Le Courrier Tournai (L'avenir) - Dimanche, ils se mobilisent pour Brayan grâce aux réseaux sociaux (interview)
1. LE COURRIERTOURNAI - ATH - MOUSCRON
Samedi 3 août 2013
1CE-CM
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CAHIER
CENTRAL
DÉTACHABLE
«Chaque personne qui émet des avis sur les
réseaux sociaux en est tenue pour responsable»
Quelles sont les dispositions
prises par la police de Mouscron
concernant le rassemblement de
ce dimanche?
Nous serons là pour encadrer
et sécuriser la marche. C’est
un dispositif classique pour ce
genre de manifestation. Des
policiers en uniforme et
d’autres en civil veilleront à ce
que tout se passe bien et stop
peront la circulation au pas
sage du cortège. Cela peut
prendre quand même 10 mi
nutes ou un quart d’heure en
fonction de la taille du groupe.
Concernant le nombre de per
sonnes attendues, d’ailleurs,
c’est toujours difficile à dire
quelle sera la mobilisation.
Nous nous basons donc sur
tout sur les présences confir
mées via l’événement Face
book. Pour le moment, il y a
près de 200 «j’y serai» et 230
«peutêtre». Ce n’est peutêtre
pas totalement fiable, mais
c’est la seule chose qui nous
donne une idée du nombre.
Concernant les réseaux sociaux,
justement, beaucoup de choses
ont été écrites… parfois à tort !
Il y a quelques jours, nous
avons en effet dû recadrer les
choses car de nombreuses dif
famations et rumeurs non fon
dées circulaient à propos de la
victime, mais aussi des voisins
de celleci, entre autres. On a
pu le voir sur les réseaux so
ciaux ou en commentaires
d’articles de presse.
La police de Mouscron tient à
rappeler que toute personne
qui émet des avis, que cela soit
sur des réseaux sociaux ou sur
internet, est tenue responsa
ble de ses dires et de ses écrits
et peut à tout moment faire
l’objet de plainte en diffama
tion, pour insultes ou mena
ces.
Nous sommes conscients et
comprenons que ce cas (sur)
médiatisé suscite chez chacun
des sentiments divers comme
la colère et la révolte. Mais
nous rappelons à chacun que
pour aider la petite victime et
la justice, les insultes ou les
diffamations aveugles ne sont
pas des éléments constructifs.
Nous appelons donc chacun
au calme et à la raison. ■ A.R.
La commissaire divisionnaire
a dû mettre en garde contre
les rumeurs qui circulaient.
ÉdA–202410198549
INTERVIEW ● Christine NOTERDEAM
● Audrey RONLEZ
L
es sévices subis par le petit
Brayan n’ont laissé per
sonne indifférent. À Mous
cron, lieu du drame, et bien au
delà, la population a été
touchée, indignée, en colère.
Mais pas seulement…
Aujourd’hui, elle veut se mobi
liser pour montrer au petit
bonhomme que bon nombre
de citoyens pensent à lui et le
soutiennent.
Dimanche, ils ont décidé de
descendre dans la rue de façon
pacifique. Ce rassemblement
est né sur Facebook. Après
avoir créé une page sur le ré
seau social, Julie Tesse a voulu
aller plus loin.
«Je ne suis pas un membre de la
famille du petit Brayan, je suis
juste une personne qui a été pro
fondément touchée par cette his
toire», explique la Mouscron
noise sur la toile. «J’ai créé ce
groupe pour montrer avant tout
mon soutien à Brayan, mais aussi
aux médecins, infirmières et tous
ceux qui essayent de le sauver tant
bien que mal.»
Et Julie n’est pas la seule à vou
loir apporter sa pierre à l’édi
fice. Ils sont près de 200 à avoir
confirmé qu’ils seraient là au
rendezvous dominical orga
nisé en concertation avec les
autorités communales.
Autour d’un intérêt commun
Ce genre de marche de sou
tien n’est certainement pas une
première. Que du contraire !
«Les réseaux sociaux comme Fa
cebook facilitent ce type d’organi
sations», développe d’ailleurs
Fred Colantonio, conférencier,
consultant et auteur spécialisé
dans les nouvelles technolo
gies. «C’est un outil qui permet de
travailler la proximité intellec
tuelle et qui met un peu tout le
monde sur le même pied d’éga
lité.»
À ce titre, Fred Colantonio
rappelle qu’il y a quelques an
nées déjà, Mark Zuckerberg
(fondateur de Facebook) expli
quait que son boulot n’était pas
d’organiser les relations entre
les personnes, mais de permet
tre aux gens de s’organiser en
tre eux. «Facebook leur donne les
moyens de se mobiliser autour
d’un centre d’intérêt commun. Et
lorsque le facteur émotionnel est
présent, cela peut rapidement
faire traînée de poudre.»
Une logique sociale qui rend
l’humanité plus indulgente et
engagée, estime Fred Colanto
nio. «Même si les réseaux sociaux
servent parfois à faire passer des
messages politiques ou publicitai
res, je crois en la nature humaine
et pense que la plupart des gens
qui sont sur Facebook utilisent le
réseau avec bonne volonté. Il leur
permet de prendre des initiatives
totalement désintéressées…
Comme cette marche pour le petit
Brayan, par exemple !»
Si encore aujourd’hui certains
pensent que leurs vies «réel
les» et«virtuelles» sont cloi
sonnées, ce type de mobilisa
tion citoyenne prouve bien le
contraire. «Il y a une fusion entre
ces deux univers. L’un est le pro
longement de l’autre. Parler de
virtuel laisse penser que cela n’a
pas d’impact concret, or c’est faux.
On le voit bien ici. Les gens mar
quent d’abord leur intérêt «en li
gne» et puis se rendent dans la rue
«hors ligne». Il est important de
sensibiliser de plus en plus tôt les
jeunes sur l’impact que peut avoir
notre identité «en ligne» sur le
monde «hors ligne». ■
Dimanche, ils se mobiliseront pour
Brayan grâce aux réseaux sociaux
Sans Facebook, les
citoyens auraient eu plus
de mal à soutenir le petit
Brayan suite au drame
qu’il a vécu et contre
lequel il lutte toujours…
Fred Colantonio (médaillon)
donne des conférences
sur l’impact des réseaux
sociaux dans nos vies.
FrédéricSéré/StéphaneLaruelle
Pour que l’histoire du petit
Brayan ne se reproduise
plus et que les choses
bougent, Julie Tesse, une
habitante de Mouscron,
invite toutes les personnes
qui le désirent à venir
manifester leur soutien
envers ce petit bout,
toujours hospitalisé. «Aucun
don n’est demandé. Vous
êtes simplement invités
pour ce jour, à porter sur
vous la couleur verte, signe
d’espoir», précise
l’organisatrice.
Le rassemblement est prévu
le dimanche 4 août à 11 h au
parc communal côté plaine
de jeu de la rue Roi Chevalier.
Une marche
respectueuse