidienne, créant elles-mêmes des désavantages dans la vie au sein de la collectivité. La définition de l’OMS intègre la variable de l’environnement immédiat (famille, voisinage, habitat...) ou indirect (région d’habitat). Dans ce sens, la classification internationale du handicap dite Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF)19 part de l’environnement économique, social et physique de la personne pour déterminer la situation de la personne vivant avec un handicap (incapacités). Enfin, la dépendance d’une personne âgée est aussi considérée comme un état durable entrainant des incapacités qui requiert une ou des aides pour la réalisation des actes de la vie quotidienne. Elle est 17 Y. DELOMIER, "Le vieillard dépendant. Approche de la dépendance", Gérontologie, septembre 1973, n°12, p 9. 18 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000314094&dateTexte 19 http://mssh.ehesp.fr/international/centre-collaborateur-oms/la-classification-internationale-du- fonctionnement-cif/
  • 20. 19 fonction du degré des limitations fonctionnelles et/ou des restrictions d’activité que la personne subit et non de son état de santé. En France, la création de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) par la loi du 20 juillet 2001, a, de fait, substitué la dépendance par la perte d’autonomie. Ainsi, toute incapacité à assumer les conséquences d’un manque ou de la perte d’autonomie liés à l’avancée en âge ouvre des droits à une allocation personnalisée d’autonomie. Cette définition à visée administrative, a grandement influencé les politiques de la dépendance tout en occultant la complexité que recouvre la dimension humaine de la perte d’autonomie (en tant que phénomène sociale)20 . La notion d’autonomie De manière plus globale, « l’autonomie » peut être considérée comme la capacité des individus à se gouverner soi-même. Ce qui présuppose une capacité de jugement inaltérée, c’est-à-dire : prévoir, choisir et surtout être libre de pouvoir agir, accepter ou refuser. Selon cette approche, l’autonomie relèverait à la fois des capacités de la personne et de la liberté dont il dispose. C’est, donc, le droit pour tout individu de faire des choix correspondant à ses valeurs, ses désirs et aspirations, etc. et surtout de déterminer librement les règles auxquelles il décide de se soumettre21 . A contrario, la perte d’autonomie correspondrait de facto à une situation de privation de liberté. Par conséquent, la détresse morale et les souffrances psychiques qui accompagnent la perte d’autonomie n’apparaissent plus comme des conséquences secondaires de la perte d’autonomie ; mais plutôt comme les premiers symptômes de la dépendance. Ce n’est donc pas uniquement la capacité physique ou mentale à effectuer telle ou telles tâches de la vie quotidienne qui se perd, mais surtout la liberté que procure la capacité d’y parvenir sans l’assistance d’un tiers. En d’autres termes, la perte d’autonomie, au-delà de la sénescence physique et/ou mentale, signerait, en quelque sorte, la déchéance physique et sociale d’une personne. Le rejet de la dépendance D’une part, les personnes âgées refusent d’être une source de problèmes et de soucis pour les autres, D’autre part, 78% des français redoutent la vieillesse et 48% craignent de devoir s’occuper d’un proche devenu dépendant : le spectre de la dépendance angoisse (par la crainte de l’inutilité et de la dégradation du corps). La majorité des français appréhendent d’avantage vieillir que de mourir, faisant de la dépendance : la problématique majeure du vieillissement. La réalité de la dépendance en quelques chiffres Relativement rare chez les moins de 75 ans, l’âge moyen d’entrée dans la dépendance est estimé à 85 ans (78 ans chez les hommes et 84 ans pour les femmes), mais les signes avant-coureurs commencent 20 http://www.credoc.fr/pdf/Rech/C256.pdf 21 Dictionnaire Le Robert.
  • 21. 20 bien avant, à savoir : 77 ans ; sachant que la population de 75 ans et plus connaitra une croissance de 72% d’ici à 2060. Aujourd’hui 1.3 million de personnes sont en état de dépendance, dans le sens où elles ont besoin d’une tierce personne pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne (se déplacer, s’habiller, se laver, s’alimenter…). Une fois la dépendance totale installée, l’espérance de vie des personnes âgées est estimée à 4 ans et demi. La prise en charge de la dépendance La prise en charge de la dépendance des personnes âgées constitue un enjeu majeur des politiques de vieillesse. En France, cette prise en charge est basée sur la notion de liberté de choix de l’individu, dans un continuum de services entre le domicile et l’établissement. Une part importante des personnes âgées demeurent chez elles, y compris pour des degrés de dépendance relativement élevés. Cependant, la tendance majeure, aujourd’hui, est à l’institutionnalisation des personnes les plus dépendantes physiquement et psychiquement. Le coût de la prise en charge de la dépendance en quelques chiffres La prise en charge de la dépendance coûte 24 milliards d’euros aux finances public (dont 5 milliards pour l’APA), soit environ 1% de la richesse nationale. Ce montant s’élèvera à 35 milliards d’euros, soit 1.77 de PIB à l’horizon 2060. La dépendance coute 7.2 milliards aux ménages, cette somme atteindra 16 milliards en 2060. En 2011, 1.715 millions de personnes étaient couvertes contre la dépendance, soit 430 millions d’euros. La même année, un total de 10 481 établissements prenaient en charge 720 483 personnes âgées. Le maintien à domicile en question • Coût moyen de l’aide à domicile 2000 euros • Coût moyen pour une prise en charge en établissement médicalisé 3000 euros • Coût moyen d’un garde malade de jour à domicile 22.7 euros • Coût moyen d’un garde malade de nuit à domicile 23.6 euros • Coût moyen de la livraison de course à domicile 25 euros • Coût moyen de l’accompagnement de la personne âgée à l’extérieur de son domicile 21.8 euros • Coût moyen d’un service de ménage à domicile 21.6 euros • Coût moyen d’un service de jardinage 33.5euros
  • 22. 21 Bien vieillir en France 62% des français estiment qu’il est difficile de « Bien vieillir ». Face à la peur de vieillir, il parait indispensable de donner du contenu et rendre opérationnel la notion de « Bien vieillir »22 . En réalité, les personnes âgées revendiquent de vivre comme « tout le monde ». A leurs yeux, deux notions couramment employées, pour parler du vieillissement, à s’avoir : se sentir vieillir (ce qu’ils ressentent et expriment volontiers) et les Vieux (expression péjorative, qu’ils rejettent) s’opposent. Il s’agit, surtout, de présenter le « Bien vieillir » comme une invitation afin d’éviter le piège de l’injonction (vécu souvent comme moralisateur). Développer le « Bien vieillir » implique de s’adresser à la foi à la personne âgée (dans sa singularité et sa spécificité) et à son environnement (dans le sens global), mais, surtout pas à définir des canaux auxquels les personnes âgées devraient correspondre. Par conséquent, « Bien vieillir » ne peut être, en aucun cas, la lutte contre le vieillissement, mais plutôt une dynamique et/ou une mobilisation de la société pour : • Préserver la capacité d’agir des personnes âgées (d’où la pertinence de la notion « vieillesse active »), • Développer une démarche méthodologique et des outils pratiques permettant aux acteurs et professionnels gérontologique de disposer d’un cadre de référence pour construire et déployer des actions et programmes. 22 http://www.euro.who.int/fr/health-topics/Life-stages/healthy-ageing/data-and-statistics/10-facts-on- healthy-ageing-in-europe
  • 23. 22 Troisième partie : créer les conditions pour le développement d’une véritable culture de prévention.
  • 24. 23 Privilégier la prévention, pour « une vieillesse active » Certes, vieillir n’est pas une maladie et encore moins un accident de la vie, mais, les dimensions telles que : la santé, le psycho-sociales et l’environnement peuvent devenir des facteurs de risques entrainant la dépendance des personnes âgées. Le Docteur Jean-Pierre Aquino affirme ceci : « pour prévenir la survenue de la dépendance, il est essentiel de viser les compétences des gens, leur autonomie et surtout pas leurs incapacités. Il s’agit d’appréhender la personne âgée, avant tout, comme un corps, un esprit et un être en inter- relation avec les autres et son environnement »23 . Par conséquent, la personne âgée reste un être unique dans sa spécificité (narcissisme, valeurs individuelles, spiritualité et surtout le comportement). Penser la prévention de la dépendance dans ces termes, c’est, systématiquement, s‘adresser à 3 types d’acteurs : la personne âgée et son entourage (en premier lieu), les acteurs de la filière gérontologique et les pouvoirs publics. La prévention en général est une attitude ou un ensemble de mesures à adopter afin d’éviter qu'une situation (santé, psycho-socio-économique, environnementale, …) ne se dégrade, ou qu'un accident, une épidémie ou une maladie ne survienne. Ceci est également valable quand la dépendance s’installe. Pour les acteurs, il n’est pas toujours aisé de trouver un cadre de référence permettant de se projeter afin de définir les buts et les cibles des actions ou encore, d’impulser une dynamique et d’envisager l’évaluation de l’impact réel des actions24 . Proposition d’un cadre opérationnel et pratique pour développer la culture de prévention de la dépendance Rendre opérationnel la prévention de la dépendance, c’est disposé d’un cadre de référence. En cela, la définition de la prévention de l’OMS offre un socle de base pour la mise sous pied d’une démarche de prévention de la dépendance ainsi comme le soutien des initiatives et pratiques25 . Selon l’OMS, la prévention regroupe l’ensemble de mesure visant à éviter ou à réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et/ou des handicaps. La spécificité de la prévention chez les personnes vieillissantes La population vieillissante est caractérisée par son extrême hétérogénéité. Mais, elle peut, cependant, être regroupé en 3 groupes, selon l’état physique et psycho-sociologique des personnes âgées, à savoir26 : • celles qui ne présentant aucun signe de vulnérabilité. Cette catégorie regroupe toutes les personnes retraitées qui ne se considèrent pas vieux, 23 Jean-Pierre Aquino, Le plan national « Bien vieillir », Gérontologie et Société, n°125, juin 2008 (pg 39-42). 24 http://inpes.santepubliquefrance.fr/etudes/pdf/Recherche-qualitative-ameliorer-sante-handicap.pdf 25 Rapport Flajolet-http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/annexes.pdf 26 Rapport Luc Broussy – L’adaptation de la société au vieillissement de sa population, janvier 2013.
  • 25. 24 • celles présentant ou émettant des signes de vulnérabilité. Cette catégorie regroupe des personnes retraitées qui commence à se sentir « vieux », • celles qui se retrouvent en situation de vulnérabilités (handicap-perte d’autonomie). Cette classification s’aligne parfaitement sur les trois niveaux de prévention de l’OMS, et correspondrait pour : • La prévention primaire, aux personnes âgées ne présentant aucun signe de vulnérabilité, • La prévention secondaire, aux personnes âgées présentant des signes de vulnérabilité, • La prévention tertiaire, aux personnes âgées vulnérables (avec, au moins, un handicap). La prévention de la dépendance, dans son ensemble, vise la préservation de la capacité d’agir des personnes âgées (ceci ne renvoi en aucun cas à une absence d’incapacité).
  • 26. 25 La prévention primaire C’est la première phase de prévention. Elle intervient bien en amont. C’est-à-dire bien avant la manifestation de signaux avant-coureurs de fragilisation de la personne âgée27 . La prévention primaire consiste, avant tout, à éviter et/ou à retarder la survenue d’évènements incapacitants associées à l’avancée en âge. Il s’agit d’agir de manière anticiper et/ou précoce sur les facteurs de risques de fragilisation qui sont à l’origine de la survenue d’incapacité(s). La population cible La prévention primaire est adaptée aux personnes âgées ne présentant ou ne manifestant aucun signe de vulnérabilité28 . Les facteurs de risques de vulnérabilisassions Envisager la prévention primaire de la dépendance implique une meilleure connaissance des mécanismes conduisant à la perte d’autonomie. Dans ce sens, les facteurs de risque pouvant conduire à la dépendance sont de 3 ordres principalement29 : • Les facteurs liés à l’état de santé : usure des organes, arthrose invalidante, survenue de maladies invalidantes, acuité visuelle et auditive…, • Les facteurs Psycho-économico-social : transitions et ruptures de parcours de vie (la retraite, le départ des enfants, l’entrée en établissement…), fonction cognitive, soutien social, solitude, isolement, effritement du réseau relationnel, violence-maltraitance, dépression, décès de proche…, • Les facteurs environnementaux : logement, adaptations urbaines, accès aux différents types de solution et service, … Comment définir une politique de prévention primaire La prévention primaire se matérialise par la promotion de la vieillesse active. C’est avant tout de l'éducation et la promotion de la vieillesse active30 à travers les actions d'information, de formation, d’accompagnement et de soutien, afin d’inciter la population à s’engager 27 C. Lacour, « La personne âgée vulnérable : entre autonomie et protection », Gérontologie et société 2009/4 (n° 131), p. 187-201. 28 http://www.irdes.fr/Publications/Qes2013/Qes184.pdf 29 http://www.chups.jussieu.fr/polys/geriatrie/tome1/08_dependance.pdf 30 Au texte fondateur appelé charte d’Ottawa (http://www.euro.who.int/__data/assets/ pdf_file/0003/129675/Ottawa_Charter_F.pd) ont succédé les recommandations d’Adélaïde (1988), les déclarations de Sundsvall (1991), de Jakarta (1997) et de Bangkok (2005).
  • 27. 26 dans des choix et des changements permettant aux personnes âgées de développer des aptitudes et/ou des stratégies individuelles et/ou collectives leurs permettant d’avoir la maîtrise du processus d’avancée en âge. Définir une politique de prévention primaire consiste dans un premier temps à : • identifier la population cible, • identifier, avec un niveau de certitude acceptable, les facteurs de risques susceptibles d’entrainer une incapacité aux quelles la population cible est exposé, • identifier les facteurs qui préservent des risques d’incapacités, • concevoir des actions et/ou programmes et définir les modalités de déploiement. Les actions et/ou programme d’éducation et de promotion de la vieillesse active La prévention primaire est axée principalement sur l’information de la population au sujet des risques que certains comportements, certaines attitudes ou des habitudes de vie font courir aux personnes âgées. Dans ce sens, la prévention primaire mobilise les techniques et méthodes de l’éducation pour la santé et la promotion de santé (Organisation Mondiale de la Santé, 1984). C’est donc un ensemble d’actions et de programmes qui visent un état de bien-être physique, mental et social pour chaque individu ou groupe. La promotion de la vieillesse active consiste à armer les individus ou groupes d’individus afin qu’ils soient en mesure de mobiliser à bon escient les ressources sociales et personnelles et les capacités physiques pour qu’ils puissent, par eux même, réaliser leurs ambitions, satisfaire leurs besoins et évoluer avec leur milieu ou s’y adapter31 . Il s’agit d’une action globale et coordonnée (sous l’impulsion et le pilotage des pouvoir publics) qui intègre les sphères de la santé, de l’économie et du sociale assurant un accès équitable de la population aux différentes ressources de prévention. Concrètement, cela consiste à mettre à disposition de la population : • des biens et des services plus sûrs et plus sains, • des services publics qui favorisent davantage le bien-être, • des environnements agréables et sûrs, avec un maximum de protection, • un accès équitable à l’ensemble des solutions, biens et services. Ces actions et/ou programmes sont destinés à deux cibles, principales : 31 Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé (1986). Conférence internationale pour la promotion de la santé «Vers une nouvelle santé publique». 17-21 novembre 1986, Ottawa (Canada).
  • 28. 27 • l'individu (la personne âgée), en ce que ces actions sont souvent la déclinaison de recommandations ou de plans nationaux émis par les instances nationales de santé publique et gérontologique, par exemple: la vaccination contre la grippe, l'hygiène bucco-dentaire, l’activité physique ou l’alimentation, la sécurité routière, la vie affective, l’estime de soi, le sommeil, la gestion du stress, l’aménagement du logement, des actions de préparation à la retraite, etc. • le collective, en ce que ces actions de prévention et de promotion de la santé favorisent la participation et contribue au renforcement du lien social. Les actions collectives obéissent à une logique de programmation. Elles ont vocation à se déployer sur une échelle territoriale (locale, départementale, régionale et/ou nationale), par exemple : les forums et/ou salon, les conférences et ateliers collectifs. Si les conférences constituent des rendez-vous uniques, les ateliers sont conçus sous forme de cycle. Tandis que Les forums informent les participants sur l’offre disponible sur le territoire, les conférences, elles, consolident un socle de connaissances et les ateliers contribuent au renforcement des comportements protecteurs. Les effets attendus de ces actions collectives sont certes différents mais complémentaires. Le moyen terme est l’horizon à privilégier pour la prévention primaire. La finalité de la prévention primaire Etre actif pour les personnes âgées, c’est avant tout32 : • être en bon état physique, • disposer d’un logement adéquat et adapté, • disposer d’un certain revenu de ressources (revenu), • avoir accès à l’information, à l’éducation et aux soins de qualité, • avoir accès aux différents services et solutions dédiés, • disposer d’un environnement stable et positif, • disposer d’un soutien et d’un accompagnement (en cas de besoin) stable, • vivre dans un environnement qui garantit le respect des droits de la personne âgée et une justice sociale équitable (la considération). • … 32 Flageolet A (2008). Rapport de mission au profit du gouvernement relative aux disparités territoriales des politiques de prévention sanitaire. Paris : Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sport et de la Vie Associative.
  • 29. 28 La prévention primaire a vocation à agir sur l’environnement, l’état (physique et mental) de la personne âgée afin de la maintenir dans un certain état d’équilibre.
  • 30. 29 Prendre soin de soi Dans les sociétés modernes, le corps est le principal support de l’identité. C’est la raison pour laquelle, les pratiques visant à l’embellir, le relaxer, le renforcer se multiplient. Chez les personnes vieillissantes, cette quête du bien-être et de la qualité de vie dans son corps et par son corps prend une dimension particulière : parce que le corps, indispensable au soi et à l’unité psychosomatique, montre des signes inquiétants de décrépitudes. La quête du bienêtre (bien dans son corps et dans sa tête), d’harmonie, de joie de vivre, de bonne santé mentale, de tout ce qui fait que la vie mérite d’être vécue33 passe par l’attention que l’on porte au corps. Ce corps vieillissant devient l’objet de toute l’attention de la personne quand bien même il devient (quelque fois) repoussant. La crainte de ne plus assuré Les personnes âgées aspirent à une existence harmonieuse et cela suppose, pour elle : • de rester autonome le plus longtemps possible, • avoir un ou des rôles sociaux à jouer (l’idéal étant d’être entouré de ses proches et sa famille). Dès lors, il est important pour ces personnes de garder la possibilité de faire ce qu’ils ont décidé et de le faire au moment où ils l’auraient choisi. Beaucoup de personnes âgées subissent le stress car ils sont confrontés à des évènements imprévus. En effet, avec l’âge, les individus ont du mal à s’adapter aux changements. Par conséquent, elles supportent mal le changement. C’est précisément ce blocage face aux changements qui génère le stress. Le stress provient également du sentiment de perte de contrôle vis à vis de gestes simples du quotidien. Par exemple : plus l’âge avance, plus les personnes âgées appréhendent de sortir de leur domicile. Face à la perspective d’une dégénérescence du aux différents effets de l’âge, rester en forme est probablement le meilleur moyen d’apporter une dose de vitalité au quotidien. Ceci explique pourquoi les personnes vieillissantes sont réceptives aux différents messages concernant : • le développement personnel, • le soin corporel et de l’apparence physique, • la condition physique et le bien-être, • l’art de vivre «vieux » et de profiter de la vie. 33 http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/97/?sequence=15
  • 31. 30 Le développement personnel chez la personne âgée C’est la démarche ou le processus34 qui amène la personne âgée à puiser, en elle-même, le meilleur (aptitudes personnelles, parcours de vie, différentes expériences individuelles…) pour s’épanouir dans sa nouvelle vie (vieillesse). Le soin corporel et de l’apparence physique Les soins corporels et de l’apparence physique consistent à donner au corps une apparence ou un aspect socialement valorisant à l’aide de produits de beauté, d’appareils ou de techniques manuelles. Cette définition catégorise d’emblée les compétences de l’univers esthétique et renvoi au domaine de la peau, donc, du « superficiel », dont l’histoire relève des domaines féminins et de la sphère privé35 . Cette vision reflète une considération réductrice occultant la réalité d’un besoin profond et légitime de la personne âgée. En effet, les soins corporels et de l’apparence physique sont reconnus comme de puissants facteurs de valorisation sociale et de bien être chez la personne âgée36 . La condition physique et le bien-être La condition physique correspond à un niveau de qualités physiques permettant la réalisation d’une activité physique ou d’un sport dans les meilleures conditions possibles. Pour avoir une bonne condition physique, il est indispensable : - une activité physique régulière, adaptée à ses capacités physiques et techniques, - une récupération à la suite d’une activité physique ou d’un effort physique, - une vie saine, c'est-à-dire une hygiène de vie compatible (alimentation, sommeil, ...). La condition physique n’a aucun lien avec le niveau de performance. Avoir une bonne condition physique signifie : se sentir en pleine forme. L‘activité physique L’OMS définit l’activité physique comme tout mouvement corporel produit par les muscles et qui requiert une dépense d’énergie – ce qui comprend les mouvements effectués en travaillant, en jouant, en accomplissant les tâches ménagères, en se déplaçant ou pendant les activités de loisirs. Le terme « activité physique » ne doit pas être confondu avec «faire de l’exercice», qui est une sous- catégorie de l’activité physique : plus délibérée, structurée, répétitive, et qui vise à améliorer ou à entretenir un ou plusieurs aspects de la condition physique. 34 https://repo.palkeo.com/esprit/philo/D%C3%A9veloppement%20personnel%20- %20%20le%20meilleur%20des%20blogs.pdf 35 M. Cochennec Le soin des apparences. L’univers professionnel de l’esthétique-cosmétique Actes de la recherche en sciences sociales 2004/4 (no 154), p 80-91. 36 http://psychologie-sante.tn/lestime-de-soi-chez-les-personnes-agees/
  • 32. 31 Que le niveau d’intensité soit modéré ou fort, l’activité physique comporte des bienfaits pour la santé37 . La pratique régulière d’une activité physique permet de retarder ou de ralentir certains processus délétères liés au vieillissement. Le maintien des capacités physiques apparaît alors essentiel pour conserver l’indépendance et préserver la qualité de vie au cours de l’avancée en âge. L’activité physique est donc un moyen permettant un vieillissement sain. Elle a l’avantage d’agir simultanément sur plusieurs organes et sur de multiples facteurs de risque communs à différentes pathologies. Son action porte à la fois sur la santé physique et la santé mentale des individus38 . Quelques exemples d’activité physique L’activité physique englobe notamment les loisirs, les déplacements (par exemple la marche ou le vélo, …), les activités professionnelles, les tâches ménagères, les activités ludiques, les sports ou l’exercice, planifié, dans le contexte quotidien, familial ou communautaire. Elle améliore l’endurance cardio respiratoire, l’état musculaire et osseux, et réduit le risque de maladies non transmissibles, de dépression et de détérioration de la fonction cognitive. L’art de « vivre vieux » et de profiter de la vie L'art de vivre vieux, est une attitude qui consiste à mettre du beau, du bien, du bon dans sa vie et autour de soi, avec la sensation de faire partie d’un tout (son environnement). C'est, aussi, se préserver autant sur le plan physique que psychique ; se protéger des coups et des émotions qui font mal39 . L’art de « vivre vieux » et de profiter de la vie vient surtout rappeler que la retraite n’est pas le signal d’une vie « en retrait », mais au contraire s’ouvrir vert d’autre horizon. Ce qui signifie : ouvrir une nouvelle page de sa vie. L’attitude que l’on adopte face à l’avancée en âge est déterminante. Profiter de la vie malgré son âge avancée, c’est prendre conscience qu’avec les années on est plus, tout à fait, la même personne et d’évoluer dans différents aspects de sa vie ; car refuser le changement c’est déjà accepter « le terminus ». Aussi étroit soit le chemin Nombreux les châtiments infâmes, Je suis le maître de mon destin, Je suis le capitaine de mon âme. de William Henley40 37 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs385/fr/ 38 http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/97/?sequence=31 39 http://www.mjc-chateauvert.fr/docs/chronique/chronique8.pdf 40 https://en.wikisource.org/wiki/Page%3AOxford_Book_of_English_Verse_1250-1900.djvu/1045
  • 33. 32 La culture de l’éducation et de promotion de la vieillesse active La culture de l’éducation et de la promotion de la vieillesse active est indispensable dans les pratiques professionnelles et dans les habitudes de vie courante. Une mobilisation à tous les niveaux, partant des orientations sur le rôle et la place de chaque composante (social, politique, économique et environnemental41 ), est à engager pour que l’ensemble des ressources et des moyens disponibles soient mobiliser pour soutenir les individus et les groupes dans leur volonté de maitriser le processus de vieillissement. 41 Charte d’Ottawa, 1986
  • 34. 33 La place des décideurs dans la prévention primaire Il revient aux décideurs42 de : • Impulser la promotion de la vieillesse active en tant qu’investissement et défi social majeur, • Définir les orientations générales, • Promouvoir les politiques nationales et sectorielles, • Rationaliser, mobiliser et mettre à disposition les ressources disponibles, • Lutter contre les inégalités et garantir l’équité dans l’accès à la prévention, • Evaluer l’efficience et l’impact des actions et programmes. La place de la recherche en prévention primaire La recherche dans la prévention primaire vise à éclairer les acteurs sur les principales raisons et/ou motifs (déterminants) du basculement dans la dépendance et/ou la survenue du handicap. Elle contribue à une meilleure définition des orientations, des axes de travail et des objectif des programmes et/ou actions à entreprendre. Cette recherche se décline sous deux formes : • « fondamentale » (épidémiologie, bio-statistique, sciences humaines économiques et sociales…) pour mieux mesurer, comprendre et expliquer, • « interventionnelle et de terrain », en santé des populations (par exemple). Ainsi, la recherche en prévention primaire a pour mission d’apporter des connaissances nouvelles sur : • Les facteurs de risques, • Les modes d’intervention, • L’évaluation des actions et programme. Les facteurs de risques Ils peuvent être classés sur trois niveaux : • Biologique et clinique, • Comportemental, 42 http://www.polymtl.ca/pub/sites/eie/docs/documents/Resume-chap-06.pdf
  • 35. 34 • Environnemental (physique, économique et psycho-sociale). Les modes d’intervention Les projets de prévention primaire devront être axés sur : • les facteurs de risque comportementaux individuels et collectifs, • leurs déterminants notamment sociaux, • les incitatifs ou déclencheurs des changements des comportements. L’évaluation des actions et programmes Une attention particulière est à porter sur : • l’efficacité des politiques publiques, • l’impact des interventions associant directement des acteurs de terrain (intervenants directs auprès des personnes âgées, évaluation des programmes et des actions, études des conditions de transférabilité des interventions, le partage d’expérience, etc.). Les acteurs de la prévention primaire 1- Au niveau national • le gouvernement (l’état), • l’assurance maladie (CNAMTS,…), • les institutions de retraite (CNAV, Agirc Arrco…), • les mutuelles et les complémentaires santé…, • … 2- Au niveau territorial et local • les ARS, • les Conseils généraux, • les collectivités locales, • les groupes communautaires (associations, …), • les établissements et services de santé et médico-sociaux,
  • 36. 35 • les professionnels, • … La vieillesse active résulte du soin que l’on prend de soi-même et autrui et surtout de la capacité individuelle à prendre des décisions et à maîtriser ses conditions de vie. Elle réclame, en outre, une société dans laquelle les conditions soient réunies afin de permettre à tous d’avoir une vieillesse saine et sans incapacité. La promotion de la vieillesse active s’appuie sur le développement personnel et social grâce à l’information, à l’éducation et aux équipements disponibles permettant l’acquisition d’aptitudes indispensables à une vieillesse active. Il s’agit, pour cela, d’accorder aux gens la possibilité d’exercer le contrôle de leur parcours individuel de vieillissement et de leur environnement, ce qui les rendra capable à faire des choix éclairés, judicieux et assumés. Pour ce faire, il est crucial d’accompagner, soutenir et surtout d’apprendre les individus vieillissants à faire face aux nouveautés (au cours des différents stades de leur vie) et surtout de les préparer, accompagner et/ou soutenir pour les permettre d’affronter les traumatismes et les périodes de ruptures. Le travail de promotion de la vieillesse active commence dans le cadre scolaire, familial et continu en milieu professionnel et communautaire, pour ce faire, une coopération étroite des établissements scolaires, des entreprises, des organismes de formation et éducatifs, des établissements hospitaliers et médico-sociaux, des professionnels de terrain et des bénévoles est à rechercher.
  • 37. 36 La prévention secondaire Elle recouvre des actions destinées à agir au tout début de l’apparition de troubles et/ou des signaux avant-coureurs afin d’arrêter ou ralentir (retarder) l’évolution des incapacités (éventuelles). Concrètement, la prévention secondaire vise la diminution de la prévalence des incapacités chez les personnes âgées à partir du dépistage précoce et d‘un traitement approprié. Elle est, avant tout, axée sur les individus et débute par le repérage des personnes âgées émettant les premiers signes avant-coureurs d’incapacités (le déclin fonctionnel43 ) et, dans un deuxième temps, à les soutenir et/ou accompagner. La cible de la prévention secondaire La prévention secondaire cible les personnes vieillissantes avec un certain degré de vulnérabilités. Cette catégorie de personnes âgées peut être classé en deux niveaux : • Les personnes âgées sans pathologie et ne présentant aucune atteinte (visible) ou avec une atteinte minime des fonctions physiologiques (surtout celles qui commencent à se plaindre). • Les personnes âgées présentant une atteinte physiologique, mais sans pathologie avérée. C’est dans cette catégorie que l’on retrouve des personnes pré-fragile et fragile44 . A savoir : 10% à 20% de personnes âgées de 65 ans et plus sont fragiles. Cette proportion s’élève à 46% pour les personnes de plus de 85 ans. Il est important de déployer les moyens capables de détecter et de traiter précocement le moindre signalement afin de limiter les conséquences néfastes. Dans cette logique, le dépistage ou le diagnostic précoce de l’atteinte des organes et/ou des fonctions vitales constituent clés de voute de ce type de prévention. Il revient, ensuite, aux acteurs de la prévention secondaire de mettre en place des stratégies palliatives le plus précocement possible en vue d’éviter la progression du ou des incapacité(s). Remarque En prévention secondaire, il est essentiel de ne pas négliger le rôle déterminant du regard social. Car, c’est lui qui va structurer les comportements et, au final, orienter les actions destinées aux personnes âgées pré-fragiles et fragiles. Les fondements de la prévention secondaire Deux principaux45 modèles structurent la prévention secondaire de la dépendance : 43 http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2012/12-830-01W.pdf 44 http://gerontoprevention.free.fr/articles/fragilite1.pdf 45 Jean-Claude HENRARD « les multiples facettes du vieillissement » in GIS-IReSP Questions de santé publique N°2 – septembre 2008.
  • 38. 37 Le modèle biomédical Il considère la dépendance comme une conséquence de la sénescence. Car, la sénescence augmente les risques fonctionnels et létaux (le vieillissement de certains organes rend le sujet plus vulnérable à telle ou telle pathologie...)46 . Dans ce cas, l’environnement peut agir comme un amplificateur des risques (exemple : le logement inadapté peut augmenter la vulnérabilité). Le modèle socio-médical : Cette approche est très centrée sur les conséquences fonctionnelles et sociales de la dépendance et les déficiences associées. Par exemple, une pathologie conduit à une atteinte lésionnelle qui, elle-même, induit une limitation des capacités débouchant sur une limitation des performances avec différentes répercussions sur la vie de la personne : • limitation des interactions sociales, • insuffisance économique, • restriction dans la prise de décision, • limitation de l’indépendance physique et de la mobilité. Par ailleurs, la déficience, les incapacités, etc. sont les conséquences, à la fois, de facteurs personnels (âge, sexe, composantes biologiques et socioculturelles...) et de facteurs environnementaux (individuels : logement, revenus, réseau social, etc. et/ou collectifs : accessibilités des équipements, transports, pollutions, etc.)47 . Dans ce cas, la démarche de prévention consisterait à mettre en place des modalités organisationnelles susceptible d’identifier (repérer) et/ou détecter de manière précoce des personnes âgées qui commencent à émettre de signaux d’alarme (au niveau cognitif et/ou de l’état de santé ou encore des individus qui se retrouvent en difficulté en raison de l’isolement et de la solitude, etc.). Concrètement, il s’agit de : • cibler les périodes de ruptures dans les différentes trajectoires de vie48 (notamment les phases de transition), • d’évaluer le niveau de risque auquel les personnes âgées sont confrontées (afin de mettre en place des actions soit pour restaurer la fonction affecté ou de mettre en place des actions correctrices ou des solutions de compensation). 46 http://www.geriatrie.be/mediastorage/FSDocument/110/vol01_chap02_fr.pdf 47 https://informations.handicap.fr/art-definition-classification-handicap-cih-oms-874-6029.php 48 S. Cavalli, « Modèle de parcours de vie et individualisation », Gérontologie et société 2007/4 (n° 123), p. 55-69.
  • 39. 38 L’enjeu majeur, ici, consiste à : • disposer de mécanismes et/ou d’outils pertinents permettant le repérage et/ou le dépistage individuel des situations de fragilisation, • disposer d’équipement et d’infrastructures adaptés, • développer et/ou mobiliser des solutions et/ou services sous forme d’accompagnement ou de soutien pour renforcer les ressources et les capacités de la personne âgée afin de l’aider à mieux faire face, • accompagner et soutenir les personnes pré-fragiles49 . Les stratégies d’action Le repérage précoce des signaux d’alerte et/ou de fragilisation (par exemple : en soins ambulatoires) constitue le fondement de la prévention secondaire. Ainsi, les éléments porteurs du risque de fragilisation sont : • les facteurs économiques (bénéficiaires de minima vieillesse…), • les facteurs sociaux (situations de veuvage, personnes vivant seules…), • les facteurs environnementaux (adaptation des espaces publics, adaptation de logement, …), • les facteurs fonctionnels (déficience, écart ou perte importante organique et/ou psychologique)50 , • les facteurs médicaux (retour à domicile après hospitalisation, non recours aux soins, absence de complémentaire santé, affections de longue durée…), • … Pour les acteurs de la prévention secondaire, il s’agit de : • Développer des indicateurs composites permettant, à partir des bases de données disponibles, d’identifier les personnes à risque afin de proposer, de manière proactive, différentes offres de prévention, • Doter les acteurs gérontologiques de proximité d’outils de mesure de la fragilité, • Disposer d’équipement pour l’évaluation du niveau de fragilité et du suivi des personnes pré- fragiles. 49 http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/6807/?sequence=13 50 http://mssh.ehesp.fr/wp-content/uploads/2014/05/Checklist-CIF_vf.pdf
  • 40. 39 Les outils de mesure et d’évaluation De nombreux outils pour l’évaluation de la dépendance sont répertoriés51 . Chacun de ces outils, permet l’identification des besoins aussi bien que la nécessaire réponse en matière de prise en charge des personnes concernées (exemple : plan d’aide) et les modalités de financement des aides octroyées52 . L’enjeu étant, dans un premier temps, l’identification et, ensuite, l’entretien des compétences conservées et/ou retrouvées. Le but étant de définir et de mettre en place des actions pour stimuler et confortée la personne dans ses aptitudes à faire face aux incapacités éventuelles (dégénératives ou autres...). La question cruciale, ici, est de disposer d’outils pertinent permettant l’évaluation des capacités et aptitudes de la personne âgée. Or, à ce jour, aucun outil ne permet de mesurer et/ou d’apprécier les capacités restantes, retrouvées et/ou reconstruites afin de pallier à la survenue de ou des incapacité(s). 51 B. Ennuyer, « Les outils d'évaluation de la dépendance dans le champ de l'aide à domicile ou comment le pouvoir des experts contribue à déposséder de leur vie les gens qui vieillissent mal ! », Gérontologie et société 2001/4 (n° 99), p. 219-232. 52 Antoine PIAU, Méthodes d’évaluation multidimensionnelle et de travail collaboratif pour le développement des technologies de prévention de la dépendance des sujets âgées (thèse de doctorat), 2016.
  • 41. 40 La réadaptation et la rééducation Elles regroupent l’ensemble des moyens médicaux, psychologiques et sociaux que l’on mobilise pour permettre à une personne en situation de handicap, ou menacée de l’être (du fait d’une ou plusieurs limitations fonctionnelles) de mener une existence aussi autonome que possible53 . Il existe, à ce jour, deux formes de réadaptation : médicale et sociale. La Réadaptation médicale fait appel aux moyens de la Rééducation (Médecine Physique mais aussi de la Psychiatrie et de la Chirurgie fonctionnelle)54 . La Réadaptation sociale fait appel à un ensemble de moyens qui permettent le maintien ou la reprise de la vie quotidienne, familiale ou de travail55 . La meilleure façon de réhabilité une personne en cours de fragilisation c’est d‘articuler la prise en charge médico-sociale, l’accès au système de soins et l’accompagnement à la vie sociale56 . L’objetif de la réadaptation est de permettre à l’individu de se réapproprié son autonomie aux niveaux : fonctionnel, subjectif et social57 . Le service de soins de suite et de réadaptation L’activité de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR)58 a pour objet de prévenir ou de réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou sociales des déficiences et des limitations de capacité des personnes âgées et de promouvoir la réadaptation et la réinsertion. Un SSR assure les missions suivantes : • les soins médicaux, curatifs et palliatifs, • la rééducation et réadaptation, • les actions de prévention et d’éducation thérapeutique, • la préparation et l’accompagnement à la réinsertion familiale et sociale59 de la personne âgée. 53 Hamonet Cl., De Jouvencel M., Handicap les mots pour le dire, les idées pour agir, Connaissances et Savoirs, Paris, 2005 54 http://www.hug-ge.ch/readaptation-medicale/definition 55 https://sites.google.com/site/systemedesoinsethandicap/readaptation-et-handicap-definitions 56 http://claude.hamonet.free.fr/fr/art_readapt.htm 57 Fougeyrollas P., "A part égales", OPHQ, Drummondville, Québec. 58 http://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/ssr 59 http://www.fhp-ssr.fr/les-ssr-c-est-quoi
  • 42. 41 Les actions en prévention secondaire Deux types d’actions doivent être privilégiées : • le repérage des personnes âgées en risque de perte d’autonomie en milieu ambulatoire60 , • le repérage en établissement de santé (hôpitaux, ...), • le repérage en établissement d’hébergement (EHPA, EHPAD, …). Il s’agit de proposer une évaluation gériatrique aux personnes âgées afin d’identifier d’éventuelles facteurs de morbidités (exemple : la dénutrition) qui ne sont, souvent, pas identifiées en consultation de médecine générale. 60 https://www.ensembleprevenonsladependance.fr/wp-content/uploads/2014/04/VARROUD_VIAL.pdf
  • 43. 42 Les acteurs de la prévention secondaire Secteur social : • Les services sociaux des institutions de retraite, des Conseils Généraux et des collectivités locales, • Les services sociaux hospitaliers, • Les associations caritatives et de bénévoles, • Etc. Secteur médical • Les professionnels libéraux en ville (médecins, infirmières, kinés, …), • Les SSIAD, • Le secteur hospitalier (hôpitaux et HAD), • Etc. Le secteur médico-social • CLIC, • MAIA, • EHPA, EHPAD, • Equipe médico-social des départements, • La Maison Départementale des Personnes Handicapée (MDPH), • Etc. La recherche • Les établissements de recherche public et privé, • Les R&D des laboratoires pharmaceutiques, • Les centres de recherche universitaire, • Les écoles d’ingénieurs, • Etc.
  • 44. 43 Les industriels • Des nouvelles technologies, • De l’industrie pharmaceutique, • Etc.
  • 45. 44 La prévention tertiaire Elle intervient après la survenue d’un évènement à la suite duquel la personne âgée perd (de manière plus ou moins irréversible) l’usage d’une fonction organique et/ou la capacité à réaliser certaines activités essentielles à la vie courante. La prévention tertiaire consiste (le plus souvent) à venir en aide, de manière durable, à la personne âgée en état de dépendance afin de lui permettre de poursuivre la réalisation de son projet de vie. Il s’agit d’une prise en charge visant à soulager la personne âgée et son entourage (famille et proche). Dans ce sens, elle tend à réduire les conséquences de la fragilisation par la délégation de certaines tâches quotidiennes à une tierce personne en vue de préserver le bien-être et la qualité de vie, malgré le besoin d’aide. Ainsi, quel que soit la gravité de l’état de dépendance, les actions de la prévention tertiaire permettent aux personnes âgées de mieux vivre. Par conséquent, la prévention tertiaire est axée sur la personne, son handicap et sa souffrance. Elle permet à la réhabilitation de la personne âgée dépendante61 , malgré son handicap et sa vulnérabilité. La cible de la prévention tertiaire La prévention tertiaire cible prioritairement les personnes de 75 ans et plus : • 85% des personnes âgées de plus 75 ans ont une ou plusieurs maladies chroniques, entraînant pour 50% d’entre elles une diminution de leur activité générale62 . 61 https://www.le-guide-sante.org/Annuaire/Geriatres/Personnes-agees-dependantes.html 62 http://www.securite-sociale.fr/IMG/pdf/document_9_-_personnes_agees_etat_de_sante_et_dependance_- _quelques_elements_statistiques_.pdf
  • 46. 45 La prise en charge de la dépendance La dépendance constitue l’un des enjeux sanitaire, économique et financier majeur63 . En effet, des interrogations demeurent quant aux modalités de financement de la prise en charge de la dépendance64 . Il est aujourd’hui acquis que, la générosité de chacun (citoyens) face aux incapacités des autres (personnes âgés) a atteint ses limites. Cela rend nécessaire d’autres formes de solidarités qui restent encore à construire65 . Le maintien à domicile comme principal axe de prévention tertiaire La majorité des personnes âgées (90 %)66 choisissent de rester à leur domicile, malgré leur état. En effet, le maintien à domicile permet à une personne âgée dépendante de vivre chez elle, dans ses repères et les souvenirs de sa vie. Les moyens de maintien à domicile Les services à la personne continuent de jouer un rôle considérable auprès des personnes âgées dépendantes. D’une part, le maintien à domicile n’est optimal que si les ressources de la personne âgée et sa famille permettent de financer : • une aide professionnelle rémunérée, • l’adaptation du logement, • la prise en charge médicale, • ... D’autre part, pour qu’un maintien à domicile soit viable, un certains nombres de critères sont nécessaires, à savoir : • Un état de santé qui le permette, • Un environnement social présent et actif (famille, proches, etc.), • Un habitat adapté, • … 63 http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/dependance-debat-national/prise-charge-dependance-debat- national-est-engage.html 64 Blanche Le Bihan-Youinou, « La prise en charge des personnes âgées dépendantes en France. Vers la création d'un cinquième risque ? », Informations sociales 2010/1 (n° 157), p. 124-133. 65 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/11/24/04016-20101124ARTFIG00733-les-francais-idealisent-leur- retraite.php 66 https://www.capretraite.fr/le-maintien-a-domicile-d-un-aine-dependant/
  • 47. 46 Depuis le rapport Laroque, les politiques publiques ont privilégié le maintien à domicile avec les aidants familiaux en premier plan ; alors même que ces derniers restent encore très actifs. Plusieurs moyens sont mis en place pour le maintien à domicile des personnes âgées : • Les moyens humains, • Les équipements, • Les aides (financières…).
  • 48. 47 Les moyens humains Ce sont des professionnels qui aident la personne âgée dans l’accomplissement des actes essentiels de la vie pour qu’elle puisse demeurer à son domicile le plus longtemps possible. Il s’agit de : • L'aide-ménagère pour les travaux d'entretien et d'hygiène du lieu de séjour, • L'aide à domicile accompagne la personne âgée dans les tâches ménagères, administratives et crée une relation forte avec la personne pour rompre son isolement, • Le garde malade à domicile apporte une surveillance particulière après une sortie d'hôpital ou suite à une maladie aiguë, • L’infirmière ou le SSIAD, • … Les équipements L’aménagement du logement est l’une des principales conditions du maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. L’adaptation de la maison aux besoins de la personne dépendante doit permettre la sécurisation de son environnement immédiat. Selon les situations, la personne âgée pourra s’équiper d'une baignoire à porte, d'un monte-escalier, d’un déambulateur, d'un scooter électrique, etc. Il est aussi possible d'utiliser du matériel d'hospitalisation à domicile (lit médicalisé, etc). Les aides pour le maintien à domicile de la personne âgée Différentes aides existent, à savoir : • la prestation de garde à domicile (prise en charge par la caisse d'assurance vieillesse), • le crédit d'impôt maintien à domicile peut être mobilisé pour : o faciliter l'aménagement du logement de la personne âgée ou le remplacement d'équipements, o employer un salarié à domicile, • le CESU (Chèque Emploi Service Universel) permet de payer une prestation effectuée au domicile d'un particulier. Le coût du maintien à domicile d’une personne âgée dépendante Pour l'aide-ménagère, l'aide à domicile et le garde malade : le coût varie selon les régions et le nombre d’heures effectué (Comptez environ 15 €/h en horaire normal). Pour les moyens technologiques le coût varie considérablement d'un prestataire à un autre, selon le type d'équipement :
  • 49. 48 • En location : o entre 16 et 20 € par mois pour un fauteuil roulant, o 2 € par mois pour un déambulateur. • À l'achat : les prix varient de 20 € pour une canne à 900 à 6 000 € pour un fauteuil roulant. Le matériel de téléassistance est généralement loué et son prix varie selon le prestataire et le module choisi : • téléassistance à domicile : environ 30 €/moi, • téléassistance mobile : entre 50 et 70 €/mois, • téléassistance médicalisée : entre 30 à 40 €/mois. Il faut rajouter les frais de mise en service entre : 20 et 60 €. Les dispositifs de géolocalisation (traceur, balise) entre : 200 € et 350 €. Quand renoncer au maintien à domicile d’une personne âgée ? Le sentiment de solitude est le principal écueil du maintien à domicile. Aussi, malgré les aides, notamment l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), il peut arriver que le maintien à domicile se révèle plus onéreux que la prise en charge globale de la personne par un établissement d’hébergement. Il faut alors mettre en balance le niveau de sécurité, la prise en charge médicale et psychologique, le bien-être et le coût du maintien à domicile avec les avantages du placement en maison de retraite, à savoir : • une vie collective (prévenant l’isolement), • un cadre protégé, • une présence médicale continue, • une offre de service adaptée (loisirs, restauration, etc.). Les limites du maintien à domicile Il est admis que le maintien à domicile des personnes âgées en situation de dépendance n’est possible que sous certaines conditions (environnement familial, ressources et habitat, de disponibilité des services dédiés...). En cas d’incapacité totale ou partielle, le maintien à domicile devient risqué. C’est souvent le cas, dans les situations où les facultés mentales de la personne âgée sont altérées. La mise en place et le suivi des aides, notamment pour les cas les plus complexes, ne sont pas toujours adaptés aux besoins des personnes. Il devient, alors, très difficile pour la personne âgée de rester seul chez elle.
  • 50. 49 Aussi, la complexité de la notion de dépendance, ainsi que la connaissance insuffisamment précise des parcours des personnes âgées dépendantes, constituent autant d’obstacles à une bonne évaluation des besoins et cela aboutit (souvent) à une mobilisation inadaptée des ressources. Par ailleurs, la programmation de l’offre ne garantit pas toujours une bonne adaptation des prises en charge, dans la mesure où l’offre de service n’est pas la même sur l’ensemble du territoire67 : ce qui génère, pour les personnes et leurs proches, des problèmes de lisibilité. Les déficits en matière d’offre de service, l’insuffisante connaissance des causes de la fragilisation, des pathologies invalidantes propres au vieillissement, l’impact de l’environnement physique et psycho- social, etc. représentent autant de limites pour le maintien à domicile des personnes âgées très dépendantes. Quelques préconisations Pour mieux accompagner et soutenir les personnes âgées et leur famille, il convient de développer l’information et d’améliorer l’orientation. Pour ce faire, il est essentiel de : • développer et généraliser les instruments de partage d’informations, • simplifier les dispositifs de coordination des parcours, • Poser un diagnostic clair et bien préciser le type d’aide dont la personne a besoin, • Développer la prévention de la perte d’autonomie (par le renforcement des liens familiaux et sociaux), • développer un bouquet de services par l’élargissement de la palette des prestations proposées aux personnes âgées (au-delà du ménage ou de l’assistance aux gestes essentiels de la vie quotidienne), • diversifier l’offre et les modes d’accueil en établissement (EHPA, EHPAD…), • améliorer la gestion des transitions entre le domicile et l’établissement et entre l‘EHPA et l’EHPAD, • faire face à l’enjeux de la qualité de l’offre et du management des équipes, • développer l’innovation et renouveler le modèle économique68 , • développer l’offre de conseil et de coaching spécifique à la personne âgée, • Recruter, professionnaliser, former et faire monter en compétences les professionnels déjà en activité, 67 https://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Le-maintien-a-domicile-des-personnes-agees-en-perte-d- autonomie. 68 https://www.modeles-economiques.eu/quest-ce-quun-modele-economique
  • 51. 50 • renforcer l’attractivité et la visibilité des métiers.
  • 52. 51 Les politiques nationales de maintien à domicile Le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes mobilise une multitude d’acteurs, tant au niveau national qu’au niveau local. Cette multitude d’acteurs est telle qu’il n’est pas aisé de chiffrer avec précision le coût global du maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. Cela ne facilite pas le choix éclairé et/ou la définition des politiques publiques de prise en charge de la dépendance des personnes âgées (qu’il s’agisse de l’élaboration de l’offre de services ou des prestations qui leur sont destinées). Néanmoins, la cours des comptes avance quelques recommandations. Les 12 recommandations de la cour des comptes69 : • procéder à une analyse précise et harmonisée des besoins des personnes âgées dépendantes; • fédérer les organismes dispensant l’information et leur donner une bonne visibilité; • identifier les structures d’appui aux médecins traitants et aux professionnels de premier recours afin d’accompagner les personnes les plus dépendantes; • développer et généraliser les outils techniques nécessaires à la coordination; • mener à son terme la réforme de la tarification des services d’aide et de soins à domicile; • simplifier et rationaliser les qualifications et les diplômes des intervenants à domicile; • favoriser le regroupement des services de soins et d’accompagnement à domicile (intégration); • élargir la programmation de l’offre, la compétence de la conférence départementale des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées; • améliorer le chiffrage du coût de la dépendance et du maintien à domicile; • suivre et soutenir, dans les plans d’aide, les expérimentations locales faisant appel à des offres de service de téléassistance et de domotique; • développer la connaissance des restes à charge par des études, en mesurant précisément les coûts respectifs du maintien à domicile et de l’hébergement en établissement; • faire face aux besoins de financement futurs en modulant plus fortement l’APA en fonction des ressources des bénéficiaires. 69 https://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Le-maintien-a-domicile-des-personnes-agees-en-perte-d- autonomie