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Etat des lieux des structures sociales 2009/2010
État des lieux des Structures sociales offrant des prestations en
accueil, information, évaluation, orientation et accompagnement
au Maroc
Etude qualitative
Mokhtar El Harras
Driss Bensaid
Sociologues
2010
2
Table des matières
Remerciements 4
Acronymes 5
Introduction 6
1. Méthodologie 8
1.1 Les techniques d’enquête 11
1.2 Organisation de focus groupes 11
1.3 Réalisation d’entretiens individuels semi-directifs 14
1.4 Utilisation d’une grille d’observation 14
1.5 L’analyse des données 15
2. Typologie des prestations des structures associatives 16
2.1 Classification selon le type d’handicap 16
2.3 Classification selon la gratuité ou la non gratuité des prestations 18
2.4 Classification selon la localisation géographique 18
2.4 Classification selon le type d’activité 18
3 .La rencontre avec la structure et les modalités d’adhésion 20
3.1 Les raisons du recours aux structures associatives 21
3.2 Emplacement, accessibilité des locaux et adéquation aux besoins de confidentialité et de
mobilité. 22
3.3 La prise en compte des projets de vie des PSH 25
3.4 Principales contraintes rencontrées par les structures associatives 26
3.5 Les valeurs et les principes prônés par les acteurs associatifs 32
3.6 Les services dispensés par les associations dont ont bénéficié les adhérents 33
3. Environnement institutionnel : partenariat et gouvernance 35
4.1 Les principaux acteurs institutionnels 35
4.2 Objectifs et rôles des acteurs institutionnels 35
4.2.1 L’Entraide Nationale 36
4.2.2 L’Agence de Développement Social 37
4.2.3 L’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi et des Compétences 38
4.3 Le partenariat associatifs/institutionnels 39
4.4 Principes présidant à l’intervention des acteurs institutionnels 43
4.5. Les difficultés affrontées 46
4. Les personnes en situation d’handicap 48
5. 1 Des potentialités non encore perçues à leur juste valeur 48
5.1.1 Principales difficultés affrontées par les PSH 48
5.1.2 Les besoins/souhaits/attentes des PSH : 49
5.2 Avis et appréciations des PSH sur les principales prestations des associations 52
5.2.1Accueil 53
5.2.2 L’évaluation 63
5. 2.2.1 Comment se formalise ce service ? 63
5.2.3 L’information 66
5.2.3 L’orientation 71
5.2.4 L’accompagnement 73
3
6. L’appréciation globale des prestations des structures associatives 75
Conclusion 78
Recommandations 81
7. Annexe 86
Annexe I : Résultas de létude qualitative 87
ANNEXE II : Guides de collecte de données 109
1. Guide d’animation des Focus Group 109
2.Guides d’entretiens 113
2.2 Guide d’entretiens responsables secteurs 114
2.3 Guide d’entretiens fondateurs 116
2.4 Guide d’entretien salariés/ engagement 117
3. QUESTIONNAIRE 119
4. Croquis et schémas de quelques locaux des associations 125
4
Remerciements
Cette étude est le résultat d’une collaboration entre Handicap Internationale et l’Université
Mohamed V- Agdal. Que Monsieur Fouad Madec et l’ensemble de l’équipe d’Handicap
International trouvent ici notre reconnaissance pour nous avoir fait confiance dans la réalisation
de cette étude.
Nos remerciements les plus chaleureux vont aux personnes en situation d’handicap et des
responsables associatifs qui ont accepté et soutenu notre démarche.
Nos remerciements vont également aux Messieurs les responsables des Divisions de l’Action Sociale
dans les provinces enquêtées, les responsables régionaux de l’Entraide Nationale, L’ANAPEC et
l’Agence de Développement Social.
Nos remerciements vont également à Mohamed baabouchi et Ismaïl lahlou, étudiants- chercheurs
et acteurs volontaires à Handicap International pour tous les efforts déployés lors des phases de
préparation et de conduite de l’enquête de terrain.
Nos remerciements vont, enfin, aux étudiants du Master « Mutations sociales et développement
local » de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Rabat, Université Mohammed V_
Agdal, et ce, pour l’excellent travail effectué.
5
Acronymes
AAH : Association Al Hassania (Oujda)
CC : Centre Clio (Salé)
ADM : Association Défi Marrakchi (Marrakech)
AAJ : Association ALMAHABBA (JERADA)
AAO : Association Al Hassania (Oujda)
AEH : Association de l’Enfance Handicapée (Inezgane)
ADPNV : Association Diyaâ des Personnes Non Voyantes (Midelt)
AEG : Association El Gharb (kénitra)
ASEK : Association Sportive El Kacemiya (Sidi Kacem)
AH : Association Horizon (Ouarzazate)
AI : Association Idmaj (Salé)
AMH : Amicale Marocaine des Handicapés
AN : Association Nour (Berkane)
AK : Al Karama (Zawiat Cheikh)
APTPBS : Association Des Parents et des Tuteurs des Personnes à Besoins Spécifiques (Taza)
AS: Association Soref (Al Hoceima)
AT: Association Tiklit (Mrirt)
ATEK: Association Takafoul El Khair (Casablanca)
ATT: Association Tawenza (Tounfit)
AVV : Association Voie à la Vie (Midelt)
DAS : Division de l’Action Sociale
EHMO : Enfant Handicapé Moteur
EHME : Enfant Handicapé mental
EN : Entraide Nationale
ESH : Enfants en Situation de Handicap
FG : Focus groupe
MDSFS : Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité
MI : Ministère de l’Intérieur
MS : Ministère de la Santé
PSH : Personne en Situation de Handicap
PHMO : Personne Handicapée Motrice
PHME : Personne Handicapée Mentale
PHNV : Personne Handicapée Non Voyante
PHS : Personne Handicapée sensorielle
PHSM : Personne Handicapée Sourde-muette
6
Introduction
Au regard de l’importance que revêtent les structures associatives et institutionnelles pour
l’insertion sociale des PSH, Handicap International a décidé de mener une évaluation les
principes présidant au travail de ces structures, leurs modes de fonctionnement, leurs
degrés d’ouverture sur des acteurs et les institutions externes, les contraintes et difficultés
auxquelles elles font face, les locaux et les ressources humaines dont elles disposent, ainsi
que leurs pratiques en matière d’accueil, évaluation, information, orientation et
accompagnement.
L’objectif est, aussi, de déceler les points communs et les différences existantes entre les
associations travaillant avec les PSH en termes de rationalité organisationnelle, de
ressources humaines et de moyens disponibles, de nombre de bénéficiaires, salariés,
volontaires et bénévoles, de partenariats conclus avec des institutions publiques et des
ONG’s nationales ou internationales, de modalités de liens établis avec les PSH et de services
dispensés, de modes selon lesquels l’on accueille, informe, oriente, accompagne les PSH, et
l’on évalue leur situation spécifique. Il s’agit, à ce niveau, de cerner les décalages existants
entre les structures associatives afin de réfléchir aux mesures à même de hisser les moins
favorisées au niveau de celles dont l’état d’avancement est presque comparable à certaines
structures similaires au nord de la Méditerranée.
Il est logique qu’elle se pose des questions sur les liens existants entre, d’une part, les
associations, et d’autre part, des institutions publiques partenaires dont on attend une
implication nettement plus tangible et élargie que ce n’est le cas jusqu’à l’heure actuelle. Ce
sont les acteurs qui ne développent pas encore de prestations importantes en faveur des
PSH mais dont l’implication ne peut être que bénéfique.
Handicap International est conscient du caractère vital de la qualité des rapports humains et
professionnels que ces structures associatives et institutionnelles établissent avec les PSH.
Les responsables et acteurs de cette ONG savent que l’objectif de l’insertion sociale des PSH
ne peut être atteint sans se mettre à l’écoute de leurs besoins et difficultés, sans
l’aménagement d’espaces d’accueil accessibles, la formation de personnel associatif
spécialisé et compétent, la mise en place de systèmes d’information adéquats, l’adoption de
mécanismes adaptés d’évaluation, orientation et accompagnement, l’établissement de
modalités de fonctionnement selon les règles d’une gouvernance transparente, efficace et
participative, l’accompagnement de chacune des PSH dans la construction de son projet de
vie personnel… C’est justement à partir de ces questions, et d’autres encore, que nous avons
7
été sollicités pour essayer de voir dans quelle mesure ces types de liens, de fonctionnement
et d’organisation sont-ils déjà, ou pas encore, une réalité dans les visions et les pratiques
associatives et institutionnelles au Maroc ?
Bien évidemment, toute cette évaluation ne peut réussir sans la connaissance préalable des
besoins, souhaits et attentes des PSH. Si l’on ne connaît pas, d’abord, les difficultés et les
contraintes auxquelles les PSH font quotidiennement face, l’on ne serait certainement pas
en mesure d’adapter les structures associatives et institutionnelles à leurs réalités et
attentes.
Plus encore, si l’on ne prend pas en considération la diversité des situations d’handicap et
des structures associatives s’adressant aux PSH, et partant, la multiplicité des besoins et des
réponses susceptibles d’y être apportées, nous ne pourrions pas décliner le discours abstrait
et standard en approches et pratiques personnalisées. Les PSH présentent des degrés
différents d’autonomie et de dépendance. Par conséquent, toute solution généraliste et
abstraite risquerait fort de conduire vers l’arbitraire et l’aléatoire des mesures imposées en
dehors de toute connaissance empirique des facettes multiples de l’handicap.
8
Méthodologie
Les PSH représentent une catégorie de la population Marocaine avec laquelle l’approche
participative est incontournable. Personne des non handicapés ne peut se mettre à leur
place pour exprimer leurs besoins, difficultés, et exprimer leurs souhaits et souffrances au
quotidien.
A ce titre, l’approche méthodologique retenue a privilégié la démarche qualitative te
participative pour l’élaboration des contenus des outils de collecte de données, de leur
structuration et mise en œuvre.
Les termes de référence de l’étude ainsi que les orientations méthodologiques ont été
proposée par Handicap International. Le tirage de l’échantillon, la mise en forme des guides
(technique et linguistique) ainsi que l’organisation du travail de terrain ont été mené en
étroite concertation et collaboration entre HI et les chercheurs universitaires, rédacteurs de
ce rapport. La spécificité du contexte socioculturel marocain, et la diversité des sites où
l’étude allait se dérouler ont été, à ce niveau, largement prises en compte.
La démarche méthodologique traduit, ainsi, la combinaison du savoir-faire et d’une
connaissance profonde du tissu associatif accumulés par HI et le travail des sociologues et de
leurs étudiants, ce qui permis à la méthodologie de gagner en efficience et en pertinence.
Dans une première phase, l’on a eu recours aux centres d’appels en vue d’administrer des
questionnaires aux acteurs associatifs travaillant avec les PSH. Après conclusion de l’accord,
les agents des centres d’appels se sont mis à contacter l’ensemble des associations à joindre
dont le nombre s’élevait à près de 340 structures associatives et institutions publiques et
médicales1
. Or, l’on a dû faire face à des problèmes de faux numéros de téléphone, de
responsables pratiquement injoignables, et à une certaine proportion d’entre eux, qui tout
simplement, n’ont pas souhaité répondre. Résultat : l’on n’a pu avoir la réponse que d’une
proportion de 27% du total des acteurs associatifs, institutionnels et médicaux contactés.
En dépit des déperditions constatées, les résultats de l’étude effectuée par les Centres
d’Appels nous ont permis, néanmoins, de sélectionner l’échantillon de l’étude. Nous avons
tenu à ce qu’il inclue des associations et des institutions dans différentes régions
1
- Les résultats de l’étude quantitative d’HI menée en collaboration avec les Centres d’Appel et visant
l’identification des structures associatives susceptibles d’être concernées par l’étude. CF. annexe n° 1, p 85.
9
économiques du Maroc. Nous avons sélectionné ces régions en prenant en considération les
critères suivants :
1/ La diversité des situations d’handicap ;
2/ La disponibilité de structures associatives et institutionnelles ;
3/ La diversité en matière de qualité des prestations offertes aux PSH ;
4/ La diversité des aires socioculturelles ;
L’un des objectifs essentiels de l’ quantitative était justement celui de permettre, sur des
bases scientifiquement valides, de sélectionner l’échantillon de l’étude qualitative. Nous
avons aussi tenu compte de la variable du milieu de résidence (urbain/rural), bien que
l’accent a été mis surtout sur les villes. De ces dernières, nous avons sélectionné des petites,
moyennes et grandes villes. Nous avons également veillé à ce que les types principaux
d’handicap y soient approchés à travers les liens PSH/structures associatives et
institutionnelles.
Structures associatives incluses dans l’échantillon
Tableau n° 1
(Réparties selon les villes et les régions économiques)
Ville/région économique
Association
Ville Région économique
1/ Association AL GHARB des sourds
muets
Kénitra Gharb-Chrarda-Beni
Hssen
2/ Association sportive EL KACEMIYA
des handicapés et des œuvres
Sociales
Sidi Kacem Gharb-Chrarda-Beni
Hssen
3/ Association des Parents et Amis
des Handicapés Mentaux de Taza –
APAHM
Taza Taza-Al Hoceima-
Taounate
4/ Association SOREF pour les droits
de la personne handicapée
El Houceima Taza-Al Hoceima-
Taounate
5/ Association Nour des Personnes
Non Voyantes
Berkane L’Oriental
6/ Association EL MAHABA pour la
culture et le développement
Jerrada L'oriental
7/ Association AL HASSANIA des Oujda L’Oriental
10
Ville/région économique
Association
Ville Région économique
Handicapés
8/ Association Chemins vers la vie -
ASSABIL ILALHAYAT (ASBL)
Midelt Meknès-Tafilalet
9/ Association TIQLIT pour le
développement rural et
l’environnement
M'rit Meknès-Tafilalet
10/ Association Tawnza pour le
Dévelopement
Khénifra Meknès-Tafilalet
11/ Association Collectif Autisme
Maroc
Rabat Rabat-Salé-Zemmour-
Zaer
12/ Association Attakafoul pour la
Solidarité avec l’Handicapé
Casablanca Grand Casablanca
13/ Association Alhadaf pour les
personnes mal et non voyantes
Casablanca Grand Casablanca
14/ Association Défi Sportif de
Marrakech
Marrakech Marrakech-Tensift-Al
Haouz
15/ Association Al Karama pour la
formation et l'insertion des
personnes aux besoins spécifiques de
ZAOUIYAT CHEIKH.
Beni Mellal Tadla-Azilal
16/ Association A.E.H Agadir Souss-Massa-Draa
17/ Association Al HANANA pour les
personnes handicapées
Agadir Souss-Massa-Draa
18/ Association DADES des personnes
handicapées
Ouarzazate Souss-Massa-Draa
19/ Association Horizon Ouarzazate Sous-Massa-Draa
20/ Association TAMOUNT de
développement
Guelmim Guelmim-Es Smara
21/ Association Al Amal Tata Guelmim-Es Smara
22/ Association Iguidar Guelmim Guelmim-Es Smara
23/Association Idmaj Salé Rabat-Salé Zemmour
Zair
11
1.1 Les techniques d’enquête
Vu la diversité des sites, des structures associatives et institutionnelles, ainsi que des
situations et besoins des PSH, la multiplication des sources d’information, et partant, des
outils méthodologiques, nous a paru nécessaire. En recueillant des données diverses par
l’usage de techniques d’enquête qualitatives, on court moins le risque de commettre des
erreurs, ou de tirer des conclusions inappropriées. De plus, cette triangulation
méthodologique permet de compléter les résultats obtenus par l’utilisation d’autres
techniques d’enquête, ainsi que de les confirmer. L’approche à partir d’angles différents a,
en plus, le potentiel de capturer la complexité du phénomène et d’assurer une meilleure
interprétation des données du terrain. Aussi avons-nous opté pour l’utilisation de l’entretien
individuel, du focus groupe et de l’observation.
1.2 Organisation de focus groupes
Le focus groupe est une méthode de recherche participative qui se fonde sur le principe
systémique du feed-back, et s'élabore dans un contexte de communication ouverte et de
discussion interactive. C'est un espace d'échange, de communication et d'inter-influence,
aussi bien que de redéploiement des stratégies de pouvoir, de conflit et de séduction.
L'utilisation de cette méthode dans le cadre de cette étude se justifie par les considérations
suivantes:
Le choix de cette méthode est pertinent chaque fois que la connaissance des perceptions,
attitudes et motivations des personnes concernées est nécessaire ;
Dans un focus groupe, les réponses des participants y sont stimulées, non seulement par les
questions de l'animateur mais aussi par les réponses à celles-ci. Surtout que pour l'étude de
sujets complexes où s’entremêle des situations de vulnérabilité et des états de santé, il est
nécessaire, non seulement d'exprimer un accord ou un désaccord, mais d'élaborer un
discours et d'exprimer un système de pensée.
Le focus groupe permet d'augmenter la taille de l'échantillon sans qu'il soit nécessaire
d'augmenter "dramatiquement" la durée de l'entretien. Il permet, en plus, de "tomber sur
des idées" et d'explorer des thèmes non prévus par le chercheur.
En comparant leurs motivations, attitudes et représentations avec les autres, les participants
à l'animation de groupe deviennent parfois pleinement conscients de phénomènes
personnels qui sont restés, jusque là, subconscients. Les interactions qui s'y produisent sont
susceptibles de les rendre conscients de choses auxquelles ils n'avaient jamais pensé
auparavant.
12
Lieu de réunion
Nous avons tenu les réunions focus groupes dans le siège des Associations. Certes, ce n’est
pas un lieu neutre où les PSH pourraient s’exprimer hors de toute contrainte. Mais c’est
l’alternative la plus accessible vu les limites du budget qui nous été alloué.
Composition des focus groupes
Notre objectif initial concernant la composition des focus groupes c’était de réunir, dans la
mesure du possible, des personnes ayant différents types d’handicap. Nous espérions ainsi
avoir des approches variées des thèmes débattues. Or, ce plan n’a pas pu être toujours mis
en application.
D’autre part, pour certains focus groupes, l’on a dû écouter les mamans et les agents
associatifs conjointement aux PSH. La nature de l’handicap ne permettait pas toujours à la
personne concernée de s’exprimer directement sur sa situation et sa prise en charge par la
structure. Nous présentons, ci-après, la composition des 14 focus groupes que nous avons
pu organiser :
Tableau n° 2
Répartition des Focus Groupes
Association Ville Participants au focus groupe
Association SOREF pour les
droits de la personne
handicapée
Al -Hoceima 2 PHMO / 2 PHSM/ 1 PHME (4 femmes et
1 homme)
Association El Mahaba pour la
Culture et le Développement
Jerrada 2 EHME /4 PHMO/PHME (Aidés par 2
femmes et 1 homme)
(2 femmes et 4 hommes)
Association Nour des
Personnes Non Voyantes
Berkane 6 PHNV (2 femmes et 4 hommes)
Association des Parents et
Amis des Handicapés Mentaux
de Taza – APAHM
Taza 4 PHME (hommes) / 2 PHSM (femmes)
13
Association Ville Participants au focus groupe
Association Al Karama pour la
Formation et l'Insertion des
Personnes aux Besoins
Spécifiques
Zawiyat
Cheikh
2 PHSM / 2 PHMO / 1 PHS
(hommes)
Association AL HASSANIA des
Handicapés
Oujda 8 PHMO et 1 PHME
(2 hommes et 7 femmes)
Association Idmaj Salé 9 PHME (trisomie 21)
(4 femmes et 5 hommes)
Association AL GHARB des
sourds muets
Kénitra 11 PHME (trisomie 21)
(5 femmes et 7 hommes)
Association Sportive El
Kacemiya des Handicapés et
des œuvres Sociales
Sidi kacem 8 PHME
(3 femmes et 5 hommes)
Association Tawnza pour le
Dévelopement
Khenifra 1 PHNV et 5 PHMO
(hommes)
Association Défi Sportif de
Marrakech
Marrakech 2 femmes et 4 hommes
(Information non disponible sur le type
d’handicap des participants au focus
groupe)
Association Horizon Ouarzazate 10 PHMO (autres informations non
disponibles)
Centre Local d’Information et
d’Orientation
Salé 4 femmes (mamans d’EHME) et 3 jeunes
hommes
Amicale Marocaine des
Handicapés
Casablanca 7 PHMO (hommes)
Animation des focus groupes
Chacun de 14 focus groupes organisés a été animé par un étudiant du cycle du master en
Sociologie de la Faculté des lettres de Rabat. Ils avaient, pour cela, reçu une formation
préalable. L’on a insisté sur la nécessité de prendre en considération toutes les précautions
14
requises en matière de consentement des participants, d’écoute, de neutralité, de
focalisation sur le sujet de la recherche, d’intérêt généralisé à tous les participants, et
d’utilisation des relances et des explorations chaque fois que c’était nécessaire.
Préparation d'un guide d’animation focus groupe
Un guide d’entretien focus groupe avec les PSH a été préparé (Voir annexe). Il a été proposé
par Handicap International. Nous l’avons, néanmoins, revu et enrichi par des relances
variées.
1.3 Réalisation d’entretiens individuels semi-directifs
Le caractère dynamique et interactif des FG’S ne permet pas seul de capter la complexité et
les spécificités d’une expérience vitale pour le développement humain au Maroc.
L’information relative aux rapports entre les PSH et les structures de prise en charge pourrait
être substantiellement enrichie par l’apport d’entretiens individuels et d’une situation de
face-à-face.
L’entretien semi-directif, de par sa souplesse de construction et la possibilité de
personnaliser les questions avec le profil de chaque interviewé et le contexte de son
handicap semble être le moyen le plus adéquat pour enquêter auprès des PSH, et des
acteurs associatifs et institutionnels.
Les entretiens semi-directifs ont été réalisés avec des PSH, ainsi qu’avec des responsables
associatifs, des salariés, des bénévoles et des volontaires et des parents d’enfants en
situation de handicap. L’on a aussi réalisé des entretiens avec des institutionnels tels que les
responsables de l’EN, de la DAS, de l’ANAPEC, de l’OFPPT et de l’ADS dans les régions où
leurs représentations étaient disponibles. Nous avons entièrement enregistré tous ces
entretiens, puis transcrit de manière exhaustive dans la plupart des cas.
1.4 Utilisation d’une grille d’observation
L’observation des espaces associatifs, de leur emplacement proche ou lointain, des
équipements qu’ils recèlent, des ressources humaines qui s’y activent, de la facilité ou
difficulté d’y accéder et de s’y mouvoir, des moyens de transport disponibles, de la
documentation accessible, etc. s’est faite moyennant l’application d’une grille d’observation.
Elle fut utilisée pour près de 14 associations. Pour ce qui est des autres, l’observation ne
s’est pas faite soit parce que l’association n’avait pas encore de siège où cette démarche
méthodologique pouvait avoir lieu, soit parce qu’il s’est avéré que l’observation n’ajouterait
15
pas vraiment un apport important aux données de l’enquête. En d’autres cas, le responsable
qui devait permettre la conduite de l’observation était absent. Les données observées ont
été introduites dans les grilles correspondantes (voir annexe).
1.5 L’analyse des données
Elle a été faite en tenant compte des objectifs de l’étude. A partir des questions que se pose
Handicap International concernant les prestations des structures associatives et
institutionnelles, les besoins et attentes des PSH, de leurs difficultés… nous avons établi une
grille de dépouillement des données sur des catégories prédéfinies. Nous avons distingué, au
niveau de l’analyse, entre les PSH, les acteurs associatifs et les agents institutionnels. Mais
nous avons aussi cherché en différentes phases de l’étude de cerner les relations existantes
entre tous ces acteurs.
16
2. Typologie des prestations des structures associatives
Le genre de typologie que l’on peut établir pour classifier les structures associatives en
fonction de leurs activités réelles peut procéder d’un modèle thématique préétabli sur la
base d’un nombre de types d’handicaps caractérisés à travers des classifications à caractère
médical. Mais il existe d’autres critères de classification plus ou moins pertinents, tels que la
nature des activités et des services offerts et la localisation géographique considérée en
corrélation avec le degré de rayonnement.
2.1 Classification selon le type d’handicap
Il ressort des données recueillies que le degré de spécialisation en matière d’action sociale
associative dédiée aux PSH est tellement faible que l’établissement d’une typologie par
types d’handicaps n’est significatif que dans la mesure où il révèle le manque d’organisation
dont pâtit ce domaine d’action et l’ampleur des efforts à déployer et de distribution
organique des tâches par les acteurs associatifs dans le cadre d’un réseau qui leur est lisible
et leur permet de différencier leurs apports à l’action au niveau aussi bien local que national.
En fait, de toutes les associations incluses dans l’échantillon de l’étude, une seule est
spécialisée dans un type particulier d’handicap. Il s’agit de l’association Nour à Berkane qui
offre ses services aux personnes non voyantes. C’est une association qui se distingue des
autres associations par un nombre de traits que l’on peut résumer dans les points suivants :
•La grande majorité des fondateurs - dont le président- et du personnel est constituée
de personnes non voyantes.
•La communauté de condition développe chez les membres des rapports de solidarité
et de convivialité et un enthousiasme caractéristique de l’action militante qui se
traduit par l’ambition de donner à l’association plus de rayonnement. Les propos des
PSH qui sont membres de cette association illustrent bien ces deux traits.
Mohammed exprime sa satisfaction et ses aspirations en ces termes : « Que Dieu en
soit loué, tout le personnel et monsieur Kamal (président de l’association) nous
soutiennent fortement. Ils se dépensent jour et nuit. Nous souhaitons nous établir
dans un nouveau local et nous seront très heureux d’en avoir un ». Le même degré de
satisfaction est constaté dans le témoignage de Mimoun, un de ses co-membres :
« Monsieur Kamal ressent et comprend nos souffrances. Il est un de nos éducateurs.
Personnellement, j’ai le sentiment d’être parmi mes frères et sœurs ici. Il n’y a aucune
différence entre nous ». Le confort qui caractérise la vie en commun des membres
17
dans l’association provient également de la normalité perçue de leur état : « Ici,
chacun de nous se perçoit comme étant normal, entouré d’amis». En outre, la gestion
des affaires de l’association se fait comme sur un mode de démocratie participative ;
la caractérisation que donne Mohammed, autre membre de l’association, du
processus de décision le confirme : « Avant d’organiser une activité quelconque, celle-
ci est présentée à tous les adhérents pour en discuter. L’on ne se contente pas de
l’avis du conseil de direction ». Il ressort de ces considérations que l’espace associatif
dans le cas spécifique de l’association Nour n’est pas seulement une structure de
prestation de services pour un type particulier de PSH, en l’occurrence les personnes
non voyantes, mais un espace où se développe une sociabilité solidaire et conviviale
dans un processus de communautarisation rendu possible par une communauté de
condition. L’on peut observer le même sens aigu et autarcique chez la catégorie des
personnes non voyantes évoluant dans les campus universitaires. Partant de ces
considérations, l’on peut mettre en avant qu’il ne s’agit pas pour autant d’une
spécialisation. Et si l’intérêt que présente l’expérience singulière de cette association
mérite que l’on s’y attarde, cette même singularité renvoie, par une espèce de
contraste, à une réalité associative qui, au moins telle qu’elle se décline à travers
l’expérience des associations enquêtées, est marquée par l’absence quasi-totale de la
spécialisation par type d’handicap.
D’autres associations perçoivent les PSH, au moins à un niveau subliminal qui ne parvient
pas à se hisser à la surface de la claire conscience, comme des sujets standardisés ou
universels auxquels l’on offre des prestations chichement individualisées, sans considération
aucune aux besoins spécifiques qu’ils pourraient exprimer ou qui trouvent leur justification
dans leurs types d’handicap. Ainsi, par exemple, les prestations de formation (telles que
l’alphabétisation et la formation professionnelle) ou celles relatives à l’organisation de
concours sportifs ne prennent pas en compte la spécificité des différents handicaps (mental,
moteur, sensoriel...). Ce mode de gestion se traduit ipso facto par l’exclusion de toutes les
PSH dont le type d’handicap n’est pas pris en compte par le programme projeté. Le
sentiment que génère cette exclusion est exprimé sur un ton amer par le père d’une PSH,
membre d’une association de PSH : « La seule chose qui nous lie à cette association est la
carte d’adhérent dont on n’en tire aucun bénéfice ».
18
2.3 Classification selon la gratuité ou la non gratuité des prestations
La validité ou la pertinence empirique de ce type de classification est quasi nulle dans le cas
des associations enquêtées. La plupart d’entre elles manquent de moyens financiers,
professionnels et techniques suffisants pour offrir des services de qualité appréciables et
rémunérées.
2.4 Classification selon la localisation géographique
Il s’agit en fait d’une double classification : urbain /rural et local/ national. Ce dernier aspect
renvoie au degré de rayonnement des structures associatives.
Concernant le premier aspect et au-delà des critères de différenciation problématique entre
ce qui est rural et ce qui est urbain, il se trouve qu’il y a plus de travail associatif dédié aux
PSH en milieu urbain qu’en milieu rural. Sans doute y a-t-il, en raison de la densité et de la
concentration démographique différentielle entre les deux milieux, plus de probabilités de
constater une augmentation des demandes sociales sur ce genre de travail dans le premier
que dans le second. En outre, la même tendance est observable en termes de prise de
conscience et de culture associative. Ainsi, en dehors de l’association Al Mahabba de Jerrada
et l’association Al Hanan Belefaâ (commune rurale de la province de Chtouka Ait Baha) qui
opèrent en milieu rural, toutes les autres associations faisant partie de l’échantillon sont
implantées en milieu urbain.
Quant au second aspect, le travail associatif dans le domaine de l’action sociale focalisée sur
les PSH est déjà assez restreint au niveau national pour souhaiter voir rayonner une
structure associative à un niveau plus que local. En fait, l’on remarque que l’ensemble des
associations œuvre à un niveau local. Ceci est largement imputable au défaut de moyens
financiers. Toutefois, cette tendance a l’avantage de permettre à rendre l’action associative
dans ce domaine plus centrée et concentrée et à lui donner plus de proximité.
2.4 Classification selon le type d’activité
Sous ce critère de classification l’on peut subsumer une différenciation des services entre
ceux fournis extra- structure et ceux offerts intra- structure.
La première catégorie de services consiste à faire bénéficier les PSH de certains avantages
tels que l’octroi de la carte d’adhésion qui leur sert, par exemple, de prendre gratuitement le
bus ou de bénéficier de soins ou de consultations médicaux, les campagnes de distribution
de prothèses et d’appareils comme les chaises roulantes. L’importance vitale de tels services
19
réside dans leur contribution à améliorer relativement les conditions de vie des PSH. Si,
comme cela est souvent le cas, il se trouve que des associations sont à court de moyens,
elles pallient cette faiblesse par des offres de médiation ou d’intercession auprès d’autres
structures, souvent gouvernementales, qui sont en mesure de fournir de tels services.
La seconde catégorie renvoie aux services offerts et aux activités organisées par la structure
associative elle-même. Y entrent les activités qui visent à développer les capacités physiques
ou motrices des PSH ou à leur permettre de s’épanouir aux plans intellectuel et
professionnel à travers des programmes d’éducation et de formation. L’objectif de tels
services et activités consistent à leur permettre de réaliser une certaine autonomie physique
et matérielle. Seulement s’ils ne sont pas moins importants que ceux relevant de la première
catégorie, les structures manquent visiblement de moyens et de soutiens financiers,
professionnels et techniques suffisants pour les développer et en hisser la qualité à un
niveau appréciable.
Ce dernier constat conduit à l’examen d’autres aspects des activités et des performances des
structures associatives œuvrant dans le domaine de l’handicap.
20
3 .La rencontre avec la structure et les modalités d’adhésion
La rencontre de la PSH avec la structure associatif s’avère déterminante dans la
compréhension des potentialités et des limites de l’action de la société civile, de la
construction des relations avec elle et l’élaboration des attentes de la PSH et de leur degré
de satisfaction.
La facilité ou la difficulté de la première rencontre avec les structures associatives sont
fonction non seulement du type d’handicap, mais également de son niveau d’instruction, de
son âge, de son sexe, de ses connaissances socialement ou médiatiquement acquises des
différentes associations dédiées aux PSH existant dans le village ou la ville considérés, de
leur emplacement, du ou des genres d’handicap sur lesquels elles se focalisent, du ou des
genres de services qu’elles offrent, etc. Ces données, d’importance différentielle selon le cas
de la PSH considérée, déterminent d’une manière ou d’une autre la rencontre avec les
structures associatives.
La taille de la localité, son degré d’enclavement ainsi que la ‘’tradition’’ associative locale
s’avère déterminants dans cette rencontre.
Elles ne sont pas directement identifiables dans l’expérience de chacune des PSH enquêtées,
parce que ces dernières n’en expriment que le résultat déterminé. En fait, mis à part les cas
des PSH qui sont fortement dépendantes et qui nécessitent l’aide directe d’autres
personnes, notamment les parents ou proches parents, rares sont les PSH qui ont rejoint
seuls les locaux des associations et nombreux sont ceux qui reconnaissent s’y être rendus en
compagnie d’autres personnes avec lesquelles elles ont des rapports de parenté ou de
communauté. Le témoignage suivant d’une PSH inscrite à l’association Nour de Berkane
illustre bien cette tendance : « Nous ne connaissions ni l’association ni personne de son
personnel. Il nous était donc difficile de nous y rendre sans hésitation. Personnellement, je
suis venu ici par l’intermédiaire de quelqu’un et on m’a bien accueilli et je me suis habitué à
cette structure après une semaine ». Hanane, membre de l’association Al Gharb à Kénitra,
raconte en ces termes son expérience, au demeurant commune : « C’est ma mère qui m’a
amené dans cette école. Elle a été informée de son existence et de ses activités par nos
voisins ». Asmae, co-membre de Hanane, relate en deux mots une expérience similaire : « A
cause de la fièvre, je suis devenue sourde et ma mère m’a amenée ici ».
D’autres enquêtés ont pu faire la rencontre avec les structures associatives dans le cadre de
manifestations publiques organisées par celles-ci ou par des institutions comme la Fondation
Mohammed VI pour la Solidarité.
21
Le cas, rare (et significatif), de ceux qui ont pu se passer de la compagnie ou de la médiation
d’autres personnes, parents, proches parents, voisins, connaissances ou autres, et du
soutien psychologique et social qu’elles leur fournissent, est illustré par le propos d’une PSH
membre de l’AAH : « j’ai cherché personnellement une association et j’ai trouvé AL
Hassania ».
3.1 Les raisons du recours aux structures associatives
L’examen des propos des différentes catégories d’handicapés appartenant aux différentes
associations permet de constater que le recours des PSH à celles-ci est mû par les mêmes
raisons énumérées dans l’ordre d’importance décroissant suivant :
• La participation à des apprentissages et à des formations professionnelles dans le
but d’apprendre un métier. L’intégration sociale et socio-économique en dépend.
Cette corrélation est particulièrement claire dans la réponse d’une PHMO inscrite
dans l’association SOREF : « Après l’accident, je passais le gros de mon temps
enfermé à la maison. Au bout d’un certain temps, j’ai décidé de sortir de cet
enfermement et de mener ma vie normalement. C’est ainsi que je suis venu à
cette association pour apprendre un métier qui pourrait m’aider à gagner ma vie.
Maintenant, je suis des cours de restauration et d’informatique. Etre handicapé ne
signifie pas renoncer à la vie, au contraire, je peux faire beaucoup de choses ».
Souâd, une PSH inscrite à l’association Al Hassania, Oujda, prête sa voix à toutes
les PSH : « Les PSH dans notre société souffrent, parce qu’elles sont socialement
marginalisées et exclues ». Wafae, PSH membre de l’association Idmaj, a adhéré à
cette association « pour étudier l’hôtellerie et la restauration ». Onze personnes
sourdes-muettes ont rejoint l’AEG de Kénitra pour parachever leur apprentissage,
les autres associations n’ayant pas les éducateurs spécialisés dans ce type
d’handicap. D’autres PSH aspirent à apprendre un métier pour réaliser leur
autonomie matérielle. C’est le cas d’une PHMO de l’AH : « Je veux apprendre un
métier pour me libérer de ma situation de dépendance et ne plus constituer un
fardeau pour ma famille ». L’intégration sociale peut passer par la constitution de
« petite société » constituée de gens vivant dans les mêmes conditions,
d’handicap s’entend. C’est le vœu d’une PHMO inscrite dans la même
association : s’intégrer dans « la petite société de personnes handicapées ».
• La recherche de dons et d’avantages matériels tels que les différentes sortes
d’appareillages et la carte d’handicapé pour bénéficier gratuitement de certains
services de transport et de santé et d’aides financières. Un père de deux PSH
mentales et motrices inscrites à l’association Al Mahabba de Jerrada en donne
l’exemple le plus illustratif : « Nous sommes venus (lui et sa compagne) ici pour
demander de l’aide pour nos enfants. Je m’occupe d’eux tout seul et je ne
22
bénéficie d’aucune aide, ne serait-ce que de quoi leur acheter des couches. Notre
vie est un calvaire ». Souâd, citée ci-haut, est « venue à l’association pour avoir
des prothèses qui (lui) permettent de marcher normalement ». Saida, mère de
Rayane, PSH motrice, a pu avoir, grâce à l’appui du centre CLIO, la carte de bus et
un appareil pour son fils : « Le centre m’a aidé à avoir la carte de bus pour que je
puisse emmener mon fils à l’hôpital (…) Le médecin m’a prescrit un appareil pour
aider mon fils à marcher et c’est le centre qui me l’a acheté ». D’autres PSH
continuent d’aller chercher certains avantages matériels alors même qu’ils sont
déjà socialement intégrés. Un membre de l’ATT n’y voit probablement aucun
mal : « Je suis venu ici pour avoir une motocyclette, parce que mon lieu de travail
est loin de ma résidence ».
• La recherche de prestations médicales, notamment la rééducation pour les
catégories de PSH qui en ont besoin. Ce souci est exprimé par une PSH de
l’association Al Kacemiya : « Nous avons besoin d’aides médicales et d’un centre
de kinésithérapie. Ici, à Sidi Kacem, il n’y en a pas ».
• La volonté d’exercer des activités sportives et de distraction et de réaliser son
épanouissement intellectuel et personnel.
Peut-être faudrait-il préciser que l’avant-dernier motif, notamment le besoin de bénéficier
de séances de kinésithérapie est certainement de première importance pour les PHMO, et
s’il est moins exprimé que les autres, c’est que les associations peuvent dispenser des
enseignements et des formations et consentir des cartes d’adhésion et d’autres avantages
matériels, mais s’agissant de rééducation, il leur est difficile de payer à leurs adhérents des
services d’un kinésithérapeute.
Il ressort de l’analyse des données que le recours aux structures associatives est
essentiellement dicté par la recherche de satisfaction immédiate des besoins qui découlent
de chaque situation et de chaque type de l’handicap. La recherche de l’information ou de
l’accompagnement social, la nécessité de s’associer et de travailler en commun et
l’affirmation du rôle de la PSH dans la collectivité ne semblent pas encore consciente ou
prioritaire chez les personnes enquêtées. L’association est souvent perçue comme
prestataire de service ou comme structure d’intermédiation auprès des institutions et
acteurs publics.
3.2 Emplacement, accessibilité des locaux et adéquation aux besoins de confidentialité et de
mobilité.
Presque tous les enquêtés se plaignent de l’éloignement du siège des associations qu’ils
fréquentent. Les déplacements sont coûteux en argent et en effort. Certains d’entre eux
auraient souhaité que les associations disposent de moyens de transport pour les mettre à
leurs services. Ainsi une PSH inscrite à l’association SOREF regrette que celle-ci n’ait pas de
23
moyens de transport : « L’éloignement des locaux de l’association m’est pesant. J’habite loin
et je dois prendre un petit taxi pour y venir. Nous avons un véritable problème de transport,
parce que l’association n’en dispose pas ». A Salé où une société privée a supplanté la régie
de transport urbain, les PSH ne peuvent plus exhiber leur carte d’adhésion à l’association.
C’est le cas de Jamal, membre de l’association Idmaj : « J’habite à Sidi Moussa, loin de
l’association et je dois prendre le bus. Avant, je prenais le bus gratuitement, alors
qu’aujourd’hui, avec la nouvelle société, je suis obligé de payer ». Parfois l’insécurité de
l’emplacement de l’association peut dissuader les adhérents d’y aller. C’est le cas de Karima,
membre de l’AEG de Kénitra : « L’association est située à un endroit peu sûr. Il m’est difficile
de m’y rendre toute seule, j’ai peur ». L’emplacement lointain et difficilement accessible de
certaines associations décourage l’adhésion des PSH, comme l’affirme Mohammed, co-
membre de Karima : « Un jour, alors que je me dirigeais vers l’association, un jeune homme
brandissant un couteau m’a pris ma carte d’adhérent et m’a asséné des coups ». Fatima Az-
zahrae, co-membre des deux PSH susnommées, ne se rend à l’association
qu’accompagnée : « J’habite loin de l’association et je ne peux m’y rendre sans compagnie ».
En plus de l’absence de moyens de transport, le problème de l’éloignement est encore
aggravé si l’association se trouve en milieu rural : « Notre association travaille en milieu
rural, ce qui entrave ses activités, notamment, au profit des PSH. Certains adhérents doivent
parcourir environ 13 km pour arriver à l’association qui est géographiquement difficile
d’accès »
Toutefois, l’éloignement ou la proximité de l’emplacement de la structure associative ne
sont pas toujours jugés par rapport au lieu de résidence des PSH, mais par rapport à d’autres
structures non moins significatives pour elles, en l’occurrence les structures hospitalières.
Ainsi la proximité des locaux de l’AH du centre ville et des hôpitaux présente au regard des
adhérents un avantage de haute importance.
Il importe aussi de noter que des associations comme l’AAH, l’ASEK, et l’ATT ne disposent
pas de locaux stables, ce qui affecte directement la qualité et la continuité des prestations
qu’elles peuvent offrir à leurs adhérents. Plus encore, il se trouve que telle ou telle autre
association n’existe qu’en vertu des documents administratifs de sa création. C’est le cas
d’Al Mahabba de Jerrada dont le président assure également la présidence de l’association
Nour de Berkane. Un père de PSH décrit les conséquences d’une telle situation : « C’est la
première fois que l’on vient ici à cette association et qu’on discute de l’handicap et
(s’adressant à l’animatrice du FG) c’est grâce à votre présence ».
Ce problème en procède d’un autre plus général, celui de l’incapacité où se trouvent la
plupart des associations de financer l’acquisition ou la location de locaux accessibles aux PSH
et leur aménagement et équipement en fonction des prestations qu’elles offrent aux
adhérents.
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Outre les problèmes de déplacement et de transport rencontrés du fait de l’éloignement des
locaux des associations, nombreux sont les PSH qui sont confrontées à la difficulté d’accès à
ces locaux, notamment celles qui ont des problèmes de motricité. Certaines ne s’y rendent
qu’en cas de nécessité. Le problème d’accessibilité se pose lorsque les locaux ne sont pas au
rez-de-chaussée des bâtiments ou à des niveaux non servis par des ascenseurs. Il est
improbable que les responsables des associations ne soient pas conscients de l’importance
vitale de l’accessibilité pour certains types de PSH, mais il est certain que nombre d’entre
eux n’ont pas les moyens de leur conscience.
Concernant l’adéquation des locaux et de leur mode d’aménagement et d’équipement aux
besoins de mobilité et de confidentialité des PSH, il va sans dire que la satisfaction par les
associations d’une telle exigence est, encore une fois, fonction de leurs propres moyens
matériels et financiers et des soutiens financiers ou autres qu’elles pourraient recevoir
d’autres ONGs, notamment internationales, ou des organismes gouvernementaux. Sans
doute, un différentiel important en la matière est constaté entre les associations établies
dans les grandes villes et celles retranchées et isolées dans les petites villes ou petits villages
blottis dans une quelconque contrée perdue à l’est, au sud-est ou dans l’Atlas, notamment le
Grand Atlas. En fait les associations dans les grandes villes ont plus de chance d’avoir des
locaux, des équipements, des compétences adéquats aux besoins spécifiques des PSH qui
sont théoriquement sensibles et vulnérables, au double plan physique et psychologique,
parce que, dans de tels espaces urbains d’envergure, elles se trouvent portées par une
dynamique qui ne fait qu’une avec la dynamique du développement et du progrès
économiques, sociaux, culturels qui traverse ce genre d’espaces. Ainsi, les PSH qui, par
exemple, fréquentent le centre CLIO de Salé, ville liée organiquement à Rabat, jugent que
ses locaux sont adaptés à leur besoin de mobilité et que le mode d’agencement des bureaux
répond au besoin de confidentialité ; alors que celles qui bénéficient des programmes
scolaires intégrés de l’AEG de Kénitra constatent des insuffisances concernant les conditions
de mobilité et de sécurité des locaux de celle-ci : « On a besoin d’espaces verts, d’activités
sportives, d’enseignantes, de restaurant et de bien autres choses », dit Karima. Hanane, co-
membre de celle-ci, a, elle, « peur qu’un jour le plafond tombe sur leurs têtes ».
L’on constate également qu’en fait d’adéquation des espaces associatifs aux besoins
d’accessibilité, de mobilité et de confidentialité des PSH, les enquêtés ne parlent que de ce
dont ils ressentent le besoin le plus pressant et de ce qu’ils soupçonnent pouvoir exister
comme besoin. Ainsi ils parlent plutôt de l’emplacement spatial et de l’accessibilité des
locaux des associations que des conditions de mobilité et de confidentialité qu’elles
pourraient offrir, comme si l’adéquation de ces conditions était un luxe non seulement
insoupçonnable et impayable, mais tout aussi impensable, et donc en deçà du seuil possible
de la représentation discursive. S’il est nécessaire de donner dans une logique pratique,
précisément celles des PSH, l’on peut rendre cette idée en termes interrogatifs suivants : si
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les PSH sont déjà confrontées aux problèmes de localisation spatiale et d’accessibilité des
locaux des associations, à quoi peut-on vraisemblablement et a fortiori s’attendre s’agissant
du problème d’adéquation des conditions spatiales de mobilité et de confidentialité des
structures associatives ?
3.3 La prise en compte des projets de vie des PSH
Le concept de « projet de vie » réfère à une projection personnelle et singulière dans l’avenir
à partir de la vie passée et présente de la PSH. Il consiste à la formulation de besoins,
d’attentes et d’aspirations, notamment aux tournants décisifs de la vie de la PSH
(personnels, sanitaires, familiaux,…). Selon le contexte et la situation de chaque PSH, il peut
concerner sa vie personnelle, son espace de vie, sa vie professionnelle ou scolaire, sa
formation, et son parcours médical. Plus encore, le projet de vie est évolutif dont
l’élaboration résulte souvent d’un processus de maturation. Pour certains cas, la
disponibilité d’un accompagnement de la PSH est susceptible d’en accélérer la cadence.
En outre, l’idée de projet de vie des PSH est liée aux objectifs d’intégration socio-
économique et d’autonomie. Il a déjà été fait mention du rapport entre les apprentissages et
les formations professionnels dans les différents domaines où pourraient s’investir les PSH et
le souci de celle-ci de réaliser leur intégration sociale à travers leur intégration
professionnelle.
Mais il importe d’ajouter que le fait même que nombre de structures associatives enquêtées
s’investissent, tant bien que mal, dans l’organisation et la gestion de programmes
d’apprentissage et de formation professionnels administre la preuve de la conscience
qu’elles sont conscientes de toute l’importance et de la nécessité non seulement de la prise
en compte des projets de vie des PSH, mais probablement aussi de leur orientation dans ce
sens. Seulement, au bout du processus de formation, l’insertion professionnelle ou, plus
généralement, l’intégration socio-économique engagent d’autres acteurs, privés et
institutionnels. Au plus pourraient-elles déployer un effort supplémentaire
d’accompagnement ou, le cas échéant, d’intercession auprès de ces acteurs afin qu’ils
offrent aux PSH titulaires de diplômes professionnels des opportunités d’insertion
professionnelle ou qu’ils leur ouvrent des perspectives d’auto-emploi accompagné.
Pour ce qui concerne l’AH, le projet de vie des bénéficiaires consiste à trouver un métier
productif susceptible de leur garantir l’autonomie économique et l’estime de soi.
L’association, selon les constats exprimés par les participants au FG, essaie de les aider afin
de réaliser ce projet de vie.
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Dans le Centre CLIO, le projet de vie commence à peine à prendre forme par la mise en place
de microprojets socio-économiques : « Nous avons tous déposé nos demandes pour des
microcrédits. Nous ne voulons pas continuer à être un fardeau pour la société. Nous voulons
travailler et assumer la responsabilité de nos enfants. Nous aimerions arriver nous-mêmes à
subvenir aux besoins de nos enfants handicapés sans l’aide de personne » (Dounia, maman
de Siham [6-12 ans], handicap moteur, CLIO. Salé).
Le ‘’projet de vie’’ s’avère se situe actuellement, en dehors des attentes initiaux des PSH
dans leurs rencontres avec les associations. D’autre part, ce concept construit à l’intérieur
d’une approche systémique de la situation des PSH est faiblement assimilé et porté par les
associations qui n’ont pas bénéficié d’une formation ou, du moins, d’une sensibilisation à
l’importance du projet de vie en tant que output d’un travail structuré et concerté entre
l’association et la PSH
3.4 Principales contraintes rencontrées par les structures associatives
Les associations font face à plusieurs problèmes et rencontrent de nombreuses contraintes.
Malgré la satisfaction de certains bénéficiaires concernant les prestations fournies par leurs
associations, toutes les PSH estiment qu’il y a encore beaucoup de choses à faire dans ce
domaine. Les prestations assurées restent dans la totalité des structures limitées et
insatisfaisantes : « il y a seulement le renouvellement de la carte d’adhésion et l’orientation.
Par contre, l’insertion professionnelle n’est pas encore assurée. Cela est dû au non suivi des
correspondances envoyées aux institutions et aux entreprises. Nous restons dans l’attente. Il
n’y a pas de partenariat entre l’association et les institutions économiques » (PSH, AMH).
Une autre PSH formule son constat comme suit : « Ils nous écoutent mais pas de résultat »
(PSH, AMH).
Les structures associatives travaillant dans le domaine de l’handicap sont contrariées par des
obstacles et des difficultés diverses :
_ Il y a des difficultés qui dérivent des relations entretenues avec les autres acteurs
associatifs, telles que l’absence d’action partenariale et communication et de réseautage
entre les associations qui partagent un même souci de soutien et de solidarité vis-à-vis des
PSH. On relève également le manque de partenariats, surtout avec le secteur privé. Un
acteur associatif exprime cette préoccupation comme suit : "En ce qui concerne nos relations
avec les autres associations, elles sont bonnes, mais il n'y a pas d'action partenariale
commune, et il n'y a pas de réseau de communication. Ici à Midelt, il n’y a personne qui
pourrait vous informer ou vous éclairer concernant le travail dans ce domaine" (Président,
AVV).
27
D’autres difficultés résultent de la non adoption de l’approche participative : Certains
acteurs associatifs ont élaboré et mis en œuvre des projets pour répondre à des besoins
immédiats ressentis sans impliquer et sensibiliser les populations concernées à la
conception, planification, mise en œuvre, évaluation et pérennisation de ces mêmes projets.
C’est pourquoi, ces projets n’ont pas atteint les objectifs tracés : « Au début de l’année 2001,
nous voulions mettre en place un projet relatif à l’irrigation. Nous avons mené une étude
dans laquelle nous n’avons pas impliqué la population concernée. C’est pourquoi, nous avons
fait face à des problèmes lors de la mise en œuvre et le projet a fini par échouer. Nous avons
tiré des enseignements de cette expérience et nous avons opté pour des projets qui
répondent aux besoins de la population » (Président de l’AT, Mrirt).
L’on ne manque pas, non plus, de relever complexité des procédures à laquelle les acteurs
associatifs font face chaque fois qu’ils tentent d’initier des partenariats : "La complexité de
l'établissement des partenariats varie selon les bailleurs de fonds. Par exemple, les
procédures sont très complexes et contraignantes quand il s’agit d’établir un partenariat
avec des organismes internationaux tels que l'Union Européenne. Un fait qui explique, que
dans ce domaine, les petites associations soient souvent marginalisées" (Président, AMH).
Signalons également que les prestations offertes ne correspondant pas aux besoins des
PSH, qui ont besoin d’appareillage, de médicaments, de soins médicaux, de rééducation, de
formations adaptées au marché de l’emploi, de moyens de transport adaptés à leur état
d’handicap, d’assistance sociale, et de financement pour mettre en place des projets : « Pour
moi, le problème psychologique, je l’ai vraiment dépassé. J’accepte mon handicap, mais le
problème qui se pose c’est l’argent. Je ne veux pas de la charité, mais j’aimerais avoir
l’occasion de montrer de quoi je suis capable et devenir autonome, car si je reste comme ça,
jamais je ne pourrais me marier et avoir des enfants » (Ahmed, PHMO, AC). Une maman
exprime son expérience associative en y révélant aussi bien les avantages que les limites :
« Ici, l’on exprime nos souffrances pour ne pas exploser un jour, et eux, ils nous écoutent,
mais rien de plus… » (Saida, EHMO, AC).
On soulève aussi le problème de la durée de traitement des dossiers avant de donner la
réponse à la PSH. L’on estime qu’on ne devrait pas le laisser attendre inutilement comme
l’explique une PHMO du centre CLIO de Salé : « Il n’est pas logique que les gens attendent
depuis quatre ans sans recevoir de réponse. Il fallait leur répondre soit par l’affirmative, soit
en leur disant qu’il ne vaut pas la peine d’attendre ; qu’il y aura ou qu’il n’y aura pas de
microcrédit, et si cette prestation est suspendue il faudrait aussi l’annoncer. Mais continuer à
recevoir et à accepter les dossiers et les laisser attendre comme ça, ce n’est pas acceptable ».
Il ressort des résultats de l’étude que certaines PSH ont vécu des expériences très
décevantes avec certaines associations, qui, au lieu de défendre leurs droits, les ont
exploitées pour atteindre des buts personnels : « je suis contre toutes les Associations ici au
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Maroc, car elles sont fondées sur des intérêts personnels […] Les gens aisées en profitent
mais les pauvres… !! C’est pourquoi, on ne croit plus aux Associations » (Said, 30 ans,
PHMO), faisant ainsi référence à un certain clientélisme, à son avis, en milieu associatif. Cet
avis est partagé aussi par Hafid : « Sincèrement, pour bénéficier de l’aide d’une Association, il
vous faut avoir un « piston ».
Une autre contrainte a été évoquée, il s’agit de l'insuffisance des subventions et bourses
octroyées à certaines associations : "Nous ne bénéficions pas toujours de subventions.
Pendant quatre ans, nous n'avons reçu aucune aide matérielle, et cette année on nous a
donné 3000 DHS, sachant que d'autres associations, ont bénéficié de beaucoup plus, même si
elles ne réalisent aucune activité. Il y a d'autres considérations qui entrent en jeu,
notamment, celles liées aux élections" (Président, AT).
L’encadrement du travail associatif est un élément incontournable pour améliorer les
prestations fournies aux PSH à travers l’accompagnement, le suivi et l’évaluation. De ce fait,
l’élaboration des outils et des mécanismes d’évaluation s’avère primordial afin de suivre
l’évolution des associations vers les objectifs qu’elles se sont fixés.
En matière de collaboration et de partenariat entre les associations, les responsables
associatifs autant que les bénéficiaires estiment qu’il y a toujours dans ce domaine des
carences à combler : « malheureusement, il n’y a pas de réseau d’associations, il n’y a
aucune collaboration entre les associations dans cette région, chaque association ne pense
qu’à elle-même » (Agent associatif, AVV). A cet égard, le développement de la culture de
partenariat et la promotion du réseautage en vue de favoriser la coordination des actions et
l’unification des stratégies, seraient en mesure d’améliorer la qualité des prestations et
assurer une plus large couverture à la population desservie.
A travers l’expérience de certains acteurs marocains travaillant dans le domaine de
l’handicap transparaît l’importance du partenariat avec les organisations internationales. Les
associations qui bénéficient de ce type de partenariat, profitent plus de sessions de
formation continue. Ce qui leur permet d’acquérir de nouvelles compétences, d’adopter de
nouvelles approches de travail et de nouveaux modes d’organisation et de communication.
C’est notamment le cas de l’AMH et de l’AEH qui ont réussi à établir des partenariats avec
Handicap International.
L'absence d’opportunités de communication et d'échange a été également soulevée en tant
que difficulté majeure entravant l’examen et la résolution des problèmes communs aux
associations avec le Ministère de tutelle : "A plusieurs reprises, j’ai fait le voyage à Rabat,
sans que je ne trouve toujours un responsable prêt à écouter mes propositions. Parfois on me
répond par téléphone alors que je suis à la porte du Ministère. Cela sans parler des dizaines
29
de correspondances que l'on envoie et auxquelles on ne reçoit jamais de réponse" (Président,
AAH).
Cet aspect découle ainsi du faible encadrement des associations afin de mieux comprendre
les procédures et de mieux comprendre la mission et les compétences des différents
partenaires gouvernementaux, notamment en matière de financement et des conditions
d’éligibilité des projets présentés par les ONG.
De leur côté, les acteurs associatifs ne laissent pas, non plus, d’évoquer l’absence d’une
politique publique claire et opérationnelle qui prend en compte les besoins relatifs aux
types et degrés d’handicap et l’emplacement géographique des structures associatives. La
diversité des missions des institutions étatiques en charge de l’handicap et la non
disponibilité d’un ‘’guichet unique’’ d’information et d’orientation impactent sur la
concordance des attentes et des besoins des associations avec les programmes et les
compétences des différents départements.
L’on évoque aussi le manque de personnel suffisant et spécialisé qui ne permet pas d’assurer
pertinemment les prestations d’accueil, évaluation, information, orientation et
accompagnement. Généralement, les associations pour PSH, ont plutôt tendance à vouloir
répondre à toutes les demandes, à servir tous les profils des PSH, à couvrir tous les besoins,
ce qui constitue un handicap majeur dans le travail de ces associations : être généraliste sans
toutefois performer et exceller dans un domaine ciblé.
En fait, se spécialiser c’est cibler, planifier l’action, assigner les objectifs, déterminer les
profils des PSH prises en charge, s’accorder sur la nature de l’action escomptée, délimiter le
champ d’intervention, le territoire… à travers une étude profonde des besoins, des lieux, des
ressources, des risques et des opportunités offertes.
Une association peut se spécialiser selon la nature de l’Handicap (PSH présentant un
autisme, une IMC, une trisomie 21, un retard psychomoteur, une cécité…), selon l’âge des
PSH, selon le sexe, ou encore selon un domaine d’intervention bien défini : la santé,
l’insertion sociale, l’éducation et la scolarisation, le sport, la formation, l’insertion
professionnelle, le lobbying, etc.
La spécialisation permet de cerner une cible, un champ, et un problème déterminé, dans un
contexte bien clair, en faveur d’une population délimitée, et donc, elle conduit à des
résultats probants et palpables, un rendement pertinent et concret, et surtout, elle permet
de développer l’expertise dans le domaine, ce qui est un atout fondamental dans la prise en
charge des PSH.
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La non disponibilité d’un siège propre est un autre facteur qui entrave l’action associative :
"L'absence de siège constitue pour nous un problème majeur. Sans la résolution de ce
problème, nous ne serions pas en mesure de continuer à assurer des services aux adhérents,
ni non plus, de tisser des liens de partenariat » (Président, AAH).
La plupart des Associations ne disposent pas des moyens requis, ni des équipements
nécessaires pour répondre aux besoins des leurs adhérents comme l’exprime l’une des PSH
participante à l’étude: « Ils nous aident dans la limite de leurs moyens, mais ce sont les
autorités locales qui doivent leur fournir plus de fonds pour qu’ils puissent nous aider à leur
tour » (AEK). Ces carences bloquent plusieurs associations et les empêche de dispenser des
prestations à leurs bénéficiaires.
Les structures associatives font face aussi à l’absence de ressources humaines qualifiées et
spécialisées dans la prestation de services aux PSH. Cette situation n’est pas spécifique à
l’Association EL Kacemiya, mais elle est commune presque à toutes les associations
concernées par l’enquête.
Dans le domaine du travail social en général, le volontariat, le bénévolat, et
« l’amateurisme » de manière exclusive, ne sont plus de mise. Toutes les expériences
conduisent à la conclusion qu’il faut professionnaliser l’action associative en faveur des PSH.
Il faut l’encourager en vue de développer la culture de l’efficacité, l’efficience et la
responsabilisation du personnel.
Aussi le travail associatif devrait-il être assuré par des salariés qui jouissent de leurs droits et
qui, de ce fait, se trouvent obligés de travailler selon le principe de l’obligation des résultats.
Le bénévolat démotive le personnel : « j’ai beaucoup de contraintes dont, entre autres,
l’éloignement de l’Association du quartier où j’habite. Si j’ai un accident au sein de cette
école, je n’aurais aucun droit ou assurance, car j’ai signé avec l’Association en tant que
bénévole. En contrepartie, je ne reçois même pas des remerciements » (Fatima). Le bénévole
n’est pas tenu par l’obligation des résultats : « Pour moi, l’on ne peut pas poursuivre et
contrôler une Association qui fonctionne grâce surtout à l’apport des volontaires. La gratuité
des prestations fournies par l’Association ne nous permet pas de demander à quelqu’un de
rendre des comptes » (FG, ADM).
L’association est appelée à recruter des personnes qualifiées ayant reçu une formation de
base dans le domaine de leurs interventions (des orthophonistes, éducateurs spécialisés,
kinésithérapeutes, assistantes sociales, orthoptistes…). L’expérience de l’Association
« Assabîl » de Midelt, prouve qu’un personnel formé et spécialisé adaptera mieux ses
approches et stratégies d’intervention aux particularités de la population desservie. La dite
association dispose d’une éducatrice spécialisée qui a reçu une formation de trois ans à
Rabat, en plus des formations continues. Ce qui permet d’assurer convenablement les
31
tâches d’écoute, accompagnement et rééducation sociale. Elle effectue des visites à domicile
afin d’impliquer les familles dans le processus d’intégration de leurs enfants handicapés
mentaux. Il faut aussi souligner l’expérience positive de l’Association de l’Enfance
Handicapée d’Agadir qui dispose d’une équipe pluridisciplinaire composée d’une assistante
sociale, technicien d’insertion, de kinésithérapeutes, d’orthophoniste, de psychomotricienne
et de plusieurs. L’expérience de l’AMH est également importante. Cette association dispose
d’une équipe pluridisciplinaire composée d’une directrice, une assistante sociale, deux
agents d’accueil administratif et juridique, trois agents chargés de l’intégration scolaire,
formation professionnelle et insertion professionnelle.
La professionnalisation du travail associatif doit toucher aussi les relations de travail. Selon
les résultats de l’enquête, les relations qui relient les salariés aussi bien à leurs supérieurs
hiérarchiques qu’aux bénéficiaires ont tendance à être plus personnelles que
professionnelles. Entre les salariés et les bénéficiaires, l’absence de professionnalisme
contribue à la consécration de l’approche-charité au détriment de l’approche-droit. En
outre, l’absence totale ou partielle de structure administrative influence l’organisation et la
définition des tâches et des attributions : « Nous sommes actuellement en train de voir
comment peut-on travailler dans un climat plus professionnel, car lorsque les relations de
travail deviennent très personnelles, on devient trop permissif et ça peut avoir des retombées
négatives, notamment lors de la prise de décision » (Salarié, AC).
La professionnalisation du travail social inclut aussi la réglementation des heures de travail
qui peuvent dépasser huit heures par jour. Ce problème concerne même les associations les
plus avancées dans l’appropriation des règles et des techniques modernes de travail.
La santé psychologique des salariés et des bénévoles doit aussi être une préoccupation
majeure de l’Association. Le stress et la charge émotionnelle du travail associatif, conjugués
au manque des moyens et l’incapacité de satisfaire tous les besoins des usagers, agissent
considérablement sur l’équilibre psychologique des prestataires : « Les agents associatifs
eux-mêmes se sentent frustrés. Ils partagent avec nous notre vécu, mais ils n’ont rien à nous
offrir sauf nous orienter vers d’autres structures » (Saida, maman d’EHMO, AC).
Ce thème a été évoqué aussi par l’un des salariés de l’AMH qui affirme que « l’excès
d’empathie dont nous faisons preuve influence nos vies personnelles […] Ce n’est pas sain.
Nous devons être capables de séparer la vie professionnelle de la vie personnelle ». Cette
situation est susceptible d’engendrer un Burn-Out chez les prestataires et réduire leur
aptitude à l’écoute et à la communication, sans parler des dégâts familiaux qui pourraient en
résulter. D’où l’importance d’un accompagnement au profit des prestataires visant à leur
apprendre comment assurer une meilleure gestion de leur émotivité. C’est dans ce cadre
que s’inscrit la formation en coaching, et autour de l’élaboration et l’évaluation de projets de
vie des PSH dont l’AMH fait bénéficier ses salariés grâce, notamment, à la contribution du
32
chef de projet Handicap International (dans le cadre du projet PAPS). Indéniablement, c’est
un exemple à suivre par les autres associations.
La non disponibilité d’un siège propre est un autre facteur qui entrave l’action associative :
"L'absence de siège constitue pour nous un problème majeur. Sans la résolution de ce
problème, nous ne serions pas en mesure de continuer à assurer des services aux adhérents,
ni non plus, de tisser des liens de partenariat » (Président, AAH).
L’emplacement du local de l’association, son aménagement et équipement révèlent une
autre dimension des contraintes rencontrées non seulement par les ONG des PSH mais de
l’ensemble des structures associatives, particulièrement au niveau des petites villes et
centres ruraux. L’absence de schémas directeurs de l’action sociale, ainsi que des standards
de construction et d’aménagement des locaux s’avèrent comme de séreux handicaps au
rayonnement de l’action associative et de sa capacité opérationnelle à porter un projet
global et intégré au profit des PSH.
Ce sont en général des besoins simples et faciles à satisfaire. Cependant, seules les
Associations qui disposent des moyens nécessaires et bénéficient des fonds et des
subventions qui arrivent à satisfaire leurs adhérents, tandis que les petites Associations
n’offrent que des prestations minimes à leurs adhérents.
3.5 Les valeurs et les principes prônés par les acteurs associatifs
L’objectif fondamental de la fondation de structures associatives est la création d'espaces
favorisant l'intégration sociale et la suppression de toute forme de discrimination et de
marginalisation dont sont victimes de nombreuses PSH. Aussi est-ce dans ce sens que toutes
les associations prônent des valeurs et des principes dont nous allons citer les plus évoquées
par les acteurs associatifs.
Au cœur de ces principes, il y a l'intégration de la PSH dans son environnement social, et
c'est ce qui a été exprimé par plusieurs Présidents d'associations : "Après que j'aie perdu la
vue à la suite d'un accident sur la voie publique, j'ai décidé de créer une association qui
dispense des services à cette catégorie de PSH. Je suis bien placé pour ressentir leurs
besoins » (Président, ATEK).
Les présidents associatifs déclarent aussi adopter une approche participative à l'intérieur de
l'association, en prônant la collégialité et la participation des adhérents en favorisant
l'expression des diverses opinions, besoins et propositions. Il y a aussi la recherche et la
collecte des dons pour pouvoir soutenir les PSH. Un autre principe a été soulevé par tous les
responsables associatifs participants à l’enquête. Il s’agit de l'égalité entre tous les
33
adhérents de l'association, quelle que soit la nature de leur handicap. Enfin, la défense des
droits des PSH est élevée par un acteur associatif au rang de principe éthique majeur :
«L'objectif de la création de l'association est de défendre les droits de la PSH, parce que cette
catégorie ne dispose d'aucune loi qui la protège réellement. Malgré l'existence de la loi sur
l'accessibilité, et la consécration de 7% des postes de recrutement à pourvoir par concours,
tout ceci n'est pas réellement pratiqué, et nous n'avons pas de loi pour la préservation de ces
droits" (Président, AAH).
3.6 Les services dispensés par les associations dont ont bénéficié les adhérents
Plusieurs interviewés ont reconnu avoir bénéficié de prestations fournies par les
associations. Certaines PSH affirment que c’est l’association qui leur avait ouvert la voie à
l’insertion professionnelle : « Grâce à l'association, j'ai pu trouver du travail » (PSH, AH).
L'association est aussi un espace d'accueil et d'écoute comme le confirme la maman de
Rayane : "Ils nous accueillent à tous moment et nous écoutent" (AC). Elle est aussi perçue en
tant qu’espace d’apprentissage : « Jour après jour, je sens que la santé de mon fils
s'améliore. Il a appris à parler français, et m'aide à préparer la table à la maison, et tout cela,
grâce aux efforts de Badiâ (éducatrice) » (Mère d’Ilyas, AI).
Le rôle médiateur de l’association est aussi évoqué par certaines PSH. : "J'avais un
problème à l'école et je l'ai relaté à l'association qui a contacté l'école, et a réglé le problème
me permettant de reprendre mes études". Non moins significatif à cet égard est le
partenariat que l’AMH a engagé avec l’OFPPT, « Centre Lalla Aïcha » à Casablanca, qui a
permis à plus de 100 PSH de suivre une formation professionnelle qualifiante (PSH, AMH).
L'association est aussi identifiée en tant qu’espace de formation et de réhabilitation :
« L’association nous prépare à la profession de demain » (PSH, AS). Une autre PSH souligne
l’apport de l’association à laquelle elle adhère : « Personnellement, je suis satisfait des
services de l'association qui m’initie et me prépare pour trouver un emploi. J’apprends ici la
menuiserie, je bénéficie de la gratuité du transport, de la participation aux compétitions
sportives et aux concours culturels dans différentes villes" (PSH, APTPBS). Pour ce qui est des
autres associations, les bénéficiaires n'ont exprimé aucun service important dispensé.
34
Tableau n°3
Récapitulatif des prestations assurées par les structures
Structures
associatives
Accueil Evaluation Information Orientation Accompagnement Total
AEH_ Inezgane OUI OUI OUI OUI OUI 5/5
AMH _Casablanca OUI OUI OUI OUI OUI 5/5
HORIZON_Ouarzazate OUI OUI OUI OUI OUI 5/5
CLIO
Salé
OUI OUI OUI NON NON 3/5
Défi_ Marrakech OUI NON NON OUI NON 2/5
NOOR_ Berkane OUI NON NON OUI NON 2/5
HASSANIA _Oujda OUI NON OUI NON NON 2/5
Association Des
Parents et des
Tuteurs des
Personnes à Besoins
Spécifiques _TAZA
OUI OUI NON NON NON 2/5
Association AL
Karama pour les
Personnes à Besoins
Spécifiques, et des
Actions
Humanitaires_
Zawyat Cheikh
OUI NON OUI NON NON 2/5
Les 14 structures
restantes de
l’échantillon retenu
OUI NON NON NON NON 1/5
35
4. Environnement institutionnel : partenariat et
gouvernance
L’environnement institutionnel est vital pour l’issue et la portée des actions que les
associations mènent en faveur des PSH. Il l’est autant par les multiples formes de soutien
qu’il dispense aux associations en général, dont celles qui travaillent avec les PSH, que par
les partenariats qu’il leur propose. Les agents institutionnels se réfèrent à des valeurs et
principes dont la mise en œuvre est susceptible de promouvoir l’action associative.
Toutefois, ils font face à des difficultés qui réduisent la portée de leur intervention.
4.1 Les principaux acteurs institutionnels
Les acteurs qui ne développent pas de prestations au profit des PSH mais dont l’implication
est importante sont, essentiellement, des acteurs institutionnels dont le champ d’action
concerne prioritairement le champ social, et commence à peine à affecter la situation des
PSH. Dans les pages qui suivent, nous comptons définir le profil de quatre acteurs
institutionnels en mettant en exergue leur mission, leurs valeurs, les partenariats qu’elles
établissent avec les structures associatives et les difficultés auxquelles elles font face.
Dans toutes les provinces incluses dans l’échantillon de l’enquête, nous avons essayé
d’interviewer les chefs des DAS. Dans la plupart des cas, cette tentative a échoué pour des
raisons diverses, notamment celles relevant des procédures. Résultat : Nous nous limitons à
livrer, en ce qui suit, les faits et données recueillis avec la minorité des responsables des DAS
qui avaient accepté nous accorder un entretien.
Pour ce qui est des autres responsables institutionnels, les difficultés pour les rencontrer
furent moins prononcées. Mais là aussi, nous nous limitons à analyser les contenus des
entretiens qu’il fut possible de réaliser. Les régions et provinces où les institutionnels
n’étaient pas approchés, ce sont tout simplement celles où il ne fut pas possible de réaliser
des entretiens avec eux en dépit des efforts louables des enquêteurs. Parfois, les
institutionnels n’étaient pas disponibles sur place au moment de l’enquête, ou pas encore
affectés.
4.2 Objectifs et rôles des acteurs institutionnels
La Division de l’Action Sociale fut mise en place dans pratiquement toutes les préfectures
du territoire national. Elle fut créée concomitamment au lancement de l’INDH. L’objectif
36
était d’en faire un instrument qui veille sur les projets mis en place dans le cadre de cette
initiative. Elle se présente, donc, sur la scène du développement local, en tant que premier
responsable des projets s’inscrivant dans le cadre de l’INDH, qui est censée mener des
actions en direction des couches sociales les plus vulnérables et consacrer un intérêt
particulier aux PSH.
Le travail qu’elle mène avec les PSH s’inscrit dans le programme de lutte contre la précarité
sociale. Un phénomène qui concerne au plus haut degré les PSH. L’une des missions
essentielles de cette structure consiste à offrir des aides aux associations qui travaillent en
vue de promouvoir l’insertion sociale des PSH. Ces aides prennent des formes multiples,
telles que la création de centres d’accueil et la formation du personnel de l’association.
Il ressort des entretiens menés auprès des responsables de la DAS que le rôle de cet
organisme en rapport avec le handicap est actuellement limité, comparativement à
l’ensemble des rôles qu’il est censé jouer et les objectifs qu’il s’est fixé d’atteindre. Aussi
certains services ne sont-ils pas fonctionnels dans le cadre des partenariats établis avec les
structures associatives.
La division comprend un service qui a pour mission le suivi, la supervision et la gestion du
budget alloué aussi bien à la division qu’aux projets menés dans le cadre du partenariat avec
les associations. Cette gestion se concrétise à travers un comité de supervision qui est
constitué par un représentant de la DAS et un représentant de l’Entraide Nationale dont la
mission principale consiste à assurer le suivi des différents projets et travaux par des visites
sur le terrain.
Rappelons que l’intervention de l’INDH différent, selon les provinces et en fonction de la
présence des quartiers urbains et des communes ciblés par cette initiative. D’autre part,
l’apport financier exigé des associations (30 % environ) pour la mise en œuvre des projets de
l’INDH est une sérieuse contrainte, notamment pour les petites associations dont les
ressources sont très limités.
Le manque de formation et d’encadrement des ong, évoqué plus haut, est souvent la
principale raison de rejet des projets par la DAS pour vices de formes ou de critères
d’éligibilité non respectées (i.e., renouvellement des bureaux conformément aux statuts de
l’ONG, documents administratifs incomplet, projets en dehors des objectifs et des priorités
de l’INDH, etc.,).
4.2.1 L’Entraide Nationale a vu le jour en 1957. C’est la structure la plus ancienne en
comparaison avec les autres intervenants dans le domaine de l’handicap. L’objectif
fondamental qui lui fut assigné consiste à prendre en charge les personnes en situations
difficiles, dont les PSH.
37
Elle représente le premier recours et le principal interlocuteur des associations qui
recherchent un appui à leurs projets. Sa mission essentielle consiste à dispenser de l’aide aux
personnes en situations de précarité et d’exclusion sociales. Elle œuvre en partenariat avec
les associations qui travaillent dans le champ social, dont les associations travaillant avec les
PSH.
L’Entraide Nationale intervient aussi pour exempter les associations des impôts et frais de
douane. Elle leur facilite l’importation des équipements médicaux, notamment les fauteuils
roulants, médicaments…
L’entraide Nationale gère de centres pour les PSH :
‘’Deux structures spécifiquement dédiées à l'handicap, sont des centres de l'entraide
nationale: le centre de Khemisset et un autre au niveau de Casablanca. Tous les deux
assurent une prise en charge totale des PSH (transport, formation scolaire)’’ (EN, Rabat).
En ce qui concerne le nombre d’association des PSH subventionnées par l’EN, les
données ne sont pas encore à jour :
‘’L’on n'a pas un chiffre précis dans le domaine de l’handicap, mais on subventionne environ
2500 structures sur tout le Maroc’’ (EN, Rabat).
4.2.2 L’Agence de Développement Social est une institution publique sous la tutelle du
MDSFS. Elle a pour mission essentielle la mise en place des projets visant la réduction de la
pauvreté et la promotion du développement social à travers le renforcement des capacités
des différents intervenants dans le domaine du développement local, y compris les
associations travaillant pour le bien-être des PSH.
Elle tente d’atteindre ces objectifs par la promotion d’activités génératrices de revenus, la
création d’opportunités d’emploi, ainsi que par l’amélioration des conditions de vie des
populations marginalisées, en milieux urbain et rural.
Il ressort des entretiens effectués auprès des responsables de l’ADS que les associations
œuvrant dans le domaine du développement, surtout celles qui s’intéressent aux activités et
projets générateurs de revenus, sont les principaux partenaires associatifs de l’ADS.
L’identification des associations crédibles parmi celles qui présentent des projets est l’une
des principales préoccupations de l’ADS :
‘’ Il faut que les attentes soient conformes aux procédures de l'ADS, et surtout que leurs
projet se tiennent, et que l'association porteuse de projets ait une certaine légitimité’’ (ADS,
Casablanca)
38
Selon le responsable de l’ADS à Meknès, les associations ne comprennent pas encore le rôle
de l’agence qui est celui de renforcement des compétences et non de financeur ou bailleur
de fonds.
Un responsable régional de cette institution insiste qu’il ‘faut différencier l'ADS et les autres
institutions. Nous, dit-il, on renforce les capacités autour d'axes thématiques précis. La
construction des centres, on la laisse à l'INDH. Actuellement, on développe un plan d'action
régional, mais on n'a pas de répertoire clair de toute façon. L’on essaie aussi de développer
des formations qui vont démarrer en début mars <2010>. Concernant les associations, on va
essayer de faire un diagnostic afin de connaitre leurs besoins’’ (ADS, Meknès).
En tant qu’agence d’ingénierie sociale, l’ADS souhaite l’intégration des demandes des
associations en matière d’aide et de construction des locaux dans le cadre d’une véritable
approche de développement social, et ce, par le renforcement des compétences des
associations :
‘’ Il ne s'agit pas seulement de construire des centres, mais il faut aussi assurer la formation
du personnel et poursuivre leur viabilité. Les perspectives s'annoncent prometteuses, mais
on est aussi demandeurs. Il faut mettre en place une étude qui recense les associations du
grand Casablanca, investir dans les ressources humaines’’ (ADS, Kenitra).
La coordination régionale de l’ADS à Rabat est très avancée dans ses partenariats avec le
tissu associatif. Toutefois, aucune évaluation n’a été faite jusqu’à présent :
‘’Il n'y a pas encore d'évaluation. L’on essaye d'évaluer en termes d'impact du projet,
son effet au niveau des localités. Il y a plusieurs étapes à parcourir : instruction, faisabilité,
contractualisation, réalisation et mise en valeur ’’ (ADS, Rabat).
La ‘’frustration’’ constatée des ong enquêtées vis-à-vis de l’ADS est symptomatique, dans la
mesure où elle reflète une importance carence en matière d’information par rapport aux
objectifs et priorités de l’ADS qui ciblent le renforcement et la professionnalisation des ONG
et non le financement directe des projets.
4.2.3 L’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi et des Compétences joue le rôle de
médiateur entre le demandeur d'emploi et l'employeur potentiel. Elle se charge de la
transmission des dossiers des candidats aux employeurs qui ont la latitude d’embaucher le
candidat qu’ils considèrent le plus apte.
Elle assure aussi des formations sous forme d’ateliers (atelier pour l’élaboration du CV,
atelier de mise en valeur des compétences, de préparation aux entretiens d’embauche…).
39
La relation que cette Agence établit avec les associations consiste à mandater certaines
d’entre elles pour gérer des guichets « Moukawalaty »2
. L’objectif étant de rapprocher ses
services de la population, notamment dans les régions où cette institution ne dispose pas de
délégations.
Ce rôle d’intermédiation est bien expliqué par un cadre de L’ANAPEC de Kénitra :
« La mission de l’ANAPEC c'est l'intermédiation en emploi, donc notre but principal ce n'est
pas le partenariat avec les associations. On se place au carrefour entre les entreprises, les
formations et les demandeurs d'emploi. On agit aussi sur la création d'entreprise, mais on a
2 partenariats avec les associations’’ (ANAPEC, Kénitra).
Sensible à l’importance de la collaboration avec les associations des PSH, le responsable de
l’ANAPEC à Meknès déplore le manque de coordination et de répartition des tâches entre les
différents acteurs associatifs :
‘’Il manque une synergie entre l'ensemble des partenaires, parce que il n y a pas de
mutualisation des compétences, une réflexion et plans communs’’.
L’intérêt que manifeste l’ANAPEC à l’égard des PSH est encore minime. Il se réduit à la
formation des bénéficiaires en vue de leur donner plus de chances d’insertion
professionnelle. Cependant, l’institution est soumise aux exigences du marché et ne peut, en
aucun cas, obliger les employeurs privés à recruter des PSH.
4.3 Le partenariat associatifs/institutionnels
Comment le partenariat avec les structures associatives travaillant avec les PSH a-t-il été
approché par les acteurs institutionnels ? Nous essayerons de répondre à cette question en
prenant en considération la spécificité de ces acteurs, et la variété des contextes sociaux au
sein desquels ces partenariats furent établis.
La DAS fixe les conditions que les associations candidates au partenariat doivent remplir.
Nous-en citons les suivantes :
2
- http://www.moukawalati.ma/
40
• avoir un statut juridique réglementaire ;
• faire preuve d’une expérience suffisante et d’une expertise reconnue dans le
domaine de l’handicap ;
• avoir réalisé certaines interventions réussies et des prestations concrètes et réelles
au profit des PSH.
L’association candidate qui remplit ces conditions, devient éligible au partenariat avec la
division. Toutefois, au vu des moyens et ressources modestes dont disposent la plupart des
associations, il n’est pas du tout surprenant que seule une minorité d’associations soient en
mesure de satisfaire aux conditions ci-dessus signalées, et partant, d’établir un partenariat
avec la DAS.
Les données recueillies permettent de constater que la DAS veille à la mise en place de
partenariats avec les associations travaillant dans le domaine de l’handicap en leur
accordant des subventions pour l’équipement et la construction des centres d’accueil, et en
leur facilitant l’organisation de sessions de formation au profit du personnel. Toutefois, vu la
modestie du budget alloué aux PSH, la contribution reste limitée, par rapport aux attentes
des associations, et par conséquent, ne permet la construction et l’équipement que de deux
à trois centres par an. Un tel constat nous a été communiqué par le Chef de la DAS de la
Préfecture d’Oujda-Angad : « Nous disposons d’un budget annuel. Chaque année nous
planifions l’intervention au niveau de deux à trois centres dont le choix se fait suite aux visites
sur terrain et en concertation avec les associations concernées ». L’intervention de de la DAS,
par ses compétences et attributions, se limite au seul niveau de l’appui matériel
(construction de centres, équipement…). En effet, la DAS n’intervient pas dans la proposition
de programmes ou services destinés au renforcement des capacités des associations et à
l’amélioration de leurs prestations aux PSH. La DAS n’intervient pas, non plus, dans le
recrutement par les associations des ressources humaines qualifiées, ni ne veille à élargir le
champ du partenariat de manière à impliquer les partenaires des associations travaillant
directement avec les PSH.
La province de Béni-Mellal représente un autre contexte partenarial. Le chef de la DAS de la
préfecture de Beni Mellal n’a mentionné aucun partenariat avec les associations. Celui-ci est
toujours en cours d’étude ou d’exécution. A cet égard, il rapporte les précisions suivantes : «
Il y a un projet en cours d’étude. Il s’agit de la construction d’un complexe multidisciplinaire
qui comportera un service dédié aux enfants sourds-muets… un autre projet similaire est en
cours d’exécution à Kasba Tadla ». En revanche, ce même responsable a rappelé le sort d’un
partenariat établi avec une association locale, mais qui a fini par le détournement d’environ
40.000 Dh. Même si ce cas reste limité, il renvoi aux capacités de certaines associations de
porter de grands projets ainsi que d’assurer une bonne gouvernance et justifié la riguer des
procédures, sources de mécontentement chez plusieurs associations.
41
La DAS a également établi des relations de partenariat avec d’autres acteurs institutionnels.
Ce type de partenariat est encore plus limité que le précédent. En effet, d’après les
entretiens menés auprès des responsables des DAS, seule la DAS d’Oujda-Angad a contracté
un partenariat avec le MDSFS et le MS.
Le chef de la DAS d’Oujda-Angad présente cette expérience comme suit : « Nous avons
entrepris un partenariat avec le MS, et ce, à travers la construction d’un Centre de
Kinésithérapie. Un autre partenariat fut établi avec le MDSFS. Il a abouti à la mise en place
d’un Centre pour les personnes ayant un handicap mental. En plus, nous avons un
partenariat avec l’Entraide Nationale. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’un véritable
partenariat. Il s’agit plutôt de supervision et de suivi ». Il exprime sa satisfaction à l’égard des
partenariats contractés dans le cadre de l’INDH : « Nous sommes, en général, satisfaits. Il y a
des associations qui n’avaient pas de local, alors qu’à présent, elles disposent d’un siège
propre pour chacune d’elles. En plus, dans le cadre de l’INDH, un réseau de centres pour PSH
a été mis en place ».
Le travail dans le cadre de l’INDH conduit la DAS à établir des partenariats avec les
associations qui œuvrent dans le domaine de l’handicap. Parmi ses apports majeurs, il y a
lieu de citer la contribution active aux prestations offertes aux PSH et qui ne visent pas
seulement la satisfaction de leurs besoins financiers, mais aussi leur insertion socio-
économique à travers la création d’espaces d’accueil, la formation de cadres associatifs,
l’équipement des associations, etc. Le responsable de la DAS à la préfecture d’Oujda-Angad
précise la nature de son intervention : « Nous n’offrons pas des aides matérielles, mais plutôt
un soutien logistique sous forme de don d’équipements, ou de création de centres d’accueil
qui ciblent, de manière fondamentale, les personnes en situations précaires, dont les PSH ».
Quant à l’EN, l’on note que les partenariats qu’elle a établis avec les associations qui
œuvrent dans le domaine de l’handicap demeurent encore peu diversifiés : le soutien qu’elle
offre concerne essentiellement l’achat d’équipements pour les associations et l’organisation
de sessions de formation au profit de leurs salariés ou bénévoles.
Néanmoins, les entretiens réalisés auprès des responsables de l’EN à Oujda, Berkane et
Ouarzazate font ressortir une réelle satisfaction à l’égard des résultats du partenariat établi
avec les associations. Le coordinateur de l’EN à Berkane précise ce qu’il entend par
« partenariat » : « Quand on dit partenariat, on dit consensus et consentement entre les
deux parties à travailler ensemble afin de fournir une prestation de qualité ». Son
homologue de Ouarzazate exprime sa satisfaction en mettant en exergue les résultats
atteints : « Nous sommes très satisfaits du partenariat que nous avons contracté avec
plusieurs associations, car nous avons touché de près les résultats visés. C’est vrai que ces
associations font face toujours à des difficultés, mais en général, nous avons pu offrir des
aides selon nos moyens, et le niveau que l’association Horizon (AH) a atteint le prouve ».
42
Le coordinateur Régional de l’EN à OUJDA affirme, de sa part, que « les associations
devraient concevoir des projets dans le cadre de l’INDH. C’est le cas de l’AAH avec laquelle
on travaille en partenariat avec la Coopérative AL HOD. Nous avons dispensé une formation
dans le domaine de la confection des tapis ».
Des propos similaires ont été tenus par le responsable de l’EN à la préfecture d’Inezgane-Ait
Melloul : «Hormis certains dysfonctionnements minimes, nous sommes, dans l’ensemble,
satisfaits des résultats atteints. Il faut bannir les approches unilatérale et sectorielle car
l’expérience a bien démontré leurs limites ».
Toutefois, parmi l’ensemble des représentants de l’EN, le seul qui a mentionné les difficultés
inhérentes aux partenariats avec les associations, fut le coordonnateur de l’EN à Oujda. Il a
souligné l’absence de coordination entre l’ensemble des acteurs institutionnels qui
contractent des partenariats avec les associations œuvrant dans le domaine de l’handicap. Il
n’a pas manqué de préciser les risques d’une telle déficience : « Certains services comme la
DAS ou d’autres institutions publiques subventionnent certaines associations sans que nous
en soyons au courant. L’absence de coordination entre les acteurs institutionnels engendre
beaucoup de problèmes. Il arrive, parfois même, que des aides soient fournies à des
associations fictives ».
Si l’on prend le cas de l'ANAPEC de Ouarzazate, on constate que cette agence tisse des
relations avec toutes les associations, y compris celles qui s'intéressent aux PSH. Son
directeur a affirmé que l'agence est partenaire de plusieurs associations, notamment
l'association Horizon pour les PSH. En effet, l'intérêt particulier envers ce partenaire,
toujours selon le responsable, découle des résultats positifs atteints sur le terrain, ainsi que
de l'engagement et de la qualité du travail dont l'association Horizon a fait preuve.
A son tour, le responsable de l'ANAPEC à Oujda signale que la collaboration avec les
associations se limite souvent à l’implication de ces dernières dans la gestion du guichet
"Moukawalaty" et le guichet d’accueil des personnes demandeuses d’emploi. Il affirme que
les conventions de partenariat avec les associations ne dépassent guère cet objectif. Ce
même responsable rappelle, que dans les annales de l’ANAPEC, une seule convention de
partenariat fut signée avec l'office de la formation continue et l’AAH à Oujda dans l’optique
de former des télé-conseillers et d'intégrer les PSH dans le marché de l'emploi. Toutefois, ce
partenariat a échoué, car les PSH n'ont pas été admises alors que des personnes non
handicapées ont été recrutées dans le cadre de la même convention.
Le responsable de l'ANAPEC à Oujda a soutenu, par ailleurs, que son établissement ne fait
pas de discrimination entre une PSH et une personne non handicapée : " Nous exerçons
dans le cadre de cet établissement une fonction de médiation entre deux clients :
L’employeur ou l'entrepreneur qui recherche des compétences pour son entreprise, et le
Rapport état des lieux des service de proximité sur le territoire du MAROC
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Rapport état des lieux des service de proximité sur le territoire du MAROC

  • 1. Etat des lieux des structures sociales 2009/2010 État des lieux des Structures sociales offrant des prestations en accueil, information, évaluation, orientation et accompagnement au Maroc Etude qualitative Mokhtar El Harras Driss Bensaid Sociologues 2010
  • 2. 2 Table des matières Remerciements 4 Acronymes 5 Introduction 6 1. Méthodologie 8 1.1 Les techniques d’enquête 11 1.2 Organisation de focus groupes 11 1.3 Réalisation d’entretiens individuels semi-directifs 14 1.4 Utilisation d’une grille d’observation 14 1.5 L’analyse des données 15 2. Typologie des prestations des structures associatives 16 2.1 Classification selon le type d’handicap 16 2.3 Classification selon la gratuité ou la non gratuité des prestations 18 2.4 Classification selon la localisation géographique 18 2.4 Classification selon le type d’activité 18 3 .La rencontre avec la structure et les modalités d’adhésion 20 3.1 Les raisons du recours aux structures associatives 21 3.2 Emplacement, accessibilité des locaux et adéquation aux besoins de confidentialité et de mobilité. 22 3.3 La prise en compte des projets de vie des PSH 25 3.4 Principales contraintes rencontrées par les structures associatives 26 3.5 Les valeurs et les principes prônés par les acteurs associatifs 32 3.6 Les services dispensés par les associations dont ont bénéficié les adhérents 33 3. Environnement institutionnel : partenariat et gouvernance 35 4.1 Les principaux acteurs institutionnels 35 4.2 Objectifs et rôles des acteurs institutionnels 35 4.2.1 L’Entraide Nationale 36 4.2.2 L’Agence de Développement Social 37 4.2.3 L’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi et des Compétences 38 4.3 Le partenariat associatifs/institutionnels 39 4.4 Principes présidant à l’intervention des acteurs institutionnels 43 4.5. Les difficultés affrontées 46 4. Les personnes en situation d’handicap 48 5. 1 Des potentialités non encore perçues à leur juste valeur 48 5.1.1 Principales difficultés affrontées par les PSH 48 5.1.2 Les besoins/souhaits/attentes des PSH : 49 5.2 Avis et appréciations des PSH sur les principales prestations des associations 52 5.2.1Accueil 53 5.2.2 L’évaluation 63 5. 2.2.1 Comment se formalise ce service ? 63 5.2.3 L’information 66 5.2.3 L’orientation 71 5.2.4 L’accompagnement 73
  • 3. 3 6. L’appréciation globale des prestations des structures associatives 75 Conclusion 78 Recommandations 81 7. Annexe 86 Annexe I : Résultas de létude qualitative 87 ANNEXE II : Guides de collecte de données 109 1. Guide d’animation des Focus Group 109 2.Guides d’entretiens 113 2.2 Guide d’entretiens responsables secteurs 114 2.3 Guide d’entretiens fondateurs 116 2.4 Guide d’entretien salariés/ engagement 117 3. QUESTIONNAIRE 119 4. Croquis et schémas de quelques locaux des associations 125
  • 4. 4 Remerciements Cette étude est le résultat d’une collaboration entre Handicap Internationale et l’Université Mohamed V- Agdal. Que Monsieur Fouad Madec et l’ensemble de l’équipe d’Handicap International trouvent ici notre reconnaissance pour nous avoir fait confiance dans la réalisation de cette étude. Nos remerciements les plus chaleureux vont aux personnes en situation d’handicap et des responsables associatifs qui ont accepté et soutenu notre démarche. Nos remerciements vont également aux Messieurs les responsables des Divisions de l’Action Sociale dans les provinces enquêtées, les responsables régionaux de l’Entraide Nationale, L’ANAPEC et l’Agence de Développement Social. Nos remerciements vont également à Mohamed baabouchi et Ismaïl lahlou, étudiants- chercheurs et acteurs volontaires à Handicap International pour tous les efforts déployés lors des phases de préparation et de conduite de l’enquête de terrain. Nos remerciements vont, enfin, aux étudiants du Master « Mutations sociales et développement local » de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Rabat, Université Mohammed V_ Agdal, et ce, pour l’excellent travail effectué.
  • 5. 5 Acronymes AAH : Association Al Hassania (Oujda) CC : Centre Clio (Salé) ADM : Association Défi Marrakchi (Marrakech) AAJ : Association ALMAHABBA (JERADA) AAO : Association Al Hassania (Oujda) AEH : Association de l’Enfance Handicapée (Inezgane) ADPNV : Association Diyaâ des Personnes Non Voyantes (Midelt) AEG : Association El Gharb (kénitra) ASEK : Association Sportive El Kacemiya (Sidi Kacem) AH : Association Horizon (Ouarzazate) AI : Association Idmaj (Salé) AMH : Amicale Marocaine des Handicapés AN : Association Nour (Berkane) AK : Al Karama (Zawiat Cheikh) APTPBS : Association Des Parents et des Tuteurs des Personnes à Besoins Spécifiques (Taza) AS: Association Soref (Al Hoceima) AT: Association Tiklit (Mrirt) ATEK: Association Takafoul El Khair (Casablanca) ATT: Association Tawenza (Tounfit) AVV : Association Voie à la Vie (Midelt) DAS : Division de l’Action Sociale EHMO : Enfant Handicapé Moteur EHME : Enfant Handicapé mental EN : Entraide Nationale ESH : Enfants en Situation de Handicap FG : Focus groupe MDSFS : Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité MI : Ministère de l’Intérieur MS : Ministère de la Santé PSH : Personne en Situation de Handicap PHMO : Personne Handicapée Motrice PHME : Personne Handicapée Mentale PHNV : Personne Handicapée Non Voyante PHS : Personne Handicapée sensorielle PHSM : Personne Handicapée Sourde-muette
  • 6. 6 Introduction Au regard de l’importance que revêtent les structures associatives et institutionnelles pour l’insertion sociale des PSH, Handicap International a décidé de mener une évaluation les principes présidant au travail de ces structures, leurs modes de fonctionnement, leurs degrés d’ouverture sur des acteurs et les institutions externes, les contraintes et difficultés auxquelles elles font face, les locaux et les ressources humaines dont elles disposent, ainsi que leurs pratiques en matière d’accueil, évaluation, information, orientation et accompagnement. L’objectif est, aussi, de déceler les points communs et les différences existantes entre les associations travaillant avec les PSH en termes de rationalité organisationnelle, de ressources humaines et de moyens disponibles, de nombre de bénéficiaires, salariés, volontaires et bénévoles, de partenariats conclus avec des institutions publiques et des ONG’s nationales ou internationales, de modalités de liens établis avec les PSH et de services dispensés, de modes selon lesquels l’on accueille, informe, oriente, accompagne les PSH, et l’on évalue leur situation spécifique. Il s’agit, à ce niveau, de cerner les décalages existants entre les structures associatives afin de réfléchir aux mesures à même de hisser les moins favorisées au niveau de celles dont l’état d’avancement est presque comparable à certaines structures similaires au nord de la Méditerranée. Il est logique qu’elle se pose des questions sur les liens existants entre, d’une part, les associations, et d’autre part, des institutions publiques partenaires dont on attend une implication nettement plus tangible et élargie que ce n’est le cas jusqu’à l’heure actuelle. Ce sont les acteurs qui ne développent pas encore de prestations importantes en faveur des PSH mais dont l’implication ne peut être que bénéfique. Handicap International est conscient du caractère vital de la qualité des rapports humains et professionnels que ces structures associatives et institutionnelles établissent avec les PSH. Les responsables et acteurs de cette ONG savent que l’objectif de l’insertion sociale des PSH ne peut être atteint sans se mettre à l’écoute de leurs besoins et difficultés, sans l’aménagement d’espaces d’accueil accessibles, la formation de personnel associatif spécialisé et compétent, la mise en place de systèmes d’information adéquats, l’adoption de mécanismes adaptés d’évaluation, orientation et accompagnement, l’établissement de modalités de fonctionnement selon les règles d’une gouvernance transparente, efficace et participative, l’accompagnement de chacune des PSH dans la construction de son projet de vie personnel… C’est justement à partir de ces questions, et d’autres encore, que nous avons
  • 7. 7 été sollicités pour essayer de voir dans quelle mesure ces types de liens, de fonctionnement et d’organisation sont-ils déjà, ou pas encore, une réalité dans les visions et les pratiques associatives et institutionnelles au Maroc ? Bien évidemment, toute cette évaluation ne peut réussir sans la connaissance préalable des besoins, souhaits et attentes des PSH. Si l’on ne connaît pas, d’abord, les difficultés et les contraintes auxquelles les PSH font quotidiennement face, l’on ne serait certainement pas en mesure d’adapter les structures associatives et institutionnelles à leurs réalités et attentes. Plus encore, si l’on ne prend pas en considération la diversité des situations d’handicap et des structures associatives s’adressant aux PSH, et partant, la multiplicité des besoins et des réponses susceptibles d’y être apportées, nous ne pourrions pas décliner le discours abstrait et standard en approches et pratiques personnalisées. Les PSH présentent des degrés différents d’autonomie et de dépendance. Par conséquent, toute solution généraliste et abstraite risquerait fort de conduire vers l’arbitraire et l’aléatoire des mesures imposées en dehors de toute connaissance empirique des facettes multiples de l’handicap.
  • 8. 8 Méthodologie Les PSH représentent une catégorie de la population Marocaine avec laquelle l’approche participative est incontournable. Personne des non handicapés ne peut se mettre à leur place pour exprimer leurs besoins, difficultés, et exprimer leurs souhaits et souffrances au quotidien. A ce titre, l’approche méthodologique retenue a privilégié la démarche qualitative te participative pour l’élaboration des contenus des outils de collecte de données, de leur structuration et mise en œuvre. Les termes de référence de l’étude ainsi que les orientations méthodologiques ont été proposée par Handicap International. Le tirage de l’échantillon, la mise en forme des guides (technique et linguistique) ainsi que l’organisation du travail de terrain ont été mené en étroite concertation et collaboration entre HI et les chercheurs universitaires, rédacteurs de ce rapport. La spécificité du contexte socioculturel marocain, et la diversité des sites où l’étude allait se dérouler ont été, à ce niveau, largement prises en compte. La démarche méthodologique traduit, ainsi, la combinaison du savoir-faire et d’une connaissance profonde du tissu associatif accumulés par HI et le travail des sociologues et de leurs étudiants, ce qui permis à la méthodologie de gagner en efficience et en pertinence. Dans une première phase, l’on a eu recours aux centres d’appels en vue d’administrer des questionnaires aux acteurs associatifs travaillant avec les PSH. Après conclusion de l’accord, les agents des centres d’appels se sont mis à contacter l’ensemble des associations à joindre dont le nombre s’élevait à près de 340 structures associatives et institutions publiques et médicales1 . Or, l’on a dû faire face à des problèmes de faux numéros de téléphone, de responsables pratiquement injoignables, et à une certaine proportion d’entre eux, qui tout simplement, n’ont pas souhaité répondre. Résultat : l’on n’a pu avoir la réponse que d’une proportion de 27% du total des acteurs associatifs, institutionnels et médicaux contactés. En dépit des déperditions constatées, les résultats de l’étude effectuée par les Centres d’Appels nous ont permis, néanmoins, de sélectionner l’échantillon de l’étude. Nous avons tenu à ce qu’il inclue des associations et des institutions dans différentes régions 1 - Les résultats de l’étude quantitative d’HI menée en collaboration avec les Centres d’Appel et visant l’identification des structures associatives susceptibles d’être concernées par l’étude. CF. annexe n° 1, p 85.
  • 9. 9 économiques du Maroc. Nous avons sélectionné ces régions en prenant en considération les critères suivants : 1/ La diversité des situations d’handicap ; 2/ La disponibilité de structures associatives et institutionnelles ; 3/ La diversité en matière de qualité des prestations offertes aux PSH ; 4/ La diversité des aires socioculturelles ; L’un des objectifs essentiels de l’ quantitative était justement celui de permettre, sur des bases scientifiquement valides, de sélectionner l’échantillon de l’étude qualitative. Nous avons aussi tenu compte de la variable du milieu de résidence (urbain/rural), bien que l’accent a été mis surtout sur les villes. De ces dernières, nous avons sélectionné des petites, moyennes et grandes villes. Nous avons également veillé à ce que les types principaux d’handicap y soient approchés à travers les liens PSH/structures associatives et institutionnelles. Structures associatives incluses dans l’échantillon Tableau n° 1 (Réparties selon les villes et les régions économiques) Ville/région économique Association Ville Région économique 1/ Association AL GHARB des sourds muets Kénitra Gharb-Chrarda-Beni Hssen 2/ Association sportive EL KACEMIYA des handicapés et des œuvres Sociales Sidi Kacem Gharb-Chrarda-Beni Hssen 3/ Association des Parents et Amis des Handicapés Mentaux de Taza – APAHM Taza Taza-Al Hoceima- Taounate 4/ Association SOREF pour les droits de la personne handicapée El Houceima Taza-Al Hoceima- Taounate 5/ Association Nour des Personnes Non Voyantes Berkane L’Oriental 6/ Association EL MAHABA pour la culture et le développement Jerrada L'oriental 7/ Association AL HASSANIA des Oujda L’Oriental
  • 10. 10 Ville/région économique Association Ville Région économique Handicapés 8/ Association Chemins vers la vie - ASSABIL ILALHAYAT (ASBL) Midelt Meknès-Tafilalet 9/ Association TIQLIT pour le développement rural et l’environnement M'rit Meknès-Tafilalet 10/ Association Tawnza pour le Dévelopement Khénifra Meknès-Tafilalet 11/ Association Collectif Autisme Maroc Rabat Rabat-Salé-Zemmour- Zaer 12/ Association Attakafoul pour la Solidarité avec l’Handicapé Casablanca Grand Casablanca 13/ Association Alhadaf pour les personnes mal et non voyantes Casablanca Grand Casablanca 14/ Association Défi Sportif de Marrakech Marrakech Marrakech-Tensift-Al Haouz 15/ Association Al Karama pour la formation et l'insertion des personnes aux besoins spécifiques de ZAOUIYAT CHEIKH. Beni Mellal Tadla-Azilal 16/ Association A.E.H Agadir Souss-Massa-Draa 17/ Association Al HANANA pour les personnes handicapées Agadir Souss-Massa-Draa 18/ Association DADES des personnes handicapées Ouarzazate Souss-Massa-Draa 19/ Association Horizon Ouarzazate Sous-Massa-Draa 20/ Association TAMOUNT de développement Guelmim Guelmim-Es Smara 21/ Association Al Amal Tata Guelmim-Es Smara 22/ Association Iguidar Guelmim Guelmim-Es Smara 23/Association Idmaj Salé Rabat-Salé Zemmour Zair
  • 11. 11 1.1 Les techniques d’enquête Vu la diversité des sites, des structures associatives et institutionnelles, ainsi que des situations et besoins des PSH, la multiplication des sources d’information, et partant, des outils méthodologiques, nous a paru nécessaire. En recueillant des données diverses par l’usage de techniques d’enquête qualitatives, on court moins le risque de commettre des erreurs, ou de tirer des conclusions inappropriées. De plus, cette triangulation méthodologique permet de compléter les résultats obtenus par l’utilisation d’autres techniques d’enquête, ainsi que de les confirmer. L’approche à partir d’angles différents a, en plus, le potentiel de capturer la complexité du phénomène et d’assurer une meilleure interprétation des données du terrain. Aussi avons-nous opté pour l’utilisation de l’entretien individuel, du focus groupe et de l’observation. 1.2 Organisation de focus groupes Le focus groupe est une méthode de recherche participative qui se fonde sur le principe systémique du feed-back, et s'élabore dans un contexte de communication ouverte et de discussion interactive. C'est un espace d'échange, de communication et d'inter-influence, aussi bien que de redéploiement des stratégies de pouvoir, de conflit et de séduction. L'utilisation de cette méthode dans le cadre de cette étude se justifie par les considérations suivantes: Le choix de cette méthode est pertinent chaque fois que la connaissance des perceptions, attitudes et motivations des personnes concernées est nécessaire ; Dans un focus groupe, les réponses des participants y sont stimulées, non seulement par les questions de l'animateur mais aussi par les réponses à celles-ci. Surtout que pour l'étude de sujets complexes où s’entremêle des situations de vulnérabilité et des états de santé, il est nécessaire, non seulement d'exprimer un accord ou un désaccord, mais d'élaborer un discours et d'exprimer un système de pensée. Le focus groupe permet d'augmenter la taille de l'échantillon sans qu'il soit nécessaire d'augmenter "dramatiquement" la durée de l'entretien. Il permet, en plus, de "tomber sur des idées" et d'explorer des thèmes non prévus par le chercheur. En comparant leurs motivations, attitudes et représentations avec les autres, les participants à l'animation de groupe deviennent parfois pleinement conscients de phénomènes personnels qui sont restés, jusque là, subconscients. Les interactions qui s'y produisent sont susceptibles de les rendre conscients de choses auxquelles ils n'avaient jamais pensé auparavant.
  • 12. 12 Lieu de réunion Nous avons tenu les réunions focus groupes dans le siège des Associations. Certes, ce n’est pas un lieu neutre où les PSH pourraient s’exprimer hors de toute contrainte. Mais c’est l’alternative la plus accessible vu les limites du budget qui nous été alloué. Composition des focus groupes Notre objectif initial concernant la composition des focus groupes c’était de réunir, dans la mesure du possible, des personnes ayant différents types d’handicap. Nous espérions ainsi avoir des approches variées des thèmes débattues. Or, ce plan n’a pas pu être toujours mis en application. D’autre part, pour certains focus groupes, l’on a dû écouter les mamans et les agents associatifs conjointement aux PSH. La nature de l’handicap ne permettait pas toujours à la personne concernée de s’exprimer directement sur sa situation et sa prise en charge par la structure. Nous présentons, ci-après, la composition des 14 focus groupes que nous avons pu organiser : Tableau n° 2 Répartition des Focus Groupes Association Ville Participants au focus groupe Association SOREF pour les droits de la personne handicapée Al -Hoceima 2 PHMO / 2 PHSM/ 1 PHME (4 femmes et 1 homme) Association El Mahaba pour la Culture et le Développement Jerrada 2 EHME /4 PHMO/PHME (Aidés par 2 femmes et 1 homme) (2 femmes et 4 hommes) Association Nour des Personnes Non Voyantes Berkane 6 PHNV (2 femmes et 4 hommes) Association des Parents et Amis des Handicapés Mentaux de Taza – APAHM Taza 4 PHME (hommes) / 2 PHSM (femmes)
  • 13. 13 Association Ville Participants au focus groupe Association Al Karama pour la Formation et l'Insertion des Personnes aux Besoins Spécifiques Zawiyat Cheikh 2 PHSM / 2 PHMO / 1 PHS (hommes) Association AL HASSANIA des Handicapés Oujda 8 PHMO et 1 PHME (2 hommes et 7 femmes) Association Idmaj Salé 9 PHME (trisomie 21) (4 femmes et 5 hommes) Association AL GHARB des sourds muets Kénitra 11 PHME (trisomie 21) (5 femmes et 7 hommes) Association Sportive El Kacemiya des Handicapés et des œuvres Sociales Sidi kacem 8 PHME (3 femmes et 5 hommes) Association Tawnza pour le Dévelopement Khenifra 1 PHNV et 5 PHMO (hommes) Association Défi Sportif de Marrakech Marrakech 2 femmes et 4 hommes (Information non disponible sur le type d’handicap des participants au focus groupe) Association Horizon Ouarzazate 10 PHMO (autres informations non disponibles) Centre Local d’Information et d’Orientation Salé 4 femmes (mamans d’EHME) et 3 jeunes hommes Amicale Marocaine des Handicapés Casablanca 7 PHMO (hommes) Animation des focus groupes Chacun de 14 focus groupes organisés a été animé par un étudiant du cycle du master en Sociologie de la Faculté des lettres de Rabat. Ils avaient, pour cela, reçu une formation préalable. L’on a insisté sur la nécessité de prendre en considération toutes les précautions
  • 14. 14 requises en matière de consentement des participants, d’écoute, de neutralité, de focalisation sur le sujet de la recherche, d’intérêt généralisé à tous les participants, et d’utilisation des relances et des explorations chaque fois que c’était nécessaire. Préparation d'un guide d’animation focus groupe Un guide d’entretien focus groupe avec les PSH a été préparé (Voir annexe). Il a été proposé par Handicap International. Nous l’avons, néanmoins, revu et enrichi par des relances variées. 1.3 Réalisation d’entretiens individuels semi-directifs Le caractère dynamique et interactif des FG’S ne permet pas seul de capter la complexité et les spécificités d’une expérience vitale pour le développement humain au Maroc. L’information relative aux rapports entre les PSH et les structures de prise en charge pourrait être substantiellement enrichie par l’apport d’entretiens individuels et d’une situation de face-à-face. L’entretien semi-directif, de par sa souplesse de construction et la possibilité de personnaliser les questions avec le profil de chaque interviewé et le contexte de son handicap semble être le moyen le plus adéquat pour enquêter auprès des PSH, et des acteurs associatifs et institutionnels. Les entretiens semi-directifs ont été réalisés avec des PSH, ainsi qu’avec des responsables associatifs, des salariés, des bénévoles et des volontaires et des parents d’enfants en situation de handicap. L’on a aussi réalisé des entretiens avec des institutionnels tels que les responsables de l’EN, de la DAS, de l’ANAPEC, de l’OFPPT et de l’ADS dans les régions où leurs représentations étaient disponibles. Nous avons entièrement enregistré tous ces entretiens, puis transcrit de manière exhaustive dans la plupart des cas. 1.4 Utilisation d’une grille d’observation L’observation des espaces associatifs, de leur emplacement proche ou lointain, des équipements qu’ils recèlent, des ressources humaines qui s’y activent, de la facilité ou difficulté d’y accéder et de s’y mouvoir, des moyens de transport disponibles, de la documentation accessible, etc. s’est faite moyennant l’application d’une grille d’observation. Elle fut utilisée pour près de 14 associations. Pour ce qui est des autres, l’observation ne s’est pas faite soit parce que l’association n’avait pas encore de siège où cette démarche méthodologique pouvait avoir lieu, soit parce qu’il s’est avéré que l’observation n’ajouterait
  • 15. 15 pas vraiment un apport important aux données de l’enquête. En d’autres cas, le responsable qui devait permettre la conduite de l’observation était absent. Les données observées ont été introduites dans les grilles correspondantes (voir annexe). 1.5 L’analyse des données Elle a été faite en tenant compte des objectifs de l’étude. A partir des questions que se pose Handicap International concernant les prestations des structures associatives et institutionnelles, les besoins et attentes des PSH, de leurs difficultés… nous avons établi une grille de dépouillement des données sur des catégories prédéfinies. Nous avons distingué, au niveau de l’analyse, entre les PSH, les acteurs associatifs et les agents institutionnels. Mais nous avons aussi cherché en différentes phases de l’étude de cerner les relations existantes entre tous ces acteurs.
  • 16. 16 2. Typologie des prestations des structures associatives Le genre de typologie que l’on peut établir pour classifier les structures associatives en fonction de leurs activités réelles peut procéder d’un modèle thématique préétabli sur la base d’un nombre de types d’handicaps caractérisés à travers des classifications à caractère médical. Mais il existe d’autres critères de classification plus ou moins pertinents, tels que la nature des activités et des services offerts et la localisation géographique considérée en corrélation avec le degré de rayonnement. 2.1 Classification selon le type d’handicap Il ressort des données recueillies que le degré de spécialisation en matière d’action sociale associative dédiée aux PSH est tellement faible que l’établissement d’une typologie par types d’handicaps n’est significatif que dans la mesure où il révèle le manque d’organisation dont pâtit ce domaine d’action et l’ampleur des efforts à déployer et de distribution organique des tâches par les acteurs associatifs dans le cadre d’un réseau qui leur est lisible et leur permet de différencier leurs apports à l’action au niveau aussi bien local que national. En fait, de toutes les associations incluses dans l’échantillon de l’étude, une seule est spécialisée dans un type particulier d’handicap. Il s’agit de l’association Nour à Berkane qui offre ses services aux personnes non voyantes. C’est une association qui se distingue des autres associations par un nombre de traits que l’on peut résumer dans les points suivants : •La grande majorité des fondateurs - dont le président- et du personnel est constituée de personnes non voyantes. •La communauté de condition développe chez les membres des rapports de solidarité et de convivialité et un enthousiasme caractéristique de l’action militante qui se traduit par l’ambition de donner à l’association plus de rayonnement. Les propos des PSH qui sont membres de cette association illustrent bien ces deux traits. Mohammed exprime sa satisfaction et ses aspirations en ces termes : « Que Dieu en soit loué, tout le personnel et monsieur Kamal (président de l’association) nous soutiennent fortement. Ils se dépensent jour et nuit. Nous souhaitons nous établir dans un nouveau local et nous seront très heureux d’en avoir un ». Le même degré de satisfaction est constaté dans le témoignage de Mimoun, un de ses co-membres : « Monsieur Kamal ressent et comprend nos souffrances. Il est un de nos éducateurs. Personnellement, j’ai le sentiment d’être parmi mes frères et sœurs ici. Il n’y a aucune différence entre nous ». Le confort qui caractérise la vie en commun des membres
  • 17. 17 dans l’association provient également de la normalité perçue de leur état : « Ici, chacun de nous se perçoit comme étant normal, entouré d’amis». En outre, la gestion des affaires de l’association se fait comme sur un mode de démocratie participative ; la caractérisation que donne Mohammed, autre membre de l’association, du processus de décision le confirme : « Avant d’organiser une activité quelconque, celle- ci est présentée à tous les adhérents pour en discuter. L’on ne se contente pas de l’avis du conseil de direction ». Il ressort de ces considérations que l’espace associatif dans le cas spécifique de l’association Nour n’est pas seulement une structure de prestation de services pour un type particulier de PSH, en l’occurrence les personnes non voyantes, mais un espace où se développe une sociabilité solidaire et conviviale dans un processus de communautarisation rendu possible par une communauté de condition. L’on peut observer le même sens aigu et autarcique chez la catégorie des personnes non voyantes évoluant dans les campus universitaires. Partant de ces considérations, l’on peut mettre en avant qu’il ne s’agit pas pour autant d’une spécialisation. Et si l’intérêt que présente l’expérience singulière de cette association mérite que l’on s’y attarde, cette même singularité renvoie, par une espèce de contraste, à une réalité associative qui, au moins telle qu’elle se décline à travers l’expérience des associations enquêtées, est marquée par l’absence quasi-totale de la spécialisation par type d’handicap. D’autres associations perçoivent les PSH, au moins à un niveau subliminal qui ne parvient pas à se hisser à la surface de la claire conscience, comme des sujets standardisés ou universels auxquels l’on offre des prestations chichement individualisées, sans considération aucune aux besoins spécifiques qu’ils pourraient exprimer ou qui trouvent leur justification dans leurs types d’handicap. Ainsi, par exemple, les prestations de formation (telles que l’alphabétisation et la formation professionnelle) ou celles relatives à l’organisation de concours sportifs ne prennent pas en compte la spécificité des différents handicaps (mental, moteur, sensoriel...). Ce mode de gestion se traduit ipso facto par l’exclusion de toutes les PSH dont le type d’handicap n’est pas pris en compte par le programme projeté. Le sentiment que génère cette exclusion est exprimé sur un ton amer par le père d’une PSH, membre d’une association de PSH : « La seule chose qui nous lie à cette association est la carte d’adhérent dont on n’en tire aucun bénéfice ».
  • 18. 18 2.3 Classification selon la gratuité ou la non gratuité des prestations La validité ou la pertinence empirique de ce type de classification est quasi nulle dans le cas des associations enquêtées. La plupart d’entre elles manquent de moyens financiers, professionnels et techniques suffisants pour offrir des services de qualité appréciables et rémunérées. 2.4 Classification selon la localisation géographique Il s’agit en fait d’une double classification : urbain /rural et local/ national. Ce dernier aspect renvoie au degré de rayonnement des structures associatives. Concernant le premier aspect et au-delà des critères de différenciation problématique entre ce qui est rural et ce qui est urbain, il se trouve qu’il y a plus de travail associatif dédié aux PSH en milieu urbain qu’en milieu rural. Sans doute y a-t-il, en raison de la densité et de la concentration démographique différentielle entre les deux milieux, plus de probabilités de constater une augmentation des demandes sociales sur ce genre de travail dans le premier que dans le second. En outre, la même tendance est observable en termes de prise de conscience et de culture associative. Ainsi, en dehors de l’association Al Mahabba de Jerrada et l’association Al Hanan Belefaâ (commune rurale de la province de Chtouka Ait Baha) qui opèrent en milieu rural, toutes les autres associations faisant partie de l’échantillon sont implantées en milieu urbain. Quant au second aspect, le travail associatif dans le domaine de l’action sociale focalisée sur les PSH est déjà assez restreint au niveau national pour souhaiter voir rayonner une structure associative à un niveau plus que local. En fait, l’on remarque que l’ensemble des associations œuvre à un niveau local. Ceci est largement imputable au défaut de moyens financiers. Toutefois, cette tendance a l’avantage de permettre à rendre l’action associative dans ce domaine plus centrée et concentrée et à lui donner plus de proximité. 2.4 Classification selon le type d’activité Sous ce critère de classification l’on peut subsumer une différenciation des services entre ceux fournis extra- structure et ceux offerts intra- structure. La première catégorie de services consiste à faire bénéficier les PSH de certains avantages tels que l’octroi de la carte d’adhésion qui leur sert, par exemple, de prendre gratuitement le bus ou de bénéficier de soins ou de consultations médicaux, les campagnes de distribution de prothèses et d’appareils comme les chaises roulantes. L’importance vitale de tels services
  • 19. 19 réside dans leur contribution à améliorer relativement les conditions de vie des PSH. Si, comme cela est souvent le cas, il se trouve que des associations sont à court de moyens, elles pallient cette faiblesse par des offres de médiation ou d’intercession auprès d’autres structures, souvent gouvernementales, qui sont en mesure de fournir de tels services. La seconde catégorie renvoie aux services offerts et aux activités organisées par la structure associative elle-même. Y entrent les activités qui visent à développer les capacités physiques ou motrices des PSH ou à leur permettre de s’épanouir aux plans intellectuel et professionnel à travers des programmes d’éducation et de formation. L’objectif de tels services et activités consistent à leur permettre de réaliser une certaine autonomie physique et matérielle. Seulement s’ils ne sont pas moins importants que ceux relevant de la première catégorie, les structures manquent visiblement de moyens et de soutiens financiers, professionnels et techniques suffisants pour les développer et en hisser la qualité à un niveau appréciable. Ce dernier constat conduit à l’examen d’autres aspects des activités et des performances des structures associatives œuvrant dans le domaine de l’handicap.
  • 20. 20 3 .La rencontre avec la structure et les modalités d’adhésion La rencontre de la PSH avec la structure associatif s’avère déterminante dans la compréhension des potentialités et des limites de l’action de la société civile, de la construction des relations avec elle et l’élaboration des attentes de la PSH et de leur degré de satisfaction. La facilité ou la difficulté de la première rencontre avec les structures associatives sont fonction non seulement du type d’handicap, mais également de son niveau d’instruction, de son âge, de son sexe, de ses connaissances socialement ou médiatiquement acquises des différentes associations dédiées aux PSH existant dans le village ou la ville considérés, de leur emplacement, du ou des genres d’handicap sur lesquels elles se focalisent, du ou des genres de services qu’elles offrent, etc. Ces données, d’importance différentielle selon le cas de la PSH considérée, déterminent d’une manière ou d’une autre la rencontre avec les structures associatives. La taille de la localité, son degré d’enclavement ainsi que la ‘’tradition’’ associative locale s’avère déterminants dans cette rencontre. Elles ne sont pas directement identifiables dans l’expérience de chacune des PSH enquêtées, parce que ces dernières n’en expriment que le résultat déterminé. En fait, mis à part les cas des PSH qui sont fortement dépendantes et qui nécessitent l’aide directe d’autres personnes, notamment les parents ou proches parents, rares sont les PSH qui ont rejoint seuls les locaux des associations et nombreux sont ceux qui reconnaissent s’y être rendus en compagnie d’autres personnes avec lesquelles elles ont des rapports de parenté ou de communauté. Le témoignage suivant d’une PSH inscrite à l’association Nour de Berkane illustre bien cette tendance : « Nous ne connaissions ni l’association ni personne de son personnel. Il nous était donc difficile de nous y rendre sans hésitation. Personnellement, je suis venu ici par l’intermédiaire de quelqu’un et on m’a bien accueilli et je me suis habitué à cette structure après une semaine ». Hanane, membre de l’association Al Gharb à Kénitra, raconte en ces termes son expérience, au demeurant commune : « C’est ma mère qui m’a amené dans cette école. Elle a été informée de son existence et de ses activités par nos voisins ». Asmae, co-membre de Hanane, relate en deux mots une expérience similaire : « A cause de la fièvre, je suis devenue sourde et ma mère m’a amenée ici ». D’autres enquêtés ont pu faire la rencontre avec les structures associatives dans le cadre de manifestations publiques organisées par celles-ci ou par des institutions comme la Fondation Mohammed VI pour la Solidarité.
  • 21. 21 Le cas, rare (et significatif), de ceux qui ont pu se passer de la compagnie ou de la médiation d’autres personnes, parents, proches parents, voisins, connaissances ou autres, et du soutien psychologique et social qu’elles leur fournissent, est illustré par le propos d’une PSH membre de l’AAH : « j’ai cherché personnellement une association et j’ai trouvé AL Hassania ». 3.1 Les raisons du recours aux structures associatives L’examen des propos des différentes catégories d’handicapés appartenant aux différentes associations permet de constater que le recours des PSH à celles-ci est mû par les mêmes raisons énumérées dans l’ordre d’importance décroissant suivant : • La participation à des apprentissages et à des formations professionnelles dans le but d’apprendre un métier. L’intégration sociale et socio-économique en dépend. Cette corrélation est particulièrement claire dans la réponse d’une PHMO inscrite dans l’association SOREF : « Après l’accident, je passais le gros de mon temps enfermé à la maison. Au bout d’un certain temps, j’ai décidé de sortir de cet enfermement et de mener ma vie normalement. C’est ainsi que je suis venu à cette association pour apprendre un métier qui pourrait m’aider à gagner ma vie. Maintenant, je suis des cours de restauration et d’informatique. Etre handicapé ne signifie pas renoncer à la vie, au contraire, je peux faire beaucoup de choses ». Souâd, une PSH inscrite à l’association Al Hassania, Oujda, prête sa voix à toutes les PSH : « Les PSH dans notre société souffrent, parce qu’elles sont socialement marginalisées et exclues ». Wafae, PSH membre de l’association Idmaj, a adhéré à cette association « pour étudier l’hôtellerie et la restauration ». Onze personnes sourdes-muettes ont rejoint l’AEG de Kénitra pour parachever leur apprentissage, les autres associations n’ayant pas les éducateurs spécialisés dans ce type d’handicap. D’autres PSH aspirent à apprendre un métier pour réaliser leur autonomie matérielle. C’est le cas d’une PHMO de l’AH : « Je veux apprendre un métier pour me libérer de ma situation de dépendance et ne plus constituer un fardeau pour ma famille ». L’intégration sociale peut passer par la constitution de « petite société » constituée de gens vivant dans les mêmes conditions, d’handicap s’entend. C’est le vœu d’une PHMO inscrite dans la même association : s’intégrer dans « la petite société de personnes handicapées ». • La recherche de dons et d’avantages matériels tels que les différentes sortes d’appareillages et la carte d’handicapé pour bénéficier gratuitement de certains services de transport et de santé et d’aides financières. Un père de deux PSH mentales et motrices inscrites à l’association Al Mahabba de Jerrada en donne l’exemple le plus illustratif : « Nous sommes venus (lui et sa compagne) ici pour demander de l’aide pour nos enfants. Je m’occupe d’eux tout seul et je ne
  • 22. 22 bénéficie d’aucune aide, ne serait-ce que de quoi leur acheter des couches. Notre vie est un calvaire ». Souâd, citée ci-haut, est « venue à l’association pour avoir des prothèses qui (lui) permettent de marcher normalement ». Saida, mère de Rayane, PSH motrice, a pu avoir, grâce à l’appui du centre CLIO, la carte de bus et un appareil pour son fils : « Le centre m’a aidé à avoir la carte de bus pour que je puisse emmener mon fils à l’hôpital (…) Le médecin m’a prescrit un appareil pour aider mon fils à marcher et c’est le centre qui me l’a acheté ». D’autres PSH continuent d’aller chercher certains avantages matériels alors même qu’ils sont déjà socialement intégrés. Un membre de l’ATT n’y voit probablement aucun mal : « Je suis venu ici pour avoir une motocyclette, parce que mon lieu de travail est loin de ma résidence ». • La recherche de prestations médicales, notamment la rééducation pour les catégories de PSH qui en ont besoin. Ce souci est exprimé par une PSH de l’association Al Kacemiya : « Nous avons besoin d’aides médicales et d’un centre de kinésithérapie. Ici, à Sidi Kacem, il n’y en a pas ». • La volonté d’exercer des activités sportives et de distraction et de réaliser son épanouissement intellectuel et personnel. Peut-être faudrait-il préciser que l’avant-dernier motif, notamment le besoin de bénéficier de séances de kinésithérapie est certainement de première importance pour les PHMO, et s’il est moins exprimé que les autres, c’est que les associations peuvent dispenser des enseignements et des formations et consentir des cartes d’adhésion et d’autres avantages matériels, mais s’agissant de rééducation, il leur est difficile de payer à leurs adhérents des services d’un kinésithérapeute. Il ressort de l’analyse des données que le recours aux structures associatives est essentiellement dicté par la recherche de satisfaction immédiate des besoins qui découlent de chaque situation et de chaque type de l’handicap. La recherche de l’information ou de l’accompagnement social, la nécessité de s’associer et de travailler en commun et l’affirmation du rôle de la PSH dans la collectivité ne semblent pas encore consciente ou prioritaire chez les personnes enquêtées. L’association est souvent perçue comme prestataire de service ou comme structure d’intermédiation auprès des institutions et acteurs publics. 3.2 Emplacement, accessibilité des locaux et adéquation aux besoins de confidentialité et de mobilité. Presque tous les enquêtés se plaignent de l’éloignement du siège des associations qu’ils fréquentent. Les déplacements sont coûteux en argent et en effort. Certains d’entre eux auraient souhaité que les associations disposent de moyens de transport pour les mettre à leurs services. Ainsi une PSH inscrite à l’association SOREF regrette que celle-ci n’ait pas de
  • 23. 23 moyens de transport : « L’éloignement des locaux de l’association m’est pesant. J’habite loin et je dois prendre un petit taxi pour y venir. Nous avons un véritable problème de transport, parce que l’association n’en dispose pas ». A Salé où une société privée a supplanté la régie de transport urbain, les PSH ne peuvent plus exhiber leur carte d’adhésion à l’association. C’est le cas de Jamal, membre de l’association Idmaj : « J’habite à Sidi Moussa, loin de l’association et je dois prendre le bus. Avant, je prenais le bus gratuitement, alors qu’aujourd’hui, avec la nouvelle société, je suis obligé de payer ». Parfois l’insécurité de l’emplacement de l’association peut dissuader les adhérents d’y aller. C’est le cas de Karima, membre de l’AEG de Kénitra : « L’association est située à un endroit peu sûr. Il m’est difficile de m’y rendre toute seule, j’ai peur ». L’emplacement lointain et difficilement accessible de certaines associations décourage l’adhésion des PSH, comme l’affirme Mohammed, co- membre de Karima : « Un jour, alors que je me dirigeais vers l’association, un jeune homme brandissant un couteau m’a pris ma carte d’adhérent et m’a asséné des coups ». Fatima Az- zahrae, co-membre des deux PSH susnommées, ne se rend à l’association qu’accompagnée : « J’habite loin de l’association et je ne peux m’y rendre sans compagnie ». En plus de l’absence de moyens de transport, le problème de l’éloignement est encore aggravé si l’association se trouve en milieu rural : « Notre association travaille en milieu rural, ce qui entrave ses activités, notamment, au profit des PSH. Certains adhérents doivent parcourir environ 13 km pour arriver à l’association qui est géographiquement difficile d’accès » Toutefois, l’éloignement ou la proximité de l’emplacement de la structure associative ne sont pas toujours jugés par rapport au lieu de résidence des PSH, mais par rapport à d’autres structures non moins significatives pour elles, en l’occurrence les structures hospitalières. Ainsi la proximité des locaux de l’AH du centre ville et des hôpitaux présente au regard des adhérents un avantage de haute importance. Il importe aussi de noter que des associations comme l’AAH, l’ASEK, et l’ATT ne disposent pas de locaux stables, ce qui affecte directement la qualité et la continuité des prestations qu’elles peuvent offrir à leurs adhérents. Plus encore, il se trouve que telle ou telle autre association n’existe qu’en vertu des documents administratifs de sa création. C’est le cas d’Al Mahabba de Jerrada dont le président assure également la présidence de l’association Nour de Berkane. Un père de PSH décrit les conséquences d’une telle situation : « C’est la première fois que l’on vient ici à cette association et qu’on discute de l’handicap et (s’adressant à l’animatrice du FG) c’est grâce à votre présence ». Ce problème en procède d’un autre plus général, celui de l’incapacité où se trouvent la plupart des associations de financer l’acquisition ou la location de locaux accessibles aux PSH et leur aménagement et équipement en fonction des prestations qu’elles offrent aux adhérents.
  • 24. 24 Outre les problèmes de déplacement et de transport rencontrés du fait de l’éloignement des locaux des associations, nombreux sont les PSH qui sont confrontées à la difficulté d’accès à ces locaux, notamment celles qui ont des problèmes de motricité. Certaines ne s’y rendent qu’en cas de nécessité. Le problème d’accessibilité se pose lorsque les locaux ne sont pas au rez-de-chaussée des bâtiments ou à des niveaux non servis par des ascenseurs. Il est improbable que les responsables des associations ne soient pas conscients de l’importance vitale de l’accessibilité pour certains types de PSH, mais il est certain que nombre d’entre eux n’ont pas les moyens de leur conscience. Concernant l’adéquation des locaux et de leur mode d’aménagement et d’équipement aux besoins de mobilité et de confidentialité des PSH, il va sans dire que la satisfaction par les associations d’une telle exigence est, encore une fois, fonction de leurs propres moyens matériels et financiers et des soutiens financiers ou autres qu’elles pourraient recevoir d’autres ONGs, notamment internationales, ou des organismes gouvernementaux. Sans doute, un différentiel important en la matière est constaté entre les associations établies dans les grandes villes et celles retranchées et isolées dans les petites villes ou petits villages blottis dans une quelconque contrée perdue à l’est, au sud-est ou dans l’Atlas, notamment le Grand Atlas. En fait les associations dans les grandes villes ont plus de chance d’avoir des locaux, des équipements, des compétences adéquats aux besoins spécifiques des PSH qui sont théoriquement sensibles et vulnérables, au double plan physique et psychologique, parce que, dans de tels espaces urbains d’envergure, elles se trouvent portées par une dynamique qui ne fait qu’une avec la dynamique du développement et du progrès économiques, sociaux, culturels qui traverse ce genre d’espaces. Ainsi, les PSH qui, par exemple, fréquentent le centre CLIO de Salé, ville liée organiquement à Rabat, jugent que ses locaux sont adaptés à leur besoin de mobilité et que le mode d’agencement des bureaux répond au besoin de confidentialité ; alors que celles qui bénéficient des programmes scolaires intégrés de l’AEG de Kénitra constatent des insuffisances concernant les conditions de mobilité et de sécurité des locaux de celle-ci : « On a besoin d’espaces verts, d’activités sportives, d’enseignantes, de restaurant et de bien autres choses », dit Karima. Hanane, co- membre de celle-ci, a, elle, « peur qu’un jour le plafond tombe sur leurs têtes ». L’on constate également qu’en fait d’adéquation des espaces associatifs aux besoins d’accessibilité, de mobilité et de confidentialité des PSH, les enquêtés ne parlent que de ce dont ils ressentent le besoin le plus pressant et de ce qu’ils soupçonnent pouvoir exister comme besoin. Ainsi ils parlent plutôt de l’emplacement spatial et de l’accessibilité des locaux des associations que des conditions de mobilité et de confidentialité qu’elles pourraient offrir, comme si l’adéquation de ces conditions était un luxe non seulement insoupçonnable et impayable, mais tout aussi impensable, et donc en deçà du seuil possible de la représentation discursive. S’il est nécessaire de donner dans une logique pratique, précisément celles des PSH, l’on peut rendre cette idée en termes interrogatifs suivants : si
  • 25. 25 les PSH sont déjà confrontées aux problèmes de localisation spatiale et d’accessibilité des locaux des associations, à quoi peut-on vraisemblablement et a fortiori s’attendre s’agissant du problème d’adéquation des conditions spatiales de mobilité et de confidentialité des structures associatives ? 3.3 La prise en compte des projets de vie des PSH Le concept de « projet de vie » réfère à une projection personnelle et singulière dans l’avenir à partir de la vie passée et présente de la PSH. Il consiste à la formulation de besoins, d’attentes et d’aspirations, notamment aux tournants décisifs de la vie de la PSH (personnels, sanitaires, familiaux,…). Selon le contexte et la situation de chaque PSH, il peut concerner sa vie personnelle, son espace de vie, sa vie professionnelle ou scolaire, sa formation, et son parcours médical. Plus encore, le projet de vie est évolutif dont l’élaboration résulte souvent d’un processus de maturation. Pour certains cas, la disponibilité d’un accompagnement de la PSH est susceptible d’en accélérer la cadence. En outre, l’idée de projet de vie des PSH est liée aux objectifs d’intégration socio- économique et d’autonomie. Il a déjà été fait mention du rapport entre les apprentissages et les formations professionnels dans les différents domaines où pourraient s’investir les PSH et le souci de celle-ci de réaliser leur intégration sociale à travers leur intégration professionnelle. Mais il importe d’ajouter que le fait même que nombre de structures associatives enquêtées s’investissent, tant bien que mal, dans l’organisation et la gestion de programmes d’apprentissage et de formation professionnels administre la preuve de la conscience qu’elles sont conscientes de toute l’importance et de la nécessité non seulement de la prise en compte des projets de vie des PSH, mais probablement aussi de leur orientation dans ce sens. Seulement, au bout du processus de formation, l’insertion professionnelle ou, plus généralement, l’intégration socio-économique engagent d’autres acteurs, privés et institutionnels. Au plus pourraient-elles déployer un effort supplémentaire d’accompagnement ou, le cas échéant, d’intercession auprès de ces acteurs afin qu’ils offrent aux PSH titulaires de diplômes professionnels des opportunités d’insertion professionnelle ou qu’ils leur ouvrent des perspectives d’auto-emploi accompagné. Pour ce qui concerne l’AH, le projet de vie des bénéficiaires consiste à trouver un métier productif susceptible de leur garantir l’autonomie économique et l’estime de soi. L’association, selon les constats exprimés par les participants au FG, essaie de les aider afin de réaliser ce projet de vie.
  • 26. 26 Dans le Centre CLIO, le projet de vie commence à peine à prendre forme par la mise en place de microprojets socio-économiques : « Nous avons tous déposé nos demandes pour des microcrédits. Nous ne voulons pas continuer à être un fardeau pour la société. Nous voulons travailler et assumer la responsabilité de nos enfants. Nous aimerions arriver nous-mêmes à subvenir aux besoins de nos enfants handicapés sans l’aide de personne » (Dounia, maman de Siham [6-12 ans], handicap moteur, CLIO. Salé). Le ‘’projet de vie’’ s’avère se situe actuellement, en dehors des attentes initiaux des PSH dans leurs rencontres avec les associations. D’autre part, ce concept construit à l’intérieur d’une approche systémique de la situation des PSH est faiblement assimilé et porté par les associations qui n’ont pas bénéficié d’une formation ou, du moins, d’une sensibilisation à l’importance du projet de vie en tant que output d’un travail structuré et concerté entre l’association et la PSH 3.4 Principales contraintes rencontrées par les structures associatives Les associations font face à plusieurs problèmes et rencontrent de nombreuses contraintes. Malgré la satisfaction de certains bénéficiaires concernant les prestations fournies par leurs associations, toutes les PSH estiment qu’il y a encore beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Les prestations assurées restent dans la totalité des structures limitées et insatisfaisantes : « il y a seulement le renouvellement de la carte d’adhésion et l’orientation. Par contre, l’insertion professionnelle n’est pas encore assurée. Cela est dû au non suivi des correspondances envoyées aux institutions et aux entreprises. Nous restons dans l’attente. Il n’y a pas de partenariat entre l’association et les institutions économiques » (PSH, AMH). Une autre PSH formule son constat comme suit : « Ils nous écoutent mais pas de résultat » (PSH, AMH). Les structures associatives travaillant dans le domaine de l’handicap sont contrariées par des obstacles et des difficultés diverses : _ Il y a des difficultés qui dérivent des relations entretenues avec les autres acteurs associatifs, telles que l’absence d’action partenariale et communication et de réseautage entre les associations qui partagent un même souci de soutien et de solidarité vis-à-vis des PSH. On relève également le manque de partenariats, surtout avec le secteur privé. Un acteur associatif exprime cette préoccupation comme suit : "En ce qui concerne nos relations avec les autres associations, elles sont bonnes, mais il n'y a pas d'action partenariale commune, et il n'y a pas de réseau de communication. Ici à Midelt, il n’y a personne qui pourrait vous informer ou vous éclairer concernant le travail dans ce domaine" (Président, AVV).
  • 27. 27 D’autres difficultés résultent de la non adoption de l’approche participative : Certains acteurs associatifs ont élaboré et mis en œuvre des projets pour répondre à des besoins immédiats ressentis sans impliquer et sensibiliser les populations concernées à la conception, planification, mise en œuvre, évaluation et pérennisation de ces mêmes projets. C’est pourquoi, ces projets n’ont pas atteint les objectifs tracés : « Au début de l’année 2001, nous voulions mettre en place un projet relatif à l’irrigation. Nous avons mené une étude dans laquelle nous n’avons pas impliqué la population concernée. C’est pourquoi, nous avons fait face à des problèmes lors de la mise en œuvre et le projet a fini par échouer. Nous avons tiré des enseignements de cette expérience et nous avons opté pour des projets qui répondent aux besoins de la population » (Président de l’AT, Mrirt). L’on ne manque pas, non plus, de relever complexité des procédures à laquelle les acteurs associatifs font face chaque fois qu’ils tentent d’initier des partenariats : "La complexité de l'établissement des partenariats varie selon les bailleurs de fonds. Par exemple, les procédures sont très complexes et contraignantes quand il s’agit d’établir un partenariat avec des organismes internationaux tels que l'Union Européenne. Un fait qui explique, que dans ce domaine, les petites associations soient souvent marginalisées" (Président, AMH). Signalons également que les prestations offertes ne correspondant pas aux besoins des PSH, qui ont besoin d’appareillage, de médicaments, de soins médicaux, de rééducation, de formations adaptées au marché de l’emploi, de moyens de transport adaptés à leur état d’handicap, d’assistance sociale, et de financement pour mettre en place des projets : « Pour moi, le problème psychologique, je l’ai vraiment dépassé. J’accepte mon handicap, mais le problème qui se pose c’est l’argent. Je ne veux pas de la charité, mais j’aimerais avoir l’occasion de montrer de quoi je suis capable et devenir autonome, car si je reste comme ça, jamais je ne pourrais me marier et avoir des enfants » (Ahmed, PHMO, AC). Une maman exprime son expérience associative en y révélant aussi bien les avantages que les limites : « Ici, l’on exprime nos souffrances pour ne pas exploser un jour, et eux, ils nous écoutent, mais rien de plus… » (Saida, EHMO, AC). On soulève aussi le problème de la durée de traitement des dossiers avant de donner la réponse à la PSH. L’on estime qu’on ne devrait pas le laisser attendre inutilement comme l’explique une PHMO du centre CLIO de Salé : « Il n’est pas logique que les gens attendent depuis quatre ans sans recevoir de réponse. Il fallait leur répondre soit par l’affirmative, soit en leur disant qu’il ne vaut pas la peine d’attendre ; qu’il y aura ou qu’il n’y aura pas de microcrédit, et si cette prestation est suspendue il faudrait aussi l’annoncer. Mais continuer à recevoir et à accepter les dossiers et les laisser attendre comme ça, ce n’est pas acceptable ». Il ressort des résultats de l’étude que certaines PSH ont vécu des expériences très décevantes avec certaines associations, qui, au lieu de défendre leurs droits, les ont exploitées pour atteindre des buts personnels : « je suis contre toutes les Associations ici au
  • 28. 28 Maroc, car elles sont fondées sur des intérêts personnels […] Les gens aisées en profitent mais les pauvres… !! C’est pourquoi, on ne croit plus aux Associations » (Said, 30 ans, PHMO), faisant ainsi référence à un certain clientélisme, à son avis, en milieu associatif. Cet avis est partagé aussi par Hafid : « Sincèrement, pour bénéficier de l’aide d’une Association, il vous faut avoir un « piston ». Une autre contrainte a été évoquée, il s’agit de l'insuffisance des subventions et bourses octroyées à certaines associations : "Nous ne bénéficions pas toujours de subventions. Pendant quatre ans, nous n'avons reçu aucune aide matérielle, et cette année on nous a donné 3000 DHS, sachant que d'autres associations, ont bénéficié de beaucoup plus, même si elles ne réalisent aucune activité. Il y a d'autres considérations qui entrent en jeu, notamment, celles liées aux élections" (Président, AT). L’encadrement du travail associatif est un élément incontournable pour améliorer les prestations fournies aux PSH à travers l’accompagnement, le suivi et l’évaluation. De ce fait, l’élaboration des outils et des mécanismes d’évaluation s’avère primordial afin de suivre l’évolution des associations vers les objectifs qu’elles se sont fixés. En matière de collaboration et de partenariat entre les associations, les responsables associatifs autant que les bénéficiaires estiment qu’il y a toujours dans ce domaine des carences à combler : « malheureusement, il n’y a pas de réseau d’associations, il n’y a aucune collaboration entre les associations dans cette région, chaque association ne pense qu’à elle-même » (Agent associatif, AVV). A cet égard, le développement de la culture de partenariat et la promotion du réseautage en vue de favoriser la coordination des actions et l’unification des stratégies, seraient en mesure d’améliorer la qualité des prestations et assurer une plus large couverture à la population desservie. A travers l’expérience de certains acteurs marocains travaillant dans le domaine de l’handicap transparaît l’importance du partenariat avec les organisations internationales. Les associations qui bénéficient de ce type de partenariat, profitent plus de sessions de formation continue. Ce qui leur permet d’acquérir de nouvelles compétences, d’adopter de nouvelles approches de travail et de nouveaux modes d’organisation et de communication. C’est notamment le cas de l’AMH et de l’AEH qui ont réussi à établir des partenariats avec Handicap International. L'absence d’opportunités de communication et d'échange a été également soulevée en tant que difficulté majeure entravant l’examen et la résolution des problèmes communs aux associations avec le Ministère de tutelle : "A plusieurs reprises, j’ai fait le voyage à Rabat, sans que je ne trouve toujours un responsable prêt à écouter mes propositions. Parfois on me répond par téléphone alors que je suis à la porte du Ministère. Cela sans parler des dizaines
  • 29. 29 de correspondances que l'on envoie et auxquelles on ne reçoit jamais de réponse" (Président, AAH). Cet aspect découle ainsi du faible encadrement des associations afin de mieux comprendre les procédures et de mieux comprendre la mission et les compétences des différents partenaires gouvernementaux, notamment en matière de financement et des conditions d’éligibilité des projets présentés par les ONG. De leur côté, les acteurs associatifs ne laissent pas, non plus, d’évoquer l’absence d’une politique publique claire et opérationnelle qui prend en compte les besoins relatifs aux types et degrés d’handicap et l’emplacement géographique des structures associatives. La diversité des missions des institutions étatiques en charge de l’handicap et la non disponibilité d’un ‘’guichet unique’’ d’information et d’orientation impactent sur la concordance des attentes et des besoins des associations avec les programmes et les compétences des différents départements. L’on évoque aussi le manque de personnel suffisant et spécialisé qui ne permet pas d’assurer pertinemment les prestations d’accueil, évaluation, information, orientation et accompagnement. Généralement, les associations pour PSH, ont plutôt tendance à vouloir répondre à toutes les demandes, à servir tous les profils des PSH, à couvrir tous les besoins, ce qui constitue un handicap majeur dans le travail de ces associations : être généraliste sans toutefois performer et exceller dans un domaine ciblé. En fait, se spécialiser c’est cibler, planifier l’action, assigner les objectifs, déterminer les profils des PSH prises en charge, s’accorder sur la nature de l’action escomptée, délimiter le champ d’intervention, le territoire… à travers une étude profonde des besoins, des lieux, des ressources, des risques et des opportunités offertes. Une association peut se spécialiser selon la nature de l’Handicap (PSH présentant un autisme, une IMC, une trisomie 21, un retard psychomoteur, une cécité…), selon l’âge des PSH, selon le sexe, ou encore selon un domaine d’intervention bien défini : la santé, l’insertion sociale, l’éducation et la scolarisation, le sport, la formation, l’insertion professionnelle, le lobbying, etc. La spécialisation permet de cerner une cible, un champ, et un problème déterminé, dans un contexte bien clair, en faveur d’une population délimitée, et donc, elle conduit à des résultats probants et palpables, un rendement pertinent et concret, et surtout, elle permet de développer l’expertise dans le domaine, ce qui est un atout fondamental dans la prise en charge des PSH.
  • 30. 30 La non disponibilité d’un siège propre est un autre facteur qui entrave l’action associative : "L'absence de siège constitue pour nous un problème majeur. Sans la résolution de ce problème, nous ne serions pas en mesure de continuer à assurer des services aux adhérents, ni non plus, de tisser des liens de partenariat » (Président, AAH). La plupart des Associations ne disposent pas des moyens requis, ni des équipements nécessaires pour répondre aux besoins des leurs adhérents comme l’exprime l’une des PSH participante à l’étude: « Ils nous aident dans la limite de leurs moyens, mais ce sont les autorités locales qui doivent leur fournir plus de fonds pour qu’ils puissent nous aider à leur tour » (AEK). Ces carences bloquent plusieurs associations et les empêche de dispenser des prestations à leurs bénéficiaires. Les structures associatives font face aussi à l’absence de ressources humaines qualifiées et spécialisées dans la prestation de services aux PSH. Cette situation n’est pas spécifique à l’Association EL Kacemiya, mais elle est commune presque à toutes les associations concernées par l’enquête. Dans le domaine du travail social en général, le volontariat, le bénévolat, et « l’amateurisme » de manière exclusive, ne sont plus de mise. Toutes les expériences conduisent à la conclusion qu’il faut professionnaliser l’action associative en faveur des PSH. Il faut l’encourager en vue de développer la culture de l’efficacité, l’efficience et la responsabilisation du personnel. Aussi le travail associatif devrait-il être assuré par des salariés qui jouissent de leurs droits et qui, de ce fait, se trouvent obligés de travailler selon le principe de l’obligation des résultats. Le bénévolat démotive le personnel : « j’ai beaucoup de contraintes dont, entre autres, l’éloignement de l’Association du quartier où j’habite. Si j’ai un accident au sein de cette école, je n’aurais aucun droit ou assurance, car j’ai signé avec l’Association en tant que bénévole. En contrepartie, je ne reçois même pas des remerciements » (Fatima). Le bénévole n’est pas tenu par l’obligation des résultats : « Pour moi, l’on ne peut pas poursuivre et contrôler une Association qui fonctionne grâce surtout à l’apport des volontaires. La gratuité des prestations fournies par l’Association ne nous permet pas de demander à quelqu’un de rendre des comptes » (FG, ADM). L’association est appelée à recruter des personnes qualifiées ayant reçu une formation de base dans le domaine de leurs interventions (des orthophonistes, éducateurs spécialisés, kinésithérapeutes, assistantes sociales, orthoptistes…). L’expérience de l’Association « Assabîl » de Midelt, prouve qu’un personnel formé et spécialisé adaptera mieux ses approches et stratégies d’intervention aux particularités de la population desservie. La dite association dispose d’une éducatrice spécialisée qui a reçu une formation de trois ans à Rabat, en plus des formations continues. Ce qui permet d’assurer convenablement les
  • 31. 31 tâches d’écoute, accompagnement et rééducation sociale. Elle effectue des visites à domicile afin d’impliquer les familles dans le processus d’intégration de leurs enfants handicapés mentaux. Il faut aussi souligner l’expérience positive de l’Association de l’Enfance Handicapée d’Agadir qui dispose d’une équipe pluridisciplinaire composée d’une assistante sociale, technicien d’insertion, de kinésithérapeutes, d’orthophoniste, de psychomotricienne et de plusieurs. L’expérience de l’AMH est également importante. Cette association dispose d’une équipe pluridisciplinaire composée d’une directrice, une assistante sociale, deux agents d’accueil administratif et juridique, trois agents chargés de l’intégration scolaire, formation professionnelle et insertion professionnelle. La professionnalisation du travail associatif doit toucher aussi les relations de travail. Selon les résultats de l’enquête, les relations qui relient les salariés aussi bien à leurs supérieurs hiérarchiques qu’aux bénéficiaires ont tendance à être plus personnelles que professionnelles. Entre les salariés et les bénéficiaires, l’absence de professionnalisme contribue à la consécration de l’approche-charité au détriment de l’approche-droit. En outre, l’absence totale ou partielle de structure administrative influence l’organisation et la définition des tâches et des attributions : « Nous sommes actuellement en train de voir comment peut-on travailler dans un climat plus professionnel, car lorsque les relations de travail deviennent très personnelles, on devient trop permissif et ça peut avoir des retombées négatives, notamment lors de la prise de décision » (Salarié, AC). La professionnalisation du travail social inclut aussi la réglementation des heures de travail qui peuvent dépasser huit heures par jour. Ce problème concerne même les associations les plus avancées dans l’appropriation des règles et des techniques modernes de travail. La santé psychologique des salariés et des bénévoles doit aussi être une préoccupation majeure de l’Association. Le stress et la charge émotionnelle du travail associatif, conjugués au manque des moyens et l’incapacité de satisfaire tous les besoins des usagers, agissent considérablement sur l’équilibre psychologique des prestataires : « Les agents associatifs eux-mêmes se sentent frustrés. Ils partagent avec nous notre vécu, mais ils n’ont rien à nous offrir sauf nous orienter vers d’autres structures » (Saida, maman d’EHMO, AC). Ce thème a été évoqué aussi par l’un des salariés de l’AMH qui affirme que « l’excès d’empathie dont nous faisons preuve influence nos vies personnelles […] Ce n’est pas sain. Nous devons être capables de séparer la vie professionnelle de la vie personnelle ». Cette situation est susceptible d’engendrer un Burn-Out chez les prestataires et réduire leur aptitude à l’écoute et à la communication, sans parler des dégâts familiaux qui pourraient en résulter. D’où l’importance d’un accompagnement au profit des prestataires visant à leur apprendre comment assurer une meilleure gestion de leur émotivité. C’est dans ce cadre que s’inscrit la formation en coaching, et autour de l’élaboration et l’évaluation de projets de vie des PSH dont l’AMH fait bénéficier ses salariés grâce, notamment, à la contribution du
  • 32. 32 chef de projet Handicap International (dans le cadre du projet PAPS). Indéniablement, c’est un exemple à suivre par les autres associations. La non disponibilité d’un siège propre est un autre facteur qui entrave l’action associative : "L'absence de siège constitue pour nous un problème majeur. Sans la résolution de ce problème, nous ne serions pas en mesure de continuer à assurer des services aux adhérents, ni non plus, de tisser des liens de partenariat » (Président, AAH). L’emplacement du local de l’association, son aménagement et équipement révèlent une autre dimension des contraintes rencontrées non seulement par les ONG des PSH mais de l’ensemble des structures associatives, particulièrement au niveau des petites villes et centres ruraux. L’absence de schémas directeurs de l’action sociale, ainsi que des standards de construction et d’aménagement des locaux s’avèrent comme de séreux handicaps au rayonnement de l’action associative et de sa capacité opérationnelle à porter un projet global et intégré au profit des PSH. Ce sont en général des besoins simples et faciles à satisfaire. Cependant, seules les Associations qui disposent des moyens nécessaires et bénéficient des fonds et des subventions qui arrivent à satisfaire leurs adhérents, tandis que les petites Associations n’offrent que des prestations minimes à leurs adhérents. 3.5 Les valeurs et les principes prônés par les acteurs associatifs L’objectif fondamental de la fondation de structures associatives est la création d'espaces favorisant l'intégration sociale et la suppression de toute forme de discrimination et de marginalisation dont sont victimes de nombreuses PSH. Aussi est-ce dans ce sens que toutes les associations prônent des valeurs et des principes dont nous allons citer les plus évoquées par les acteurs associatifs. Au cœur de ces principes, il y a l'intégration de la PSH dans son environnement social, et c'est ce qui a été exprimé par plusieurs Présidents d'associations : "Après que j'aie perdu la vue à la suite d'un accident sur la voie publique, j'ai décidé de créer une association qui dispense des services à cette catégorie de PSH. Je suis bien placé pour ressentir leurs besoins » (Président, ATEK). Les présidents associatifs déclarent aussi adopter une approche participative à l'intérieur de l'association, en prônant la collégialité et la participation des adhérents en favorisant l'expression des diverses opinions, besoins et propositions. Il y a aussi la recherche et la collecte des dons pour pouvoir soutenir les PSH. Un autre principe a été soulevé par tous les responsables associatifs participants à l’enquête. Il s’agit de l'égalité entre tous les
  • 33. 33 adhérents de l'association, quelle que soit la nature de leur handicap. Enfin, la défense des droits des PSH est élevée par un acteur associatif au rang de principe éthique majeur : «L'objectif de la création de l'association est de défendre les droits de la PSH, parce que cette catégorie ne dispose d'aucune loi qui la protège réellement. Malgré l'existence de la loi sur l'accessibilité, et la consécration de 7% des postes de recrutement à pourvoir par concours, tout ceci n'est pas réellement pratiqué, et nous n'avons pas de loi pour la préservation de ces droits" (Président, AAH). 3.6 Les services dispensés par les associations dont ont bénéficié les adhérents Plusieurs interviewés ont reconnu avoir bénéficié de prestations fournies par les associations. Certaines PSH affirment que c’est l’association qui leur avait ouvert la voie à l’insertion professionnelle : « Grâce à l'association, j'ai pu trouver du travail » (PSH, AH). L'association est aussi un espace d'accueil et d'écoute comme le confirme la maman de Rayane : "Ils nous accueillent à tous moment et nous écoutent" (AC). Elle est aussi perçue en tant qu’espace d’apprentissage : « Jour après jour, je sens que la santé de mon fils s'améliore. Il a appris à parler français, et m'aide à préparer la table à la maison, et tout cela, grâce aux efforts de Badiâ (éducatrice) » (Mère d’Ilyas, AI). Le rôle médiateur de l’association est aussi évoqué par certaines PSH. : "J'avais un problème à l'école et je l'ai relaté à l'association qui a contacté l'école, et a réglé le problème me permettant de reprendre mes études". Non moins significatif à cet égard est le partenariat que l’AMH a engagé avec l’OFPPT, « Centre Lalla Aïcha » à Casablanca, qui a permis à plus de 100 PSH de suivre une formation professionnelle qualifiante (PSH, AMH). L'association est aussi identifiée en tant qu’espace de formation et de réhabilitation : « L’association nous prépare à la profession de demain » (PSH, AS). Une autre PSH souligne l’apport de l’association à laquelle elle adhère : « Personnellement, je suis satisfait des services de l'association qui m’initie et me prépare pour trouver un emploi. J’apprends ici la menuiserie, je bénéficie de la gratuité du transport, de la participation aux compétitions sportives et aux concours culturels dans différentes villes" (PSH, APTPBS). Pour ce qui est des autres associations, les bénéficiaires n'ont exprimé aucun service important dispensé.
  • 34. 34 Tableau n°3 Récapitulatif des prestations assurées par les structures Structures associatives Accueil Evaluation Information Orientation Accompagnement Total AEH_ Inezgane OUI OUI OUI OUI OUI 5/5 AMH _Casablanca OUI OUI OUI OUI OUI 5/5 HORIZON_Ouarzazate OUI OUI OUI OUI OUI 5/5 CLIO Salé OUI OUI OUI NON NON 3/5 Défi_ Marrakech OUI NON NON OUI NON 2/5 NOOR_ Berkane OUI NON NON OUI NON 2/5 HASSANIA _Oujda OUI NON OUI NON NON 2/5 Association Des Parents et des Tuteurs des Personnes à Besoins Spécifiques _TAZA OUI OUI NON NON NON 2/5 Association AL Karama pour les Personnes à Besoins Spécifiques, et des Actions Humanitaires_ Zawyat Cheikh OUI NON OUI NON NON 2/5 Les 14 structures restantes de l’échantillon retenu OUI NON NON NON NON 1/5
  • 35. 35 4. Environnement institutionnel : partenariat et gouvernance L’environnement institutionnel est vital pour l’issue et la portée des actions que les associations mènent en faveur des PSH. Il l’est autant par les multiples formes de soutien qu’il dispense aux associations en général, dont celles qui travaillent avec les PSH, que par les partenariats qu’il leur propose. Les agents institutionnels se réfèrent à des valeurs et principes dont la mise en œuvre est susceptible de promouvoir l’action associative. Toutefois, ils font face à des difficultés qui réduisent la portée de leur intervention. 4.1 Les principaux acteurs institutionnels Les acteurs qui ne développent pas de prestations au profit des PSH mais dont l’implication est importante sont, essentiellement, des acteurs institutionnels dont le champ d’action concerne prioritairement le champ social, et commence à peine à affecter la situation des PSH. Dans les pages qui suivent, nous comptons définir le profil de quatre acteurs institutionnels en mettant en exergue leur mission, leurs valeurs, les partenariats qu’elles établissent avec les structures associatives et les difficultés auxquelles elles font face. Dans toutes les provinces incluses dans l’échantillon de l’enquête, nous avons essayé d’interviewer les chefs des DAS. Dans la plupart des cas, cette tentative a échoué pour des raisons diverses, notamment celles relevant des procédures. Résultat : Nous nous limitons à livrer, en ce qui suit, les faits et données recueillis avec la minorité des responsables des DAS qui avaient accepté nous accorder un entretien. Pour ce qui est des autres responsables institutionnels, les difficultés pour les rencontrer furent moins prononcées. Mais là aussi, nous nous limitons à analyser les contenus des entretiens qu’il fut possible de réaliser. Les régions et provinces où les institutionnels n’étaient pas approchés, ce sont tout simplement celles où il ne fut pas possible de réaliser des entretiens avec eux en dépit des efforts louables des enquêteurs. Parfois, les institutionnels n’étaient pas disponibles sur place au moment de l’enquête, ou pas encore affectés. 4.2 Objectifs et rôles des acteurs institutionnels La Division de l’Action Sociale fut mise en place dans pratiquement toutes les préfectures du territoire national. Elle fut créée concomitamment au lancement de l’INDH. L’objectif
  • 36. 36 était d’en faire un instrument qui veille sur les projets mis en place dans le cadre de cette initiative. Elle se présente, donc, sur la scène du développement local, en tant que premier responsable des projets s’inscrivant dans le cadre de l’INDH, qui est censée mener des actions en direction des couches sociales les plus vulnérables et consacrer un intérêt particulier aux PSH. Le travail qu’elle mène avec les PSH s’inscrit dans le programme de lutte contre la précarité sociale. Un phénomène qui concerne au plus haut degré les PSH. L’une des missions essentielles de cette structure consiste à offrir des aides aux associations qui travaillent en vue de promouvoir l’insertion sociale des PSH. Ces aides prennent des formes multiples, telles que la création de centres d’accueil et la formation du personnel de l’association. Il ressort des entretiens menés auprès des responsables de la DAS que le rôle de cet organisme en rapport avec le handicap est actuellement limité, comparativement à l’ensemble des rôles qu’il est censé jouer et les objectifs qu’il s’est fixé d’atteindre. Aussi certains services ne sont-ils pas fonctionnels dans le cadre des partenariats établis avec les structures associatives. La division comprend un service qui a pour mission le suivi, la supervision et la gestion du budget alloué aussi bien à la division qu’aux projets menés dans le cadre du partenariat avec les associations. Cette gestion se concrétise à travers un comité de supervision qui est constitué par un représentant de la DAS et un représentant de l’Entraide Nationale dont la mission principale consiste à assurer le suivi des différents projets et travaux par des visites sur le terrain. Rappelons que l’intervention de l’INDH différent, selon les provinces et en fonction de la présence des quartiers urbains et des communes ciblés par cette initiative. D’autre part, l’apport financier exigé des associations (30 % environ) pour la mise en œuvre des projets de l’INDH est une sérieuse contrainte, notamment pour les petites associations dont les ressources sont très limités. Le manque de formation et d’encadrement des ong, évoqué plus haut, est souvent la principale raison de rejet des projets par la DAS pour vices de formes ou de critères d’éligibilité non respectées (i.e., renouvellement des bureaux conformément aux statuts de l’ONG, documents administratifs incomplet, projets en dehors des objectifs et des priorités de l’INDH, etc.,). 4.2.1 L’Entraide Nationale a vu le jour en 1957. C’est la structure la plus ancienne en comparaison avec les autres intervenants dans le domaine de l’handicap. L’objectif fondamental qui lui fut assigné consiste à prendre en charge les personnes en situations difficiles, dont les PSH.
  • 37. 37 Elle représente le premier recours et le principal interlocuteur des associations qui recherchent un appui à leurs projets. Sa mission essentielle consiste à dispenser de l’aide aux personnes en situations de précarité et d’exclusion sociales. Elle œuvre en partenariat avec les associations qui travaillent dans le champ social, dont les associations travaillant avec les PSH. L’Entraide Nationale intervient aussi pour exempter les associations des impôts et frais de douane. Elle leur facilite l’importation des équipements médicaux, notamment les fauteuils roulants, médicaments… L’entraide Nationale gère de centres pour les PSH : ‘’Deux structures spécifiquement dédiées à l'handicap, sont des centres de l'entraide nationale: le centre de Khemisset et un autre au niveau de Casablanca. Tous les deux assurent une prise en charge totale des PSH (transport, formation scolaire)’’ (EN, Rabat). En ce qui concerne le nombre d’association des PSH subventionnées par l’EN, les données ne sont pas encore à jour : ‘’L’on n'a pas un chiffre précis dans le domaine de l’handicap, mais on subventionne environ 2500 structures sur tout le Maroc’’ (EN, Rabat). 4.2.2 L’Agence de Développement Social est une institution publique sous la tutelle du MDSFS. Elle a pour mission essentielle la mise en place des projets visant la réduction de la pauvreté et la promotion du développement social à travers le renforcement des capacités des différents intervenants dans le domaine du développement local, y compris les associations travaillant pour le bien-être des PSH. Elle tente d’atteindre ces objectifs par la promotion d’activités génératrices de revenus, la création d’opportunités d’emploi, ainsi que par l’amélioration des conditions de vie des populations marginalisées, en milieux urbain et rural. Il ressort des entretiens effectués auprès des responsables de l’ADS que les associations œuvrant dans le domaine du développement, surtout celles qui s’intéressent aux activités et projets générateurs de revenus, sont les principaux partenaires associatifs de l’ADS. L’identification des associations crédibles parmi celles qui présentent des projets est l’une des principales préoccupations de l’ADS : ‘’ Il faut que les attentes soient conformes aux procédures de l'ADS, et surtout que leurs projet se tiennent, et que l'association porteuse de projets ait une certaine légitimité’’ (ADS, Casablanca)
  • 38. 38 Selon le responsable de l’ADS à Meknès, les associations ne comprennent pas encore le rôle de l’agence qui est celui de renforcement des compétences et non de financeur ou bailleur de fonds. Un responsable régional de cette institution insiste qu’il ‘faut différencier l'ADS et les autres institutions. Nous, dit-il, on renforce les capacités autour d'axes thématiques précis. La construction des centres, on la laisse à l'INDH. Actuellement, on développe un plan d'action régional, mais on n'a pas de répertoire clair de toute façon. L’on essaie aussi de développer des formations qui vont démarrer en début mars <2010>. Concernant les associations, on va essayer de faire un diagnostic afin de connaitre leurs besoins’’ (ADS, Meknès). En tant qu’agence d’ingénierie sociale, l’ADS souhaite l’intégration des demandes des associations en matière d’aide et de construction des locaux dans le cadre d’une véritable approche de développement social, et ce, par le renforcement des compétences des associations : ‘’ Il ne s'agit pas seulement de construire des centres, mais il faut aussi assurer la formation du personnel et poursuivre leur viabilité. Les perspectives s'annoncent prometteuses, mais on est aussi demandeurs. Il faut mettre en place une étude qui recense les associations du grand Casablanca, investir dans les ressources humaines’’ (ADS, Kenitra). La coordination régionale de l’ADS à Rabat est très avancée dans ses partenariats avec le tissu associatif. Toutefois, aucune évaluation n’a été faite jusqu’à présent : ‘’Il n'y a pas encore d'évaluation. L’on essaye d'évaluer en termes d'impact du projet, son effet au niveau des localités. Il y a plusieurs étapes à parcourir : instruction, faisabilité, contractualisation, réalisation et mise en valeur ’’ (ADS, Rabat). La ‘’frustration’’ constatée des ong enquêtées vis-à-vis de l’ADS est symptomatique, dans la mesure où elle reflète une importance carence en matière d’information par rapport aux objectifs et priorités de l’ADS qui ciblent le renforcement et la professionnalisation des ONG et non le financement directe des projets. 4.2.3 L’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi et des Compétences joue le rôle de médiateur entre le demandeur d'emploi et l'employeur potentiel. Elle se charge de la transmission des dossiers des candidats aux employeurs qui ont la latitude d’embaucher le candidat qu’ils considèrent le plus apte. Elle assure aussi des formations sous forme d’ateliers (atelier pour l’élaboration du CV, atelier de mise en valeur des compétences, de préparation aux entretiens d’embauche…).
  • 39. 39 La relation que cette Agence établit avec les associations consiste à mandater certaines d’entre elles pour gérer des guichets « Moukawalaty »2 . L’objectif étant de rapprocher ses services de la population, notamment dans les régions où cette institution ne dispose pas de délégations. Ce rôle d’intermédiation est bien expliqué par un cadre de L’ANAPEC de Kénitra : « La mission de l’ANAPEC c'est l'intermédiation en emploi, donc notre but principal ce n'est pas le partenariat avec les associations. On se place au carrefour entre les entreprises, les formations et les demandeurs d'emploi. On agit aussi sur la création d'entreprise, mais on a 2 partenariats avec les associations’’ (ANAPEC, Kénitra). Sensible à l’importance de la collaboration avec les associations des PSH, le responsable de l’ANAPEC à Meknès déplore le manque de coordination et de répartition des tâches entre les différents acteurs associatifs : ‘’Il manque une synergie entre l'ensemble des partenaires, parce que il n y a pas de mutualisation des compétences, une réflexion et plans communs’’. L’intérêt que manifeste l’ANAPEC à l’égard des PSH est encore minime. Il se réduit à la formation des bénéficiaires en vue de leur donner plus de chances d’insertion professionnelle. Cependant, l’institution est soumise aux exigences du marché et ne peut, en aucun cas, obliger les employeurs privés à recruter des PSH. 4.3 Le partenariat associatifs/institutionnels Comment le partenariat avec les structures associatives travaillant avec les PSH a-t-il été approché par les acteurs institutionnels ? Nous essayerons de répondre à cette question en prenant en considération la spécificité de ces acteurs, et la variété des contextes sociaux au sein desquels ces partenariats furent établis. La DAS fixe les conditions que les associations candidates au partenariat doivent remplir. Nous-en citons les suivantes : 2 - http://www.moukawalati.ma/
  • 40. 40 • avoir un statut juridique réglementaire ; • faire preuve d’une expérience suffisante et d’une expertise reconnue dans le domaine de l’handicap ; • avoir réalisé certaines interventions réussies et des prestations concrètes et réelles au profit des PSH. L’association candidate qui remplit ces conditions, devient éligible au partenariat avec la division. Toutefois, au vu des moyens et ressources modestes dont disposent la plupart des associations, il n’est pas du tout surprenant que seule une minorité d’associations soient en mesure de satisfaire aux conditions ci-dessus signalées, et partant, d’établir un partenariat avec la DAS. Les données recueillies permettent de constater que la DAS veille à la mise en place de partenariats avec les associations travaillant dans le domaine de l’handicap en leur accordant des subventions pour l’équipement et la construction des centres d’accueil, et en leur facilitant l’organisation de sessions de formation au profit du personnel. Toutefois, vu la modestie du budget alloué aux PSH, la contribution reste limitée, par rapport aux attentes des associations, et par conséquent, ne permet la construction et l’équipement que de deux à trois centres par an. Un tel constat nous a été communiqué par le Chef de la DAS de la Préfecture d’Oujda-Angad : « Nous disposons d’un budget annuel. Chaque année nous planifions l’intervention au niveau de deux à trois centres dont le choix se fait suite aux visites sur terrain et en concertation avec les associations concernées ». L’intervention de de la DAS, par ses compétences et attributions, se limite au seul niveau de l’appui matériel (construction de centres, équipement…). En effet, la DAS n’intervient pas dans la proposition de programmes ou services destinés au renforcement des capacités des associations et à l’amélioration de leurs prestations aux PSH. La DAS n’intervient pas, non plus, dans le recrutement par les associations des ressources humaines qualifiées, ni ne veille à élargir le champ du partenariat de manière à impliquer les partenaires des associations travaillant directement avec les PSH. La province de Béni-Mellal représente un autre contexte partenarial. Le chef de la DAS de la préfecture de Beni Mellal n’a mentionné aucun partenariat avec les associations. Celui-ci est toujours en cours d’étude ou d’exécution. A cet égard, il rapporte les précisions suivantes : « Il y a un projet en cours d’étude. Il s’agit de la construction d’un complexe multidisciplinaire qui comportera un service dédié aux enfants sourds-muets… un autre projet similaire est en cours d’exécution à Kasba Tadla ». En revanche, ce même responsable a rappelé le sort d’un partenariat établi avec une association locale, mais qui a fini par le détournement d’environ 40.000 Dh. Même si ce cas reste limité, il renvoi aux capacités de certaines associations de porter de grands projets ainsi que d’assurer une bonne gouvernance et justifié la riguer des procédures, sources de mécontentement chez plusieurs associations.
  • 41. 41 La DAS a également établi des relations de partenariat avec d’autres acteurs institutionnels. Ce type de partenariat est encore plus limité que le précédent. En effet, d’après les entretiens menés auprès des responsables des DAS, seule la DAS d’Oujda-Angad a contracté un partenariat avec le MDSFS et le MS. Le chef de la DAS d’Oujda-Angad présente cette expérience comme suit : « Nous avons entrepris un partenariat avec le MS, et ce, à travers la construction d’un Centre de Kinésithérapie. Un autre partenariat fut établi avec le MDSFS. Il a abouti à la mise en place d’un Centre pour les personnes ayant un handicap mental. En plus, nous avons un partenariat avec l’Entraide Nationale. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’un véritable partenariat. Il s’agit plutôt de supervision et de suivi ». Il exprime sa satisfaction à l’égard des partenariats contractés dans le cadre de l’INDH : « Nous sommes, en général, satisfaits. Il y a des associations qui n’avaient pas de local, alors qu’à présent, elles disposent d’un siège propre pour chacune d’elles. En plus, dans le cadre de l’INDH, un réseau de centres pour PSH a été mis en place ». Le travail dans le cadre de l’INDH conduit la DAS à établir des partenariats avec les associations qui œuvrent dans le domaine de l’handicap. Parmi ses apports majeurs, il y a lieu de citer la contribution active aux prestations offertes aux PSH et qui ne visent pas seulement la satisfaction de leurs besoins financiers, mais aussi leur insertion socio- économique à travers la création d’espaces d’accueil, la formation de cadres associatifs, l’équipement des associations, etc. Le responsable de la DAS à la préfecture d’Oujda-Angad précise la nature de son intervention : « Nous n’offrons pas des aides matérielles, mais plutôt un soutien logistique sous forme de don d’équipements, ou de création de centres d’accueil qui ciblent, de manière fondamentale, les personnes en situations précaires, dont les PSH ». Quant à l’EN, l’on note que les partenariats qu’elle a établis avec les associations qui œuvrent dans le domaine de l’handicap demeurent encore peu diversifiés : le soutien qu’elle offre concerne essentiellement l’achat d’équipements pour les associations et l’organisation de sessions de formation au profit de leurs salariés ou bénévoles. Néanmoins, les entretiens réalisés auprès des responsables de l’EN à Oujda, Berkane et Ouarzazate font ressortir une réelle satisfaction à l’égard des résultats du partenariat établi avec les associations. Le coordinateur de l’EN à Berkane précise ce qu’il entend par « partenariat » : « Quand on dit partenariat, on dit consensus et consentement entre les deux parties à travailler ensemble afin de fournir une prestation de qualité ». Son homologue de Ouarzazate exprime sa satisfaction en mettant en exergue les résultats atteints : « Nous sommes très satisfaits du partenariat que nous avons contracté avec plusieurs associations, car nous avons touché de près les résultats visés. C’est vrai que ces associations font face toujours à des difficultés, mais en général, nous avons pu offrir des aides selon nos moyens, et le niveau que l’association Horizon (AH) a atteint le prouve ».
  • 42. 42 Le coordinateur Régional de l’EN à OUJDA affirme, de sa part, que « les associations devraient concevoir des projets dans le cadre de l’INDH. C’est le cas de l’AAH avec laquelle on travaille en partenariat avec la Coopérative AL HOD. Nous avons dispensé une formation dans le domaine de la confection des tapis ». Des propos similaires ont été tenus par le responsable de l’EN à la préfecture d’Inezgane-Ait Melloul : «Hormis certains dysfonctionnements minimes, nous sommes, dans l’ensemble, satisfaits des résultats atteints. Il faut bannir les approches unilatérale et sectorielle car l’expérience a bien démontré leurs limites ». Toutefois, parmi l’ensemble des représentants de l’EN, le seul qui a mentionné les difficultés inhérentes aux partenariats avec les associations, fut le coordonnateur de l’EN à Oujda. Il a souligné l’absence de coordination entre l’ensemble des acteurs institutionnels qui contractent des partenariats avec les associations œuvrant dans le domaine de l’handicap. Il n’a pas manqué de préciser les risques d’une telle déficience : « Certains services comme la DAS ou d’autres institutions publiques subventionnent certaines associations sans que nous en soyons au courant. L’absence de coordination entre les acteurs institutionnels engendre beaucoup de problèmes. Il arrive, parfois même, que des aides soient fournies à des associations fictives ». Si l’on prend le cas de l'ANAPEC de Ouarzazate, on constate que cette agence tisse des relations avec toutes les associations, y compris celles qui s'intéressent aux PSH. Son directeur a affirmé que l'agence est partenaire de plusieurs associations, notamment l'association Horizon pour les PSH. En effet, l'intérêt particulier envers ce partenaire, toujours selon le responsable, découle des résultats positifs atteints sur le terrain, ainsi que de l'engagement et de la qualité du travail dont l'association Horizon a fait preuve. A son tour, le responsable de l'ANAPEC à Oujda signale que la collaboration avec les associations se limite souvent à l’implication de ces dernières dans la gestion du guichet "Moukawalaty" et le guichet d’accueil des personnes demandeuses d’emploi. Il affirme que les conventions de partenariat avec les associations ne dépassent guère cet objectif. Ce même responsable rappelle, que dans les annales de l’ANAPEC, une seule convention de partenariat fut signée avec l'office de la formation continue et l’AAH à Oujda dans l’optique de former des télé-conseillers et d'intégrer les PSH dans le marché de l'emploi. Toutefois, ce partenariat a échoué, car les PSH n'ont pas été admises alors que des personnes non handicapées ont été recrutées dans le cadre de la même convention. Le responsable de l'ANAPEC à Oujda a soutenu, par ailleurs, que son établissement ne fait pas de discrimination entre une PSH et une personne non handicapée : " Nous exerçons dans le cadre de cet établissement une fonction de médiation entre deux clients : L’employeur ou l'entrepreneur qui recherche des compétences pour son entreprise, et le