Mes deux premiers posts s’intéressaient aux nouveaux acteurs qui rebattent les cartes de l’économie mondiale — obligeant les entreprises dites traditionnelles à se réinventer — et à leur capacité de devenir les leaders de demain. Je me propose dans ce nouveau billet de voir ce qu’il convient de faire afin d’éviter d’être « disrupté » ou « uberisé ».
1. L'uberisation est une opportunité !
Mes deux premiers posts s’intéressaient aux nouveaux acteurs qui
rebattent les cartes de l’économie mondiale — obligeant les entreprises
dites traditionnelles à se réinventer — et à leur capacité de devenir les
leaders de demain. Je me propose dans ce nouveau billet de voir ce
qu’il convient de faire afin d’éviter d’être « disrupté » ou « uberisé ».
Plusieurs rappels préalables s’imposent : d’abord, il n’y a pas les bons d’un
côté — les startups et la nouvelle économie — et les mauvais de l’autre —
ces grandes entreprises statiques et engluées dans leur complexité. Les
sociétés du CAC 40 et les autres — y compris les PME-PMI — se sont
profondément transformées au cours de ces dernières années, intégrant les
règles de la révolution digitale. Certaines sont en réalité très avancées.
Ensuite, il n’y a pas les startups d’un côté avec leur jeunesse et leur
modernité et les entreprises classiques de l’autre avec leurs baby-boomers.
Les jeunes sont actifs des deux côtés et les anciens apportent bien plus de
valeur que certains le pensent de prime abord. Enfin, la solution n’est pas
d’opposer les deux mondes mais au contraire de les faire travailler ensemble.
Les startups et l’économie classique peuvent assurément s’apporter
mutuellement.
Les startups obligent les entreprises plus traditionnelles à adapter leur
modèle d'entreprise sous peine pour ces dernières de se retrouver en
grande difficulté. C'est en cela que "l'uberisation" peut être
une opportunité ! Une opportunité pour celles qui sauront la saisir, avant
qu'il ne soit trop tard.
2. “Il faut sortir des clichés opposant le monde de startups à
celui de l’économie traditionnelle.”
Mon intention n’est donc pas d’opposer les acteurs de la nouvelle économie
— très véloces par ailleurs — à ceux du monde entrepreneurial plus classique
— qui innovent parfois depuis des décennies. Je n’ai également nulle
intention de me livrer à un inventaire à la Prévert.
Il semble cependant que certaines pratiques permettent aux entreprises
assaillies par de nouveaux entrants non seulement de réagir avec plus de
réactivité et d’efficacité, mais aussi d’en tirer pleinement partie.
Sans prétendre à l’exhaustivité, voici celles que j’ai pu identifier au cours des
deux dernières années.
Pratique 1 : Mettre la créativité au cœur de l’organisation, de tous les
processus et de tous les métiers.
Elle ne doit pas concerner uniquement la R&D (Recherche & Développement)
mais également l’organisation, le social, l’humain, l’environnement et les
affaires bien sûr. Ainsi diffusée, elle ne peut que changer l’état d’esprit de
chacun et plus largement de l’entité toute entière. Elle devient de fait le
meilleur rempart pour repousser les potentiels nouveaux entrants et éviter les
ruptures brutales.
Pratique 2 : Inciter les équipes à prendre des risques mesurés.
Il convient dès lors d’accepter le principe du droit à l’erreur ou à l’échec, selon
l’adage attribué à Nelson Mandela : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit
j’apprends ». C’est du reste ce qui caractérise le mode opératoire des
startups. Elles prennent des risques, elles n’ont pas le choix. En diffusant une
culture de l’engagement, en poussant les managers à prendre des décisions,
l’entreprise classique se met en position de lutter avec plus d’efficacité face
aux disrupteurs qui ne rêvent que de lui prendre des parts de marché. La
prise de risque n’est en rien l’apanage des startups.
3. Pratique 3 : Développer une forte culture d’entreprise.
Elle est le ciment entre les équipes. Les valeurs portées par l’entreprise et ses
dirigeants soudent les salariés entre eux et créent une véritable identité
collective. Il faut se souvenir que la culture est le seul facteur qu’il est
impossible de copier. C’est elle qui différencie deux entités ou deux groupes
de personnes. C’est l’un des avantages des entreprises plus anciennes. Elles
ont l’histoire pour elles et nous savons que dans bien des cas, cela peut faire
la différence, en mobilisant les énergies aux moments clés.
Pratique 4 : Miser sur les talents et la compétence.
Il convient d’avoir les « bonnes personnes aux bons postes pour réaliser les
bonnes actions aux bons moments » et d’investir sur la formation des
équipes. La connaissance — même si elle évolue très vite de nos jours —
permet à toute firme de se créer des avantages compétitifs, souvent
déterminants. En négligeant ceci, l’entreprise risque le décrochage.
Pratique 5 : S’assurer que la diversité culturelle soit parfaitement
représentée au sein de l’entreprise.
Nous sommes tellement habitués à fonctionner avec des élites stéréotypées
— qui aiment à se coopter entre elles — que nous n’avons pas toujours pris
conscience que le monde avait changé. Intégrer des profils différents au sein
d’une équipe est un formidable atout pour enrichir l’équipe et la rendre plus
agile, plus à même de réagir aux attaques extérieures.
“Il faut miser sur les jeunes, le mix-générationnel, la
mixité, la diversité culturelle, les talents, toutes les formes
4. d’intelligence et donner du sens à l'action engagée.”
Pratique 6 : Faire de la mixité une réalité.
Les femmes et les hommes vont devoir partager les postes à responsabilité
pour le bien de notre société et de notre économie. La parité — en particulier
pour les postes de direction — veut dire au final plus de performance et plus
de créativité. Sur ce dernier point, les femmes vont indéniablement apporter
un regard différent. Le thème de la mixité n’est pas nouveau. On en parle
depuis longtemps, trop longtemps. Il faut à présent en faire une réalité. C’est
un combat, rien d’autre.
Pratique 7 : Réussir le mix-générationnel.
Il faut en premier lieu faire confiance aux jeunes. Les entreprises
« classiques » doivent attirer de jeunes développeurs, des Gen Y — bientôt
des GEN Z — et s’assurer qu’ils sont bien intégrés, avec des missions de
qualité. Il est vital de les faire coacher par les plus anciens qui détiennent
expérience et savoir-faire. En réussissant à mettre en place ce travail
collaboratif, l’entreprise multiplie ses chances de ne pas passer à côté d’un
mouvement majeur.
Pratique 8 : Maitriser la révolution digitale
Elle a fait basculer le monde dans la 4ème révolution industrielle. Ne pas en
comprendre les enjeux et sa signification c’est l’assurance de rentrer dans
une grande turbulence. Cela veut dire que les comités de direction doivent
s’emprègner des grands enjeux à venir et en assimiler les rouages et modes
opératoires. Cela aura un impact évident sur l’emploi et la gestion des talents.
Pratique 9 : Accorder une place à toutes les formes d’intelligence.
Ne pas sélectionner les candidats à l’embauche sur les seuls critères
habituels, dont le fameux QI. L’intelligence émotionnelle me paraît être de la
plus grande importance pour évoluer dans le monde de demain, tout comme
l’intelligence relationnelle, à savoir la capacité de former des réseaux, de les
entretenir et de s’en servir avec perspicacité.
Pratique 10 : Donner du sens à nos actions, à tout ce que nous faisons.
Les jeunes générations y sont très sensibles. Mais en réalité tout le monde
l’est. Nous voulons une réponse à la question du « pourquoi ». Un peu
5. comme lorsque nous étions enfants et que nous voulions tout comprendre.
Nous en avons perdu l’habitude, piégés dans l’engrenage de nos vies
quotidiennes.
Il me semble que ce sont là les actions majeures à entreprendre pour être en
pole position dans ce monde numérique en pleine turbulence et en sortir
gagnant. Je developperai dans de prochains billets quelques-unes de ces
pratiques.
Au final, les startups permettent donc bien à l’économie classique de se
réinventer. Qu’elles soient saluées pour cela !