Imposition sur les successions
Journal des arts et métiers JAM
Switzerland Suisse Tessin Ticino
Garage Brumania à Mendrisio
fiscalité entreprises PME
votation calcul d'impact
conséquences
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JAM imposition sur les successions Suisse Tessin Exemple d'un garage au Tessin Brumana Mendrisio
1. ÉCONOMIE&POLITIQUE Journal des arts et métiers – avril 20154
1 mio.
de francs
Infrastructures
SUCCESSIONS – Le cas de la carrosserie Brumana à Mendrisio illustre l’impasse dans laquelle se retrouveraient de nombreuses en-
treprises du secteur des garages et une multitude de PME dans le pays. L’initiative mettrait à mal la substance entrepreneuriale.
«Nousavonspayécettesuccession»
Enrico Brumana ne veut juste pas
entendre parler d’un nouvel impôt
sur les successions. «Je me souviens
que mon père avait déjà dû s’acquit-
ter d’une taxe énorme, lorsque j’ai
repris l’entreprise avec mon frère Da-
rio en 1986, s’exclame-t-il. En fait,
l’impôt tessinois sur les successions
s’élevait déjà à l’époque à plus de
11% environ de la valeur de l’entre-
prise, sauf erreur de ma part. Et il
nous a fallu plusieurs exercices pour
la payer. Mais avec une ponction de
20%, je ne vois pas du tout comment
cela serait possible. Il vaudrait alors
mieux laisser tomber.»
Cet entrepreneur tessinois basé à
Mendrisio explique que lui et son
frère souhaitaient remettre d’ici
quelques années cette entreprise fa-
miliale aux générations suivantes qui
se sont déjà impliquées chez Bruma-
na Automobili. Tous deux expliquent
qu’ils ont, pour cette raison, procédé
à d’importants investissements, afin
de pérenniser la carrosserie: «Nous
avons construit un tout nouvel im-
meuble, Via Rime, après avoir vendu
à McDonald’s la parcelle sur laquelle
était située l’ancienne exploitation.»
Investissements importants
Mise en route en 2012 après deux
années de travaux, le nouvel outil a
permis de réorganiser complètement
la circulation des véhicules entre les
différents postes et d’optimiser le flux
de production, préparation, peinture,
polissage et finissage: «Nous voulions
à tout prix éviter les bouchons dans
les parkings à l’entrée et à la sortie,
comme c’était le cas dans l’ancien
bâtiment.»
De plus, il a fallu également moder-
niser les installations, avec de nou-
veaux fours équipés de robots de sé-
chage qui permettent de travailler sur
une voiture repeinte après une di-
zaine de minutes, contre plus de
deux heures auparavant. «Tout ré-
cemment, nous avons mis en marche
un four à émission zéro, c’est-à-dire
sans aucun rejet dans l’atmosphère.
Nous pourrions même exploiter notre
carrosserie dans une zone résiden-
tielle!»
«Ce serait plus facile de vendre»
Hélas, non seulement l’Etat n’offre
aucune forme reconnaissance à ces
efforts en faveur de l’environnement
et du développement durable. A
l’image de cette centrale solaire qui
a été installée sur le toit.
«CE NOUVEL IMPÔT DE
20% SERAIT UN VÉRI-
TABLE CAUCHEMAR.»
C’est même le contraire, selon lui,
car l’Etat deviendrait un fossoyeur
de PME au cas où l’initiative sur les
successions passait. «La perspective
de devoir s’acquitter d’un nouvel
impôt de 20% sur les successions,
est un véritable cauchemar, soupire
le carrossier. Nous serions au plus
mal, car, du point de vue entrepre-
neurial, cette pénalisation serait
bien trop écrasante. Pour nous,
comme pour de nombreuses autres
entreprises.»
Enrico Brumana va plus loin: «Dans
ces circonstances, je ne souhaiterais
pas mettre nos enfants dans une telle
situation. Même si cela s’oppose à
l’objectif que nous nous étions fixé,
car ce garage, nous l’avons bâti pour
eux. Si cela passait, je pense que
nous remettrions tout en discussion.
Ce serait plus facile de vendre que
de leur mettre cet immense poids sur
les épaules… »
Et si les banques jouaient le jeu?
«Même si je doute fort que les
banques nous prêtent pour cela, si
un prêt était consenti, je ne pense
pas que j’utiliserais les montants al-
loués pour financer un impôt.
«JE NE VEUX PAS METTRE
MES ENFANTS DANS UNE
TELLE SITUATION.»
Il s’avoue absolument choqué par
l’idée d’un tel impôt. «Comment
peut-on vouloir imposer une succes-
sion, s’exclame le Tessinois. Nos au-
torités devraient plutôt songer à en-
courager la transmission d’entre-
prises d’une génération à l’autre et
de pérenniser des emplois, au lieu de
les pénaliser la substance entrepre-
neuriale.»
Laurence Droz
François Othenin-Girard
BRUMANA
Histoire de famille
«Mon père Flavio a débuté en
1956. Il a construit dans un pre-
mier temps à Lugano une petite
PME de réparation en peinture sur
auto, raconte Enrico Brumana. Son
père avait appris le métier à Ver-
nate puis à Zurich. «Le déménage-
ment de l’entreprise, le premier, a
eu lieu en 1965 et mon père est
venu s’installer à Mendrisio, rue Ma-
derno, avec un nouvel associé. La
raison sociale était alors Brugnoli-
Brumana. En 1966, l’associé s’est
retiré et l’entreprise devenue pro-
priété de Flavio Brumana. En 1986,
j’ai commencé avec mon frère Da-
rio. Moi pour la partie administra-
tive, mon frère pour la partie tech-
nique. En 2010, nous avons vendu
le terrain à McDonald’s et nous
avons construit ici, Via Rime, cette
nouvelle carosserie.» Ogi
3
m
ios.
de
francs
Immobilier
Le calcul de l’impôt
Impôt succession de Brumana Automobili
Immobilier CHF 3 mios
Infrastructures CHF 1 mios
Total CHF 4 mios
Déduction – CHF 2 mios
Impôt de 20% CHF 400000.-
Enrico Brumana et son fils Flavio,
devant leur nouveau garage. OGI
Dario Brumana (à droite) et son fils
Lorenzo, devant un four doté d’un robot
sécheur. OGI
Les infrastructures de la carrosserie Brumana à Mendrisio, construites en pensant aux générations futures. OGI